MAGAZINE
2015
Dossier
N°72 – FÉVRIER, MARS, AVRIL 2015
TRIMESTRIEL – BUREAU DE DÉPÔT BRUXELLES X – P309290
Sur le terrain : Un an dans les Virunga
CHANGEMENT CLIMATIQUE La biodiversité en péril
Cette annonce compte 3.200 caractères. Un pour chaque tigre sauvage encore en vie. 3.200 caractères. Cela peut sembler beaucoup sur le papier, mais ne vous y trompez pas. Trois mille deux cents, c’est très peu. Il suffit pour s’en rendre compte d’imaginer 3.200 supporters dans un stade de foot. Ou 3.200 personnes sur la plaine d’un festival. Ou autant d’habitants dans une ville telle que Bruxelles. C’est peu. Imaginez maintenant ce que représentent 3.200 tigres à la surface de la planète entière. 3.200 tigres à l’état sauvage actuellement. Il en restait 100.000 il y a 100 ans. Si nous ne réagissons pas aujourd’hui, il sera bientôt trop tard. Il nous reste 2.583 caractères pour vous en convaincre.
faciles pour le braconnier sans scrupules, leur plus dangereux prédateur. Une corde en nylon suffit pour piéger un tigre. Leur agonie et leurs souffrances peuvent alors durer des jours. Si ces atrocités existent, c’est parce que leur peau et leur viande se vendent à prix d’or. Et que la médecine traditionnelle orientale prête des effets magiques aux os, et même aux yeux du tigre. Des pratiques dont l’efficacité n’est absolument pas établie, mais qui contribuent à accélérer sa disparition. Il nous reste 3.200 tigres. Et environ 1.500 caractères pour vous persuader de nous aider à les sauver.
Le Tigre.
Que fait le WWF ?
Plus que tout autre animal, le tigre est symbole de force et de puissance. Il mesure entre 2 et 3, 5 mètres de long, pèse 300 kilos. Sa vision dans l’obscurité est 6 fois supérieure à la nôtre. La puissance de sa mâchoire peut atteindre 450 kg/cm 2 . Et pourtant, nos 3.200 tigres ont besoin d’aide pour survivre. Notamment parce que leur habitat naturel disparait petit à petit. Il ne reste aujourd’hui que 7% de leur territoire d’origine, en majeure partie à cause de la déforestation. Les tigres se retrouvent enfermés dans des zones trop restreintes, dans lesquelles ils ne trouvent plus assez de proies pour se nourrir correctement.
Pour la sauvegarde du tigre, le WWF est actif dans 7 réserves naturelles réparties sur 13 pays: le Bangladesh, le Bhoutan, le Cambodge, la Chine, l’Inde, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, le Myanmar, le Népal, la Russie, la Thaïlande et le Vietnam. En menant des actions concrètes dans ces pays, nous voulons, à terme, doubler la population de tigres.
Ainsi isolés, ils deviennent eux-mêmes des proies
Sous la pression politique, un plan d’action visant à protéger efficacement la population de tigres a été mis en place en 2010. Mais le combat est loin d’être terminé. Le WWF vérifie sans cesse que les engagements des pays se concrétisent en actions sur le terrain. Et le recensement des populations de tigres
est un travail qui nécessite énormément de moyens et d’attention. Parallèlement à son combat pour une application plus stricte des lois, le WWF contribue aussi à la formation des rangers qui luttent contre le braconnage. Ils repèrent les pièges et les démontent, traquent et arrêtent les braconniers de plus en plus nombreux. Le WWF appelle aussi les pays d’Asie à étendre les réserves protégées et à les faire communiquer afin de limiter la fragmentation de l’habitat. Nous encourageons également les entreprises et agriculteurs locaux à travailler de façon durable dans le but encore de protéger l’habitat naturel du tigre.
Et vous, que pouvez-vous faire ? Le fait que vous soyez toujours en train de lire ce texte après 2.774 caractères prouve au moins que vous vous sentez concerné par le destin de ce magnifique animal. C’est un très bon début. Mais vous pouvez faire plus si vous le désirez, en soutenant nos actions par un don sur le compte BE12 3100 7350 7292 (code BIC BBRUBEBB) avec la communication ‘SOS Tigre’. Grâce à votre soutien, nous espérons pouvoir faire paraître un texte plus long, avec beaucoup plus de caractères, dès l’année prochaine.
ÉDITO SOMMAIRE Brèves
4-5
Sur le terrain
© WWF-Belgium
Le sujet central de ce Panda Magazine est le changement climatique. La recherche scientifique sur le climat est claire : l’activité humaine est la cause principale du réchauffement de la Terre. Aujourd’hui, on peut déjà en observer les effets et, si nous n’agissons pas très vite, les conséquences pour notre planète seront irréversibles. Ce 28 mars, à l’occasion d’Earth Hour (« Une heure pour la Terre »), des millions de personnes à travers le monde ont éteint les lumières, signe qu’elles se soucient du sort de notre planète. Le soutien massif du public est, cette année, plus important que jamais. L’année 2015 doit entrer dans l’histoire comme l’année où l’on a mis une fois pour toutes un terme au changement climatique. Les dirigeants de la planète doivent parvenir à un accord global lors du prochain Sommet de l’Organisation des Nations Unies sur le climat prévu en décembre, à Paris. Earth Hour n’est qu’un début ! À l’occasion du Sommet sur le climat de Paris, le WWF lancera un appel afin que nous nous engagions à faire de cet évènement international un succès. Aux décideurs politiques, aux entreprises... et à vous ! Car oui, votre voix aussi peut faire la différence !
Un an dans les Virunga
6-7
Kids
20-21
Sur le terrain
Legs
Un notaire vous explique le legs en duo
Éco-détente
How to veggie ?
22 © WWF-RDC
23
Découvrez le travail du WWF en République démocratique du Congo en pages 6 à 9
DOSSIER LA BIODIVERSITÉ EN PÉRIL CHANGEMENT CLIMATIQUE
P. 08-19
© Shutterstock
Jan Vandermosten Expert climat et énergie, WWF-Belgique
COLOPHON : Le Panda magazine est une publication du WWF-Belgique Communauté française asbl. Tous droits réservés au WWF. Le sigle Panda, le mot Panda et les initiales WWF sont des marques déposées du World Wide Fund for Nature. Reproduction des textes autorisée, à condition qu’il soit fait mention de la source. • Ont collaboré à ce numéro : Marie-Noëlle Collart, Thibault Dujardin, Margareta Heylen, Franck Hollander, Antoine Lebrun, Sabien Leemans, Anne-Catherine de Neve, Charles Snoeck, Caroline Steygers, Jan Vandermosten, Mone Van Geit, Gwendoline Viatour, Angelika Zapszalka • Coordination : Anne-Catherine de Neve (www.outsidetheboxes.be) et Angelika Zapszalka • Design : www.propaganda.be • Impression : Claes Printing. St-Pieters-Leeuw. • Photo de couverture : © Antoine Lebrun / WWF-Belgique • E.R. : Damien Vincent. Bd E. Jacqmain, 90. 1000 Bruxelles.
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BRÈVES LA CLASSE LA PLUS PANDASTIQUE ! © Quentin Bates / WWF
LES QUOTAS DE PÊCHE ONT LES YEUX PLUS GROS QUE LE VENTRE Chaque année, les quotas de pêche européens sont négociés pour l’année qui suit. Les 15 et 16 décembre derniers, les ministres en charge de la pêche se sont rassemblés au Conseil européen pour voter les quotas de 2015. Le WWF demandait à ce que l’avis de la communauté scientifique soit suivi sans compromis, afin que l’on puisse encore atteindre l’objectif visé par la Politique commune de la pêche : arrêter la surpêche en Europe d’ici 2020. Malheureusement, les accords obtenus n’ont pas été dans ce sens et les quotas n’ont pas été significativement baissés. La Belgique, elle aussi, a transigé avec les recommandations formulées par les experts. Ceux-ci avaient estimé qu’il était nécessaire de réduire les quotas de 60 % pour la sole (Solea solea) dans la Manche et de 20 % pour la raie (Rajidae). L’accord signé se limite à réduire de 28 % les quotas de la sole et maintient les quotas existants pour la raie, alors que plusieurs espèces sont sérieusement menacées ! Ces décisions sont décevantes et hypothèquent l’avenir des stocks halieutiques. Le WWF
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continuera à œuvrer pour la mise en œuvre sans délai d’une pêche durable pour sauver la richesse de la vie marine.
