INTEGRATED DESIGN, BANGALORE, INDIA
Léa Muller 3ème Année ENSNP
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DEUX MOTS D ’INTRO
Qu’on l’aime ou qu’on ne l’aime pas, l’Inde ne laisse personne indifférent. Des couleurs chaudes comme son climat ; des odeurs enivrantes de cuisine épicée, d’encens et de vaches sacrées; de la vie, beaucoup de vie; d’anarchie, de divin et d’un brin de magie, voila de quoi est fait l’Inde, à mes yeux. C’est un voyage dans un voyage que de découvrire ce pays. L’Inde est si riche en contrastes à tous niveaux. D’une rue à l’autre, un nouveau monde; d’une ville à l’autre, un nouvel univers....Il se cotoient tant de cultures, de religions, de modes de vie et de paysages différents.... Alors que l’Inde est la quatrième puissance économique du monde et que partout circulent les produits de la mondialisation; l’eau courante n’est toujours pas dans tous les foyers et vaches, poules et biquettes courent encore dans la rue. Un pays d’anachronismes... 3
S
O
M
M
A
I
L’’INDE,, UN PAYS CONTINENT
R
E p6
L’Inde en quelques chiffres
Relief et hydrographie Le climat La vegetation Une breve histoire de religion
BANGALORE, ville de paradoxe Sillicon Valley Ville de garnison Garden city Quel heritage ?
p 18
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L’AGENCE
p 25
PROJET 1 :
PROJET URBAIN DE BAB ZAERS
PROJET 2 :
TAJ KANHA
p 27
«FARM PLANNING» : ÉTAPE 1 «FARM PLANNING» : ÉTAPE 2 COULEE VERT ET RESERVOIR
p 51
LUTTE CONTRE L’EROSION PROJET
PROJET 3 & fin :
CONCLUSION BIBLIOGRQPHIE
VANI KOLA’S RESIDENCE
p 62 p 67 p 69 5
L’’INDE,, UN PAYS CONTINENT
0 100
500 km
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L’Inde en quelques chiffres Il n’y a pas une Inde mais bien « des
Indes », désignation pourtant si contraire à l’esprit dans lequel est née l’Inde libre. Cependant, cette désignation au pluriel ne représente pas moins la complexité et la richesse de ce pays, chaque région ayant ses particularités et ses coutumes; ses langues et ses religions; ses paysages et sa végétation. .. Ainsi, si une série de chiffres peut paraître bien hermétique pour introduire un pays comme l’Inde, si peu formalisé; ces quelques données permettent néanmoins d’apprécier l’échelle de ce pays continent.
Superficie : 3 287 590 km² (soit environ 6 fois la France) Population : 1,103 milliards d’habitants (estimation 2005), dont 31% de moins de 15ans. L’ONU estime que l’Inde devrait dépasser la Chine d’ici 2030 Densité de la population : 324 hab./km² (soit 3 fois plus que dans l’hexagone) Population urbaine : 28% Espérance de vie : 64 ans Taux d’alphabétisation : 56,5% Monnaie : le Roupie (1euro équivalent à 55Rps) Langues : l’anglais et 15 langues officielles dont l’hindi, la plus commune, l’assamais, la cachmiri, le tamoul, l’ourdou,...et ceux à quoi s’ajoute plus de 4000 dialectes non reconnus Nature de l’Etat : République fédérale Régime : démoctratie parlementaire Revenu moyen : environ 1100 Rps (soit 20 euros) par mois et par habitant en croissance de 10% chaque année. Plus de 25% de la population vit en dessous du seuil critique de pauvreté 7
Relief et hydrographie L’Inde a une superficie de 3 165 596 km², ce qui
la place au septième rang mondial. La péninsule indienne forme à elle seule un sous-continent, bien distinct de l’Asie, dont elle était d’ailleurs séparée jusqu’à l’ère tertiaire. Située dans une zone fortement sismique, au point de rencontre des plaques indienne et eurasienne, l’Inde — à l’instar des autres pays de la péninsule indienne — est exposée aux tremblements de terre (séismes, tsunamis). La majeure partie du territoire indien est constituée de moyennes montagnes, de plateaux ou de plaines. Le pays peut être divisé en quatre grands ensembles géographiques : l’Himalaya, les plaines alluviales du nord, le Dekkan et les Ghats orientaux et occidentaux. 8
L’Himalaya est la plus haute chaîne de montagnes du monde. Née de la collision entre la plaque tibétaine et la plaque indienne, elle est formée de roches cristallines et de sédiments. Son point culminant en territoire indien est le Kangchenjunga (8 598 m), le troisième sommet du monde après l’Everest et le K2. Large de 160 à 320 km, l’Himalaya s’étire sur plus de 2 400 km entre l’Inde et le Tibet, depuis le Jammu-etCachemire, à l’ouest, jusqu’à l’Assam, à l’est. À l’ouest, l’Himalaya se prolonge par la chaîne du Karakorum, dans le Cachemire, puis par celle de l’Hindu Kush, en Afghanistan. Au pied de l’Himalaya s’étend une vaste plaine, d’ouest en est (du Pakistan au Bangladesh). Trois grands fleuves, qui prennent leur source au Tibet ou dans ses confins, traversent cette région : l’Indus (2 897 km), le Gange (2 510 km) et, à l’extrême est, le Brahmapoutre (2 897 km). Ils sont alimentés par la mousson et la fonte des
neiges himalayennes. À l’est de la péninsule, deux fleuves conduisent à des deltas qui progressent sur la mer : le Gange et le Brahmapoutre, dont les bassins hydrographiques cumulés totalisent 3 millions de km², et qui arrosent le Bengale-Occidental, la plaine de l’Assam et le Bangladesh. L’Assam présente des types de sols extrêmement contrastés : des sols médiocres, lessivés, sur les surfaces hautes, dans la partie ouest de la plaine du Gange et dans le piémont du Pendjab ; des sols inondables, plus favorables à l’agriculture dans les régions basses. Ces sols, formés par les alluvions déposées par les grands fleuves, font de la plaine de l’Assam la région la plus fertile et la plus peuplée du pays. La riziculture y est très développée, de même que la culture du blé et de la canne à sucre, plus spécifiquement dans la partie septentrionale de cette région (Uttar Pradesh et Pendjab).
Au sud des plaines se découpe le vaste plateau triangulaire du Dekkan, qui occupe l’essentiel de la péninsule indienne avec des hauts plateaux du côté de la mer d’Oman et des plateaux plus bas du côté du golfe du Bengale. La structure de la région est celle d’un bouclier précambrien, formé de roches de natures très différentes. Aux plateaux de granite ou de gneiss (plateau de Mysore, à l’extrême sud, plateaux du Bastar ou de Chota Nagpur, à l’est) s’opposent les plateaux basaltiques, qui présentent un relief en terrasses. Les sols noirs (ou regur), formés par la décomposition du basalte, ont une forte capacité de rétention en eau, qui a notamment favorisé la culture du coton. Le Dekkan est bordé par deux chaînes de montagnes d’altitude moyenne : les Ghats occidentaux (915 m), qui longent, du nord au sud, la mer d’Oman et la côte de Malabar ; les Ghats orientaux (460 m). 9
Le climat
LES CLIMATS
Montagnard Sub-tropical humide Tropical sec et humide Aride Semi-Aride Tropical humide
LA PLUVIOMETRIE ANNUELLE moins de 20 cm 20-40 cm 60-100 cm 100-150 cm 150-250 cm plus de 250cm 10
L’Inde est caractérisée par un climat tropical de
mousson. Malgré la présence de certaines zones tempérées, l’alternance entre une saison sèche et une saison des pluies conditionne la vie et l’activité des Indiens. Lors de la saison des pluies, de juin à octobre, la mousson apporte des masses d’air humide en provenance de la mer d’Oman et de l’océan Indien. Le sud et l’ouest du pays sont les premiers touchés, en juin. L’ensemble du territoire indien entre dans la saison des pluies avant la mi-juillet. Les précipitations peuvent être considérables (à Tcherrapunji, elles atteignent 10 920 mm par an). L’intersaison est marquée par un retour progressif de la sécheresse. À partir de décembre, la mousson souffle de l’intérieur des terres vers la mer. Jusqu’au mois de mars, la saison sèche, relativement fraîche, est toutefois marquée par de violents orages et des
chutes de neige sur l’Himalaya. Après la saison sèche débute la période la plus chaude de l’année, entre la mi-mars et le début du mois de juin. Les températures montent alors fréquemment au-dessus de 40 °C et, dans certaines zones du centre de l’Inde, peuvent dépasser 50 °C. Ces tendances générales ne rendent cependant pas compte de l’extrême variété climatique caractéristique de l’Inde. De plus, le volume des précipitations varie énormément selon les années ; une année de sécheresse peut en effet succéder à une période de tempête tropicale, toutes deux catastrophiques pour l’agriculture. De trop fortes pluies favorisent par ailleurs la prolifération des moustiques, et le développement du paludisme.
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Cassia fistula
Shorea robusta
Ficus religiosa, arbre vénéré par les bouddhistes
Delonix regia
La vegetation
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L’Inde possède l’un des milieux naturels les plus
riches au monde. La diversité des habitats est très importante, depuis les forêts tropicales jusqu’aux végétations alpines, depuis les immenses plaines fluviales jusqu’aux nombreuses îles maritimes, depuis les zones désertiques jusqu’aux terres humides côtières. Il existe, en dehors des fleuves, une très riche variété de zones humides occupant plus de 18% du pays, dont 60% sont couverts par les rizières. Naturellement, une telle diversité d’habitats a permis à une faune et à une flore importante de s’épanouir et de prospérer. Parmi environ 50 000 espèces de plantes en Inde, 17 000 sont des plantes supérieures qui comprennent pour le tiers des plantes à bois. La forêt a depuis longtemps été essentielle dans la vie des tribus et autres communautés habitant l’Inde, mais elle
est aujourd’hui sur le déclin, n’occupant plus que 20% du territoire. La flore de l’Inde est exceptionnellement riche avec 15 000 espèces, soit 6% du nombre total des plantes à fleurs dans le monde, rencontrées principalement dans les Ghâts Occidentaux, le nord-est himalayen et les îles Andaman et Nicobar. Plus étonnant, un tiers environ des fleurs de l’Inde sont endémiques, soit 5150 espèces se divisant en 140 genres. Les forêts à feuillage persistant prédominent, avec, mélangés, quelques arbres à feuilles caduques. On y rencontre principalement le teck (Tectona grandis), surexploité à des fins commerciales, le sal (Shorea robusta), le bambou, ainsi que diverses espèces de figuier comme le banian (Ficus benghalensis) et le pipal (Ficus religiosa).
L’Inde abonde également de magnifiques arbres à fleurs dont le cassia est l’une des variétés les plus spectaculaires. Différentes espèces d’acacias et le khejri (Prosopis cineraria), l’arbre sacré de la communauté des Bishnoïs, ont des racines qui vont puiser l’eau très profondément et de petites feuilles qui minimisent l’évaporation. Ils sont ainsi mieux adaptés pour survivre dans les conditions extrêmes des régions désertiques. Dans les zones humides et près du littoral s’épanouissent des cocotiers, différentes espèces de palmiers, et des palétuviers dans les mangroves. Dès que l’altitude s’élève, on rencontre des conifères comme les cèdres de l’Himalaya, les pins, les cyprès, ainsi que des rhododendrons et des arbres à feuilles caduques tels que le chêne, le marronnier d’Inde, le bouleau ou le cerisier. 13
En Inde, la religion fait partie intégrante de la vie quotidienne
Une breve histoire de religion Démocratie
laïque, l’Union indienne repose sur la tolérance : chacun a le droit de pratiquer la religion de son choix et le devoir de respecter les autres. Mais le « sécularisme » indien, à la différence de la laîcité française, admet que, dès l’école, les signes religieux soient visibles. Les communautés religieuses sont donc habituées dès l’enfance à s’identifier, avec le risque, en cas d’emmeutes communautaires, de faciliter la désignation de l’ennemi. L’inde s’est longtemps partagée entre sept grandes religions, selon des chiffres de 2004 : l’hindouisme, très largement majoritaire (plus de 900 millions de pratiquants); l’islam (environ 150 millions), majoritairement au cachemire; le christianisme (24 millions); le sikhisme (19 millions) né au Penjab; le jaînisme ( 3 à 4 millions) et le bouddhisme, très minoritaire); le zorastrisme, religion des parsis (70 000) et le judaïsme (5 000).
