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« Les maisons, il ne faut pas les mettre en zone verte »

Dix ans que la Maison de l’urbanisme sillonne les classes du Brabant wallon pour sensibiliser les élèves de 5e et 6e primaire au bon aménagement de leur territoire. Après avoir rencontré près de 2 500 élèves, c’est l’occasion de tirer un premier bilan. Et de se rendre compte de l’évolution de ce bel outil en se rendant à l’école communale de Plancenoit.

Après la théorie, la pratique. La mission du jour pour ces quinze élèves de 5ème primaire de l’école communale de Plancenoit (Lasne) : aménager leur village pour y accueillir dix familles supplémentaires tout en limitant l’étalement urbain, réfléchir au devenir de la friche industrielle située en plein centre et imaginer une nouvelle affectation pour l’ancienne ferme locale. Un défi qui doit laisser libre cours à leur imagination. Et qui donne d’ailleurs le plus souvent place à de belles surprises.

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Pour y parvenir, des blocs en bois, beaucoup de blocs en bois, qui représentent la mixité fonctionnelle des batiments. Et une grande carte installée sur leurs bancs. Sans oublier les voies de communication (chemin de fer, route, piste cyclable) pour relier tout cela de même que les espaces publics et les arbres remarquables.

Depuis dix ans, la Maison de l’urbanisme du Brabant wallon sillonne les écoles du Brabant wallon pour sensibiliser les élèves de 5e et 6e primaire au bon aménagement de leur territoire. Plus de 2 500 élèves ont suivi cette sensibilisation appelée « L’aménagement du territoire, je m’y frotte ». « Un des objectifs est notamment de leur faire comprendre que les ressources ne sont pas inépuisables et qu’il faut les préserver, explique Agnès Chevalier, chargée de projet à la Maison de l’urbanisme, qui pilote cet outil créé sur mesure depuis une décennie. Ils sont bien évidemment influencés par leur environnement. Mais les retours

Les élèves comprennent que les ressources ne sont pas inépuisable et qu’il faut les préserver. On leur explique les enjeux de notre territoire au XXIe siècle, pourquoi il est préférable de construire sa maison à proximité du village plutôt qu’au milieu des champs.

Agnès Chevalier, chargée de projet à la Maison de l’urbanisme sont vraiment très positifs. On leur explique les enjeux de notre territoire au XXIe siècle, pourquoi il est bénéfique de construire sa maison à proximité du village plutôt qu’au milieu des champs et pourquoi habiter le cœur des villages peut être très bénéfique. Ils découvrent même le plan de secteur. » À sa gauche, Laurence De Wilde, institutrice à l’école de Plancenoit, acquiesce : « Même les adultes apprennent des choses ! Cette journée rend accessible aux enfants des réalités d’adultes. » Et la directrice de l’école, Carine Grandjean, d’embrayer : « C’est la deuxième fois que nous faisons appel à cette formation. L’animatrice explique très clairement les enjeux et laisse les enfants se faire leur propre réflexion. Ils sont dans le concret. C’est très enrichissant. D’autant qu’Agnès partage la réalité de leur village à l’aide de photos. Ils réalisent donc bien mieux ce qui se passe. »

Un Burger King et un centre commercial à Plancenoit ?

Retour en classe, au premier étage de cette école de village ceinturée par les vaches, l’église et le bistrot local. Sur le banc du fond, quatre jeunes filles tentent de se mettre d’accord. « Je pense que ce serait bien d’avoir une maison un peu isolée, comme cela on est au calme », lance Olivia. « Et donc on devrait construire une nouvelle route juste pour toi, qui coutera à tout le monde 200 000 euros pour 100 mètres », interroge avec le sourire Laurence De Wilde, qui semble avoir retenu la théorie, indiquant à Inès de plutôt installer sa maison le long de la voirie existante.

Un peu plus loin, trois des quatre groupes réfléchissent également à leur village idéal. On y retrouve un peu de tout. Du bon et du moins bon. Le nombre d’équipements et de commerces dépend en fait des sensibilités de chacun. Et de leur environnement. Étonnamment, les quatre groupes ont par exemple installé une friterie au milieu des champs. Renseignements pris, c’est lié à l’ouverture d’une telle enseigne dans une ferme voisine à la sortie du village…

ADAPTER L’OUTIL AUX ÉVOLUTIONS DU TERRITOIRE

Pour le reste, on constate en fin de journée que l’aménagement des quatre villages est plus ou moins similaire. Avec une volonté, bien comprise, de rapprocher les fonctions et d’éviter de construire n’importe où. « Il faut bien faire attention de déposer les maisons ou petits immeubles à appartements dans les zones rouges et non dans la zone verte », rappelle Ethan.