© Mike R. Jackson / WWF
© Mike R. Jackson / WWF
Cette année, le thème de la Classe pandastique était l’Europe sauvage. Les enfants étaient invités à partir à la découverte de la faune et de la flore sauvage de nos régions. Près de 100 classes ont participé au concours photo. C’est la classe de Mme Murielle de l’école « La Petite Source » de GrezDoiceau qui a été élue la « Classe la plus pandastique 2014 ». Les élèves de Mme Murielle ont envoyé au WWF une super photo de leur classe sur le thème de l’Europe sauvage et ils ont gagné le concours. Ils partiront bientôt au Domaine des Grottes de Han pour en apprendre encore plus sur la nature et rencontrer en chair et en os les animaux étudiés en classe : loups, cerfs, lynx, ours et compagnie !
Le saviez-vous ?
Grâce à une meilleure gestion et une protection plus renforcée dans les réserves naturelles, la population de tigres en Inde a augmenté de façon significative selon le dernier recensement : de 1 411 tigres en 2006 à 2 226 en 2014. Cette belle victoire montre qu’il est encore possible de doubler la population de tigres d’ici à 2020.
LE WWF MÈNE CAMPAGNE POUR LA NATURE EUROPÉENNE nous. En Belgique, on dénombre quelque 458 sites Natura 2000, couvrant presque 13 % du territoire. Ce réseau n’existerait pas sans les Directives européennes « Oiseaux » (1979) et « Habitats » (1992), que chaque État membre doit implémenter sur son territoire. Malgré l’importance capitale de Natura 2000 pour la biodiversité mais aussi pour notre qualité de vie et notre économie, la Commission européenne évalue actuellement la nécessité de réviser ces directives fondatrices.
© Wild Wonders of Europe /Maurizio Biancarelli / WWF
Avez-vous déjà entendu parler du réseau Natura 2000 ? Couvrant 18 % du territoire européen, il s’agit du plus grand réseau d’aires protégées au monde ! Au niveau international, ce réseau est souvent cité en exemple. Son objectif est de préserver les espèces et les habitats les plus menacés en Europe, mais aussi d’assurer la présence de nature sauvage autour de
Le WWF, de même que les autres ONGs environnementales, redoute que cette révision soit le prétexte pour revoir ces réglementations à la baisse. Cela aurait des conséquences sur la nature européenne et donc sur nous, citoyens européens. Nous suivons de près ce processus complexe qui se joue au niveau politique européen mais qui nous concerne tous. D’avril à juin, les citoyens auront l’occasion de donner leur avis sur le réseau Natura 2000. Nous aurons besoin de chacun de vous pour dire aux instances européennes qu’il n’est pas question de toucher à ces Directives essentielles. Nous avons besoin de nature sauvage, en particulier dans nos pays industrialisés. Vous serez informés de nos actions !
100 % D’HUILE DE PALME DURABLE D’ICI 2020 ? Fin novembre 2014, le secteur alimentaire belge a fait un pas dans la bonne direction pour diminuer l’impact de notre consommation sur la déforestation. L’Alliance belge pour l’huile de palme durable a publié sa nouvelle charte qui fixe pour objectif de faire passer le marché belge à 100 % d’huile de palme durable d’ici 2020. Une bonne nouvelle pour les forêts tropicales en Indonésie et en Malaisie d’où provient majoritairement l’huile de palme. L’expansion des cultures de palmiers à huile est une des causes majeures de la déforestation dans ces régions. Cette culture intensive a un fort impact sur la biodiversité, est une source importante d’émission de CO2 et génère de plus en plus de conflits avec les populations locales. Si on ne peut que se réjouir de cette décision, le défi reste très grand. Il faudra notamment développer des systèmes de traçabilité pour suivre l’huile de palme durable des plantations jusqu’au produit fini. Le WWF poursuivra donc les discussions avec l’industrie et suivra de près la mise en application de la charte. © Audra Melton / WWF-US
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SUR LE TERRAIN
UNE ANNÉE DANS LA RÉGION DES GRANDS LACS Mone Van Geit est chargée de projets pour les programmes internationaux, plus précisément pour les projets menés en République démocratique du Congo (RDC). En 2013-2014, elle a passé un an au sein de l’équipe du WWF-RDC à Goma dans la région des Grands Lacs. Elle partage son expérience de terrain et nous fait vivre quelques instants dans la peau d’un chargé de projets du WWF.
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Après sept ans comme gestionnaire de projets en charge de la région du Parc national des Virunga dans l’est de la République démocratique du Congo pour le WWF-Belgique, j’ai eu l’occasion de passer une année dans la région des Grands Lacs, à Goma, la capitale du Nord-Kivu. Le WWF est actif depuis 1987 autour du Parc des Virunga, le parc national le plus ancien et le plus riche en biodiversité de l’Afrique, où vit l’emblématique gorille des montagnes. Les projets que le WWF-Belgique y développe depuis plusieurs années visent à réduire la pression sur les ressources forestières du Parc. L’exploitation forestière illégale, principalement pour la production de charbon de bois (makala en swahili), menace l’habitat de nombreuses espèces. Notre projet EcoMakala a permis de réaliser des milliers de petites plantations d’arbres à croissance rapide, qui fournissent désormais du bois durable
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© Simon Bellemans
pour le charbon dans les alentours des Virunga. Des poêles à charbon avec un meilleur rendement permettant d’économiser 50 % de charbon sont produits et vendus dans les territoires avoisinnant le Parc.
RENCONTRE AVEC LA COPAL : UN ESPOIR POUR L’AVENIR La COPAL est une association de planteurs d’arbres à Lubero, une des régions où est implanté le projet EcoMakala. Le principal objectif de cette association est la durabilité
Sur place, j’ai renforcé l’équipe locale en tant que « conseillère de programme et agent de soutien », et contribué à la mise en œuvre et à la gestion des projets. Rejoindre l’équipe congolaise, dont je savais les membres motivés et actifs au sein du WWF depuis de nombreuses années, était pour moi très enthousiasmant. Ce sont eux qui, véritablement, peuvent nous livrer la connaissance du contexte local et décliner les objectifs du WWF en fonction de celui-ci. J’ai beaucoup apprécié travailler avec les membres de cette équipe. Ils me manquent tous beaucoup. Voici quelques instantanés de mon travail sur place.
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des activités de reboisement pour en garantir la pérennité et la viabilité. Elle a pour projet de commercialiser le charbon issu des plantations d’arbres durables, l’éco-makala. Un facteur déterminant pour la réussite de cette commercialisation est l’efficacité du processus de production du charbon, au cours duquel les petits producteurs de bois peuvent jouer un rôle actif pour imposer sur les marchés locaux un prix correct à leur charbon. Le rassemblement des planteurs dans une structure commune, comme une association ou une coopérative, peut également contribuer au succès du projet. La COPAL est l’une des premières associations formées dans la région avec le soutien du WWF. Elle se caractérise par un haut niveau d’activité et de motivation : un espoir pour l’avenir !
Le saviez-vous ?
Près de 6 500 hectares d’arbres à croissance rapide ont déjà été plantés depuis 2006 dans la région de Goma. Cela représente plus d’un tiers de ce qui est estimé nécessaire pour couvrir les besoins en charbon de Goma, dans l’hypothèse où l’ensemble des consommateurs utilisent des foyers améliorés, qui permettent de réduire la consommation de charbon.
RÉFLEXION COMMUNE AUTOUR DE LA PHASE INITIALE DU PROJET ECOMAKALA : LES FONDEMENTS POUR LE FUTUR Le projet EcoMakala a été lancé fin 2007, grâce à l’appui financier de la Commission européenne et du WWF-Belgique. C’est le premier projet de cette ampleur que le WWF-Belgique a mené dans la région. Si, à l’époque, le WWF avait une expérience certaine dans la production de plants, au niveau des objectifs et de la conception du projet, il restait beaucoup à apprendre. Et nous avons beaucoup appris !
© Simon Bellemans
Mon arrivée a coïncidé avec la fin de la première phase du projet. Nous avons décidé de procéder à l’évaluation de celle-ci lors d’une retraite de plusieurs jours. La région était alors extrêmement troublée et dangereuse : un groupe rebelle du Mouvement du 23 mars, accusé de nombreuses violences contre les civils, y faisait régner la terreur. Nous sommes donc partis avec une équipe de 15 personnes à Idjwi, une petite île dans le lac Kivu, un emplacement idéal pour réfléchir, car encore épargné par la guerre et le banditisme. Au cours de cet atelier de trois jours, nous avons porté un regard critique
© Simon Bellemans
sur le travail accompli et apprécié les beaux résultats obtenus dans des conditions difficiles. Une fois les leçons tirées de cette première phase, nous avons formulé les recommandations et identifié les actions prioritaires nécessaires à la poursuite du projet. À l’issue de cet atelier, nous avons publié à l’intention des acteurs de la coopération locale et internationale une synthèse de notre expérience sur ce projet. Cette publication peut être consultée en ligne à l’adresse suivante : http://www.wwf.be/EcoMakalaBrochure
© Mone Van Geit / WWF-Belgique
SENSIBILISATION DES COMMUNAUTÉS ET COLLECTIVITÉS LOCALES AUTOUR DE REDD+ Le projet EcoMakala+ est un projet pilote REDD+ pour les Virunga. L’un des grands défis est de le rendre compréhensible pour les communautés et les autorités locales, car ce sont les principaux acteurs du projet. Pour élaborer un plan de communication du projet adapté et développer les outils nécessaires à sa bonne conduite, nous avons organisé deux ateliers de trois jours avec une © Kate Holt / WWF-UK
douzaine d’organisations congolaises émanant de la société civile, actives dans les domaines de l’environnement et du développement durable dans les zones entourant le Parc. Ces dernières seront chargées de la sensibilisation sur le terrain. Les nombreux échanges et discussions qui ont eu lieu pendant ces trois jours ont débouché sur la formulation d’un plan de communication décliné par région, actuellement mis en oeuvre sur place. Bénéficier de la collaboration des organisations est d’une grande importance car, actives sur le terrain, elles sont en contact direct avec les communautés et savent ce qui s’y passe. Elles jouent également le rôle de caisse de résonance des populations locales auprès des autorités. La participation active des communautés et des collectivités locales est un facteur clef du succès de ce projet.
© Kate Holt / WWF-UK
REDD+ (pour Réductions des émissions dues à la déforestation et à la dégradation) est un mécanisme international de compensation fi nancière destiné à encourager les pays en voie de développement qui protègent et restaurent leurs stocks de carbone forestier.
L’expérience de Mone, en mots et en vidéos, est détaillée plus largement ici : www.wwf.be/Mone © Mone Van Geit / WWF-Belgique
© Mone Van Geit / WWF-Belgique
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Le saviez-vous ?
La planète a déjà connu dans le passé des grands changements climatiques naturels : de longues périodes glaciaires (d’une durée de 100 000 ans) ont alterné avec des périodes interglaciaires plus courtes (entre 10 000 et 12 000 ans).
DOSSIER
CHANGEMENT
CLIMATIQUE
LA BIODIVERSITÉ EN PÉRIL Le réchauffement du système climatique est sans équivoque et, depuis les années 1950, beaucoup de changements observés sont sans équivalent depuis des décennies voire des millénaires.
© Steve Morello / WWF
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La température moyenne de l’atmosphère et de l’océan a augmenté, la couverture de neige et de glace a diminué, le niveau des mers s’est élevé. Il n’y a plus de doute que ce changement climatique est dû à l’augmentation des gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère, imputables à l’activité humaine. Pour limiter le changement climatique, il faut donc réduire drastiquement et durablement les émissions de GES.* La biodiversité est particulièrement menacée par le changement climatique. Ses conséquences sont déjà observables sur tous les continents et dans tous les océans. La pression exercée par le changement climatique sur les écosystèmes les plus fragiles de notre planète renforce les facteurs de stress auxquels les espèces animales et végétales sont déjà soumises (réduction des habitats, pollution, surexploitation, etc.) et leur fait courir un risque accru d’extinction. Une majorité des espèces terrestres et marines, végétales et animales, ne seront pas en mesure de se déplacer assez rapidement pour trouver des climats adaptés à leur survie. Nous n’échapperons pas au changement climatique. Il est déjà en marche et l’ampleur du processus nous dépasse largement. Mais nous pouvons agir, tous ensemble, pour le maintenir sous un niveau acceptable en réduisant courageusement nos émissions de GES et en économisant l’énergie. Nous pouvons également faire en sorte de protéger les écosystèmes les plus fragiles et les espèces qui les habitent. En agissant pour leur conservation et leur adaptation, nous protégeons les éco-services qu’ils nous rendent et nous contribuons à la lutte contre le changement climatique. Car c’est finalement dans les richesses de notre planète que résident nos meilleurs espoirs d’adaptation…
*D’après le GIEC, 2013: Résumé à l’intention des décideurs, Changements climatiques 2013: Les éléments scientifiques.
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Le saviez-vous ?
DOSSIER
CHANGEMENT
CLIMATIQUE
Les processus et rétroactions climatiques se déroulent sur des échelles de temps de l’ordre du siècle : même quand les concentrations de gaz à effet de serre seront stabilisées, le réchauffement et l’élévation du niveau de la mer se poursuivront pendant des siècles.
Une réalité
On en entend parler presque tous les jours : le climat de la planète est en train de changer sous l’action de l’être humain. On parle de réchauffement de l’atmosphère, de fonte des glaces, de montée des eaux. On commence à observer, aux quatre coins de la planète, les effets de ce changement sur les systèmes naturels et humains. Mais qu’en est-il exactement ? Qu’est-ce que le changement climatique ? Pourquoi la température moyenne augmente-t-elle ? QU’EST-CE QUE LE CHANGEMENT CLIMATIQUE ? On entend par changement climatique, – appelé aussi réchauffement planétaire ou réchauffement global – le phénomène d’augmentation de la température de l’atmosphère terrestre et des océans. On le constate depuis le début du XXe siècle et plus particulièrement ces 30 dernières années. D’après les travaux du Groupe d’experts intergouvernemental sur le climat (GIEC), on observe entre 1880 et 2012 une augmentation moyenne de la température à la surface de la planète de 0,85° C. Ce changement de température est imputable aux concentrations dans l’atmosphère de GES causés par l’activité humaine, qui ont atteint les niveaux les plus élevés depuis 800 000 ans. QU’EST-CE QU’UN GAZ À EFFET DE SERRE ? Il y a toujours eu des gaz à effet de serre dans notre atmosphère, et nous en avons besoin ! Leur présence naturelle dans la partie supérieure de l’atmosphère permet de capturer une partie de l’énergie du soleil qui nous arrive sous forme de lumière : le rayonnement infrarouge. C’est grâce à la présence de ces gaz que la basse atmosphère se
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maintient à une température moyenne de 15° C, nécessaire au maintien de la vie. Sans eux, la basse atmosphère afficherait -18° C. POURQUOI LA TEMPÉRATURE MOYENNE AUGMENTE-T-ELLE ? L’influence humaine sur le système climatique est désormais indiscutable.