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Aux « grandes » religions historiques s’ajoutent de nombreux peuples autochtones de l’Inde, les « tribals » qui semblent difficile à recenser. Avant l’hindouisme, le brahmanisme réglait la vie hindoue. S’il y avait en Inde, selon la rumeur, trois cent millions de dieux, au commencement est Brahma, dieu de la création. Brahma donne Brahmanisme mais aussi Brahmane, au sommet de la hiérarchie des castes. On ne peut comprendre la religion hindoue sans comprendre le système des castes. Brahma, dieu à la peau blanche, est né d’un oeuf d’or cosmique. Sitôt apparu, il fit naître sa fille Saraswati, déesse des arts. Le dieu s’en éprit et la lorgna d’une façon si lubrique qu’il lui poussa quatre têtes pour mieux la suivre dans ses mouvements, une pour chaque direction cardinale et une pour regarder au-dessus. choqué ce comportement, son compère le dieu Shiva (dieu de la trimurti, également appelée la « trinité
hindoue », avec Brahma et Vishnu ), Shiva décida qu’il n’y aurait pas de lieu où il serait vénéré. En effet, seuls Shiva et Vishnou, continuent à être vénérés alors que Brahmâ est quasiment ignoré ; il ne possède qu’un temple à lui dédié. Brahma demeure cependant à l’origine des castes. De sa bouche sortirent les brahmanes, il s’agit des prêtres et des enseignants ; de sa poitrines, les « kshatrya, les guerriers; de ses bras sortirent, les « vaishya » les marchands; de ses jambes les serviteurs, divisés en de nombreuses basses castes. Ainsi le corps de Brahma sert à la répartition des humains en catégories qui ne peuvent se mélanger sous peine d’impureté. L’ensemble des humains ne tient pas dans le corps de Brahma : il existe ainsi une masse indistincte de « sous-hommes ». Ce sont les parias, fantômes d’hommes; les Anglais les appelèrent « Intouchables » parce que les 15
Brahmanes avaient l’interdiction de les toucher; aujourd’hui, parias et Intouchables étant des termes prohibés, on préfère le terme de Dalits. Les plus impurs mangent de la viande et boivent de l’alcool, ils sont alors considérés comme étant des quasi-bêtes. Les plus pures, les brahmanes, strictement végétarien et interdits d’alcool, sont des lettrés. Dans la société actuelle, les brahmanes sont devenus hauts fonctionnaires, souvent appelés à des rôles politiques, comme Jawaharlal Nehru, devenu Premier ministre de l’Inde libre. Les castes ne sont pas une simple division de la société. Elles sont associées à la notion de pureté et de karma. En valorisant son karma, un hindou renaîtra dans une caste plus élevée et atteindra ainsi le nirvana, l’immortalité auprès des dieux. à gauche : Brahma et toutes ces têtes
Bien que les castes ait été abolie en 1950 par Nehru, le concept d’appartenance à une caste est toujours très présent dans les esprits en Inde. Le système des castes rend ainsi la condition des intouchables particulièrement injuste. Considérés comme impurs, ils sont méprisés par les castes supérieures et sans possibilité de s’élever dans la société. De nombreux combats ont été menés pour les droits des intouchables, durant le XXè siècle. L’éducation, qui leur était interdite avant l’Indépendance, leur donne un espoir de promotion sociale. Enfin, grâce à une politique de discrimination positive, 25% des postes dans la fonction publique, dans les collèges et dans les universités leur sont réservés. Néanmoins, les dalits sont encore victimes de violences, de viols et frappés d’ostracisme. L’entrée de certains temples leur est toujours interdite. 16
en entrant dans un temple, (on se déchausse, biensûr , et) on sonne la cloche pour prévenir les dieux de notre visite la «Trimourti», Vishnou au centre, Brahma à gauche et Shiva à droite
L’évolution sociale et politique de l’Inde contemporaine n’est pas dissociable des conceptions hindoues : si les défavorisés du système des castes prennent peu à peu le pouvoir par la démoctatie, c’est l’ensemble de la construction sociale hindoue qui s’ en trouvera inversée. Reste à savoir si l’hindouisme peut continuer d’exister sans le système des castes. Améliorer son karma, atteindre le nirvana, sans pour autant rester confiné dans sa caste est-il possible ? Il appartient aux hindous d’en décider. 17
BANGALORE, ville de paradoxe
BANGALORE
centre historique
lac et drain
armĂŠe 18
Silicon Valley indienne. Bangalore, capitale du Karnataka, 6,5 millions
d’habitants, a su profiter de l’ouverture des frontières commerciales de l’Inde dans les années 90 pour se positionner comme ville pionnière des industries aéronautique, biochimique, informatique et de service : les fameux call centres (centres de relais téléphoniques pour maintenance informatique). Aujourd’hui elle attire toujours plus de jeunes diplômés . Depuis dix ans, Bangalore connaît une explosion démographique sans précèdent, couplée à une augmentation du pouvoir d’achat et à une forte inflation. Fière de participer au nouveau rayonnement de l’Inde à l’échelle mondiale, Bangalore se veut résolument moderne et culturellement tournée vers l’occident, dans un subtil équilibre entre tradition et modernité...
Ville de garnison. C’est sous la gouvernance
britannique que Bangalore devient capitale d’état et que de nombreuses industries seront implantées. Sa situation centrale sur le plateau du Deccan en fait une place stratégique pour l’administration du sud de l’Inde : Bangalore va devenir une ville de garnison composée d’immenses cantonments qui accueilleront tant les logements des soldats, que les espaces d’entraînement ou encore toute l’industrie de l’armement. Ces nouveaux quartiers aménagés en marge de la vieille ville vont profondément structurer et contraindre le développement futur de la ville. Aujourd’hui ces espaces, appartenant toujours à l’armée, persistent sous la forme de vastes enclaves clôturées qui ont échappé à la croissance frénétique de la ville. Ils se comportent comme des poches imperméables que les réseaux routiers s’efforcent de contourner créant ainsi
de véritables obstacles quotidiens à la logique urbaine. C’est ainsi qu’on peut trouver en plein centre ville (voir carte), entre le stadium et le quartier des affaires, un immense terrain vide de plusieurs hectares réservé aux parades militaires. Ces « poches » constituent pourtant de fantastiques opportunités foncières et paysagères pour Bangalore car elles renferment encore de larges espaces boisés, véritables poumons pour l’agglomération.
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Garden city. Car c’est justement les qualités paysagères et
climatiques de Bangalore qui ont attiré aussi bien l’administration coloniale que les investisseurs de technologies de pointe. Située à 1000 mètres d’altitude, sur le plateau du Deccan, elle a toujours échappé aux fortes chaleurs de l’été et constitue un lieu idéal de villégiature, dans un cadre naturel luxuriant. Dès le début du XVIII° siècle les officiers britanniques s’intéressent à une caractéristique singulière à la région. La géographie de Bangalore fait qu’à l’origine la ville dispose d’un système naturel, efficace d’évacuation des eaux de pluies : un réseau de mille et un lacs, constellation de retenues d’eaux semi artificielles qui communiquent toutes entre elles par des écluses et des drains . Ces réservoirs servaient à stocker les eaux de pluies, à irriguer l’agriculture et à recharger la nappe phréatique, selon un modèle autonome et durable de gestion des ressources naturelles.
Malheureusement l’accroissement peu contrôlé de Bangalore ne prend pas du tout en compte la gestion du bassin versant de la ville. L’urbanisation rapide de la ville a provoqué la disparition de nombreux arbres et de la moitié des lacs de Bangalore en l’espace de dix ans. Les drains, eux, se sont transformés en larges égouts à ciel ouvert qui sillonnent les quartiers jusqu’aux lacs qui polluent à leur tour les eaux souterraines. De plus, il n’existe pas de réel système d’élimination des déchets. Seulement 60% des déchets disparaissent, brûlés en général, le reste finit dans les drains lors des pluies. A ceci s’ajoute le nombre important de déchets des matériaux de construction qui restent souvent entreposés sur des terrains vagues. La pollution des drains d’évacuation des eaux de pluie de Bangalore est une véritable menace pour l’environnement. 21
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Quel heritage ? L’utilisation massive de l’air conditionné, la destruction
des ressources naturelles, l’urbanisation anarchique, l’extrême pollution font que la chaleur se substitue peu à peu la fraîcheur légendaire de la ville. Les pouvoirs publics semblent avoir démissionné de leurs fonctions : ramassage d’ordures irrégulier, coupures d’eau et d’électricité fréquentes, état des infrastructures routières déplorable...poussent les habitants et les grandes entreprises à opter pour des solutions individuelles. Dans ce cas comment imaginer un retour bénéfique des investissements étrangers sur la ville et les services publics ? La course effrénée vers la modernité met Bangalore dans une situation ambiguë et paradoxale : elle semble avoir hypothéqué son héritage au profit d’un rêve de techno city qu’elle ne paraît pas en mesure de réaliser. Aujourd’hui on se trouve dans une situation d’entre deux, qui n’offre ni la vitalité de la ville traditionnelle indienne ni l’efficience d’une cité moderne. On peut se demander à quel prix l’Inde va réaliser son tour de force... 23
SHIVARAJ, arc hitec te assoc ie
O, A ce R S. l’agen N e A H ur d O M ec te d ir
RA HUL, a rc hitec te
ADITI, etudia nte VIJAY, architecte paysagiste
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L’AGENCE
Integrated Design est un atelier d’architecture et de paysagisme qui concentre son approche sur le developpement durable. INDé propose depuis 1993 des services professionnels de design et de conseils dans les champs du design environemental, de la plannification régionale, de l’architecture, du paysage et de la gestion des eaux. Indé est dirigé par Mohan s. Rao, lui même architecte paysagiste; il est entouré d’une équipe pluri-disciplinaire, composé de trois membres permanents. Cependant la taille de l’équipe de travail varie beaucoup en fonction des opportunités et des projets, de nombreux intervenants intègrent temporairement l’agence. Ces éléments extérieurs enrichissent l’ atelier et apportent ainsi constamment un regard nouveau sur les projets. Mohan est aussi membre de l’ong Sattva qui dédie son activité à la recherche, l’analyse et la promotion des solutions alternatives durables dans l’habitat, le developpement et la gestion des ressources. Du jardin privée à la création de ville nouvelle; de la conservation patrimoniale à l’analyse environnementale : les disciplines de l’agence, les champs d’action et les échelles d’intervention des projets sont multiples. Par ailleurs, si l’agence est basée à Bangalore, les sites d’études n’en sont pas pour autant cantonnés à la ville, ils s’étendent
à tous les états du pays, Andra Pradesh, Tamil Nadu, Kerala,...et à l’étranger, plus rarement. INDé a le mérite de travailler sur des projets non rénumérés (ou très peu). En effet, par principes et par amour de son pays, Mohan engage volontiers bénévolement son équipe lorsque un patrimoine historique ou environnemental est menacé. Quand en Inde, la conservation de l’heritage culturelle et l’exploitation raisonnée des ressources naturelles n’est pas encore une priorité et qu’aucune autorité ne se prête à les financer, on comprend l’importance et le bien fondé du travail d’Intergrated Design. Si en Europe ces projets semblent entrés dans les moeurs, en Inde, ils sont plus que précurseurs et plein d’espoir pour le développement du pays. La contre partie de cet engagement, étant bien sur les projets, que je qualifierais « d’ alimentaires » , assez limités d’ intérêts. Mais ce parti pris n’en vaut-il pas la chandelle? 25
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PROJET 1
Si c’est bien en Inde que j’ai réalisé mon stage, j’ai paradoxalement passé une grande partie de mon temps à travailler sur un projet au Maroc. Projet marocain d’une agence indienne par une stagiaire Française...Mais? La mondialisation aurait-elle déjà touchée le métier de paysagiste? 27
PROJET URBAIN DE BAB ZAERS
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PROFIL DU PROJET:
situation : Communes Rurales de Oum Azza et de Sidi Yahya Zaer (dans la proche périphérie de Rabat), Royaume du Maroc maître d’ouvrage : Société d’aménagement de Bab Zaërs date de lancement du projet : novembre 2007 projet : une ville rurale écologique taille du site : 30 000 ha enjeux : Le projet a l’ambition de répondre de manière locale mais aussi globale à la problématique de la ville nouvelle périphérique au Maroc, en essayant de tirer les leçons de la pensée urbaine occidentale classique et de proposer un modèle de développement mieux adapté aux besoins et capacités d’un pays émergent. Si le projet est résolument ancré dans une conception écologique de développement durable, il se doit également d’être économiquement et territorialement viable. agences engagés sur le projet : Kilo, agence d’urbanisme et d’architcture parisienne; INDé; Rouvin, bureau d’étude et de topographie marocain et deux laboratoires marocains
0
500
1000
2000m 29
Les problèmes de l’eau à Bab Zaers sont ceux que l’on connaît du Maroc. Ainsi, avant tout projet, un réseau hydraulique viable a été dessiné par une équipe d’ingénieurs à partir du réseau existant. Il dessine une trame de base pour la ville future.
