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Impressions d'un festival

L’Algérie nouvelle on y croyait Documentaire, France/Algérie, 52mn — 2011

Réalisation : Chloé UNZINGER Production : Real Productions

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En 1962, les accords d’Évian mettent fin à huit années de guerre de décolonisation entre la France et l’Algérie. 900 000 Français d’Algérie quittent leur terre natale pour se réfugier en France. À contrecourant, des dizaines de milliers d’Européens débarquent en Algérie. Anticolonialistes, militants internationalistes, tiers-mondistes ou amis de cette « Algérie nouvelle » ils souhaitent aider à reconstruire le pays. Ce film raconte les lendemains de l’indépendance, ainsi que les relations qui ont continué de lier étroitement les deux pays. Grand Prix du jury du festival de l’Acharnière 2013

À la mort de sa mère, Anne va forcer la maison d’Augusta Amiel Lapieski, sa grand-mère dont elle n’a jamais rien su. Au fur et à mesure de ses découvertes, Anne va nourrir sa fiction, sa projection d’Augusta : l’écrivaine, porteuse de valise du F.L.N., son amour secret, son enfant caché, son Algérie. La maison puzzle devient un espace mental traversé par les images de cette guerre sans nom.

Dans son documentaire Franck Renaud, suit Mounya, actrice, dans sa quête d’identité jusqu’en Algérie. Ce qui le renvoie à sa propre histoire. Mounya l’accompagne à son tour sur les traces de son enfance. Makach Mouchkil, nos identités nous embarque dans un Road Movie qui questionne les origines. Du Nord de l’Algérie au Nord de la France, de la France à l’Algérie, la caméra scrute cette quête croisée joyeuse et poétique. Et se fait complice des rires, des vibrations, des émotions. Mounya et Franck se cherchent tout deux des racines, un ancrage, une langue. Ils arpentent des mémoires différentes mais au bout du chemin un territoire commun semble se dessiner...

Liste récapitulative des films sur la guerre d’Algérie faits ou produits en Hauts de France

Augusta Amiel Lapieski Fiction, France, 15mn37 — 2011

Réalisation : Franck Renaud Production : Les Anthropofilms

Makach Mouchkil, nos identités Documentaire, France, 80mn — 2017

Réalisation : Franck RENAUD Production : Les Anthroposfilms

« L’Acharnière : d’où sort ce nom ?

Un jour, une personne intriguée vient questionner le préposé au cadastre de la ville de Lille : L’Acharnière ? Est-ce un lieu-dit ? Une rivière souterraine du Vieux-Lille ?...

L’homme, dont la compétence ne peut être mise en doute, ne sut répondre. Alors, venons à son secours. L’Acharnière, c’est un nom inventé. Il dit quelque chose du projet de l’équipe d’animation d’un centre culturel installé au 12, rue Molière à Lille : acharné, il faut l’être, une décennie après mai 68, pour ne pas s’endormir dans la routine des systèmes institutionnels.

Mettre une charnière… C’est l’expression d’un désir pour les chrétiens de cette équipe et sans doute pour bien d’autres d’ouvrir la porte pour ne pas rester chacun dans sa sphère.

Quand a germé l’idée d’un festival, c’était d’abord très simple : d’abord un souci du local, en valorisant l’audiovisuel, petit ou grand, tel qu’il se fabrique sur le terrain, dans la région. Ensuite un désir de communication en offrant un public et une promotion pour le film fait au lycée, au musée, dans l’entreprise, la ville ou l’association.

Voilà pour les racines : mais voyez l’arbre ! En dix ans, il a beaucoup grandi. »

Gonzague CUVELIER, Fondateur du Festival de L’Acharnière

Texte rédigé pour la dixième édition du Festival en 1980.

« Depuis un quart de siècle, une poignée de bénévoles sont au four et au moulin pour nous présenter chaque année une sélection de fictions, de courts-métrages, de documentaires, de film d’animation, de clips et essais vidéos venus des quatre coins de la région. L’objectif de cette poignée de bénévoles reste inchangé : nous faire découvrir toutes les formes d’expressions et d’écritures cinématographiques de la région.

Depuis un quart de siècle, l’Acharnière est un festival hétéroclite qui ne laisse aucun genre cinématographique « sur le bord de la route ». C’est un festival où les jeunes réalisateurs de la région peuvent montrer pour la première fois leur film au public et aux professionnels. Et, depuis sa création, chaque année, il y a dans la salle un jeune réalisateur pour qui c’est la première fois. Est-ce pour cette « première fois » que, depuis un quart de siècle, une poignée de bénévoles dépense sans compter temps et énergie ? Peutêtre savent-ils combien cette première fois est cruciale pour ce jeune réalisateur. Et que, sans elle, il y a peu de chances pour qu’il puisse s’affirmer. »

Djamel ZAOUI, Réalisateur

« Tout d’abord, j’ai un peu boudé : l’idée de donner mon point de vue sur la production artistique d’autres personnes au sein d’une compétition cinématographique ne m’emballait guère. En effet, je ne considère pas faire partie de ceux qui savent mieux que les autres. Finalement, j’ai compris qu’au Festival de l’Acharnière, on ne me demandait pas d’être un censeur; mais qu’on m’invitait à donner mon avis parce que je « faisais » aussi !

