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Une stratégie claire pour lutter contre les inondations

Communes, aménageurs et développeurs disposent désormais d’un guide des bonnes pratiques pour lutter contre les inondations. De quoi mieux appréhender les demandes de permis d’urbanisme. Ce référentiel doit permettre de ne plus répéter les mêmes erreurs que par le passé. Et de mieux intégrer l’eau à notre cadre de vie.

Les initiatives se succèdent depuis deux ans pour tenter de diminuer au maximum les risques d’inondations en Brabant wallon. L’approche est bien évidemment multifacette. Sur le terrain, la construction de bassins d’orage, le curage de cours d’eau ou encore le réaménagement de berges se multiplient. Et dans les bureaux des administrations, de nouvelles dispositions sont désormais sur la table pour mieux appréhender la problématique en matière de demande de permis d’urbanisme. Elles sont rassemblées dans un Référentiel Constructions et Aménagements en zone inondable, édité par la Wallonie. Un second document consacré à la gestion des eaux pluviales sera également publié d’ici peu.

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Le référentiel fait suite à la circulaire sur la constructibilité en zone inondable adoptée fin 2021. Il a pour objectif de servir de vision stratégique et de boîte à outils pour permettre aux communes et développeurs de prévenir et agir au mieux sur la problématique des inondations.

La Maison de l’urbanisme présente d’ailleurs actuellement ce référentiel et dispense des formations destinées aux élus, services communaux et CCATM du Brabant Wallon. Un vaste programme qui doit permettre de faciliter la compréhension du référentiel lors des demandes de permis d’urbanisme. « Les autorités compétentes sont en effet parfois démunies face à l’analyse et aux prises de décisions liées à une demande de permis située en zone d’aléa d’inondation par manque d’expérience, d’information ou de prise ne compte de cette problématique dans les outils de l’aménagement du territoire à disposition », a lancé fin avril Marc Bastin, député provincial en charge de la lutte contre les inondations, lors de la première journée destinée aux élus et membres des services communaux.

La Région wallonne veut désormais limiter les nouvelles constructions dans les zones à risques. Un objectif qui se heurte toutefois à la nécessité de renforcer les centralités.

Jacques Teller, professeur en urbanisme

14 Balises Suivre

Ce référentiel propose notamment un schéma d’aide à la décision destiné à compléter la démarche initiée par la circulaire ministérielle. « Il va fournir des balises pour l’analyse de demandes de permis pour des projets situés dans une zone d’aléa ou à moins de 20 mètres d’un axe de ruissellement, explique Jacques Teller, professeur en urbanisme et en aménagement du territoire, qui a piloté la rédaction de ce référentiel. On y retrouve 14 balises à passer en revue lors de l’analyse d’un dossier de demande de permis d’urbanisme, de permis d’urbanisation ou de la mise en place d’un outil d’aménagement. »

Le référentiel suggère également de suivre un raisonnement en quatre étapes qui consiste à évaluer le risque d’inondation pour privilégier

Pour aller plus loin

Le référentiel est consultable sur notre site mubw.be son évitement, l’atténuer à défaut et, enfin, le compenser s’il ne peut être atténué. Des propositions concrètes sont proposées à l’attention des auteurs de projet et autorités locales et régionales à chaque étape.

Retrouvez également sur notre site internet les différentes présentations des formations que nous avons organisées en mai et juin à l’adresse des élus, services communaux et CCATM du Brabant wallon.

« L’idée de ce référentiel n’est pas seulement de réduire la vulnérabilité des bâtiments existants, comme le suggérait le référentiel de 2014, mais aussi d’adapter les nouvelles demandes de permis afin de mieux évaluer la pertinence du projet proposé au regard du risque, précise Jacques Teller. Suite aux inondations de 2021, la Région wallonne veut désormais limiter les nouvelles constructions dans les zones à risques. Un objectif qui se heurte toutefois à la nécessité de renforcer les centralités. Il faudra donc redoubler de prudence et être ingénieux. »

Une des volontés est en tout cas de prendre en compte la problématique des inondations le plus tôt possible dans le cadre des outils d’aménagement et à fortiori, lors d’une demande de permis. « Il est capital de développer une efficacité en la matière, précise Jacques Teller. D’autant que les épisodes d’inondations sont appelés à se produire plus régulièrement. Parmi les propositions, je relèverais l’idée de laisser davantage de place à l’eau dans une logique prudentielle, de réfléchir en terme de localisation avant d’envisager des solutions techniques couteuses, de réduire l’emprise au sol des constructions et donc de construire plus en hauteur et de renforcer la collaboration entre autorités publiques et auteurs de projets. ».

« Je scrute les applications météo bien plus souvent qu’auparavant. Les angoisses reviennent dès qu’il se met à pleuvoir pendant une longue période. Nous avons clairement été traumatisés par cet épisode. Nous avons peur de la prochaine inondation. » Bob Vanwayenbergh et son épouse Gaëlle habitent dans le centre de Grez-Doiceau, dans une belle demeure centenaire. Au fond de leur jardin passe le Train, une petite rivière qui traverse le centre de l’entité. Lors de l’été 2021, elle a débordé. Une nouvelle fois. L’eau a envahi leur jardin et rempli leur cave. « Elle montait jusqu’à mes hanches », se souvient Gaëlle. Heureusement, elle n’est pas rentrée dans leurs pièces de vie. « Les premiers propriétaires de la maison avaient décidé de rehausser le niveau du rez-de-chaussée de 75 cm par rapport à la rue, ce qui nous a permis d’éviter le pire », précise Bob Vanwayenbergh.

Au rayon des dégâts, une chaudière et de nombreuses affaires stockées dans la cave. Et un potager à faire renaitre. « Il y avait du mazout partout dans le jardin. La pollution du sol n’a heureusement pas été trop importante pour nous. Un de nos voisins a par contre dû remplacer toute la terre de son jardin. Il faudra trois ans pour retrouver des légumes dans notre potager. »

Deux ans après ce dramatique épisode, la vie a toutefois repris son cours. De nombreux habitants de la rue ont déménagé. Des locataires tout d’abord. Des propriétaires ensuite. Ils étaient déprimés. « Nous y réfléchissons également, reconnait Gaëlle. La prochaine inondation pourrait être décisive. Mais nos maisons ont clairement déjà perdu de la valeur. »

Pour éviter que le pire se produise à nouveau, certaines mesures ont été prises par la commune (curage de la rivière, engagement d’un coordinateur planificateur d’urgence, aménagement des berges). Mais cela ne semble pas convaincre le couple. « Les décisions ne doivent pas se prendre au niveau communal mais rassembler plusieurs communes, lance Bob Vanwayenbergh. Chez nous, tout dépend des communes de Chaumont-Gistoux et d’Incourt. Il faut davantage de concertation. Les bassins d’orage ne résoudront pas tout. Il faut augmenter la matière organique dans les jardins. Il faut également que les agriculteurs changent radicalement leurs pratiques. Or, personne ne semble vouloir s’attaquer à ce problème par crainte de s’opposer à certains propriétaires fonciers. »

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