Dioxyde de carbone – le fameux CO2 –, méthane et protoxyde d’azote ont été massivement relâchés dans l’atmosphère depuis le début de l’ère industrielle : leur concentration a augmenté de 40 %. Concentrés artificiellement dans l’atmosphère, ces gaz piègent davantage de rayonnement infrarouge au sein de celle-ci, ce qui augmente en AVEC GAZ A EFFET DE SERRE “NATURELS”
N 2O CO2 N 2O
CH4
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CH4
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SANS GAZ A EFFET DE SERRE
- 18° C
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CO2 N 2O CH4
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CH4 CONCENTRATION DE GAZ A EFFET DE SERRE ANTHROPIQUES
les glaciers fondent rapidement. Dans la région de l’Arctique, qui se réchauffe plus rapidement que le reste de la planète, la banquise a perdu entre 3,5 % et 4,1 % de sa surface par décennie entre 1979 et 2002. La fonte des glaces contribue à la hausse du niveau des mers et des océans, dont
augmenté de 26 %. La réduction rapide du pH – plus le pH (potentiel hydrogène) est faible, plus le milieu est acide – dans les eaux de surface de l’océan a des conséquences directes sur les organismes vivants que l’on observe déjà aujourd’hui, et plus particulièrement sur ceux pourvus d’une structure calcaire,
Le climat et la biosphère sont des systèmes complexes où chaque changement a des répercussions sur l’ensemble.
© Cat Holloway / WWF
conséquence la température de l’atmosphère et des océans. Les GES anthropiques – ceux liés à l’activité humaine – sont principalement issus de l’utilisation des énergies fossiles, de l’industrie, du transport, de l’agriculture et de la déforestation. Ces 40 dernières années, les émissions de CO2 issues de la combustion d’énergies fossiles et de processus industriels ont contribué à hauteur de 78 % du total de la hausse des émissions de GES. FONTE DES GLACES, L’EFFET BOULE DE NEIGE Concomitamment à l’augmentation globale de la température, la banquise et
le niveau moyen s’est élevé de 19 cm entre 1901 et 2010. Avec l’apport d’eau douce que cela représente, la salinité des océans a changé – ils sont plus salés dans les régions chaudes et moins dans les régions froides – ce qui a un impact sur les grands courants marins. De plus, la fonte des glaces, causée par l’augmentation de la température, amplifie encore celle-ci : si la glace, réfléchissante, renvoie vers l’atmosphère une grande partie des rayons du soleil, les sols révélés par la fonte des glaces, de couleur sombre, les absorbent et emmagasinent leur chaleur. PLUS D’ACIDITÉ, MOINS DE VIE Les écosystèmes terrestres et marins jouent un rôle essentiel dans la régulation du climat. Ils absorbent plus de la moitié des GES émis : 40 % sont absorbés par l’atmosphère, 30 % par les océans et 30 % par les sols. L’augmentation de la concentration en GES dans les océans est responsable de leur acidification : depuis le début de l’ère industrielle, l’acidité des océans a
1993
comme les coraux, ou d’une coquille. Si les émissions humaines se poursuivent au rythme actuel, le taux d’acidité des océans devrait augmenter de 170 % par rapport à l’ère préindustrielle. Difficile de prévoir ce qu’il adviendra de la biodiversité dans de telles conditions. LE GIEC, DES SCIENTIFIQUES AU CHEVET DE LA PLANÈTE Fondé en 1988 à l’invitation de l’Organisation des Nations Unies, le GIEC, qui rassemble plus de 2 000 scientifiques de toutes nationalités, est chargé de fournir aux décideurs politiques des rapports sur l’évolution du climat. Ses travaux sont caractérisés par une très grande prudence méthodologique. En 2013 et 2014, le GIEC a rendu public son cinquième rapport et a publié pour la première fois des cartes régionales des changements climatiques.
2000
La glace sur le sommet du Mont Kilimanjaro (Tanzanie), formée il y a plus de 11 000 ans, a diminué de 82 % au cours du dernier siècle.
© NASA’s Earth Observatory
© NASA’s Earth Observatory
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DOSSIER
CHANGEMENT
CLIMATIQUE
Menaces sur la biodiversité
Les effets du changement climatique sur les systèmes naturels et humains sont déjà perceptibles sur tous les continents et dans tous les océans. Ils sont de nature à affecter la durabilité des écosystèmes et des services qu’ils assurent. Ils devraient s’intensifier encore dans les décennies à venir.
© Global Warming Images / WWF
Même s’il est encore parfois difficile de mesurer précisément l’impact du changement climatique en raison notamment de la durée limitée des études, les observations effectuées révèlent qu’une multitude de systèmes naturels sont touchés par les changements climatiques régionaux, en particulier par la hausse des températures qui pourrait entraîner la disparition significative des espèces. À ce rythme, le changement climatique pourrait bien être une des principales menaces pesant sur la biodiversité, même s’il est vrai que certaines espèces profiteront parfois localement des changements. DES BOULEVERSEMENTS SANS PRÉCÉDENTS Le changement climatique modifie notamment les aires de répartition des espèces végétales et animales qui migrent vers le nord ou vers de plus hautes altitudes, à la recherche de températures plus froides. La hausse des températures occasionne également des changements dans les comporte-
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ments saisonniers, bouleversant les interactions entre les espèces, ou a des conséquence sur la biologie des espèces – par exemple sur la reproduction de certains reptiles ou sur la taille de certains animaux qui ont tendance à rapetisser quand les ressources alimentaires viennent à se raréfier. Avec le changement dans les régimes de précipitations, la disponibilité en eau va connaître de fortes variations géographiques : on devrait assister à une réduction des eaux de surface et des ressources souterraines dans la plupart des régions sèches subtropicales, y accentuant la compétition des systèmes naturels et humains pour l’eau. DES MENACES EXACERBÉES Les effets du changement climatique sur la biodiversité seront d’autant plus marqués qu’ils exacerbent souvent d’autres facteurs de stress tels que la perte et la dégradation des habitats, la pollution, la surexploitation ou les espèces envahissantes. Certaines
espèces seront plus fortement touchées par le changement climatique et d’autant plus menacées. Ainsi les espèces qui vivent aux pôles ou dans des zones où l’augmentation de la température est plus importante, les espèces dépourvues de capacités d’adaptation, parce que très spécialisées, ou celles dont l’effectif de population est trop faible pour permettre de s’adapter au changement assez rapidement. TROP VITE, TROP FORT À la différence des cycles successifs de réchauffement et de refroidissement que la planète a déjà connu au cours des 400 000 dernières années et qui s’étendent sur des milliers d’années, le changement climatique que l’on connaît aujourd’hui est extrêmement rapide. De nombreuses espèces seront incapables de s’adapter ou de migrer assez rapidement pour rester dans des conditions climatiques favorables à leur survie.
Le saviez-vous ?
D’ici à la fin du siècle, on estime que les espèces végétales européennes devraient se déplacer de plusieurs centaines de kilomètres au nord, les forêts diminuer dans le sud et s’étendre dans le nord. Environ la moitié des espèces végétales de montagne risque de disparaître.
Risques sur les espèces
Sur tous les continents, dans tous les océans, les conséquences du changement climatique commencent à se faire sentir, même si elles sont parfois encore difficiles à mesurer en raison du peu de recul dont nous disposons. Zoom sur quelques espèces.
Le panda géant Le panda géant (Ailuropoda melanoleuca) habite à l’état naturel six grands monts dans les provinces chinoises du Shaanxi, du Gansu et du Sichuan, où il se nourrit exclusivement de bambou. Si l’on projette les conditions climatiques qui devraient prévaloir dans les prochaines décennies, l’habitat naturel du panda pourrait être réduit de plus de 60 % d’ici à 2080. Par contre, de nouvelles zones en dehors de l’aire de distribution actuelle, plus au nord et plus en altitude, pourraient convenir au grand panda, mais elles sont éloignées des habitats actuels et seulement 12 à 15 % de celles-ci sont dans des zones protégées. Pour garantir la survie de l’espèce, des mesures de conservation de ces zones doivent être prises dès aujourd’hui et des couloirs écologiques installés pour permettre leur migration vers ces zones refuges. Certaines populations de pandas devront peut-être être déplacées vers le nord.
Risques sur les espèces
© naturepl.com / Eric Baccega / WWF
Le requin Le requin est aujourd’hui très menacé : en cause, la surpêche et la dégradation ou la perte de ses habitats. Une étude révèle par ailleurs sa vulnérabilité au changement climatique, plus particulièrement au réchauffement et à l’acidification des océans. Des chercheurs ont testé le développement et le métabolisme du requin-chabot (Chiloscyllium punctatum), connu pour être déterminé par les températures ambiantes, dans des conditions similaires à celles qui prévaudront en 2100 sans réduction des émissions de GES – soit une augmentation de la température de 4°C et une réduction du pH à 0,5. Dans ces conditions, les embryons et les requins juvéniles connaissent un taux de mortalité qui grimpe à 56 % et des dysfonctionnements métaboliques. Les jeunes requins montrent un comportement plus léthargique et des capacités métaboliques et ventilatoires réduites, ce qui pourrait avoir des conséquences en cascade sur leur croissance et leur reproduction. Ces effets pourraient être encore plus marqués chez les espèces de requins plus actives, comme ce requin gris des récifs (Carcharhinus amblyrhynchos). © Cat Holloway
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Le saviez-vous ?
D’après l’Indice Planète Vivante 2014, indicateur d’état de la diversité biologique mondiale, la biodiversité a reculé de moitié en 40 ans. On a ainsi perdu plus de la moitié des populations de poissons, mammifères, reptiles, oiseaux et amphibiens depuis 1970.
Le cabillaud Au cours des cent dernières années, le cabillaud (Gadus morhua) de la mer du Nord a quitté les eaux au large de l’Angleterre et de l’Écosse pour remonter vers le nord, vers les eaux plus froides et plus profondes. Des chercheurs ont numérisé et comparé de nombreuses données historiques relatives à la pêche en Grande-Bretagne et les ont comparées avec les données actuelles. L’analyse statistique a montré que le déplacement de ces populations vers le nord était imputable à l’interaction du réchauffement climatique avec les activités de pêche. La pêche rend les populations plus vulnérables au changement climatique en réduisant l’abondance et la densité et en tronquant la répartition par âge. Si certains stocks sont aujourd’hui en train de se rétablir, il est pourtant malheureusement peu probable que le cabillaud recolonise les eaux de la zone centre-ouest, devenue trop chaude, où il était auparavant abondant. © Wild Wonders of Europe /Magnus Lundgren / WWF
Le léopard desRisques neiges sur les espèces On trouve le léopard des neiges (Uncia uncia) dans les montagnes du nord et du centre de l’Asie, notamment dans la chaîne de l’Himalaya. Au Népal, on n’en compte plus que 500. Il y vit dans les régions les plus élevées, au-dessus de la limite des arbres mais généralement sous les 5 000 mètres. Des scientifiques ont récemment cherché à mesurer l’impact que le changement climatique aura sur ses habitats d’ici à la fin du siècle. On prévoit pour l’Himalaya un réchauffement de 3 à 4° C et une augmentation des précipitations, ce qui devrait décaler la limite des arbres vers les régions dénudées des sommets et réduire le territoire du félin de presque 50 %, le faisant passer de 20 000 à 11 700 km2 d’ici à la fin du siècle. Afin de mener des politiques de conservation appropriées, les chercheurs ont identifié les régions qui ne devraient pas être affectées par le réchauffement climatique et fournir ainsi une zone de sécurité pour le léopard.
© naturepl.com / Reinhard / ARCO / WWF
La tortue marine Chez les tortues marines, le sex-ratio – la distribution par genre au sein d’une ponte – est partiellement déterminé par la température d’incubation, c’est-à-dire la température du sable où la tortue enfouit ses œufs. L’incubation des œufs se produit entre 25 et 35° C : les températures les plus hautes conditionnent le sexe féminin, tandis que les plus basses le sexe masculin. Une répartition égale des deux sexes se produit à la température charnière, entre 28 et 31° C. Une étude récente, qui projette les scénarios de changement climatique sur les populations de la tortue carette (Caretta caretta) dans des régions tropicales, montre que le sexratio de celle-ci pourrait être durablement influencé par la hausse attendue des températures d’ici à 2080, réduisant le taux de reproduction de la tortue marine, déjà victime de nombreuses pressions.
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© Michel Gunther / WWF
Les grands cétacés L’environnement marin, bien qu’il enregistre des hausses de température quatre fois plus lentes que celles observées en surface, est particulièrement sensible au changement climatique. Les grands cétacés dépendent de la glace. Un réchauffement de 2°C provoquera une diminution de la glace de mer autour de l’Antarctique de 10 à 15 %, avec des pics à 30 % à certains endroits. La diminution de la glace de mer aura des répercussions sur les espèces comme le petit rorqual de l’Antarctique (Balaenoptera bonaerensis), qui pourrait y perdre une bonne partie de son habitat. Les espèces migratrices, comme les baleines bleues (Balaenoptera musculus), seront probablement touchées elles aussi : leurs zones de nourrissage – les zones frontales, à la frontière entre différentes masses d’eau où l’eau, remontant des profondeurs océaniques, est particulièrement riche en nutriments et donc propice à la croissance du phytoplancton – se déplacent vers le sud. Les baleines devront accomplir un plus grand périple afin d’atteindre ces zones de nourrissage, ce qui augmentera le coût énergétique du voyage et réduira d’autant la durée de la saison d’alimentation. En se déplaçant vers le sud, les zones frontales vont également se rapprocher les unes des autres, réduisant la zone d’approvisionnement disponible et augmentant donc la compétition entre les espèces.
Risques sur les espèces © Steve Morello / WWF
L’ours polaire En Arctique, les changements climatiques ont déjà eu des effets majeurs : les températures ont augmenté de 3 à 4° C en 50 ans et la calotte glaciaire s’est réduite de 15 à 20 % au cours des 30 dernières années. Le rythme de la fonte des glaces y est plus important que prévu et la banquise d’été, terrain de chasse de l’ours polaire (Ursus maritimus), pourrait avoir totalement disparu d’ici à la fin du XXIe siècle. Sa disparition précoce dans l’année, liée au réchauffement de l’atmosphère, réduit la saison de chasse : l’ours chasse principalement le phoque barbu et le phoque annelé, qui vivent sur la banquise. Ce raccourcissement de la saison de la chasse a d’importantes répercussions sur la condition physique de l’ours polaire. Des chercheurs canadiens ont récemment mis en évidence un lien direct entre le nombre de jours passés sur la banquise et la condition physique l’année suivante. D’ici 2050, si le réchauffement continue à ce régime, les populations les plus au sud pourraient être amenées à disparaître. Si l’ours polaire a déjà réussi dans le passé à s’adapter à des phases de réchauffement, la conjonction du changement climatique avec les autres menaces qui fragilisent ses populations – présence humaine dans l’Arctique, activités industrielles, substances toxiques dans la nourriture, réduction de population chez ses proies – pourrait bien avoir raison de sa survie. © Jim Leape / WWF
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DOSSIER
CHANGEMENT
CLIMATIQUE
Pour une planète 100 % vivante
Bien que la situation soit critique et que toute nouvelle émission de gaz à effet de serre implique la poursuite du changement climatique dans des proportions et des conséquences qu’il est difficile d’estimer, il est encore aujourd’hui possible d’agir significativement. Réduire les émissions de GES, augmenter la capacité de la biosphère à séquestrer le carbone et atténuer les effets du changement climatique permettra d’améliorer la résistance des écosystèmes et de réduire les risques pour les écosystèmes humains et naturels.
LE SEUIL FATIDIQUE D’après les travaux du GIEC, le seuil limite à ne pas dépasser est une augmentation de la température moyenne de maximum 2°C. Passé ce seuil critique, les événements climatiques échapperont à notre contrôle et les conséquences du réchauffement seront irréversibles. Plusieurs scénarios sont encore possibles. Si l’on poursuit nos activités sans diminuer (ou en diminuant peu) les émissions, la limite des 2°C sera dépassée à la fin du siècle, de +2,6° à +4,8°C selon les scénarios. Pour rester en dessous de la barre des 2°C, il faut dans le même temps réduire les émissions de gaz et augmenter la capacité d’absorption par la biosphère (forêts, océans, etc.) pour que l’entièreté des émissions soit absorbée. OBJECTIF 100 % RENOUVELABLE Une seule solution est encore à notre portée pour une fenêtre très étroite de quelques années : réduire les émissions de 40 à 70 % entre 2010 et 2050 et parvenir à l’équilibre CO2 émis – CO2 absorbé d’ici à 2100. Les stratégies à mettre en œuvre pour y parvenir sont claires : il faut se détourner massivement et rapidement des sources d’énergie fossile au profit des énergies renouvelables, réduire la consommation d’énergie et limiter la déforestation. Atteindre 100 % d’énergie renouvelable d’ici 2050, c’est l’objectif énergétique que le WWF défend pour atteindre cet objectif global.
© WWF / Simon Rawles
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Avant tout, cet objectif ne pourra être atteint sans des accords climatiques ambitieux : limiter et gérer les risques climatiques ne peut se faire sans la collaboration de tous les états qui doivent
Le saviez-vous ?
Depuis les débuts de l’agriculture, il y a 12 000 ans, quelque 7 000 espèces de végétaux ont été cultivées à des fins alimentaires. Aujourd’hui, 90 % de notre nourriture provient d’environ 15 % des espèces de végétaux et de huit espèces animales.
CLIMATE CHALLENGE @SCHOOL s’engager dans un plan de réduction global. Pour atteindre cet objectif, nous devons travailler principalement sur deux terrains. En premier lieu, réduire notre consommation d’énergie. Tout le monde doit y contribuer : citoyens, entreprises, gouvernements. D’ici à 2050, la consommation d’énergie mondiale (des transports, des bâtiments et de l’industrie) devra diminuer de 15 % par rapport à 2005. La deuxième étape est le développement des énergies renouvelables. Le potentiel de l’énergie solaire, éolienne et géothermique est gigantesque. Nous travaillons à promouvoir les énergies renouvelables auprès des pouvoirs publics et du secteur privé. Nous sommes convaincus qu’il est possible d’atteindre 100 % d’énergie renouvelable d’ici 2050. Dans le Rapport Énergie que nous avons publié en 2011, nous apportons des solutions concrètes pour qu’en 2050, les besoins énergétiques mondiaux soient presque entièrement couverts par des énergies propres, renouvelables et économiques. DU CERCLE VICIEUX Dans la biosphère, tout est en étroite connexion. Le changement climatique menace la diversité biologique et les services écosystémiques qu’elle fournit aux communautés humaines et il est donc important de le limiter pour préserver la biodiversité. D’autant que la diversité biologique peut aider à réduire ou atténuer les conséquences du changement climatique. Par exemple, les zones humides constituent une protection naturelle contre les inondations, la végétation permet d’améliorer localement la quantité et la qualité
de l’eau, tandis que les écosystèmes marins et terrestres limitent les changements climatiques, grâce notamment à leur capacité d’absorption de CO2. Actuellement, ils absorbent environ la moitié des émissions de CO2 générées par l’homme. Et cela ne s’arrête pas là. La destruction des écosystèmes contribue de manière significative au changement climatique. Ainsi, on estime que la déforestation provoque près de 20 % des émissions mondiales de CO2. Perdre une forêt, c’est non seulement perdre une importante capacité d’absorption du CO2 émis mais aussi relâcher le carbone absorbé par les végétaux ou présent dans le sol des tourbières. AU CERCLE VERTUEUX Des stratégies d’adaptation aux changements climatiques permettront d’atténuer les effets désormais inévitables du réchauffement planétaire sur les systèmes naturels et humains. Dans le même temps, anticiper les impacts du changement climatique et les intégrer dans les stratégies de conservation permettra d’augmenter les chances de succès des stratégies d’adaptation des espèces et des écosystèmes. Il s’agit de maintenir et de restaurer les écosystèmes indigènes, de protéger et améliorer les services que procurent les écosystèmes grâce à une gestion durable de ceux-ci, de gérer les habitats des espèces en voie de disparition, de créer des refuges et des zones tampon et de créer des réseaux d’aires protégées qui tiennent compte des changements climatiques. Réduire le changement climatique pour préserver la biodiversité, préserver la biodiversité pour limiter les conséquences du changement climatique. Tout est désormais plus que jamais lié !
© WWF
Un des objectifs de l’équipe éducative du WWF est de mobiliser les jeunes en faveur de l’environnement. Il s’agit de les amener à comprendre que les changements climatiques les concernent directement et qu’ils ont un impact essentiel sur les écosystèmes. Pour ce faire, nous leur proposons un jeu de rôle unique en son genre : vivre une conférence climatique internationale au sein de leur propre école, le Climate Challenge@school. Concrètement, les jeunes jouent le rôle de délégués de plusieurs pays dans une COP (Conférence des parties) et doivent en défendre les intérêts pour aboutir au vote de résolutions. Les élèves prennent conscience des difficultés des négociations et de l’importance de s’impliquer en tant que citoyen pour demander des prises de positions fortes au niveau international. Pour encadrer au mieux leurs élèves, les enseignants ont la possibilité de suivre une formation au cours de laquelle ils exérimentent le jeu de rôle avant de l’exploiter directement en classe. Le Cimate Challenge@school est organisé en collaboration avec Studio Globo, avec le soutien du SPF Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire, Environnement et le Service des changements climatiques.