Cela a été un beau voyage, en vérité : les invités, les débats, la rétrospective… un véritable tourbillon humaniste qui m’a apporté une énorme respiration. Pendant la compétition : j’ai été ému par la pertinence universelle des propos, la sensibilité, la force, l’invention et l’engagement artistiques de la plupart des réalisateurs. Il a fallu trancher bien entendu; mais le jury (dont les échanges vifs mais cordiaux ont été d’une grande richesse) a su se mettre d’accord.

Le festival a été aussi pour moi l’occasion de mettre en perspective mon propretravail .. Et à la fin : conforté, stimulé, je me suis dit qu’il fallait absolument continuer ! »

Bruno LALAU, Artiste-plasticien Membre du jury du festival 2009

« L’Acharnière… derrière ce mot, un combat pour plus de liberté, un combat contre l’uniformisme ambiant, un combat contre le consumérisme omniprésent, un combat aussi pour sortir de l’ombre les films d’une région, les films censurés, les films nécessaires. L’Acharnière nous ouvre l’oeil, nous l’écarquille, rend active notre pupille, nous questionne toujours et encore sur le cinéma et aussi sur la vie.

À l’écran, des films engagés qui nous poussent à nous engager. Le festival de l’Acharnière est riche et fort. L’Acharnière, c’est une leçon d’humanisme et un beau moment de cinéma. On est fier d’avoir pu y participer quand les dernières lumières s’éteignent et que la salle lentement se vide. Avec un autre regard, un regard vrai et avisé, on sort du noir qui s’est installé dans les lieux.

L’Acharnière est bel et bien à l’image de celle qui l’a élaboré avec d’autres, une personne qui m’a ouvert à une manière de penser la vie et le cinéma, il y a plus de 20 ans déjà… Louisette. »

Milena BOCHET, Réalisatrice Membre du Jury en 2006

« Au Festival de l’Acharnière, le cinéma est un révélateur du monde social : un instrument de décolonisation de l’imaginaire et de la réflexion. Le Festival de l’Acharnière, c’est une attention soutenue aux frémissements du monde pensé avec le langage du cinéma, dans une diversité de cheminements, de genres, de formes et de contenus.

Le Festival de l’Acharnière, ce sont aussi les liens créés avec des réalisateurs, je pense à Mehmet ARIKAN et à Nadia BOUKERFAS, qui savent transmettre ce qu’ils ont appris – sans rien céder à la facilité – et sans lesquels les projets du collectif de réalisation de Mons-en-Baroeul n’auraient pas été possibles. »

Jesus BUGALLO VALES, Collectif de réalisation (Mons-en-Baroeul)

Membre du jury du festival 2009

« La 30ème édition du Festival de L’Acharnière a été particulièrement enthousiasmante Quel bonheur de découvrir ou de revoir des films aussi différents, de discuter dans de grands élans avec le public, les professionnels, les invités, les amateurs et de saisir ce fil qui les relie tous aux films, qui relie les films entre eux et qui nous relie tous ensemble.

Parce que le dénominateur commun qui figure toujours au coeur du Festival organisé par « Une Aventure Délicate » est l’humain, rien de ce qui s’y programme ne nous est indifférent et rien n’en limite la portée. De ce fait, genres, formats, dispositifs s’y mélangent allégrement pour laisser circuler au mieux la relation filmants, filmés et spectateurs. Quel bonheur de pouvoir visionner dans un même lieu fictions, documentaires, vidéos et films de tous formats, animations, art numériques, récits des différents continents, de France et d’ailleurs en europe.

Au moment où je feuillette à nouveau le catalogue de cette 30e édition, je retrouve mes impressions, les instants magiques à visualiser les travaux des enfants, en collages ou en animation et les nombreux documentaires sur le monde du travail avec une variété étonnante allant jusqu’à des formes d’art vidéo très contemporaines. Ces films tiennent compte des mutations complexes du monde du travail, notamment de l’arrivée des nouvelles technologies qui, au service du libéralisme, formatent un peu plus l’être humain.

Ils racontent aussi la réduction des acquis sociaux et l’allongement du temps de travail. Et puisque nous apprenons que la corrida entre au patrimoine culturel de la France, je tiens à dire que rien ne pourrait caractériser de culturel la souffrance d’un animal. ce n’est pas cela la culture, c’est exactement le contraire, c’est ce que nous donne à voir L’Acharnière depuis des années à travers les films projetés. Les images de ce Festival 2010 me reviennent à la mémoire : la culture, ce sont ces jardins ouvriers, le partage et la solidarité avec les peuples du monde entier, le souvenir d’un oncle, le rap des jeunes de GuinéeConacry qui font écho aux textes d’Aimé Césaire, la culture, c’est ce carnet de voyage qui nous emmène à Madagascar et qui mêle au numérique la poésie et l’imagination, la culture c’est ce don de soi au service de l’amour et du partage, la culture, c’est bien sûr tous les arts, tous présents à L’Acharnière.»

Catherine GHESELLE, Auteur-rédacteur multimédia Membre du Jury en 2010

« À l’approche du 32ème festival de l’Acharnière, je souhaite apporter une appréciation sur cette manifestation. car, j’y ai participé à trois titres : premièrement, en tant que spectateur, deuxièmement, en tant que participant à la réalisation d’un court métrage présenté au festival et troisièmement en tant que membre du jury. Ce festival, depuis 32 ans, n’a cessé de se montrer très productif et attractif malgré le manque flagrant de moyens humains et matériels. On y a vu défiler les amateurs, les semi-professionnels et les vrais professionnels du cinéma, non seulement en matière de films documentaires, mais aussi pour tout ce qui concerne les films courts et parfois des longs métrages qui n’ont pas eu le succès escompté ou qui, pour des raisons diverses, n’ont pas eu la possibilité d’être diffusés à grande échelle.

Je pense notamment à Med Hondo (de son vrai nom Abib Mohamed Medoun Hondo), acteur et réalisateur français originaire de Mauritanie, qui malgré une filmographie assez riche, n’est connu du grand public que pour sa voix célèbre, car il double Eddie MURPHY, Morgan FREEMAN et Ben KINGSELY. Bref, pour moi, il s’agit d’un festival pour les vrais amoureux du 7ème art, loin des paillettes et médiatisations outrancières que l’on connaît pour d’autres festivals du même genre. Bonne continuation aux organisateurs et participants et pourvu que ça dure ! »

Farhad FAGHIH, Artisan taxi

« En région, on produit beaucoup de films, avec ou sans moyens, et on a trop peu l’occasion de les montrer. Le Festival l’acharnière permet ça. moindre des choses pour un festival. Pourtant, l’Acharnière, c’est plus que ça. Chaque année, pendant ces quelques jours de Mai, entre cinéma et télévision, fiction et documentaire, amateur et professionnel ou réel et animation, les frontières s’effacent. Il y a toujours beaucoup à voir, on oublie les étiquettes, et ça circule. qu’ils soient à la marge ou non, d’aujourd’hui ou pas, de près de chez nous ou d’ailleurs, les films de l’Acharnière se parlent, s’écoutent, s’enrichissent entre eux.

Conséquence de choix de programmation jamais gratuit et souvent pertinent. Parce que chaque film est un monde, et chaque monde mérite d’être visité, l’acharnière est un festival précieux. »

Frédéric VERMEERSCH, Réalisateur du Film «La Ligne» (Prix du meilleur montage en 2013) « Ce qui nous attache à la vie comme au cinéma, c’est la curiosité. Et l’acharnement que nous y mettons ; nous spectateurs du réel, dans une sorte de combat amoureux dont notre regard et l’ensemble de nos sens s’abreuvent pour redéfinir chaque fois, à chaque nouvelle expérience, une façon de voir le monde et les autres.

L’Acharnière célèbre ce cinéma de la vie, du regard, celui porté sur l’autre, curieux, proche ou lointain, d’ici ou d’ailleurs… L’Acharnière est plus qu’un festival, il est un tremplin qui permet à nombre de voix de porter, de s’exprimer, de se faire entendre, de se montrer, se démontrer, dans l’échange, la charnière de l’oeil et des mots. L’Acharnière est un événement, il porte chaque année, depuis 35 éditions, la même intacte volonté de découverte, d’ouverture, d’affirmation d’un cinéma différent, au-delà des frontières, des genres ou des formes. Ce qui importe pour L’Acharnière c’est de continuer à faire vivre ce cinéma multiple, celui finalement dans lequel tout spectateur peut se retrouver. »

Max RENÉ, Réalisateur primé en 2014

« Malgré les coups durs et les coupures de budget, l’Acharnière est toujours là, pour le plus grand plaisir de celles et de ceux qui voient le cinéma, non pas comme un écran de fumée destiné à nous faire oublier le monde réel, mais comme une possibilité d’interpréter et de mettre en lumière la réalité d’un monde de plus en plus impitoyable, dont les habitants sont condamnés à voir se succéder les « crises » depuis tant d’années. (...)

