NUMÉRO 39 NUMÉRO 5

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numéro Été 2020 numero39.com

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EMMANUEL DELRAN Un Jurassien à la barre du géant des mers

Magazine gratuit

Alessandra

SUBLET Lettre

aux Jurassiens

THAÏS VAUQUIÈRES L'humoriste pressée dans Les Tuches 4 MARION ROUSSE De retour dans le Jura avec le Tour de France PIERRIC BAILLY Le Jura intime de l'écrivain

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Rejoignez l’appel solidaire des acteurs touristiques de Bourgogne-Franche-Comté

sortez c hez vou s.fr

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Photo : Michel Joly (Bourgogne-Franche-Comté Tourisme)


JUILLET 2020 #5

numéro

Alessandra

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39

EMMANUEL DELRAN Un Jurassien à la barre du géant des mers

Magazine gratuit

ALESSANDRA SUBLET • MARION GUILBAUD • MARION ROUSSE • THAIS VAUQUIERES • PIERRIC BAILLY

Été 2020 numero39.com

SUBLET Lettre

THAÏS VAUQUIÈRES L'humoriste pressée à l’affiche des Tuches 4 MARION ROUSSE De retour dans le Jura avec le Tour de France PIERRIC BAILLY Le Jura intime de l'écrivain

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aux Jurassiens

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numéro une-dos-carré-collé 5.indd 1

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résidence des Épilobes 300, chemin des Mouillettes 39220 Prémanon + 33 (0)6 85 96 90 94 magazine@numero39.com

SAS au capital de 5 000 € RCS Lons-le-Saunier 538 166 166 Président : Franck Lacroix } Rédaction 1, chemin du Moulin 39260 Martigna Directeur de la publication et de la rédaction : Franck Lacroix Ont collaboré : Armand Spicher, Jérôme Martinet, Samuel Cordier, Louis Delvinquière. Merci à Corentin Jacquot, Nathalie Spicher, Florian Burgaud, Louis de Mareuil, Karine Garnier. } Publicité Tél. : + 33 (0)6 24 85 36 20 Merci à nos partenaires annonceurs. } Distribution Liste complète des points sur www.numero39.com Retrouvez Numéro 39 sur www.numero39.com facebook.com/Numero39 La rédaction n’est pas responsable de la perte ou de la détérioration des textes et photos qui lui sont adressés pour appréciation. La reproduction, même partielle, de tout matériel publié dans le magazine est interdite.

Impression : Rotimpres Création : juin 2016 Dépôt légal : juillet 2020 ISSN : 2495-3393 Photo de couverture : Benjamin Decoin/TF1

La revue des gens Q

uelle année ! Le magazine que vous tenez dans les mains a bien failli ne jamais paraître. La pandémie de coronavirus n'a pas facilité sa parution. C'est que la crise sanitaire a bouleversé le déjà fragile équilibre des médias. De tous les médias. Avec le confinement qui a figé la France durant deux mois, le marché publicitaire s'est effondré. Or, Numéro 39 n'est financé que par la confiance de ses annonceurs. Pour que vous puissiez feuilleter cette édition, il a donc fallu que ceux-ci s'engagent à nos côtés. Malgré le contexte, en dépit des incertitudes. Évidemment, nous les en remercions. Chaleureusement. En cet été 2020, ils n'ont pas seulement acheté un espace pour promouvoir une marque, un produit, un territoire... ils ont aussi soutenu une entreprise jurassienne de presse. De la vraie citoyenneté. Un peu à la manière d'une famille qui choisit de se fournir en légumes auprès d'un voisin maraîcher ou d'une société qui fait le choix d'un fournisseur local. Afin qu'il se tienne debout, fier du travail accompli. La solidarité toute simple ressemble sans nul doute à cette main tendue. D'autres n'ont pas eu ce réflexe. Dommage... et dommageable. Le Jura dont nous pouvons donc encore vous parler, ce sont certes des paysages devant lesquels on peut s'émerveiller. Une nature le plus souvent préservée, des villages qui ont su conserver une certaine authenticité, du moins du caractère, des cultures qui ont été comme façonnées par des sculpteurs inspirés et besogneux, des rivières et montagnes, des couleurs... Des cartes postales magnifiées par des armées de photographes. Mais le décor ne vaut rien sans les personnages. Ce sont eux qui écrivent l'histoire, qui

l'incarnent, qui communiquent les émotions. Numéro 39 aime à les réunir, comme vous avez plaisir à rassembler autour d'une table des convives aux parcours différents, aux personnalités diverses. Vous espérez une alchimie, un moment de grâce, une expérience unique, un souvenir impérissable, tout simplement un instant de bonheur. Nos invités – dont de nombreuses femmes – n'ont rien d’autre en commun qu'un lien avec le Jura. Ils y sont nés, y ont grandi, y travaillent... ou pas. Mais tous cultivent en eux la conviction d'appartenir à une communauté, à une famille. Ils naviguent en mer de Chine, montent sur les planches ou parlent au micro d'une grande radio, ils écrivent des livres, représentent la langue française à l'étranger, transmettent leur savoir sur le continent africain... et, en même temps, portent en eux un peu de cette terre jurassienne qui, inconsciemment, a fait d'eux ce qu'ils sont devenus. Inconnus ou stars du petit écran, ils se ressemblent, mais n'en sont pas moins uniques. Chacun à leur place. C'est cette idée qui nous porte, année après année. « Que de talents dans le Jura ! », s'est exclamé un lecteur de la lointaine Vendée en refermant Numéro 39. « Quand tu lis ça, t'as envie d'être Jurassien », a commenté un jeune homme venu d'un département voisin. Tout était dit. La beauté du Jura n'a pas besoin de nous pour conquérir des cœurs, elle sait faire sa cour, se montrer sous son meilleur jour. Les hommes et les femmes qui habitent ce territoire, physiquement ou spirituellement, ne refusent pas, eux, qu'on leur prête attention, qu'on les remarque, qu'on les mette en lumière. Ils y voient tout simplement de la reconnaissance, de l'affection aussi, de la convivialité. Dans nos colonnes, ils se sentent chez eux. Tout bonnement.

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Morez des Hauts de Bienne, une ville en pleine transition Sa Stratégie : valoriser son patrimoine architectural et son environnement naturel pour reconquérir les investisseurs ! Morez des Hauts de Bienne a puisé son identité dans la richesse de son environnement naturel de montagne mais aussi dans un étonnant et magnifique patrimoine architectural et industriel qui font d’elle, une ville à la montagne. Et aujourd’hui la cité entend le faire savoir en valorisant des atouts… pour certains insoupçonnés.

La ligne des Hirondelles

& l’Hôtel de ville

durant la saison printanière

Morez affirme son statut de territoire urbain à la montagne en affichant une politique volontariste de rénovation urbaine.

VILLE DE

MOREZ COMMUNE NOUVELLE

DES HAUTS DE BIENNE


Belvédère

La Roche au Dade

Magnifique point de vue sur la ville

Une nouvelle ère commence pour cette ville nichée au cœur de la montagne Morez affirme son statut de territoire urbain à la montagne en affichant une politique volontariste de rénovation urbaine qui passe par : • Des aménagements de rues qu’il faut redessiner pour répondre à la mobilité d’aujourd’hui, • Des achats fonciers pour réaliser des opérations tests avec purge d’arrière-cour, reprise de communs, création de plateaux, installation d’ascenseurs, avant de les remettre sur le marché immobilier et d’intéresser des nouveaux habitants, • Des acquisitions de locaux commerciaux désuets pour les remettre aux normes avant de les céder ou les louer à des commerçants, • Des projets environnementaux pour se diriger vers une autonomie énergétique avec un nouveau réseau de chaleur urbain en centre-ville, • Des passages à l’éclairage public Led, etc... Autant de moyens et d’énergies mis en œuvre pour répondre aux enjeux de cette petite ville du 21è siècle : attirer de nouveaux habitants comme des investisseurs.

D’aucuns pensent que là n’est pas le rôle d’une collectivité territoriale. Mais si les élus locaux n’initient pas ce mouvement qui le fera ? Qui d’autre aurait à cœur de redynamiser ce territoire ? Cette tâche déjà hors norme ne rebute pas les élus qui lancent en parallèle un projet de voie douce : « L’Echappée Bienne ». Un parcours de plus de 4 km au cœur de Morez longera les rives de la Bienne. Il s’agit de proposer de véritables lieux de rencontre, des espaces conviviaux où les enfants jouent et les parents discutent, un chemin sécurisé pour les habitants, les promeneurs, les sportifs, tout simplement un lieu qui appartient à tous et que chacun utilise comme il le souhaite pour se détendre.

La mutation est en route. Morez, zone urbaine dans un écrin de verdure redore son blason, change son image et met fin aux a priori. Ces initiatives remettent en lumière le patrimoine historique, géographique, social et économique de Morez au profit de sa population. Elles conduisent les acteurs du territoire à lier le passé à l’avenir, à faire résonner héritage patrimonial avec développement par l’association des valeurs de l’un à la nécessité de l’autre. L’ensemble de ces initiatives sont au service de la qualité de vie des concitoyens et de l’avenir prometteur d’une petite ville-centre. La mutation est en route. Morez, zone urbaine dans un écrin de verdure redore son blason, change son image et met fin aux a priori. En témoigne la récente élection de Morez au label national « Villes et villages où il fait bon vivre ». © CRÉDIT PHOTO : AURÉLIEN BILLOIS




Alessandra Sublet est l'une des stars de TF1.

Jura Entretien

Jura Itinéraires

Alessandra

Constance

Le Jura mon refuge

Sous l'armure, la grâce

SUBLET

Delval

L'histoire d'amour entre Alessandra Sublet et le Jura remonte à l'enfance. Il a pour port d'attache un petit hameau de la commune de Pratz. Depuis, c'est là, dans ce Haut-Jura préservé où elle garde de très nombreux souvenirs, que la présentatrice de TF1, vient se ressourcer. Ü

Elle est belle comme un cœur, douce et sensible… Mais ne vous y fiez pas, avec son épée et son bouclier, cette double championne de France de béhourd vous briserait en morceaux en deux coups d’estoc. Amazone ? Guerrière ou simplement perchée ? En tout cas, Constance Delval conjugue le mystère de la féminité et de la violence. Ü

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Thaïs Vauquières, fait partie de la jeune génération des humoristes femmes dans le sillage de Blanche Gardin.

Thaïs

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Marion GUILBAUD France Inter côté musique

VAUQUIÈRES

La musique du Nouveau Rendez-Vous et de Côté Club sur France Inter, c’est elle ! Marion Guilbaud cartonne avec sa programmation musicale et ses live qui font rappliquer tous les musiciens dans les studios de Radio France. À la rentrée, toujours avec son compère Laurent Goumarre, elle va animer une nouvelle émission quotidienne musicale. Ü

L'humoriste pressée

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FRANCE INTER EST LA PREMIÈRE RADIO DE FRANCE. Une Jurassienne, avec tous les autres talents de la Maison de la Radio, a contribué musicalement à ce succès. Marion Guilbaud, née dans le Val d'Oise, a passé son enfance et son adolescence à Lons-le-Saunier, dans le Jura. Fille d'un directeur de MJC, elle a fini par monter à Paris où elle est aujourd'hui l'une des programmatrices musicales les plus influentes de France. Elle a travaillé avec Stéphane Bern, Isabelle Giordano, Pascale Clark, Didier Varrod... Après les vacances, elle va animer avec Laurent Goumarre une nouvelle émission. Les deux professionnels se connaissent bien. Ils œuvrent déjà ensemble au Nouveau Rendez-Vous (NRV) et à Côté Club.

b RADIO FRANCE/CHRISTOPHE ABRAMOWITZ

Cette Lyonnaise de 28 ans dont la famille est attachée à Saint-Claude est en train de se tailler une belle réputation dans la nouvelle génération des humoristes. Le 9 décembre, elle sera à l'affiche des Tuches 4. Ü

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b ÉDITIONS BELFOND

Sommaire

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NUMÉRO 39 - Que répondez-vous quand on dit de vous que vous êtes l'une des références musicales de France Inter ? MARION GUILBAUD Que ça me fait rougir ! Après,

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c'est vrai, j’ai une expérience, un parcours, une vision de la musique à 360 degrés, je connais mon sujet et je pense avoir aussi un ton. Je ne programme que les choses que je trouve intéressantes, pas forcément parce que je les aime, mais parce qu’il y a quelque chose à découvrir. Je valide souvent des musiques que je n’écoute pas chez moi, mais qui apportent un plus. Votre parcours est tout simplement ahurissant. Il a été marqué par la chance ? J’ai été assez chanceuse, oui ! Dans ma vie, il y a eu des rencontres importantes, mais j’ai su en faire quelque chose, c’est ma force. Je ne suis pas carriériste, je n’aime pas anticiper, je profite des moments. Certains me disent : « Mais pourquoi tu n’as pas ton émission à toi ? » Tout simplement parce que ça ne m’intéresse pas ! Je ne dois pas avoir assez d’ego pour être seule en scène. J'aime faire partie d'une équipe, je revendique simplement un style, un ton. J’aime être sur la crête. Je veux une reconnaissance. Mais, en même temps, pas tant que ça ! Ü

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Dans les bois moussus du Jura, du côté de La Frasnée.

Marion ROUSSE

Mon Jura à moi

Pierrick

Bailly

La belle échappée

L'enfant des bois

Pour la quatrième année, Marion Rousse commentera le Tour de France qui, le 18 septembre, passera par le Jura qu'elle connaît bien pour y être venue en vacances et y avoir parcouru les routes à vélo. Rencontre avec la première consultante cyclisme à œuvrer sur une antenne publique et reconnue par le milieu pour son professionnalisme. Ü

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12 SARAH BRETIN 14 TOM MEYER 16 JOUB 20 CLAIRE CASTILLON 24 ALESSANDRA SUBLET 32 CONSTANCE DELVAL 40 CHRISTOPHE CHAILLOT

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Charles de Gaulle

Le Pacha

Du Grand Bleu à Bienvenue chez nous

françois TruffauT Ü l'été 1971 dans le Jura Haroun Tazieff Ü expédition sur l'etna asLove Ü le tuBe de l’été

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est Jurassien

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ALESSANDRA SUBLET • MARION GUILBAUD • MARION ROUSSE • THAIS VAUQUIERES • PIERRIC BAILLY

Porte-avions

aux

45 000 voix

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EMMANUEL DELRAN Un Jurassien à la barre du géant des mers

Alessandra

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PIERRE-ALAIN de GARRIGUES

Le Jurassien

Été 2020 numero39.com

Magazine gratuit

#3 Juin 2018

ALExANdRE pASTEUR Le Tour de France de Sirod à France Télévisions

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YVES SAINT LAURENT Les souvenirs de Paule Monory

FRANçoISE boURdIN Le Jura inspire l'écrivain

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été 2019 numero39.com

Magazine gratuit

RAYMOND DEPARDON Ü mon jura intime DENIS FAVIER Ü sa Vie à la tête du GiGn J.-FRANçOIS chARNIER Ü créateur de musée

GuiLLaume De menTHon - asLove - françois TruffauT - Haroun Tazieff

#2

JuIN 2017

un cuisinier jurassien à Matignon

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LES INFIdèLES Dans le cœur des rockeurs

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MARIN KONIK

été 2018 numero39.com

Magazine gratuit

salomé stévenin } empreintes JUrassiennes la marseillaise } retoUr en grace # erikwww.espacedesmondespolaires.org orsenna } ce qUe J'aime à arbois

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en images

la grande boucle 1939 de la Faucille à dole

ROMAIN BARDET - RAYMOND DEPARDON - DENIS FAVIER - DENIS TROSSAT - JEAN-FRANçOIS chARNIER

conception-réalisation baltik.fr/kolza.biz. Images :D. Baileys- Powerofforever -N.Michel

le tour de France dans son jura

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alexis vuillermoz

été 2017 numero39.com

Magazine gratuit

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un musée une patinoire un restaurant

STATION DES ROUSSES

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NOUVEAUTÉ 2017

RENDEZ-VOUS DANS L’ESPACE

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été 2016 numero39.com

Magazine gratuit

alexis vuillermoz - salome stevenin - erik orsenna - jean-gabriel de bueil - sylvie vermeillet

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SUBLET Lettre

aux Jurassiens

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THAÏS VAUQUIÈRES L'humoriste pressée à l’affiche des Tuches 4 MARION ROUSSE De retour dans le Jura avec le Tour de France PIERRIC BAILLY Le Jura intime de l'écrivain

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48 EMMANUEL DELRAN 54 THAÏS VAUQUIÈRES 60 SALEM ATTALAH 66 MARION GUILBAUD 74 SARAH MOON 78 MARION ROUSSE 94 PIERRIC BAILLY

en version numérique

www.numero39.com


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Des grappes de bateaux au port du Surchauffant, sur le lac de Vouglans. Cliché : Tom Mauron/UpDrone

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b SARAH BRETIN

Jurassiens

Sarah Bretin

La Jurassienne a grandi dans un environnement artistique foisonnant.

DE LONS AU THÉÂTRE PARISIEN La Lédonienne Sarah Bretin a joué dans plusieurs pièces de théâtre à Paris. Avant cela, elle est passée par les Cours Florent et Acquaviva pour devenir comédienne, un rêve qui remonte à l'enfance. Ü À 22 ans, Sarah Bretin se donne les moyens de percer dans le théâtre. « Ce n'est pas simple, on est hyper nombreux sur le marché, souffle cette Lédonnienne passée par les écoles Richebourg, Jeanne-d'Arc, le collège Saint-Exupéry et le lycée Jean-Michel. Il faut se créer un réseau, travailler sans cesse même quand il n'y a rien à répéter. Être prêt à saisir chaque occasion en somme. » Avec une maman artiste-peintre plasticienne qui dispense des cours de dessin à Montaigu, un papa qui a toujours donné de petits concerts en reprenant les titres de Brassens, des rendez-vous réguliers avec le « magnifique théâtre de Lons », des frères évoluant dans l'art visuel, la jeune femme a grandi dans un environnement propice. « Lors d'un entracte d'un spectacle à Lons, je suis montée sur scène pour chanter Au Clair de la Lune. » Elle n'avait que cinq ans et l'expérience l'a marquée ! Le déclic est confirmé lors d'un stage de comédie musicale au Cours Florent, à Paris. Dans la foulée, elle décroche un ticket pour la prestigieuse formation parisienne. La grande aventure commence en colocation avec son frère et un couple d'amis dans une petite maison de banlieue. Sarah Bretin rempile avec succès pour une formation plus

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professionnalisante au Cours Raymond Acquaviva, « le meilleur prof que j'aie jamais eu ». L'homme de culture possède aussi un carnet d'adresses hors-norme : « Ses anciens élèves donnent des master class une fois par mois : j'ai ainsi rencontré Gilles Lellouche ou Vincent Lindon ! » L'apprentissage, c'est sympa, mais rien ne vaut la vérité des planches. Castée pour le spectacle Dernière fête mis en scène par Romain Chesnel et Caroline de Touchet au théâtre Au Bout Là-bas à Avignon, Sarah Bretin vit « la plus belle aventure de sa vie » avec cette pièce consacrée grand prix du jury au festival de Cabourg. « On devait la jouer dans un plus gros théâtre cette année, le coronavirus en a décidé autrement. » Autre succès pour la Jurassienne, Le suicidé, une pièce jouée pendant trois mois. Avec la crise sanitaire, Sarah Bretin s'est retrouvée à l'arrêt. « Je travaille mes textes malgré cette pause forcée. Je suis sur un projet avec Jean-Claude Dreyfus pour un petit rôle de jeune infirmière. Avec l’annulation du festival d’Avignon, primordial pour notre profession, la période est compliquée, mais quand on veut vraiment quelque chose et qu'on aime ce qu'on fait, il n'y a pas de raison que ça ne marche pas. » Toujours croire en sa bonne étoile.


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Tom Meyer

TOQUÉ DE CRÉATION Élevé dans la cuisine de ses parents installés à Lons et Courlans, Tom Meyer s'est découvert une passion pour la haute gastronomie. À 25 ans, il dirige la création chez Anne-Sophie Pic, l'une des plus grandes cheffes du monde. Ü

Son lapin cuisiné avec trois garnitures, chou-fleur, coco et curry, tartelette de betteraves et tagèle, palet de céleri à l’ail noir aux abats, avec une assiette à base d’artichaut aux agrumes et aux herbes, était proche de la perfection. Il a d'ailleurs tapé dans l'œil du jury. Mais pour un tout petit point, Tom Meyer s'est incliné lors de la finale du Bocuse d’Or 2019. Une défaite frustrante qui montre toutefois que le jeune Jurassien de vingt-cinq ans a trouvé sa voie. Tombé dans la cuisine de ses parents restaurateurs aujourd'hui installée à Lons-le-Saunier et Courlans, le fils de Hugo Meyer a poursuivi l'histoire familiale... à la sauce sportive. Toqué de basket, cet ancien meneur de jeu, fan de combinaisons et de gestion du collectif, a trouvé, lors de son BTS Arts de la table, un terrain pour exploiter sa soif de confrontation : « Honnêtement, j'ai mis du temps à m'investir dans la cuisine car je voyais mes parents travailler dur. Petit à petit, j'ai été captivé par la rigueur et le

Tom Meyer, travaille avec la cheffe valentinoise Anne-Sophie Pic.

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côté créatif de la haute gastronomie. Je l'ai vécu comme un challenge sportif. » Son goût pour l'esprit d'équipe et l'adrénaline en cuisine ont fait le reste. Sans oublier un zeste de culot pour taper à la porte d'Anne-Sophie Pic à Valence, cheffe triplement étoilée et référence mondiale, qui l'a accueilli lors de sa formation en BTS : « Je me suis dit que pour devenir bon, il fallait apprendre chez les meilleurs », justifie-t-il. La suite emmène ce passionné de voyages à « La Chèvre d’or », restaurant gastronomique à Èze, puis à l’Hôtel de Ville à Lausanne pendant trois ans, avant de revenir auprès d’Anne-Sophie Pic... en tant que chef de la création. Un poste clef dans cet établissement de 80 personnes. Jeune papa, marié, Tom Meyer remet régulièrement les compteurs à zéro à raison d'un concours par an : le Bocuse d'or a succédé au challenge culinaire du président de la République ou au concours Taittinger : « Ces compétitions nous permettent de gagner en vitesse, en précision, nous redonnent de la rigueur supplémentaire, tout en se liant d'amitié avec d'autres concurrents et de grands chefs dans le jury. » Tom Meyer les aborde comme un athlète de haut niveau.


b JULIEN BOUVIER

Sa prestigieuse cheffe et un coach Meilleur ouvrier de France, Arnaud Faye, ont accompagné sa préparation pour le Bocuse d'or pour tenir la cadence imposée lors des 5 h 30 d'épreuve ! Prochain objectif pour le chef jurassien : le concours des MOF 2020 et sa sélection drastique de huit élus pour près de mille postulants.

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Joub

LE DESSINATEUR BRETON MORDU DU JURA Le scénariste et dessinateur de bande dessinée Marc Le Grand, alias Joub, cosigne l'album Les Couloirs aériens, qui raconte la crise de la cinquantaine qu'un homme traverse tant bien que mal en se ressourçant dans le Haut-Jura. Ü

ma façon de dessiner. La passion pour le dessin de l'hiver et de la neige, du vieux bâti jurassien, est venue plus tard. Cet intérêt s'est mué en une passion lors d'un atelier BD proposé par un de vos profs au lycée. Oui, au lycée avec des copains tous autodidactes puis avec le festival « Saint Malo quai des Bulles » qui nous a permis de rencontrer et d'entrer dans le monde professionnel de la bande dessinée. On a appris au fil du temps, des rencontres et avec les précieux conseils de professionnels du milieu... Ü

b DR

Il est Breton et né à Colmar en 1967, mais reste profondément attaché au Jura où il a passé toutes ses vacances de Noël, février et de Pâques en famille pendant vingt ans. À cinquante-trois ans, Marc Le Grand, connu sous le pseudonyme de Joub, est un scénariste et dessinateur reconnu dans l'univers de la bande dessinée française. Attaché à un style ancré dans la réalité via un graphisme efficace et rustique, il cosigne l'ouvrage Les Couloirs aériens avec ses compères de toujours, Christophe Hermenier et Étienne Davodeau. Séduit par l'authenticité et les couleurs du département franc-comtois, Joub s'est inspiré de la maison familiale du Grandvaux, de ses souvenirs, des ambiances hivernales du massif pour planter le décor de la crise de la cinquantaine que traverse son héros Yvan. Un récit proche de l'autofiction écrit à six mains. Joub ouvre aux lecteurs de Numéro 39 les portes de son univers passionnant. Vous êtes natif de Colmar, résidant de Tinténiac, une charmante petite ville bretonne près de Saint-Malo et, pourtant, c'est dans le Grandvaux jurassien que vous avez découvert votre intérêt pour le dessin et la BD ? En fait, je suis né à Colmar car mes parents instituteurs y travaillaient à l'époque, mais j'ai grandi en Bretagne. Le Jura, j'y viens depuis cinquantetrois ans ! On y a passé toutes les vacances d'hiver et de Pâques car mes parents avaient de très bons amis vers Prénovel-Les Piards ; ils ont fini par y acheter une maison il y a vingt ans. Avec ma sœur et les enfants d'amis de mes parents, on a découvert la pratique et la passion de la BD durant les temps passés au chalet. On y dessinait beaucoup. Il y a eu ensuite une vraie “influence jurassienne” de temps et de lieu dans

Marc Le Grand à sa table de travail.

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La vie vous a aussi permis de croiser Étienne Davodeau avec qui est née une fructueuse collaboration. Si le métier de dessinateur est une profession solitaire, j'aime bien travailler en collaboration avec d'autres scénaristes et dessinateurs. On était en fac ensemble avec Étienne et on ne s'est plus quittés ! Nous avons une réflexion sur la couleur qui nous inspire mutuellement. On a fait une série baptisée Geronimo, en quatre tomes, composé et dessiné une histoire pour enfants Le voyage infernal, puis créé, entre autres, la série Max et Zoé. L'autre partie de mon boulot se fait avec un artiste appelé Nicoby. Puis est paru l'album Les Couloirs aériens, cosigné avec Étienne Davodeau et Christophe Hermenier. Racontez-nous la genèse de cette œuvre qui aborde la crise de la cinquantaine qu'Yvan traverse en se ressourçant dans une maison d'amis située justement dans le Grandvaux. J'étais allé voir Étienne pour un projet sur le thème de la cinquantaine, des aléas qui tournent autour de cette période et, très vite, avec Christophe Hermenier, un copain de BD en commun qui traversait difficilement cette période (perte d'emploi et de ses parents, questionnement...), l'idée d'en faire un livre de copains est apparue. Mais ce livre, on voulait le vivre un peu en passant une semaine ensemble pour travailler dessus. À l'époque, j'habitais la Guyane et je leur avais proposé un périple au Brésil ! Pas motivé, Étienne (qui avait écrit en 2000, un livre sur le chalet voisin de la maison où nous avons finalement séjourné) préféra un camp de travail dans le Jura pour ancrer l'histoire dans ce territoire. Il avait aussi envie de dessiner du blanc et de la neige. Nous avons recueilli toute la matière, établi tous les croquis et fait des photos lors de cette semaine de travail agrémentée de nombreuses balades en forêt. Mais l'album a demandé un peu de maturité avant d'être réalisé, non ?

Oui, il s'est passé deux ans avant d'attaquer l'album scénarisé par nous trois et intégrant une base de vécu naturellement puisque nous avions tous autour de cinquante ans à l'époque. Étienne a fait le dessin en noir et blanc, j'y ai ajouté la couleur avec toujours beaucoup d'échanges et de validations des étapes entre nous. Le Jura est omniprésent dans cet ouvrage. Pourquoi ce choix de cadre et qu'apporte-t-il au questionnement de votre héros Yvan ? On est en plein hiver, le gars est déprimé. La neige lui permet de repartir d'une page blanche. Rien ne va et, progressivement, le printemps va lui apporter une renaissance. On avait besoin d'espaces sauvages où il devait être seul dans son cheminement, même s'il rencontre des gens qui vont l'aider à avancer. Il est accueilli par un couple d'amis qui lui prêtent une maison. Ils le soutiennent et le critiquent de façon constructive. Sa femme vient ponctuellement. À la fin, il se rend compte qu'il doit aller de l'avant... mais j'en dis déjà beaucoup [rires]. Cela reste une fiction pour fabriquer une histoire qui se tienne avec une évolution du personnage et une sortie. Le personnage évolue aussi entre passé et présent. Doit-on y voir aussi une métaphore du territoire jurassien ? Ce que j'aime dans le Jura, c'est que ça n'a pas trop bougé. J'ai d'ailleurs pu encore m'en rendre compte quand on a fait une conférence à Lons-le-Saunier dernièrement et à La Fraternelle de Saint-Claude. Ce côté préservé, l'économie locale du bois encore présente, les souvenirs du passé reviennent aussi : ces vieux lavoirs, fontaines, le vieux remonte-pente de Prénovel, la scierie près du lac de l'Abbaye m'ont inspiré. Ça me parle énormément, je trouve ça super exotique ! J'aime cette taille humaine du Jura. En fait, notre personnage se découvre simplement un attachement à la nature. Ed. Futuropolis, 19 €.

André Besson en librairie

Un conte signé Jean Burdeyron

Escapades hivernales sur la montagne

Les Éditions Cabédita viennent de rééditer Les maquis de Franche-Comté, un ouvrage emblématique de l'écrivain jurassien qui réunit des entretiens de résistants réalisés dès l'automne 1944. Le Dolois va par ailleurs bientôt publier La Mystérieuse affaire du Domaine des Repentis, chez Attinger. Un roman dans lequel il s'intéresse aux Français qui ont choisi de collaborer durant l'occupation nazie.

Médecin et homme politique local, Jean Burdeyron est une personnalité jurassienne. En juillet dernier, il a publié Tigué Bedré (grand arbre dans la langue des Mossis), un conte, ou plutôt un récit allégorique. L'histoire se déroule en Afrique que l'auteur connaît bien et les personnages sont des singes dont le comportement a bien des ressemblances avec celui des humains.

Jean-Luc Girod connaît le massif du Jura comme sa poche. Il l'a arpenté de long en large. Dans Escapades hivernales, il propose pas moins de 70 itinéraires à parcourir à raquettes ou en ski de randonnée, en France et en Suisse. Des petites balades et des excursions plus sportives. Ce guide est aussi l'occasion de découvrir une nature qu'il convient de préserver.

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Amalhée, 9,90 €

Rossolis, 20 €.


RETOUR AUX 90KM/H Comme la loi d’orientation des mobilités l’y autorise, et à l’instar de près d’une trentaine d’autres départements Français, le Département du Jura souhaite assumer un retour aux 90 km/h pour le réseau routier qu’il gère. L’initiative vient du Président Clément Pernot qui, dès l’instauration de la limitation à 80 km/h, a publiquement indiqué que la libre appréciation des gestionnaires locaux de la voirie devait primer sur ce sujet. Ainsi, la vitesse maximale autorisée (VMA) sera relevée de 10 km/h sur certains tronçons identifiés du réseau routier départemental. Cette mesure sera effective au 1er septembre 2020. Les tronçons concernés pour apprécier l’opportunité d’une telle décision ont tous préalablement fait l’objet d’une étude approfondie de leur accidentalité, afin que le relèvement de la VMA tienne compte de l’ensemble des risques encourus par les usagers.

Par ailleurs, lorsque le risque d’accidentalité est considéré comme trop élevé, la VMA est maintenue à 80 km/h et, sur certaines portions limitées de routes, réduite à 70 km/h. Le relèvement de la vitesse à 90 km/h sur près de 300 kilomètres du réseau routier départemental n’est donc pas opéré de manière arbitraire. Au contraire, la décision prise tiendra compte de l’ensemble des paramètres locaux pour permettre une mobilité sûre et apaisée sur les routes départementales du Jura. L’Institution départementale dispose par ailleurs d’équipes de gestion et d’entretien du réseau routier compétentes pour aider à la prise de décision et accompagner le changement qui en résultera. En définitive, une décision de bon sens se fondant sur des critères pour lesquels le Département du Jura a le pouvoir d’appréciation le plus pertinent dans son rôle de proximité. numéro 19 39

PHOTO/ F.BEDEL/CD39 - CONCEPTION/ www.jura.fr - 2020

LE DÉPARTEMENT ASSUME LE CHOIX D’UN RELÈVEMENT DE LA VITESSE MAXIMALE AUTORISÉE POUR UNE MOBILITÉ ADAPTÉE AU TERRITOIRE


Claire Castillon

UN JURA LITTÉRAIRE Dès la première page de son roman, l’auteure plante le décor avec une étonnante justesse : « Aux Rousses, on a perdu une petite fille, mais on a gagné un reporter poète qui commémore depuis dix ans sa disparition. À lire Michel Florent, dans la région, le climat impose la géographie de l’histoire. Je traduis : ici impressionne, ici rebute. Il y a tant de brume. Les destins manquent de lumière pour fleurir, alors ils se fracassent. Ça ne gêne personne de s’appuyer sur la météo pour expliquer les drames. Pourtant, les gens continuent à s’installer aux Rousses. La preuve, une maison se libère en face de chez nous et aussitôt une famille débarque. » C’est donc bien dans le Haut-Jura que Claire Castillon a planté le décor de son dernier roman, Marche blanche. La narratrice, la mère d’une fillette de quatre ans, disparue une dizaine d’années plus tôt, explore un quotidien entre enquête, espoir et résignation, dans une atmosphère de polar nordique. Claire Castillon est une auteure de romans, de nouvelles – son recueil Rebelles, un peu a remporté le Prix du concours L'Échappée littéraire des lycéens et apprentis de Bourgogne-Franche-Comté en 2018 – et de livres pour enfants. Nous l'avons interrogée sur le lien entre Les Rousses et son roman. « Je recherchais le nom d’une station et j’ai pensé “Les Rousses”, c’est parti de là. Je n’ai pas le souci du détail et de la vérité, donc je n’ai pas fait de recherches pour vérifier si ce lieu existait, ni l’endroit où il se trouvait. J’ai vraiment l’impression que les personnages et les décors sortent tels quels de ma tête. Il m’arrive d’organiser des séjours à la montagne, de naviguer et peut-être que j’ai vu les Rousses et que c’est ressorti au moment d’écrire le livre. Je crois beaucoup à l’inconscient. » Comment expliquer dès lors le fil qui relie le climat de l’ouvrage et à celui du massif jurassien en hiver, ou même la présence dans le roman d’un lac et d’un pierrier ? « J’ai entendu en effet que l’on rapprochait très souvent mon roman du Jura, un lecteur et un journaliste m’ont parlé des Rousses. Je pense qu’il y a un imaginaire de la montagne. J’avais envie qu’il y ait ce paysage. Je ne voulais pas que cela soit un lieu aussi immense et dominant que les Hautes Alpes. Dans ma tête, j’étais dans une terre toujours entre pluie et neige, entre gris et brouillard. Je vois la maison, le village, la route, même si je ne les ai jamais vus en vrai. J’aurais aimé vous parler du Jura, mais je n’y suis pas encore allée. Alors il faut que j’y vienne ! ». Reste une question. Le Jura ressemble-t-il à celui des romans, à celui imprimé sur pages blanches ? Nombre d’auteurs contemporains, d'Emmanuel Carrère, en passant

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Claire Castillon aime les histoires sombres.

par Jean-Baptiste Harang, Claire et Anne Berest ou Pierric Bailly, évoquent le département franc-comtois dans des ouvrages récents. Dans ses magnifiques Lettres parisiennes, Histoires d’un exil, Nancy Huston écrit également depuis Lamoura à son amie Leila Sebbar. Comme Claire Castillon, par leur perception et leurs mots, ces auteurs contribuent à inscrire le Jura dans un imaginaire littéraire et collectif. Claire Castillon, Marche blanche, Éditions Gallimard, 176 pages, janvier 2020.

bFRANCESCA MANTOVANI

Le dernier roman de Claire Castillon se déroule aux Rousses où l'écrivaine n'est jamais venue. C'est donc un Haut-Jura fantasmé qui est ici proposé. Ü


ALEXIS VUILLERMOZ

b AG2R- LA MONDIALE

LE SANCLAUDIEN EN SELLE

L'équipe AG2R-La Mondiale a prolongé le contrat d'Alexis Vuillermoz, et ce pour une durée d'un an. Âgé de 31 ans, le puncheur jurassien est membre de la structure dirigée par Vincent Lavenu depuis 2014. Alexis Vuillermoz, vainqueur d'une étape du Tour de France en 2015, s'est réjoui : « Je sors de deux saisons compliquées. Je me suis fracturé la rotule en août et je n'ai plus couru depuis l'arrivée du Tour de France l'an dernier. J'avais hâte de reprendre la saison en mars au Tour de Catalogne et la pandémie l'a empêché. Malgré tout, l’équipe me fait confiance pour une saison supplémentaire et cela illustre sa dimension humaine », se félicite le Sanclaudien.

Hôtel*** - Restaurant

PARENTHÈSE Le chef Christophe Bassard et toute son équipe vous reçoivent pour des moments privilégiés

JOËL ET MATHIEU THIERRY

LES LUNETTES BRIGITTE À L'ÉLYSÉE

Les 18 et 19 janvier, l'Élysée a réuni, dans une exposition, 120 objets « fabriqués en France ». Parmi eux, une paire de lunettes réalisées dans le Haut-Jura par la SA Thierry pour son client parisien, l'opticien Lafont. Elle porte le nom de la première dame, Brigitte. « Ce n’était pas intentionnel, il y a un modèle similaire qui s’appelle Emmanuelle », a confié Mathieu Thierry, le dirigeant de la société morberande, à nos confrères du Progrès.

RIUM A L O S A P S PISCINE

CHRISTOPHE JACQUOT

AU SOMMET DE LA GENDARMERIE

Originaire de Mouchard, cet ancien élève de SaintCyr a notamment dirigé pendant sept ans l’Établissement de communication et de production audiovisuelle de la défense (ECPAD). Il vient d’être nommé chef du service de la transformation, l’une des cinq grandes directions de la gendarmerie où il devra préparer la modernisation numérique.

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MARTINE FESTAS

POLAR CHEZ LES BIATHLÈTES

MATHILDE ROY

TOURNÉE VERS PARIS 2024

NUMÉRO 39 - Comm la France en vient-elle à pub ent une enseignante du Nord de lier un polar qui se déroul milieu du biathlon ? e dans le MARTINE FESTAS - Je suis en effet prof ' d’EPS. sport tient donc une grande Le personnel que professionne place dans ma vie, tant sur le plan l. nant qui est très télégéniqu Le biathlon est un sport passione. Sans doute comme bea ucoup de lecteurs de Numéro 39, je reg du monde avec ses nombre arde toutes les étapes de la coupe ux le fameux pas de tir. J’ai don rebondissements, notamment sur c eu envie d’écrire sur ce mil me fascine. ieu qui Le sport se prête-t-il aux cod Il existe assez peu de romans es du roman policier ? policiers qui pre point de départ le sport, ma nnent pour is solument que le sport sus je pense récite des émotions fortes et du suspense thrillers ou les romans pol comme les icie en quelque sorte fait une ma rs. J’en ai brique puisque mes deux romrque de fadents puisent aussi leurs rac ans précéine pratique sportive avec, pou s dans la r le premier, la course à pied [Footing fata le second, la randonnée [G l] et, pour R qui vient d’être réédité aux sans issue, Éditions du Citron Bleu].

b NUMÉRO 39

Dans les Traces débute par un cadavre découvert par deu x lètes, dont Léa Dalloz. Co jeunes athmm vous construit vos deux per ent avezsonnages ? L’idée de ce personnage fém inin de jeune biathlète m’est ven ue rencontre improbable en Sar lors d’une dai Caroline Colombo à l’époqu gne avec du grand public et aujour e inconnue d’hui biathlètes en équipe de France. Pour Dalloz, j’ai che noms de la région et celui-c rché des i beaucoup car je savais qu’ me plaisait il âme pour les Francs-comtois avait une personnage, Clément, est . Le second aussi un montagnard mais originaire de Sav deux cultures montagnarde oie. L’idée de faire dialoguer ces s me paraissait intéressante . Que représente le massif du Jura où se déroule l'intrigue pour vous ? À travers l’écriture, j’aime beaucoup faire découv lecteur des régions que j’ai sillonnées. Les Rousses, Lamrir au Bois d’Amont, Bellefonta oura, ine, Chapelle-des-Bois rep résentent pour moi le territoire de la mari depuis de nombreuse Transju’ à laquelle participe mon s en hiver pour le ski de fon années. C’est un endroit magique d et même pour le ski alpin (on a des souvenirs fantastiques des pis dreuse). Et, en été, la sim tes du Noirmont un jour de pouple traversée du Risoux à VTT a des allures d’aventure. J’aime les paysages du Haut-Jura et les gens qui y habitent. Dans les Traces, Les 22 numéro Éditions du Citron Bleu, 16 €. 39

b STÉPHANE PILLAUD - FFHB

Imaginez une jeune Jur de haut niveau, qui se assienne, biathlète retrouve confrontée à plusieurs morts suspect Martine Festas, enseign es. Avec Dans les Traces, un polar plein de susp ante de profession, signe Station des Rousses etens qui a pour cadre la ses environs. Ü

À 17 ans, elle est un solide espoir du handball féminin français. Du haut de son mètre soixante-douze, Mathilde Roy voit loin... et imagine déjà briller aux Jeux olympiques d'été de Paris en 2024. « Le rêve ultime serait d'y décrocher une médaille d'or. La France est une grande nation du hand et savoir que nos aînés, hommes ou dames, ont réalisé de très grandes choses, nous prouve que ce rêve est accessible », souffle cette Lédonienne. Depuis, cette gauchère qui évolue aux postes d'ailière ou arrière droite n'a cessé de progresser. Jusqu'à intégrer, il y a deux ans, les rangs du prestigieux club bisontin de l'ESBF pour jouer en Nationale 1. Si la première année n'a pas été simple pour la Jurassienne venant de Nationale 3, la suite, à force de travail, a débouché sur sa première sélection en équipe de France jeunes, lors d'un tournoi en Espagne, suivi de son premier championnat méditerranéen couronné d'or en 2018 puis en 2019. Elle a aussi décroché la médaille de bronze à l'Euro 2019. Mathilde Roy (créditée de 37 sélections en U18 et U16) intégrera le centre de formation de l'ESBF dès septembre avant de viser une place dans l'équipe élite, en Ligue Butagaz Energie. Une autre marche sur sa route vers Paris 2024.

PIERRE-ÉTIENNE POMMIER

IL VEUT SUCCÉDER À DELPHINE ERNOTTE Pierre-Étienne Pommier est conseiller numérique du groupe LREM à l’Assemblée nationale. Fils d'une plume de la presse jurassienne, Guy Pommier, il se présente à la présidence de France Télévisions. Son projet entend remédier au manque de moyens et investissements consacrés jusqu’à présent par le groupe public à sa mission éducative. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel se décidera au plus tard le 24 juillet.


Julien Mariotte a été formé au lycée agricole de Montmorot.

b NUMÉRO 39

la MAISON de la VACHE qui RIT

JULIEN MARIOTTE

LE DOLOIS QUI RÉINVENTE LE GIN Julien Mariotte, la petite quarantaine, débarque en mars 2019 dans la constellation des boissons alcoolisées régionales avec une petite bouteille ronde de 50 cl. Dedans, un gin fait maison à base de baies de genévrier ramassées entre Jura et Doubs. Une boisson atypique sans agrumes ni épices qui intéresse très vite les cavistes et autres restaurateurs professionnels par son originalité et ses qualités gustatives. Ursa Minor n’aurait jamais dû voir le jour, mais, après de longues années dans le monde du spectacle vivant, Julien Mariotte décide de changer de cap : « Je voulais une vie de famille, du temps à consacrer à ma fille et à ma compagne, et j’ai pensé qu’une reconversion dans le milieu des plantes pouvait me correspondre. » Formation au lycée agricole de Montmorot, stages, rencontres et une idée fixe qui fait son chemin : une distillation alcoolique. Suivent six mois de réflexion et de montage administratif, de recherche de fonds et d’essais dans la cuisine de sa maison d’Abbans-Dessous (25) : « J’ai élaboré un gin qui n’utilise pas les ingrédients classiques, ce qui lui donne un panel de goûts très large, depuis l’amertume de la peau de pamplemousse jusqu’au final de caramel suave en passant par un goût de noyau. » Le gin Ursa Minor (Petite Ourse, en référence à la constellation) se fait vite sa place au soleil comtois, à tel point que Julien Mariotte double la mise ce printemps avec l’arrivée de Lyra (autre référence à une constellation), une vodka tout aussi locale et artisanale. Sa distillerie Heima, mélange de deux termes islandais qui signifient « à la maison » et « distiller », pourrait même aller plus loin et proposer dans quelques mois une absinthe et un aquavit, alcool nordique à base d’aneth.

SAISON 2 0 20

PARCE QUE c’est MEILLEUR de RIRE !

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TF1

Alessandra Sublet est l'une des stars de TF1.

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24 numĂŠro


b ÉDITIONS BELFOND

Jura Entretien

Alessandra

SUBLET Le Jura mon refuge

L'histoire d'amour entre Alessandra Sublet et le Jura remonte à l'enfance. Il a pour port d'attache un petit hameau de la commune de Pratz. Depuis, c'est là, dans ce Haut-Jura préservé où elle garde de très nombreux souvenirs, que la présentatrice de TF1, vient se ressourcer. Ü

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Il y a quelques années, sa maison d'édition lui a offert un cadeau inespéré : une matinée sur le circuit Beltoise à Trappes, au volant d'une Ferrari. « On a peur. On est assis par terre ! »

A

ALESSANDRA SUBLET EST UNE STAR DE LA TÉLÉVISION. Chaque soir, sur TF1, elle donne la réplique à l'imitateur Nicolas Canteloup. Juste après le journal de 20 heures, des millions de téléspectateurs se régalent en regardant le duo commenter avec humour l'actualité. La saison dernière, Alessandra Sublet a aussi fait partie du jury de Mask Singer et n'a pas hésité à se déshabiller pour sensibiliser les femmes au cancer du sein. « L'étoffe d'une championne », titrait Télé 7 Jours en mars, au moment de la diffusion de son documentaire Tony Parker Confidentiel sur TMC. Alessandra Sublet est une femme libre. « Je suis qui je suis et je n'essaie pas d'être quelqu'un d'autre », confiait-elle l'été dernier à Paris Match. Une personnalité qui plaît. La présentatrice est populaire, comme l'ont été les plus grandes figures du petit écran. Pour Numéro 39, elle ouvre pour la première fois les portes de son « jardin secret » qu'elle cultive en terre jurassienne. Entretien. NUMÉRO 39 - Vous êtes née à Lyon. En quoi êtes-vous jurassienne ? ALESSANDRA SUBLET - Ma mère, enfant, passait ses grandes vacances dans un petit village près de Moiransen-Montagne. Elle s’est toujours promis d’y revenir et même d’acheter plus tard une petite maison. Son rêve s’est exaucé et c'est merveilleux de voir comment, avec mon père, elle a trouvé cette maison à Grand-Châtel. Cela a été un grand bonheur pour elle. Moi, j'y vais depuis ma naissance. Mes souvenirs jusqu’à l’âge de seize ans, mon enfance et mon adolescence sont là-bas. Voilà pourquoi, à mon tour et en famille, nous passons nos vacances là-bas, sur ses pas ! À quoi ressemble le Jura d'Alessandra Sublet C’était l’appel de la forêt, les balades joyeuses, les virées sur le lac de Vouglans et mes retrouvailles avec mes

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cousins. Je conserve de vrais trésors d’enfant enfouis en moi. Ce sont aussi des odeurs qui me reviennent, même lorsque je suis à la capitale. Y retourner régulièrement avec mes deux enfants est une vraie joie familiale. L’histoire se répète pour mon plus grand bonheur.

C'est dire que vous avez vécu des moments forts dans le Haut-Jura ? Oui ! Un premier amour, ça ne s’oublie pas ! Je me souviens aussi des virées à moto et le baptême de ma fille. Le prêtre n’avait plus les clefs de l’église, on a fait le baptême à la maison ! J’ai une grande affection pour ce petit hameau fait de maisons en vieilles pierres qui n'ont pas bougé depuis tant d'années et pour les anciens de ce village dont certains sont partis trop tôt malheureusement. J’ai aussi une pensée pour Claude que je salue et qui lira certainement cet article. C'est le grand écart avec la vie parisienne ? Pour internet et le portable, il y a très, très peu de réseau, mais ça me convient ! Ce village reste mon endroit préféré, même si je me balade tout autour. Pour moi, rien n’a changé, il est figé. Pas une maison de plus et c’est très bien. Il est préservé – comme l’ensemble du Jura d’ailleurs – et, pour moi, c’est un bonheur de se sentir loin de tout, à l'abri des regards. C’est également une chance de voir mes Ü


Alessandra Sublet sur le lac de Vouglans, à l'été 2019.

Ce jardin secret, je le partage depuis tant d'années avec vous, chers Jurassiens d'enfant, dans mon cœur d'adolescente et il a tricoté au fil du temps ces souvenirs-là ! Des racines solides à l'image de ses conifères si majestueux. Ces souvenirs sont ceux qui font la sève de nos émotions futures et je lui en suis tellement reconnaissante… Il a distillé les plus fortes émotions au plus profond de moi, il m'a ouvert les portes d'une nature exceptionnelle et si précieuse à mes yeux : le vent dans les hauts sapins, la mélodie des plus jolies cascades, les couleurs des plus beaux couchers de soleil, il a éduqué mon palais aux meilleures liqueurs, au meil-

leur comté et, enfin, il a été le témoin de mes rires et mes larmes qui font encore écho dans les plus hautes montagnes jurassiennes. Le Jura, c'est un puits de ressource vitale pour moi, un havre de paix familiale dont les plus anciens du village ont su garder précieusement le secret. Le Jura est mon confident et le gardien de tant de beaux souvenirs que je me devais de le fêter avec vous au travers de ces quelques lignes. Bienheureux sont celles et ceux qui ont partagé cela avec moi, là-bas au creux de ce petit hameau, car ils font ce que je suis aujourd’hui même au travers du petit écran. [AS]

b DOCUMENT PERSONNEL

I

l y a dans une vie d'adulte des souvenirs impérissables. Et nous devrions plus souvent honorer notre mémoire parce qu'elle sait de temps en temps nous les rappeler. C'est une vague de chaleur tellement réconfortante... C'est vrai, quel bonheur d'être le témoin de ses propres joies, de ses propres peines et de les garder pour soi le temps d'une vie. Ce jardin secret, je le partage depuis tant d'années avec vous chers Jurassiens. Car oui, le Jura est un acteur majeur de mes émotions ! Il s'est glissé dans mes veines dès mon plus jeune âge, sous mes pieds

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b BENJAMIN DECOIN

Le Jura, pour Alessandra Sublet, ce sont des « trésors d'enfants » et le souvenir d'un premier amour.

enfants marcher sur les mêmes chemins, les voir emprunter les mêmes routes à vélo et faire avec eux les mêmes découvertes de cascades ou de trésors à morilles ! Les Français peuvent vous voir sur les antennes du groupe TF1. Mais avant cela, vous avez présenté d'autres émissions avec succès. Quels ont été les moments-clés de votre itinéraire ? J'ai fait mes études à Lyon et j’ai eu de multiples aventures professionnelles avant de trouver ma véritable voie, mais L'Amour est dans le pré et C’est à vous ont été les deux émissions qui ont radicalement changé ma carrière par leur vérité et aussi par le lien que j’ai eu à ce moment-là avec le public. Quel métier exercez-vous ? Vous vous diriez journaliste, documentaliste, présentatrice, productrice ? Je suis animatrice. Même si le terme peut paraître ringard ou désuet, je suis très fière de mon métier. Il m’a amené aussi à apprendre la production et c’est une autre casquette avec laquelle je m’épanouis et qui me permet, par exemple, de pouvoir faire le portrait de certains parcours extraordinaires comme ceux d’Antoine Griezmann ou Tony Parker. Produire, c’est aussi la liberté de faire ce en quoi je Ü crois.

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samedi c’est Fanfare

SEPTEMBRE ET OCTOBRE

CENTRE-VILLE

fanfares et théâtre de rue

ETQUELQUESMOIS…

lamaine se jeu dudéo lle vi tre-vi n au ced ole

de mer. 2214 Du sam. autobre oc

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SUCCESS STORY 2006-2009 L'AMOUR EST DANS LE PRÉ

C'est Alessandra Sublet qui a animé la première la grande émission populaire de M6.

2009-2013 C À VOUS

Talk-show star de France 5 tourné dans un loft parisien, au cours duquel les invités passent à table.

2016 ACTION OU VÉRITÉ

Talk-show de TF1 qui dure neuf mois. Des invités du monde culturel et politique doivent débattre de sujets d’actualité.

Vous qualifieriez-vous de chanceuse ? Un jour, j’ai reçu sur mon plateau un comportementaliste qui m’a dit « Le mouvement crée la chance ». Je crois à ça. Je ne crois pas que l’on naît sous une bonne étoile, je crois surtout que l’univers nous offre tout ce dont on rêve, si tant est que l’on soit prêt à y croire très fort et que l’on travaille pour. La chance, c’est l’envie et la volonté avant tout. J’ai tenté ma chance et, au travers d’échecs, j’ai aussi réalisé mes vœux. Je suis une optimiste, je crois que rien n’est impossible. Ajoutez à cela un peu de spontanéité et le tour est joué ! On vous retrouve tous les soirs sur TF1 avec Nicolas Canteloup, on vous a aussi vu récemment dans Stars à nu et, pour TMC, aux côtés de Tony Parker. Qu’est-ce qui vous plaît dans votre métier ? Sans conteste, le lien que j’ai avec les gens, avec le public et ce depuis dix-sept ans, et aussi la rencontre avec des gens aux parcours multiples. Cela m’enrichit chaque jour. J’aime l’humour avec Canteloup et le vrai avec des émissions plus authentiques. La notoriété doit servir aussi à être l’écho de causes importantes parce que, justement notre voix est plus forte [Dans Stars à nu, quinze personnalités, huit femmes et sept hommes, ont accepté de se mettre à nu, sur la scène du célèbre cabaret parisien Le Lido, pour sensibiliser

2017 ANTOINE GRIEZMANN CONFIDENTIEL

Documentaire sur TMC sur l’un des joueurs stars de l’équipe de France de football. Alessandra Sublet propose un portrait inédit du champion.

2018 C’EST CANTELOUP

L’animatrice succède à Nikos Aliagas sur TF1 dans l’émission humoristique diffusée après le journal de 20 heures. Elle est toujours présentatrice dans ce programme.

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TONY PARKER CONFIDENTIEL

Sur TMC, Alessandra Sublet invite les téléspectateurs dans l’intimité de Tony Parker.

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Avant Anne-Élisabeth Lemoine et Anne-Sophie Lapix, c'est Alessandra Sublet qui animait C à vous, programme phare de France 5.

b JEAN-BRICE LEMAL/FTV FRANCE 5

STARS À NU

Une émission en deux volets diffusée le vendredi soir sur TF1 d’après un modèle anglais. L’occasion pour l’animatrice de sensibiliser le public aux cancers du testicule, de la prostate et du sein.


Est-ce facile quand on habite Paris ? Paris est une ville magnifique. J’y travaille, je m’y arrête parfois pour regarder les plus belles architectures au monde, mais Dieu merci, je n’y vis pas. Quand je travaillais sur la matinale de Canal+, j’avais une chance incroyable, celle de me lever tôt et de sillonner seule la plus belle avenue du monde, Les Champs-Élysée. Une aubaine réservée aux lève-tôt ou aux couche-tard !

les Français au dépistage du cancer du sein, du testicule et de la prostate, N.D.L.R.]. Elle peut permettre accessoirement d’avoir un petit bout de comté gratis chez le fromager ! Comment conciliez-vous vie professionnelle et vie privée ? Je suis restée la même, ce qui signifie que ma vie n’est pas mon métier ! Mon métier s’est introduit de mon plein gré dans ma vie, mais en me laissant du temps pour mes enfants et c’est le plus important. Je ne me protège pas, je suis flattée quand on me reconnaît dans la rue, mais je n’en fais pas état, je ne suis pas Madonna non plus ! J’ai les mêmes amis depuis plus de vingt ans, ils se fichent de ma notoriété et tant mieux. Je suis plutôt d’une nature généreuse et à vrai dire mes amis, ma famille me le rendent bien.

Comment assumez-vous la pression ? Je fais du sport deux fois par semaine, mais je le fais par envie. J’ai fait du sport étude pendant douze ans en danse classique. Je crois que mon corps n’est pas prêt à lâcher l’affaire. Je suis active, mais aussi contemplative. Parfois, se poser et regarder le monde bouger, c’est bien aussi.

Êtes-vous carriériste ? N'est-ce pas une obligation quand on veut durer à la télévision ? Je suis ambitieuse, oui, et ce n’est pas un vilain mot. Mais je suis avant tout mes envies, c’est le plus important. Ça demande quelques batailles souvent contre soi-même mais quel bonheur quand ça marche ! Je ne sais pas combien de temps je ferai ce métier, connaître l’avenir ne me fera pas être plus heureuse dans le présent. On verra !

Comment vous ressourcez-vous ? Grâce au Jura entre autres... et puis j’habite à la campagne, loin de Paris. C’est une source de revitalisation totale ! Je crois que les gens qui le peuvent fuient les grandes villes dès que c’est possible. Et si nos enfants évoluaient vers une vie plus riche de nature et de simplicité ? Ils sont notre avenir aussi, soyons confiants. Vous plaqueriez tout pour un coin du Jura ? À vrai dire non. Le Jura, c’est avant tout une respiration, comme si j’avais besoin de lui pour repartir du bon pied et c’est parfait comme ça. Mais force est de constater que mes nuits jurassiennes sont apaisantes aussi... Qui sait ? Ne dit-on pas que seuls les idiots ne changent pas d’avis ? Qu’est-ce que la crise sanitaire du Covid-19 et le confinement vous ont appris ? Cette pandémie marquera une partie de notre histoire par sa violence et par la situation inédite dans laquelle nous nous trouvons. Mais elle nous permet peut-être aussi de prendre du recul sur le monde dans lequel nous vivons et sur nos profondes envies liées à notre avenir et celui de nos enfants. J’ai été et je suis encore très touchée par tant de victimes fauchées par ce virus, mais très surprise et heureuse aussi d'avoir vu autant de solidarité. Un énorme merci à nos aides-soignants, médecins qui ont lutté au plus près des malades au péril de leurs vies.

Avec Nicolas Canteloup, elle décrypte l'actualité chaque soir sur TF1.

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b CHRISTOPHE CHEVALIN-TF1

Selfie avec l'ancien champion de basket Tony Parker à qui elle a consacré un documentaire.

b DOCUMENT PERSONNEL

Quel regard portez-vous sur notre société actuelle ? J’essaie d’évoluer avec notre société. La nage à contrecourant n’a jamais été mon fort. Cependant je trouve que malgré les réseaux sociaux et certains sujets traités parfois dans les médias, il faut essayer de se faire une opinion, essayer d’avoir son propre libre arbitre. C’est important aussi de trouver sa place, d’être en accord avec soi-même et de ne pas trop se laisser influencer par ce qui pourrait polluer notre quotidien.


Jura Itinéraires

Constance

Delval

Sous l'armure, la grâce Elle est belle comme un cœur, douce et sensible… Mais ne vous y fiez pas. Avec son épée et son bouclier, cette double championne de France de béhourd vous briserait en morceaux en deux coups d’estoc. Amazone ? Guerrière ou simplement perchée ? En tout cas, Constance Delval conjugue le mystère de la féminité et de la violence. Ü 32 numéro

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b NUMÉRO 39

La combattante de la Doye est aujourd’hui championne de France par équipes et Dame de Fer en individuel. Qui s’y frotte, s’y pique…

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N b NUMÉRO 39

Dans la lice, tous les coups ou presque sont permis. L’objectif : rester le dernier debout.

NE VOUS Y FIEZ PAS, CETTE JEUNE FEMME DE TRENTE ANS AUX YEUX BLEUS, cheveux blonds qui tombent en cascade sur ses épaules, 1,78 m, est une athlète de haut niveau de béhourd, résurgence d'un sport médiéval. Championne de France par équipes, dame de fer cette fois en combat individuel lors du tournoi des Combes aux Rousses, la Jurassienne est membre de l’équipe de France. Et pour tout dire, avec ses copines, elle entend bien partir à la conquête du titre mondial détenu depuis des lustres par les Russes.

15 kg d’armure et 6 kg de casque n’enlèvent pas le charme.

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UN SACRÉ CARACTÈRE

Constance, c’est pourtant la douceur. C’est aussi une part d’ombre : « Quand je combats, je fonce, je donne tout. C’est un vrai plaisir de donner des coups sans retenue ! » Au départ, rien ne la prédispose à la violence ; son truc, c’est le cheval : « Je ne suis pas bagarreuse, je n’ai jamais frappé personne, mais quand je mets l’armure, je me transforme… » D’où lui vient cette force ? Sa réponse est surprenante : « J’ai accouché deux fois sans péridurale, volontairement. Je suis allée au bout de moi-même pour supporter la douleur, ça m’a donné le mental pour combattre et beaucoup aidé, je suis devenue plus forte ! » Oups ! Cette fille est un mystère, elle accepte sans problème Ü

La forge dans une ancienne usine C’est dans sa maison que Loïc a installé les forges de La Doye. Enfin, maison n’est pas exactement le terme qui convient puisqu’avec sa femme Constance et ses deux enfants, Étienne et Charles, ils vivent dans une ancienne usine de lunettes. Carrément ! Dans cette immense bâtisse, ils ont aménagé leur logement, mais également une salle d’entraînement,

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une lice (l’équivalent d’un espace de combat) et la forge. Forgeron, c’est le métier que Loïc a choisi. C’est Bernard Crotti, son maître de forge, créateur des chevaliers de Franche-Comté à Morez, qui lui a donné le virus : « C’est un choix de vie. Quand j’ai connu Constance, j’étais agent de sécurité en Suisse. Avec la naissance de mon premier fils, j’ai abandonné ce travail. Un pari.

Nous voulions à la fois rénover notre maison, avoir un atelier, des chevaux et profiter de notre famille. En un mot, vivre d’une façon artisanale. » Pari réussi. Loïc s’est fait une place... et même une belle place. Taillandier à la base, il lui arrive de réparer les lames de l’Intermarché du coin ou les étraves des déneigeuses, mais il est surtout forgeron officiel de la Fédération française de Béhourd.


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le monde viril du béhourd [lire par ailleurs] : « J’aime ce côté festif après les combats. Tout le monde se retrouve, on prépare le repas, on mange. S’il n’y avait pas ça, je crois que je serais moins attirée. Et puis, j’ai toujours eu beaucoup de copains, je suis habituée aux blagues grasses, mais il n’y en a pas que dans ce milieu ! » Quant au regard familial, elle s’en affranchit : « J’ai deux grandes sœurs, un grand frère et une demi-sœur. Tous sont venus me voir. Ma famille est contente que je pratique ce sport. De toute façon, si ça ne leur plaisait pas, ça ne m’empêcherait pas de le faire ! Pour moi, c’est une activité comme une autre. » Hobby peut-être, mais non dépourvu de violence. Là encore, la combattante affiche sa différence : « Il y a des bleus, mais jamais de plaie au visage. En fait, il n’y a pas plus de problèmes que lorsqu'une fille joue au rugby ou fait du VTT. » Ce qui fait sourire Mickael, un géant d’au moins 110 kg, lui aussi grand pourfendeur d’hérétiques : « Constance, c’est un mec avec un

beau physique ! Elle avait besoin de prendre confiance en elle. Quand elle met son armure, elle sort de sa carapace pour se bastonner, mais après, elle est gentille dans son rôle de petite nana ! »

IL ÉTAIT UNE FOIS… LA DOYE

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Loïc, le mari de Constance n’hésite pas à mouiller l’armure pour entraîner ses guerrières.

L’équipe de France féminine de Behourd. Au-delà du sport et de l’entraide : l’amitié.

Maintenant que les présentations sont faites, petite explication de texte. Tout commence au petit hameau de La Doye, à quelques encablures de Morez, mais dépendant des Rousses. Les habitants sont connus pour être de fortes têtes, particulièrement la famille Delval. Sans remonter à des lustres, le père, Christian, a choisi le métier d’écrivain, mais a défendu, comme un acharné, son indépendance. Entendez par là qu’il a écrit, fabriqué et vendu lui-même une trentaine de romans qui l’ont fait vivre, lui et sa famille, pendant trente ans. Donc, pas étonnant que le fils, Loïc de son prénom, soit devenu forgeron et passionné de culture médiévale. Avant d’en arriver là, il a toujours eu un penchant prononcé pour la castagne, mais attention… selon les règles ! Arts martiaux au niveau international et, pour finir, le combat médiéval. C’est comme ça qu’on arrive à Constance, son épouse, venue de Morbier, de l’autre côté de la vallée. Avant de la rencontrer, il avait créé une école de combat médiéval : « Genève Combat Club ». C’était en 2006. Démonstrations sans armure, pour la beauté du geste. Constance s’y met aussi, mais n’accroche pas : « J’avais peur de donner des coups, de faire mal. Au bout d’un moment, j’ai lâché. En fait, je ne voyais pas l’intérêt ! » Sauf que la graine est plantée et le jour où des copains leur envoient une vidéo YouTube sur un combat de béhourd en Russie, ils en tombent sur les fesses : « On s’est dit qu’ils étaient fous, c’était très violent et on a découvert qu’il existait en France une fédération. » Nous sommes en 2013. Loïc intègre vite l’équipe comtoise d’Aquila Sequania, puis l’équipe nationale. Constance, elle, est attirée par l’ambiance, les casques, les armures, le bruit de la bataille et, surtout, elle apprend que les filles s’y mettent aussi. Elle ronge son frein, car elle est enceinte de Charles, son second fils. Ce n’est que partie remise. Dans la salle d’entraînement de Loïc, quelque temps plus tard, la gaillarde enfile une armure. C’est une révélation : « Loïc m’économisait, mais j’ai ressenti un vrai plaisir et je me suis dit que je devais aller plus loin. » Loïc, lui, voit son potentiel : « J’ai senti ses prédispositions, elle était en recherche, je me suis dit qu’il fallait la pousser ! » Il organise son premier combat individuel dans les PyrénéesOrientales en 2017 et la prépare spécialement pendant deux mois. Elle gagne par KO technique en moins d’une minute.

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DES DÉBUTS EN FANFARE

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Le vrai test vient après, à Tourcoing, en combat singulier contre la capitaine de l’équipe de France, Marjolaine Martin, 1,85 m. Une référence. Constance sort vainqueur avec deux points d’avance grâce à sa technique de projection. À l’issue du combat, son adversaire lui rend hommage : « Je ne te veux pas en face de moi, mais dans mon équipe ! » Et la voilà partie… Elle découvre la stratégie, l’entraide et le courage. 2018 n’est pas une année ordinaire. Dans le béhourd, les filles combattent dans les différents tournois, mais elles sont toutes inscrites dans des clubs masculins. Elles décident alors de monter une équipe féminine qu’elles appellent Ü


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Le repas après l’entrainement est un moment fort, sorte de troisième mi-temps.

Dies Irae [jour de colère]. Loïc les entraîne et il forge pour certaines une armure sur mesure prenant en compte l’anatomie féminine. Une première dans son métier. En mars 2018, à Saint-Dizier, sans remplaçante dans leur équipe, les filles de Dies Irae deviennent championnes de France. Puis c’est le championnat du monde, le Battle of the Nations, à côté de Rome où les Françaises tombent directement sur les Ukrainiennes et les Russes, les deux meilleures équipes du monde.

SOUS L’ARMURE, LA FEMME 2019 est une année peu ordinaire. Aux Pays-Bas, les filles se prennent une déculottée et reviennent avec des blessées... trop de blessées. Elles comprennent que, pour progresser, il faut bosser. Loïc leur concocte un entraînement mensuel chez lui, à La Doye, avec des heures de combat et des footings en armure, 22 kg de ferraille sur le dos. Elles sont une dizaine venue des quatre coins de France... et elles aiment ça ! Le

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Combattante, mais également mère et épouse.

travail paie. Désormais, Dies Irae fait peur dans les tournois nationaux. Elles sont à nouveau championnes de France et, dans les rencontres internationales, elles représentent leur pays : « Nous avons une belle équipe et d’autres filles viennent maintenant pour voir de près à quoi ressemble un combat, c’est motivant. » La sauce prend peu à peu. Le béhourd féminin intéresse de plus en plus de femmes, mais bizarrement, pas les plus jeunes. La moyenne d’âge de l'équipe, c’est trente ans. Toujours cette peur du combat sans doute, qu’il faut dépasser : « Il faut essayer, c’est une expérience unique. Quand on met son armure, il se passe quelque chose. » D’autant que Sara, Marjolaine, Camille, Marie-Laetitia, Loreleï, Charlotte ou Émeline sont également des têtes bien faites et bien pleines, aux antipodes des clichés. C’est d’ailleurs le paradoxe de ce sport, elles peuvent cogner fort, crier comme des sauvages « Montjoye Saint-Denis » en arborant le tabard d’azur avec les trois fleurs de lys, elles restent avant tout des femmes, comme le rappelle Constance : « Une femme peut porter différentes casquettes et rester elle-même. Je suis maman, mais aussi une épouse, une femme ainsi que l’institutrice de mes enfants. J’aide mon mari dans son travail. Pourquoi pas aussi une combattante ? » Jennifer, son amie, cisèle davantage les mots : « Constance, même habillée n’importe comment, elle est belle. Le béhourd, c’est un sport qui l’entretient. Elle est restée très féminine, mais surtout, elle a la volonté d’aller au plus haut sommet et elle s’en donne les moyens. » Et si, en fait, les coups d’épées, les boucliers n’étaient qu’une manière de trouver sa voie ? Pour Constance, c’est une évidence : « J’ai découvert en moi des choses que je ne soupçonnais pas : me surpasser, encaisser les coups, ne pas reculer, dépasser l’appréhension, rentrer dedans… Tout ça donne un équilibre à ma vie. » Et le mot de la fin pour Adélaïde, sa grande sœur : « C’est une fille qui n’a pas froid aux yeux avec un cœur énorme. Elle a beau combattre en armure, elle n’a pas changé. Toujours innocente, elle a su garder son âme d’enfant. »

Baston version médiévale

Ressuscité dans les années 1990 en Russie, le médiéval béhourd s’est peu à peu répandu dans toute l’Europe. Il consiste à combattre avec un casque (6 kilos), une armure (15 kilos), une épée et un bouclier. Il existe des championnats nationaux et des coupes, mais le plus grand rassemblement est la Battle des Nations (championnats du monde) où des centaines de combattants se défient en duels ou par équipes. Le but consiste à mettre l’adversaire à terre, le dernier debout a gagné ! Sans doute le plus violent des sports actuels, le béhourd n’enregistre que peu de blessures graves tant les protections sont renforcées.


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b COLLECTION PERSONNELLE

Christophe Chaillot vit à Marrakech. « J’adore cette ancienne cité impériale, ses souks animés, ses senteurs multiples, ses mosquées, ses palais, ses jardins et sa médina », confie-t-il.


Christophe

CHAILLOT Lettre du Maroc

Christophe Chaillot dirige l'Institut Français de Marrakech, au Maroc. Depuis vingt-cinq ans, ce Champagnolais promeut la langue française à travers la planète. Ü

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P

PRESQUE RIEN NE CHANGE FINALEMENT. VOICI BIENTÔT TROIS DÉCENNIES, CHRISTOPHE CHAILLOT EXERÇAIT LE MÉTIER DE SERVEUR AU GRAND CAFÉ DU THÉÂTRE À LONS-LE-SAUNIER. En cet après-midi d’hiver lumineux, les platanes de la place de la Liberté ont disparu, l’espace est devenu plus clair, plus minéral aussi, mais la terrasse semble identique. Il y a bien quelques touches de blanc qui sont apparues sur les tempes du désormais client – « c’est la neige » –, le teint un peu plus hâlé – « c’est le soleil de Champagnole ; à Lons, vous ne pouvez pas comprendre ». Sinon l’actuel directeur de l’Institut Français de Marrakech – depuis septembre 2019 – ne semble guère différent de l’ancien élève du lycée Jean-Michel. « J’ai vu Christophe l’été dernier et je peux dire que, malgré la distance et les missions qui lui ont été confiées récemment, il n’a pas perdu son humour et sa simplicité, souligne son amie Florence Restelli, de Conliège. Pour moi, il reste un voyageur. Depuis vingt-cinq ans, il est toujours dans d’autres pays ! ». Avec un fil rouge dans ce parcours nomade : l’enseignement et la promotion de la langue française.

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Christophe Chaillot est né à Champagnole dans les années 1970. « C’est dans cette ville que s’étaient installés mes grands-parents paternels. Une partie de la famille est d’origine italienne, de la région d’Asti, dans le Piemont. C’est une immigration économique, car mon arrière-grand-père était venu travailler sur la ligne de chemin de fer qui relie Champagnole à Morez. Ma grand-mère est née sur cet itinéraire, à Châtelneuf ! Après, du côté de ma mère, nous sommes originaires du Nord. Mes parents se sont rencontrés dans le Jura, dans une colonie. Mon père était moniteur et ma mère infirmière scolaire. ». Au lycée Jean-Michel justement.

LA COLÈRE DE CHIRAC Christophe Chaillot a suivi une formation de professeur de français langue étrangère à Besançon, puis d’ingénieur de coopération culturelle à Paris. « Je crois que cette envie de voyager, de découvrir d’autres pays est liée à mon expérience au Théâtre universitaire de Franche-Comté, les tournées dans différents pays d’Europe m’ont beaucoup plu. Aussi, le Centre de linguistique appliqué [CLA], où j’ai eu ma première expé-


SOFIA, BEYROUTH... Ami de longue date de Christophe Chaillot, le Jurassien Gregory Chamberland n’a pas oublié cette période. « Je lui avais rendu visite à Ramallah, nous avions loué une voiture et avions roulé jusqu’à Eilat, au bord de la Mer Rouge, en traversant le désert du Sinaï. À chaque affectation à l’étranger, tu reconstruis une nouvelle vie, tu fais de nouvelles rencontres. Et je crois que Christophe a besoin de ça. » Après cette première expérience à Ramallah, puis dans la ville aux sept collines, le Franc-Comtois multiplie les séjours à l’étranger. Il vit et travaille notamment en Bulgarie, à l’Institut Français de Sofia, et au ministère sénégalais de l’Éducation, en tant qu’assistant technique et expert linguistique. À partir de 2008, Christophe Chaillot travaille comme attaché de coopération éducative à l’ambassade de France à Beyrouth. « J’ai fait de belles rencontres parmi mes collègues libanais. J’ai aussi eu l’occasion de côtoyer Mathias Énard, le futur prix Goncourt. Aussi, dans le cadre des Jeux de la Francophonie, d’accompagner Jean-Pierre Raffarin, alors conseiller francophonie du Président Sarkozy et les ministres de l’époque, Roselyne Bachelot et Rama Yade et, belle surprise, de retrouver Gérald Baudoin, l’entraîneur de l’équipe de France de saut à la perche avec lequel j’étais en classe au collège Saint-Exupéry à Lons-le-Saunier. »

Le jurassien a pris la direction de l'Institut Français en octobre 2019.

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rience d’enseignement, m’a donné une ouverture internationale. Je réalise aujourd’hui combien ce bâtiment bizarre le long du Doubs bénéficie d’une reconnaissance internationale. » En 1996, il effectue sa première mission loin de l’Hexagone. Il pose ses valises en territoire palestinien, pour y former des professeurs : « Je me souviens très bien de la colère de Jacques Chirac dans la vieille ville de Jérusalem en octobre 1996, j’étais à côté ! », confie-t-il.

À Beyrouth, il collabore avec Aurélien Lechevallier, le directeur de l’Institut Français du Liban. Ce dernier, aujourd’hui ambassadeur de France en Afrique du Sud, se souvient bien de l’arrivée de son collègue : « Lorsque j’ai rencontré Christophe, je l’ai tout de suite trouvé très sympathique. Mais ce qui m’a le plus marqué alors, c’est son engagement total pour la promotion de la langue française. Il était très professionnel, créatif et respectueux de nos partenaires libanais. Il ne s’agissait pas d’imposer une politique ou des actions, mais de construire un agenda partagé, en tenant compte du contexte plurilingue libanais avec l’arabe et l’anglais. Toute son équipe l’adorait et, au-delà même de l’ambassade, tous ceux qui le côtoyaient ». De retour à Paris, en 2013, à l’Institut Français, établissement public qui promeut donc l’action culturelle extérieure de la France hors de nos frontières, le Jurassien prend la tête du pôle langue française et continue à réaliser de nombreux voyages pour accompagner les instituts et alliances français dans leurs actions. Mathieu Szeradzki, chargé de mission, témoigne : « Christophe, c’est d’abord quelqu’un de très professionnel. Sous son apparence décontractée, son sourire, c’est quelqu’un de très rigoureux. Il n’y a qu’à voir son bureau : rien ne dépasse ! C’était quand même le Monsieur langue française de l’Institut Français et, dans ce cadre, le référent de l’ensemble du réseau culturel français pour tout ce qui touche à l’apprentissage et à l’enseignement du français dans le monde. Son expérience unique lui donne cette légitimité. » Agnès Alfandari, directrice du numérique à l’Institut Français, souligne à son tour : « Christophe, c’est quelqu’un qui aime travailler en transversalité, à chercher l’expertise de ses collègues. Il est enthousiaste, engagé, passionné par sa mission de service public. Je retiens qu’il est toujours dans une vision de coconstruction avec les acteurs sur place à l’étranger. Et cela s’illustre par son attachement au plurilinguisme, à inscrire le français parmi les autres langues, dont l’arabe. Pour lui, l’apprentissage de notre langue passe aussi par l’apprentissage des langues locales. » Toutes ces qualités professionnelles sont reconnues au plus haut sommet de l’État. En 2017, Christophe Chaillot se voit confier une mission par le chef de l'État liée à la promotion de la langue française dans le monde. Le projet s’appelle « Mon idée pour le Français ». « Nous avons voulu donner un nouveau souffle et une nouvelle Ü

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Dans le désert d'Agafay, à l'occasion du montage d'une exposition.

Christophe et son père Daniel Chaillot au bord du lac de Chambly.

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En juillet dernier, aux premiers jours du déconfinement, place Jemaa El Fna, à Marrakech.

ambition à la promotion de la francophonie et du plurilinguisme, explique Aurélien Lechevallier, qui était conseiller diplomatique adjoint à l’Élysée au cours de cette période. C’est tout naturellement que j’ai demandé à Christophe de nous aider et le président de la République a signé pour lui une lettre de mission. Christophe a parfaitement rempli son rôle et a donné beaucoup de substance et une dimension participative essentielle à cette nouvelle politique. Nous avons utilisé tout ce que nous avions appris sur le terrain, auprès de nos partenaires, mais cette fois à un niveau national et international. Son implication a été une grande réussite. » De son côté, Christophe Chaillot confie : « Ce furent cinq mois intenses et une expérience grisante de pouvoir porter au plus haut niveau politique un sujet qui me tenait à cœur depuis des années. J’ai travaillé avec le président, ses conseillers et les ministères de l’Europe, des Affaires étrangères et de la Culture. Ce projet était également accompagné par des artistes du monde entier et des intellectuels, comme Leïla Slimani, que j’accueillerai prochainement à Marrakech. » Comme le résume Agnès Alfandari, « Christophe, c’est un joli parcours, avec beaucoup de travail et d’enthousiasme. Même s’il est aujourd’hui à un poste de responsabilités Ü

L’Institut Français de Marrakech L’Institut Français de Marrakech est une des douze antennes de l’Institut Français du Maroc qui appartient au réseau culturel de la France à l’étranger relevant du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. L’équipe de l’Institut Français de Marrakech est constituée de 33 agents et 120 professeurs. « Cet établissement constitue la principale plateforme de dialogue entre la France et le Maroc dans les domaines de la culture et du savoir » souligne Christophe Chaillot. Par exemple, il propose des cours de français, un accompagnement des étudiants désireux de poursuivre leur formation supérieure en France, des événements culturels comme des concerts, des pièces de théâtre ou des expositions, des résidences d’artistes, les services d’une médiathèque, des projets de coopération ou encore un appui à des associations. Pendant le confinement ont été mis en place des rendez-vous quotidiens sur les réseaux sociaux à destination des publics de l’Institut Français de Marrakech, qui accueille plus de 20 000 personnes par an, comme des cours de français en ligne.


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importantes, ce n’est pas forcément un profil classique de haut responsable de la fonction publique. C’est un mélange, un bon équilibre entre quelqu’un de très respectueux et d’énergique pour inventer de nouvelles choses. Il est aventureux. C’est quelqu’un avec qui on se marre bien, de très drôle. Il peut envoyer des blagues idiotes et pas ne pas se prendre trop au sérieux. Il n’a pas la grosse tête. »

FOOTBALL À CIZE, TENNIS À FONCINE...

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« Ce qui facilite aussi les relations quand tu es son collègue, c’est le sport. Il le cache, mais c’est aussi un bon joueur de tennis », souligne pour sa part Mathieu, le collègue de l’Institut Français. « C’est qu’il est un lecteur régulier de L’Équipe ! C’est d’ailleurs pour cela que nous l’avons choisi pour parrain de notre deuxième fils, pour lui transmettre cette passion du sport », explique Florence, l’amie jurassienne. S’il connut une brève carrière de footballeur dans l’équipe de Cize, Christophe Chaillot fit également une apparition au tournoi de tennis de Foncine-le-Haut voici cinq ans ! « Le week-end, pour nous détendre, nous allions parfois jouer ensemble. Les parties n’étaient pas très disputées car nous étions tous les deux contents de voir l’autre gagner », se souvient Aurélien Lechevallier. Le principal intéressé acquiesce : « J’ai toujours eu de l’admiration pour des sportifs jurassiens. Je me souviens bien sûr de Fabrice Guy et Sylvain Guillaume en 1992 aux Jeux olympiques d’Albertville ou de la victoire de Philippe Grandclément sur La Transjurassienne. Dernièrement, j’ai aussi suivi la carrière de Jason Lamy Chappuis, que j’ai vu sauter au Grand Prix d’été de Chaux-Neuve, et de Quentin Fillon-Maillet. Ils témoignent d’un lien fort avec leur environnement et d’une volonté peu commune à dépasser leurs limites ».

DE CLAVEL À BAILLY Depuis quelques années, et pour des raisons familiales, les liens avec le Jura se sont resserrés. Aujourd’hui, le natif de Champagnole séjourne régulièrement dans le village voisin de Cize.

Au Palais Bahia à Marrakech.

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« En 2019, quand j’ai fait le choix de m’installer à Marrackech, je savais que je pouvais rentrer régulièrement, avec la proximité de l’aéroport de Dole-Tavaux ». Ce que confirme Grégory, l’ami d’enfance originaire de Ney : « Le Jura, c’est le lieu qui lui permet de garder le lien avec les amis et les camarades de lycée. Même si nous sommes éloignés, le Jura reste l’endroit où nous nous retrouvons. » En dehors de sa famille, ses points d’ancrages restent liés à son cercle d’amis toujours implantés dans la région de Lonsle-Saunier. « J’ai aussi une affection particulière pour la région des lacs. Les Rousses, Saint-Laurent-en-Grandvaux, Foncine, la fromagerie Janin et la librairie de Champagnole, qui vient


malheureusement de fermer, ou le Paléo Festival de Nyon font aussi partie de mon itinéraire quand je rentre. » Christophe Chaillot n’oublie donc pas sa région. « Quand je rencontre des habitants des montagnes de l’Atlas, je pense au Jura, je retrouve le même attachement, les mêmes valeurs ». S’il se souvient avoir été marqué à l’adolescence par les ouvrages de Bernard Clavel – « surtout ceux consacrés aux Indiens du grand Nord » –, le premier auteur qu’il associe au Jura est Pierric Bailly dont l’avant-dernier livre, L’homme des bois, l’a particulièrement touché [lire notre entretien page 94]. L’éloignement et la distance permettent-ils d’appréhender le Jura de manière différente ? « Je ne pense pas. Je le trouve toujours magnifique été comme hiver ! Est-ce que je suis objectif ? » Le soir même de notre rencontre à Lons-le-Saunier, Christophe Chaillot passait la soirée à Conliège. Le lendemain, il repartait à Paris, puis s’envolait pour le Maroc. Avec beaucoup d’envies. « J’aime le dynamisme de Marrakech et son côté multiculturel. Mais ce que j’aimerais, c’est accueillir à Marrakech des artistes – je pense à quelqu’un comme HubertFélix Thiéfaine – ou intellectuels jurassiens, créer des liens entre ces deux lieux auxquels je reste attaché. »

b DR

Mon Marrakech J’adore cette ancienne cité impériale de l'ouest du Maroc, ses souks animés vendant des étoffes, des poteries et des bijoux traditionnels, ses senteurs multiples, ses mosquées, ses palais, ses jardins et sa médina que je trouve magique avec ses allées entremêlées. J’apprécie particulièrement l’architecture teinte de cette couleur ocre typique de la ville, l’animation de la place Jemaa el-Fna, peuplée en journée de nombreux artistes de rue et forains avec, en soirée, ses nombreux stands de restauration. J’aime aussi la dynamique des galeries d’art, notamment l’étonnant Comptoir des Mines, un centre d’art contemporain travaillant avec des meilleurs artistes de grand talent issus du continent. Cette ville permet aussi de rencontrer des personnalités incroyables. Je pense à Mahi Binebine, peintre, sculpteur et écrivain, qui m’a ouvert avec bienveillance de nombreuses portes pour mieux comprendre la ville et le milieu culturel, ou Mohamed Mourabiti, peintre génial au style dépouillé dont certaines œuvres évoquent pour moi Nicolas de Staël, mon peintre préféré. Mourabiti a notamment fondé un magnifique espace d’art, Al Maqam, à Tahannaout, petite ville près des montagnes du Haut Atlas, une belle manière de faire rayonner la culture dans des territoires enclavés.

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Emmanuel Delran affiche 25 ans de marine marchande au sein du groupe CMA CGM.

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Emmanuel

Delran

À la barre du des

géant MERS

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Pendant un an, le commandant de marine marchande Emmanuel Delran a travaillé à Shanghai sur le développement du plus gros porte-conteneurs du monde fonctionnant au gaz naturel liquéfié, véritable navire amiral du groupe marseillais CMA CGM. Il prendra la mer avec le Jacques Saadé courant août. « Le rêve d'une vie » pour ce navigateur très attaché à son Jura natal. Ü

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Les porte-conteneurs du groupe marseillais effectuent régulièrement la liaison entre Shanghai et les ports du nord ou du sud de l'Europe.