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DOSSIER
CHANGEMENT
CLIMATIQUE
© Steve Morello / WWF
Road to Paris Un problème mondial comme le changement climatique exige une réponse internationale coordonnée. Depuis 1992, près de 200 pays cherchent ensemble des solutions dans le cadre de l’Organisation des Nations Unies (ONU). Les sommets annuels sur le climat sont en quelque sorte les grandsmesses de ce processus. En décembre, des négociateurs, dont un représentant du WWF-Belgique, se sont rendus à Lima au Pérou. La période avant Lima était d’ores et déjà encourageante. En octobre, des centaines de milliers de personnes étaient descendues dans la rue à New York et dans le reste du monde : elles exhortaient les dirigeants de la planète qui, en marge de l’Assemblée générale de l’ONU, avaient consacré une journée au problème du climat, à apporter enfin une réponse adéquate au changement climatique. L’exigence de cette mobilisation croissante en faveur du climat semblait être entendue avec prudence lorsque
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les États-Unis, la Chine et l’Union Européenne ont lancé de nouveaux objectifs en matière de climat. Bien que ces objectifs manquaient d’ambition, ce fut interprété par beaucoup comme un signe positif : pouvions-nous nous attendre, à Lima aussi, à une attitude plus constructive de la part des trois plus gros pollueurs de la planète ? Et
sommet de l’ONU sur le climat, prévu en décembre à Paris. Un résultat ambitieux à Lima aurait dû jeter les bases pour la clôture de cet accord. L’absence de progrès réalisés met en péril le succès de Paris. Le WWF n’abandonne toutefois pas l’espoir et fait du climat une priorité absolue pour 2015. Nous encourageons
2015 doit entrer dans l’histoire comme l’année où l’on a mis une fois pour toutes un terme aux changements climatiques. cela allait-il amener d’autres pays à faire preuve de plus de souplesse ? Malheureusement, il n’en fut rien. Les négociations sont restées empêtrées dans la dynamique habituelle et le résultat fut maigre. Ce qui est très regrettable pour 2015 : cette année doit en effet entrer dans l’histoire comme l’année où l’on a mis une fois pour toutes un terme aux changements climatiques. Les dirigeants de la planète doivent notamment parvenir à un accord global lors du prochain
chacun à s’engager à faire du sommet de Paris un succès. Les décideurs politiques, les entreprises... et vous ! Avec le groupe d’action Climate Express (www.climate-express.eu), nous appelons les Belges à se joindre à la Marche pour le climat qui sera organisée lors du sommet de Paris. Soyez donc prêts à vous rendre dans la capitale française à vélo, en bus, en train ou à pied – et à réclamer de nos négociateurs la conclusion d’un accord ambitieux sur le climat.
Le saviez-vous ?
En Belgique, au cours de l’année 2010, seuls 6 % des subsides ont été consacrés aux économies d’énergie, alors que 48 % allaient à l’exonération fi scale des produits pétroliers.
© Antoine Lebrun/WWF-Belgique
REDD+ Le Parc national des Virunga s’étend sur 800 000 hectares de forêts tropicales, savanes, volcans et chaînes de montagne dans l’est de la République démocratique du Congo. Le Parc est entre autres soumis à la pression exercée sur les ressources naturelles par la coupe illégale de bois et la production de charbon de bois (appelé makala en swahili). Les forêts intactes sont un important capital mondial pour la régulation du climat : la conservation, la replantation ou la plantation de forêts peuvent réduire les concentrations de CO2 dans l’atmosphère. Au cours des dernières décennies, la déforestation et la dégradation des forêts ont été très marquées, particulièrement sous les tropiques où la forêt est la base de la subsistance de millions de personnes. REDD+ est un mécanisme où les pays développés accordent des compensations financières aux pays en développement qui réussissent à réduire les émissions de GES résultant du déboisement ou de la dégradation de leurs forêts et à mettre en place les conditions de la gestion durable de celles-ci. Le WWF mène différents projets pour aider à implémenter REDD+ dans les zones prioritaires en République démocratique du Congo, et notamment les projets EcoMakala+ et Luki. Il s’agit de réaliser des plantations nécessaires à la production de charbon durable, mais aussi de réduire la demande en charbon en fournissant à la population des foyers améliorés moins énergivores.
Le Parc national des Virunga abrite quelque 200 gorilles de montagne. Le Parc est aujourd’hui menacé par la coupe illégale de bois pour la production du charbon vendu sur les marchés de Goma.
© Kate Holt / WWF-UK
97 % des ménages dans la province du Nord-Kivu sont dépendants de l’énergie produite à partir du makala ou du bois de chauffage. À Goma, 80 % de ces sources d’énergie sont produites à partir de bois récolté dans les forêts du Parc national des Virunga.
© Kate Holt / WWF-UK
La plupart des espèces d’arbres exotiques utilisées dans le cadre du projet EcoMakala repoussent après la coupe. En vingt ans, quatre cycles de coupe sont souvent possibles sans qu’il faille replanter.
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KIDS
RANGERS DANS LA BRUME Les premières lueurs du jour ne pointent pas encore que les jeunes Rangers du WWF se préparent déjà à vivre une nouvelle aventure. Écharpes, bonnets et bottes sont de la partie car ce n’est pas un temps à mettre un chien dehors ! Voici un petit extrait de leur récit. Il fait très froid et, à cause de l’épais brouillard qui nous enveloppe, on ne voit pas plus loin que le bout de son nez… ou de celui de son voisin. Nous sommes à Virelles, un beau domaine naturel en Wallonie. Dans cette brume s’étend, mystérieux, un grand lac qui abrite d’étranges occupants… Sébastien, le guide, nous accompagne. La promenade traverse le lac. Nous partons en quête des oiseaux matinaux à travers les roseaux. Le brouillard est si dense que le télescope du guide reste aveugle et ne nous aide pas beaucoup. Soudain, un bruit attire notre attention. Nous ne sommes pas seuls ! Un petit arbre est tombé ou plutôt… a été rongé. On distingue même l’empreinte des dents aiguisées du coupable. Savez-vous de qui il s’agit ? Eh oui, c’est le castor qui vit sur les rives du lac avec sa famille. Pour construire sa hutte, il a besoin de branches solides et de beaucoup de terre. Le castor ne cause pas trop de dégâts car il n’utilise que quelques petits arbres. Et on aperçoit déjà de nouvelles pousses ! Les chevreuils vont se régaler avec ces friandises !
© Bernard De Keyzer / WWF
VOUS CONNAISSEZ UN JEUNE COMPLÈ TEMENT FAN DE NATURE ET DES ANIMAUX SAUVAGES ? LE RANGERCLUB DU WWF EST FAIT POUR LUI ! INFOS ET INSCRIPTIONS SUR WW W.RANGERCLUB.BE
© Ste ve Mo
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/ W WF
Parfois, il arrive qu’un arbre tombe sur la tête d’un castor. Pas facile, le métier de castor… Mais on ne l’y reprend pas à deux fois : c’est pourquoi il ne ronge pas les grands arbres jusqu’au bout, mais juste assez pour que l’arbre reste encore debout. Puis, il file et il attend le vent ! Futé, non ? C’était un petit aperçu de l’aventure des jeunes Rangers à l’Aquascope de Virelles. Découvrez les photos de cette excursion et des autres activités du Rangerclub sur le site www.rangerclub.be.
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© Bernard De Keyzer / WWF
UN CONTE PANDASTIQUE L’aventure de Lou, le lynx ou habitait dans une très grande forêt, en Europe. Cette forêt était très spéciale car, même si personne ne le savait, dans une partie de la forêt, il y avait un monde magique ! Un jour, se trouvant trop seul, Lou partit vers ce monde magique pour savoir où trouver un autre lynx. Arrivé là-bas, une petite fée lui dit que, dans leur forêt, il n’y avait pas d’autre lynx, mais que très loin de là, à l’autre bout de l’Europe, un lynx s’ennuyait aussi… « C’est trop loin, je préfère rester ici », dit Lou, déçu.
Le WWF a invité les classes du primaire à participer à un grand concours de contes sur le thème de l’Europe sauvage. Après avoir étudié le mode de vie des animaux qui la peuplent, les jeunes nous ont envoyé une histoire dont le héros est l’un des animaux emblématiques de notre faune européenne : le loup, l’ours, le cerf ou encore le lynx. Voici l’un des contes que nous avons reçus, écrit par Soline (6e primaire).
Les jours passèrent, des bûcherons arrivèrent et commencèrent à couper, à couper les arbres de la vaste forêt. Beaucoup d’animaux perdirent leur maison, puis moururent. Lou allait bientôt subir le même sort : plus de maison… plus de nourriture… Il décida donc de partir vers les terres lointaines, à l’autre bout de l’Europe, pour rejoindre le dernier lynx qui y habitait. Tulipe, la petite fée, proposa de l’accompagner. Ils se mirent en route le lendemain matin. Pendant trois longs mois, Tulipe et Lou n’ont pas rencontré de danger car, quand ils devaient quitter l’abri des arbres, ils voyageaient de nuit. Malheureusement, une semaine après, cela se compliqua. Un matin, quand Tulipe regarda au loin, elle ne vit pas un seul arbre… c’était le désert… Tous les arbres étaient morts… Inquiète, elle réveilla Lou. Qu’était-il arrivé ? Comment voyager à découvert ? Le danger est partout… les braconniers rôdent. Ensemble, ils cherchèrent une idée pendant toute la matinée. À midi, ils se décidèrent enfin : Tulipe allait utiliser exceptionnellement sa magie pour les rendre invisibles. Ils allaient devoir dormir le moins possible car la magie ne durait pas longtemps. Tout se passa très bien, Tulipe avait dû recommencer le sort plusieurs fois et ils ne dormirent que très rarement. Ils arrivèrent à destination quelques mois plus tard, fatigués d’avoir été pourchassés sans cesse par des chasseurs… Ils furent très heureux de rencontrer le lynx, qui n’était pas un mâle, mais bien une magnifique femelle qui s’appelait Prune. Ce fut le coup de foudre entre les deux bêtes. Ensemble, ils eurent quatre enfants et Tulipe décida de rester avec eux… et la forêt magique se reforma autour d’eux, immense et pleine d’abondance !
© R.Isotti, A.Cambone - Homo Ambiens / WWF-Canon
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LEGS
LE LEGS EN DUO expliqué par un notaire
Maître Neven, notaire depuis peu retraité, consacre une partie de son emploi du temps pourtant fort rempli à conseiller les personnes qui souhaitent réaliser un legs en duo en faveur du WWF. Il nous explique ce qu’est un legs en duo et dans quelles circonstances il peut être intéressant. Panda Magazine (P.M.) : Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste le legs en duo ? Maître Neven (M.N.) : Le legs en duo est un mécanisme qui permet de rédiger son testament en faveur de légataires tout en soutenant, en l’incluant dans votre testament, le projet d’une association qui vous tient à cœur. C’est une technique qui permet à tout le monde d’être gagnant : les légataires qui payeront moins de droits et l’association bénéficiaire. P.M. : Comment cela fonctionne-t-il exactement ? M.N. : Le legs en duo est basé un
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© AC de Neve
calcul relatif aux droits de succession. Le testateur lègue une part de son patrimoine à une association faiblement taxée en droits de succession. Celle-ci paie la totalité des droits, y compris la part des autres légataires. De cette façon, les autres légataires reçoivent leurs legs libre de droits. La part nette de l’association doit permettre de payer les droits incombant aux autres légataires. Le gain fiscal réalisé permet à tous d’être gagnants. P.M. : Est-ce intéressant dans tous les cas ? M.N. : Non, cela dépend bien sûr du montant de la succession. Globalement, on peut dire que plus les droits de successions sont élevés, plus c’est intéressant. Ainsi, ce sera avantageux pour un légataire éloigné (ami, voisin, etc.) mais aussi pour un membre de la famille qui n’est pas en ligne directe (frère, sœur, neveu, cousin, oncle, etc.). Dans le cas de successions plus importantes, ce peut même être intéressant quand les héritiers sont vos enfants. Dans tous les cas, il faut que l’avantage pour l’association soit clair, sinon on pourrait considérer que c’est un abus de droit. P.M. : Mais cela ne représente-t-il pas un risque pour le testateur ? M.N. : Non, aucun. Même s’il le for-
mule au bénéfice d’une association, le testateur reste toujours maître de son testament : il peut l’annuler, le modifier ou le remplacer par un autre quand il le souhaite. De plus, un legs n’est effectif que si les biens existent encore dans la succession à la mort du testateur. Le testateur reste donc toujours également maître de son patrimoine. P.M. : Concrètement, comment faut-il s’y prendre ? M.N. : En théorie, c’est assez simple : il suffit de rédiger son testament dans ce sens. En pratique, c’est plus complexe puisqu’il faut calculer pour que cela soit gagnant pour tout le monde. Le mieux, c’est de rencontrer l’équipe du WWF pour en parler de vive voix. Ce sont des choses importantes et il ne faut pas les traiter à la légère. Je conseille d’ailleurs toujours aux personnes que je rencontre de consulter leur propre notaire avant de rédiger leur testament.
VOUS VOULEZ, VOUS AUSSI, INSCRIRE LE WWF DANS VOTRE TESTAMENT ? Contactez Margareta Crovetto–Heylen, notre gestionnaire des relations testamentaires. 02 340 09 24 margareta.heylen@wwf.be
ÉCO-DÉTENTE
NASI GORENG INGRÉDIENTS POUR 4 PERSONNES • 250 g de riz • 0,5 l d’eau • 1 oignon (de taille moyenne) • 0,5 kg de poireaux • 0,5 kg de carottes • 100 g de champignons • huile (neutre) • 1 gousse d’ail • poudre de curry • poivre • 1 pincée de sambal oelek • 250 g de lamelles de tofu (légèrement épicé) • 100 g de petits pois (surgelés ou frais)
PRÉPARATION • Cuisez
Cette recette est issue de www.jeudiveggie.be
BON À SAVOIR !
La consommation de lait et d’œufs accroît sensiblement votre empreinte écologique : leur production est responsable
le riz selon les instructions indiquées sur l’emballage. • Hachez l’oignon, coupez les poireaux en rondelles et coupez les carottes et les champignons en dés. • Faites revenir les oignons dans un peu d’huile mélangée avec le sambal oelek. • Ajoutez les carottes, les poireaux et les champignons en remuant et laissez cuire. • Assaisonnez les légumes avec la poudre de curry ou les épices pour nasi goreng et ajoutez l’ail écrasé. • Ajoutez les lamelles de tofu et les petits pois (surgelés) et laissez encore quelques instants sur le feu. • Mélangez le riz aux légumes et servez avec de la sauce aux cacahuètes.
de 19 % des nuisances
CONSOMMEZ DES PRODUITS LAITIERS ET DES ŒUFS DE MANIÈRE RESPONSABLE
environnementales liées à l’alimentation. Les animaux de rente engloutissent en effet de très grandes quantités de céréales, de soja et d’autres aliments qui pourraient également nourrir des humains. Il est donc essentiel, du point de vue de l’exploitation des terres comme de l’alimentation au
SAUCE AUX CACAHUÈTES une gousse d’ail hachée avec une pincée de chili en poudre dans une casserole. • Ajoutez 1,5 cuillères à soupe de beurre de cacahuètes et 30 cl de lait de soja non sucré en remuant. • Laissez réduire la sauce à feu moyen pendant quelques instants. • Ajoutez 1 cuillère à soupe de sucre et le jus de ½ citron et remuez. Si la sauce devient trop épaisse, vous pouvez rajouter un peu de lait de soja. • Étuvez
plan mondial, de limiter sa consommation de produits
Bon appétit !
d’origine animale.
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100%
+ 40 %
RECYCLED
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Les gaz à effet de serre dus à l’activité humaine ont augmenté de 40 % depuis le début de l’ère industrielle
+La température 0,85° C
planétaire a augmenté de 0,85° C depuis 1860
50 % des populations de
poissons, mammifères, reptiles, oiseaux et amphibiens ont disparus depuis 1970
100 %
d’énergie renouvelable d’ici à 2050, c’est l’objectif qu’il faut atteindre pour rester en-dessous du seuil des 2° C
© WWF-US / Julie Pudlowski
Notre raison d’être Le WWF agit pour mettre un terme à la dégradation de l’environnement de notre planète et pour construire un avenir où l’humain vit en harmonie avec la nature.
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WWF-Belgique • Bd E. Jacqmain, 90 • 1000 Bruxelles • Tél. 02 340 09 99 • Fax 02 340 09 33 • members@wwf.be • Le Centre Info est ouvert du lu au ve de 9h00 à 12h30 et de 13h30 à 16h30.