Jesse
Entrer en piste Il a 28 ans, il habite Anvers. L’an passé, Jesse Huygh a passé moins de 100 nuits dans son lit. Il voyage à travers le monde comme acrobate.
D
e Melbourne à Toronto, de Rio à Moscou, Jesse s’élance sur la piste de cirque, à l’assaut du mât chinois, un poteau de métal vertical fixé au sol le long duquel il grimpe et tournoie à la seule force de ses bras, sans filet. Une tournée avec le Cirque Eloize (petite sœur canadienne du Cirque du Soleil), un poste à l’université du cirque des PaysBas, Jesse est aussi un artiste très demandé. Et il trouve encore le temps de monter le Collectif Sous Le Manteau, actuellement en tournée à travers l’Europe avec ‘Monstro’. « Un rêve qui se réalise », dit Jesse. « Avec six acrobates et musiciens, j’ai travaillé deux ans pour mettre sur pied ce spectacle. Une période intense, mais nous sommes fiers du résultat. Et content de pouvoir nous produire très souvent. » Dans les mois à venir, Jesse ne sera pas souvent à la maison, mais cette existence de baladin lui convient. « Ma vie n’a rien à voir avec une caravane itinérante et des artistes qui dorment dans leur roulotte. Je joue surtout dans des théâtres, je dors à l’hôtel, mais je découvre des endroits fantastiques. Travailler, s’amuser, une chouette combinaison. (rire) Même si ce n’est pas toujours facile de vivre au milieu des valises. Ma cuisine, les épices avec les-
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quelles j’aime cuisiner me manquent. Ma famille et mes amis aussi. Sur la route, on se sent parfois seul. Et une relation stable dans le monde du cirque, c’est difficile. Ou il faut choisir quelqu’un du même monde, mais ce n’est pas toujours plus simple. » Son véritable amour, il l’a trouvé à 13 ans. Jesse est entré à l’école du cirque, et ce fut le coup de foudre. Un choix audacieux, parce que Jesse a la mucoviscidose et que sa capacité pulmonaire et sa résistance sont limitées. « La pratique du mât nécessite plus de force que d’endurance. Grâce au rythme que j’apporte dans mon mouvement, en accélérant et en ralentissant, je suis capable de mieux gérer cette limite. Je suis évidemment dépendant de mon traitement. Il m’arrive parfois de jurer quand après une longue journée je dois encore passer une heure à me soigner. Mais je suis passionné par mon métier et c’est ce qui me donne l’énergie de me battre. Le cirque représente la meilleure raison de bien me soigner. »
Avec ‘Monstro’, le Collectif Sous Le Manteau investira les “Halles de Schaerbeek” les 23 et 24 février 2019. Info & tickets : www.cslm.eu