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VINGT-CINQ ANS PILE APRÈS SON ENTRÉE DANS LE GROUPE DE TRANSPORT MARITIME CMA CGM, Emmanuel Delran devient le commandant du plus gros porte-conteneurs du monde propulsé au gaz naturel liquéfié, le CMA CGM Jacques Saadé, navire amiral du groupe marseillais [lire par ailleurs]. « Le rêve d'une vie », souffle ce Jurassien d'origine ! L'histoire est d'autant plus belle qu'en 1995, alors qu'il se rend à un entretien d'embauche, c'est justement le président fondateur Jacques Saadé en personne qui lui sert, par hasard, de guide : « N'ayant pas le code d'entrée, j'attendais devant la porte, raconte Emmanuel Delran, un sourire au coin des lèvres. Un monsieur me demande alors : “Que faites-vous ici jeune homme ?”, avant de me faire entrer. Quand j'ai vu tout le monde au garde-à-vous sur son passage, j'ai compris qui c'était... J'ai été recruté, mais je ne sau-

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rai jamais si c'est parce que j'ai été présenté au DRH par le grand patron », s'amuse aujourd'hui le commandant. C'est un autre hasard qui l'a amené vers cet univers maritime, bien loin de ses attaches jurassiennes du côté de Mont-Sous-Vaudrey et la ferme du papy « où on passait tous nos étés en famille ». Après une enfance heureuse passée dans le Jura jusqu'à ses douze ans, ce brillant jeune homme suit ses parents à Salonde-Provence où il rêve alors d'une carrière de pilote de chasse. Pas étonnant avec l'École de l'air toute proche. Mais une rencontre va chambouler son projet professionnel : celle d'un très convaincant professeur de l'École supérieure nationale maritime lors d'un salon d'orientation. Séduit par le projet d'intégrer l'établissement qui forme, au Havre, les officiers de la marine marchande, Emmanuel Delran réussit le concours d'entrée et met le cap sur le nord-ouest. En tant qu'élève, il navigue pour la première fois sur le Mabro (qui signifie « mon pays », en breton), un petit pétrolier reliant la raffinerie de Donges et les bases navales de la Bretagne.

L'APPEL DU GRAND LARGE Emmanuel Delran termine son temps d'élève au sein du groupe marseillais qu'il vient d'intégrer... et qu'il ne quittera plus. Trois propositions de navires s'ouvrent à lui : son choix se porte sur le Siam Bay qui effectue des allers-retours Singapour-Bangkok. De quoi largement satisfaire son appel


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du grand large. « Mais attention Delran, ce ne seront pas des vacances là-bas », le met alors en garde son responsable, conscient du côté exotique de cette première mission dans l'océan Indien ! Un an plus tard, le voilà lieutenant avant de rejoindre, pour cinq ans, les Antilles où il devient responsable d'opération. Au fil des missions et des années, le Jurassien gagne ses galons jusqu'à devenir commandant en 2011. Entre-temps, il découvre tous les métiers du groupe : « Cela m'aide aujourd'hui de mieux connaître les contraintes des travailleurs avec qui j'évolue sur un navire », souffle celui qui veille à la fois sur la sécurité du bâtiment, de ses conteneurs et de ses hommes ! Il garde d'ailleurs un souvenir ému de son premier commandement : « C'était aux Antilles, il y avait beaucoup d'appréhension, de la joie aussi. En fait, c'est un moment indescriptible et, aussi étonnant que cela puisse paraître, le fait de me voir confier cet outil industriel, ces marchandises et cet équipage m'a rappelé mon grand-père paysan et son côté gardien de troupeaux qui doit veiller sur ses animaux, ses outils et la bonne santé de sa ferme ! En cela, je reste très attaché à mes racines. » En pleine mer, à des milles nautiques de toute terre habitée, le commandant se remémore parfois ses vieux souvenirs : « Comme au milieu de la mer de Chine, le Jura représentait pour nous la liberté. On avait l'impression

d'avoir la forêt de Chaux et la Loue pour nous tout seuls. » Mais ses vagabondages sont rares tant le commandement d'un porte-conteneurs géant demande de l'attention. « Quand je monte à bord, mon cerveau est concentré sur le bateau, le travail, les soucis possibles, sur ce que je mets en place pour éviter le pire, contourner les tempêtes, trouver une nouvelle route, anticiper au mieux le comportement d'un bateau qu'on ne peut pas stopper à la demande... tout cela pour amener, en toute sécurité, le bâtiment d'un point A à un point B.

LE JURA COMME POINT DE RALLIEMENT DES DELRAN Les manœuvres n'ont rien d'anecdotiques aux commandes d'une embarcation de 300 000 tonnes, véritable immeuble perché à 70 m au-dessus de la mer. L'anticipation est de mise et le petit équipage de 25 à 28 personnes, ultra-formé et compétent, reste constamment aux aguets. « Dans les moments de grosse mer avec des creux de sept à huit mètres, la coque du bateau se déforme pour encaisser les chocs. C'est très impressionnant de voir le mat de la proue se déporter d'un mètre sur le côté ! » Pour que tout fonctionne à merveille en haute mer « où personne ne viendra rapidement nous chercher en cas d'avarie », le commandant s'appuie sur une brigade rapprochée de sept officiers : la cheffe mécanicien et son second, le Ü

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Un géant des mers propre

second capitaine et ses adjoints, avec qui il partage ses repas, à 12 h et 19 h, quand l'équipage se regroupe par ailleurs : « L'un des avantages de naviguer sous pavillon français réside dans la qualité de la cuisine, s'amuse le Jurassien. Pour les grandes occasions, les fêtes de fin d'année ou les anniversaires, on partage un repas tous ensemble. Ces moments permettent de souder des équipes loin des leurs pendant parfois deux à trois mois et soumises à un stress permanent pour mener à bien la mission. Par contre, une fois à quai, je fais un reset marine marchande et passe en mode congés. » À raison d'un mois de repos pour un mois en mer, Emmanuel Delran, père de deux enfants et marié à une Normande (« qui commande à la maison », sourit-il), rend régulièrement visite à son cousin de Franche-Comté pour y passer les fêtes. « Le Jura est finalement le point de ralliement entre les Delran du sud et ceux de Normandie. Et même sans se voir pendant six mois, on se retrouve comme si on ne s'était pas quitté », sourit-il. Au fil de ses missions, le commandant a fait des applications Skype, FaceTime et autre WhatsApp de précieux compagnons de vie pour rester en contact avec ses proches : « Certes, c'est par écran interposé, mais cela permet de garder le lien », dit-il.

Les mensurations du nouveau porte-conteneurs CMA CGM Jacques Saadé, du nom du président fondateur du groupe maritime à qui il appartient, donnent le vertige. 400 m de long (plus de quatre terrains de foot), 61 m de large, un poids d'environ 300 000 tonnes une fois chargé de ses 23 000 conteneurs, 16 m de tirant d'eau, 78 m de haut (soit un immeuble de 26 étages), une hélice de 10 m de diamètre pesant 92 tonnes, un moteur équivalent à la puissance de dix réacteurs d'Airbus A380, quarante minutes pour s'arrêter totalement ou faire demi-tour... et surtout une cuve de gaz naturel liquéfié d'une capacité de 18 600 m3 qui offre plus de deux mois d'autonomie à ce géant des océans ! Le CMA CGM Jacques Saadé est en effet le premier bateau d'une flotte de neuf fonctionnant au GNL. Ce carburant permet de réduire de 99 % les émissions d'oxydes de soufre et de particules, de 85 % celles d'oxydes d'azote et de l'ordre de 20 % celles de dioxyde de carbone. À l'occasion de la symbolique mise à l'eau, mi-septembre 2019, du navire amiral du groupe CMA CGM, Rodolphe Saadé, président-directeur général, a déclaré : « Nous ouvrons ainsi la voie à un transport maritime international où croissance économique et compétitivité vont de pair avec le développement durable et la lutte contre le changement climatique. »

LA NAISSANCE D'UN GÉANT ÉCOLOGIQUE

À Shanghai sur l'immense chantier naval du CMA CGM Jacques Saadé.

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Cette dernière année a toutefois été plus particulière que les autres. Pendant douze mois, le commandant Delran et sa garde rapprochée ont été détachés de la liste du personnel navigant pour se rendre sur le chantier naval de Jiangnan situé près de Shanghai. Là-bas, à l'extrême ouest de la Chine, ils ont suivi la naissance du plus gros porte-conteneurs du monde propulsé au gaz naturel liquéfié, premier navire d'une série de neuf géants [lire ci-contre] commandés par le groupe marseillais. Du plan sur papier au retour en Europe ce début d'été via le canal de Suez, la Méditerranée puis l'océan Atlantique, Emmanuel Delran a vécu une aventure incroyable et passionnante : « Si on ramène ce bateau au domaine de l'aviation, c'est un peu comme être le premier commandant de l'Airbus A380 ! Par les dimensions du CMA CGM Jacques Saadé d'une part mais aussi par son mode de propulsion pour lequel tout l'équipage s'est longuement formé. » Le pacha est conscient de vivre une transition importante dans l'histoire de la marine marchande, vieille de mille ans

et marquée par plusieurs innovations : l'arrivée de la voile, la vapeur puis l'hélice. « Le Groupe CMA CGM a toujours considéré que sa performance économique était indissociable de sa performance sociale et environnementale. Cet engagement s’inscrit dans notre histoire et dans nos valeurs humaines et familiales », soutient d'ailleurs Rodolphe Saadé, le P.-D.G. du groupe. « Ce chantier exceptionnel a permis de mettre en lien les constructeurs et les futurs utilisateurs. Nous avons apporté au fil des mois notre expérience pour améliorer différents points techniques. J'ai vécu ce chantier comme un challenge à relever avec mon équipe. Lors de la mise en l'eau en septembre, mes officiers et moi avons pu nous rendre dans la coque pour toucher l'hélice (de 10 mètres, N.D.L.R.) : un moment très fort pour un marin ! » Le voyage inaugural, entre Shanghai et l'Europe du nord (alors qu'un accueil présidentiel avait été initialement prévu avant l'épidémie de Covid-19), se déroulera courant août avec l'équipage au complet : seulement 25 personnes hautement qualifiées dans leur domaine. « Personne ne viendra nous chercher en mer ! Nous devons savoir tout gérer nousmêmes », résume le commandant, heureux et fier de ramener ce géant des mers à bon port !


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VAUQUIÈRES L'humoriste pressée Cette Lyonnaise de 28 ans dont la famille est attachée à Saint-Claude est en train de se tailler une belle réputation dans la nouvelle génération des humoristes. Le 9 décembre, elle sera à l'affiche des Tuches 4. Ü

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Thaïs Vauquières fait partie de la jeune génération des humoristes femmes dans le sillage de Blanche Gardin.

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CHICHE QU’ELLE EN FERA UN SKETCH. Une humoriste sans public, confinée pendant cinquante-cinq jours chez sa mère, dans un appartement à Lyon, c’est de l’or en barre ! Thaïs Vauquières, bonne joueuse, a profité de cette mise au vert forcée pour peaufiner ses textes et prendre du recul. La voilà prête à reprendre son one woman show en simultané à Paris et à Lyon. Comment commencer une carrière sur les planches ? Demandez à Thaïs, elle vous donnera sa recette : « Un soir de bringue, j’étais bourrée et une copine qui faisait de l’improvisation m’a demandé de l’accompagner pour une audition dans un petit théâtre. J’y suis allée et comme j’étais saoule, j’ai trouvé ça facile ! » La suite s’est faite au pas de charge, comme tout ce qu’elle entreprend. À dix-neuf ans, elle joue dans Ça tourne, à base de parodies de films. La comédienne en herbe bouscule les règles, le public monte sur scène. Bref, une pagaille sans nom, mais la pièce – sa première – affiche les meilleures ventes à Lyon. Elle sera jouée un an et demi. Ensuite défilent quatre années sur les planches et une dizaine de textes à apprendre. Mais voilà, sur scène, Thaïs Vauquières en fait des tonnes. Son producteur, Stéphane Casez, lui conseille alors d’écrire sa propre partition : « Il tenait le Boui-Boui, un café-théâtre comique, il a coécrit avec moi Hymne à la joie, mon one woman show. On a répété pendant cinq mois avant de jouer et cela s’est super bien passé. C’était complet à la première et il y avait cinq personnes à la deuxième », raconte-t-elle.

Comédienne, scénariste, auteure, humoriste… La belle rousse n’a peur de rien… ... et séduit Paris comme la Province.

L’HUMORISTE QUI MONTE

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Elle a alors 24 ans. Elle tient le haut de l’affiche dans la capitale des Gaules durant deux années avec son spectacle millimétré. Elle se filme pour mieux se corriger, n’hésite pas à enlever ce qui ne va pas, se bonifie. Son perfectionnisme l’amène à voir plus grand. Stéphane Casez lui offre Paris en 2018 et, selon lui, c’est mérité : « Thaïs a quelque chose de plus, ce talent rare d’écriture. Son humour n’est pas clivant, elle fait du stand-up, des sketches grand public, c’est un humour féminin accessible aux hommes. » Ü


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À la fin de l'année, on verra Thaïs Vauquières dans les Tuche 4.

Depuis quelques mois, Hymne à la joie ravit la critique parisienne qui voit en elle la nouvelle Foresti, la Blanche Gardin version 2020, celle qui sait si bien se moquer d’elle-même et faire rire le public par ses outrances, par sa sensibilité aussi. Pourtant, quand elle débarque dans la capitale, il lui faut jouer des coudes : « J’ai bossé, fait des scènes ouvertes de cinq minutes, distribué des tracts, publié des vidéos sur Instagram, joué devant une salle vide. Quand je passais devant les gens qui attendaient, on me disait de faire la queue. J’étais inconnue, c’est ultra-dur quand tu es seule et en concurrence avec tout le monde. » Presque un an et demi de galères, avec des moments de grâce néanmoins, comme ses prestations à l'émission de télévision Téva Comedy Show. De fil en aiguille, elle conquiert un public : « Tout se joue sur un coup de dés. Ce n’est pas une course de vitesse mais un marathon. » Au moment où la gloire se profile, alors qu’elle travaille les débuts de semaines à Lyon et les week-ends à Paris, donne la réplique à Titoff dans Amoureux, où elle se permet de chanter, de danser sur scène, de parler de son eczéma et de la pilule du lendemain, alors même qu'elle est invitée au festival de Montreux, à celui du Cap d’Agde, patatras : le

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coronavirus lui cloue le bec : « La presse a dit que les rassemblements de 1 000 personnes étaient interdits. Ouf, ça passait ! Après, ils ont baissé à 100. On avait une jauge de 80… Et puis, à ma dernière, une heure avant le spectacle, la télé annonce le confinement. Dans la salle, l’ambiance était bizarre. À la sortie, les bars étaient fermés par les policiers ! » Elle fuit Paris. Elle aurait très bien pu se cloîtrer à L’Essard, sur les hauteurs de Saint-Claude, chez ses grands-parents jurassiens, mais elle file à Lyon chez sa mère à la Croix Rousse. Une cohabitation avec des hauts et des bas. Heureusement, il y a un balcon. Pour respirer, ça aide. Pour travailler aussi…

SOUVENIRS JURASSIENS Alors, pourquoi pas le grand air jurassien ? Après tout, la rousse Thaïs y vient depuis toujours. C’est une enfant du pays : « Ma mère et mes grands-parents sont de la région de Saint-Claude et mon oncle tient le restaurant des Arobiers à Lamoura. Quand j’étais gamine, on venait tous les week-ends pour voir un peu de verdure ou skier. C’est drôle parce que j’ai le souvenir d’une ville grise, alors qu’aujourd’hui, je la vois plus festive. » Les soufflaculs, ses chars et ses déguisements, la vie de quartier où les gens se parlent, la luge, l’humour haut-jurassien…


Des choses qui ont marqué son enfance, mais pas au point d’y venir s'y enfermer. Thaïs Vauquières est une pure Lyonnaise ; sa vie, c’est la ville : « Je suis une comédienne-humoriste et la vie d’une comédienne, ce sont les planches. Quant à mon humour, il n’est pas féminin, c’est juste de l’humour. Je me casse souvent la figure dans ma vie, alors je le raconte. » Et elle en a des choses à

« Une famille qui croit en moi » Thaïs Vauquières aime le répéter, sa famille l’a toujours soutenue : « Mon père voulait faire une carrière dans la musique, il m’a fait chanter avec lui. Il a vu au moins mille fois mon spectacle ! Ma mère prof qui est de Saint-Claude m’a laissé faire ce que je voulais. Quand elle vient me voir elle se ronge les ongles. Mes grands-parents ne ratent pas une occasion de m’applaudir. Mon frère a un resto à Lyon, je vais souvent manger chez lui, c’est drôle parce que c’était lui le rigolo de la famille… C’est important d’avoir des gens qui te disent que tu as du talent. » Mais heureusement, ça a marché.

dire… Son isolement forcé l’a propulsée dans la réflexion, elle en est sortie plus boulimique que jamais : envie de doublage, de théâtre, d’écriture. Pièces, one woman show, scripts pour des séries télé, mais aussi vidéos, production et même cinéma. La desmoiselle sera à l’affiche des Tuche 4 dans quelques semaines : « Les chaînes attendent des produits que les acteurs font eux-mêmes, j’ai beaucoup d’idées mais quand tu es jeune, on ne te donne pas les clés. Moi, je n’ai pas de moyens. C’est injuste et frustrant ! » Marion, sa meilleure amie, croit en son talent : « On se connaît depuis vingt-deux ans, je sais que c’est une fille solide qui n’a pas peur du regard des autres. Elle est très drôle, légère, mais elle travaille énormément. C'est sûr, ça finira par payer. » Peut-être, avec cette réserve que, depuis le 14 mars, rien n’est plus pareil dans le milieu du spectacle. Stephane Casez le sait : « Cette rupture brutale atteint tous ceux qui avaient des projets et Thaïs en a beaucoup. Elle reste active mais, avec le temps qui passe, l’énergie diminue et l’envie aussi. La reprise ne se fera pas dans la même dynamique, il faudra se remettre dans le bain et avoir conservé le fight spirit. » Thaïs Vauquières, elle, a appris à relativiser : « J’ai de la chance, je suis née dans une famille moyenne bobo, j’ai un appartement à Paris, je gagne bien ma vie. Je ne suis pas smicarde, je fais la fête, j’ai un métier cool que je fais à fond, mais j’espère qu’à un moment, ça va marcher parce que la vie à Paris peut être également très dure. Il y a beaucoup de misère et cela peut sacrément te miner. »

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Salem ATTALAH Une vie ovale du Jura à l'Afrique

Depuis un an, il est manager des arbitres amateurs de France et formateur en Afrique pour la Fédération française de rugby. À 48 ans, Salem Attalah, le fils d’immigrés algériens du Haut-Jura, a gravé son nom dans le monde du ballon ovale, d’abord comme joueur à Morez, Saint-Claude et Annecy, puis comme arbitre en Pro D2 et Top 14. Itinéraire d’un Monsieur dont la vie s’est jouée sur un coup de dés. Ü 60 numéro

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À 48 ans, Salem Attalah, joueur, puis arbitre au plus haut niveau a intégré la Fédération française de rugby pour former et transmettre. Le rêve d’une vie.

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UN MAL POUR UN BIEN Mais cet arbitre n’est autre que Philippe Pacaud, le numéro 1 en Franche-Comté. Un acte impardonnable : « Normalement, on est radié pour un geste comme celui-là, mais j’avais un dossier vierge. » Alain Vallon, alors responsable des arbitres au comité régional, se souvient : « Compte tenu de ses sélections j’ai proposé à la commission de le réhabiliter s’il venait à l’arbitrage, il a accepté et s’est pris au jeu. Il a assisté à toutes les réunions, s’est entraîné, a passé les examens. C’est un homme travailleur qui méritait de finir sa carrière par une finale en Top 14. »

Le mythique stade de Serger à Saint-Claude où il a joué et arbitré. Tout arbitre qui vient ici s’en souvient toute sa vie.

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PENSER AUX AUTRES Ainsi est née une vocation parfois dure à assumer. Salem Attalah arbitre avec son style, il discute avec les joueurs, explique ses décisions... Mais, pour le corps arbitral, c’est une faiblesse : « Ayant été joueur, j’avais la connaissance du jeu, je pouvais comprendre le sentiment d’injustice devant une décision arbitrale. J’étais un arbitre pédagogique et on me l’a beaucoup reproché. » Jusqu’au jour où Joël Jutje, autre grand arbitre, le soutient ouvertement : « Cela m’a énormément aidé. Le rôle d’un arbitre, c’est d’aider le jeu ; c’est une autorité positive. » Ainsi courent dix-sept années, du stade Mayol au stade Michelin, qui l’amènent à devenir salarié de la FFR en 2019. Comment a-t-il fait ? Quelques années avant de raccrocher, il a un projet en tête : développer l’arbitrage en Afrique. Dans ses pérégrinations, il lui est arrivé de tenir le sif- Ü

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SA CARRIÈRE D’ARBITRE, IL LA DOIT À UN COUP DU SORT. Ce dimanche-là, à vingt-sept ans, il joue avec ses potes de Morez. Du rugby loisir, bien loin de la Pro D2 caressée avec son club d’Annecy quelques années auparavant. Depuis son retour d’Algérie, Salem Attalah n’aspire plus au top niveau, le stade de la Doye suffit à son bonheur. Alors, ce coup de sifflet, c’est celui de trop. Pour la première fois de sa carrière de rugbyman, il pète les plombs, se prend le bec avec l’arbitre et le bouscule : « Je ne m’étais jamais comporté comme ça auparavant, ni avec un joueur et encore moins avec un arbitre. Je ne sais pas ce qui m’a pris ! »

La suite est plus connue… Quatre ans à gravir les échelons pour atteindre la Pro D2, puis le Top 14 en 2010. Mais ces années sont aussi celles de la culpabilité. Cette altercation, il la regrette tellement. Alors, quand la Fédération française de rugby lui propose d’arbitrer la Fédérale 1 à la place de Philippe Pacaud justement, il refuse, même si, pour lui, c’est le Graal qui s’éloigne : « Philippe m’a alors téléphoné et poussé à accepter. Il m’a vraiment donné sa place. C’est une personne magnifique et il est devenu mon ami. Pendant toutes ces années, il a partagé mes doutes et mes espoirs. Cette bousculade, c’est un mal pour un bien ! »


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flet là-bas : « À chaque fois, j’avais le sentiment de prendre leur place, il était temps de m’occuper un peu des autres. » Projet à double face, la première technique, la seconde humanitaire car il crée l'association « Un maillot, un sourire » qui récupère des maillots en France et les envoie en Afrique pour aider les arbitres. L’idée plaît aux instances fédérales qui décident de la piloter. En même temps, la FFR lui confie le management des quarante-et-un arbitres de Fédérale 1 et des quarante de Fédérale 2. Comme si cela ne suffisait pas, il récupère aussi l’arbitrage féminin, de plus en plus en vogue. Charge à lui de faire augmenter l’effectif actuel (200 arbitres). C’est donc naturellement qu’il devient manager du secteur amateur : « C’est une chance incroyable pour moi de vivre ma passion ! » Une passion qui le fait désormais courir d’un pays à l’autre. Plus d’un y aurait laissé sa vie de famille. Mais lui, il a Linda, sa femme venue d’Algérie après son service militaire. Elle a élevé les quatre enfants et suivi au quotidien les pas de son mari en terre d’ovalie : « Depuis le début, elle a toujours été là, c’était mon coach mental, ma diététicienne, mon infirmière. Je crois qu'elle a été la seule personne en France heureuse que j’arrête l’arbitrage de haut niveau, même si maintenant, elle le regrette un peu. » Et pour cause, même s’ils habitent Saint-Claude et s’en trouvent très bien, les absences sont longues et les déplacements compliqués. La solution aurait été de se rapprocher de la capitale, mais pas question de s’éloigner des montagnes jurassiennes : « Quand je reviens et que je vois les sapins, je me dis que je ne peux pas vivre ailleurs. Et je ne vous parle pas de mon accent qui a tant fait rire sur les terrains et en dehors. C’est une fierté ! »

ENFANT D’IMMIGRÉS Alors retour à l’enfance. Il est fils du Haut-Jura, ses parents ont débarqué à Morez dans les années soixante, première génération d’immigrés maghrébins venus pour travailler. Ils rêvaient ensuite de rentrer chez eux en Algérie, mais ils sont toujours là. Le petit Salem, lui, a grandi entre deux cultures. Sa double nationalité est donc le symbole d’une existence tortueuse. C’est à la maternité de Saint-Claude qu’il voit le jour. Clin d’œil du destin, il travaillera dix-huit années comme informaticien à l’hôpital sanclaudien (jusqu’en 2019).