L'animatrice explique très clairement les enjeux et laisse les enfants se faire leur propre réflexion. Ils sont dans le concret. C’est très enrichissant, d'autant qu'ils découvrent la réalité de leur village à l’aide de photos.

Dans leur village idéal, ces enfants accueilleraient bien des enseignes telles que McDonald’s, Quick, Burger King ou encore Panos. Certains y verraient bien une discothèque, un centre de loisirs ou un grand centre commercial. D'autres ne partagent pas vraiment ces idées et ont par contre pensé aux espaces publics et à transformer l’ancienne ferme en espace destiné aux petits commerces et artisans. « Certains mettent davantage en avant le volet loisirs et horeca que d’autres, sourit Agnès Chevalier. Mais, dans l’ensemble, je suis très satisfaite. Ils ont bien assimilé les grands concepts que nous souhaitons mettre en place dans ce type de journée. Le point positif, c’est donc qu’ils ont compris l’importance de diminuer l’étalement urbain, de réutiliser les espaces déjà construits, de réduire les déplacements et d’effectuer les différents aménagements à proximité d’arrêts de bus ou de gares. Et ils ont aussi pensé aux pistes cyclables et aux parkings vélo. »

Pour aller plus loin

Infos et renseignements via mubw.be L’agenda 2023 est complet jusqu’à la fin de l’année scolaire

Cet outil de sensibilisation a été créé de toutes pièces en 2013 par la Maison de l’urbanisme du Brabant wallon à la suite d’une demande de la Wallonie. Gilles Massaux, chargé de projet à l’époque, a créé cet outil destiné aux élèves de 5e et 6e primaire. Il a ensuite été repris par Agnès Chevalier, qui l’a fait évoluer. La journée de sensibilisation correspond au socle de compétences du programme scolaire. Au total, 84 classes ont été sensibilisées. Avec, très souvent, des écoles qui reprennent contact pour réitérer l’expérience tant elle a été utile. « Au départ, l’idée de cet outil était de confier aux enfants le développement d’un village qui devait accueillir 50 nouveaux ménages, se souvient Agnès Chevalier. Cette journée a évolué avec son temps. Nous travaillons dorénavant davantage sur la réhabilitation du bâti du village qui est l’un des axes qui permet de lutter contre l’étalement urbain. Des concepts dans l’air du temps. Un autre grand changement est la prise en compte des réalités locales pour que les élèves se rendent mieux compte de l’importance d’un bon aménagement du territoire. Nous préparons donc à chaque fois minutieusement ces journées avec des photos et des cartes du village ou de la commune. En essayant notamment de faire des avant/après, ce qui montre clairement la manière dont le territoire a évolué. Ce type de journée n’est pas la même quand vous la proposez dans une école de Nivelles ou de Plancenoit. Le rapport ville/campagne est bien différent. » Pour le reste, 2023 est vraiment une année charnière lors de laquelle la Maison de l’urbanisme va tester d'autres nouveautés qui ne se limitent pas à l'étalement urbain. Elle va notamment renforcer la prise en compte de l'espace public et tourner davantage la présentation théorique vers les bonnes pratiques et les solutions à mettre en œuvre.

Une vitrine pour l’urbanisme nivellois

Architecture innovante pour le nouvel immeuble du service Cadre de vie de la Ville de Nivelles. Le bureau ABR, en association avec B Solutions, a remporté mi-mars le concours organisé par la Ville. Il a dessiné un ensemble de trois étages qui mêle brique et bois. Il est situé le long du boulevard des

Arbalétriers, juste à côté du nouveau quartier de l’Ilot Saint-Roch. Une placette végétalisée a été aménagée pour faire le lien avec le quartier voisin, actuellement en cours de construction.

Le projet se veut responsable dans le choix des matériaux, tant au niveau du principe constructif que des finitions.

Il a été fait appel à la société Natura Mater pour permettre de trouver des alternatives durables aux produits courants. Le projet vise à privilégier au maximum des matériaux circulaires, biosourcés ou de réemploi. La livraison est prévue en 2025.

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