PRESENTATION DU PROJET:
oueds dayats puits bassins versants
coulee verte
coulee
verte
L’ Hydraulogie
> Le réseau hydraulique se structure par les trois talwegs Nord-Sud traversant le site, ceux-ci seront reliés entre eux par des bras Est-Ouest. L’ensemble favorisera le drainage et l’écoulement des eaux pluviales qui seront captées à travers le site. > Ce réseau sera découpé par 18 retenues d’eau localisées là où la topographie est la plus favorable pour créer les bassins. > Les berges de ce réseau hydraulique bénéficieront d’une protection contre l’érosion et la pollution sur 50m de part et d’autre des talwegs et sur 20m pour leur affluant Est/Ouest. Cette zone sera frappée d’inconstructibilité et deviendra la base de la trame végétale traversant le site. 30
La strategie territoriale et composition urbaine
réservoir la vallée coulée verte parcelles agricoles parcellesbâties
Partant d’un site rural, façonné par une agriculture peu intensive et non habitée, le Projet reconsidère les rapports entre le territoire et la programmation et propose une urbanisation douce de la campagne sur un mode composite par colonisation progressive d’un parcellaire agricole. Il pose pour principe fondamental de partir de l’offre du territoire pour fixer les limites quantitatives, typologiques, morphologiques et tient compte de la capacité du lieu et de ses transformations possibles, sans détruire son identité ni ses valeurs. La ville rurale durable a pour exigence de faire du capital naturel la première matrice génératrice de l’ordre urbain. Les caractéristiques environnementales
et historiques des usages déterminent la première carte des invariants du site et organise les vides qui permettront aux espaces construits de prendre forme et gagner leur identité. Les espaces ouverts (territoires agricoles, couloirs biotiques, systèmes hydrographiques, zones naturelles protégées, franges vertes aménagées) constituent le fond de plan des infrastructures et des zones urbanisables. Ils sont partie intégrante du projet urbain. L’urbanité se doit d’être souple : pas de zoning, pas d’îlots fermés, refus du lotissement, hiérarchisation des voies. L’insertion du cadre bati se règle par un parcellaire de type rural, distribué par capillarité, dans un système global de distribution viaire par boucles. L’espace construit se laisse partiellement envahir par un espace agricole urbain qui assouplit le territoire et produit des mixités d’usages et de fonctions. Cette modulation contribue à la connotation rurale de la ville.
équipements
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PARTICIPATON AU PROJET:
Ce projet étant entammé depuis déjà deux ans, nous prenons l’entreprise en cours de route, et nous la laisserons sans doute inachevée. Les thématiques abordées, la taille du site et les différentes agences travaillant ensemble, rendent le projet d’une grande richesse mais également d’une grande complexité. Le travail s’organise en différentes étapes et en constant «allers et retours» des données entre les différentes agences. Pour cette première partie concernant la plannification de l’agriculture, j’ai du dans un premier temps effectuer une improtante phase de recherche pour me rendre plus familière aux cultures et aux techniques agricoles traditionnelles du Maroc.
«FARM PLANNING» : ÉTAPE 1
AGRICULTURE URBAINE INTÉGRÉE «Revendiquant sa ruralité, Bab Zaers est un modèle évolué des douars traditionnels qui autorise l’agriculture urbaine intégrée. La trame foncière adaptée et l’insertion d’un maillage hydrologique permet un nouveau type de production agricole à forte valeur ajoutée ainsi que la continuité d’une activité économique traditionnelle pour les paysans locaux. Cependant, la dégradation par les pesticides des ressources en eau superficielles est le risque majeur des pratiques agricoles classiques qui traite les différentes pestes avec des produits phytosanitaires à rémanence longue, susceptible de polluer les ressources hydriques en les rendant impropre à la consommation humaine. Dans le cas de Bab Zaer, le choix fait de collecter l’eau de pluie à l’aide de séquence de bassin le long des talweg du réseau hydrographique, celui de développer un assainissement des eaux de pluie par des méthodes naturelles (noue, percolation, bassin d’infiltration, …) rend critique la maîtrise des pratiques culturales développées dans les parcelles agricoles. Cet équilibre écologique nécessaire du projet impose donc de réserver les superficies consacrées à une agriculture impliquant des conduites exigeantes en savoir faire.» (rapport de présentation, Kilo, janvier 2008) 32
Cette zone témoin servira de modèle pour le reste du site. Elle associe pour chaque situation de la topogrphie ou du paysage, un type de culture approprié.