Le poids du pays natal Salem Attalah n’a jamais été du genre casseur sur un terrain, il aime le jeu, prendre ce fichu ballon, trouve les intervalles. À seize ans, après deux années au RugbyClub Morézien, il est contacté par le FCSC, le club de Saint-Claude. Bien qu'au collège de Morez, il accepte de rejoindre les cadets : « J’ai découvert un jeu plus physique, plus ambitieux avec un club historique. Je jouais en Reichel, en lever de rideau contre de grosses équipes à Serger. » Et puis, un jour, du côté de Clairvaux, pendant un tournoi à sept juniors, un entraîneur d’Annecy le remarque et le convainc de rejoindre les bleus et blancs qui visent la Fédérale 1. Il accepte. Il nouera des amitiés qui durent encore : « J’étais le premier petit Maghrébin du club ! » Après seulement trois semaines en espoirs, il rejoint le groupe seniors pour une saison magnifique conclue par une montée. Une belle carrière en perspective. Seulement voilà, à vingt ans, il doit accomplir son service militaire, bien décidé à rejoindre les chasseurs alpins de Rumilly. Mais son père est catégorique, il ne peut pas revêtir l'uniforme ailleurs qu’en Algérie. Une Algérie en pleine guerre civile. Il obéit : « Je suis parti là-bas sans savoir où je mettais les pieds, je laissais des primes de matches, un appartement payé, une belle ville, des copains pour un pays en guerre. » L’aventure dure vingt-six mois et lui, gamin immortel de vingt ans, découvre la mort : « La réalité a été plus forte que mes rêves, je n’avais qu’une envie, revenir et jouer au ballon en sécurité dans un pays en paix. L’Algérie de mon enfance n’était plus là. » À son retour, il n’est pas seul, Linda l’accompagne, mais il ne rejoint pas Annecy. Il préfère Morez et son rugby-plaisir. Il jouera quatre ans, jusqu’à une fameuse échauffourée qui, une fois encore, bousculera sa vie…

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b COLLECTION PERSONNELLE

Mais à quatre mois, rupture. On l’envoie vivre chez ses grands-parents de l’autre côté de la Méditerranée parce qu’en France, la vie d’immigré est dure : « C’était de pauvres fermiers, mais j’étais choyé. J’ai eu une belle enfance au milieu de la nature. » Retour prévu à six ans. Mais, au moment de prendre l’avion le garçon fait un scandale. Le come-back est différé d’un an… À Morez, il souffre, ne parle pas français, mais s’intègre vite, en partie grâce à ses aptitudes sportives. De ces premiers chambardements, il apprend à relativiser : « En Algérie, on voyait la France comme un paradis où tout était facile, mais

Quand il allait arbitrer en Afrique noire, Salem Attalah avait l’impression de prendre une place qui ne lui revenait pas. Aujourd’hui, il forme le corps arbitral africain.


L’entrée des vestiaires, un endroit particulier dans le monde de l’ovalie.

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à mon arrivée j’ai découvert une société où on ne vivait pas comme je le pensais ! » La découverte du ballon ovale, il la fait en 1986. Il a quatorze ans. Pour les journées portes-ouvertes du club de Morez, ses copains jouent, il les suit : « Ce fut une découverte. À la maison, on ne parlait que de ballon rond et là, le ballon était ovale. Il rebondissait dans tous les sens. J’ai entendu parler de hors-jeu, d’en avant. C’était très compliqué, mais j’ai mordu ! » Mordu à jamais grâce à sa rencontre avec Éric Prost. L’éducateur morézien le suivra jusqu’à son dernier match comme arbitre de la finale de Pro D2 il y a trois ans, un certain Agen-Montauban : « Salem aurait pu faire une belle carrière comme joueur, mais son destin était d’arbitrer, il avait l’âme pour ça, impartial, humble et travailleur. Il n’a jamais fait de bruit et suivi son bonhomme de chemin. » Coup de cœur réciproque : « Éric m’a rappelé que le jeu prédomine... et pas la règle. » Aujourd’hui, quarante ans plus tard, pour parler de lui, Salem Attalah a choisi le stade de Serger, bastion des rugbymen ciel et blanc du FCSC (Football-Club Sanclaudien) et second port d’attache pour lui : « Ce terrain est peut-être mon meilleur ami. Ici, j’ai joué contre Grenoble, Bourgoin... Quand un arbitre arrive dans ce lieu, il s’en souvient toute sa vie. »

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Marion GUILBAUD France Inter côté musique

b RADIO FRANCE/CHRISTOPH E ABRAMOWITZ

La musique du Nouveau Rendez-Vous et de Côté Club sur France Inter, c’est elle ! Marion Guilbaud cartonne avec sa programmation musicale et ses live qui font rappliquer tous les musiciens dans les studios de Radio France. À la rentrée, toujours avec son compère Laurent Goumarre, elle va animer une nouvelle émission quotidienne musicale. Entretien. Ü

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FRANCE INTER EST LA PREMIÈRE RADIO DE FRANCE. Une Jurassienne, avec tous les autres talents de la Maison de la Radio, a contribué musicalement à ce succès. Marion Guilbaud, née dans le Val d'Oise, a passé son enfance et son adolescence à Lons-le-Saunier, dans le Jura. Fille d'un directeur de MJC, elle a fini par monter à Paris où elle est aujourd'hui l'une des programmatrices musicales les plus influentes de France. Elle a travaillé avec Stéphane Bern, Isabelle Giordano, Pascale Clark, Didier Varrod... Après les vacances, elle va animer une nouvelle émission avec Laurent Goumarre. Les deux professionnels se connaissent bien. Ils œuvrent déjà ensemble au Nouveau Rendez-Vous (NRV) et à Côté Club.

NUMÉRO 39 - Que répondez-vous quand on dit de vous que vous êtes l'une des références musicales de France Inter ? MARION GUILBAUD Que ça me fait rougir ! Après,

c'est vrai, j’ai une expérience, un parcours, une vision de la musique à 360 degrés, je connais mon sujet et je pense avoir aussi un ton. Je ne programme que les choses que je trouve intéressantes, pas forcément parce que je les aime, mais parce qu’il y a quelque chose à découvrir. Je valide souvent des musiques que je n’écoute pas chez moi, mais qui apportent un plus. Votre parcours est tout simplement ahurissant. Il a été marqué par la chance ? J’ai été assez chanceuse, oui ! Dans ma vie, il y a eu des rencontres importantes, mais j’ai su en faire quelque chose, c’est ma force. Je ne suis pas carriériste, je n’aime pas anticiper, je profite des moments. Certains me disent : « Mais pourquoi tu n’as pas ton émission à toi ? » Tout simplement parce que ça ne m’intéresse pas ! Je ne dois pas avoir assez d’ego pour être seule en scène. J'aime faire partie d'une équipe, je revendique simplement un style, un ton. J’aime être sur la crête. Je veux une reconnaissance. Mais, en même temps, pas tant que ça ! Ü

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b NUMÉRO 39

Marion Guilbaud chez Hands And Arms, au 72 de la rue Crozatier, dans le XIIe arrondissement de Paris. Un temple du vinyle.

La petite nana de Lons est bien loin… Oui et non ! J’aime beaucoup revenir dans le Jura parce que j’ai des copines et que ça m'aère de mon milieu professionnel parisien. Le week-end, je rêve de quitter Paris pour randonner, j’ai une relation particulière avec la nature jurassienne. J’ai passé toute mon enfance à bivouaquer, à faire du kayak ou du ski de fond partout dans le Jura. Ce sont mes racines, c’est important. À Paris, je suis courtisée toute la semaine par des gens dont je ne sais rien. Le Jura est l’endroit qui m’a appris à résister à Paris. Revenons à Lons. Tout part de là ? Je suis née à Sarcelles, mais, un an après, mes parents sont venus dans le Jura. Mon père venait d’obtenir son concours de directeur de Maison de la jeunesse et de la culture en 1968 et le ministère avait décidé d’en ouvrir une à Lons. J’ai grandi dans la MJC. Avec mon frère, nous avions accès à la culture, mes parents nous encourageaient à lire, à écouter des disques, à aller au cinéma et au théâtre, à voir des concerts, des expos... mais aussi à faire toutes sortes d’activités sportives et de plein air. Ça m’a construite. À douze ans, je voulais être journaliste et, adolescente, tous mes copains faisaient de la musique. Il y avait beaucoup de groupes à Lons : Les Infidèles, 127, Jungle à Ferraille… J’ai vu ce que signifiait répéter, composer, écrire, jouer.

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Quel genre de fille étiez-vous alors ? Nous avions une façon de vivre atypique. Je sortais peu le soir avant mes dix-huit ans. Mes parents ne gagnaient pas beaucoup d’argent, mais j’ai vu comment ils se battaient pour faire ce qu’ils aimaient. Cela m’a donné le sens de la passion. Au début des années 1980, Lons était très vivant, on était libres. Le lycée Jean-Michel était un lieu de confrontations, de débats, d’engueulades. Moi, je n’étais pas une leader, plutôt l’originale de service, habillée tout en noir. J’aimais provoquer, choquer. Je me fichais d’être appréciée. Mes amis étaient tous plus vieux que moi ; c’est avec ces gens que j’aimais parler. Évidemment, mon petit copain était musicien… Comment s’est faite votre première rencontre avec Paris ? Je disais toujours : « Quand j’ai dix-huit ans, je me barre de Lons ! » La ville me paraissait petite, je voulais voir le monde, bouger. Mes parents disaient : il faut prendre des risques, se surprendre. Après le bac, j’ai tenté Khâgne dans les grands lycées parisiens et, finalement, j’ai été prise dans un petit lycée de banlieue. Mais c’était décevant : je vivais chez mes grands-parents et je déprimais, je suis revenue à Besançon m’inscrire en IUT publicité. J’avais dix-neuf Ü


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u À Paris, Marion Guilbaud se déplace à vélo.

v Quand la petite Jurassienne avait 19 ans du côté de Lons-le-Saunier. Pas une leader, plutôt l’originale de service. w Une autre photo de son enfance en Franche-Comté. x C'est en famille qu'elle a goûté aux joies du ski de fond dans le Haut-Jura.

ans et j’ai retrouvé tous mes amis, le milieu musical. Tout ce que j’aimais.

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b ARCHIVES PERSONNELLES

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b ARCHIVES PERSONNELLES

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b ARCHIVES PERSONNELLES

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Quelle a été votre première belle rencontre dans le milieu musical ? François Pinard qui organisait des concerts à Besançon. Moi, je distribuais les tracts ! Ensuite, il y a eu Nadine Simoni à l’Élysée-Montmartre qui m'a appris le métier d’attachée de presse, puis le label Danceteria où j’ai fait du marketing, et Barclay, la grosse cylindrée. Après, je suis passée du côté des médias avec Philippe Manœuvre, le rédacteur en chef de Rock and Folk, puis à Oui FM. J’ai débuté à France Inter avec cinq ans de missions renouvelables. C'est là j’ai rencontré Bernard Chérèze qui m’a confié les clés de la musique dans l’émission Le Fou du Roi avec Stéphane Bern. J’ai collaboré aussi avec Isabelle Giordano, Pascale Clark, Didier Varrod et Laurent Goumarre avec qui je travaille aujourd’hui dans Le Nouveau Rendez-Vous et Côté Club. Pourquoi avez-vous percé alors que tant d’autres se cassent les dents ? Sans doute le fait de connaître toutes les facettes du métier : l’organisation de concerts, la promotion, la conception d’un disque, l’accompagnement des artistes... J’ai aussi un gros carnet d’adresses dans le milieu musical et je ne me laisse pas bananer ! Pour moi, parler de musique dans une émission, ce n’est pas suffisant. Il faut la faire découvrir, l’amener là où on ne l’attend pas  ! Faire des live, amener les musiciens à Radio France, se bagarrer pour que tout fonctionne, gagner la confiance des artistes… Tout cela forme un ensemble. Vous êtes un cas à part ? Dans ce milieu, je suis atypique, je suis arrivée à la Maison de la Radio à l'âge de trente-huit ans, j’avais derrière moi presque vingt ans d’expérience dans la musique. À France Inter, j'ai finalement presque créé mon poste, celui de programmatrice live. Aujourd’hui, je suis légitime car je me suis légitimée toute seule à la radio publique : j'ai appris l'antenne, les enregistrements. Ce n’est pas toujours facile de tenir cette position, je sais que j’ai des lacunes devant le micro ; parfois, il y a des approximations, mais je suis enthousiaste. Je profite au maximum. J'essaie toujours de me faire plaisir car cela s'entend ! Ü


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Les places sont chères ? Parfois, je me dis que les artistes que je reçois pourraient être mes enfants. Un jour, il y aura un décalage ; cela arrivera. J'aimerais pouvoir former des gens pour me remplacer, mais ça ne se fait pas, on n’embauche pas et c'est dommage... À la rentrée, avec Laurent Goumarre, nous allons défendre une quotidienne musicale : comment faire vivre la musique à la radio en 2020 ? Un nouveau défi à relever, comme je les aime ! Et si un jour, je ne fais plus de micro, je peux écrire (je pige aussi pour Marianne), faire des podcasts, mais j’aimerais pouvoir transmettre !

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Quel regard portez-vous sur le milieu de la musique ? Il est traumatisé par une énorme crise du disque qui lui a fait perdre beaucoup d’argent. Un modèle économique s’est arrêté, tout le monde cherche de l'argent sans avoir trouvé une formule de remplacement. Il y a le streaming, mais ce n’est pas cela non plus… Le milieu est frileux, beaucoup se contentent de suivre le son du moment et ne prennent plus de risques. Ils ne sont plus en état de proposer. Ce monde ne laisse plus parler ses envies. Il a peur. Et la crise sanitaire que l'on vient de vivre ne va pas arranger les choses, hélas...

Sur France Inter, cet été, Marion Guilbaud fait la fête aux concerts avec son acolyte Laurent Goumarre.

Et celui des radios qui en parlent ? Le format de la radio change, on pense à le découper sur le net par petits bouts. Il essaie de se transformer, j’espère qu’il va se faire un peu confiance. À la radio, comme dans la musique, on est dans le jeunisme et cela me fait rire parce que moi, j’ai écouté France Inter à trente-cinq ans ! Pas à cause de la musique, mais parce que je commençais à m’intéresser à la politique, l’écologie, la philosophie et qu’il y avait des gens super qui en parlaient. On nous bassine sans cesse avec les vieux, on dit tout le temps qu’il faut toucher les jeunes, mais c’est quoi les vieux aujourd'hui ? Des gens cultivés, actifs qui font tourner la société. Si mes émissions qui défrichent la musique leur plaisent, je suis contente ! Vous passez pour avoir un gros caractère… Je dis toujours ce que je pense, c’est un héritage de mes parents. À la maison, les discussions étaient animées, on échangeait parfois vivement, mais je ne suis jamais dure avec les gens que je reçois parce que je sais que c’est un métier difficile qui, si on le fait trop longtemps, peut rendre fou. Dans les émissions, j’ai au contraire un côté très maternel, je veux que les artistes soient bien. Par contre, je ne suis pas cool avec ceux qui font cela n’importe comment. Qu’est-ce que vous préférez dans votre carrière ? Ce que je fais aujourd’hui parce que je m’exprime avec les artistes, derrière un micro, avec une équipe. Avant, j’aidais juste les autres à s’exprimer. Concilier les deux m'a pris du temps ! Et après ? Je partirai direct de Paris pour trouver une maison entre Besançon et Lons (mon mari est de Pontarlier), vers Salins par exemple. Il me faut un peu de relief, mais pas près du vignoble où le paysage est trop travaillé, et pas dans le Haut-Jura où les hivers sont parfois trop longs.

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Mood Sarah

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* Humeur

Pour un livre sur l'Orient-Express, la célèbre photographe Sarah Moon a voyagé sur les rails entre Champagnole et Morez, un jour d'hiver. À Numéro 39, elle raconte cette journée où la découverte s'est mêlée au merveilleux. Ü

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b SARAH MOON

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Dans son dernier livre, édité dans la collection Fashion Eye de Louis Vuitton, Sarah Moon propose un voyage dans l’Orient-Express qui, fait étrange, passe par le Jura, entre Champagnole et Morez. L’hiver dernier, la photographe est montée dans la cabine du conducteur du chasse-neige ferroviaire. « Le paysage était écrit en noir sur blanc. » En pleine préparation de la rétrospective qui lui sera consacrée à partir de septembre au Musée d’Art Moderne de Paris, elle a accepté, pour Numéro 39, de revenir sur cette journée particulière.

Chasse-neige

J’ai réalisé les photographies en un jour dans le Haut-Jura. Entre midi et dix-huit heures, j’ai fait le trajet en train entre Champagnole et Morez avec le conducteur du chasseneige qui nettoie les rails. Ce fut un vrai plaisir de monter là-haut en suivant ce trajet. C’est fabuleux, absolument somptueux, il n’y a rien d’autre à dire. C’était vraiment une autre manière de voyager dans ce train ouvert et de pouvoir photographier en même temps.

Japonais

Au départ, pour ce projet, nous avions l’idée d'aller en Turquie ou à Venise sur l’itinéraire de l’Orient-Express. Mais, finalement, ces voyages n’ont pu se faire. Le premier voyage s’est donc fait dans une gare de triage ; le deuxième, dans le Haut-Jura, et le troisième à Dieppe. L’on m’a dit que le Jura, c’était comme les Carpates. C’était très bien, j’ai juste demandé à pouvoir y aller quand il y aurait de la neige. Finalement, je ne sais pas si c’est comme les Carpates, comme je n’y suis jamais allée, mais il est vrai que le Jura, c’est un paysage comme je n’en avais jamais vu. C’est marrant comme c’est Japonais. Cette finesse, c’était tellement fin.

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J’ai effectué le trajet avec le jeune homme qui conduit le chasse-neige sur cette ligne. Et ce que j’ai vu, c’est à travers ses yeux. Il m’a montré du train des lieux qu’il aimait, c’est quelqu’un qui adore vraiment la nature et qui est ébloui par le pays. C’était merveilleux ce que j’ai vu pendant ce voyage, il y a une variété d’arbres étonnante, il n’y a pas que des pins. Et puis il y a des cascades. Je pense à cet endroit au-dessus de la rivière [La Lemme, N.D.L.R.]. J’ai pu photographier une cascade. En me penchant, j’ai découvert ce tumulte en bas, c’est d’une grande beauté.

Neige

De toute façon, je n’ai rien fait d’autre que de prendre ce qu’il y avait, il n’y a pas d’effets. C’était là ; je ne pouvais pas résister. Et c’est ce que j’ai vraiment aimé, c’était vierge pour moi et vierge dans l’image. Et la neige, j’adore ça. À Paris, il a neigé jusqu’à il y a cinq ans, mais malheureusement, il neige de moins en moins. Je photographiais toujours la neige quand elle venait de tomber et qu’il y avait encore les dessins en dessous.

Viaducs

En effet, c’est merveilleux tous ces viaducs. Il y a celui qui est sur la couverture et puis d’autres sur lesquels on est passé. En plus, ce qui était très beau, c’est qu’il avait neigé

la nuit, donc il y avait juste une poudreuse sur tout. Le viaduc, il y avait plus que ça comme photo, je ne pouvais pas m’arrêter. Mais c'était bien, et cela m’a entraînée. Les tunnels, aussi, étaient magnifiques.

Compagnons

Je connaissais le Jura de Patrick Toussaint [qui effectue les tirages des photographies de Sarah Moon depuis plusieurs décennies, N.D.L.R.] mais je n’étais jamais monté là-haut, c’était le dernier plateau. Mais Patrick vient de déménager, il n’est plus dans le Jura, mais dans les Hautes-Alpes, une autre montagne. Il y a longtemps, j’ai également séjourné chez Paule et Jacques Monory, à Château-Chalon [lire Numéro 39 n° 4]. C’est vraiment très beau. Surtout, quand j’y suis allée, ce n’était pas touristique. C’était comme dans les années 1950. C’est vraiment merveilleux que ça reste encore intact, peut-être que maintenant c’est différent. b SARAH MOON

Jeune homme

Découverte

Dans le Jura, j'avais seulement fait une photo des vignes depuis la terrasse de Bernard Moninot, à Château-Chalon. L’an dernier, ce projet Orient-Express fut vraiment une découverte pour moi, parce que c’était très exceptionnel comme paysage.

