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Le potentiel inexploité des cours de récréation

Délaissées pendant des décennies par les architectes et autres aménageurs, les cours de récréation retrouvent des couleurs. Les projets redonnant une place centrale à cet espace se multiplient. De quoi inviter les élèves à se réapproprier ces lieux d’expression, de vivre ensemble et d’inclusion..

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Des espaces réorganisés pour apaiser les tensions. Des espaces tous différents pour inventer de nouveaux jeux, des couleurs pour éveiller les imaginaires. Une végétation nouvelle pour trancher avec la minéralité, pour profiter de l'ombre des arbres en cas de forte chaleur. Un partage de l’espace pour s’ouvrir au monde extérieur. Et d’autres initiatives en tous genres.

Certaines écoles ont décidé ces dernières années, de tourner la page d’un aménagement peu réfléchi de leur cour de récréation et de redonner une importance à cet espace essentiel dans la vie des élèves. Les exemples se multiplient un peu partout en Brabant wallon. Que ce soit à Perwez, Louvain-la-Neuve, Genappe ou encore Ohain. Et on en oublie. Autant d’entités où des écoles ont changé d’approche. Celles qui proposent une pédagogie active ont bien évidemment un temps d’avance. Mais elles sont en train d’être également rattrapées par les écoles plus traditionnelles. Certaines cours redeviennent des lieux où la créativité, l’échange, la détente et la liberté retrouvent leur place. Selon des études scandinaves, une cour d’école qui inclut la nature a des bénéfices sur les apprentissages, la créativité, les comportements psycho-sociaux ou encore, induit un meilleur rapport à son corps. C’est sans compter les bienfaits apportés par la végétation en termes de fraicheur, d’air sain ou de plaisir de l’œil. « Ce n’est bien évidemment pas encore le cas partout mais il y a une nette évolution en la matière en Brabant wallon, précise Jean-Christophe Mathen, architecte-associé au sein de l’Atelier d’architecture Mathen. Il y a une ouverture et une demande des maitres d’ouvrage et des équipes pédagogiques pour mettre un accent spécifique sur la qualité des espaces extérieurs. »

Pour Tina Van Meenen, une architecte qui a travaillé sur la transformation d’un site scolaire à Auderghem – un modèle du genre, les espaces extérieurs doivent clairement retrouver leur juste place. « Les aménagements extérieurs que nous avons effectués dans le cadre de ce projet ont nettement impacté la vie de tous les jours des élèves, explique celle qui travaille au sein du bureau d’architecture et d’urbanisme Urban Platform. La directrice nous a raconté qu’il y a moins de tensions et de violence. Les élèves peuvent davantage laisser libre cours à leur créativité et leurs envies. La cour est plus petite qu’auparavant mais bien mieux structurée. Ce qui fait que les élèves ont l’impression d’avoir davantage d’espace. En association avec les paysagistes de Studio Basta, nous avons réorganisé les espaces de jeu, créé de nouveaux et intégré davantage la végétation au cœur des aménagements. Pour ce dernier point, il s’agissait d’une demande des élèves qui est ressortie lors des workshops organisés en leur compagnie. »

Sortir des murs de classe et réinventer le temps de re-création

La plupart des nouvelles écoles construites ces dernières années intègrent ces nouvelles donnes. Les cours de récréation, un potentiel souvent inexploité, retrouvent même dans certains cas un rôle d’espace public ouvert à tous. C’est par exemple le cas à Marbais où la zone de jeux est ouverte au public en dehors des heures scolaires. Un travail qui n’en est qu’à ses prémices et dont les perspectives sont nombreuses.

Comme à Perwez par exemple, où se balader dans le Collège Da Vinci permet de découvrir une architecture scolaire d’un nouveau genre. Un véritable arc-en-ciel de couleurs voulu par les architectes. « Les couleurs sont en écho au paysage et aux méthodes d’apprentissage, confie l’architecte Nathalie Vigneron, d’ÁRTER Architects, dans la revue A+. Elles invitent à des dynamiques différentes dans les cours de récréation »

Et si le temps de la récréation devenait un temps de re-création, un moment où s’alternent jeux, quiétude, éveil, découvertes des sens et des textures, un espace de vivre ensemble renégocié dans un lieu évoluant au gré des saisons ?

L’occasion de créer de nouvelles conditions d’apprentissage en dehors des murs, plus inventifs, plus inclusifs, plus résilients.

Activer les droits culturels des plus jeunes

La mission du Centre culturel du Brabant wallon de développement et de rayonnement culturel à l’échelle du territoire se traduit aujourd’hui par une attention toujours plus marquée pour les plus jeunes, des tout petits aux jeunes adultes, en passant par les adolescents. Pour ce faire, nous amplifions notamment notre capacité à amener la culture à l’école en accroissant le nombre d’établissements touchés par notre diffusion et médiation en arts de la scène pour le jeune public, notamment dans les communes sans centres culturels. Dans le cadre de la mise en place du Parcours d'Éducation Culturelle et Artistique (PECA) - pour lequel nous avons été désignés, depuis fin 2020, coordinateur et animateur du groupement d'opérateurs culturels référent scolaire en Brabant wallon - nous disposons d’un levier supplémentaire pour créer davantage de synergies entre les écoles et l’ensemble des acteurs du PECA présents sur le territoire. Par ailleurs, notre appui se porte également en direction du Collectif des Maisons de Jeunes (MJ) du Brabant Wallon pour susciter des liens et encourager les activités et projets communs entre les MJ brabançonnes. Création de courts-métrages, découverte et création de théâtre d'ombres, ateliers de hip-hop, stages autour des arts du cirque : autant de projets concrets ou à concrétiser qui viennent illustrer ce tropisme en direction des jeunes.

Il importe de noter que la consolidation de notre axe jeunesse est le fruit d’une méthode. Celle qui consiste à tisser un maillage toujours plus fin impliquant opérateurs culturels et artistes orientés vers les jeunes et le public scolaire et qui nous permet de jouer pleinement notre rôle d’assembleur à l’échelle de la province. Avec pour souci premier d’être au plus proche de la réalité et des enjeux qui concernent la jeunesse, d'œuvrer à son éveil et à son émancipation, tout en veillant à l’inclure dans des dispositifs participatifs. Le déploiement sur le territoire de nos nombreux spectacles, stages et ateliers faisant intervenir une grande diversité de disciplines dans des espaces variés - les lieux culturels, d’enseignement, les académies, les MJ, musées, bibliothèques, mais aussi l’espace public, et les scènes ouvertes lors de festivals, etc. - est là pour en attester.

Philippe Alonso

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