FIG 1
FIG 4
FIG 2
FIG 5
FIG 3
FIG 6
33
VALLE E
FIG 1
ASSOCIATION DE DIFFERENTES CULTURES
palmeraie
maraichage ou céréales
D E
palmeraie
F OND S LES DA NS
FIG 2
PLANTATION DE PALMIER DATTIER UNIQUEMENT
plantation arboricole ponctuelle
coulée verte réservoir d’eau
coulée verte réservoir d’eau
FIG 3
MARAICHAGE ou CEREALES bande enherbée séparant les cultures de la route
• ici les pentes sont douces et l’accès à l’eau est direct • tandis que la figure 1 est adaptée aux parcelles en longueur, les figures 2 et 3 correspondent à des parcelles plus courtes • en terme de paysage, ces plantations dessinent une bonne transition entre la coulée verte et le milieu urbain
maraichage ou céréales
coulée verte réservoir d’eau
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ARBORICULTURE EN TERRASSE ARBRES UTILISABLES DANS CETTE SITUATION :
petits talus plantés d’arbustes denses avec quelques passages
P E N T E S
A B R U P T E S
FIG 4
zone plus plate terrassée de façon légérement concave
Argania spinosa
(1)
Pistachier
Pistachia vera
(2)
Olivier
Olea europea
(3)
Caroubier
Ceratonia siliqua
(4)
Amandier
Prunus dulcis
(5)
Pommier
Malus domestica
(6)
• sur les pentes les plus abruptes, favoriser des plantations arboricoles qui nécessitent peu d’entretion. • grâce aux plantations en terrasses, l’eau de ruissellement profite aux arbres et les sols sont nettement moins sujets à l’érosion. • en terme de paysage, ces plantations soulignent le relief du site.
L E S S U R
Arganier
1
2
3
4
5
5
6
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ENTRE LES PARCELLES BATIES
FIG 5
ARBRES UTILISABLES DANS CETTE SITUATION
PLANTATION EN VERGER
Ficus carica Punica granatum Vitis vinifera Prunus persica Cydonia oblonga Prunus domestica Pysrus communis
Figuier Grenadier Vigne Pêcher Cognassier Prunier Poirier
(1)
(2) (3) (4)
• Au sein des bâtiments, choix d’un vocabulaire plus régulier, plus « urbain » pour les plantations. • Tel un jardin botanique dans la ville, ces plantations auront également un rôle éducatif pour la population (notamment pour la figure 6).
1
2
3
4
36
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plantes condimentaires
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(8)
(11)
37
Parce que la figure 3 de la partie précedente (CEREALES OU MARAICHAGE) sera le modèle principal pour le système agricole de Bab Zaers, la deuxième étape du «farm planning» a pour but de détailler cette figure en terme de surface, d’organisation et d’équipements. Dans le déroulement du travail, cette étape a été entreprise après un premier conscentement de l’«étape 1» de toutes les agences participant au projet.
ZOOM 2
«FARM PLANNING» : ÉTAPE 2 ORGANISATION EN UNITES DE PRODUCTIONS : Pour rendre le sytème économiquement viable, il s’avère nécéssaire de regrouper plusieurs parcelles en une seule et même unité de production, 5ha étant la taille favorable pour unité rentable. Sur le plan à droite, les parcelles de couleurs similaires représentent une unité. Pour des raisons pratiques, on préférera composer des unités de céréales avec des parcelles groupées en un seul et même endroit et par défaut on utilisera les parcelles plus diffuses pour le maraîchage.
ZOOM 1
0
50 100
200
300
400
500m 38
ZOOM 1
bandes enherbées qui séparent les cultures de la route
1
pépinière
1 ha MARAICHAGE 0,1 ha
+
0,1 ha
INFRASTRUCTURES
infrastructures diverses (hangar,parking,... ), placées à des points centraux de l’unité et à proximité de la route
ORGANISATION D’UNE UNITE DE PRODUCTION DE MARAICHAGE :
PÉPINIÈRE
clôtures tout autour de l’unite
39
2
ORGANISATION D’UNE UNITE DE DPRODUCTION DE CEREALES
DES CULTURES AUX ENTITES EXTERIEURES : Perpendiculairement à la pente, des bandes enherbées protègent les cultures des eaux de ruissellement de la route. 5m de largeur.
ZOOM 2
ENTRE LES PARCELLES D’UNE MEME UNITE DE PRODUCTION : • DANS LE SENS DE LA PENTE
UN ABRI POUR CHAQUE UNITE à proximité de la route et à un point central de l’unité. champs fossé
TRANSITION ENTRE LES CULTURES ET LES COULEES VERTES :
champs champs
talus planté
clairière ( 5 à 10 m)
coulée verte
talus planté
champs
champs
• PERPENDICULAIREMENT A LA PENTE
40
TECHNIQUES AGRICOLES ALTERNATIVES POUR UNE AGRICULTURE DURABLE L’agriculture au Maroc est l’une des causes majeures de dégradations environnementales : érosion, perte de fertilité du sol, épuisement des nappes phréatiques, perte de la biodiversité, pollution des cours d’eau, sont autant de phénomènes provoqués par de mauvaises pratiques culturales, non respectueuses de l’environnement. « L’AGRICULTURE DE CONSERVATION » visent à une agriculture durable et rentable. Outre les avantages environnementaux de ce système (concernant la protection du sol), l’Agriculture de conservation garantit également des avantages agronomiques et économiques : augmentation de la productivité du sol et donc de la rentabilité de l’activité agricole. Cette méthode repose sur 3 grands principes alternatifs, à l’échelle de la parcelle : • UNE COUVERTURE PERMANENTE DU SOL en gardant le résidu des cultures sur le sol ou grâce aux plantes de couverture; protègant ainsi le sol et augmentant la quantité de matière organique.
• LE SEMIS DIRECT est un système dans lequel l’installation des cultures, le semis notamment, se fait sans recours au travail mécanique pour préparer les lits de semis et, avec un travail minimal du sol depuis la récolte de la culture précédente. En effet, le travail du sol peut certes entraîner à court terme une amélioration de sa fertilité, mais à moyen terme il conduit à la dégradation de la structure du sol, à des pertes de matières organiques, à l’érosion et à la baisse de la biodiversité.
• LA ROTATION CULTURALE n’est pas seulement nécessaire pour assurer la couverture des besoins des microorganismes du sol en éléments nutritifs. Grâce à la différence entre les systèmes racinaires des cultures utilisées, la rotation culturale opère comme une pompe biologique dans la mesure ou elle permet de remonter et de recycler les éléments minéraux situés dans les couches profondes du sol. Cette fonction est importante pour limiter les fuites hors système cultivé et pour améliorer ou restaurer les sols pauvres afin de les rendre productifs.