La photographe française et ancienne mannequin Sarah Moon est célèbre pour avoir signé, entre autres, vingt ans de campagnes publicitaires pour Cacharel, Comme des Garçons, Chanel ou encore Dior. Nombreux sont ses clichés qui ont sublimé les pages de magazines de mode. Lauréate de nombreux prix (trois Lion d'or à Cannes, Grand Prix de la photographie de Paris…), elle a aussi été remarquée pour ses photographies et ses films artistiques. Du 18 septembre 2020 au 10 janvier 2021, le Musée d'Art Moderne de Paris mettra en lumière les œuvres de celle qui figure dans la liste des dix femmes photographes qui ont marqué l'histoire de la mode selon le magazine AD. L'exposition présentera ses plus grands clichés, mettant en avant un univers entre conte de fées et romantisme noir et une vraie narration dans ses photos empreintes d'un sentiment de surprise, d'inattendu. Des films rythmeront également cette rétrospective et rappelleront que Sarah Moon cache plus d'une corde à son arc.

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b ILONA SUSCHITZKY

Photographe de mode


37€

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Marion ROUSSE La belle échappée

Pour la quatrième année, Marion Rousse commentera le Tour de France qui, le 18 septembre, passera par le Jura qu'elle connaît bien pour y être venue en vacances et y avoir parcouru les routes à vélo. Rencontre avec la première consultante cyclisme à œuvrer sur une antenne publique. Ü

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b FRANCE TÉLÉVISIONS

L'ex-cycliste professionnelle a été adoptée par le public et les coureurs.

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LE 18 SEPTEMBRE, MARION ROUSSE COMMENTERA, AVEC ALEXANDRE PASTEUR, LAURENT JALABERT ET FRANCK FERRAND, L’ÉTAPE DU TOUR DE FRANCE reliant Bourg-en-Bresse à Champagnole. Sous l'impulsion du président du conseil départemental, Clément Pernot, la Grande Boucle sera de retour dans le Jura, un terrain de jeu que la jeune femme aime beaucoup pour y avoir passé de nombreuses vacances d'hiver en famille. À La Pesse mais aussi aux Rousses. « On y faisait du ski de fond, j'adore ce village, les gens y sont sympas et j'ai toujours eu cette impression de m'y sentir bien », témoigne la Ch’ti. Plus tard, depuis le golf du Mont Saint-Jean où elle logeait, l’ex-cycliste professionnelle a sillonné le territoire à vélo. « Il y a énormément de belles routes comme les lacets de Septmoncel, les lacs, le Haut-Jura dans son ensemble, sans oublier les jolis coins suisses avec le lac de Joux, les cols du Marchairuz et du Mollendruz. » Marion Rousse est une femme pressée... et douée. Sprinteuse, grimpeuse ou puncheuse à ses heures. Toujours endurante face aux challenges qu'elle s'impose. Travailleuse comme doit l'être un équipier dans le cyclisme moderne. La compétition coule dans ses veines. Elle la découvre à seulement six ans au cœur du mythique vélodrome de Roubaix (avec la complicité de sa maman et à l'insu de son papa cycliste qui voulait éviter cette difficile voie sportive à sa fille). À 19 ans, la Nordiste passe professionnelle. Elle devient double championne de France de cyclisme l'année suivante avant de mettre un terme à sa carrière professionnelle à seulement vingt-quatre ans... alors qu'elle faisait les beaux jours de l'équipe Lotto-Soudal. Un météore sur deux roues ! Entre-temps, une première pige en tant qu'invitée de l'émission d'Eurosport de Guillaume Di Grazia, Les Rois de la pédale, puis en tant que consultante pour la chaîne payante lors de la

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Vuelta 2013, confirme sa reconversion toute tracée. « C'est le rêve de tout sportif de devenir consultant car on reste dans notre univers, dans notre passion... mais les places sont rares », analyse-t-elle. Elle poursuit son échappée belle à France Télévisions qu'elle rejoint en 2017 pour commenter, avec Alexandre Pasteur et Laurent Jalabert, Paris-Roubaix... puis le mythique Tour de France, monument du cyclisme mondial. À cette occasion, elle devient d'ailleurs la première femme consultante cyclisme sur le service public. « Mais elle ne cherche pas à se différencier en tant que femme, note le Jurassien Alexandre Pasteur, grande voix du sport à la télé [lire Numéro 39 n° 4]. Elle prépare minutieusement ses étapes, vient tous les matins avec son calepin et travaille beaucoup. Marion n'est pas du tout dans la revendication ou le féminisme. » Elle accueille toutefois avec grand plaisir l'organisation à venir du premier Paris-Roubaix féminin cet automne et la réflexion sur un Tour de France féminin en 2022. Mais refuse l'étiquette de porte-étendard de la cause féminine. « Je ne suis pas là pour assurer un quelconque quota féminin », assure Marion Rousse qui se réjouit de voir des gamines lui dire qu'elles aimeraient suivre le même parcours sportif puis journalistique que le sien. « Ça me paraissait inimaginable de pouvoir commenter le Tour de France à vingt-six ans, et pourtant je l'ai fait. » « C'est une pro qui commente des courses de mecs et ça lui va très bien. Elle l'assume parfaitement et veut juste vivre sa passion à fond », résume Pasteur, lui aussi transfuge d'Eurosport. Passion n'est d'ailleurs pas un terme assez fort pour décrire le lien entre la directrice-adjointe du Tour de Provence et la petite reine. Son histoire avec le vélo remonte à l'enfance et s'inscrit dans une certaine lignée familiale. Imaginez un peu : trois de ses cousins ont été coureurs professionnels (les frères Laurent et David Lefèvre, ainsi qu'Olivier Bonnaire) et son papa a longtemps couru à un très bon niveau amateur. De fait, évoluer au sein d'un univers masculin ne l'a jamais choqué. Au contraire presque : « Tous les dimanches, j'étais la seule femme “à partir à la guerre” pour gagner face à un groupe d'hommes. Cela s'est toujours bien passé, je n'étais pas différente et ne me donnais pas d'excuses. Je n'ai jamais eu de passedroit dans la vie. Je souhaite simplement être reconnue pour la qualité de mon travail. »

ADOPTÉE PAR LE MILIEU Très exposée sur France Télévisions, Marion Rousse aurait pu trébucher sur cette grande marche, mais son professionnalisme a vite fait l'unanimité autour d'elle et derrière le poste de télé. Elle a d'ailleurs succédé à un certain champion du monde de football 1998, Bixente Lizarazu, au Trophée de la reconversion, en étant sacrée meilleure consultante 2019. « J'ai été touchée par cette récompense car mon boulot n'est pas juste d'arriver le matin des courses et de voir ce qu'il se passe ensuite ! Je suis une fille studieuse qui aime travailler avant, préparer les courses, amener quelque chose d'inédit ou d'important à l'antenne. Et entre nous, succéder à Lizarazu me rend un peu fière ! » Bienveillante avec les coureurs et pointue dans ses analyses tactiques, Marion Rousse connaît le peloton et le monde Ü


b FRANCE TÉLÉVISIONS / PHILIPPE LEROUX

En 2019, Marion Rousse a été élue meilleur consultante, succédant au champion du monde de football, Bixente Lizarazu.

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Le commentaire n'en devient que plus fluide après également le repérage des étapes en voiture. « On a un côté très pédagogue car nous diffusons sur une chaîne grand public. Je dois, avec Jaja, faire comprendre les stratégies de course, le travail des équipiers », poursuit la consultante qui a vécu un dernier Tour de France épique. « Il y a eu de très grands moments comme la victoire de Thibaut Pinot sur le Tourmalet, la dizaine de jours en jaune pour Julian Alaphilippe, les Français aux avant-postes, la blessure de Pinot... J'ai tellement hâte de retrouver le Tour cet automne après de nombreux mois sans courses à cause de la pandémie. Le vélo m'a beaucoup manqué pendant cette période. »

Concentration maximale pour Marion Rousse, avec Laurent Jalabert, Alexandre Pasteur et Franck Ferrand lors 82 numéro 39du Tour de France. d'une retransmission

« Le Tour de France 2019 a réconcilié les Français avec le cyclisme, approuve Alexandre Pasteur. Rien n'était écrit d'avance et cette édition fut passionnante ». Après avoir été menacée d'annulation, l'édition 2020 s'annonce toute aussi animée, compte tenu du parcours très montagneux retenu par ASO, l'organisateur du Tour. Avec une antépénultième course programmée entre Bourg-en-Bresse dans l'Ain, et Champagnole, dans le Jura. « Cette étape aura une résonance forte, c'est certain », prédit le journaliste. Programmée juste après Méribel – La Roche-sur-Foron et ses cinq ascensions dont les montées du Cormet de Roselend et du plateau des Glières, « le tracé du jour pourrait sourire aux attaquants juste avant le terrible contre-la-montre sur la Planche des Belles Filles le lendemain ». Originaire du massif jurassien, Alexandre Pasteur retrouvera des coins de son enfance avec l'étape jurassienne du vendredi 18 septembre qui passera par Nozeroy, Les Planches-en-Montagne et ses magnifiques gorges de la Langouette... « À chaque fois que le Tour de France est passé dans le Jura, un massif pas si facile pour rouler, on n'a jamais été déçu du spectacle », souligne Marion Rousse. En 2010, l’étape Tournus-Station des Rousses avait été remportée par Sylvain Chavanel qui s'était imposé en solitaire. Il reprenait du coup un maillot jaune qu'il avait déjà porté après sa victoire en Belgique quelques jours plus tôt. Sept ans plus tard, un autre Français avait brillé en terre jurassienne au terme d’une journée riche en attaques. Lilian Calmejane décrochait sa première victoire sur la Grande Boucle, les crampes survenues à cinq kilomètres de l'arrivée accroissant encore le suspens dans les dernières minutes de course. Mi-septembre, la France découvrira un Jura automnal... sans doute tout aussi séduisant que le modèle estival !

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LA LÉGENDE JURASSIENNE

b INSTAGRAM MARION ROUSSE

de vélo comme peu d'observateurs. Mariée à Tony Gallopin pendant douze ans avec qui elle allait en stage et roulait régulièrement, aujourd'hui compagne de Julian Alaphilippe, l'éclatant maillot jaune français du Tour de France de 2019, la jeune femme a de très nombreux contacts dans le peloton. Ainsi qu'une vue acérée : « Marion sait reconnaître un coureur sur une vue d'hélicoptère à travers le brouillard et croyezmoi c'est loin d'être simple », s'amuse Pasteur qui agit comme le meneur de jeu à l'antenne de France TV pendant les trois semaines du Tour. « C'est une aventure humaine qu'on traverse intensément tous ensemble. Les téléspectateurs doivent sentir une complicité dans l'équipe, que ce soit avec Marion, Laurent Jalabert, Franck Ferrand et nos deux motards Thierry Adam et Thomas Voeckler. »


C’est le moment !

Demain sera Made in Jura, faisons envie !

Parce que c’est le moment, MERCI à vous tous les Jurassiens. Merci pour tout ce que vous avez fait pendant cette période difficile, éprouvante. Merci à tous ceux qui se sont engagés. Merci à tous ceux qui ont pris des risques. Merci à tous ceux qui se sont révélés exemplaires. Du cœur dans les actes, c’est cela l’esprit Made In Jura !

Imaginons ici un modèle de bien vivre et travailler, plus attentif à l’humain, tissé d’associations, plus responsable et respectueux de notre nature, confortons notre territoire d’usines à la campagne.

C’est le moment de repartir… Réconfortons tous ceux qui ont souffert. Mobilisons-nous encore. Cultivons les réseaux, les associations et construisons plus de solidarité, réelle, efficace, concrète. Soyons fiers d’être ici, Jura, où nous vivons autrement, mieux, que dans les métropoles qui désormais daignent regarder vers nous.

Le Conseil départemental du Jura engage, avec les intercommunalités, un plan de relance. Pensons Made in Jura, travaillons, faisons travailler nos entreprises, consommons Made In Jura, créons… Jurassiens, ensemble, œuvrons pour que le Jura fasse toujours envie. C’est le moment Made In Jura ! Clément PERNOT Président du Département du Jura et l’ensemble des Conseillers départementaux

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Le vendredi 18 septembre 2020, le Tour de France s’arrêtera dans le Jura à l’occasion de la 19e étape reliant Bourg-en-Bresse à Champagnole. 160 km de petites routes à travers la Petite Montagne, le Vignoble Jurassien et le Haut-Jura sont au programme des coureurs du peloton. Une étape de transition entre les Alpes et le contre-la-montre individuel sur les pentes de la Planche-des-Belles-Filles en Haute-Saône…

Stéphane Godin | Jura Tourisme

PARTEZ À LA DÉCOUVERTE DU JURA SUR LES TRACES DU TOUR

Le château de Rosay.

Stéphane Godin | Jura Tourisme

La source du Suran.

Stéphane Godin | Jura Tourisme

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La Maison de la Vache qui rit.

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Depuis Bourg-en-Bresse, la caravane du Tour empruntera la direction de SaintJulien-sur-Suran, au cœur de la Petite Montagne jurassienne. C’est en longeant la vallée du Suran, qu’elle traversera le village de Montfleur, et son moulin hydraulique datant du Moyen-Âge : Le Moulin du Pont des Vents dans lequel il fleure bon la farine fraîchement moulue, le pain et les biscuits cuits au feu de bois… pour une pause gourmande. Les paysages vallonnés de prairies, pâturages, rivières et cascades se succèdent jusqu’à Gigny-sur-Suran où son abbaye clunisienne datant de 888 ne manque pas de combler les férus de patrimoine et d’histoire. Pour ceux qui souhaitent aller plus loin dans l’histoire du Jura, non loin de là, se trouvent les châteaux de Rosay et de Chevreaux ou encore l’église de Saint-Hymetière. Avant de venir à bout des bosses et faux plats de la discrète Petite Montagne jurassienne, les coureurs passeront par Cressia qui abrite un remarquable jardin mêlant harmonieusement l’eau, les végétaux et les minéraux. Pour rejoindre la préfecture et station thermale de Lons-le-Saunier, les coureurs traverseront également les villages d’Augisey, SaintLaurent-la-Roche et Geruge composés de nombreuses fermes en pierres de taille, typiques du Jura.

Stéphane Godin | Jura Tourisme

LA PETITE-MONTAGNE, NATURELLEMENT

PÉRÉGRINATIONS DANS LE VIGNOBLE DU JURA Après cette découverte de la préfecture et un passage devant l’imposant château du Pin datant du XIIIe siècle, le peloton traversera une partie du vignoble jurassien. Depuis les vignes du Vernois - qui viendront tout juste d’être vendangées - à la capitale du Vin Jaune, Château-Chalon, les spectateurs auront tout le loisir de déguster les Vins du Jura (7 AOC) dans une fruitière ou un domaine viticole. Posé en sentinelle sur son rocher, Château-Chalon, labélisé Plus Beaux Village de France, abrite une vigne conservatoire composée d’une cinquantaine de cépages, essentiellement jurassiens, préservés dans une volonté de sauvegarde de l’héritage transmis au fil des générations. Enfin pour tester vos connaissances sur les vins du Jura, passez à l’École d’autrefois, où a été reconstituée une classe des années trente, et à la Maison de la Haute Seille, véritable ambassade des vins de Château-Chalon et plus généralement du terroir jurassien.


COMMUNIQUÉ

ESCAPADE URBAINE À LONS-LE-SAUNIER

CHAMPAGNOLE, LE TRAIT D’UNION PARFAIT ENTRE PAYS DES LACS ET HAUT-JURA

Lons-le-Saunier, est une petite ville qui ne manque pas d’atouts avec son Parc des Bains joliment fleuri et arboré, ses fameux thermes Lédonia aux eaux naturellement salées où il fait bon se ressourcer, son théâtre à l’italienne véritable emblème au cœur de ville, et la rue du commerce aux arcades vieilles de plusieurs siècles abritant de nombreuses boutiques et cafés. C’est aussi une préfecture de contrastes qui a vu aussi bien naître Claude Rouget de Lisle, le compositeur de l’hymne national français, La Marseillaise, que la célèbre Vache qui rit®, personnage haut en couleur que l’on ne présente plus. Ne manquez pas la visite de la Maison de la Vache qui rit®, un lieu unique qui retrace l’histoire de la célèbre portion de fromage et qui réjouit petits et grands enfants !

Avant de rejoindre la ligne d’arrivée à Champagnole, ville porte du Parc naturel régional du Haut-Jura, les coureurs grimperont Chatelneuf pour rejoindre Loulle, connu pour son lapiaz et son site à pistes de dinosaure où l’on peut voir de vraies empreintes de pattes de dinosaures qui ont été miraculeusement conservées. Enfin, sur un sprint ou une belle échappée, le vainqueur de cette 19e étape sera récompensé à Champagnole, ville où il fait bon vivre, traversée par la rivière d’Ain et réputée pour quelques-uns de ses artisans : le fromager, meilleur ouvrier de France Marc Janin, les limonades artisanales Elixia ou encore les salaisons incomparables du relais du fumé… De quoi bien profiter de la soirée avant de repartir le lendemain en direction de la Haute-Saône.

Château-Chalon. PREMIER PLATEAU ET FORÊT DE LA JOUX, LA CAMPAGNE COMME ON L’AIME Lancé sur les routes du premier plateau, le peloton passera rapidement à Grangessur-Ladoye qui offre une vue imprenable, depuis son belvédère, sur la reculée de Ladoye et Blois-sur-Seille. Les pâturages, murgers et cabanes de bergers en pierres sèches, typiques du Premier Plateau, laisseront rapidement place à la vallée de l’Ain puis à la forêt de la Joux et sa célèbre route des sapins qui permet la découverte de l’une des plus belles sapinières d’Europe avec des arbres dépassant les 45 m de hauteur et des diamètres de plus d'un mètre vingt.

Sitôt la forêt traversée, les coureurs tomberont nez à nez sur la cité médiévale de Nozeroy qui contrôlait au Moyen-Âge les routes d’accès vers la Suisse ainsi que les routes du sel. Entouré de pâtures et de troupeaux de vaches Montbéliardes, le village est réputé pour la qualité de ses fromages et notamment de ses Comtés. Le peloton empruntera ensuite des routes sinueuses du Haut-Jura à la découverte de sites naturels comme la source de l’Ain et, non loin de là, à Bourg-de-Sirod, les Pertes de l’Ain. Les impressionnantes Gorges de la Langouette, site naturel classé, aux Planches-en-Montagne, seront également au programme. Pour les amateurs d’eaux vives, un passage par les gorges de la Saine et de Malvaux ou encore la cascade de la Billaude s’impose.

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NOZEROY, ENTRE MONTAGNES ET RIVIÈRES

La visite continue sur www.jura-tourism.com

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Les coureurs de ce Tour de France 2020 n’auront pas la chance cette année de traverser le petit village de Baume-les-Messieurs. Néanmoins, le peloton passera à quelques kilomètres seulement… Labélisé Plus Beaux Villages de France, Baume-les-Messieurs est niché au creux d’une reculée spectaculaire, ce petit village de 200 âmes est l’un des bijoux patrimoniaux du Jura. Ses petites ruelles, ses maisons en pierres et surtout son abbaye impériale du IXe siècle, comptant parmi les principaux sites clunisiens, font le charme de ce village entouré par une nature verdoyante. C’est justement dans cet écrin de verdure que l’on emprunte le chemin qui longe la rivière du Dard pour nous emmener jusqu’à l’impressionnante cascade de Tufs et aux grottes de Baume qui cachent de fabuleux trésors dont une salle aussi haute et grande qu’une cathédrale !

Stéphane Godin | Jura Tourisme

UN DÉTOUR PAR BAUME-LES-MESSIEURS ?

Baume-les-Messieurs.


Arrivée du Tour de France

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En 1964, Champagnole déjà vedette du Tour Le mythique duel Anquetil-Poulidor marqua le Tour de France 1964 raconté dans une bande dessinée. Récit. Ü

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NOUS SOMMES LE 28 JUIN 1964. Champagnole accueille le départ de la septième étape du cinquante-et-unième Tour de France. La veille, c’est à Besançon que les coureurs sont arrivés au sprint, avec la victoire finale du Néerlandais Henk Nijdam. Ce dimanche matin, sur la ligne de départ, il y a la foule des grands jours. Rudi Altig, récent vainqueur du Tour des Flandres et coéquipier de Jacques Anquetil, arbore le maillot jaune pour la troisième journée de suite. L’Allemand espère qu'il ne le perdra pas d'ici Thonon-les-Bains. C'est que le parcours qui attend le peloton n'est pas de tout repos. Au programme, 195 km avec l'ascension du col de la Faucille par les lacets de Septmoncel, avant une longue partie de plat et la montée vers la station haut-savoyarde. Le début de course est agité. À partir de Saint-Claude, l’Espagnol Julio Jiménez et ses collègues grimpeurs préviennent qu'ils ne vont pas enfiler des perles. Raymond Poulidor prend les roues, au contrordre de son directeur sportif, Lucien Magne. Mais rien à faire, « Poupou » a des « fourmis dans les jambes » et se retrouve à l’avant. Il sera soutenu tout au long de l’étape par son jeune compatriote Paul Vermeulen.