Cette réalité, belle et laide à la fois, crue ou douce selon notre position sociale, nos origines, notre lieu de naissance ou notre genre, sera encore une fois poétiquement et socialement dépeinte avec brio pendant ces quatre jours de projections et d’échanges, auxquels je vous encourage fortement à participer si votre révolte intérieure a besoin de carburant... »

Simon DEMOLDER, Rappeur Membre du Jury 2015

« Voyage au coeur de la diversité. Pour vivre, le cinéma a besoin de moments et de lieux de rencontres d’échanges ou de confrontation rassemblant, outre des spectateurs attentifs ou passionnés, des responsables de programmation, la presse spécialisée et des professionnels du 7ème art, les acteurs parfois mais surtout les producteurs, metteurs en scène, techniciens du son et de l’image...

Au temps où l’on pensait que les clefs d’un monde meilleur se trouvaient nécessairement dans l’éducation, la liberté d’expression, la diffusion populaire de la culture, diffusion d’une culture ouverte sur la diversité du monde, ses problèmes, ses difficultés mais aussi sur les rêves des Peuples, en ces temps, il s’est trouvé dans la belle ville de Lille des partisans acharnés qui ont créé un festival rassemblant des oeuvres révolutionnaires par leur contenu, par leur forme ou l’engagement des auteurs. Ces «rencontres de Lille » se sont donc spécialisées dans la présentation de films qui échappent aux règles, aux codes et aux préoccupations traditionnels, d’un cinéma que l’on qualifie hâtivement de commercial car trop souvent avide seulement de royalties. On y rencontre donc des oeuvres qui abordent les problèmes sociaux et politiques, des oeuvres qui trouvent souvent leurs fondements dans le réel, dans les difficultés du quotidien, domaines ignorés par la culture de masse diffusée par les maîtres du monde. Il ne faut pas oublier que la censure officielle a longtemps mis à l’index les films qui s’écartaient de la pensée dominante, et qu’actuellement demeure une censure structurelle d’une extrême efficacité.

La grande Région de Lille, région qui ignore ou se moque de la frontière, est une véritable pépinière de jeunes créateurs très influencés par le Festival de l’Acharnière. Festival où la fougue de la jeunesse se heurte à la sagesse de quelques anciens. J’aime ce lieu où la sélection des films est l’oeuvre de partisans qui comme moi n’ont pas leurs choix bâillonnés par des critères académiques, des arrières pensées politiques ou des considérations financières. »

Roger JOURNOT, Président du CCPPO Centre Culturel Populaire de Besançon « Acharnée de l’Acharnière, j’attends toujours ce festival, comme le printemps, avec une certaine impatience. J’aime son éclectisme (formats, genres..), sa «proximité» : sur grand écran, des lieux plus ou moins familiers, des «personnages» qu’il m’a parfois été donné de croiser, des luttes, des talents locaux. J’apprécie aussi les focus, tels des arrêts sur image, sur une oeuvre (René Vautier, Eyal Sivan , cinéma cubain...), bonne occasion de (re)découverte, d’approfondis- sement, voire d’émerveillement.

De belles rencontres d’auteurs engagés et engageants. Et une formidable équipe de l’Acharnière sans qui rien de tout cela ne serait possible. Bravo et merci ! »

Geneviève CARÉ, Cinéphage de base

« Le festival de l’Acharnière, c’est une équipe dynamique et ô combien acharnée ! Ce sont des documentaires d’ici et d’ailleurs, d’hier et d’aujourd’hui. Ce sont des rencontres, des échanges. Ce sont des spectateurs curieux et fidèles, et aussi des nouveaux. Merci d’être là, vigie d’un monde à réenchanter. »

Dolorès PIGEON, Enseignante cinéma, membre de la CASEAC (Commission d’Action et de Suivi des Enseignements et des Activités Cinéma et Audiovisuel) Rectorat de Lille

J'ai découvert des films magnifiques pendant le festival de l’Acharnière. Dernièrement, « Algérie, année zéro » de Marceline LeuridanIvens, « Le 17ème parallèle », de Joris Ivens, mais également des films rares et peu diffusés, des bijoux filmiques restés au fond des tiroirs des cinémathèques ou de centres d'archives...

Le festival de l’Acharnière, c’est tout cela pour moi : faire exister les films oubliés ou rarement montrés au public, rendre hommage non seulement aux réalisateurs et réalisatrices engagé-es dans leur travail, mais aussi à celles et ceux qu’on oublie trop souvent de mentionner et sans qui pourtant les films ne pourraient exister : les techniciens et techniciennes du montage, de la lumière, et du son. Il est aussi une belle fenêtre ouverte sur le monde - pour reprendre l'expression de Borgès à propos de la bibliothèque – et sur notre région où des talents discrets et anonymes peuvent être portés devant la lumière des projecteurs. Mais tout cela n'aurait pu voir le

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