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Cycle de films sur l'Algérie

Ainsi quand il a voulu évoquer la Révolution Française, il situa son film 1788 un an avant, dans un village de Touraine, au milieu des paysans, pour vivre avec eux les injustices contre lesquelles ils allaient se révolter, leurs illusions et, bientôt, leurs désillusions.

Il avait besoin de ses complices fidèles. A l’écriture, Jean-Claude Carrière, souvent, Jean-Louis Comolli, ou encore Jean-Dominique de la Rochefoucault. A l’image, Charlie Gaeta et Georges Orset. Et à la musique, toujours Michel Portal...

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Avec eux, il choisissait de nous raconter des fables, un mensonge partagé, un abus de pouvoir, un choc, une provocation, qu’il traitait ensuite avec la force de son réalisme, rigoureux et implacable, mais toujours respectueux, pour nous entrainer à regarder avec lui les dérapages de notre époque. Il regrettait que cette télévision, qu’il avait tant servie et aimée, soit devenue si frileuse, avec le sentiment que les films qu’il avait pu y faire ne trouveraient plus leur place.

Il racontait la mésaventure de l’un de ses films les plus étonnants, Bonne chance Monsieur Pic. Ce film racontait le drame drolatique et cruel d’un chômeur devenu cobaye entre les mains de «managers» modernes qui affirmaient que, s’il n’avait pas d’emploi, c’est parce qu’il était un «loser», et qui prétendaient, en l’entrainant dans une sorte de stage, faire de lui un «battant». Un programmateur avait repoussé ce film, jugé trop «anxiogène», aux oubliettes. Pourtant quand, quelque deux ans plus tard, il avait fini par le passer, en le condamnant à un bide annoncé au milieu du mois d’août, il avait connu un très beau succès. Mais quand Maurice et quelques autres s’en étaient réjouis, en se félicitant d’avoir démontré que l’ambition et l’audace pouvaient payer... le même programmateur avait rétorqué : «ça ne prouve rien, ce n’est pas normal».

Eh oui, c’était ça l’oeuvre de Maurice, pas « normale ». Face aux vies broyées, face à une modernité déshumanisée, son propos était de résister, non pas en dénonçant mais en posant sur ce qui le révoltait le regard aigu et fraternel d’un humaniste.

Il nous a laissé des films inoubliables. Pour beaucoup d’entre nous, c’était un maître.

— Jacques Fansten, www.sacd.fr

Maurice Failevic et le Nord

Maurice Failevic a entretenu des rapports très étroits avec la région du Nord. Il y a tourné plusieurs films, travaillé avec l’association « Travail et Culture » et noué des liens d’amitié avec des militants et avec la communauté des prêtres ouvriers d ‘Hellemmes.

En 1976, il tourne Le journal d’un prêtre ouvrier, Fiction, 1h40.

A la suite de l’exode rural, l’église d’ un petit village du Nord se vide. C’est ainsi que le prêtre ouvrier Georges Gauthier décide de suivre les jeunes de son pays vers la ville et de redonner un sens à sa vocation première en partageant la vie des ouvriers d’une usine métallurgique. En 1979, il revient dans la région pour y réaliser une fiction documentée : Les aventures d’Yvon Dikkebushe avec Ronny Coutteure. En 1995, ce sont Les gens du Nord dans le cadre de Chroniques de France.

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