3 minute read

Un grand merci

Next Article
Coupures de presse

Coupures de presse

2021

Liberté Hebdo [1505] du 5 au 11 novembre 2021

Advertisement

18 ARTS & CULTURE 40e Festival de l’Acharnière CINÉMA La passion de la découverte

Panorama, compétition, rencontres, état d’une partie du monde. Films et vidéos de France et d’ailleurs. Du 18 au 21 novembre au Métropole à Lille.

Comme chaque année, hormis l’an dernier en raison du Covid, l’association Une Aventure délicate, créée par des cinéastes indépendants et des mouvements associatifs, présente la production audiovisuelle régionale. Le public est invité à (re)découvrir les Hauts-de-France au travers d’œuvres (fictions, documentaires, reportages, animations, vidéos) rattachées à la région, soit par leur sujet, leur réalisateur ou leur structure de production. Autant d’aventures humaines. Les œuvres primées par un jury de professionnels et de passionnés font l’objet de rediffusions décentralisées.

Aux sources du monde actuel

Les Esprits du Koniambo. En terre kanak de Jean-Louis Comolli. © Archipel 33

Le Nord et une terre lointaine, la Nouvelle- Calédonie, sont réunies : le Festival de l’Acharnière ou la multiplicité d’être au monde, état des lieux, état des populations. Regarder, écouter, pénétrer plus avant dans les imaginaires et les réalités : une manière d’être dans, face et en prise avec cet archipel de l’océan Pacifique. La NouvelleCalédonie a été arbitrairement annexée en 1844 et sa richesse, le nickel, exploitée par une compagnie française dès 1877. Le peuple kanak a en mémoire l’Exposition coloniale de 1931 où une centaine de Kanaks, choisis pour représenter les îles du Pacifique, furent contraints de jouer les « cannibales féroces » face aux visiteurs du jardin d’acclimatation, certains d’entre eux loués pour être exhibés en Allemagne. Il y a le souvenir des événements d’Ouvéa en 1988, l’assaut des forces armées contre les indépendantistes qui avaient pris des gendarmes en otage suite à un redécoupage des circonscriptions électorales qui les désavantageait.

Regards croisés

La Kanaky vue par un cinéaste kanak, deux films de Nunë Luepack, Niddosh, une parole qui ne meurt pas en 2015 et Imulal, une

Imulal, une terre, des racines et des rêves de Nunë Luepack. DR

terre, des racines et des rêves qui concerne l’enquête d’un journaliste sur les aspirations de six jeunes partis suivre des études en métropole. Comme ils sont de cultures différentes, le film offre une variété de points de vue et de propositions quant à leur avenir et à celui du « Caillou », territoire à l’héritage colonial douloureux. Attentes, perspectives, esquisses de projets… Désir d’une transition pacifique, recherche d’un compromis fondé sur un équilibre entre les communautés à l’instar de cette « hutte, case », Imulal, symbole du peuple kanak depuis la nuit des temps : accueil et partage, tous peuvent y trouver leur place. Jean-Louis Comolli, auteur de fictions, de documentaires et de nombreux articles ou contributions à des ouvrages collectifs présentera deux de ses films, Lettre à une jeune fille kanak, 2008 et Les Esprits du Koniambo. En terre kanak, 2004, dans lequel un ethnologue revenu dans la tribu où il travaillait depuis trente ans, rencontre le fils de son collaborateur kanak décédé. Les cahiers et les enregistrements de ce dernier se rapportent à la lutte qu’il a menée pour faire reconnaître les droits de son peuple sur le massif du Koniambo riche en nickel, lieu sacré où se trouvent les sépultures des ancêtres. Comment la Nouvelle-Calédonie, confrontée à la mondialisation, peut-elle parvenir à créer des emplois industriels liés ou non au nickel dont profite une multinationale qui, par nature, n’est guère encline à estimer grandement les croyances d’une population, ses coutumes et rituels d’offrandes aux morts ? Comment aussi, du fait d’une dépossession culturelle, éviter la désagrégation des liens et des transmissions ? C’est ainsi que des films qui allient acuité et affect deviennent, dès leur découverte, des pensées qui ne se perdent pas. D’année en année, le Festival de l’Acharnière, avec un cinéma qui se démarque de ce que le commerce lui commande, allume des contrefeux où s’imaginent d’autres possibles, une manière de briser l’immobile que les pouvoirs cherchent à imposer.

Alphonse CUGIER

Du 18 au 21 novembre, au Métropole, rue des Ponts de Comines, Lille. Programme, horaires : 06 60 77 36 95 et 06 24 23 90 83. Infos : festivallacharniere.free.fr.

This article is from: