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BIATHLON LES CONFIDENCES DE MARTIN FOURCADE DÉBAT LE COMBINÉ NORDIQUE EN DANGER ? ENQUÊTE LA RENAISSANCE ITALIENNE
Maurice Manificat Le patron du ski de fond
Juin 2016 mynordic.fr @nordicmag
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LA PEUR DU PRINTEMPS
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chaque printemps, la planète nordique est secouée. En France, mais aussi ailleurs, c'est le moment où l'on établit la liste des sélectionnés pour les équipes nationales. Il n'existe aucune règle clairement définie (aucun examen à passer qui ouvre automatiquement les portes) et de très nombreux critères entrent en jeu. Évidemment, les résultats sportifs de la précédente saison sont déterminants, mais ils ne sont qu'une partie du problème auquel directeurs techniques nationaux et entraîneurs sont annuellement confrontés. Il leur faut choisir des hommes et des femmes ; n'importe quel DRH vous expliquerait qu'il n'y a pas matière plus complexe à travailler. La responsabilité est grande, d'autant que la perspective olympique nécessite de raisonner à long terme. La foudre s'abattra sur ces responsables si, à Pyeongchang, les médailles viennent à manquer. Dans le sport, comme dans le monde de l'entreprise, le sentimentalisme n'a guère cours. On garde, on promeut ou on jette. Dans ce dernier cas, on peut y mettre les formes, mais les décisions apparaissent généralement brutales pour qui est concerné. L'incompréhension et la colère se mêlent au dégoût. Il faut dire que, des années durant, des jeunes ont consenti bien des sacrifices pour assouvir une passion que des spectateurs pourront juger excessive, voire outrancière. Ils méritent simplement du respect.
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Les réactions sont multiples : les uns jettent l'éponge, préférant renoncer à des rêves qu'ils savent désormais inaccessibles. Ces compétiteurs qui voulaient faire l'ascension de l'Olympe ne peuvent se contenter de sommets plus petits. Le Scafell Pike ne sera jamais fréquenté par les alpinistes habitués aux mythiques destinations alpestres. D'autres, ce qui est plus rare, s'exilent. Le dernier à avoir passé la frontière est le Vosgien Florent Claude, qui a rejoint l'équipe belge de ski. Le pays n'est pas une destination nordique très courue, mais il redonne espoir. Tout reste possible. L'important, après tout, c'est de participer, car aucune victoire n'a jamais été décrochée par un athlète absent de la start-list. Enfin, des circuits parallèles offrent la possibilité de revêtir le dossard à des niveaux internationaux non négligeables. Ce sont les Ski Classics et autres FIS Wordloppet Cup, pour lesquelles il existe un vrai enjeu. D'ailleurs, les sponsors n'y investiraient pas un sou si ces compétitions n'avaient aucun inétérêt. C'est ici qu'interviennent les teams privés dont les ambitions ne cessent d'augmenter. Ne pas appartenir à l'élite nationale, quand on a tant investi pour en être, est une blessure dont on peut guérir, même loin des stades. Comme disait Socrate, « la chute n’est pas un échec. L’échec, c’est de rester là où on est tombé. »
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Octobre 2016
nordic NUMÉRO 19
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Nordic Magazine résidence des Épilobes 300, chemin des Mouillettes 39220 Prémanon Téléphone : + 33 (0)6 85 96 90 94 E-mail : nordicmagazine@live.fr } Rédaction Directeur de la publication et de la rédaction : Franck Lacroix Rédacteur en chef délégué : Jérôme Martinet Ont collaboré : Emmanuel Jonnier, Robin Duvillard, Marie Dorin-Habert, Samuel Cordier, Karine Garnier, Frédéric Machabert, Marine Bouhier, Antoine Delimare, Valentin Jacquemet. } Publicité Téléphone : + 33 (0)6 75 93 56 12 Corentin Jacquot (Alpes) : + 33 (0)6 33 43 35 78
Merci à Fabrice Guy, parrain, Laurence Rochat, marraine. Merci à Michel Roulet, Myriam et Daniel Comtet, Isabelle Begon, Karine Bouhier, Jean-Yves Begon, Équipe de France militaire de ski, Alexandre Rousselet, Pam Doyle, Yves Perret, Jacques Mignerey, Armand Spicher, Julie Migeon, Patricia Louvrier. Merci à nos partenaires annonceurs. Avec le soutien de ENJ et RSF. Une publication des Éditions du Jura Entreprise de presse SAS au capital de 5000 € RCS Lons-le-Saunier 538 166 166 Président : Franck Lacroix
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appréciation. La reproduction, même partielle, de tout matériel
ISSN : 2257-4638
Création : décembre 2011 Dépôt légal : juin 2016 (date de parution du titre)
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publié dans le magazine est interdite.
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ÉDITO 5
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Dominateur comme rarement cet hiver, Martin Fourcade est, depuis cinq ans, le meilleur biathlète du monde. Un statut qui ne le gêne pas, ni ne le bride dans ses rêves de victoires.
DOSSIER LES NORDIQUES ET LES RÉSEAUX SOCIAUX
MARTIN FOURCADE
La présence des sportifs sur Facebook, Twitter, Instagram... est devenue une évidence. Les nordiques n'échappent pas à la règle. Mais pour dire quoi ? Enquête ...................... 22
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TEMPS FORTS ENTRETIEN AVEC MARTIN FOURCADE
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L'équipe 21 : les médias se sont mis au diapason du biathlon cet hiver... Comment vivez-vous votre nouveau statut d'égérie médiatique du biathlon français ?
entretien
PORTRAITS NORBERT STARKE 46 MAURICE MANIFICAT 58 BASTIEN POIRRIER 62 SIEGFRIED MAZET 66 AURÉLIE DABUDYK 70
« Je vis ma notoriété avec beaucoup de recul et de simplicité »
Martin Fourcade a tout gagné cet hiver : une cinquième victoire, consécutive et historique, au classement de la coupe du monde de biathlon, quatre médailles d'or et une d'argent aux Mondiaux d'Oslo et, médiatiquement, un véritable statut d'ambassadeur de son sport dans l'Hexagone, comme à l'international. Qualifié « d'office du tourisme du biathlon en France » par la présentatrice du Grand journal de Canal +, le meilleur biathlète français de l'histoire, devant son premier modèle Raphaël Poirée, n'est pas encore rassasié. Il regarde déjà du côté de la Corée du sud, terre d'accueil des prochains Jeux olympiques d'hiver, où il rêve d'une nouvelle médaille d'or ; la troisième d'un palmarès déjà long comme le bras.
Martin Fourcade Ce n'est pas nouveau, dans le sens où je suis mis en tête d'affiche du biathlon depuis quelques saisons maintenant, essentiellement par mes résultats. Aussi je le prends avec plaisir, mais je ne me sens pas redevable vis-à-vis de mes coéquipiers. Je le fais aussi pour moi, mes partenaires, ma discipline...
Vous sentez-vous “idolâtré” comme l'a été Raphaël Poirée par les sportifs de votre génération ? Les résultats et la notoriété amènent ça. On est un peu plus regardé dans et en dehors du biathlon. Je vis cela avec beaucoup de recul et de simplicité. Ce statut vous impose-t-il un devoir d'exemplarité ? Non, l'exemplarité, c'est quelque chose qu'on a envie de respecter ou pas. À titre personnel, j'en ai envie, mais rien ne m'y oblige. C'est juste l'image qu'on veut
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Après une saison exceptionnelle, le numéro un mondial se confie comme rarement sur sa vie d'athlète et d'homme .............................. 36
LA RELÈVE DU SKI SUISSE Dans l'ombre des grands champions comme Dario Cologna et Simon Ammann, la jeunesse helvète affûte ses armes. Qui sont ces espoirs ? ................................... 28
LA RENAISSANCE DE LA SQUADRA AZZURRA Avec Dorothea Wierer, Federico Pellegrino ou Francesco De Fabiani, le ski nordique italien enoue avec son glorieux passé ................... 48
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KV Même si la discipline existe depuis une vingtaine d’années, le kilomètre vertical (KV) connaît un véritable essor depuis quelques années, au point de compter près de soixante épreuves chaque saison. Que recherchent les accros à cette discipline ?
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Seul face à cette foutue pente. Courber l’échine devant l’ampleur de la tâche. Avancer malgré cette douleur qui vous transperce le corps. Serrer les bâtons de tout votre être, comme on se raccroche à la vie. Un pas en avant. Puis l’autre. Et recommencer. Dans l’univers du trail running, le kilomètre vertical est cette maîtresse que l’on courtise avec passion et souffrance. Sur le papier, un principe simpliste : grimper 1 000 mètres de dénivelé sur un minimum de distance. « Les premières épreuves se sont déroulées à Val d’Isère et en Italie en 1996 », commente Vincent Jay, organisateur du High Trail Vanoise. « La Face de Bellevarde est un endroit mythique pour le ski. Et je crois que Jean-Claude Fritsch (directeur du Club des Sports de 1971 à 2006) voulait la populariser l’été avec cette montée. Mais après trois éditions, l'épreuve s’est arrêtée. » Fristch était donc un précurseur. Et, en 2014, le « KV de Val d’Isère » est ressorti des cartons. Depuis, ce format atypique ne cesse de séduire. Chaque saison, on croise toutes les strates d’athlètes au départ : « Un coureur à pied peut se confronter à un skieur nordique, à un spécialiste du ski de randonnée ou même à des cyclistes. Ce mélange est vraiment sympa », confie François Gonon, ancien champion du monde de course d’orientation. « Le kilomètre vertical se rapproche de ma discipline de base. J’aime ce type d’effort, où il ne faut rien calculer et se mettre minable », explique le dernier vainqueur de la Pierra Menta, Mathéo Jacquemoud. L’homme est un puriste et, dans un calendrier qui déborde de dates, il confie : « Pour moi, au-
Le kilomètre vertical est l'une des épreuves du week-end du Marathon du Mont-Blanc.
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delà de trois kilomètres de distance, ce n’est plus un kilomètre vertical. Il s’agit plutôt d'une course en montagne. » Et dans ce domaine, la Verticale du Grand Serre se positionne tranquillement, mais sûrement, comme la référence française en la matière, avec « seulement » 1 800 mètres de course.
L’inspiration de FuLLy Lorsque vous prenez la route de l’Oisans, à l’approche de Vizille, l’Alpe du Grand Serre se dresse face à vous comme une douce provocation. D’en bas, on peine à distinguer la partie sommitale. Et, en quelques années, l’épreuve iséroise s’est imposée comme une date importante du circuit national. L’an passé, un certain Kilian Jornet avait fait le déplacement avec l’espoir de faire tomber le record du monde (29’ 42”). En vain. Yvon Scremin revient sur la genèse de l’épreuve et ne cache pas son inspiration : « Je ne suis pas coureur à pied à l’origine. Je pratique le ski alpinisme. En 2009, j’avais découvert l’épreuve de Fully, qui est la référence. J’avais trouvé ça fabuleux. En rentrant à la maison, avec quelques copains, nous avons cherché un itinéraire sur le Grand Serre. Nous sommes partis d’une feuille blanche, il a fallu créer un chemin dans la forêt. » Le tracé est devenu permanent aujourd’hui : « Les collectivités locales ont adhéré au concept et ont financé un balisage. Nous avons des panneaux au départ et à l’arrivée, mais aussi tous les 100 mètres de dénivelé. On a pu constater que ces indications incitaient les gens à venir en dehors de la course pour découvrir le coin. » Ou quand le kilomètre vertical devient un axe de développement de l’économie locale.
GAËTAN HAUGEARD
L'ennemi intime
Les raisons d'un succès En Isère, les montées sèches ont largement dépassé le cadre de la compétition officielle. Cette année encore, le Grésivaudan Xpress, qui s'étend du 7 septembre au 26 octobre, devrait rassembler plusieurs centaines de passionnés de l’ascension : « Ce sont des rassemblements “off”. Le départ est donné en fin de journée, cela permet aux gens de venir après leur boulot », souffle Yvon Scremin, l’un des instigateurs de ce projet où, chaque mercredi, la sueur laisse sa place au houblon pour savourer l’effort de l’ascension. Pour établir le classement, très officieux, de chaque étape, le coureur doit inscrire son temps sur le site Internet de l’organisateur. Alors que l’ultra-distance est en vogue dans les
b Gaëtan HauGeard
Situé à deux pas de la Suisse, le val mortuacien offre un immense terrain de jeu à sautefrontières. En été comme en hiver ................ 86
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ENTRETIEN SYLVAIN GUILLAUME/ ÉTIENNE GOUY 74 SITE NORDIQUE LE VAL DE MORTEAU
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8 ZOOM 12 PLANÈTE NORDIQUE 69 RECTO-VERSO Coline Mattel 32 RÉCIT Immersion au sein des forces spéciales 42 REPORTAGE Martin Fourcade agace-t-il les Norvégiens ? 80 HORS-SACS Ma vie d'étudiant sportif 96 TRAIL KV, l'ennemi intime 100 SKI-ROUES Le rollerski s'organise
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SOMMAIRE
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CHRONIQUES ROBIN DUVILLARD 20 MARIE DORIN-HABERT 78 EMMANUEL JONNIER 106
CROISIÈRE EN NORVÈGE A bord de L’Express Côtier Départs tous les jours de mai à août
6 jours / 5 nuits A partir de
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Imaginez… Vous êtes sur le pont d’un navire Hurtigruten, le long de la côte norvégienne. Le soleil de minuit illumine les montagnes qui entourent le fjord. C’est l’heure de débarquer pour profiter de l’une des 34 escales de ce parcours mythique. Autour de vous, des groupes de passagers se préparent pour une randonnée ou un safari aux aigles, pendant que vous rejoignez le guide pour votre excursion dans un petit village de pêcheurs des îles Lofoten. Peu importe l’activité que vous choisirez, vous profiterez pleinement de la beauté à couper le souffle de cette nature sauvage car il n’y a pas de meilleur moyen que Hurtigruten pour découvrir la Norvège.
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© Ørjan Bertelsen - IM075100037
CET ÉTÉ, NE VISITEZ PAS LA NORVÈGE, EXPLOREZ-LA !
BAPTISTE GROS DANS L'HISTOIRE Baptiste Gros est entré dans la grande histoire du ski français en devenant le premier fondeur à remporter un sprint en coupe du monde. Par pur hasard, il décrochait par la même occasion le 100e podium de l'hiver pour le ski tricolore ! Petit flash-back : nous sommes au Canada, début mars, pour la première édition d'un Ski Tour délocalisé outreAtlantique. Deux Bleus — il y a aussi Richard Jouve — sont en finale du sprint libre de Québec, disputé dans une ambiance très nordique. L'enfant du pays, Alex Harvey, et le redoutable Petter Northug font partie des six finalistes. Mais l'Annécien aux épaules de bûcheron ne se démonte pas sous la pression. À l’issue d'une course empreinte de maîtrise et de tactique, il l'emporte sur le Canadien et le Russe Sergey Ustiugov. L'histoire est belle et couronne le meilleur sprinteur français de l'hiver, 4e du classement général de la spécialité. La logique est donc respectée. Le solide gaillard garde les pieds sur terre : « Nous avions défini, avec l'équipe, trois principaux objectifs : une victoire en coupe du monde, un top 5 au classement général et une finale en style classique. Les trois ont été réalisés. » Maintenant, le dragon d'Annecy doit aussi assumer son nouveau statut dans la hiérarchie mondiale. Et dans son sillage, les Richard Jouve, Lucas Chanavat et autres Renaud Jay progressent à vitesse grand V. « Il y a beaucoup d’effet de groupe. Nous sommes aussi portés par un entraîneur motivé qui croit en nous. Les résultats d'ensemble s'en ressentent », poursuit le fondeur haut-savoyard. Sacré ensuite champion de France à Villard-de-Lans, Gros a déjà les championnats du monde de Lahti 2017 en tête. Photo : André-Olivier Lyra
Au bout des skis de Baptiste Gros, sa première victoire sur le circuit de la coupe du monde et le 100e podium de l'Êquipe de France de l'hiver.
CASTING DE RÊVE Le team Valoche a remis ça. La joyeuse équipe nordique, réunie autour de Kévin Charbonnier, Baptiste Jouty ou encore Alexis Bœuf, avait créé le buzz l'an dernier avec une vidéo empruntant quelques codes cinématographiques à la référence en la matière, Candide Thovex. One of Those Nordic Days, vue près de 225 000 fois sur YouTube, a désormais une suite avec Crystal Mission, un court-métrage de 7 mn paru le 14 juin dernier. Il s'agit d'une date hommage, un an après la tragique disparition du fondeur vosgien, Romain Claudon, dans un accident de VTT. Le jeune homme était un des piliers de cette équipe de copains. Pour ce second opus, les Valoche ont réuni un casting de rêve avec les fondeurs Maurice Manificat, Clément Parisse, Robin Duvillard, Lucas Chanavat et Alexandre Pouyé, la biathlète Justine Braisaz, les freestyleurs Ben Valentin, Thomas Krief et Pierre Guyot, Julien Lizeroux et, en guest-star, Martin Fourcade... Du lourd ! Pour le scénario aussi, les nordiques ont planché dur. Le numéro un mondial du biathlon confie son globe de cristal à un transporteur afin de le mettre en sécurité. Mais Al Batone, incarné par le “cascadeur nordique” de l'équipe, Baptiste Jouty, s'en empare et prend la fuite en ski de fond. Le décor est planté : la course-poursuite peut démarrer entre le bandit et le policier en chef, l'Agent Gued, incarné par Pierre Guédon. Cette vidéo a été tournée en grande partie aux Saisies, sur les terres de Justine Braisaz. Elle est à dévouvrir sur la page Facebook du team Valoche : www.facebook.com/teamvaloche Photo : Louis Garnier Photography/Team Valoche
Baptiste Jouty et Pierre Guédon ont joué les accrobates pour ce second volet de One of Those Nordic Days qui a réuni une grande partie de l'équipe de France.
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my VIANNEY THIBAUT/AGENCE ZOOM b STANKO GRUDEN/AGENCE ZOOM
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’IBU Cup de Martell, où elle a remporté le sprint, aura été la dernière course internationale en biathlon de Marine Bolliet. La Savoyarde a décidé de mettre un terme à sa carrière de sportive de haut niveau. « Toutes ces années ont été un vrai régal et j’ai bien l’intention de continuer de cette manière », a indiqué la jeune femme qui entend ne pas s'éloigner de l'univers des sports blancs. Elle n'a pas été la seule athlète à tirer sa révérence à la fin de l'hiver. À 26 ans, le Chamoniard Geoffrey Lafarge a mis le clignotant. Le vice-
sport de haut niveau est merveilleux, mais continuer pour continuer, sans réussir à atteindre le top mondial, n’a pas de sens à mes yeux », a-t-il expliqué. Appartenant à la même génération, Samuel Guy raccroche également ses skis. Le Meuthiard se retire frustré : « L’opportunité est maintenant donnée à la génération suivante. J’ai consacré ma vie à cette discipline et on m’a fait comprendre que je n'étais plus dans le coup. » Clap de fin et état d'esprit similaire pour la Bois d'Amonière MarieCaroline Godin : la championne
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RETRAITE MUHLETHALCLAP DE FIN POUR DE JEUNES ATHLÈTES champion de France de combiné nordique à Méribel, fin mars, a été vainqueur à cinq reprises en coupe continentale, mais ce solide fondeur n’a jamais réussi à s’imposer durablement dans le top 30 de la coupe du monde. « Vivre dans le monde du
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L’Autrichien Stefan Harnacher, 46 ans, va désormais s’occuper de l'équipe élite de Pologne ; il succède à Lukasz Kruczek qui a rejoint les sauteurs italiens. Avec Heinz Kuttin (Autriche), Alexander Stoeckl (Norvège), Werner Schuster (Allemagne), Richard Schallert (République Tchèque) et Andreas Mitter (Finlande), il sera le sixième représentant autrichien à officier comme entraîneur en coupe du monde. En France, c'est aussi un Autrichien, Robert Treitinger, qui seconde le Vosgien Gérard Colin.
L'hiver prochain, la fondeuse allemande et médaillée de bronze olympique Denise Herrmann disputera la coupe du monde de biathlon, en vue des Jeux de Pyeongchang en 2018. « C’est quelque chose qui me trottait dans la tête depuis un moment », a-t-elle indiqué. Et d’ajouter : « C’est un grand défi, mais je suis confiante. » En France, la dernière à avoir suivi ce chemin est la Jurassienne Célia Aymonier. Clément Arnault avait, lui, fait le chemin inverse : « Je suis tellement épanoui depuis que j’ai intégré le groupe sprint que j’ai décidé de vendre ma carabine. »
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Grâce à Toni Livers, champion suisse du 50 km, la première équipe professionnelle de France a remporté le classement général de la FIS Worldloppet Cup. Elle réussit même à placer deux autres hommes sur le podium, Bastien Poirrier [lire pages 62 à 64] et Candide Pralong. Le team Gel Intérim-Rossignol a enlevé le Marathon Ski Tour et a aussi battu le record de la ski-24 aux Mosses : 572 kilomètres en 24 heures.
DENISE HERRMANN, DU FOND AU BIATHLON
L'Autrichien Robert Treitinger travaille pour la France.
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Bel hiver pour Gel Intérim-Rossignol
L'AUTRICHE ENTRAÎNE L'EUROPE DU SAUT
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de France de sprint ne se voit pas d’avenir dans le ski de fond féminin français qui, dit-elle, ne la fait plus rêver. « Il est quasi impossible pour les skieuses de ma génération d’avoir encore l’espoir de percer au plus haut niveau », dénonce-t-elle, à 23 ans.
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De haut en bas : Marine Bolliet, Geoffrey Lafarge et Mathias Wibault.
Manon Locatelli, la skieuse de Méaudre va, elle, se consacrer à ses études, mais ne fait pas une croix sur quelques courses populaires. Le Chamoniard Mathias Wibault a, lui, disputé sa dernière course internationale en Russie. « Avec 40 épreuves de coupe du monde disputées au cours de ma carrière, j’ai réussi à atteindre les objectifs que je m’étais fixés, à réaliser tous mes rêves d’enfants », s'est félicité le HautSavoyard qui, en 2014, a remporté La Transjurassienne. On ne reverra pas non plus la biathlète Margaux Achard et tant d'autres sportifs. À l'étranger, la liste est tout aussi longue : citons, en fond, Eldar Roenning, en combiné, le Norvégien Ole Martin Storlien et l'Autrichien Alexander Brandner ; en saut, le Suisse Marco Grigoli qui ne s'est jamais totalement remis de sa chute à Engelberg en décembre 2014 et l'Allemand Michael Neumayer ; en biathlon, le Norvégien Alexander Os, le double médaillé olympique russe Ivan Tcherezov et l’Allemand Andi Birnbacher.
En 2014, Denise Herrmann a fini à la 2e place du classement de la coupe du monde de sprint.
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Franck Badioux, nouvel entraîneur de tir de l'équipe de France de biathlon, lors du stage en Haute-Loire.
Les nordiques font des bébés...
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JEAN-YVES BEGON
La fondeuse de l’équipe de France Coraline Thomas-Hugue attend un enfant pour le mois d’octobre. Elle a annoncé cette bonne nouvelle sur son site internet. Elle espère un retour à la compétition pour les championnats du monde de ski nordique à Lahti, en Finlande, l’hiver prochain.
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Équipe de France : une saison préolympique dans la continuité
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n avril, la Fédération française de ski a officialisé la composition des équipes de France. En biathlon, la principale nouveauté concerne le nouvel entraîneur de tir. Franck Badiou remplace Siegfried Mazet [lire notre article pages 66 à 68]. Le Vosgien Fabien Claude rejoint les Martin Fourcade, Quentin Fillon-Maillet and Co. Chez les dames, les deux sœurs Anaïs et Chloé Chevalier se retrouvent aussi en équipe A. Pas de grand changement chez les fondeurs, qui se préparent également pour une saison préolympique cet hiver, sous la houlette de François Faivre. Chez les dames, on retrouve la même ossature avec Alexandre Rousselet aux manettes et le tandem Anouk Faivre-Picon - Coraline Hugue sur la coupe du monde. Petite
curiosité : les deux athlètes sont labellisées « équipe de France B ». Ce n’est pas franchement une surprise. En combiné, ils ne sont que deux athlètes à composer l’équipe A : François Braud et Maxime Laheurte. Derrière eux, six athlètes composent le groupe B ; ils sont susceptibles d’intégrer le circuit de la coupe du monde. À noter le retour de Théo Hannon, après une année blanche causée par une blessure. En saut, Vincent Descombes-Sevoie et Julia Clair forment l'équipe A. Ronan LamyChappuis et Paul Brasme évolueront en groupe B. Noëlig Revilliod Blanchard et Thomas Roch Dupland deviennent coéquipiers d’entraînement. Chez les dames, Damien Maitre succède à Frédéric Zoz au poste de chef d’équipe.
SUISSE : PHILIPP FURRER SUCCÈDE À RAFAEL RATTI...
... ET RONNY HORNSCHUH À PIPO SCHÖDLER
Swiss-Ski a recruté Philipp Furrer pour entraîner les sprinteurs et les dames du groupe coupe du monde. Originaire d’Andermatt, ce dernier arrive de Norvège, où il a officié comme professeur de sport. Il était dernièrement entraîneur des fondeurs britanniques.
Ronny Hornschuh reprend le poste d’entraîneur de l'équipe suisse de saut à ski laissé vacant par Pipo Schödler. La saison dernière, l’Allemand de 41 ans officiait déjà dans le groupe coupe du monde. Auparavant, il entraînait l’équipe de coupe continentale allemande.
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SWISS-SKI/CHRISTIAN STAHL
Samedi 14 mai, l'entraîneur des combinés français, Jérôme Laheurte, a dit oui à Alison, ostéopathe. C'est le maire de Gérardmer qui les a mariés.
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BAPTISTE LANIESSE
...ou se marient
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Le fondeur du Grand-Bornand, Ivan Perrillat-Boiteux, tient dans ses bras la petite Léna, née le 27 avril.
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Le 1er février, l'ex-biathlète Sandrine Bailly a donné naissance à Morgane, petite sœur de Lily. Benoît Chauvet est, lui aussi, papa pour la deuxième fois. Après Éléa, née il y a quatorze mois, la famille s'est agrandie fin mars avec l'arrivée de Lucas.
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L’histoire continue
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Alexander Legkov, directement mis en cause, avait remporté le 50 km aux Jeux olympiques de Sochi, en 2014.
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TJS : record pour Didier Roy
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Le 14 mars dernier, Didier Roy a bouclé en solitaire les 165 km de la Traversée du Jura suisse (TJS) en 10 h 50, établissant ainsi une première référence qu'il conviendra maintenant d'améliorer. « Je suis aussi passé par des décors très différents, des belles étoiles du petit matin, aux 17 °C qui ramollissaient vraiment la neige à la fin, en passant par les - 8 °C dans le brouillard de La Brévine », at-il confié à Nordic Magazine.
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Fillon-Maillet et Bescond dans l'histoire
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Ils resteront comme les premiers Jurassiens à avoir décroché un titre mondial dans un sport nordique. Anaïs Bescond (Morbier) et Quentin Fillon-Maillet (Saint-Laurent-en-Grandvaux) sont devenus champions du monde de relais mixte à Oslo cet hiver en Norvège, aux côtés de Marie Dorin-Habert et Martin Fourcade.
311 km à ski-roues : l'exploit de Bohard Le Jurassien Alain Bohard a relié les deux extrémités sud et nord du massif jurassien, Culoz dans l'Ain et Bassecourt dans le Doubs, soit 311 km en ski-roues ! Il a bouclé cette longue virée de 4 200 m de dénivelé en compagnie de son frère Patrick Bohard et de deux amis en 22 h 50. Le tout dans des conditions pas franchement optimales.
Les fondeurs russes éclaboussés par des soupçons de dopage
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'ancien patron du laboratoire de Moscou, Grigory Rodchenkov, a affirmé au New York Times que des athlètes russes ont bénéficié durant les JO d'hiver de Sochi, en 2014, d'un système de dopage entièrement supervisé par Moscou. Une quinzaine de membres de l'équipe de ski de fond, dont Alexander Legkov, auraient profité de ce système. Selon Rodchenkov, qui a fui aux États-Unis, les athlètes auraient bu un cocktail associant trois stéroïdes anabolisants (méténolone, trenbolone et oxandrolone) qu'il mélangeait à de l'alcool ( Jack Daniel's pour les hommes, Martini pour les femmes) pour accélérer l’absorption). Les services secrets russes seraient ensuite intervenus pour changer les urines prélevées et les remplacer durant la nuit par des échantillons « propres », constitués plusieurs mois en amont. Pour étayer ses propos, M. Rodchenkov a fourni au New York Times des échanges de courriers électroniques, un tableau contenant une liste de noms d'athlètes impliqués dans le programme, qu'il dit avoir reçu du ministère russe des Sports avant les JO. Il a encore fourni une photo montrant une petite trappe, dans le laboratoire antidopage de Sochi. Le Comité international olympique (CIO) a naturellement réagi à ces révélations. Il a fait part de « son inquiétude » et a demandé à l'Agence mondiale antidopage (AMA) de « conduire immédiatement une enquête ». Le directeur médical du CIO, le Dr Richard
Budgett, a déclaré que l'organisme n'hésiterait pas à effectuer de nouveaux tests sur les échantillons collectés. Devant les caméras de son pays, Alexander Legkov a défendu ses « médailles acquises honnêtement ». Il s'en est ensuite pris à Rodchenkov, qui a démissionné en tant que directeur du laboratoire l'année dernière à la suite d'autres allégations selon lesquelles il a couvert le dopage en athlétisme. « Je ne comprends pas pourquoi une personne comme lui devrait être crue », a-t-il déclaré. « Tout ça est infondé. Je trouve ça drôle et triste, s'est énervée la présidente de la Fédération russe de ski de fond, Elena Vialbié, auprès de l'agence TASS. Défendre Legkov ? Et pourquoi devrais-je le défendre, s'il ne s'est jamais dopé, ni avant les JO, ni pendant, ni après ? » Le Français Robin Duvillard avait terminé 6e du 50 km des JO de Sochi remporté par Legkov. « Quelques jours après les Jeux, il y a eu des révélations sur l’usage par les Russes du gaz xénon pour optimiser leurs performances. Et là, il y a ce témoignage qui relance le débat. Dans tous les cas, [...] même si je récupérais une médaille de bronze ou que l’on nous remette l’argent au lieu du bronze en relais, le mal est fait. [...] En regardant la course du 50 km à la télé, je terminerai toujours 6e », a-t-il confié au Dauphiné Libéré. Aux Jeux de Sochi, la Russie a terminé première au tableau de médailles. Elle en avait remporté 33, dont 13 d'or.
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Ces jeunes du lycée professionnel de Pontarlier ont parcouru 130 km dans les paysages uniques de la Norvège.
L'INSTANTANÉ
T b FLORIAN PANIER
PISTE ROUGE
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Le relais mixte français a remporté, sept ans après la bande à Vincent Defrasne couronnée en 2009, l'or mondial à Oslo. Martin Fourcade, Marie Dorin-Habert, Anaïs Bescond et Quentin FillonMaillet [lire page 16] avaient d'ailleurs parfaitement lancé la quinzaine historique de l'équipe de France, rentrée de Norvège avec 11 médailles, dont 6 en or.
CHRISTOPHE PALLOT/AGENCE ZOOM
Arnaud Guyon en partance
Sous la houlette de leur professeur Florian Panier, douze jeunes de la section sportive du LP Toussaint-Louverture de Pontarlier ont réalisé, courant avril, un périple de backcountry de sept jours. Notre chroniqueur, Emmanuel Jonnier, les a accompagnés lors de ce séjour itinérant dans le Skarvheimen [le récit sur www.nordicmag.info]. L'aventure a été unique. Il a parfois fallu modifier l'itinéraire et suivre un sentier balisé avec des branches de noisetier, affronter chaleur et humidité ambiantes, suivre les accélérations sportives d'Emmanuel Jonnier, déflorer de magnifiques champs de neige, goûter aux arrivées dans les refuges où il ne reste que peu de lits disponibles, et surtout profiter de paysages grandioses et sauvages. Les 130 km parcourus resteront dans les mémoires.
PAS DE RETRAITE POUR BJOERNDALEN
LA BELGIQUE POUR LE BIATHLÈTE FLORENT CLAUDE
« Je me sens aussi motivé qu'à l'âge de 20 ans ». À 42 ans, Ole Einar Bjoerndalen n'a pas l'intention d'arrêter le biathlon. Vingt fois champion du monde, huit fois champion olympique, l'auteur de Mondiaux à Oslo tout simplement exceptionnels a annoncé début avril vouloir continuer jusqu’aux Jeux olympiques de Pyeongchang, en 2018. Comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, le Norvégien a révélé attendre un très heureux événement pour le mois d’octobre, avec sa compagne, Darya Domracheva, numéro un mondiale de biathlon en 2015. « Nous sommes très heureux. Ce sera une nouvelle expérience dans notre vie », a-t-il déclaré devant les journalistes.
Déçu de sa non-sélection, à seulement 24 ans, le vice-champion du monde de sprint junior 2012, a finalement saisi une opportunité étonnante : courir sous les couleurs de la Belgique. Pour ce faire, le Vosgien aura la double nationalité franco-belge et restera licencié à Basse-sur-le-Rupt. « Peut-être que certains auront du mal à comprendre ma décision, mais les projets sportif et professionnel qu’on m’a présentés étaient intéressants », déclaret-il à nos confrères de Vosges Matin. Ce changement d’importance dans la carrière du jeune biathlète pourrait lui ouvrir les portes de la coupe du monde, voire des Jeux olympiques de 2018.
b STANKO GRUDEN/AGENCE ZOOM
Arnaud Guyon a quitté le team Gel Intérim-Rossignol pour intégrer une université américaine. Le fondeur va étudier au Nouveau Mexique, à Albuquerque. Ce projet devrait lui permettre de « concilier davantage le ski, les études et un brin d'aventure en voyageant. »
b VIANNEY THIBAUT/AGENCE ZOOM
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PLANÈTE NORDIQUE
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VIANNEY THIBAUT/AGENCE ZOOM
L'or mondial, sept ans après
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près deux-trois semaines de break, les nordiques ont repris, début mai, l'entraînement en vue du prochain hiver. Voici une petite présentation décalée des quatre activités majeures qui vont occuper 80 à 90 % de notre temps pendant les sept prochains mois :
LE SKI-ROUES C'est le morceau incontournable de notre préparation ! Avantages : } On peut faire du ski de fond toute l'année ! } Pas besoin de “pâte à merde” sous les skis en classique, l'anti-recul est là ! Inconvénients : } Pas de freins sur les ski-roues. Autant être franc, parfois, le chasse-
} Vu le profil des coureurs à pied, il semblerait que ce sport affûte. Plutôt idéal pour nous permettre de rester svelte, tout en se gavant aux repas. } Tout le monde sait courir, très facile donc de trouver un partenaire d'entraînement . Bon, sauf s'il va à bloc par peur de vous gâcher votre séance ! Inconvénients : } Pas de récup' en descente. Le jour où vous êtes mal, vous le serez, hélas, tout le long du footing ! } Tout transpirant par 30 °C l'été et à la vitesse folle de 5 km/h dans les bosses, les mouches vous adorent et n'ont aucune difficulté à rester près de vous pendant 2 heures.
LE VÉLO Plutôt utilisé au printemps, ou en récup' plus tard, c'est le complément que chacun ajoute ou non. Sauf si vous êtes biathlète. Là, ma foi, il fallait choi-
R La course à l'armement ? R La sensibilité accrue du postérieur ? R L'hypoglycémie récurrente ? R Votre pote qui ne pourra pas s'empêcher d'essayer de vous faire sauter ? Choix multiple.
LA MUSCULATION Ça, c'est la partie ''pas outdoor'' de notre sport, néanmoins indispensable pour pousser fort. Et ça, les sprinteurs (les Poneys) l'ont bien compris puisqu'ils ont quitté l'écurie pour installer leurs box directement dans la salle de musculation. Avantages : } Peut ''éventuellement'' vous aider à sculpter votre corps comme Lucas Chanavat (à condition d'y passer plus de temps que dans votre lit et de ne boire aucune goutte d'alcool ; donc, a priori, ça ne vaut pas le coup !).
Les 4 piliers de l'été
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La part obscure de notre sport, celle qui nous met la caisse, mais qui nous blesse aussi parfois. C'est là qu'échoue une grande partie des nordiques désabusés après leur carrière, dans cet univers douteux appelé “trail”. Avantages :
Robin Duvillard est membre de l’équipe de France de ski de fond et médaillé olympique à Sochi en 2014.
} Activité d'autant plus intéressante si vous êtes Jurassien ou Vosgien, puisqu'elle vous évite 2 à 3 fois par semaine de vous prendre une bonne pluie à 6 °C. Inconvénients : } À l'inverse, si vous habitez dans le Sud ou dans le Vercors par exemple, c'est un moment où vous vous enfermez dans une salle alors que vous pourriez être dehors au soleil. } Seule partie de votre entraînement où vous pouvez vous faire humilier à tout moment sur un exercice par quelqu'un que vous n'imaginiez même pas capable de concevoir l'idée même de “sport”. Alors, tentés par l'entraînement nordique ?
SINDY THOMAS
LA COURSE À PIED
sir mieux vos coachs et vous n'avez pas d'autre choix que d'adhérer à la religion vélo si vous voulez être pris dans un groupe fédéral. Avantages : } Sport porté, évidemment plus facile pour la reprise en mai quand on est un peu gros. } Présence de freins. Avantage indéniable sur le ski-roues ! Inconvénients : R La marque de bronzage horrible ?
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ROBIN DUVILLARD
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neige ne suffit pas à s'arrêter, ce qui engendre de l'imprévu sur la route. Le talus reste donc LA solution la plus fiable en dernier recours. } Autant s'habituer au klaxon puisque, visiblement, nous ne faisons pas l'unanimité sur la route. Pourtant, sans prétention, je me trouve bien plus agréable sur la route qu'un cheval, qu'un peloton de cyclistes, qu'un tracteur, qu'un camping-car, ou qu'une estafette roulant à 12 km/h et annonçant le cirque Pinder au hautparleur à l'heure de la sieste.
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CrĂŠdits photos : GTJ/ Laurent Cheviet
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CONNEXION
DOSSIER
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Ce n'est pas encore l'audience des stars du ballon rond, mais fondeurs, biathlètes et sauteurs font entendre leur musique sur Facebook, Twitter ou encore Instagram. Mais qu'ont à dire les athlètes sur les réseaux sociaux ?
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Comme en biathlon, il y a lui... et les autres dans l'univers Internet. Chez les athlètes français des sports blancs, Martin Fourcade, superstar dans sa discipline, est clairement au-dessus de la mêlée en ce qui concerne les réseaux sociaux. Avec 335 000 fans sur Facebook et 84 000 followers sur Twitter, le quintuple vainqueur de la coupe du monde domine outrageusement ses compatriotes sur la toile. Depuis ses deux titres olympiques à Sochi en 2014, il est entré dans une autre sphère : par exemple, il devance le perchiste Renaud Lavillenie et fait presque jeu égal avec Therese Johaug, la vedette norvégienne du ski de fond féminin. Certes, ce n'est pas grand-chose face au footballeur portugais Cristiano Ronaldo, référence absolue de Facebook avec ses 110 millions de fans (lire par ailleurs), mais cet engouement numérique autour de Martin Fourcade traduit une notoriété qui s'est envolée ces deux dernières années. « Deux éléments sont essentiels pour la visibilité d'un athlète : la performance individuelle, qui permet de développer une communauté autour de soi, et l'activité sur les réseaux », résume Cédrick Audel, ancien sportif de haut niveau (athlétisme) reconverti dans le management sportif numérique et fondateur de Unikeo. Le Catalan assure une présence très régulière
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MARIE-LAURE BRUNET PRÉCURSEUR SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX Précurseur de l'utilisation des réseaux sociaux, la biathlète Marie-Laure Brunet s'est associé les services d'un professionnel des médias, Yves Perret, pour en maîtriser les mécanismes. Mais la démarche a aussi été personnelle : « J'ai rapidement dissocié ma vie publique de sportive de haut niveau de ma vie personnelle en créant une page athlète et un compte seulement réservé à mes proches. Il a fallu que j'apprenne à parler de moi, à faire part de mes ressentis dans les bons comme dans les mauvais moments, à me réapproprier des émotions. J'ai vécu cette expérience comme une introspection, un état des lieux de qui j'étais. C'était très intéressant. » Aujourd'hui encore, la Pyrénéenne double médaillée olympique poste régulièrement des nouvelles : « Ça me fait sourire, mais j'ai régulièrement de nouvelles mentions J'aime sur ma page, notamment depuis les mondiaux d'Oslo. Je crois que les gens sont curieux de savoir ce que je deviens. » Elle reste active sur Facebook et Instagram, un peu moins sur Twitter. « L'utilisation des réseaux est parfois piégeuse. Finalement, plus l'athlète va poster régulièrement et qualitativement, mieux sa communication sera maîtrisée. L'information diffusée sera fidèle à son image, chaque athlète ayant sa personnalité. » Un gros plus pour l'après-sport... 23
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b FACEBOOK TEAM VALOCHE • INSTAGRAM MARTIN FOURCADE/JOHANNES THINGNES BOE/THERESE JOHAUG/MAGDALENA NEUER/ANTON SHIPULIN/JARL MAGNUS RIIBER • TWITTER TEAM GRENOBLE ISERE/MAURICE MANIFICAT/
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••• sur le Web, en français et en anglais. Il entend « créer un échange quotidien » avec ses très nombreux fans étrangers. « C'est quelque chose qu'on fait si l'on en a envie, si l'on veut de bonnes relations avec son public, valoriser ses partenariats. Pour moi, c'est le cas aujourd'hui. Ce n'est pas une contrainte. J'apprécie de le faire. Cette communication sans filtre me plaît. Avec les réseaux, on est en lien direct, et c'est vraiment enrichissant », confie le numéro un mondial. Les annonces de fin de carrière sportive se font désormais via le réseau créé par Mark Zuckerberg. Geoffrey Lafarge, Marie-Caroline Godin, Samuel Guy ou encore Marine Bolliet ont fait connaître leur décision sur leur page Facebook qui a, en quelques années seulement, totalement remplacé le site internet traditionnel ou même l'habituelle interview au journal papier. C
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L'ATHLÈTE DEVIENT SON PROPRE MEDIA Encore faut-il apporter un contenu qui suscite l'intérêt. Si les sportifs nordiques font presque le tour de la planète entre novembre et mars, ils ne peuvent pas se contenter de poster quelques photos de leur périple. Ils doivent donner de leur personne. Robin Duvillard a ainsi lancé son Rendez-vous du lundi sur sa page Facebook. Chaque semaine, le fondeur de Villard-de-Lans publie une chronique qu'il rédige parfois avec son téléphone dans les halls d'aéroports. Résultat, les interactions avec ses lecteurs se multiplient. « Au départ, souligne le médaillé olympique et mondial, j'avais envie de faire quelque chose qui me ressemble, de me distinguer de ce qu'on voyait sur les réseaux. La contrainte d'une rubrique hebdomadaire a permis de fidéliser les gens. Je veille à me renouveler, à traiter l'actualité d'un ton léger. Si ça me fait rire, je valide. Mais on se rend compte que les gens n'aiment pas tous le même numéro. » Pour occuper le terrain médiatique, il faut en fait suivre quelques conseils basiques, listés par le site webmarketingconseil.fr : « Définissez une ligne éditoriale, postez le plus régulièrement possible du contenu de qualité, interagissez avec les fans, créez un profil personnel agrémenté d'une page “activité”... ». Dans des sports peu médiatisés comme le nor
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15 km - 35/40 km - 86 km 50 km - 63 km
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••• sur la coupe du monde, qu'ils terminent respectivement aux 74e et 39e places. Tous deux, avec Luca Egloff et Pascal Kälin, les deux autres athlètes du groupe cadre A, seront en première ligne quand le géant Ammann aura décidé de mettre un terme à sa prodigieuse carrière. Et leur tâche ne sera pas simple pour succéder à un tel athlète. Ronny Hornschuh, qui vient de reprendre le poste d’entraîneur national laissé vacant par Pipo Schödler, connaît sa feuille de route. Mais la génération suivante peaufine déjà ses armes pour éclore dans quelques années au plus haut niveau. Dominik Peter pourrait bien en faire partie. Né en 2001 et sociétaire du SC Bachtel Wald, le jeune homme suscite déjà l'intérêt des observateurs du nordique suisse.
COMBINÉ : UN CREUX DE LA VAGUE ANNONCÉ
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BIATHLON : LENA HÄCKI ET LES SŒURS GASPARIN
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21 ans, Lena Häcki incarne la relève du biathlon féminin. La native d'Engelberg est en progrès constants, dans le sillage de la leader de l'équipe, Selina Gasparin, double vainqueur en coupe du monde et vice-championne olympique de l'individuel à Sochi en 2014. Venue tardivement au biathlon mais pétrie de talent, Lena Häcki a très vite performé au niveau international, gagnant une médaille de bronze aux mondiaux juniors sur le relais, puis deux autres aux mondiaux de 2016. Douzième en coupe du monde à Antholz cet hiver, la jeune femme inspire les éloges de son entraîneur : « C'est un diamant à l'état brut, dit Markus Segessenmann. Physiquement, elle a un énorme potentiel et, mentalement, une passion pour la compétition à haut niveau. » Des progrès au pas de tir devraient lui ouvrir le chemin du succès : « Je dois travailler et m'améliorer encore face aux cibles », reconnaît celle qui vise une participation aux prochains Jeux olympiques en Corée. Mordue de lecture et fan de Roger Federer, la sportive du canton d'Obwald n'a qu'un mot d'ordre : « N'abandonne jamais ». « Elle est fraîche et jeune dans sa tête, mais également très rapide sur la piste », salue le fondeur Toni Livers. Avec Häcki et les sœurs Selina, Elisa et Aita Gasparin, la Suisse tient peutêtre son quatuor pour se faire une place aux côtés des grandes nations du biathlon féminin que sont l'Allemagne, la France, la République Tchèque ou la Norvège. C'est plus compliqué chez les hommes avec une saison délicate pour le leader Benjamin Weger et l'ensemble du collectif masculin. Tant et si bien que Weger et Serafin Wiessner ne figurent pas dans la sélection élite de Swiss-Ski, mais dans le cadre A. Toutefois, le cadre C juniors et le groupe candidats sont denses et offriront un vivier suffisant pour les années prochaines. D'autant qu'en parallèle, la mise en place du Leonteq Biathlon Junior Team permet à des jeunes de rejoindre les rangs de l'équipe nationale par un chemin de traverse.
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b ANDREAS MÜNGER
ANALYSE
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'est la discipline qui pourrait bien connaître quelques années difficiles, un véritable creux de la vague avant le retour de jours meilleurs... s'il y en a. L'absence d'un vivier suffisant, d'une équipe complète et d'une émulation au plus haut niveau sont autant d'éléments à prendre en compte pour faire une photographie objective du combiné helvète. « Il faut 10 ans pour former un combiné », situe Étienne Gouy, ancien entraîneur de l'équipe de France [lire notre entretien croisé pages 74 à 77], comme pour annoncer des heures difficiles, faute de relève prête à prendre la suite. Les Suisses le savent bien, mais n'ont pas d'autre choix, aujourd'hui, que d'aligner un seul athlète sur le circuit international : Tim Hug, vainqueur de la coupe du monde de Chaikovskiy en 2014, qui aura 30 ans l'hiver prochain. Dans l'ombre du sportif de Soleure, aucune sélection n'est ouverte sur les habituels cadres A, B ou C de la fédération suisse. Toutefois, la jeunesse pointe le bout des skis de saut. À seulement 15 ans, Pascal Mueller fait partie d'une relève qu'on espère brillante du côté de Swiss-Ski. Le sociétaire du SC Einsiedeln vient d'ailleurs régulièrement se frotter avec succès à ses adversaires français et trouve dans cette concurrence un moyen sain de progresser.
Le jeune homme figure également parmi les meilleurs jeunes sauteurs de Suisse. « Le combiné suisse est ravi de voir un jeune homme qui donne tout pour ce sport », éclaire Toni Livers. Mais avant de monter sur la coupe continentale puis du monde, le jeune Mueller devra poursuivre pas à pas sa progression.
LENA HÄCKI
LUCA EGLOFF
PASCAL KÄLIN
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www.skidefond.ch nordic
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www.photographit.ch
Proposition printanière: Fartez fleurs et continuez de rêver...
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REPORTAGE
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Robin Duvillard vient de traverser la lagune et va permettre à ses coéquipiers de le rejoindre.
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IMMERSION chez les forces spéciales Les athlètes de l'équipe de France militaire de ski ont effectué un stage commando dans le régiment des forces spéciales. Nordic Magazine s'est glissé dans les rangs.
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Quelque part dans la région bordelaise, un soir de début juin. Vêtus de tenues de camouflage, le visage grimé de noir et de vert, chaussés de rangers et équipés de lunettes à visée nocturne, de petits groupes progressent en silence dans la pinède. Leur premier objectif se présente à eux : franchir une lagune en toute discrétion. Après avoir sécurisé la zone, Simon Fourcade, Simon Desthieux, Anouk Faivre-Picon et leurs coéquipiers approchent le bateau gonflable. Équipé de pagaies sanglées à sa main, le premier homme traverse doucement l'étendue, afin de permettre au reste du groupe de l'imiter via un système de cordelettes de chaque
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Matinée d'initiation au tir avec un fusil d'assaut HK-416, une mitraillette minimi et, ici, le pistolet automatique pour Marine Bolliet.
Anouk Faivre-Picon et Tessa Worley préparent la mission nocturne. Sérieux et concentration sont palpables.
côté des deux rives. Munie de cartes, la troupe reprend ensuite sa progression pour débusquer la BLM, boîte aux lettres morte, où les attend... un poème de Verlaine à restituer à leurs encadrants du jour. Il est déjà très tard et malgré un beau ciel étoilé, l'exercice n'est guère aisé pour des sportifs plus habitués à l'entraînement diurne qu'aux missions de renseignement nocturnes. Pourtant, les athlètes de l'équipe de France miliaire de ski (EFMS) s'impliquent à 100 %, surprenant même leurs hôtes de la semaine : les forces spéciales, un régiment d'élite de l'armée de terre spécialisé dans le renseignement aéroporté.
UN SAC DE 50 KG Ces parachutistes sont amenés à évoluer sur des théâtres de conflit (ou de paix) dans le monde entier, à s'infiltrer en territoire hostile, à observer, filmer, photographier et restituer les informations. Le scénario du jour plonge les sportifs dans leur quotidien. « C'est très intéressant et enrichissant de découvrir toutes les facettes des métiers de l'armée, se réjouit Simon Fourcade, l'un des vétérans et sans doute aussi l'un des plus investis dans son rôle. On se rend compte de la tâche qu'ils ont à accomplir en mission ». 33
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Comme les autres athlètes, Simon Desthieux découvre avec appréhension le mordant des solides malinois du groupe cynotechnique.
Simon Fourcade termine la traversée de la lagune à la nage. Le biathlète s'est dit très impressionné par ses collègues militaires.
REPORTAGE
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L'objectif du soir est rempli. Avec la manière, donc. « Ils doivent jouer collectif. Chez nous, l'individu n'est rien sans l'équipe, on ne fait rien tout seul. Les tricheurs sont tout de suite repérés et mis sur la touche. On veut leur montrer que c'est ensemble qu'on gagne », souffle un gradé des forces spéciales présent ce soir-là. De retour au camp de toile, à 2 h 30 du matin, les skieurs récitent le poème du soir, avant de rejoindre avec bonheur leur lit de camp pour une courte nuit. C'est que la journée n'avait pas été de tout repos. Le matin, ils avaient eu droit à une initiation au combat en corps à corps ou encore à une démonstration de “mordant” avec les bergers malinois et allemands du groupe cynotechnique du régiment, suscitant, là encore, de nombreux échanges avec leurs collègues militaires. « On n'imagine pas une telle force dans les mâchoires de ces chiens. Même avec la manche de protection, on sent une très forte pression. C'est d'ailleurs épatant de voir à quel point ils
écoutent leurs maîtres, alors qu'ils sont en train d'attaquer et de mordre quelqu'un », s'étonne en chœur l'équipe de Tessa Worley, cobaye du jour vite rattrapée par Maisy.
EXPÉRIENCES Après les commandos de marine de Lorient, les sous-mariniers de Brest, la Légion étrangère de Calvi ou encore les parachutistes de Pau, cette immersion dans une unité d'élite, dont les membres doivent rester anonymes compte tenu des missions secrètes qu'ils réalisent, séduit les sportifs de haut niveau. Tout est mis en œuvre pour une découverte la plus fidèle possible des métiers de ces soldats aguerris et sur-entraînés : de la ration de combat servie au repas avec son veau maringo qui a ravi les papilles des athlètes, jusqu'aux douches sous tente en passant par une pointe de stress durant l'exercice nocturne. « Les gars sont très impressionnants. Porter un sac de 50 kg pendant toute une nuit est juste incroyable, le mettre sur son dos est déjà un combat, salue Robin Duvillard, qui a pu tester l'exercice durant l'après-midi. On a l'impression qu'il ne peut rien leur arriver. » Les plus jeunes aussi sont admiratifs : « Physiquement et
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Même avec 30 kg sur le dos (le petit format des sacs de mission des forces spéciales !), Célia Aymonier progresse avec le sourire.
Mû en véritable GI, Richard Jouve est ravi de sa première expérience avec l'armée. Ici à l'atelier tirs sous l'œil d'Adrien Théaux.
surtout mentalement, ils sont au top », note le fondeur des Hautes-Alpes, Richard Jouve. « Sur la partie mentale, il y a vraiment des choses à prendre chez eux. Ils sont toujours prêts pour donner le meilleur d'eux-mêmes lors d'opérations extérieures, comme nous devons l'être en compétition », appuie Paul Goalabré. D'autres, sur le départ après avoir mis un terme à leur carrière cette fin d'hiver, profitent à fond du moment : « C'est une chance de vivre cette expérience. Ce n'est clairement pas donné à tout le monde », atteste Ivan Perrillat-Boiteux. Comme le Bornandin, Marine Bolliet ou Anémone Marmottan ne manquent pas une miette de l'activité tir du lendemain, avec pistolet automatique, fusil d'assaut HK-416 et mitrailleuse Minimi pour un challenge par équipes. « La cohésion, le partage et l'implication sont des valeurs que nous cherchons à inculquer aux athlètes de ces regroupements organisés traditionnellement tous les deux ans », commente le directeur-adjoint de l'équipe de France militaire de ski, Alexandre Rousselet. Objectif atteint une fois de plus : le chef de l'état-major des armées, qui a rencontré les champions pour un footing matinal sur le Champ-de-Mars, à Paris, peut en attester.
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ILS SONT TOUJOURS PRÊTS À DONNER LE MEILLEUR D'EUX-MÊMES LORS D'OPÉRATIONS EXTÉRIEURES, COMME NOUS DEVONS L'ÊTRE EN COMPÉTITION. 35
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b WILLIAM DUPUY/PRESSE SPORTS
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Dans la lumière tout l'hiver, Martin Fourcade rêve déjà de l'or olympique à Pyeongchang.
Dominateur comme rarement cet hiver, Martin Fourcade est, depuis cinq ans, le meilleur biathlète du monde. Un statut qui ne le gêne pas, ni ne le bride dans ses rêves de victoires.
MARTIN FOURCADE
« Je vis ma notoriété avec beaucoup de recul et de simplicité »
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Martin Fourcade a tout gagné cet hiver : une cinquième victoire, consécutive et historique, au classement de la coupe du monde de biathlon, quatre médailles d'or et une d'argent aux Mondiaux d'Oslo et, médiatiquement, un véritable statut d'ambassadeur de son sport dans l'Hexagone, comme à l'international. Qualifié « d'office du tourisme du biathlon en France » par la présentatrice du Grand journal de Canal +, le meilleur biathlète français de l'histoire, devant son premier modèle Raphaël Poirée, n'est pas encore rassasié. Il regarde déjà du côté de la Corée du sud, terre d'accueil des prochains Jeux olympiques d'hiver, où il rêve d'une nouvelle médaille d'or ; la troisième d'un palmarès déjà long comme le bras.
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NORDIC MAGAZINE France 2, TF1, RTL, France Info, L'Équipe 21 : les médias se sont mis au diapason du biathlon cet hiver... Comment vivez-vous votre nouveau statut d'égérie médiatique du biathlon français ? Martin Fourcade Ce n'est pas nouveau, dans le sens où je suis mis en tête d'affiche du biathlon depuis quelques saisons maintenant, essentiellement par mes résultats. Aussi je le prends avec plaisir, mais je ne me sens pas redevable vis-à-vis de mes coéquipiers. Je le fais aussi pour moi, mes partenaires, ma discipline...
Vous sentez-vous “idolâtré” comme l'a été Raphaël Poirée par les sportifs de votre génération ? Les résultats et la notoriété amènent ça. On est un peu plus regardé dans et en dehors du biathlon. Je vis cela avec beaucoup de recul et de simplicité. Ce statut vous impose-t-il un devoir d'exemplarité ? Non, l'exemplarité, c'est quelque chose qu'on a envie de respecter ou pas. À titre personnel, j'en ai envie, mais rien ne m'y oblige. C'est juste l'image qu'on veut
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b VIANNEY THIBAUT/AGENCE ZOOM
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Martin Fourcade est aujourd'hui le biathlète français le plus titré de l'histoire.
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Non, pas du tout. J'ai finalement l'impression, à part sur la première course à Östersund, d'avoir réalisé des courses de très haut niveau. On dit que je gagne beaucoup, mais c'est parce que j'ai réalisé à chaque fois des prestations à 100 % ou presque de mon potentiel. De cela, je suis très fier. Avant les Mondiaux d'Oslo, votre objectif affiché était de remporter un titre mondial. Vous êtes rentré de Norvège avec quatre médailles d'or et une médaille d'argent. Après coup, que retenez-vous de cette quinzaine magique ? Plein de belles choses et, en premier lieu, la capacité d'avoir répondu présent là où j'étais un des seuls à ne pas m'être préparé spécifiquement pour cet événement, contrairement aux Norvégiens par exemple. En jouant le général, je ne pouvais pas avoir cette démarche, ni faire d'impasse. Et malgré un petit manque de fraîcheur par rapport à la concurrence, j'ai réussi à élever mon niveau pour m'imposer. Une grande satisfaction.
••• laisser de soi auprès du grand public. Cette image, je la veux bonne. Ce n'est pas quelque chose qui découle de la fonction. On demande beaucoup aux sportifs de haut niveau. Certains sont capables de répondre à ces exigences, d'autres non. Les relations avec les partenaires en découlent. Je vois ça comme une démarche personnelle, une façon d'être. Depuis les Mondiaux d'Oslo, vous êtes le biathlète français le plus médaillé de l'histoire, justement devant le plus norvégien des Français, Raphaël Poirée. Une satisfaction particulière pour vous ? Non, mais ça fait plaisir. Il n'y a jamais eu de bagarre à distance avec Raph. Je fais ma carrière, il a terminé la sienne depuis quelques années. Vous êtes aussi à la tête d'une collection de cinq globes de cristal, pour autant de victoires consécutives décrochées au classement général de la coupe du monde. Contre toute attente, vous faites mentir l'adage : « Le plus dur n'est pas de gagner, mais de rester au sommet ». Oui, c'est le plus dur, mais ça ne signifie pas que c'est irréalisable. C'est plus difficile car il y a beaucoup plus de sollicitations, parce qu'il y a une lassitude qui peut s'installer ou un manque de vigilance, alors que les autres, derrière, ont tous envie de prendre ma place. Il faut simplement faire encore plus d'efforts pour être au sommet. Je m'entraîne pour cela et être l'homme à battre ne me gêne pas. Cet hiver, et malgré leurs nombreuses tentatives, vos concurrents Shipulin, Schempp ou encore les Norvégiens ont vite compris qu'ils n'auraient aucune ouverture pour le général. Comment expliquez-vous cette domination tant sportive que mentale sur vos adversaires ? Je ne sais pas. Ma régularité depuis cinq années leur fait comprendre que, lorsqu'ils passent au travers, cela leur sera compliqué de rentrer au général. La victoire est d'autant plus belle quand l'adversité est de très haut niveau. En avez-vous parfois manqué sur le circuit cet hiver ?
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Facile de trouver le sommeil un soir de Marseillaise sur la place d'Oslo ? Oui, car les courses étaient programmées assez tôt dans la journée. On avait le temps de digérer ces émotions, contrairement à des épreuves qui ont lieu en soirée comme à Khanty en Russie où, là, c'est très compliqué de trouver le sommeil. Le petit garçon qui a grandi à Font-Romeu imaginait-il un jour deviser avec le roi de Norvège qui vous a reçu dans sa loge lors des champions du monde ? C'est vraiment une anecdote sympa, mais honnêtement, autant j'ai rêvé tout gamin d'être champion du monde, autant je ne pensais pas un jour rencontrer Harald V. J'étais très heureux de le voir soutenir le biathlon et le nordique en général, mais je n'y accorde pas une énorme importance. En juin dernier, vous avez séjourné à Oslo et partagé des entraînements avec Svendsen ou les frères Boe. En mars, vous avez dominé les Mondiaux. Que vous ont-ils dit après votre moisson de médailles ? J'ai reçu beaucoup de félicitations de la part de mes adversaires. C'est très touchant. Mais ils n'en font jamais trop car leur objectif, c'est quand même de me battre ! Seul le relais masculin dessine une petite ombre dans le bilan étincelant de l'équipe de France de
ÊTRE L'HOMME À ABATTRE NE ME GÊNE PAS. JE M'ENTRAÎNE POUR CELA. 39
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Aux Mondiaux d'Oslo, en Norvège, Martin Fourcade a gagné quatre médailles d'or et une d'argent.
••• biathlon. Comment avez-vous vécu cette déconvenue ? Ce sont des choses qui arrivent. Sur le moment, je ne l'ai pas bien vécu. Avec le recul, je pense que c'est ma place qui est à repenser, pour justement ne plus vivre ce genre de désillusions, seul et derrière dans un dernier relais. Mes camarades sont sur la même longueur d'onde que moi, et nous avons de très belles choses à jouer dans les années futures.
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À vos côtés, Marie Dorin-Habert, votre voisine et amie de
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CEUX QUI SUIVENT LE BIATHLON, AUDELÀ DU SPORT, ONT BESOIN D'HISTOIRES. J'ÉCRIS LA MIENNE DEPUIS SIX ANS.
Villard-de-Lans, est rentrée d'Oslo avec six médailles et une incroyable cote de sympathie. Pourtant, on l'a moins vue dans les médias. Le comprenez-vous ? Finalement, ceux qui suivent le biathlon aiment, au-delà du sport, les histoires. J’écris la mienne depuis six ans auprès du grand public : elle était davantage ancrée dans l'esprit des gens avant les Mondiaux. Les gens me connaissent mieux, sont davantage curieux à mon égard. Ce lien demande du temps, mais se fera très rapidement avec Marie si elle continue d'avoir ce niveau de performance. Depuis 2008, un homme est au centre de votre progression : votre entraîneur Stéphane Bouthiaux avec qui vous entretenez une relation très précieuse... ...Oui, on a une super relation tous les deux. J'ai une confiance absolue en lui et il est loin d'être étranger à ma réussite. Il connaît l'importance de cette relation pour moi. Elle se nourrit aussi des liens avec les autres athlètes de l'équipe. En 2018, pour l'année de vos 30 ans, Pyeongchang accueille les Jeux olympiques d'hiver. Y rêvez-vous d'une révérence, une médaille d'or autour du cou ? Je ne sais pas si je rêve d'une révérence, mais c'est clair que je rêve d'une médaille d'or. Concernant la suite à donner à ma carrière, je déciderai après les JO de 2018. J'ai besoin de vivre cet événement, pour ensuite décider de continuer ou pas. Je serai encore jeune et il me restera plein de belles choses à vivre. Ensuite, c'est aussi une histoire de vie. Avant d'avoir atteint cette date, je ne peux pas en dire davantage.
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Photo : Agence ZOOM
Martin Fourcade
Une histoire de leaders mondiaux nordic
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b LAURENT ARGUEYROLLES/PRESS SPORTS
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Johannes Thingnes Boe aura finalement été le seul Norvégien à priver Martin Fourcade de l'or sur une course individuelle lors des championnats du monde d'Oslo. Son frère Tarjei, Emil Hegle Svendsen et Ole Einar Bjoerndalen ont tous abdiqué devant le tsar tricolore.
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Lors des Mondiaux d'Oslo, la victoire de Johannes Thingnes Boe lors de la mass-start a délivré tout un pays qui avait jusqu'ici dû s'habituer à entendre La Marseillaise.
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Fourcade agace-t-il les Norvégiens
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La colline d’Holmenkollen explose. Le dernier tour de la mass-start vient d’offrir un scénario sublime. L’essence même du biathlon est ici condensée : du suspense, de la beauté et surtout, à l’arrivée, une explosion de joie pour tout un pays. Le cadet des frères Boe vient de remporter son duel avec Martin Fourcade, après un dernier tour d’anthologie aux Mondiaux d'Oslo. Par la même occasion, il prive le Catalan de son rêve : remporter les quatre courses individuelles. Dans les tribunes, Elias, comme ses acolytes norvégiens, a du mal à cacher son sourire après la course : « Quel soulagement ! Je commençais à ne plus y croire. Martin Fourcade a été tellement exception-
JE VAIS DEMANDER LA NATIONALITÉ FRANÇAISE. CELA ME DONNERA UN PRÉTEXTE POUR FAIRE LA FÊTE. nordic
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nel durant la quinzaine qu’il semblait imbattable. Mais c’est pour ça que j’aime le biathlon, pour l’incertitude du résultat jusqu'à la dernière seconde. » Steinar, bonnet aux couleurs de l’événement vissé sur les oreilles, est un passionné, venu de Bergen (une ville à 500 km à l’ouest d’Oslo). Il était proche du désespoir après la suprématie du Français lors du relais mixte (le Catalan était accompagné d'Anaïs Bescond, Marie Dorin-Habert et Quentin FillonMaillet), du sprint, de la poursuite et de l'indivudel : « Pour ces Mondiaux, j’ai fait le déplacement pour voir des titres norvégiens. Heureusement que j’étais présent pour les dernières courses. Je commençais à croire que j’étais maudit. L’année dernière déjà, j’avais assisté aux épreuves de coupe du monde ici, à Holmenkollen, et déjà, je n’avais vu aucune victoire. » Même soulagement pour Ida, bénévole de 55 ans, mobilisée pendant les championnats du monde. Dans le métro qui ramène le public d’Holmenkollen au cœur de la capitale norvégienne, son sourire radieux apparaît au moment de montrer la maison où vit Emil Hegle Svendsen, son athlète préféré. Pourtant, elle se dissimule derrière son écharpe au moment d’évoquer l’avenir du biath 43
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••• lète Norvégien : « Il est loin le temps du triomphe d’Emil. J’ai renoncé à le voir jouer les premiers rôles. Désormais, Martin semble intouchable. Même avec des fautes au tir, il est capable de s’imposer. J’ai rarement vu une telle domination ! » Mais chez Ida, comme chez de nombreux Norvégiens, l’admiration l’emporte sur l’animosité : « Il méritait de faire le grand chelem. On ne peut pas en vouloir aux Français d’avoir un tel champion dans leur pays ! Ici, on espère juste que la France lui offre la popularité qu’il mérite. »
UN SOURIRE SUR LE PODIUM ET TOUT EST PARDONNÉ Au détour d’une allée de la salle de presse, Jostein Magnussen, journaliste pour le tabloïd VG, va dans le même sens : « Martin Fourcade est adoré ici. Les Norvégiens aiment sa simplicité, sa décontraction. Un sourire sur le podium et tout est pardonné ! » Pourtant, le lendemain de la mass-start, Dagbladet, un célèbre quotidien en Norvège, débutait son compte-rendu de la course par ces mots : « Enfin, ce moment est arrivé. Martin Fourcade a perdu. » Le soulagement norvégien n’a pas froissé le principal intéressé : « L'accueil a été très positif durant les Mondiaux. Après le temps
que j'ai passé cet été en Norvège [lire Nordic Magazine n°16], ils savent que j'apprécie ce pays. J'ai plutôt bonne presse en Norvège et le public a vraiment été génial avec moi. » De son côté, Patricia a trouvé la solution pour fanfaronner dans la capitale norvégienne. Cette Franco-Norvégienne vivant à Oslo était heureuse de voir Martin, son « chouchou », régulièrement sur Karl Johans Gate, la rue principale de la ville d'Oslo, pour recevoir des médailles d’or : « Cette double nationalité est une chance, admet-elle, drapeau tricolore à la main. Je suis Française pour le biathlon et je redeviens Norvégienne pour le slalom en ski alpin. Je suis quasiment sûre de gagner à chaque fois ! », rigole-t-elle. Une solution qu’envisage Ole Thomas : « Nous avons déjà entendu résonner cinq fois La Marseillaise depuis le début de la compétition. Je commence à la connaître. » Ce colosse natif d’Oslo va même plus loin : « Je pense que je vais demander la nationalité française, explique-t-il, hilare. Cela me permettra d’avoir un prétexte pour faire la fête ! » Pour les Norvégiens, il n’y a pas que le sport dans la vie. En témoigne la fête populaire qui a envahi la capitale tous les soirs. Pour eux, Martin Fourcade est, avant tout, un champion, comme ils en ont tant fabriqué, à commencer par Ole Einar Bjoerndalen, l'athlète le plus médaillé des Jeux olympiques d'hiver avec treize médailles gagnées entre 1998 et 2014. Et si les Champs-Élysées d'Oslo se retrouvaient ornés de bleu, de blanc et de rouge le soir des Mondiaux, c’est peut-être parce que le champion français nourrit pour la Norvège une vraie passion.
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Sur Karl Johans Gate, à Oslo, Martin Fourcade a reçu ses médailles d'or, ovationné par le public norvégien.
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Il est le supporter le plus célèbre de la planète biathlon. L'Allemand est même devenu une vraie attraction lors des compétitions.
Norbert Starke L'autre histoire du biathlon
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Norbert Starke est déçu. L’Allemagne vient de terminer seulement troisième du relais femmes des championnats du monde de biathlon d'Oslo (Norvège). Une médaille de bronze obtenue après une lutte infructueuse contre les Françaises et les Norvégiennes. Pourtant, l’homme de 75 ans enchaîne les photos avec les spectateurs, au point de faire de l’ombre à la cérémonie protocolaire en cours. Agnessa fait partie de ses fans. Cette supportrice venant de Moscou tient absolument à immortaliser le moment avec un selfie : « En Russie, nous le voyons souvent dans les magazines ; le rencontrer, c’est génial. Je vais vite envoyer la photo à mes amies. Elles risquent d’être jalouses », rigole-t-elle, en affichant fièrement l’écran de son téléphone. D’innombrables demandes de photos qui empêchent parfois l’Allemand d’arriver à l’heure sur les sites des compétitions, comme il s’amuse à le raconter. Car, même si l’homme ne skie pas et ne tire pas à la carabine, sa popularité est immense à Holmenkollen. Reconnaissable en un coup d’œil, grâce à son épaisse barbe, ses drapeaux allemands dessinés sur les joues et son chapeau. L'homme arpente depuis près de vingt-cinq ans les compétitions de biathlon dans le monde entier. Et pourtant, rien ne le prédisposait à devenir la coqueluche de ce sport ou de n'importe quelle autre discipline. En 1989, ce douanier de métier tombe, par hasard, sur une retransmission télévisée d’une épreuve de biathlon. Le coup de foudre est immédiat. Il est attiré par l'ambiance indescriptible. Cette passion ne l'a jamais quitté. En 1992, il saute le pas et assiste, pour la première fois, à une compétition. Depuis, il voyage aux quatre coins de la planète. Oberhof, Ruhpolding, Oslo et aussi Canmore étaient, par exemple, au programme de l’Allemand cette année. Pour Sander, un Norvégien de 46 ans, sa présence est devenue indispensable : « Une coupe du monde de biathlon sans Norbert, ce n'est pas pareil. Quand il est là, cela signifie souvent que l’on va voir du grand spectacle. Et puis, il suscite des vocations. Grâce à lui, j’ai eu moi aussi envie de collectionner les pin's. »
Car l’homme portant une moustache à la Dali est aussi célèbre grâce à son chapeau. Un couvre-chef qui pèse désormais plus de deux kilos avec les 360 pin's qui l’ornent. Ceux-ci proviennent des compétitions de biathlon et de leurs sites respectifs. « De mon côté, je n’en ai que 84, avoue Sander. Mais j’espère bien rattraper Norbert un jour. » Agnessa est pareillement impressionnée : « Il est difficile d’imaginer que chaque pin's possède une anecdote. Finalement, rencontrer Norbert Starke, c’est rencontrer l’histoire moderne de ce sport. Pour moi, il existe actuellement trois figures de proue : Bjoerndalen, Fourcade et Norbert. » Un simple regard sur le chapeau et sa vie de supporter nous est contée.
CHANTER, DANSER ET BOIRE ENSEMBLE Plus que la compétition, Norbert Starke savoure l’ambiance des grands rendez-vous : « Ce que j’aime avant tout, ce sont ces gens qui sont sur les épreuves. Ici, je ne parle ni norvégien, ni français ; eux ne parlent pas forcément allemand, mais cela ne nous empêche pas de chanter, de danser et de boire un coup ensemble. Partout, c’est amical. Et moi, j’aime ça ! » Le succès est tellement grand pour l’homme qu’il apparaît désormais souvent de l’autre côté de la barrière, comme l’explique Christopher, bénévole durant les Mondiaux et sur de nombreuses étapes de coupe du monde : « Désormais, toutes les portes sont ouvertes à Norbert. Il est très populaire auprès des entraîneurs, des athlètes et des organisateurs. Peut-être qu’il risque de perdre le contact avec la foule à force de s’afficher avec les officiels en loge d’honneur. Malheureusement, on ne le voit plus dans les tribunes plus populaires. » Norbert Starke est le seul spectateur connu et reconnu par les autres. Le développement du biathlon n’y changera rien. Les relations resteront humaines. Et Norbert Starke continuera de chercher de la place sur son chapeau pour rajouter un pin's à la collection. La petite et la grande histoire du biathlon en dépendent.
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Le chapeau de Norbert Starke pèse plus de deux kilos. 360 pin's y sont épinglés.
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Federico Pellegrino est l'une des stars nordiques de la saison 2015-2016. Le sprinteur est entré dans l'histoire pour avoir été le premier non-Scandinave à gagner le classement général de la coupe du monde dans cette spécialité où brillent les Français.
L'hiver dernier, les Italiens ont remporté plusieurs victoires et deux petits globes de cristal en ski de fond et biathlon.
Squadra Azzurra La renaissance
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Aux Jeux olympiques de Calgary en 1988, puis à ceux de Turin en 2006, principalement chez les fondeurs, l’équipe italienne de ski nordique s'était distinguée. Les têtes de gondole de la Squadra Azzurra s'appelaient Maurilio De Zolt, champion du monde en 1987 du 50 km à Oberstdorf, Johann Passler, Pietro Piller Cottrer, Giorgio Di Centa... Puis, l'Italie a connu un passage à vide qui, aujourd'hui, semble appartenir au passé. « Nous avons connu des années difficiles, mais je suis confiante pour le ski de fond et le biathlon, qui ne peuvent qu'améliorer leurs résultats, d'autant que de jeunes athlètes pointent le bout de leur nez », estime Dorothea Wierer. En décembre dernier, à Östersund, la biathlète originaire du Tyrol du Sud a remporté sa première victoire en coupe du monde. L'amorce d'un hiver exceptionnel pour la jeune femme de 26 ans. Dans la péninsule, le renouveau est aussi incarné par les fondeurs Francesco De Fabiani, à 23 ans l'une des révélations du circuit international au point de remporter le classement des jeunes de moins de vingt-trois ans, et Federico Pellegrino,
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dont la devise est « Rispetto per tutti, paura di nessuno » [« respect pour tous, peur de personne »]. Le Valdôtain est le premier non-Scandinave à remporter le classement général de la coupe du monde de sprint, après douze titres norvégiens et sept suédois. La fusée a été lancée le 22 janvier 2013 ; il devenait alors champion du monde U23 à Liberec, en République Tchèque, comme en témoignent les tablettes de la FIS. Le prodige a d’abord été entraîné par Paul Riva, puis par Stefano Saracco. « Avec lui, j’ai passé trois années fantastiques, ça a été l’un des meilleurs moments de ma vie », avoue Pellegrino. Il travaille désormais avec Joseph Chenetti.
LE TRIO INFERNAL Pour l’Italien Roberto Gal, ancien entraîneur de l’équipe de France de ski de fond, ce trio contribue à lui seul à redorer le blason des Azzuri. « Avec Dorothea Wierer, Federico Pellegrino et Francesco De Fabiani, ils ont sorti trois champions », constate-t-il. Elisa Brocard, 49
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b JACQUES MIGNEREY
En octobre dernier, la biathlète italienne Dorothea Wierer s'entraîne sur la piste de Corrençon-en-Vercors.
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Italienne pure souche, aujourd'hui membre du Haute-Savoie Nordic Team, ne peut qu’approuver : « En fond, Pellegrino et De Fabiani [victorieux du 15 km classique de Lahti en mars 2015 et 2e de la mass-start de Falun en coupe du monde le 14 février dernier, N.D.L.R.] ont sûrement aidé à raviver la flamme d'un sport qui s'éteignait. » Pour le biathlon, Roberto Gal cite Wierer, Oberhofer et Windisch. « Ça a été une saison grandiose pour le nordique italien, sans doute la meilleure, sourit Dorothea Wierer. C'est une bonne chose pour le développement des sports d'hiver qui ne sont pas très populaires en Italie à côté du football. Mais chaque année, nous gagnons de nouveaux fans qui découvrent nos sports. » Les résultats parlent d'eux-mêmes. Forte de plusieurs podiums et victoires en coupe du monde, détentrice du petit globe de l'individuel, la biathlète a participé à la consécration du relais
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« LES SPORTS D'HIVER N'ONT JAMAIS ÉTÉ AUSSI POPULAIRES EN ITALIE », CONSTATE DOROTHEA WIERER.
féminin le 13 décembre à Hochfilzen. Privant les Allemandes d’un succès à domicile, le quatuor Wierer-Oberhofer-VittozziSanfilippo s’est inscrit dans la légende en devenant le premier relais féminin italien à remporter une épreuve de coupe du monde. Une victoire forcément inspirante... et fructueuse, comme le constate la Fédération italienne de ski, la FISI, installée à Milan, non loin des Alpes. Briller dans le haut niveau, estime Federico Pellegrino, « c’est important pour le développement en fond, en biathlon et bien sûr en ski alpin. » Sans les précieux coups d’éclat de Wierer, troisième du classement général, et de Pellegrino, fort lui de trois victoires cette saison, le ski transalpin n’aurait aucune visibilité. Il ne susciterait aucune vocation chez les jeunes dans un pays où l'on fabrique encore des skis (SkiTrab à Bormio, Nordica à Trévise...), mais peu de champions. Or, la relève, c'est une des préoccupations de la FISI. Elisa Brocard confirme que « la fédération travaille de mieux en mieux avec les jeunes » dont, regrette Wierer, beaucoup jettent l'éponge à cause des études : « Si vous ne bénéficiez pas du soutien de l'armée, ce qui n'est pas facile, il est impossible de faire du sport à haut niveau. » Esercito, Carabinieri, Finanza, Polizia, Forestale... sont autant de précieux soutiens, d'autant qu'il n'existe pas l'équivalent de Haute-Savoie Nordic Team ou Gel Intérim-Rossignol en Italie.
DES MOYENS LIMITÉS Sur les hauteurs de Merano, dans le Sud Tyrol Italien, ce sont les équipes internationales qui, à la fin de l'été, prennent d'assaut le glacier du Schnalstal qui se trouve à 3 000 mètres d'altitude. Les Norvégiens, notamment, apprécient le camp de base de Val Senales. Pour le plus grand plaisir des athlètes locaux : « C’est beau de voir que l’Italie plaît aux autres », sourit Pellegrino. « Pour nous, c’est bon de les voir s’entraî
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Dorothea Wierer dernier hiver ? Dorothea Wierer Ce fut une très bonne saison pour moi, avec plus de régularité dans les résultats que la précédente. Je suis vraiment contente, même si je reste un peu déçue des championnats du monde où je me sentais mal. Chaque course a été presque une douleur. C'est aussi un sentiment agréable de remporter mon premier globe, qui ne comportait, heureusement pour moi, que trois épreuves. Je remporte d'ailleurs ma première coupe du monde sur un individuel, alors que ce n'est pas mon format préféré !
Avec l'Italie, vous avez également remporté un relais. Oui, c'était une très belle expérience de gagner cette course avec toute l'équipe. Et également une grande motivation pour les entraîneurs et les techniciens. Nous sommes une petite équipe, mais notre staff fait vraiment un travail énorme et nous motive chaque jour. Je pense qu'ensemble, on peut progresser encore les prochaines saisons. De mon côté, je dois travailler dur et être davantage concentrée pour devenir meilleure. Avant chaque nouvelle saison, je me questionne souvent pour savoir si j'aurai le niveau, si je pourrai progresser. Avec un palmarès aussi garni, vous avez séduit de nouveaux sponsors. J'ai reçu de nombreuses offres et demandes. C'est très prenant. Aussi ai-je un manager qui s'occupe de toutes ces propositions. Mais c'est également encourageant, car cela montre un intérêt des sponsors vis-à-vis de mes résultats.
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Quels sont vos sites d'entraînement en Italie ? Nous avons de nombreux sites. À Anterselva, ils réalisent pour cet été un nouveau centre. Il y a aussi le glacier du côté de Val Senales qui attire de nombreuses équipes étrangères qui veulent travailler en altitude, en particulier les Scandinaves et surtout les Norvégiens, qui vivent au niveau de la mer. À Livigno, on peut skier à 1 800 m dès le 1er octobre et je préfère ce site au glacier.
« Ensemble, on peut encore progresser »
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b JACQUES MIGNEREY
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FEDERICO PELLEGRINO « UNE BELLE RÉUSSITE »
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NORDIC MAGAZINE Quel hiver vous avez vécu, Federico ! Jusqu'à écrire une page de l'histoire du sprint mondial, en remportant le petit globe du sprint ! Federico Pellegrino Oui, le bilan est super. Au début de saison, je ne pensais pas faire aussi bien. Le globe n’était pas dans mes objectifs, mais je voulais quand même engranger au moins deux victoires en sprint et aussi m’améliorer sur les distances. Après quatre succès dans la première partie de l'hiver, j'ai évolué et je me suis alors concentré sur le classement général. Occuper la première place, c’est un résultat vraiment important pour moi.
Pour quelles raisons ? C’est vraiment beau, vous savez. C’est la première fois que ce n’est pas un Scandinave qui repart avec ce globe, donc, oui, c’est une belle réussite. Du coup, comment appréhendez-vous les deux prochaines saisons avec, au programme, les mondiaux de Lahti puis les Jeux olympiques ? Avec mon entraîneur, on n'a encore rien décidé. Je commence juste à m’entraîner. Mais je veux continuer sur cette lancée. Les championnats du monde restent le premier objectif, avec la course de sprint en skate, où j’aimerais obtenir une médaille. La coupe du monde reste aussi importante et je vais la travailler. Je voudrais également continuer à m’améliorer sur les distances pour faire partie des quatre pour le relais.
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C'est dire que vous pensez que l'Italie a toutes ses chances ? Je m’entraîne toute l’année avec De Fabiani. Il est jeune, il est fort et je suis sûr que, dans quelques années, il va exploser. Il devrait aussi arriver au meilleur niveau en distance. Nous pouvons également nous reposer sur un très bon staff, tant du point de vue physique que matériel. Et c’est seulement parce qu’ils font du bon travail qu’on peut vaincre.
b STANKO GRUDEN/AGENCE ZOOM
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Le relais est donc important pour vous ? Je sais ce que c’est d'obtenir de bons résultats en team sprint, alors gagner une médaille avec trois autres copains, j’imagine comme cela doit être bien. L’Italie s’améliore et, dernièrement, elle est montée sur un podium en relais en coupe du monde [le 24 janvier, à NoveMesto, N.D.L.R.]. Aussi vais-je m’entraîner beaucoup, et on verra ce que cela donnera pendant l’hiver.
ner. Nous pouvons apprécier leur condition physique et échanger quelques mots avec les amis et ennemis de l’hiver », poursuit-il. Les Italiens peuvent aussi constater le chemin qu'il leur reste à parcourir pour passer de petite à grande nation. « Il faut travailler sur la poussée, comme le font les Norvégiens », suggère notamment Elisa Brocard. Après tout, le pays des Sundby, Northug et Johaug reste la grande référence en ski de fond. « Ils ont tant d’athlètes qui s’entraînent dès le plus jeune âge qu’ils peuvent se permettre d’en perdre quelques-uns en chemin », déclare, envieuse, la fondeuse. En Italie, comme le souligne Roberto Gal, la petitesse des effectifs rend la situation plus précaire. Il n’en reste pas moins que, malgré des budgets réduits, les troupes sont « très investies », note Elisa Brocard. Alessandro Pittin, le combiné qui s'est fait un nom lors de la coupe du monde de Chaux-Neuve en 2012, détaille : « On essaie de ne pas gâcher l’argent. Comme on est habitués à travailler dans ces conditions, on s’en sort. » Federico Pellegrino acquiesce : « Ce n’est pas toujours simple, mais on est très motivé ». Avant d’ajouter : « Depuis quelques années, on a quand même tout changé : le staff est plus professionnel, comme les athlètes, et on se sent davantage accompagné par la fédération. » « Je pense que cela résulte du mélange entre jeunes coachs et entraîneurs ayant beaucoup d'expérience. Ils ont en commun la passion, ils appréhendent l'équipe comme une famille, motivent les athlètes en leur inculquant la confiance en euxmêmes », complète Dorothea Wierer. Et d'ajouter : « Peut-être nous manque-t-il en Italie une longue piste de ski-roues ! » En octobre dernier (elle était déjà venue en juin), l'équipe de biathlon a donc choisi la France, plus précisément Corrençon-en-Vercors, pour un stage. Sous le regard de Patrick Favre, Andreas Zingerle, G i a c o m o Tiraboschi et Patrick Oberegger, leurs entraîneurs, Lukas Hofer, Dominik Windisch ou encore Dorothea Wierer avaient enchaîné les séances de tir avec les périodes d'intensité et de vitesse à ski-roues. « Ce qui saute aux yeux lors des stages avec les Italiens, c'est la sérénité du groupe », avait alors commenté Jacques
Francesco De Fabiani, meilleur jeune de moins de 23 ans de la coupe du monde de ski de fond.
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Avec le soutien des communes: Agiez, Arnex-sur-Orbe, Bofflens, Montcherand, Orbe
Alessandro Pittin est le premier athlète italien médaillé aux JO (Vancouver 2010) et aux championnats du monde de combiné nordique (Falun 2015).
Mignerey, qui avait assisté à des séances pour le site Internet Dauphinordique.com. De l'autre côté des Alpes, le saut à ski et le combiné nordique ne profitent pas de ce « renouveau ». « Ce sont des sports avec peu de pratiquants en Italie », remarque un Roberto Gal pour le moins pessimiste : « Ils n’ont pas beaucoup de futur. » À contrecœur, Alessandro Pittin confirme. Avec un unique tremplin, à Predazzo, les équipes n’ont d’autre choix que de s'expatrier pour s’entraîner. Difficile avec un budget réduit. « Il n’y a jamais eu une grande tradition au niveau du saut et du combiné, et il n'y a aucun investissement pour changer la donne. Aussi, on essaie de faire de notre mieux, mais ce n’est pas toujours facile », dit, un brin dépité, le jeune homme. Pourtant, le premier italien médaillé en combiné nordique de l’histoire veut encore y croire. Selon lui, il suffirait de rendre ces disciplines plus populaires auprès des jeunes pour prétendre à un avenir. « Il y a pas mal d’enfants intéressés par le fond et le biathlon, il ne reste qu’à propager cette curiosité au combiné et au saut pour construire une vraie équipe nordique », affirme-til. L'arrivée de Łukasz Kruczek pour entraîner l'équipe de saut à ski est porteuse d'espoir. En tant que coach de l’équipe polonaise, il a permis à Kamil Stoch de remporter deux médailles d’or olympiques à Sochi et le titre général de la coupe du monde. Après tout, en Italie comme partout dans le monde, et quel que soit le sport, « l'objectif, c'est de rapporter le plus de médailles à la maison », disent de concert Pittin et Pellegrino.
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sur votre Quel regard portez-vous de saut e nd mo du pe cou de saison on regarde à ski ? } C'est mitigé. Quand pas une st n'e ce ts, ulta rés de la feuille le pour bonne saison. Ça a été diffici i. Mais mo r pou t tou sur e, uip toute l'éq travaillé et au-delà de ça, j'ai beaucoup and j'aurai Qu nt. me que hni tec ssé progre aura vraitout mis en place, cette saison se. cho e lqu que à vi ment ser
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COLINE MATTEL
L'INTERVIEW RECTO b
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ENILOC LETTAM
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Maurice Manificat, 30 ans, est le Français qui fait peur aux Norvégiens.
Maurice Manificat La nouvelle sérénité du jeune papa À 30 ans, le Haut-Savoyard, qui vit dans le Vercors, est un homme comblé. Il vient de boucler sa saison la plus accomplie, porteuse de belles promesses pour les années à venir.
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Le nid familial se loge dans les contreforts du Vercors, à Saint-Nizier-du-Moucherotte. Face au balcon de la maison, un panorama à couper le souffle, lorsque le temps est dégagé : l’Oisans à droite, Belledonne en face, la Chartreuse sur la gauche et, tel l’observatoire privilégié d’un aigle, une vue plongeante sur l’agglomération grenobloise. Un quart de tour plus à droite surgissent les Trois Pucelles, les fameuses aiguilles rocheuses qui dominent la capitale iséroise. Dans le creux, au cœur d’une vaste et dense forêt, se cache le tremplin de saut des JO de 1968. « J’ai tout, ici », se félicite Maurice Manificat. Les parcours pour partir en footing, à vélo et à skiroues. « J’ai même ma propre piste tracée dans les hameaux de Saint-Nizier, avec montées et descentes. » Le leader du
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ski de fond français dispose aussi d’appareils de musculation à domicile. « Quand je peux éviter la voiture, c’est bien, ditil. On en fait déjà tellement dans l’année. » En montagne, mais à seulement un quart d’heure de Grenoble, Maurice, sa compagne Amandine et leur petit bout, Ethan, apprécient leur cocon. « Il me faut être proche de la nature, mais je ne veux pas vivre reclus non plus. » Histoire de pouvoir aller au cinéma ou au restaurant, voire de « manger des huîtres au marché de Noël » place VictorHugo.
UNE PATERNITÉ QUI A TOUT CHANGÉ Un centre-ville dont il était encore plus proche lorsqu’il fréquentait le campus universitaire. « J’ai vraiment arrêté mes études, avoue Maurice Manificat. En 2011, j’ai obtenu ma licence en biologie moléculaire et cellulaire. En master, cela devenait plus exigeant ! » Incompatible, pour l’instant, avec ses multiples obligations. Celles d’un leader de l'équipe de France de ski de fond désireux de montrer l’exemple, et d’un tout jeune père de famille. 59
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Au Canada, les exploits de Maurice Manificat ont fait le bonheur du camp tricolore.
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« Devenir papa a vraiment changé ma vie, admet-il. Avant la naissance, j’avais de l’appréhension ». Puis Ethan est arrivé, le 31 août 2014. « Ce n’est pas toujours facile avec un enfant, cela demande de l’organisation, mais je le vis très bien. Il y a des moments fabuleux, même s’ils sont rares. » Amandine, sa compagne, a constaté la métamorphose : « Lorsque j’ai connu Maurice, il était individualiste, il vivait dans sa bulle. Avant la naissance, il avait peur, il était angoissé. Depuis qu’Ethan est né, c’est tout l’inverse : il s’est épanoui, il parle beaucoup. Cela l’a responsabilisé. Et il n’a jamais fait d’aussi belles saisons. Je pense qu’il a trouvé le déclic. Pourtant, c’est plus difficile maintenant de s’en aller, mais cela lui donne davantage de motivation encore pour réussir. » L’intéressé ne le nie pas : « Quand je suis en stage ou en compétition, ce ne doit pas être pour rien. Je dois justifier le sacrifice de laisser ma femme et mon enfant à la maison. » Devenir père a donc exacerbé son souci de la perfection. « À la base, quand je fais quelque chose, je le fais à fond, peutêtre trop, d’ailleurs. » Amandine confirme : « C’est un fonceur. Quand la saison de ski est finie, ce sont les travaux de la maison qui l'occupent. Il n’est pas capable de rester inactif. » « J’ai du mal à lâcher. Je suis très minutieux, ajoute Manificat. J’ai besoin d’aller au bout des choses, sinon cela me stresse. » Pour autant, le Haut-Savoyard n’aime pas la monotonie. Il trouve ainsi son compte dans le tempo qui rythme une
année de skieur de fond. « J’adore la variété de nos modes de préparation et des sites où l'on se rend. Je prends du plaisir à m’entraîner, tout comme je suis motivé à l’idée de porter les couleurs de la France et d’une institution comme les Douanes [Maurice Manificat est en contrat avec cette administration, N.D.L.R.]. Mais le jour où je ne prendrai plus de plaisir, il faudra que je me pose la question d’arrêter ou pas. » Cette interrogation n'est vraiment pas à l'ordre du jour. À trente ans, le sociétaire du ski-club d’Agy Saint-Sigismond est au sommet de son art. En 2014, il est rentré des JO de Sochi avec une médaille de bronze autour du cou. En 2015, il a ramené deux nouvelles médailles des championnats du monde de Falun (Suède), prémices d’une autre saison très aboutie l’hiver dernier, avec une 5e place au classement général de la coupe du monde, et une 2e position pour la distance, derrière l’intouchable norvégien Sundby, avec qui il échange beaucoup et parle d’entraînement, dans une relation de respect mutuel. « Je suis très fier de cette saison, la plus aboutie de ma carrière, lâche-t-il. Même si je savais que j’en étais capable. » De fait, les limites tombent, désormais. « Un Sundby ne me fait plus peur, je peux aller le chercher. » Décomplexé le Frenchy !
LE BESOIN D’ÊTRE CHOUCHOUTÉ Son passage chez Salomon, il y a deux ans, l’a également aidé à progresser. « Numéro un d’une marque, c’est important, concède Maurice Manificat. Un sportif de haut niveau a besoin d’être chouchouté. » Avec le bonheur de pouvoir « se reposer sur d’autres personnes. » « On essaie tous de le porter pour qu’il se dépasse, lâche sa compagne. Le but, c’est qu'il ne reste pas sur ses acquis. Il
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DEPUIS QU’ETHAN EST NÉ, MAURICE S’EST ÉPANOUI. IL N’A JAMAIS FAIT D’AUSSI BELLES SAISONS.
Amandine, compagne de Maurice Manificat
peut être fier d’avoir su progresser dans les secteurs où il était moins costaud. » Notamment en style classique, « l’essence même du ski de fond », confie l'athlète, particulièrement heureux de son succès dans cette technique, en mars dernier, à Canmore, au Canada. « En classique, il a pris confiance et a accumulé de l’expérience, au fur et à mesure, note Jean-Marc Gaillard, son coéquipier. Et il a gagné en régularité, il sait gérer sa récupération dans une saison. » Ceci lui ouvre des perspectives pour les Mondiaux de 2017 à Lahti (Finlande) et les Jeux olympiques de 2018 en Corée du Sud, sans oublier l’objectif de remporter, un jour, le classement distance de la coupe du monde. Sûr de son potentiel, en mode force tranquille. « J’ai tendance à positiver, assure-t-il. Pourtant, à la base, je suis quelqu'un d'anxieux. Je me sens capable de réussir mes objectifs et j’essaie de ne pas douter. » Avec, de surcroît, une capacité à relativiser les choses. « Ce n’est que du sport ! » Une philosophie qu’il doit en partie à Jean-Marc Gaillard. S’il a été inspiré par la technique de Lukas Bauer en classique, « un gars que j’aime bien », et « le style » de Raphaël Poirée en skating, « la détermination, l’énergie et la passion » de Vincent Vittoz, Maurice Manificat concède qu’« avec Jean-Marc, il s'est « détendu » ; il a « su apprécier le plaisir de l’instant, dédramatiser les choses... » Le doyen du groupe France minimise son influence : « Maurice, je ne l’ai jamais vu bien stressé. Il est sûr de sa force, possède un mental très solide. Après un échec, dès le lendemain, il sait se remobiliser. Et il a encore progressé en ce sens. » Puis d’ajouter : « C’est une grosse tête, attachant et foncièrement gentil. Même si, parfois, comme il vit dans son monde, il peut être un brin énervant. »
RIGOUREUX... ET BOSSEUR
« Je suis détendu quand je suis bien préparé, assure celui qui porte aussi les couleurs du Haute-Savoie Nordic Team. Ce que j’ai réussi jusqu’à présent, c'est l'aboutissement de
DATES 4 avril 1986 : Naissance à Sallanches (Haute-Savoie) 6 mars 2010 : Première victoire en coupe du monde à Lahti 2014 : Médaille de bronze du relais 4 x 10 km aux Jeux olympiques de Sochi 2015 : 2e du 15 km libre et 3e du relais 4 x 10 km aux Mondiaux de Falun 2016 : 5e du général de la coupe du monde et 2e du classement distance
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tout ce travail. Le futur, je le prends comme un bonus. » Cette philosophie suscite l’admiration de son père, Bernard. « Il pratique son sport avec beaucoup d’intelligence. Il est rigoureux et bosseur, mais a toujours le sourire. C’est un gamin exceptionnel. On n’a jamais eu besoin de lui dire de travailler, ça roulait tout seul. Il a le goût de l’effort. » Maurice Manificat renchérit : « Quand je mets un dossard, je ne peux pas me retenir. » Même quand il porte les couleurs du club d’athlétisme de Tullins, lors de courses en montagne : « J’aime la compétition. » Il sait malgré tout couper pour de vraies vacances régénératrices. « Je reste toutefois mobilisé mentalement. Je fais attention. » Une exigence soulignée par son papa : « Il s’entraîne onze mois sur douze. Les gens qui ne côtoient pas des sportifs de haut niveau ne s’imaginent pas cela. C’est phénoménal. Même s’il ne le dit pas, je pense qu’il apprécie d’être reconnu. Il veut laisser une trace et montrer aux jeunes qu’on peut y arriver. » |
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Moment de dĂŠtente pour Bastien Poirrier et son chien Liska dans les Hautes-Vosges.
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Bastien Poirrier Statut professionnel Pour sa première saison complète consacrée aux longues distances, le Belfortain n'a pas fait dans la demi-mesure. Il est devenu le numéro deux de la FIS Worldloppet Cup.
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En tout cas, le chemin parcouru par le Belfortain n'est peut-être pas classique, mais il ne manque pas d'allure, voire de panache. Avec sa sœur, qui l'héberge dans sa maison des Rousses d'octobre à fin mars, Bastien Poirrier a grandi dans une famille de compétiteurs : « On recherchait le dépassement de soi, les émotions que seul le sport peut procurer », explique-t-il. Ses parents aiment courir, au point qu'en avril dernier, ils ont disputé Madeira Island Ultra Trail, soit 115 km et 7 000 m de dénivelé positif. Lui a ajouté des planches à ses pieds. « Nous allions faire du ski au Ballon d'Alsace et dans le Jura, 63
JULIANE SIFFERLEN
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INSPIRÉ PAR KARINE PHILIPPOT
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Si l'on veut croiser Bastien Poirrier, premier Français au classement général de la coupe du monde des longues distances, la FIS Worldloppet Cup, il faut prendre un peu de hauteur, par le chemin du Markstein, dans les Hautes-Vosges. Direction la ferme-auberge Schafert, que tient à Kruth (68) la famille de son amie Juliane Sifferlen. La neige a enfin fondu sur ce massif dont le jeune homme a maintes fois porté les couleurs. Depuis deux ans, il est passé du blanc-bleu du comité régional, au rouge de la combinaison du team Gel Intérim-Rossignol. Avec le Bressaud Adrien Mougel, le Franc-Comtois a même un statut de salarié. Une première en France. À l'automne dernier, le jeune homme a immédiatement mesuré le poids de ses nouvelles responsabilités. Et de sa feuille de route : les longues distances. « Un peu de pression », assure-t-il, d'autant qu'il n'avait pas une grande expérience en la matière. C'est que, bien qu'il ait rarement été considéré comme tel, Bastien Poirrier est un sprin-
teur. En 2013, aux Contamines, il a même décroché un titre de champion de France devant Robin Duvillard et Baptiste Gros. Aussi, courir des marathons durant tout un hiver n'était pas pour le rassurer. Mais, très vite, le compétiteur, s'appuyant sur une bonne préparation estivale, a vu sa confiance croître. « Cette assurance m'a permis de gagner en énergie durant les courses », se félicite-t-il. « Je sens Bastien plus détendu, mais toujours aussi déterminé et rigoureux », confirme Adrien Mougel. Au final, il termine à la deuxième place du classement général du circuit, derrière un autre de ses coéquipiers, Toni Livers, champion suisse du 50 km. « Bastien est un costaud », appuie Stéphane Mouton, ancien biathlète et manager du team Gel Intérim-Rossignol.
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où nous partions souvent en vacances », raconte celui qui a grandi sous le regard du Lion sculpté au pied de la falaise de la citadelle par Bartholdi, en souvenir de la résistance de sa ville natale aux Prussiens durant la guerre de 1870. C'est ainsi que le Franc-Comtois est arrivé au ski-club de Ranspach, accueilli par Gérard Bordet, entraîneur de la section belfortaine.
ma place, j'ai voulu trop bien faire », analyse-t-il aujourd'hui. En été, l'athlète s'est fatigué à suivre le rythme imposé par les leaders tricolores, Maurice Manificat, Jean-Marc Gaillard et Emmanuel Jonnier. « Encore aujourd'hui, il supporte mal la pression », constate Stéphane Mouton. Au total, Bastien Poirrier a pris une vingtaine de départs en coupe du monde, n'a pas mieux fait qu'une huitième place dans un relais disputé à Gaellivare (Suède) en 2012, et a terminé, avec Adrien Mougel et le Jurassien Romain Vandel, dans un groupe confié à l'actuel patron des fondeurs, François Faivre. « Après, on a été virés ! »
LES ANNÉES FÉDÉ
SA PREMIÈRE SAISON WORLDLOPPET
C'est également à cette période qu'il a rencontré Adrien Mougel. « Tous les week-ends, on se battait l'un contre l'autre. Cela nous a aidé à progresser », estime Bastien Poirrier. « Bastoune, il semble vraiment me coller aux baskets, sourit le Bressaud. On a peut-être 95 % de courses en commun ! On se rencontrait en coupe des Vosges, puis lors des coupes de France. Il m'intriguait, je côtoyais Juliane, sa copine, au pôle espoirs de Gérardmer,
Fin de chapitre. Même s'il espère encore disputer les Mondiaux de Falun, le fondeur enchaîne avec le projet imaginé par Stéphane Mouton et porté par Guilhem de Lajarte, président de Gel Groupe : créer la première équipe professionnelle française en ski de fond. Deux ans après, il a découvert qu'on pouvait avancer sans systématiquement être confronté à l'un de ses camarades, comme c'est le cas en équipe de France : « L'important, c'est que l'un d'entre nous gagne. » Au vu des résultats, la stratégie est payante. Les hommes en rouge affichent un bilan impressionnant : un quadruplé sur le Marathon Ski Tour, un triplé sur la FIS Worldloppet Cup... et l'envie d'exister sur le prestigieux Visma Ski Classics. « Nous pouvons être fiers du chemin parcouru », se félicite Stéphane Mouton. Le Belfortain a, pour sa part, brillé à la Dolomitenlauf. Sa saison a malgré tout connu « une petite période un peu plus difficile [qui lui] a fait peur », jusqu'à être victime d'un malaise avant la Marcialonga, qu'il a, malgré tout, courue : « Je fais encore des erreurs stratégiques », concède-t-il. Et les doutes ne se sont pas encore totalement dissipés. Le temps corrigera cela. « Ce n'est que du ski », sourit son manager, pour qui Bastien Poirrier est « moteur » dans l'histoire que Gel Intérim-Rossignol est en train d'écrire : « Il est là pour construire. » Le skieur s'est pris au jeu, avec la conscience qui le caractérise. « Il sait se placer sur les courses en mass-start et rester calme pour utiliser son énergie à bon escient, note le Bois d'Amonier Romain Vandel. Il a les capacités pour gagner l'Engadine ces prochaines années ». Dès lors, l'avenir de celui qui, dans ses années lycée, a préparé un bac STI génie mécanique, se fera sans doute loin des moteurs à combustion. Encore que sa passion pour les belles voitures de sports le conduit, dès que possible, dans le garage que tient un ami en Alsace. « On le charrie : c'est un vrai Jacky Tuning ! », plaisante Adrien Mougel. Bastien Poirrier, qui admire Sébastien Loeb, le nonuple champion du monde de rallye, y bichonne une voiture de course qu'il n'hésite pas à sortir dès que les beaux jours reviennent. |
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Pour sa première saison 100 % longues distances, Bastien Poirrier a fini dans le top 3 du classement général.
mais, lui, restait du côté de Belfort. » André Grob, multiple champion du monde vétéran et président du club, est alors une « source d'inspiration », de même que Karine Philippot. La Mulhousienne a participé à quatre éditions des Jeux olympiques entre 1998 et 2010. Elle fait figure d'idole, et d'exemple à suivre. « On faisait des séances ensemble, elle m'a appris que le travail paie. » Puis, avec Pierre Niess, Gareth Gray et Adrien Mougel, il a en quelque sorte inauguré feu le Pôle France de Prémanon (39). Il y avait là aussi les Savoyards Yann Soubeyrand, Louis Deschamps, Pierre Guédon... et le Pyrénéen Martin Fourcade. Sous la houlette de Christian Frossard, les progrès sont couronnés de plusieurs titres de champion de France. Ce qui lui ouvre, tout naturellement, les portes de l'équipe nationale. Il a alors croisé Gérard Durand-Poudret, puis Christophe Deloche. Mais ce nouveau statut l'a, en quelque sorte, complexé. « J'ai eu besoin de justifier ma présence, de prouver que je méritais 64
BASTIEN POIRRIER EST UN PASSIONNÉ DE VOITURES DE SPORT. « UN VRAI JACKY TUNING » ! nordic
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Pendant huit années, Siegfried Mazet a entraîné l'équipe de France de biathlon, dont les frères Fourcade.
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Mazet Siegfried
Fransk trener i Norge Son départ de l'équipe de France de biathlon a fait grand bruit. Les deux prochaines saisons, le Français entraînera les Norvégiens au tir. Reconnaissance d'un savoir-faire tricolore.
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Il est connu de tous les amateurs de biathlon. Pendant les séquences de tir de Martin Fourcade, son visage apparaît à la télévision, les yeux rivés aux jumelles. Ardoise avec cible et aimants à la main, il détaille chaque tir avant la compétition, en fonction des conditions extérieures. Après la course, ses échanges avec les biathlètes sont décryptés, ses analyses attendues par les commentateurs. Pour L'Équipe, il est « l’homme qui murmure à l’oreille des biathlètes ». Entraîneur de tir de l’équipe de France, Siegfried Mazet a participé, depuis huit ans, aux côtés de Stéphane Bouthiaux et Jean-Paul Giachino, aux succès des biathlètes français. Et combien de titres accumulés ! Au point que la discipline a explosé sur le plan médiatique, en particulier depuis l'hiver dernier. Une exposition à laquelle Siegfried Mazet n’a jamais réellement prêté attention — « Forcément, on m’a associé au tir de Martin. Mais je ne contrôle pas mes réactions en fonction des caméras.
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Je reste concentré » — et qui ne devrait pas diminuer dans les prochains mois. En avril, son départ de l’équipe de France pour la Norvège a fait grand bruit. La saison prochaine, le Drômois veillera en effet aux destinées d’Ole Einar Bjoerndalen, Emil Hegle Svendsen ou encore les frères Boe. Si cette décision n’a pas vraiment réjoui le directeur technique national tricolore – « elle m’a énervé » souligne Fabien Saguez –, elle a été comprise et défendue par Simon Fourcade sur les réseaux sociaux. « Être désiré et voir son travail reconnu par la meilleure équipe du monde actuelle, avec bien entendu tous les avantages qui y sont associés, représente une opportunité qui ne se présente souvent pas deux fois dans une carrière. […]. Alors, quelle que soit la raison de sa décision et bien qu'elle soit regrettable pour notre équipe [...], je ne me permettrais pas de la juger. »
UN LIEN PARTICULIER AVEC LES ATHLÈTES Pour « Zig » — comme le nomment ses intimes —, tout commence au collège de La Chapelle-en-Vercors, « là où sont passés Raphaël Poirée, Julien Robert ou Frédéric Jean », et au lycée de Villard-de-Lans. Adolescent, il se passionne d’abord pour le ski de fond, au sein de son club, le bien nommé « Vercors Ski de Fond ». Après deux années en équipe de France junior, il se tourne pourtant vers le biathlon : « Mes meilleurs copains étaient biathlètes. Je me suis donc procuré 67
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••• une carabine ! J’ai fait une première saison prometteuse, participé à deux coupes d’Europe, mais j'étais trop juste pour entrer en équipe B. Après trois ans avec le comité du Dauphiné, j’ai donc arrêté pour me tourner vers le métier d’entraîneur ». En 2001, au moment de la création du site de ski-roues de Vassieux-en-Vercors, le Vertacomicorien (c’est ainsi que l’on nomme les habitants du Vercors !) est recruté par le comité départemental des sports de neige de la Drôme. « Ancien biathlète et avec un brevet d’État obtenu à Prémanon, j’ai pu collaborer avec le club et avec le collège de La Chapelle-en-Vercors, l’objectif étant de susciter des vocations. J’ai aussi profité de cette expérience pour compléter ma formation ». Appelé ensuite par Christian Dumont, l’entraîneur de tir intègre le staff de l’équipe de France juniors pour la saison
Immédiatement, je lui ai fait entièrement confiance, sans jamais interférer dans son domaine. Et il a fait de même avec moi. Nous avons pris cette habitude de travail ». Ces deux personnalités jouent donc la complémentarité : « Zig, c’est une forte personnalité, qui n’hésite à pas à rentrer dedans, alors que moi, j’ai plutôt tendance à arrondir les angles ». Au fil des années, Siegfried Mazet va affirmer son style, basé sur le mental et la motivation. Bouthiaux décrit : « Il y a deux manières d’aborder le tir, soit avec une approche très technique, soit en s’appuyant sur le mental. Pour permettre aux athlètes de maintenir leur niveau de concentration, et donc de faire basculer la palette, il est très bon. L’image que j’ai de Zig, ce sont ses discours de motivation les veilles des courses. Il n’explique jamais la défaillance de manière technique, mais psychologique. C’est son atout ! » Et pour y parvenir, il se focalise sur la relation entraîneur/sportif. « En course, l’athlète se repose sur les réglages proposés par l’entraîneur, d'où la nécessité d'une confiance totale entre les deux. Et cette relation ne peut se construire qu’au quotidien et sur le long terme ».
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Après la compétition, les analyses de Siegfried Mazet ont toujours été recherchées par les médias.
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AUCUNE ANIMOSITÉ
2007/2008. « Une bonne année de formation aux côtés de Jean-Pierre Amat et Pascal Étienne », souligne-t-il. Puis il rejoint l’équipe de France A. « Christian Dumont a voulu changer la façon de fonctionner de l’équipe. Il m’a demandé de faire une année. J’avais 31 ans, j’étais impressionné ». La grande aventure peut commencer. « À part Quentin Fillon-Maillet et Simon Desthieux, l’équipe avait déjà son ossature ». Deux rencontres sont alors déterminantes. La première avec Jean-Paul Giachino, « qui m’a tout de suite très encadré », la seconde avec Stéphane Bouthiaux, l'entraîneur emblématique du groupe [lire Nordic Magazine n° 9]. « Stéphane, c’est mon binôme. Il a dix ans de plus que moi. À la minute où nous avons commencé à travailler ensemble, il m’a fait confiance. C’était la bonne rencontre au point nommé. Nous avons progressé côte à côte, lui pour l’aspect physique, moi pour le tir ». Les trois entraîneurs travailleront huit saisons en pleine osmose. « J’ai tout de suite accroché au personnage, raconte Stéphane Bouthiaux. 68
Siegfried Mazet a tissé ce lien particulier avec Martin Fourcade et d'autres membres de l’équipe. Avec comme point d’orgue, le double podium de la poursuite des Jeux olympiques de Sochi : « L’objectif de la médaille d’or avait été fixé par Martin et a été atteint. Et il y a la troisième place de Jean-Guillaume Béatrix, un jeune que j’avais eu au collège de La Chapelle-en-Vercors, c’est mon meilleur souvenir ». Après les JO, le coach de tir a pensé quitter l’équipe de France pour passer plus de temps avec sa famille – il est père de deux filles – au pied du Vercors, mais a finalement décidé de continuer : « C’est grisant comme job ! » C’est au printemps 2016 qu’une proposition de l’équipe de Norvège l’a finalement décidé à franchir le pas : « Cela arrive au bon moment ». Le 10 mai dernier, Siegfried Mazet et l’équipe de Norvège ont annoncé leur engagement commun pour deux saisons. « L’idée, c’est qu’ils veulent optimiser un peu le tir. Avant, avec le ski qu’ils ont, c’était suffisant pour gagner. Depuis quatre ans, cela ne l’est plus ». « C’est dur de quitter Stéphane [Bouthiaux], Paulo [Giachino], Julien [Robert] et mes amis. Nous avons vécu de superbes années. Il n’y a aucune animosité, je suis reconnaissant à la fédération, qui a toujours fait le maximum pour moi. Mais ce projet est une ambition personnelle, j’en ai envie et je l’assume. Je me jette dans quelque chose de nouveau, une nouvelle culture, un contexte différent. ». À 38 ans, le nouveau challenge de Siegfried Mazet s'inscrit donc comme la suite logique d'un parcours brillant. |
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FIGURES NORDIQUES
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Aurélie Dabudyk est une sportive touche-à-tout. Plus tard, elle aimerait se renconvertir en maître-nageur sauveteur.
Aurélie Dabudyk Compétitrice née
Discrète, voire timide, Aurélie Dabudyk devient redoutable une fois les skis aux pieds. La fondeuse du Haute-Savoie Nordic Team vient de remporter la coupe du monde des longues distances.
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Dimanche 9 février 2014, entre Bellefontaine et Mouthe, quelque part sur la partie finale de La Transjurassienne. En tête, Aurélie Dabudyk mène grand train, mais ne peut s'empêcher de regarder derrière elle pour surveiller l'éventuel retour de ses poursuivantes, la Russe Rotcheva et la tenante du titre, Célia Bourgeois. Ce jour-là, malgré une nette domination, la fondeuse de la Roche-sur-Foron n'ose encore croire à sa première victoire sur la course mythique française. Jusqu'à ce qu'Hervé Balland la décore de la cloche Obertino dévolue au vainqueur... « C'est quelqu'un de timide, mais dès qu'elle prend le départ d'une épreuve, elle devient une terrible compétitrice, c'est assez flagrant comme trait de caractère. Elle n'aime pas perdre », nuance Émilien Buisson, l'entraîneur de Haute-Savoie Nordic Team. Avec la jeune femme, il ne faut pas se fier aux apparences. Derrière un joli minois, un grand sourire et de petits yeux
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noisettes, c'est donc à une gagnante que l'on a affaire. Née à Bonneville il y a 28 ans, Aurélie Dabudyk monte rapidement sur des skis. D'abord en alpin, avant de s'orienter vers le ski de fond. « Je n'aimais pas du tout attendre sur le télésiège », s'amuse-t-elle. Elle a grandi à Amancy, en HauteSavoie, à côté de la Roche-sur-Foron, où elle est licenciée depuis toujours. Si elle apprécie particulièrement les escapades nordiques sur le plateau des Glières — elle connaît chaque recoin de cette terre de résistance—, elle préfère mille fois la compétition aux moments de contemplation. « Mettre un dossard m'a plu tout de suite ».
DEUX VICTOIRES À LA TRANSJURASSIENNE « Petite, elle était déjà accro à la compétition », se rappelle Émilien Buisson, d'un an son aîné et membre du même skiclub. « C'est vraiment le dossard qui la transcende, confirme Alban Gobert, manager du HSNT. Son plus gros frein réside dans le fait que ça l'ennuie parfois d'aller à l'entraînement. Elle a toujours besoin de confrontation. » Douée pour la glisse, elle intègre le sport-études du lycée du Fayet, puis l'équipe de France jeunes-juniors aux côtés des Pauline Caprini, Aurélia Lanoé, Céline Schwalm, Manon Locatelli ou Laure Barthélémy, avec qui elle a partagé le podium des championnats du monde juniors de sprint à Malles en 2008, avec une médaille d'argent. 71
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••• Mais ne comptez pas sur la Haute-Savoyarde pour énumérer son palmarès, discrétion oblige. « Il y a eu beaucoup d’émotions ce jour-là, se souvient son amie Marion Buillet. J'étais seulement dans la catégorie jeunes, je ne la connaissais pas du tout, mais ça m'a donné envie d'aller plus loin. Après, on a vécu beaucoup de moments ensemble, entre les stages de préparation en équipe et les week-ends de compétitions, mais également les Jeux olympiques à Sochi. » Alignée en tant que remplaçante en Russie, Aurélie Dabudyk vit des JO en demi-teinte : « Ce sont à la fois de bons et de mauvais souvenirs, dit-elle. Mais vivre la première médaille olympique collective du ski de fond français était vraiment une belle expérience. Le bon côté, c'est que j'ai pu assister à de nombreuses épreuves de plein de sports différents dans un cadre grandiose ».
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SKI-CLUB PAYS ROCHOIS/B. CHAMOUX
Aurélie Dabudyk est licenciée au ski-club de la Roche-sur-Foron depuis ses débuts.
Cela avait déjà été le cas aux Mondiaux de Val di Fiemme, où, comme Ivan Perrillat-Boiteux, elle avait été le joker de l'équipe de France. Et participé aux joutes mondiales depuis le bord de la piste. C'est peut-être le début de la fin d'un cycle fédéral. Aurélie Dabudyk saisit l'occasion pour finalement tourner la page équipe de France et s'aligner sur les longues distances où elle trouve un terrain de jeu propice à ses qualités naturelles. « Sur le plan sportif, c'est une fille qui compte parmi les rares gros moteurs qu'on a en France, elle a une caisse énorme, s'enthousiasme Alban Gobert. Il suffit de pouvoir la comprendre et, ensuite, elle peut faire de grandes choses. Elle a vraiment la hargne sur les skis, c'est difficile de la décrocher. Sur la piste, contrairement à ce qu'elle montre dans la vie de tous les jours, jamais elle ne va douter d'elle-même ». Son entraîneur au sein du team haut-savoyard ne dément pas : « C'est une fille 72
qui garde beaucoup pour elle, se confie peu », note Émilien Buisson. L'entraîneur s'adapte donc à son caractère pour l'amener toujours plus haut dans la performance. « Gérer l'humain tout autant que le physique est un challenge intéressant pour un coach. Je dois progresser pour la rendre meilleure », ajoute-t-il. L'intéressée a surtout trouvé sur les longues distances un milieu moins soumis à la pression. « En équipe de France, les sélections étaient des moments difficiles à vivre, j'avais envie d'autre chose. » Avec deux victoires sur La Transjurassienne, « la plus grande course de France », et un succès cet hiver au classement de la FIS Worldloppet Cup, avec une avance énorme sur la concurrence, celle qui vient de s'installer au Grand-Bornand s'est révélée. Suscitant là encore les félicitations de son amie Marion Buillet : « Elle a su rebondir. Elle a trouvé sa voie pour s'exprimer pleinement et montrer sa vraie valeur ! »
VERS DE NOUVEAUX OBJECTIFS « Sa régularité en course est vraiment son point fort », poursuit Manon Locatelli. « Ce sont des distances qui me conviennent davantage que les formats habituels en coupe du monde, acquiesce la fondeuse du Pays rochois. Ce format correspond à mes qualités physiques. La stratégie entre en jeu, les courses sont différentes à chaque fois et le côté mass-start, y compris avec les garçons, est intéressant ». « Aurélie a encore de la marge. Sur la coupe du monde, elle n'avait jamais skié à son niveau, le trop de pression l'a inhibé. Elle a besoin d'être protégée. Elle vaut un top 10/15 en skate sur la coupe du monde quand elle est bien à 100 %, assure Émilien Buisson. Elle a les cartes en main. Elle peut faire encore mieux, si je peux l'y aider, tant mieux. Peut-être en ajoutant du plaisir là-dedans pour passer un cap ». « Elle a besoin de nouveaux objectifs, elle peut être à la bagarre sur une Marcialonga ou sur d'autres épreuves du circuit Ski Classics », rebondit Gobert. Aurélie Dabudyk passait ce printemps son brevet d'État de natation. « J'ai beaucoup nagé quand j'étais jeune et j'aimerais me reconvertir plus tard dans le métier de maître-nageur sauveteur », dit-elle. Plutôt casanière, quoique « une fois lancée on ne l’arrête plus, c'est l’amie idéale pour une virée de folie », assure Manon Locatelli. Aurélie Dabudyk aime l'art : les peintures de Picasso, de Van Gogh ou encore la photographie. « J'aime aussi dessiner ». Son nouveau lieu de vie, lové au cœur des Aravis, offre un joli tableau naturel qui ne devrait pas manquer de l'inspirer. |
C'EST QUELQU'UN DE TIMIDE, MAIS ELLE EST AUSSI UNE TERRIBLE COMPÉTITRICE. nordic
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REGARDS CROISÉS
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Étienne Gouy, ancien entraîneur de l'équipe de France de combiné, et Sylvain Guillaume, double médaillé olympique, réunis sur le tremplin du stade nordique des Tuffes, à Prémanon.
Sylvain Guillaume Étienne Gouy
Combiné nordique
En danger ? Sylvain Guillaume et Étienne Gouy aimeraient davantage de lumière sur leur sport, au moment où la FIS réfléchit sur l'idée d'une nouvelle discipline regroupant un sauteur et un skieur.
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vec de nombreuses annulations d'épreuves, le combiné nordique a vécu une saison difficile sur le circuit de la coupe du monde. Le départ de Jason Lamy Chappuis a aussi réduit l'intérêt du public français pour la discipline. Deux spécialistes et amoureux de ce sport se penchent au chevet d'un patient qui ne demande qu'à retrouver des couleurs.
NORDIC MAGAZINE Moins de 60 athlètes classés sur le général de la coupe du monde, un circuit raboté d'un hiver sur l'autre, le combiné nordique est-il menacé ? Étienne Gouy Déjà, ce qu'il faut savoir, c'est que le fait qu'ils soient soixante est
imposé par le règlement. Le concours de saut et la course de ski de fond doivent tenir dans le temps imparti par les télévisions. Il n'est pas moindre qu'avant. Sylvain Guillaume À notre époque, un quota de quarante, puis cinquante était déjà fixé... Le nombre, ce n'est pas
LE MAKING-OF La neige est encore présente au pied des tremplins du stade Jason Lamy Chappuis-Les Tuffes en ce début de printemps. Nordic Magazine y réunit Sylvain Guillaume et Etienne Gouy pour échanger autour de l'avenir du combiné nordique. Le Jurassien et le Dauphinois ne manquent pas d'arguments pour défendre leur discipline. L'un est désormais consultant pour Ma Chaîne Sport et l'autre se consacre à la formation de la jeunesse du Dauphiné.
le souci. Selon moi, le combiné peut être menacé car c'est le seul sport qui n'ait pas encore de circuit féminin, même s'il y a des avancées (peut-être pour 20121 ?). En fait, il faut voir l'importance que la FIS accorde à cette discipline. Cette année, des épreuves ont été annulées sans être remplacées, c'est très préjudiciable. Étienne Gouy Quand une coupe du monde de biathlon, de ski de fond ou d'alpin est annulée, la fédération est réactive pour la remplacer. Ce n'est pas le cas en combiné. Le paquebot FIS a une grosse inertie. En combiné aussi, la fédération doit prévoir dans le calendrier des sites de repli...
Cet hiver, le combiné norvégien Magnus Moan a d'ailleurs dénoncé cette 75
Dans les médias norvégiens, Magnus Moan a regretté que, contrairement au fond, au saut et au biathlon, les coupes du monde n'aient pas été relocalisées lors des annulations pour manque de neige. Une injustice selon l'athlète, qui se bat pour la reconnaissance et l’amélioration de son sport.
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••• différence de traitement. Il estime qu'il s'agit d'une injustice. Qu'en pensez-vous ?
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VIANNEY THIBAUT/AGENCE ZOOM
Depuis la retraite de Jason Lamy Chappuis, l'Allemand Eric Frenzel domine la coupe du monde.
Étienne Gouy Comme tout sportif de haut niveau, il ne peut pas se préparer pendant huit mois de l'année pour, en hiver, finalement peu courir. C'est normal qu'il se révolte. Sur ce point, la FIS a tort. Peut-être manque-t-elle de
de ne pas sacrifier des concours de saut comme cet hiver à Val di Fiemme, où ce fut minable ou pire encore, ou comme sur le grand tremplin des Jeux olympiques de Vancouver, où les dix meilleurs mondiaux se sont fait voler leur compétition pour être dans le timing de la télé. Le saut doit être un spectacle sans pour autant mettre les athlètes en danger. N'oublions pas que toutes les meilleures courses, en ski de fond comme en biathlon, ont été inspirées par le combiné et la méthode Gundersen. Étienne Gouy On a parfois le sentiment que le combiné bouche les trous à la télé. On sait bien que sur le tremplin de Predazzo, le vent se lève en matinée, sauf que le créneau horaire des diffuseurs est seulement disponible à ce moment-là. Pourquoi ne pas relancer des mass-starts avec le ski de fond programmé avant le saut ! On a un sport complet avec deux disciplines différentes et des contraintes aérologiques ou d'enneigement à prendre en compte, le tout sur une même journée.
REGARDS CROISÉS
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Pourtant, Ma Chaîne Sport, pour laquelle Sylvain travaille comme consultant, investit dans le saut et le combiné. C'est tout de même une bonne nouvelle de voir un média TV s'impliquer ?
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moyens ? Peut-être que Lasse Ottesen [coordinateur à la FIS, N.D.L.R.] n'est pas la bonne personne ? Comme d'autres sports, on doit se battre pour exister. Le combiné est un sport attrayant, spectaculaire, simple à comprendre, avec un concours de saut qui définit l'ordre de départ de la course de ski à l'issue de laquelle le premier qui franchit la ligne l'emporte. C'est très lisible et pas moins intéressant que d'autres sports nordiques. En France, il manque un intérêt du public, peut-être lié à une médiatisation insuffisante. En Allemagne, Autriche et Norvège, le combiné réalise de belles audiences. Sylvain Guillaume Oui, à condition
Sylvain Guillaume Oui ! Le meilleur exemple, c'est L'Équipe 21 qui a signé ses meilleures audiences avec le biathlon. Elle est partie de 300 000 téléspectateurs pour atteindre 1,3 million. Étienne Gouy : Les gens aiment regarder le sport à la télévision. Au-delà des disciplines, ce sont les belles histoires
ront de ski et de sport, mieux ce sera ! Eurosport a montré la voie.
Encore faut-il que le spectacle soit là. Neuf nations classées sur un
ON A PARFOIS LE SENTIMENT QUE LE COMBINÉ BOUCHE LES TROUS À LA TÉLÉ. Étienne Gouy que racontent les médias qui plaisent. Sylvain Guillaume On doit toutefois aller plus loin : pourquoi aucune chaîne française ne diffuse la coupe du monde de Chaux-Neuve, à part France 3 Franche-Comté ? MCS arrive avec une offre différente. Plus les chaînes parle-
relais de combiné nordique quand un relais de ski de fond comptabilise dix-huit pays engagés et le biathlon vingt-cinq lors des championnats du monde à Oslo : le vivier s'amenuise-t-il ? Étienne Gouy On manque de nations,
ÉTIENNE GOUY 11 décembre 1973 : naissance à Manosque (Alpes de Haute-Provence) 2006 -2015 : entraîneur de l'équipe de France de combiné nordique 2016 : encadre les jeunes du comité du Dauphiné
SYLVAIN GUILLAUME
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ALAIN GROSCLAUDE/AGENCE ZOOM
6 juillet 1968 : naissance à Champagnole (39) Février 1992 : vice-champion olympique de combiné à Albertville 1998 : médaille de bronze aux Jeux de Nagano avec le relais
notamment à l'est de l'Europe. Le saut demande une longue formation, contrairement au ski de fond. Vous savez, on ne sera jamais un sport de masse. Sylvain Guillaume Il faut dix ans minimum pour former un sauteur capable de s'élancer des grands tremplins. Il faut commencer très tôt et l'apprentissage est long. Et puis, il faut compter avec les cycles. Des nations ont disparu du top niveau comme la Finlande, qui se reconstruit petit à petit. Aujourd'hui, on voit beaucoup les Allemands, les Norvégiens et les Autrichiens. Étienne Gouy Ces trois pays s'appuient sur un vivier et ils ont des moyens. En France, les tremplins sont placés dans des lieux sans grande population, et on manque de pratiquants. Sylvain Guillaume Les fiefs, à part la Franche-Comté ou les secteurs de Courchevel et d'Autrans, ne sont pas nombreux aujourd'hui.
Étienne Gouy C'est un choix politique de mettre des moyens humains et financiers pour faire de la détection et de la formation. Les tremplins coûtent très cher, mais sont accessibles toute l'année désormais. À nous d'appuyer cet argument ! Si on veut voir le verre à moitié plein, il faut aussi se souvenir qu'au temps de Sylvain, il y avait sept coupes du monde au calendrier, avec le saut le samedi et le ski le dimanche ! La discipline a évolué avec ses deux compétitions par week-end. Des événements comme le Triple Seefeld, Chaux-Neuve ou Schonach attirent du monde. On doit s'inspirer du biathlon qui a construit son succès sur la durée avec des rendez-vous réguliers comme Oberhof ou Ruhpolding, où le public a plaisir à se retrouver dans une belle ambiance. À Chaux-Neuve, la coupe du monde doit devenir une fête, au-delà du sport proposé le week-end. C'est la clé de l'avenir de cet événement.
L'absence d'un leader charismatique comme l'a été Jason Lamy Chappuis pendant près de 10 ans pèse-t-elle sur l'intérêt du public français pour la discipline ? Sylvain Guillaume Sur le public français peut-être et encore, les spectateurs sont venus nombreux à Chaux-Neuve en janvier dernier. Dans les médias, un « après-Jason » est délicat à gérer. Il se passera des années avant de retrouver un athlète de son talent, si on en retrouve un ! Ce qu'il a fait est monumental, son palmarès est exceptionnel, y compris pour d'autres nations. C'est du niveau de Frenzel, Manninen... Sans faire offense aux athlètes actuels, aux yeux des grands médias, le combiné semble en perdition. Étienne Gouy On était tellement habitué à le voir jouer le podium sur chaque course que l'exploit était devenu banal, pour les spectateurs, pour les médias et même parfois pour l'encadrement.
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h oui, à force de déclamer des âneries tout l’hiver devant les journalistes, de se pavaner dans les aéroports et couloirs douillets des hôtels, de faire du sport à haute vitesse (et, par conséquent, de ventiler le peu de neurones qui restent), mon cerveau se vide petit à petit de toute substance, en une mystérieuse involution. Heureusement, c’est indolore. Pire : je ne m’en rends même pas compte ! En fait, si ! Je m’en aperçois, chaque année au mois d’avril, période difficile où je rouvre mes cahiers, pianote sur mon clavier, et essaie de… réfléchir. D’un coup, panique à bord ! Mais qui est aux commandes, là-haut ? Bon sang, ça veut dire quoi réfléchir ? C’est dans le dictionnaire ? Puis, arrive le temps de l’apprentissage, ou du réapprentissage, plus douloureux cette fois-ci, où le travail scolaire et le stage de fin d’études
tentent de réinvestir les espaces vides de mon crâne. Un mois de travail opiniâtre pour avoir le droit de tout oublier durant les onze autres, ça se mérite ! Bref, en tant « qu’étudiante à rallonge », je tente, avec acharnement (à ce stade, il n’y a pas d’autres mots), de terminer un master 2 en « biologie-écologie-environnement » à l’Université Joseph-Fourier de Grenoble. D’ailleurs, j’en vois presque le bout, puisqu’il ne me reste plus qu’un stage de fin d’étude de six mois. Quoi ? Six mois ! Ben oui, à coup d'un mois par an, il ne me reste plus que cinq ans. Bravo, tu sais compter ! Je plaisante, je fais deux mois par an, ce qui divise de moitié et me permettra de sortir diplômée à l’âge très correct de 32 ans ! C’est très jeune. Interdit de se moquer ! C’est pourquoi, au lieu de partir en vacances au soleil, je suis actuellement en stage à la Communauté de communes du Massif du Vercors, avec
Ben c’est dur, la vraie vie. Il faut déjà respecter des horaires, se lever, réfléchir, lire, écrire, apprendre… tout un tas de trucs que j’ai tendance à oublier le reste du temps. Mais quel bonheur de découvrir un autre milieu, de parler d’autre chose que de ski, d’essayer d’apprendre et de mettre mes compétences au service d’un autre exercice, mental cette fois. Un nouveau défi, en quelque sorte ! Moi, ça me plaît. Ok, je préférerais être les doigts de pied en éventail sur une île paradisiaque, mais n’empêche, c’est un exercice qui me permet de jouer dans un autre domaine, de contribuer à mon équilibre personnel et surtout de préparer un avenir proche en dehors du cocon ski. Non, on ne se transforme pas en papillon à la fin de notre carrière. C’est juste une métaphore pour rendre compte de l’étroitesse du milieu ! Dans l’équipe, toutes les filles sont engagées dans une filière scolaire, et, malgré toutes les migraines
pour thème « L’accompagnement du territoire dans la transition énergétique ». Très intéressant. Et encore plus enrichissant : me connecter au monde réel. À la vraie vie. Pas celle étroite et remplie de rêves d’un sportif. Pas celle d’un tas de muscles bavant devant des protéines. Non, la vraie vie !
dues à la repousse de mon cerveau, j’encouragerai toujours un plus jeune à poursuivre ses études, à la vitesse qu’il souhaite, ne serait-ce que pour garder un œil sur ce qui se passe ailleurs. D’autant plus que beaucoup d’aménagements sont possibles après le bac (se renseigner auprès de Jeunesse et Sport). Et même s'il faut arrêter en route, continuer les études permet en cas de saison avortée (blessure, contre-performance ou autre) d’avoir autre chose à se mettre sous la dent et de relativiser par rapport à la compétition. Mon stage s’arrêtant demain [à l'heure où j'écris ces lignes], je termine ma période d’apprentissage, je stoppe toute activité neuronale, je finis mes phrases par un point, je rends ma copie, je ferme la porte et clos ce texte par un autre point. Non, Marie, le cerveau n’est pas un muscle !
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Marie Dorin-Habert, sextuple médaillée lors des Mondiaux de biathlon d'Oslo en 2016, est numéro deux mondiale.
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MARIE DORIN-HABERT
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Le cerveau, un muscle ?
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Quand ils ne s'ĂŠlancent pas des tremplins, skis aux pieds, Laurent Muhlethaler et Julien Faivre-Rampant suivent des cours au lycĂŠe Jeanne-d'Arc de Champagnole dans le Jura.
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Rentrée des classes La fin de l'hiver n'est pas toujours synonyme de vacances ensoleillées loin de l'Europe. La plupart du temps, les jeunes athlètes rangent leurs skis et sortent leur cartable de l'armoire. nordic MAGAZINE
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Laurent Muhlethaler, vous connaissez ? Ce jeune espoir du combiné nordique français enchaîne les podiums depuis deux ans : troisième de l’OPA Cup en mars 2015 à Chaux-Neuve, champion de France junior et deux fois 31e en coupe du monde cette année... Ça plane pour lui ! À 18 ans, il pourrait savourer son succès sans se soucier du reste, voyager à travers le monde au gré des compétitions, et penser ski, manger ski, vivre ski. C’est un peu ce qu’il fait d’ailleurs ! Mais en plus, il pense à son avenir. Comme lui, beaucoup de jeunes sportifs ont opté pour la formation biqualifiante, qui permet de valider deux diplômes « complémentaires », alliant carrière sportive et projet professionnel. Chacun a sa formule : il existe autant de formations bi-qualifiantes que de structures qui les proposent.
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À Champagnole et Chambéry, les sportifs de haut niveau peuvent préparer plusieurs diplômes en simultané, sans sacrifier leur carrière sportive, grâce à un emploi du temps adapté. Mais la formation bi-qualifiante n’est pas l’apanage des athlètes : elle permet aussi aux futurs saisonniers de montagne d’accrocher plusieurs cordes à leur arc, comme c’est le cas au lycée agricole de Montmorot.
Travaux pratiques sur l'étude des sols pour les étudiants du lycée agricole de Montmorot.
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PROGRAMME XXL
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À Champagnole (39), le lycée Jeanne-d’Arc prépare chaque année environ dix sportifs de bon niveau régional au BTS « Négociation et Relation Client » et au diplôme d’État de ski nordique ou alpin. Le tout idéalement en deux ans, avec un étalement possible du BTS sur trois ans. « Il faut jongler sans cesse, nous sommes les rois du calendrier ! », assure Malika Binet, coordinatrice de ce BTS. Entre les cinquante jours de stage nécessaires au diplôme d’État sportif - en partenariat avec le Centre national nordique de Prémanon -, les seize semaines de stage en entreprise pour le BTS, les entraînements, les compétitions, les cours et les révisions, le programme est XXL ! Alors le lycée met en place une organisation tout en souplesse, pour que ces jeunes préparent leur futur, sans pour autant sacrifier leur programme d’entraînement et leurs chances de résultats sportifs. « Ils sont sur les skis non-stop du 20 décembre à mi-mars minimum, explique Malika Binet. Pendant tout ce temps, nous usons de la plateforme de cours à distance, les professeurs échangent par mail et téléphone portable avec les étudiants, proposent des cours individuels au retour de ceux-ci, etc. Nous allons à l’essentiel, sur la base d’un programme personnalisé établi en début d’année. » Laurent Muhlethaler fait partie, avec Nicolas Bellabouvier, Julien Faivre-Rampant et quelques autres, de ce petit groupe des « bi-qualif’ ». La formule leur convient bien : « Les profs sont hyper compréhensifs et toujours disponibles. On peut leur envoyer des mails ou des SMS n’importe quand ! On ne se sent pas jugés sur nos longues absences et, au contraire, ils s’intéressent à ce que l’on fait en dehors du lycée. » Le choix de cette formation implique un fort investisse-
ment personnel. « On travaille beaucoup à la maison et nos vacances scolaires sont souvent consacrées aux stages en entreprises ou aux révisions », assure Nicolas Bellabouvier.
FUTURE CARRIÈRE Et pourtant… Le taux d’obtention des deux diplômes avoisine les 100 % au lycée champagnolais. Françoise Bouvet, professeur référent des bi-qualifiants, a sa petite idée sur le pourquoi de cette réussite : « Ils abordent le BTS comme ils font du ski : avec un but précis dans la tête et un programme intensif sur un ou deux mois pour l’atteindre ». Plus de la moitié des étudiants de ce BTS poursuivent ensuite leurs études en Licence ou en Master au Cesni de Chambéry [lire ci-contre]. Et la plupart ont déjà une idée précise de leur future carrière : gendarme pour Laurent Muhlethaler, commercial pour Julien Faivre-Rampant, entraîneur pour Nicolas Bellabouvier. Pas de doute, ces jeunes savent très bien où ils vont !
LES JEUNES SPORTIFS ABORDENT LE BTS COMME ILS FONT DU SKI. nordic
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L'école de la double vie
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epuis 2001, au lycée agricole de Montmorot (39), une promotion de douze élèves maximum prépare trois diplômes en deux années : le BTS « Gestion et protection de la nature », le Diplôme d’État d’« Accompagnateur en montagne » et le Brevet d’État de « Pisteur secouriste nordique ». L’agenda est sacrément bien rempli et s’équilibre entre les cours et la pratique sportive, réalisée au lycée et ponctuellement au CNSNMM de Prémanon. Les élèves, titulaires d’un bac ou d’un bac+2, ont une bonne forme physique, mais ne sont pas compétiteurs sportifs, contrairement à la formule champagnolaise [lire par ailleurs]. L’entraînement débute dès septembre en ski-roues pour préparer le brevet de pisteur, validé la première année. « La formation d’accompagnateur de moyenne montagne est plus longue », explique Anne Corriol, coresponsable de la formation avec Jan Siess, tous les deux fous de montagne et de nature, qui partagent avec cœur leur passion. Les élèves doivent fournir un dossier de 40 randonnées en montagne avec différentes « situations », de sorte que les vacances scolaires servent bien souvent à la formation sportive. Les promotions sont à chaque fois très soudées, comme en témoigne Anne Corriol : « On vit ensemble pendant deux ans, on fait du camping ensemble, on est solidaires sur les randos, nous partageons des moments forts. » Le BTS « Gestion et protection de la nature » vise à former des animateurs nature, des chefs d’équipe
verte, des spécialistes de la gestion de l’environnement, etc. Les futurs travailleurs ont de multiples cordes à leur arc et font des métiers très différents ! « Chacun façonne son emploi à son image », résume la formatrice. Marjolaine, par exemple, est agricultrice dans le Sud de la France et pisteur à La Vattay l’hiver. La formation, reconnue par l’enseignement agricole, permet de s’installer en agriculture. « Beaucoup commencent comme pisteur, car on en cherche toute l’année, poursuit Anne Corriol. La plupart sont pluriactifs : 25 % d’entre eux sont en CDI avec un seul employeur, mais n’effectuent pas le même travail toute l’année. » Les témoignages d’élèves sont réalistes : de petits jobs en courtes missions, il faut souvent jongler pour s’en sortir. Mais tous sont heureux dans leur métier, à l’image de Mathias, originaire de Dienne (15) : « D'un point de vue humain, j’ai passé deux années très riches, pleines de rencontres et de moments inoubliables. Aujourd'hui, je vis dans le Cantal avec Nadège, que j'ai rencontrée en formation bi-qualifiante. J'arrive à vivre de ma passion, la montagne, grâce à la complémentarité que m'a apportée la formation. La diversité des diplômes sportifs, mais surtout la connaissance naturaliste recherchée par nos employeurs, me permettent de me démarquer par rapport à d'autres accompagnateurs en montagne. Cette formation m'a apporté énormément dans ce que je suis et dans ce que je vis aujourd'hui. »
AU CESNI, LES ATHLÈTES FONT D’UNE PIERRE TROIS COUPS Le Centre d’études des sportifs nationaux et internationaux (Cesni), situé à Chambéry (73), propose aux sportifs de haut niveau, valides ou non valides, plusieurs types de formations, de bac+2 à bac+5. Les étudiants-athlètes peuvent concilier le sport en compétition, les études supérieures et l’expérience en entreprise. « Le Cesni m'a permis de me libérer lors de mes stages nationaux et lors de mes compétitions », a apprécié Christopher, ancien étudiant en Licence CPSS et spécialiste de cross-country 10 km. « J'ai débuté par un DUT “Technique de commercialisation” avec des horaires aménagés, afin de pouvoir concilier cyclisme et études, raconte Clément, 24 ans. À la fin de ce DUT, j'ai effectué une Licence CPSS qui m'a permis de mettre un pied dans le milieu professionnel. Pour finir, je suis en dernière année de Master et, à quelques semaines de la fin de ma scolarité, j'ai le choix niveau emplois. » Pour les skieurs, le timing des apprentissages est pareillement personnalisé et les formations commerciales sont calées sur leur rythme, ce qui leur permet de préparer par ailleurs des diplômes liés aux métiers de la montagne (DE, BPJEPS). Pêle-mêle, le Cesni propose entre autres : un DUT « Techniques de commercialisation », un BTS « Management d’unités commerciales », un Bac+3 ski-études « Responsable commercial, gestion et marketing », une Licence pro « Commercialisation des produits et services sportifs », un Bac+5 « Manager marketing et commercial des entreprises du sport, du tourisme et de la montagne », etc.
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Grand-Rue 38 - Case postale 246 - CH-1347 Le Sentier Tél. + 41 21 845 57 36 - Fax + 41 21 845 70 37 www.jacot-swiss.ch - info@jacot.biz Horaires Ouvert de 9 h à 12 h et de 14 h à 18 h du mardi au vendredi, de 9 h à 16 h le samedi. Fermé le lundi.
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Plusieurs courses longue distance ont été annulées l’hiver dernier pour cause d’aléas climatiques. Quelles sont les conséquences pour ceux qui les organisent ?
Les courses populaires fragilisées
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« Nous ne pouvons pas lutter contre les caprices de la météo » reconnaît Christian Frossard, responsable du développement du ski de fond à la Fédération française de ski (FFS). L’hiver dernier, sur les dix courses du Marathon Ski Tour, le challenge national des courses populaires de longue distance en France, « deux ont été annulées, le Marathon de Font d’Urle et La Transjurassienne, et une troisième, la Trace Vosgienne, s’est disputée sur un format réduit. C’est la première fois que trois dates sont retirées du calendrier ». Au total, ce sont une dizaine d'épreuves, sur la quarantaine qui jalonne la saison, qui n'ont pas eu lieu. Parmi elles, figurent notamment le Marathon des Neiges, le Marathon du Turchet, la Ronde des Cimes, la Traversée de la Haute-Joux, la Transfrontalière, la Risouxloppet ou encore la Traversée du Queyras. Le massif du Jura a été le plus fortement touché durant la dernière saison. Plusieurs courses y sont programmées avant le Jour de l'An, quand la neige n'était pas encore tombée, et surtout, celles-ci se déroulent entre 1 100 et 1 400 mètres d’altitude. « Les zones de moyenne montagne sont les premières concernées », note Christian Frossard. « La neige est arrivée tôt, mais elle est aussi repartie tôt, remarque pour sa part André Parent, du Comité régional de ski du massif jurassien. Nous avons eu un mois sans aucun flocon en dessous de 1 200 mètres ». Pour Pierre-Albert Vandel, directeur technique de La Transjurassienne, « le réchauffement climatique se traduit aussi par des précipitations plus importantes, qui peuvent faire passer d’un manteau neigeux “satisfaisant” à “catastrophique” ». En 2010, un rapport du Conseil économique et social de FrancheComté, « Le climat change, la Franche-Comté s’adapte », montrait, à partir de relevés de Météo France, qu'en cinquante ans, le Jura avait perdu un mois d’enneigement. Cette même enquête
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prédisait que la tendance ne s’inverserait pas durant ce siècle. Les conséquences ne sont pas que sportives. L'économie est également concernée. Quand La Transjurassienne n'a pas lieu, « c’est toute la filière du ski qui en prend un coup », explique encore Pierre-Albert Vandel.
LE DIFFICILE ÉQUILIBRE POUR LES CLUBS « Et nous perdons en fidélisation, poursuit le directeur de course. La Transju' est une épreuve internationale inscrite au calendrier de la FIS Worldloppet Cup, avec des participants originaires de vingt-huit nations qui réservent des billets d'avion et des séjours. Dans les années futures, les concurrents peuvent se replier sur des courses comme la Birkebeiner, l’Engadine ou la Vasaloppet, plus fiables. » Pour des événements de moindre importance, la vie du club organisateur peut être dangereusement secouée par le renoncement à organiser une compétition. « Une course populaire, c'est aussi une occasion de faire rentrer de l’argent dans les caisses, explique Christian Frossard. Le montant de l’inscription sert en partie à couvrir les frais d’organisation et à promouvoir le site, mais aussi à alimenter les finances du club ». « Il faut néanmoins garder à l’esprit que les bénéfices ne représentent pas des sommes astronomiques, nuance Annick Vaxelaire, du Comité régional du massif des Vosges. Toute l’année, nos clubs reposent d’abord sur l'implication des bénévoles. Avec 400 ou 500 participants à la Trace Vosgienne, nous sommes loin des effectifs de La Transjurassienne ou la Foulée Blanche, les conséquences ne sont donc pas les mêmes ». Concrètement, avec l’Envolée Nordique à Chapelle-desBois (25), le ski-club du Mont-Noir finance à 40 % un poste d'entraîneur à l’année. Mais ce ne sont pas les inscriptions seules
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qui permettent cela. « Cette recette, entre 20 et 24 euros, est inférieure à ce que coûte en réalité un coureur : environ 35 euros. Nous arrivons donc à l’équilibre grâce au sponsoring et aux subventions des Conseils départementaux du Doubs et du Jura », explique François Cat. Et aussi parce que la Communauté de communes des Hauts du Doubs et la commune de Chapelle-desBois réalisent le déneigement et le damage des pistes. Les bénéfices sont essentiellement « dégagés par les 800 repas servis »... par les bénévoles. Cet équilibre reste fragile. « Avec moins de 900 participants », poursuit François Cat, nous sommes en dessous du seuil de rentabilité. Si nous annulons, nous perdons de l'argent, car nous avons des charges fixes que nous ne pouvons reporter ». Avant d'en arriver à cette extrémité, les organisateurs des courses populaires ont plusieurs alternatives à leur disposition. La plus simple est l’utilisation d’un parcours de repli. « C’est une nécessité d’intégrer un deuxième itinéraire » souligne Christian Frossard. Et cette stratégie s’est révélée payante cette année pour la Trace Vosgienne. « La course a eu lieu dans une version réduite
LES ZONES DE MOYENNE MONTAGNE SONT LES PREMIÈRES CONCERNÉES. nordic
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de 20 km, explique Annick Vaxelaire. Certes, elle n’a pas été inscrite au Marathon Ski Tour ». Sinon, on peut aménager une boucle à parcourir plusieurs fois. En janvier dernier, la Jizerská Padesátka s’est disputée en Tchéquie, sur une boucle de 3,3 kilomètres à parcourir 17 fois ! « Ce n’est pas possible chez nous », note Pascal Ferreux, responsable du ski de fond au Comité régional de ski du massif jurassien. « Nous n’étions plus du tout dans l’esprit d’une course populaire », acquiesce Annick Vaxelaire. Une troisième option consiste à utiliser de la neige stockée l’hiver précédent. C'est ce qu'on appelle le snow-farming. « Il est aussi possible de fabriquer et stocker de la neige artificielle. Cette année, pour la Foulée Blanche, beaucoup de neige de culture a été utilisée sur le plateau de Gève », rappelle Christian Frossard. Cette solution a fait ses preuves pour les courses du circuit national. Le stade nordique des Tuffes, à Prémanon, a accueilli plusieurs étapes initialement prévues sur d’autres sites (Arçon, Les Fourgs...). On l'imagine néanmoins moins adapté pour les marathons. Or, cela n'a pas effrayé les Italiens de la Marcialonga où les quantités de neige déplacées ont été colossales pour aménager 70 km de pistes au milieu d'un paysage printanier. « Il ne faut pas se voiler la face, nous sommes amenés à nous poser des questions pour les années futures », affirme PierreAlbert Vandel. « Nous pouvons trouver des palliatifs pour ne pas annuler des longues distances. Mais, à terme, nous devons nous interroger sur l’avenir de ce type d’épreuve », confirme Christian Frossard. « Pour sauver la discipline, il faudra peut-être tourner sur des circuits de 10 kilomètres, faire des vagues de départ de 200... », note pour sa part Annick Vaxelaire. Mais surtout, conclut la fondeuse qui a remporté La Transju'Classic en 2012 dans des conditions dantesques, ne jamais transiger sur « l’esprit populaire » de ces courses. 85
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Situé à deux pas de la Suisse, le val de Morteau offre un immense terrain de jeu à saute-frontières. En hiver comme en été.
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DAVID MORET b
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Avec son paysage ouvert riche d'un patrimoine architectural 87 authenthique, le Val de Morteau plaĂŽt aux randonneurs (ici, sur le sentier des Bornes).
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Le val de Morteau, ce sont bien sûr des salaisons réputées, le majestueux saut du Doubs, la plus grande patinoire naturelle d'Europe sur les méandres de cette rivière, un patrimoine bâti caractéristique avec ses fameuses fermes comtoises du HautDoubs (25), un berceau de l'horlogerie et de la Montbéliarde... mais c'est aussi une terre nordique quatre saisons. En été, un paradis à ciel ouvert s'offre aux randonneurs qui trouvent, avec la GTJ (Grande traversée du Jura), le GR5 et les sentiers de la contrebande [lire par ailleurs], de nombreux itinéraires mythiques à parcourir. Leur particularité première : ces sentiers jouent à saute-frontières. « C'est très exotique pour des touristes de se dire que sur une même randonnée à la journée, ils seront tantôt en France, tantôt en Suisse. Cela suscite un véritable intérêt, combiné à la richesse patrimoniale des lieux », assure Julie Migeon, de l'office de tourisme de Morteau. « Depuis le val, les gens peuvent découvrir des tas d'endroits magnifiques comme le lac de Neuchâtel, celui des Taillères près de La Brévine, le Creux du Van, le Châteleu. Il y a largement de quoi faire sans se lasser
Randonnée sur le mont Racine, situé sur une ligne de crêtes du Jura.
du paysage très ouvert », poursuit, en connaisseur, Patrick Bohard, aubergiste au Chauffaud et traileur de renom [lire son portrait]. D'autant que la palette de paysages peut évoluer si le randonneur en quête de découvertes pousse un plus loin du côté de la vallée de la Loue, du Larmont audessus de Pontarlier ou du côté du
Chasseral, tout au nord de la chaîne jurassienne... Et qui dit randonnée, dit trail. Là aussi, le potentiel est conséquent avec 130 km de sentiers et près de 400 km via la GTJ. « On pourrait développer une station trail au départ du Gardot », lance d'ailleurs le coureur du team Hoka, pour reprendre un concept tendance.
MEIX MUSY TOUT DROIT Maîche
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Neuchâtel Neuchâtel YverdonLes-Bains
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Situé au nord du massif du Jura à une altitude moyenne de 850 mètres, le val conforte son caractère de destination sportive familiale une fois l'hiver venu. Via ses portes d'entrées, celle du Meix Musy orientée ski alpin, et celle du Gardot, typée nordique, l'offre hivernale contente des locaux comme des touristes habi-
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tués à séjourner dans le secteur. Les chiffres parlent d'eux-mêmes, liste Julie Migeon : « Nous disposons de 46 km de raquettes en dix boucles distinctes, cinq téléskis et deux filsneige, un boardercross, 85 km de pistes en fond, un espace ludique... »
BIENTÔT UN NOUVEAU BÂTIMENT Le Meix Musy a ses aficionados. La raideur de la pente a d'ailleurs inspiré au ski-club la manifestation “Meix Musy tout droit” avec un concept simple : dré dans l'pentu sur un parcours de 6,5 km présentant 550 m de dénivelé. L'exercice, bien que délicat, est très apprécié des nordiques, qui peuvent tester leur état de forme en
SUR LES TRACES DES CONTREBANDIERS
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e val de Morteau est riche de son implantation à deux pas de la frontière suisse. Situé sur l'avant-dernier pli géologique du massif jurassien, il constitue un point d'arrivée ou de départ des tracés de la GTJ, grande traversée du Jura. À pied, à ski, à vélo ou à VTT, les randonneurs prennent la direction du sud, cap sur l'Ain pour boucler les 180 km d'un itinéraire mythique. Outre la GTJ, le sentier des bornes frontières rencontre un franc succès : « Les touristes sont très curieux de l'histoire et de la géographie locales », note Patrick Bohard, traileur et aubergiste au Chauffaud. Le Syndicat mixte du Pays horloger et le Parc naturel régional du Doubs ont créé, en été 2014, les Sentiers de la contrebande [lire Nordic Magazine n° 12]. Quatre circuits balisés pour partir à la découverte de cette pratique illicite qui sévissait autrefois entre le val et la Suisse voisine... L'Orlogeur, la Bricotte, les Gabelous et le Colporteur, sur respectivement 60, 77, 252 et 45 km, emmènent les randonneurs à la découverte de paysages majestueux, de sites naturels exceptionnels Patrick Bohard (le saut du Doubs, la ville de la Chaux-deFonds classée au patrimoine mondial de l'Unesco...). D'une auberge à l'autre, ils s'enrichissent d'un pan d'histoires locales... et même un peu plus. « Les randonneurs cherchent à vivre une expérience “à la locale” en demandant aux hébergeurs leurs coins secrets pour le ski, la contemplation », note Julie Migeon, de l'office de tourisme du val de Morteau. En suivant les traces des contrebandiers, ils seront servis.
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Pwww.lescheminsdelacontrebande.com
LAURENT CHEVIET
octobre, à quelques semaines du début de saison ! Mais heureusement, la pente se fait plus douce quand il s'agit de chausser les lattes de fond. « L'intérêt premier des sites, c'est leur accessibilité », observe Philippe Tichit, président du club de Morteau qui a vu l'effectif de ses écoles de ski doubler en deux ans ! « L'ambiance, avec des parents qui se sont mis au ski pour accompagner leurs enfants, est extra. Philippe et son équipe ont su y instaurer un très bon état d'esprit convivial », félicite Laetitia Renaud, adjointe au maire de Morteau en charge de la Jeunesse et des Sports. Preuve que la culture nordique est vivace dans ce secteur naturellement tourné vers la Suisse et drainant, par le fait, une main-d’œuvre extra-régionale pas ou peu initiée à la glisse. « Pour les débutants comme pour les confirmés, poursuit le président, les possibilités de découverte ou de randonnée au long cours suivant le sens de la bise [rires] sont innombrables depuis le Gardot. » « On a aussi bien de longs plats que des côtes
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IL Y A LARGEMENT DE QUOI FAIRE SANS SE LASSER.
Quatre circuits font la joie des randonneurs. 89
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CARNET DE ROUTE
Office de Tourisme 7, place de la Halle 25500 Morteau Tél. : 03 81 67 18 53 Pwww.morteau.org
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Né il y a 52 ans à Foncine-le-Haut (39), Patrick Bohard a, très jeune, trouvé un épanouissement dans la pratique du ski de fond, puis du saut à ski, aux côtés de Sylvain Guillaume notamment. Mais à la compétition, le jeune homme féru de sport a préféré les longues échappées. « Je suis allé à Prague par les sentiers à VTT, j'ai fait le tour du Portugal en courant ou encore j'ai enchaîné les montées de cols des Alpes à ski-roues », raconte-t-il. Convaincu par son frère Alain de se mettre au trail, Patrick est de suite repéré par l'équipe Asics en 2009. Dès lors, il se prend au jeu sur le circuit national de l'époque. Mais ce qui l'attire, c'est le long, le très long. Vainqueur de la TDS, 5e et 6e de l'UTMB à Chamonix, il triomphe au Grand raid des Pyrénées, au trail de Madère et, enfin, l'an passé, au Tor des Géants, une épreuve de 330 km ! « Pour en discuter avec mes confrères, je sais que chaque ultra-traileur rêve de vivre une telle aventure. Aujourd'hui, on maîtrise les paramètres d'un 160 km, mais sur le Tor, le sommeil entre en compte ! » Pour préparer ses prochains objectifs (les mondiaux de skyrunning, la TDS et la Diagonale des Fous), le coureur du team Hoka arpente en toute saison son territoire. Le val de Morteau, les crêtes franco-suisses et les combes du massif jurassien n'ont aucun secret pour cet amoureux des paysages jurassiens, créateur de la GTJ 200.
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L'arpenteur du massif jurassien
Céline Chopard-Lallier
C'est l'une des révélations de l'hiver dernier. Céline Chopard-Lallier a signé une saison pleine : vainqueur de la Franco-Suisse, auteur de jolies prestations sur les longues distances qu'elle découvrait, tout comme sur le circuit national de ski de fond où elle est montée sur le podium. « Le team nordique Crédit Agricole Franche-Comté m'a beaucoup aidé à progresser, grâce notamment à une très bonne entente entre les athlètes et notre super entraîneur », note-t-elle. Il faut dire que la jeune femme a de qui tenir : elle est la fille de Benoît, agriculteur et solide coureur régional au palmarès long comme une spatule de ski de fond. La jeune femme a intégré les groupes fédéraux pour la saison 2017. À 22 ans, elle rejoint les rangs de l'équipe de France moins de 23 ans sous la houlette de Thibault Chêne. « On me donne ma chance et j'espère la saisir, c'est une belle opportunité. J'aimerais continuer à travailler pour élever mon niveau et découvrir le circuit OPA auquel je n'ai pas pu participer cette fin de saison pour cause de maladie. Il y a encore des échelons à franchir, j'ai conscience que le niveau en coupe d'Europe est très élevé, mais le plaisir et la motivation sont au beau fixe. »
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Nouvelle venue en équipe de France
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Patrick Bohard
redoutables pour accéder aux sites de Sommartel ou des Cernets côté Suisse, via des sorties de 50 km », appuie Yvan Binot, accompagnateur et créateur du bureau de guides Roc Émotion. Celui-ci constate un intérêt grandissant des clients pour la découverte du nordique, que ce soit sur piste, en raquettes ou désormais en back country. « Le kilométrage est considérable entre France et Suisse, on peut même rallier le Chasseral au Chasseron en ski », illustre Patrick Bohard, reconnu pour ses défis sportifs au long cours. D'autant qu'outre les nombreuses possibilités de parcours, la variété des paysages est également garantie ; des crêtes franco-suisses, aux paysages forestiers, en passant par les prés-bois ouverts ! Des accords de réciprocité ont été conclus entre l’Espace nordique jurassien et Haut-Doubs nordique (côté français) et Romandie ski de fond (côté suisse). Ainsi tout détenteur du forfait annuel Pass Saison Nordique Montagnes du Jura français peut skier librement dans la vallée de La Brévine. Cerise sur le gâteau, le site du Gardot se dotera, pour l'hiver 2017, d'un bâtiment d'accueil avec locaux techniques pour les machines et le matériel ludique de l'espace nordique, une billetterie, une salle hors-sac, pour les pratiquants comme pour les écoles de ski. « Ce sera clairement un très gros plus puisqu'il identifiera et valorisera l'offre nordique du val. On peut imaginer de nouvelles activités ensuite avec la découverte du biathlon par exemple, sans oublier que ce bâtiment, opérationnel à la belle saison, trouvera d'autres utilisations en été », poursuit Yvan Binot. Une nouvelle offre que les acteurs du sport et du tourisme écriront ensemble.
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Depuis 30 ans, le Parc naturel régional du Haut-Jura travaille à préserver les paysages ouverts.
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STÉPHANE GODIN/JURA TOURISME
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d'évolution en terre nordique Le Parc naturel régional du Haut-Jura fête ses 30 printemps en 2016. Depuis sa création, ce territoire de moyenne montagne n'a cessé d'évoluer. nordic
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Le Jura est une terre nordique. C'est même le berceau de cette culture en France. Le massif du Jura culmine à 1 720 m et s'étend sur plus de 340 km. Une grande partie de son territoire compose le Parc naturel régional du Haut-Jura (PNRHJ), qui englobe des acteurs autour d'un projet partagé. Espace riche mais fragile par essence, espace agricole, industriel et touristique, espace de pratiques sportives, le Parc fête cette année ses 30 printemps. L'occasion d'évoquer les grands changements qui l'ont concerné depuis 1986. Si « tout le monde se retrouve autour de l'identité HautJura », au fil des années, cette cohérence a été mise à mal par l'« explosion de la mobilité. » Ce qui était évident hier a dû être conforté. L'essor du travail frontalier, synonyme de « présence intermittente » sur la montagne, a modifié les comportements. « Au début des années 1980, 75 % des actifs travaillent dans les communes de résidence, contre à peine la moitié aujourd’hui, principalement dans les villes. » De surcroît, la population est devenue multiterritoriale. Les gens habitent le Haut-Jura, mais ils sont originaires de la région parisienne, de Bourgogne ou du Nord de la France, où ils ont laissé une part de leur idendité. « On leur apporte la possibilité de s'approprier le territoire du Haut-Jura de façon active, par la connaissance et la compréhension des paysages, de la faune, de la flore, mais également par des actions collectives comme le covoiturage », qui les concernent directement. En trente ans, le changement climatique a aussi fait son œuvre. Mettant d'ailleurs à mal l'organisation des courses de ski de fond [lire notre article pages 84-85]. Pour s'adapter à cette évolution, le directeur du PNRHJ mise sur la « capacité d'adaptation » des différents acteurs.
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Par exemple dans le domaine agricole, celle-ci peut conduire à l'agroécologie. « On peut tous réduire nos impacts, poursuit Benjamin Guislain, en travaillant sur les économies d'énergie ou encore sur la rénovation thermique des bâtiments. » En la matière, la restauration des tourbières a beaucoup à nous dire. Elle n'intervient pas seulement sur le paysage ou encore les espèces qui les peuplent. Ces véritables « éponges » ont un effet bénéfique contre les gaz à effet de serre. « La biodiversité a évolué dans le bon sens en trente ans, ajoute Michel Gauthier-Clerc, directeur du centre animalier de la Garenne (Le Vaud, Suisse) et vétérinaire. On constate le retour progressif de grandes espèces disparues comme le cerf, le lynx ou le castor, ou l’augmentation du nombre de chamois et de chevreuils. Le territoire du Parc a l’avantage d’être encore rural, avec une pression de l’urbanisation ou de l’agriculture intensive plus faibles qu’ailleurs. » À ce sujet, le maintien des paysages ouverts est depuis le début l'une des actions phares du Parc.
CAPACITÉ D'ADAPTATION « Le changement climatique est une réalité, mais il n'est pas récent, rebondit Bernard Barrand, président historique de l'Asni, un regroupement de clubs organisateurs de la coupe du monde de combiné nordique à Chaux-Neuve. « Dès la première édition, il y a plus vingt ans, l'organisation a été très compliquée. La neige est tombée le vendredi pour la course de fond programmée le dimanche, se souvient-il. En 1993, nous avons carrément dû déplacer notre épreuve internationale à Saint-Moritz, alors que quelques jours plus tard, la neige arrivait en énormes quantités sur le massif du Jura ». Comme à l'accoutumée sur cette terre de moyenne montagne, des solutions ont été trouvées. Cette faculté qu'ont les Haut-Jurassiens à finalement s'appuyer sur leur environnement et ses contraintes, et à relever les défis qui s'imposent à eux, se vérifie aussi dans l'industrie. Si l'agriculture, et notamment la filière comté, est omniprésente de Pontarlier à Bellegarde-sur-Valserine, la technicité de certaines entreprises peut parfois surprendre en territoire de moyenne montagne. Que ce soit dans la fabrication d'articles d'horlogerie de luxe ou le traitement de surfaces pour l'industrie lunetière. Un héritage historique qui remonte au temps où la vallée de la Bienne était reconnue dans l'Europe entière. « La rudesse du climat a obligé les petits paysans du coin à trouver d'autres activités hivernales : ainsi sont nés les agriculteurs-artisans, situe Laurent Paget, directeur de l'entreprise TSM à Morbier. Les entreprises familiales se sont ensuite développées grâce à des patrons attachés à leur terre. Les
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Signaux Girod à Bellefontaine et les Emballages Lacroix sont des fleurons de l'industrie du Haut-Jura. Et le fait que la Suisse aspire encore de la main-d’œuvre jurassienne est une preuve de la qualité de nos formations dans ces métiers pointus ». « Cette connaissance fine de l'environnement où l'on vit est un atout. Il ne s'agit pas de faire la même chose que les anciens, mais de se réapproprier les savoir-faire », encourage Benjamin Guislain. La modernité n'est donc pas l'ennemi de la préservation. Bien au contraire. Gérant du camping « Les Géorennes », à Champfromier dans l'Ain, à deux pas de la station des Monts Jura, Mickael Chavrier a construit sa notoriété sur un produit insolite : des nuitées dans une bulle transparente ! « Nous travaillons le concept du “glamping”, mélange de glamour et de camping, avec une attention toute particulière portée aux couples », indique le jeune patron. Jacuzzi, salle de bains privative, literie tout confort, l'idée plaît : « J'attaque ma quatrième saison Benjamin Guislain et refuse régulièrement du monde pour ce est le directeur type d'hébergement. » Une troisième bulle du Parc naturel régional permettra de contenter les déçus. du Haut-Jura. Mais, au-delà d'un produit novateur, l'entrepreneur rappelle que le développement touristique est un tout et passe aussi par un balisage correct des sentiers ou une politique d'accueil réfléchie à l'échelle de tout le territoire. En trente ans, les attentes des uns et des autres ont évolué. Le Parc naturel régional du Haut-Jura entend accompagner ces multiples et parfois contradictoires mutations (il est souvent celui qui permet aux projets de se réaliser), tout en veillant à ne pas « abîmer » l'héritage reçu. « Nos finalités sont résolument modernes, assure Benjamin Guislain. Nous ne sommes pas les conservateurs d'un musée à ciel ouvert. »
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30 bougies soufflées le 3 septembre En 2016, le Parc a souhaité s'associer avec les événements de son territoire pour fêter son anniversaire. Ce sera le cas, par exemple, lors de l'ultra-trail “Un Tour en Terre du Jura” du 14 au 16 juillet, de la fête des bûcherons de Mijoux les 23 et 24 juillet ou encore de la fête du Bleu le 31 juillet à Chézery-Forens. Pour clore les festivités, le Parc organise, samedi 3 septembre, une journée festive à Lajoux (39), sur le principe de la rencontre, de l’échange et du partage. Au programme, animations, parcours dans le village tout au long de la journée en association avec les habitants, animations à la Maison du Parc, soupe participative, restitution de la résidence de la Compagnie Gravitation et soirée festive. PPlus d'infos et le programme de l'été www.parc-haut-jura.fr
Une station trail dans le massif du Jura
Nantua et sa région : c'est la première station trail du massif du Jura. Elle se trouve dans l'Ain, dans le Haut-Bugey précisément. Inaugurée mi-juin, il s'agit d'un lieu 100 % dédié au trail qui propose des parcours, des services et des outils, autant aux débutants désireux d’apprendre et d’être encadrés, qu'aux passionnés qui recherchent en un seul lieu de quoi organiser stages ou week-ends complets. Le Haut-Bugey a adopté ce concept, désireux de faire découvrir ses meilleurs parcours et paysages, le temps d’une journée, d’un week-end, ou plus. Ce territoire, riche de nombreux lacs (Nantua, Genin, Oignin...) et de montagnes, est entré officiellement dans le réseau international des stations de trail. L'offre est dense est variée : 17 parcours trail balisés de 7 à 31 km au départ de Nantua, Oyonnax, Izernore et Brénod, un parcours itinérant de 46 km, quatre ateliers avec la boucle trail, la côte longue, la côte force et le kilomètre vertical. En parallèle, une base d’accueil à Nantua (Office de tourisme) avec un espace trail est dédiée à la consultation, au téléchargement de ses parcours, l'enregistrement de ses chronos, à la demande d'un conseil personnalisé à un coach spécialisé ou au test des accessoires de la boutique. Pstationdetrail.com/fr/station/haut-bugey-montagnes-du-jura
Un nouveau président au Giron jurassien
Dimitri Gianoli a été élu président du Giron jurassien des clubs de sports de neige et succède à son épouse Valérie, en poste depuis deux ans. Autre changement important au sein de l'association, l'ancien chef du nordique Roland Mercier, par ailleurs président du ski-club de La Brévine, passe la main à Christophe Frésard, responsable de l'entraînement des jeunes du SC Saignelégier. À noter enfin que le secteur nordique, dirigé par l'entraîneur français Olivier Rives, intégrera le Centre régional de performance des montagnes jurassiennes dès la rentrée prochaine en août.
Le pavillon nordique ouvre à Prémanon
Le pavillon nordique du Centre national de ski nordique et de moyenne montagne de Prémanon est opérationnel depuis mi-juin, date de son inauguration. Suite logique des travaux entamés pour améliorer la structure nationale, ce nouveau complexe est constitué de petits bâtiments tout confort pour l'hébergement des athlètes. Ils présentent par ailleurs chacun une salle de convivialité. Dans le même temps a été lancé officiellement le Centre national d'entraînement dirigé par Nicolas Michaud [lire Nordic Magazine n° 18], qui permettra d'offrir un meilleur accueil aux athlètes suivant un double projet scolaire et sportif, ainsi qu'à l'ensemble des équipes de France. Au final, les athlètes passeront environ 45 jours de stage à Prémanon durant l'année 2016.
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été 2016 numero39.com
alexis vuillermoz le tour de France dans son jura
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LE MAGAZINE QU'ATTENDENT LES JURASSIENS Un jeune homme joue spontanément La Marseillaise à la trompette sur la place de la Nation, à Paris, le 11 janvier 2015 à la fin de la marche républicaine qui a vu défiler plus de 2 millions de personnes à Paris (4 millions dans toute la France) en réaction aux attaques terroristes des 7, 8 et 9 janvier 2015 qui ont notamment visé le journal satirique Charlie Hebdo.
116 pages Marseillaise Retour en grâce 62
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Gratuit 63
C'est depuis la péninsule du Yucatán puis du Chiapas, au Mexique, que Salomé Stévenin a réalisé une série de selfies pour Numéro 39.
Salomé, fille de l'acteur Jean-François Stévenin, n'est pas née dans le Jura, comme son frère Robinson, mais ses souvenirs du Grandvaux coulent dans ses veines.
Salomé
Stévenin
b pierre morel
La
L'hymne national est né en avril 1772 dans la tête d'un Jurassien. Après les attentats de Paris de janvier et novembre 2015, il a été chanté et joué aux quatre coins du monde.
En office de tourisme et fruitière
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Empreintes jurassiennes
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Gîte d’étape et de séjour Table d’hôtes Location de meublés
En fin d'après-midi, sous un soleil de miel, ascension vers les hauteurs du rocher de Château-Chalon.
Balades
vignes au milieu des
en pays du Revermont
Un cahier balades
Entre Arbois et Maynal, le vignoble jurassien n'en finit pas de dissimuler des lieux incroyables de force et de beauté. 76
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KV
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L'ennemi intime
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Même si la discipline existe depuis une vingtaine d’années, le kilomètre vertical (KV) connaît un véritable essor depuis quelques années, au point de compter près de soixante épreuves chaque saison. Que recherchent les accros à cette discipline ?
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Le kilomètre vertical est l'une des épreuves du week-end du Marathon du Mont-Blanc.
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Lorsque vous prenez la route de l’Oisans, à l’approche de Vizille, l’Alpe du Grand Serre se dresse face à vous comme une douce provocation. D’en bas, on peine à distinguer la partie sommitale. Et, en quelques années, l’épreuve iséroise s’est imposée comme une date importante du circuit national. L’an passé, un certain Kilian Jornet avait fait le déplacement avec l’espoir de faire tomber le record du monde (29’ 42”). En vain. Yvon Scremin revient sur la genèse de l’épreuve et ne cache pas son inspiration : « Je ne suis pas coureur à pied à l’origine. Je pratique le ski alpinisme. En 2009, j’avais découvert l’épreuve de Fully, qui est la référence. J’avais trouvé ça fabuleux. En rentrant à la maison, avec quelques copains, nous avons cherché un itinéraire sur le Grand Serre. Nous sommes partis d’une feuille blanche, il a fallu créer un chemin dans la forêt. » Le tracé est devenu permanent aujourd’hui : « Les collectivités locales ont adhéré au concept et ont financé un balisage. Nous avons des panneaux au départ et à l’arrivée, mais aussi tous les 100 mètres de dénivelé. On a pu constater que ces indications incitaient les gens à venir en dehors de la course pour découvrir le coin. » Ou quand le kilomètre vertical devient un axe de développement de l’économie locale.
LES RAISONS D'UN SUCCÈS En Isère, les montées sèches ont largement dépassé le cadre de la compétition officielle. Cette année encore, le Grésivaudan Xpress, qui s'étend du 7 septembre au 26 octobre, devrait rassembler plusieurs centaines de passionnés de l’ascension : « Ce sont des rassemblements “off”. Le départ est donné en fin de journée, cela permet aux gens de venir après leur boulot », souffle Yvon Scremin, l’un des instigateurs de ce projet où, chaque mercredi, la sueur laisse sa place au houblon pour savourer l’effort de l’ascension. Pour établir le classement, très officieux, de chaque étape, le coureur doit inscrire son temps sur le site Internet de l’organisateur. Alors que l’ultra-distance est en vogue dans les mé
GAËTAN HAUGEARD
Seul face à cette foutue pente. Courber l’échine devant l’ampleur de la tâche. Avancer malgré cette douleur qui vous transperce le corps. Serrer les bâtons de tout votre être, comme on se raccroche à la vie. Un pas en avant. Puis l’autre. Et recommencer. Dans l’univers du trail running, le kilomètre vertical est cette maîtresse que l’on courtise avec passion et souffrance. Sur le papier, un principe simpliste : grimper 1 000 mètres de dénivelé sur un minimum de distance. « Les premières épreuves se sont déroulées à Val d’Isère et en Italie en 1996 », commente Vincent Jay, organisateur du High Trail Vanoise. « La Face de Bellevarde est un endroit mythique pour le ski. Et je crois que Jean-Claude Fritsch (directeur du Club des Sports de 1971 à 2006) voulait la populariser l’été avec cette montée. Mais après trois éditions, l'épreuve s’est arrêtée. » Fristch était donc un précurseur. Et, en 2014, le « KV de Val d’Isère » est ressorti des cartons. Depuis, ce format atypique ne cesse de séduire. Chaque saison, on croise toutes les strates d’athlètes au départ : « Un coureur à pied peut se confronter à un skieur nordique, à un spécialiste du ski de randonnée ou même à des cyclistes. Ce mélange est vraiment sympa », confie François Gonon, ancien champion du monde de course d’orientation. « Le kilomètre vertical se rapproche de ma discipline de base. J’aime ce type d’effort, où il ne faut rien calculer et se mettre minable », explique le dernier vainqueur de la Pierra Menta, Mathéo Jacquemoud. L’homme est un puriste et, dans un calendrier qui déborde de dates, il confie : « Pour moi, au-
L’INSPIRATION DE FULLY
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delà de trois kilomètres de distance, ce n’est plus un kilomètre vertical. Il s’agit plutôt d'une course en montagne. » Et dans ce domaine, la Verticale du Grand Serre se positionne tranquillement, mais sûrement, comme la référence française en la matière, avec « seulement » 1 800 mètres de course.
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NORDIC MAGAZNE
Spécialiste de la course d'orientation, François Gonon a découvert le kilomètre vertical récemment. Il a déjà plusieurs victoires à son palmarès.
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dias, le kilomètre vertical, à l’opposé de la discipline des forçats des sentiers, séduit de plus en plus d’adeptes : « Tout est simple sur le KV. Pas besoin de s’inscrire six mois à l’avance. L’effort est violent mais reste limité dans le temps. Un coureur, débutant ou expérimenté, peut récupérer très vite de ce type d’effort. Et surtout, l’épreuve est très lisible pour les spectateurs et cela donne souvent un beau spectacle », estime Yvon Scremin. Ancien duathlète de haut niveau et aujourd’hui entraîneur au sein de l’équipe AG2R La Mondiale, le Franc-Comtois
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J'AIME CE TYPE D’EFFORT OÙ IL NE FAUT RIEN CALCULER ET SE METTRE MINABLE.
Samuel Bellenoue confie : « Le kilomètre vertical complète bien l’offre du trail. Nous sommes à l’opposé de l’effort de la longue distance. Le KV dégage de l’émotion avec des coureurs capables d’aller très loin dans l’effort. Pour moi, il n’y a pas d’équivalent en termes d’intensité, que ce soit en trail ou en course sur route. » Vainqueur d’étape sur le Tour de France l’an passé, le Jurassien Alexis Vuillermoz s’est laissé tenter par l’expérience dans les Pyrénées-Orientales : « J’aime cet effort, à la recherche du meilleur appui, du geste parfait. Mes qualités de puncheur me servent sur ce type de course. Si mon calendrier me le permet, j’aimerais y revenir… pour battre mon temps. » À 37 ans, François Gonon a découvert le KV sur le tard. Mais le garçon n’a pas traîné : victoire au Mont-Blanc et record de la montée à la clé. Pour lui, « c’est un peu mythique de monter 1 000 mètres de dénivelé. On lève la tête et l’on sait où on va arriver. Une fois en haut, tout le monde peut se retrouver et discuter. L’ambiance est unique. » Le tableau du KV ne serait pas complet sans la foule des spectateurs : « Les images de mecs en train de se dépouiller au milieu d’une foule énorme comme à Fully ou Chamonix marquent les esprits. » Trente, quarante-cinq minutes, une heure ou plus, qu’importe après tout. Quelques minutes de souffrance pour s’élever au-dessus du quotidien et dompter ce bout de montagne. Une fois en haut, respirer et contempler son challenge personnel. Voilà ce qui séduit sur un kilomètre vertical. Le bonheur tient parfois à peu de chose.
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A GEN
} LA RUBATÉE VERTE,
} L'ÉCHAPPÉE BELLE, du
} TRAIL D'ALBERTVILLE,
dimanche 14 août à Lajoux (39). 10 km.
vendredi 26 au dimanche 28 août à Aiguebelle (73). 47, 85 et 144 km.
dimanche 18 septembre à Albertville (73). 13, 26 et 50 km avec 3700 m de dénivelé+.
DA
vertelajoux
Plechappeebelledonne.com
Ptrail-albertville.fr
} LA SIERRE-ZINAL,
} COURSE DES RENARDS,
} LA GI J'Y MONTE, samedi
samedi 3 septembre à Valeyresous-Rances (Vaud). Course à pied et VTT.
24 septembre à Cormarancheen-Bugey (01). 6 et 15 km.
BLANC, du vendredi 26 au dimanche 28 juin à Chamonix (74). 10, 23, 42 et 80 km. Km vertical à 14h. Mino-cross.
dimanche 14 août à Sierre (VD). 31 km. 2 100 m de dénivelé +, 900 m de descente. Psierre-zinal.com
} VILLERET-CHASSERAL-
} TRAIL DES SANGLIERS,
samedi 13 août aux Cernets-Verrières (Neuchâtel). 11 km.
VILLERET, samedi 3 septembre à Villeret (Jura bernois). 25,9 km et 1000 km de dénivelé +.
Samedi 24 et dimanche 25 septembre à Pontarlier (25). 12, 17, 34 km.
P sc-cernets-verrieres.ch
Pcoursevcv.ch
Ptraildessangliers.com
} LA FOULÉE DES AS,
} TRAIL DE LA VALLÉE
} COURSE
dimanche 21 août à SaintClaude (39). 12 km.
DU DRUGEON, dimanche 6 septembre à La Rivière-Drugeon (25). 16 et 25 km.
DE LA PASSERELLE, dimanche 2 octobre à Pratz (39). 6 et 12 km.
Ptraildelavalleedudrugeon.fr
Placetsdulizon.fr
} TRAIL DES ÉCHELLES
} VERTICALE DU SUCHET,
DE LA MORT, dimanche 11 septembre à Damprichard (25). 12 et 23 km.
samedi 8 octobre aux Mélèzes (Vaud). 4 km et 900 m de dénivelé positif.
Pski.damprichard.free.fr
Pteamsuchet.ch
au dimanche 28 août à Chamonix (74). UTMB (168 km), CCC (101 km), TDS (119 km), PTL (300 km), OCC (53 km).
} DUO-TRAIL DES CRO-
} LES 7 MONTS, dimanche
Pultratrailmb.com
Pduotrail39.jimdo.com
} MARATHON DU MONT-
Pmarathonmontblanc.fr
Psites.google.com/site/larubatee-
} LA COMBASSONNE,
Puscb01.wix.com/lagijymonte
} TROPHÉE DU CHALAM, dimanche 26 juin à La Pesse (39). 4,5 et 9,5 km.
} COURSE DES BOURRIQUES, dimanche 3 juillet à Meussia (39). 11 km. Pcoursedesbourriques.over-blog. net
} NORDIC'TRAIL, dimanche 10 juillet à La Bresse (88). 14 et 28 km. Marche nordique de 12 km. 1re édition. Pnordictraillabresse.fr/
} UN TOUR EN TERRE DU JURA (UTTJ), du jeudi 14 au samedi 16 juillet à Saint-Claude (39). 120 km au total, avec 6 700 m de dénivelé.
} LE BÉLIER, du vendredi 19 au dimanche 21 août à La Clusaz (74). 7 (nouveau), 14, 27 et 40 km. Montée sèche. Rando de 13 et 24 km. Plebelier-laclusaz.fr
} UTMB, du lundi 22
ZETS, samedi 17 septembre aux Crozets (39). 22 km (10 en solo + 12 en duo). Trail sans chrono et rando 12 km.
9 octobre à Septmoncel (39). 10, 15 et 34 km. 10 km marche nordique. Psites.google.com/site/7monts/ Home
Psites.google.com/site/utmjura
} KV DE MANIGOD, samedi 16 juillet à Prénovel (39). Championnat de France de FFA du kilomètre vertical. Pmanigod.com
} FOULÉE DES GUILLETTES, dimanche 17 juillet à Prénovel (39). 14 km. Pfoyer-rural-prenovel-les-piards.fr
} LA CROZ'ET RAIDE, dimanche 24 juillet à Crozet (01). Up and down 8,5 km et 1000 m de dénivelé. Km vertical 3,8 km 1000 m de dénivelé. Ptrailzeworld.com/la-crozet-raide/
} TRAIL VOLODALEN, samedi 30 juillet à la base de Bellecin (39). 18, 39 et 69 km. Pwww.rollathlon100.com
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La planète rollerski en ébullition
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JOACHIM NYWALL
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Trois importantes épreuves norvégiennes et suédoises se regroupent pour créer un World Classic Tour, tandis qu'un challenge nordic est créé en France avec cinq courses. MAGAZINE
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La saison de ski-roues vient à peine de débuter. En France, le premier rendez-vous est désormais fixé par les Bretons du club Breizh Ski-Roues qui, fin mai, propose le Défi 106 km sur la voie verte Mauron-Ploërme-Questembert dans le Morbihan. Il a été suivi par le Roll’Athlon 100 de Seyssel (01/69), qui a soufflé ses cinq bougies. Cette compétition de 67 km a, cette année, été remportée par Clément Mailler, qui a succédé à Cyril Gaillard, et Karolina Bicova. Comme l’an dernier, les spécialistes de la discipline vont maintenant devoir partir à l’étranger s'ils veulent concourir, en raison de l’absence de compétitions estivales en France. La Fédération internationale de ski proposera sa coupe du monde qui, depuis deux ans, a perdu un peu de son éclat et même de son intérêt, à en croire le Vosgien Baptiste Noël, vice-champion du monde de relais junior, trois victoires et cinq podiums sur ce circuit : « Le problème est qu’il y a une vraie absence de vision et de volonté à la FIS pour le rollerski. Le débat est simplement focalisé sur le problème des roues. Doit-on utiliser des roues rapides ou lentes ? La FIS veut des roues lentes pour attirer les spécialistes du ski de fond sur ses épreuves. Mais cela ne fonctionne pas, les meilleurs fondeurs mondiaux préfèrent des événements comme le Blinkfestival ou la Toppidrettsveka, non parce que les courses sont en roues lentes, mais parce qu’ils sont invités par l’organisateur et, parfois même, payés pour courir. Surtout, ils participent à un événement de qualité et largement médiatisé. Alors, quand la FIS propose son calendrier avec des coupes du monde au fond des bois, excentrées des centres-ville, sans public, sans communication, sans volonté de créer du spectacle, je crois que la direction n’est pas la bonne, avec ou sans roues rapides. » Dès lors, seulement une poignée de nations participent encore (Italie, Russie, Suède en tête) aux quatre étapes :
LA FRANCE NE SERA PAS PRÉSENTE SUR TOUTES LES ÉTAPES DE LA COUPE DU MONDE. nordic
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Oroslavje (Croatie) du 1er au 3 juillet, Solleftea en Suède du 5 au 7 août, Madona (Letonie) du 12 au 14 août, et Trento, en Italie, du 9 au 11 septembre. La France ne sera pas présente à tous les rendez-vous, comme l'indique Clément Mailler, du Rollerski Racing Team : « On ne vise plus un classement général, d'autant plus que certaines étapes sont en roues lentes et moins intéressantes. » Fermez le ban ! Outre le Chamoniard, l'équipe tricolore sera composée cette saison d'Igor Cuny, Antonin Pellegrini, Théo Deswazière et, pour quelques dates, de Baptiste Noël. Cet été, Samuel Régé-Gianasso et Pierre Belingheri viennent compléter l'effectif.
L'UNION DE TROIS CLASSIQUES Tous entendent briller lors des grands événements scandinaves qui, en 2016, passent à l'offensive. « Les athlètes, et les teams en particulier, sont demandeurs de visibilité en période estivale pour satisfaire des sponsors de plus en plus intéressés par une couverture médiatique annuelle et non plus saisonnière. C’est dans cet esprit que, sous l’impulsion d’Alliansloppet, Blinkfestival et Daniel Tynell, trois fois vainqueur de la Vasaloppet et précurseur de la poussée, World Classic Tour va voir le jour sous le format de trois courses longues distances : Blinkfestival (Norvège), Alliansloppet (Suède) et Olaf Skoglunds Minnelop (Norvège). « En Scandinavie, le style classique est roi, la double poussée en forte expansion. Du côté des Alpes, c’est le skating qui a plutôt la part belle. Cette différence, on la retrouve sur les pistes, dans les statistiques de vente de matériel, mais aussi sur les feuilles de résultat en coupe du monde, et c’est encore plus flagrant sur les circuits longues distances », observe Baptiste Noël. Le Blinkfestival se tiendra du 27 au 30 juillet. Les équipes de France de biathlon et de ski de fond, traditionnellement en stage à Sirdal à cette période de l'année, ont l'habitude d'y participer. L'an dernier, Martin Fourcade et Justine Braisaz avaient remporté la mass-start disputée à Sandness. Dans la montée du Lysebotn Opp qui sert d'apéritif, le Haut-Savoyard Maurice Manificat avait auparavant occupé la troisième place, derrière le Finlandais Matti Heikkinen et le Russe Alexander Legkov. En Suède, l'Alliansloppet se déroulera du 23 au 27 août. Des noms importants sont attendus. Johan Olsson y fera son retour à la compétition. Calle Halfvarsson, Lucas Bauer, Petr Novak et les meilleurs athlètes de Ski Classics (Eliassen, Gjerdalen, Dahl, Kjostad, Rezac et bien d’autres) ont confirmé leur présence. Longue distance en style classique sur la côte est norvégienne, qui partira de Kragero pour rejoindre le Telemark à Gautefall (80 km), l'Olaf Skoglunds Minneløp va enfin indéniablement profiter de cette alliance. « C’est une épreuve qui est particulièrement prisée par les teams longues distances scandinaves, car c’est la course la plus dure dans leur préparation estivale » constate Baptiste Noël. Les vingt derniers kilomètres sont montants, avec 500 mètres de dénivelé positif.
LES « FRANCE » DANS LE VERCORS Il y aura aussi le Rulleski Grand Prix qui se tient à Østfold en Norvège, du 12 au 14 août, et la Toppidrettsveka organisée autour de la ville de Trondheim du 18 au 20 août en Norvège. À l'agenda, notons encore le trophée « Body Evidence » qui se déroulera sur le circuit de Castello Roganzuollo à San Fior en Italie le 25 juin et marquera l’ouverture de la coupe d’Italie, la seconde édition de l'Ultramarathon Rollerski (160 km) qui aura lieu en Pologne 101
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Marie Dorin-Habert en 2015 à Arçon, dans le Haut-Doubs.
le 10 juillet, la traditionnelle montée du Col du Stelvio programmée le même jour, ainsi que les deux compétitions autrichiennes « Climb The Goas » et « Skate The Ring » programmées les 13 et 14 août à Salzburg. Quant à la France, le calendrier fédéral est toujours très tardif, mais les spécialistes pourront revenir sur le sol national à l’automne, avec des épreuves en Savoie (Al’Aix Ski Invitational, La Féclaz…), dans le Jura (Skirollac, Prémanon avec le challenge national Vincent Vittoz les 15 et 16 octobre), dans le Lyonnais (Les Plans d’Hotonnes, Parc de Miribel Jonage…), les Vosges (Gérardmer avec la Romain Claudon et Ranspach), les Alpes (La Ramaz, au Semnoz...) et en Bourgogne (Le Cosne Sancerre Rollerski). Plusieurs d'entre elles ont décidé de créer un challenge : « L’objectif est de redynamiser et populariser la pratique du rollerski en tant que discipline à part entière, praticable toute l’année, en plaine comme en montagne, à la ville comme à la campagne, et non pas uniquement comme moyen d’entraînement », explique Thierry Adam. Cinq étapes ont été retenues : Roll'Athlon, Montée de l'Alpe d'Huez (21 août), Skirollac (25 septembre), Cosne Sancerre Rollerski (2 octobre) et Montée du Semnoz (9 octobre). Les championnats de France de Rollerski sont, quant à eux, programmés à Autrans-Méaudre du 26 au 28 août avec sprint, prologue et poursuite au programme. En Corse, l'été dernier, Adrien Backscheider et Anouk Faivre-Picon avaient été sacrés champions de France de la poursuite à Bastia. Les titres en sprint étaient revenus à Lucas Chanavat et Laurane Sauvage. Pwww.worldclassictour.se et www.rollathlon100.com
DR
Le dernier week-end d'août, Autrans va accueillir les championnats de France de rollerski. Au programme : } Vendredi 26 août, de 15 h à 18 h au centre nordique : KO sprint avec un départ 6 par 6 toutes les 2 minutes. Remise des prix au village d’Autrans entre 18 h et 18 h 30. } Samedi 27 août de 15 h à 18 h : prologue de 3 et 5 km (départ individuel toutes les 30 secondes). Remise des prix au village d’Autrans entre 18 h et 18 h 30 au Parc de la Madeleine. Apéro-concert ouvert à tous à la suite et séance de dédicaces des sportifs. } Dimanche 28 août dès 10 h, poursuite en classique. Remise des prix au village vers 12 h 30. Repas (sur réservation) Les animations auront lieu vendredi et samedi aprèsmidi ainsi que dimanche matin : - Initiation biathlon - Découverte du ski-roues - Initiation au saut à ski (à confirmer)
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LES “FRANCE” À AUTRANS
Pwww.lafouleeblanche.com
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L'été biathlon nordic
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LA FÉCLAZ
DES DUELS AU SOMMET
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héâtre des championnats de France de ski nordique en 2015, le stade Alexis-Bœuf de La Féclaz passe en mode Biathlon Summer Tour. Les 24 et 25 septembre aura lieu la première des deux épreuves du circuit national estival de biathlon, avant Arçon [lire ci-dessous]. En Savoie, les biathlètes des équipes de France se disputeront les titres de champions de France senior. L'an passé, à Prémanon, les deux vedettes du biathlon français et même mondial, Martin Fourcade et Marie Dorin-Habert, avaient signé le doublé sprint-poursuite. Un scénario qui pourrait bien se répéter dans les Alpes, où le public aura l'une des rares occasions de voir à l'œuvre les meilleurs représentants français sur leurs terres. « Ce sera un grand événement », se réjouit déjà Patrick Rémy du ski-club de La Féclaz. Pour l'accueillir, la station va rouvrir ses portes en septembre, habituelle période de fermeture des hébergements touristiques. Avec l'appui de Chambéry, les organisateurs ne veulent pas manquer ce rendez-vous important : « Toutes les catégories, depuis les U14, seront engagées avec les seniors en guise de cerise sur le gâteau. Nous allons proposer aux Italiens, en stage chez nous en juin, et aux Biélorusses, également de passage cet été, de participer aux compétitions ». Ce serait là une belle opposition : imaginez un duel avec les numéros 2 et 3 mondiales, Marie Dorin-Habert/Dorothea Wierer face aux cibles de La Féclaz !
Infos et contact : A2M - 03 81 54 71 70 - www.saucissedemorteau.com
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SIX MILLE PERSONNES DANS LE HAUT-DOUBS
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NORDIC MAGAZINE
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haque automne, le rendez-vous prend toujours plus d'importance. Le Biathlon Summer Tour d'Arçon, disputé sur le stade Florence-Baverel, devrait, les 22 et 23 octobre prochains, faire de nouveau le plein. L'équipe de France, tout juste de retour de son traditionnel stage à Oberhof et son tunnel réfrigéré, alignera son collectif au grand complet. Pour le plus grand bonheur des organisateurs et du public. « Nous accueillons près de 6 000 personnes sur le week-end, indique Joël Pourchet, cheville ouvrière de l'organisation. Pour densifier le plateau sportif, nous aimerions recevoir des athlètes belges et suisses, voire italiens également, si le Summer Tour colle à leur préparation. » Cette seconde étape du circuit national du biathlon estival, après La Féclaz [lire ci-dessus] désignera les champions de France jeunes et juniors. Les sprint et poursuite seront aussi support d'une course nationale pour les U16 et les seniors, alors qu'une course régionale sera programmée (course à pied et tir) pour repérer les jeunes talents. En marge de l'aspect sportif, l'accent sera mis sur l'accueil et les animations. Durant le week-end, les marques présenteront leurs nouveautés. L'interprofession porcine apportera sur site son tuyé pour faire des démonstrations de salaisons avec dans l'idée des organisateurs de mettre en place d'autres stands typés terroir.
Le partage de l’expérience Tél.: 09 84 24 31 03
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Dans le ciel de la station savoyarde, le Français Vincent Descombes-Sevoie.
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CHRISTOPHE PALLOT/AGENCE ZOOM
Courchevel en juillet L
a coupe du monde de saut à ski change de date et aura lieu les 15 et 16 juillet prochains à Courchevel. Cette première étape du circuit FIS Grand Prix d’été de saut à ski, qui se déroule de juillet à octobre, réunira cette année encore les meilleurs sauteurs mondiaux, hommes et femmes, sur les tremplins olympiques HS 96 et HS 132 du Praz. Plus qu’une compétition, ce rendez-vous constitue une véritable institution où les plus grands champions se sont imposés, parmi lesquels Masahiko Harada, Adam Malysz ou encore le Suisse Simon Ammann. Le record à battre de 137 m est détenu par le sauteur polonais Kamil Stoch depuis 2011. L'an passé, l'Allemand Severin Freund, numéro deux mondial l'hiver dernier, avait dominé le Japonais Kento Sakuyama et le Slovène Peter Prevc, vainqueur du globe de cristal en 2016. Chez les dames, l'impressionnante Japonaise Sara Takanashi s'était imposée dans la station savoyarde, qui a accueilli les
sauts des derniers championnats de France. Depuis 26 ans, cet évènement international unique en France rassemble chaque année un public nombreux qui apprécie ou découvre la beauté de ce sport spectaculaire. Les quelque 10 000 personnes présentes profitent également des nombreuses animations organisées pour l’occasion. Petits et grands s’émerveillent devant des démonstrations de voltige aérienne, admirent les aigles du Léman, participent à des baptêmes de l’air en hélicoptère, etc. Ces deux jours de festivités s’achèvent dans la bonne humeur avec concerts, DJ et feu d’artifice. L’entrée sur le site des tremplins du Praz est gratuite et, cette année encore, les stars du circuit international seront alignées. A suivre côté français le recordman de France Vincent Descombes-Sevoie et la locale de l'étape Léa Lemare.
AGENDA
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LA FAVORITE
EXTRÊME-SUR-LOUE
Pwww.sportcourchevel.com/skijumpingworldcup
14e ÉDITION DE LA FAVORITE
NOUVEAUX TRACÉS SUR L'XTRÊME-SUR-LOUE
Ils étaient 600 cyclos l'an dernier et seront sans doute autant pour l'édition 2016 de La Favorite, « une randonnée cyclotouriste ouverte à tout le monde », comme le précisent ses organisateurs. Eux-mêmes mordus de vélo, ils mitonnent chaque été de très jolis parcours avec départ et arrivée à Yverdon-les-Bains (Vaud). Pour cette 14e édition, quatre distances seront proposées dimanche 3 juillet, au départ de la salle omnisports des Isles : 45, 60, 80 et 120 km. Point d'orgue du grand parcours : la montée du col de l'Aiguillon entre Baulmes et L'Auberson.
Les 1er et 2 octobre prochains, la vallée de la Loue vibrera au rythme de la 18e édition de l'Xtrême-sur-Loue, une des plus grandes manifestations dédiées au VTT en France. Bien sûr, il y aura les compétitions qui attireront les meilleurs pilotes de la planète VTT marathon sur 87 km et 65 km (dames), mais les randonneurs se régaleront aussi sur les circuits qui ont été en partie revus sur certaines portions. Sur 87, 62, 55, 40, 35 ou 15 km, sans oublier la Survoltée, une épreuve de 65 km réservée aux vélos à assistance électrique, les amoureux de la petite reine succéderont aux enfants, qui pourront s'amuser le samedi sur la Mini-Xtrem.
Pwww.cyclo-lafavorite.ch
Pextreme-sur-loue.com
nordic
MAGAZINE
MARCHE NORDIQUE DES ALPES À BESSANS
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VENTE
u cœur de la Haute-Maurienne Vanoise, Bessans organise, les 9 et 10 juillet prochains, la première Marche nordique des Alpes. Terre nordique reconnue pour son stade international de biathlon et ses pistes de ski de fond, le village savoyard passe en mode marche durant l'été avec une offre riche en termes de sentiers. Lové entre les deux cols du Mont-Cenis et de l'Iseran, plus haut col routier français, le village de Bessans, perché à 1 750 m, offre un décor de haute montagne, avec plusieurs sommets dépassant les 3 000 m d'altitude. De nombreuses animations sont prévues dès le samedi 9 juillet pour profiter de ce cadre exceptionnel : un parcours de 12 km chronométré (170 m D+), mais également des ateliers “découverte de la nature” avec observation de la flore et de la faune des Alpes et, en fin de journée, une “marche gastronomique soleil couchant” sur 7 km (à la portée de tous). Le dimanche, trois randonnées nordiques sont programmées : “Nature découverte”, un circuit facile sur 8 km ; “Sélection”, un tracé moyennement difficile de 13 km et “Premium” sur 20 km pour les marcheurs aguerris.
NEuf ET occasioN
RépaRaTioN REpRisEs locaTioNs maRquEs
VTT RouTE élEcTRiquE...
22, rue de salins 25 270 lEViER Tél. : 03 81 39 98 50 Za les grands champs 25410 DaNNEmaRiE-suR-cRETEs Tél. : 03 81 61 30 20
RANDO TRAIL RUNNING CYCLES LOISIRS
www.sportsetcimes.fr
Pwww.haute-maurienne-vanoise.com/evenements
l es F o u r g s s a i nt e - C r o i x
Deux jours durant, des paysages exceptionnels s'offriront aux yeux des randonneurs.
Au lieu-dit la «Grand’Borne» sur la frontière franco-suisse entre Sainte-Croix et les Fourgs
20 et 21 août 2016
LA TAILLE
Pierre et Charpente
Marché gastronomique et artisanal Plus de 80 exposants Concours de confitures, sirops, miels, chocolats et absinthes Restauration Productions artisanales et musicales
Samedi soir
MAGAZINE
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nordic
GILLES LANSARD
dès 19 h Grande soirée Borniflette animée par un orchestre www.tourisme-metabief.com www.sainte-croix-les-rasses-tourisme.ch Renseignements au 03 81 69 44 91 ou 024 455 41 42
EntréE librE
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’ nordic.fr
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u vois, le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent… Toi, tu creuses !* » Cette citation de Blondin me fait méchamment penser à ce que je me répète chaque printemps : tu vois, il y a deux sortes de skieurs, ceux qui défoncent leurs skis début novembre sur trois centimètres de neige et sortent les vélos dès février, et ceux qui profitent (des joies ) du ski de printemps… Toi, tu roules ! Je comprends bien que l’été, vous voudriez qu’on arrête de vous parler de neige et de ski. L’été a du bon, on est d’accord, mais permettez-moi de vous raconter deux ou trois dernières choses sur le ski de printemps.
paysages, les pisteurs sont sortis de leur cabane et, pour la première fois de l’hiver, tout le monde semble heureux de se parler ! De mémoire de skieur, les conditions d’enneigement sont toujours meilleures quand les stations ferment faute de clients fin mars, comparées à l’ouverture des pistes en décembre. Du coup, c’est l’occasion de tester des formes de skis différentes : skis de randonnée alpins, écailles skis larges ou, bien plus adaptés à nos reliefs, les « backcountry ». Les sorties retrouvent un caractère originel et totalement dépaysant, combiné aux magnifiques journées d’avril. C’est les grandes vacances avant l’heure ! Pour faire découvrir ce ski « différent » aux jeunes compétiteurs, Florian Panier, le prof de la section sportive Toussaint-Louverture
l’aventure a, je l’espère, rempli sa mission secrète : étoffer la tribu des amoureux du ski de printemps. Et si, au final, le nombre de ces skieurs devenait vraiment plus important en fin de saison prochaine, peut-être que les stations ouvriraient plus longtemps et que la logique des saisons qui se décalent serait un peu plus respectée. Nous verrons tout cela au printemps et j’espère bien vous croiser à ski en avril prochain O ! D’ici là, bon été à tous, et rassurezvous, WINTER IS COMING…** * Film Le Bon, la Brute et le Truand ** Série Games of Thrones
P.S. : J’ai suffisamment « chambré » les
jeunes de la section, j’en profite pour saluer
leur super état d’esprit lors de ce raid « bien physique ».
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de Pontarlier a choisi de faire perdurer ce que ses prédécesseurs et grands passionnés de sport de glisse de toute nature ont initié : un grand périple à ski, en semiautonomie, à travers les immenses plateaux désertiques du centre de la Norvège [lire page 18]. J’ai eu la grande joie de faire partie du voyage. Malgré les perpétuelles fringales des estomacs sur pattes en pleine croissance et les ampoules de ces jeunes hommes à la peau de bébé,
Emmanuel Jonnier, ancien fondeur français, fait aujourd’hui partie de la “cellule glisse” de l’équipe de France.
NORDIC MAGAZINE
Premièrement, la neige devient enfin quelque chose de prévisible. Elle est dure et très rapide le matin, et devient plus molle et lente quand on se rapproche de midi. Quel bonheur de pouvoir skier sans suivre les pistes, slalomer dans les sous-bois, traverser les combes sans se soucier des murets et des clôtures, encore sous la neige. Parcourir tous ces kilomètres sans s’en rendre compte, tant la neige de mars-avril est glissante, et reprendre les pistes pour rentrer quand le fond redevient un peu trop mou. Le ski, enfin débarrassé des gants, bonnets et vestes chaudes ; le ski sous les températures positives et sous le soleil de plus en plus haut dans le ciel… Les skieurs que l’on croise sont d’une décontraction surprenante ; tous profitent du beau temps. Les compétiteurs skient enfin par pur plaisir, sans aucune course à préparer. Les randonneurs prennent encore plus le temps d’admirer les
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EMMANUEL JONNIER
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Neige de printemps
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