Tableau 2. Système SCV, visant l’optimisation de la production de biomasse • L AGRICULTURE DE CONSERVATION EN PRATIQUE : « semis direct sur couverture TOTALE + effets maxi. SCV sur sol et environnement.
végétale permanente » (SCV) Octobre semis direct Jachère puissante SCV • + cultures printemps SCV
• • • • •
Janvier février
Avoine + orge Avoine + vesce Sulla Radis fourrager Mélanges d’espèces
Option 1 :
Mars
Dessécher biomasse ou rouler
semis direct
• • •
Option 2 :
Pâture puis dessécher
• • • •
Mils Sorghos Muskwari et fouragers Tournesol Sarrazin Pois chiche Haricot Vesce
En rotation l’année suivante
Céréales SCV
Légumineuses SCV (Feverolle, Fèves, etc…)
sources : - site de l’organisation des nations unies pour l’alimentation et l’agriculture : http://www.fao.org/ag/ca/fr/2a.html - Proposition pour la construction des systèmes de culture durables en semis direct sur couverture végétale au Maroc, CIRAD LaTableau recherche agronomique au service des pays Sud 3. Récapitulatif desdupropositions systèmes
41 Blé
Légumineuse
Blé
A’
Cette partie de l’étude sera reprise plus tard par une autre équipe de paysagistes qui détaillera le projet à l’échelle humaine. Il s’agit ici de donner les principes généraux du developpement et les grandes lignes du paysage des coulées vertes.
A
RESERVOIRS ET COULÉES VERTES
B’
ZOOM 1
Cordon végétal naturel, d’épaisseur et de forme variables mais omniprésent sur la totalité de la coulée verte B
C’
Open space Niveau de l’eau à la saison des puies
ZOOM 2
la zone témoin se situe au centre de la ville, elle servira de modèle pour le futur développement des autres réservoirs
C
Niveau de l’eau à le saison sèche Agriculture et urbanisation peu dense
0
50 100
200
300
400
500m
Urbanisation dense
42
situation 1 : coulée verte dirctement liée à l’espace urbain
niveau de l’eau durant la saison des pluies espace urbain dense
saison seche
A
B
A’
petits commerces ou services (café, club de sport,..)
espace ouvert
espace urbain dense qui s’ouvre sur la coulée verte
B’
situation 2 : l’agriculture comme transition entre la coulée verte et l’urbanisation dense observatoire
C
frange naturelle protégée autour du lac, lieu d’observation de la faune et de la flore
zone agricole qui crée, en terme de paysage, une transition douce entre la coulée verte et l’espace urbain
espace urbain
C’ 43
B’
A’
C’ B A C
N
0 10 20 30 40 50
100m 44
le parc urbain
Dessiné dans un esprit très méditerrannéen, ce parc urbain s’inscrit sur les pentes du site. Il joue de la topographie grâce à un système de terrasses en pierre sèche et en accentue ainsi le relief. Le parc se décline en différentes places aux ambiances et usages associés .
ZOOM 1
place aux jets d’eau
A
A’ 45
cafe ou resto sur l ’eau
C
C’
escaliers pour acceder aux terrasses supperieures B
B’ 46
le ja rdin aux terrasses
(coupe BB’)
47
ZOOM 2 prolongement des coulées vertes dans les quartiers résidentiels A
A’ 48
jardin privé se prolongeant dans l’espace public A
espace ouvert à usages multiples, espace de jeux, jardins familiaux
cours d’eau
cordon végétal suivant jardin privé se prolongeant dans l’espace public le cours d’eau dans toute sa longueur
A’
49
50
PROJET 2 51
TAJ KANHA
Situé dans le Madhya Pradesh, Taj Kanha est surtout reconnu pour sa réserve naturelle et animalière, «wild sanctory», qui abrite notamment une des plus grande population de tigre du pays. La réserve s’étend le long d’une vallée sur plus de 600 hectars. Elle présente une large variété de milieux et de paysages, ce qui en fait également sa richesse. Si les tigres sont nombreux sur ce territoire, ils ne sont de loin pas les seuls hôtes du sanctuaire. Ours et léopards, hyènes et singes, une multitude d’oiseaux et toute une faune inéstimée se cotoient dans la réserve de Taj kanha.
PROFIL DU PROJET:
situation : à la toute limite de la réserve naturelle de Taj Khana, Madhya Pradesh maître d’ouvrage : CCA Conservation Corporation of Africa, agence d’écotourisme projet : aménagement d’un complexe hôtelier écologique taille du site : 40 ha enjeux : tout en mettant en valeur cette proximité au sanctuaire privilégié (fortement recherchée par les visiteurs), il s’agit d’intégrer au mieux le complexe au paysage de la réserve sans pérturber sa faune. Le projet doit également tenir compte des villages au fort caractère rural qui avoisinnent le site. agences engagés sur le projet : INDé et SPA, agence d’architecture indienne
52
Les futurs bangalows, situés soit le long des ravins soit le long de la rivière.
Le site jouit d’une merveilleuse situation, le long de la «Banjar River», qui sépare d’ailleurs la Réserve du site. Il bénéficie également d’intéressantes entités paysagères et bientôt architecturales. Cependant, le sol est fortement marqué par l’érosion.
Les ravins parcourent tout le site. Au fond de ces derniers coulent des ruisseaux qui se transforment en véritable torrent à la saison de la mousson venue.
53
LUTTE CONTRE L’EROSION
Pour lutter contre l’érosion, INDé a mis au point toutes une série de techniques simples et discrètes. Elles s’appliquent ici tout au long des ravins.
2 RETENIR LE SOL
1 RENFORCER LES POINTS SENIBLES DES RAVINS Le sol emporté par le courant, les racines des arbres se retrouvent à nue, ils risquent alors de se déchausser. Durant la mousson, l’important débit des cours d’eau, endommage la base des ravins, ainsi fragilisés, ils risquent de s’effondrer. Il s’agit ici de consolider les pentes des ravins.
intervention :
intervention : accumulation de sol grâce à une barrière de tiges de bambou
54
3 CREATION DE PETITS BARRAGES La création de petits barrages permet non seulement de retenir le sol érodé, mais il crée également des zones de rétentions d’eau durant la saison sèche, procurant ainsi un habitat potentiel pour les animaux. Planter des arbres autour des barrages permet de réduire l’évaporation. Les barrages peuvent être de deux types soit en tige de bambou, discrets, soit en gabions, au quel cas, de la terre s’accumule entre les pierres et crée un sol où pourront alors pousser certaines plantes.
4LIMITER LA VITESSE DE L’ECOULEMENT DES EAUX
La création de petits talus plantés permet de réduire la vitesse de l’écoulement des eaux de ruissellement.
55
ZOOM2 ZOOM3
chemin piéton reliant les bungalows entres-eux
Le long du cours d’eau, se décline un cordon végétal qui limite l’érosion et réduit l’évaporation, et dans lequel s’intègrent les bungalows.
zone tampon entre la réserve et le complexe. Points d’observation de la faune
LE PROJET
vergers parcelles agricoles traditionnelles (organisation en patchwork), qui rentabilisent le terrain et donne un caractère rural au logement du personnel.
accès pour le service
village du personnel hôtelier
ZOOM4 ZOOM1
arboriculture, plantation régulière de Shorea robusta, réputé par la qualité de son bois. Donne un caractère différent au sein de la forêt 56
ZOOM 1 parcelles agricoles s’insérant au sein du le village muret en pierre séparant le village des cultures (1)
large espace ouvert pour les jeux collectifs lieu de rassemblement pour les villageois : placette à l’ombre de toiles suspendues (ces toiles étant très répandues dans l’espace public indien) (2)
(1)
(2) 57
ZOOM 2 : piscine naturelle Une piscine naturelle permet de se baigner dans une eau parfaitement propre, sans aucun apport de chlore. L’eau se régénère, exactement comme dans un lac, par le biais d’un rééquilibrage biologique. La piscine comporte pour cette raison une partie destinée à la baignade et une autre destinée à la régénération de l’eau. Le processus biologique d’autorégéneration est renforcé par la distribution de l’eau d’une zone à l’autre, au moyen d’un système combiné de filtrage et de pompage. (1) zone de baignade (2) bassin de filtration (3) skimmer (4) aspiration en profondeur (5) pompe/Regard technique (6) tuyau aspirant/sous-pression 58
ZOOM 3 ET ZOOM 4 : entre les bungalows
A
A
chemin sureleve
hautes graminées
bambous bas
A’
A’
59
60
PROJET 3
& fin
61
1
3
VANI KOLA S RESIDENCE Ce projet pour particulier ne présente pas grand intêret mais il caractérise cependant la «contre partie», que j’évoquais plus haut en présentant le travail de l’agence. De plus, ce genre de projet fit (malheureusement) également partie de mon lot quotidien... Mon travail ici fut plus celui d’une «dessinatrice» que celui d’une paysagiste, je n’ai en effet pas eu mon mot à dire quand à la création de ce jardin.
0
5
10
15
20
25 m
N
2
62
1 The promenade 3
2 Feature walls
The gazibo
63
64
VALLEY SCHOOL
Petit projet pour une école. Reflexion sur des assises à la fois ludiques et symboliques sous un manguier centenaires.
hamaks en toile, suspendus aux branches des arbres, évoquant les fruits du manguier modules de bois évoquant les racines de l’arbre, nombreuses positions d’assise possibles
65
v
66
v
CONCLUSION Le mot de la fin? Les quelques lignes qui résument plus de deux mois de découvertes dans un pays aussi magique et mystérieux que l’Inde? Pas si facile de faire le point... Sur le plan professionnel, même si j’ai été un peu déçue de ne pas avoir participé à des projets aux problématiques un peu plus locales ou à des projets de conservation du patrimoine historique, j’ai quand même pu, en travaillant au côté de Mohan, me familiariser avec les enjeux de ce genre de projet et comprendre le rôle d’un paysagiste dans un pays émergent. Ce stage m’a apportée une véritable expérience du travail en bureau d’étude. J’ai également beaucoup apprécié la liberté et l’autonomie qui m’ont été données sur certains projets (notamment sur celui du Maroc), j’ai ainsi pris conscience des responsabilités qu’impliquent le métier. Mais c’est aussi une très belle leçon de vie que je retiens. Il ne faut pas oublier que l’Inde est avant tout un pays très pauvre. En tant qu’Européen, on retrouve en Inde une certaine authenticité dans ces modes de vie si «simples», bien loin de notre société de consommation...Mais n’est ce pas un sentiment un peu malsain? N’est-il pas un peu facile d’aimer ce pays quand on a les moyens de le voir comme de derrières une vitrine? Même si nous nous sommes complétement immergés dans la culture indienne, notre douce France nous attendait-elle pas à notre retour? Gardons à l’esprit, qu’en Inde, un tiers de la population subsite avec moins d’un dollar par jour, que des familles entières sont sans foyer et dorment à même le sol dans la rue, que des indiens ont faim,...mais se plaignent-ils?... De quoi méditer sur sa propre situation. Un grand merci à Mohan pour nous avoir accueillis dans son agence et pour nous avoir guidés dans la découverte de son pays. 67
68
BIBLIOGRAPHIE/
CARTES: • carte des états indiens : www.i-voyages.net/.../inde/carte_inde.gif • carte du climat : http://www.inde-en-ligne.com/images/maps/carte-climat.png • carte des précipitations annuelles : government of india • carte du relief : http://commons.wikimedia.org/wiki/Image:Relief-Inde.png • carte de la topographie : http://www.vjf.cnrs.fr/brahmaputra/images/Inde-Physique-fr.jpg IMAGES: image de mousson : http://www.lefigaro.fr/assets/photo/bangladeshinondations.jpg INFORMATIONS: à propos de l'Inde : • L'Inde des Indiens, L'autre guide; Catherine Clément et André Lewin, LIANA LEVI • Le guide du routard 2008, HACHETTE • http://fr.ca.encarta.msn.com • Inde, Bilan mitigé de 90 ans de discrimination positive, FOCUS, LE MONDE du 26 janvier 2008 à propos de Bangalore : • Rétrospective sur les multiples héritages d’une ville moderne indienne par Douchan Palacios le 16 avril 2007 • Architecture, énergies et haute qualité environementale http://www.archidev.org/article.php3?id_article=1034 • http://eau-fait-en-inde.over-blog.com/article-4298151.html • http://www.archidev.org/ 69