LA JOURNÉE DE POUPOU Une vingtaine de coureurs avec quatre membres de l’équipe Saint-Raphaël forment ensuite l'échappée, où ne figure pas Monsieur Jacques. Les hommes d'Anquetil vont alors se mettre au travail pour ramener leur leader vers les évadés du peloton, mais surtout vers l'homme qu'il faut surveiller comme le lait sur le feu : Raymond Poulidor. En vain. À l’arrivée, le Limousin [ne] se classe certes [que] huitième d’une étape remportée par le Belge Jan Janssen. Mais il vient de reprendre du temps à son plus féroce rival. Désormais, il le devance même de vingt-huit secondes au classement général. La suite de l'histoire, le scénariste Jeff Legrand et le dessinateur Christophe Girard la racontent dans la bande dessinée qu'ils viennent de publier chez Mareuil Éditions. Mon Tour 1964, ils devaient le raconter avec Raymond Poulidor. Les trois hommes avaient déjà collaboré lors d'un premier opus, Raymond. Mais le décès de l'ancien champion cycliste survenu le 13 novembre dernier a bouleversé les plans. « Nous devions nous voir en septembre », raconte Jeff Legrand. Histoire de collecter les anecdotes hors-course qu'aimait raconter celui que la France entière portait en son cœur. « Quand j’ai écrit le scénario, il y a eu beaucoup de vide », reconnaît l'auteur qui a dû travailler plus dur encore pour les combler. Quant à

Christophe Girard, « il n’y a que les scènes intimes et dans la voiture avec Antonin Magne » qu'il a imaginées, indique-t-il. Si ce Tour 1964 a été choisi parmi tant d'autres éditions, c'est qu'il est devenu mythique par son scénario rocambolesque et par le duel chevaleresque qui a opposé deux idoles de la France du Général de Gaulle. « Dans les années soixante, Jacques Anquetil et Raymond Poulidor étaient des stars. Le cyclisme était le sport numéro un, et son événement mondial le Tour de France. Raymond et les autres coureurs recevaient des tonnes de courriers. »

FACE À ANQUETIL La BD de Legrand et Girard témoigne à merveille de cette ambiance. Elle est en noir et blanc. Un choix souhaité par l'éditeur, Louis de Mareuil. Il voulait rester dans la continuité du premier tome, Raymond, mais aussi retrouver une époque où la télé n'avait pas encore complètement adopté la couleur. Pour l'ORTF, la voix légendaire de Robert Chapatte accompagnait des images aux innombrables nuances de gris. Seule la couverture de l'ouvrage comporte de la couleur. Et quelles couleurs ! Il y a le jaune étincelant du leader Anquetil, mais aussi le maillot violet avec manches jaunes de la MercierBP-Hutchinson de Poulidor. En parallèle du récit sportif, Jeff Legrand et Christophe Girard s'amusent des querelles qui opposent deux frères, l’un partisan de Poulidor, l’autre acquis à la cause d'Anquetil. « En France, on aime bien les dualités. Il y a même eu une forme de politisation entre Anquetil qui était le blond, bourgeois, et Poulidor le brun, ouvrier », expliquent les auteurs. Entre les deux camps, il y avait des bagarres sur les bords de route du Tour de France. L’ambiance était bon enfant, mais parfois sanguine. Des couples se sont même séparés à cause d’eux. Ce qui attristait Raymond », raconte Christophe Girard. L'histoire retiendra que Raymond Poulidor, «  éternel second » terminera cette Grande Boucle 1964 avec 55 secondes de retard sur son meilleur ennemi, Jacques Anquetil. « Raymond le disait lui-même : quand Anquetil était en jaune, il était impossible de le reprendre », glisse Jeff Legrand. En fait, tout s'est joué plus tard entre Brive et le Puy-de-Dôme. Ce jour-là, le Corrézien s'est incliné, mais il est aussi entré à jamais dans la légende. Mon Tour 64, de Jeff Legrand et Christophe Girard, Mareuil Éditions, 19,90 €.

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V

VISIBLES DE LOIN DEPUIS LA ROUTE DE LONS-LE -SAUNIER, LES TROIS PIGNONS DE LA NOUVELLE MAISON DU COMTÉ SERONT LÀ COMME DES GARDIENS CAMPÉS À L’ENTRÉE DE POLIGNY. À la fois vitrine emblématique d’un massif, symbole d’un savoir-faire millénaire et modèle économique ancré dans l’histoire. Oui, le comté, c’est tout ça… Un fromage de haute qualité, leader dans son domaine, mais aussi une communauté d’hommes et des femmes qui ont appris à travailler ensemble autour d’un cahier des charges contraignant. Autrement dit, la Maison du Comté qui sera ouverte au public au début de l’année 2021, porte en elle des exigences complexes, presque des contradictions que les intervenants techniques ont dû sublimer. Mission accomplie. Dans une zone pavillonnaire, à l’entrée de Poligny, sur l’ancien terrain du stade Bonnotte, la Maison du Comté voudrait se faire discrète, témoin des valeurs de travail, de ténacité et de

Les bâtisseurs du TEMPLE Innovante, ludique, originale… La nouvelle Maison du Comté à Poligny mise sur les technologies modernes pour montrer ses valeurs. L’hommage du XXIe siècle à un fromage millénaire. Ü

Maison du

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discrétion d’une filière qui regroupe 2 416 exploitations, 141 fruitières et quatorze caves d’affinage. Valéry Elisseeff, directeur du CIGC, veille au grain : « Le site symbolise notre intégration à la société. Rien de clinquant, un ensemble à ossature bois qui conserve un aspect architectural traditionnel avec, autour, un parc très épuré de 2 500 m² qui évoque les prés-bois du Haut-Jura. » Et aussitôt d’ajouter : « Le rendu doit émerveiller par sa beauté et les choix techniques, nous avons vocation à faire quelque chose de nouveau. » Émerveiller, le maître-mot est bien là. Rien d’étonnant, alors, si cette maison est triple... ou quadruple, c’est selon ! Trois bâtiments côte à côte qui communiquent entre eux par un cheminement transversal, le tout imaginé par l'agence Architectures Amiot-Lombard [lire par ailleurs] : « C’est une réalisation contemporaine avec une image qualitative, ambitieuse et humble à la fois. Nous sommes partis de l’idée que ce bâtiment ne serait pas celui d’une multinationale. Le comté, ce n’est pas du coca, c’est un produit avec des valeurs, un mode de vie ! Il était inconcevable que ce projet n’évoque pas, au moins par certains côtés, l’architecture du territoire. Nous n’avons pas voulu refaire une ferme, mais que l’ensemble y fasse penser par la présence du bois, notamment dans la charpente. »

LE CHIFFRE 3

DES DINOSAURES ET DES MONTBÉLIARDES Panneaux d’épicéa, écrans, objets, sans parler de la montbéliarde en 3D… Tout un ensemble servant d’écrin à une technologie pointue, surtout en matière scénographique, domaine confié à Mitia Claisse, de l’agence parisienne Klapisch-Claisse : « Le visiteur fait la visite seul, nous avons donc imaginé un vocabulaire scénographique, des photographies, un parcours des arômes, des objets totémiques comme le premier jet de lait, le martelage de la meule… Tout un jeu interactif où le corps du visiteur s’investit pour qu’il se fasse plaisir dans les sensations qu’il éprouve avant la dégustation qui clôt la visite. Nous avons voulu jouer sur l’humour parce que ce sont des femmes et des hommes qui font le comté, qu’ils en sont fiers et qu’ils sont heureux… » Sûr que l’image est capitale dans cette déambulation. Les paysages de Stéphane Godin, les ambiances de Benjamin Becker, tous deux photographes jurassiens, et les portraits de William Beaucardet, parfois grandeur nature, rythment la visite. Il y a aussi les films. Djibril Glissant de l’agence Pluie Violette de Saint-Ouen en région parisienne, en charge de l’audiovisuel, a réalisé une vingtaine de courts-métrages, le spectacle sensoriel sur les arômes et plusieurs films d’ani- Ü

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S’il est un maître-mot dans l’épopée du comté, c’est bien le chiffre trois. Trois comme les piliers de la filière : la ferme, la fruitière, la cave. Trois comme les familles d’acteurs qui le portent : producteurs, fromagers, affineurs. Rien d’étonnant, alors, d’y associer les trois bâtiments (bureaux, accueil, expositions) rendus visibles par leurs trois pignons en bardage rehaussés de zinc doré. Mais l’architecte n’a pas conçu son projet autour de ce chiffre hautement symbolique. La preuve, c’est que, derrière, vient s’ajouter un quatrième bâtiment dédié à la logistique. Trois bâtiments, une charpente en épicéa, pièce maîtresse peut-être du gros œuvre qui capte immédiatement l’attention, parc imaginé par Philippe Convercey, paysagiste, pour une

déambulation tranquille en fin de visite, une terrasse pour se poser… La vitrine du comté, pour reprendre la définition de Amiot-Lombard, « n’est pas un bâtiment étendard. Il est là pour raconter à la fois la vie des gens, leur travail, leur environnement et le poids économique qu’il génère aujourd’hui ». En effet, 67 000 tonnes produites par an, 1 660 000 meules, un cheptel de 150 000 vaches et 280 000 hectares de surface occupée par les exploitations. Côté qualité, une AOP (Appellation d’origine protégée), une note à la sortie de la cave d’affinage permettant d’obtenir le fameux 14/20 nécessaire à l’obtention de la bande verte et une palette de 83 arômes. Doit-on ajouter que la première mention de ce fromage remonte entre 1264 et 1288 à Déservillers et Levier (Doubs) ? Bientôt mille ans.

Comté

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Ils ont imaginé la Maison du Comté LE GESTE SELON BENJAMIN BECKER

LES PAYSAGES À LA STÉPHANE GODIN

Le Rousseland a sélectionné 96 clichés sur la fabrication du comté pour rendre au plus juste la beauté et la précision des gestes de chaque intervenant de la filière. La main de l'éleveur qui caresse la montbéliarde, celle du fromager qui évalue la texture du comté, l’œil qui surveille la meule, mais également un kaléidoscope de croûtes de fromages. Des instantanés pris sur le vif à l’affût de la bonne lumière qui fait danser les ombres et restitue des ambiances de champ, de ferme ou de cave : « C’est une mission intéressante parce qu’il faut réfléchir à ce qu’on veut montrer très précisément. Parfois, il a fallu se lever à trois heures du matin pour capter la bonne lumière, se faire oublier pour rendre au plus juste ce qu'il se passe et, en même temps, être proche pour restituer les gestes. J’ai souhaité des cadrages dynamiques et privilégié un traitement plutôt froid et contrasté avec beaucoup de contre-jours. »

Il a sillonné les trois zones AOP comté que sont le Jura, le Doubs et l’Ain pendant plus d’un an et demi pour trouver les bonnes images et restituer la spécificité des paysages du comté d’une saison à l’autre. Un travail fou. Mais ce que montre le photographe de Passenans ne manque pas d'intérêt tant les différences sont frappantes : colza en Bresse, villages du Haut-Doubs aux clochers typiques, vaches broutant à côté d’un vignoble… C’est toute cette réalité le comté. Les clichés de Stéphane Godin illustrent de grands panneaux : « Le pari était de montrer les divers types de paysages et ils changent beaucoup d’une saison à l’autre. C’est ce qui m’a plu ! »

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La photographie

MITIA CLAISSE, CLAISSE, LE CHEF D’ORCHESTRE

LE FILM D’ANIMATION SELON DJIBRIL GLISSANT

En tant que scénographe, Mitia Claisse a eu l’œil sur l’ensemble de la mise en scène et en mouvement de cette nouvelle Maison du Comté, c’est-à-dire ce qu’on y voit, ce qu’on y lit, ce qu’on y entend, ce qu’on y respire. Films, documentaires, photographies, objets, mais aussi ambiance générale. Un travail basé sur les sensations : « C’est un voyage dans le monde du comté, son environnement, son histoire. Expliquer ce qu’est ce produit, les méthodes de fabrication et de conservation, les femmes et les hommes qui le font. Nous avons voulu nous adresser aux enfants et aux parents. Le parcours est donc ludique et technique en même temps. »

C’est peut-être le clou de la visite. En tout cas, c’est un film qu’on ne retrouve nulle part ailleurs : c’est un film d’animation qui raconte les contes et légendes du comté, les événements se dessinant au fur et à mesure devant le spectateur. Le design a été confié à Sidonie Hervé, elle apporte son univers graphique personnel, élégant et moderne. Conçu pour tous les publics, pas de doute qu’il séduira les petits comme les plus grands. Djibril Glissant, muséographe de l’agence Pluie Violette, a voulu jouer la surprise : « Nous avons voulu créer un ton et une forme originale pour rompre avec l’aspect technique de la fabrication du fromage. Nous abordons tous les thèmes sous l’angle de la légende ; le premier comté, la livraison du lait, la montbéliarde, la formation du massif au jurassique. On s’adresse aux familles et on veut les inviter à rentrer par la grande porte dans un monde riche, beau et complexe : le monde du comté. »

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La muséographie


Le bâtisseur LES MOUSQUETAIRES DE AMIOT-LOMBARD

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Comme dans le roman d’Alexandre Dumas, ils ne sont pas trois, mais quatre. Là, il s’agit des bâtiments imaginés par l’agence bisontine Amiot-Lombard qui, aux trois bâtiments principaux, a ajouté un quatrième, en retrait, destiné à la logistique : « L’ensemble représente un total de 3 000 m², nous avons voulu éclater cette immense surface en trois pour conserver l’échelle sémantique de la maison. Une Maison du Comté en un seul bloc aurait posé un problème d’échelle et d’intégration dans ce quartier pavillonnaire en périphérie du centre ancien. Ces bâtiments de 8/9 m de haut seulement symbolisent les métiers différents qui composent la filière, mais forment une unité. Nous y avons ajouté une petite singularité, du zinc doré, seul véritable décalage dans un ensemble marqué par le bois qui permet de montrer que c’est un programme exceptionnel. »

mation dont celui du spectacle immersif, sans doute l’un des moments forts : « Nous racontons l’histoire de la filière à travers des contes et légendes de deux minutes. On y découvre les dinosaures, la communauté du comté, la transformation du lait, les fleurs… Les dessins apparaissent en synchronisation avec la voix d’un narrateur. Un travail très compliqué mais qui nous a permis de prendre beaucoup de libertés ». D’autres vidéos, notamment sur les paysages et les hommes dans le hall d’entrée, sur le territoire à travers les saisons, des documentaires-entretiens avec des acteurs de la filière célèbres ou anonymes, un quiz interactif, un film de recettes, les bandes sonores… Myriam Chevalier-Dole, directrice, aura la lourde tâche de faire vivre ce temple : « Tout est nouveau, tout sera à découvrir et à faire vivre : les espaces, les animations nouvelles à imaginer… Le musée doit être un équipement durable dans tous les sens du terme, respectueux de nos valeurs et de l’environnement. Il y a de grosses attentes et un beau challenge à relever. »

Le bois

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LA VACHE DE THOMAS MAUVY Elle est belle cette vache ! Elle est parfaite… Réalisée grandeur nature en technique 3D selon la table de pointage de la profession, elle a la morphologie idéale. Des spécialistes des concours ont veillé à ce que tout concorde : la grosseur des pis, les jambes, le garrot… Tout ! Ils ont donné leur bénédiction. La montbéliarde trônera dans le hall d’exposition et les visiteurs pourront la toucher, c’est pourquoi elle n’a pas été réalisée en épicéa comme prévu initialement. Thomas Mauvy, de l’entreprise familiale CréaForm en Sologne, a assuré la réalisation : « Elle est le mix de deux vaches scannées en 3D dans la ferme de M. Petitjean, un producteur, et elle a la tête légèrement tournée. C’est la vache de référence. Elle est faite en chêne lamellé-collé fourni par l’entreprise Simonin de Montlebon. On lui a également fait un pelage parfait. »

La charpente à plusieurs En fait, ce sont cinq concepts de charpentes très design qui cohabitent dans les bâtiments. Pour relever le défi imposé par l’architecte, quatre entreprises jurassiennes se sont groupées : ALD Construction Bois à Port-Lesney, Gauthier à Augisey, Mariller à Orgelet et Henriet à Poligny. Une association qui a permis d’assurer à plusieurs un chantier trop important pour un seul prestataire. Cette union n’est d'ailleurs pas un coup d’essai pour ces entreprises. Philippe Gouget, P.-D.G. d’ALD et mandataire du groupe, y voit une formule d’avenir : « C’est une somme de savoir-faire qui fonctionne bien et qui donne du travail à davantage de gens. La filière comté a apprécié parce que c’est dans sa culture. Évidemment, cette approche demande de se faire confiance, de calculer les prix à plusieurs et les entreprises n’y sont pas habituées. C’est la formule pour l’avenir. » À l'intérieur, on retrouve l'épicéa fourni par les établissements Chauvin de Mignovillard et, à l'extérieur, le mélèze de SJBC de Saint-Germain-en-Montagne.

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ALAIN MATTHIEU, PRÉSIDENT DU CIGC

« Cette maison doit émerveiller »

NUMÉRO 39 - Le comté se porte très bien. Est-ce son succès qui a amené à concevoir une nouvelle Maison du Comté ? ALAIN MATHIEU - C’est vrai qu’avec 67 000 tonnes produites en 2019, il est le premier fromage d’appellation d’origine protégée de France et cette notoriété impose à toute la filière des devoirs, notamment en matière de communication. Mais ce n’est pas parce que son modèle économique est une réussite que nous avons décidé de faire une nouvelle Maison du Comté. Le projet est discuté depuis plusieurs années. La précédente maison date de 1983 sur le site de Poligny. La situation a changé. Aujourd’hui, l’époque est différente, les moyens sont différents, mais le message est identique : faire, partager, être transparent. La démarche est la même que lorsqu’on fait visiter sa ferme ou sa fruitière, c’est montrer tout ce qu’il y a derrière ce fromage. Pourtant, la filière comté est particulièrement complexe, surtout dans son fonctionnement. Comment être clair dans sa présentation ? Nous avons voulu proposer un lieu qui accueille le visiteur, une maison commune à l’image de notre filière basée sur trois piliers, trois métiers : l’éleveur qui produit le lait dans sa ferme, le fromager qui fabrique le comté dans la fruitière, et l’affineur qui amène les meules à maturité dans la cave. Et tout cela sur un territoire spécifique qui revendique une forte identité. La Maison du Comté raconte cette histoire qui se répète depuis des siècles. Pourquoi le comté a-t-il existé ? Parce que des femmes et des hommes qui vivaient dans la même région se sont regroupés pour fabriquer un produit dans un lieu où ils ont fait fructifier leur travail. Au départ, ils ont créé un garde-manger en passant du lait au fromage et, ensuite, ils ont commercialisé leur production. Autant qu’un fromage, le comté est un modèle économique. Est-ce ce que vous voulez montrer ?

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Oui, on appelle cela un modèle durable parce que derrière, il y a une organisation sociale qu’on pourrait qualifier de « faire ensemble », un côté environnemental avec un territoire vivant et un aspect économique car les gens peuvent continuer à vivre sur une montagne par le fruit de leur travail. Le comté, c’est la création collective d’une richesse et la Maison du Comté va reproduire la réalité de cette filière avec un accent tout particulier mis sur la dégustation de plusieurs comtés venus de terroirs différents avec des goûts différents. La notion de découverte est importante pour tous nos visiteurs, mais celle de plaisir l’est tout autant. Vous annoncez une Maison du Comté novatrice. En quoi l’est-elle ? L’ancienne Maison accueillait entre 13 000 et 15 000 visiteurs par an, nous étions arrivés au bout de ce qu’on pouvait faire convenablement. Le choix a été fait de partir sur un nouveau concept qui s’adresse à tous les âges, tous les publics, ceux qui cherchent des informations précises et ceux qui veulent découvrir en flânant. Il faudra entre une heure et une heure et demie pour faire le tour sur la base d’une visite libre, c’est un peu l’ouverture du grand livre de la filière. Cette nouvelle Maison regroupe trois bâtiments rappelant l’habitat traditionnel, ils symbolisent les trois piliers. Elle proposera des panneaux, un film immersif d’animation qui est une vraie nouveauté, un odorama, une salle de dégustation et, à l’extérieur, un parc très épuré rappelant les prés-bois du Haut-Jura, le tout réalisé entièrement par des entreprises de la région. Cette Maison doit émerveiller.

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LE PRÉSIDENT DU CIGC (COMITÉ INTERPROFESSIONNEL DE GESTION DU COMTÉ) EST ÉLEVEUR en GAEC à Bief-des-Maisons. Ce fan de ski de fond (sept Transju' au palmarès) et de vélo, Jurassien passionné par son territoire, aura la lourde tâche de condurie la Maison du Comté vers le XXIe siècle. Un honneur et une responsabilité devant ce produit emblématique.

Est-ce que ce sera le vaisseau amiral de votre communication ? Elle est complémentaire des campagnes de publicité, des Amis des Routes du comté. C’est un lien entre le territoire, le tourisme et l’économie. Nous voulons montrer qui nous sommes dans la transparence. C’est vrai, nous sommes fiers de ce que nous faisons. Le comté occupe une position de leader, mais nous cultivons des valeurs d’humilité parce que rien n’est jamais acquis – la Covid-19 et le confinement sont venus nous le rappeler – et que beaucoup d’autres sont passés avant nous. Il n’est pas question d’en mettre plein la vue, mais simplement de dire qu’on veut exister et que le consommateur peut avoir confiance en nous.


FA BRIQU É E E N FRANCE

LONS LE SAUNIER - CHAMPAGNOLE - LOUHANS

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Mon Jura Ă moi

Pierric

Bailly

L'enfant des bois

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Dans les bois moussus du Jura, du côté de La Frasnée.


Pierric Bailly dans les anciens Établissements Monneret, fabricant de baby-foot, à Lons-le-Saunier, où il a travaillé comme ouvrier.

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Au début de l'année, l'écrivain jurassien a publié Les Enfants des autres chez P.O.L. Un roman familial qui se déroule une nouvelle fois dans le Jura. Ü

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SON CINQUIÈME LIVRE LES ENFANTS DES AUTRES ACCORDE UNE GRANDE PLACE AU JURA, comme les précédents. Pierric Bailly poursuit son itinéraire littéraire chez P.O.L. La maison d'édition le suit depuis ses débuts avec le célèbre Polichinelle. C’était il y a douze ans. Depuis, l’écrivain de La Frasnée n’en finit pas de creuser ses liens avec un Jura qu’il a cherché à fuir et qui le retient… comme un élastique. Itinéraire d’un enfant des bois.

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Denis Trossat a été le trésorier de Fédération française de football. Un poste qui ne l'a jamais éloigné des petits clubs. Ici, avec les enfants de Macornay.

NUMÉRO 39 - Jurassien, 38 ans, cinq romans publiés chez P.O.L. – ce qui n’est pas rien – et une écriture qui captive ou rebute. À quoi sert aujourd’hui un écrivain ? PIERRIC BAILLY - Un écrivain raconte des histoires, et à travers elles, il permet une prise de distance vis-à-vis du monde. Le travail de l’écrivain, c’est de combattre le flux des chaînes d’infos en continu et de tous les discours simplistes qu’elles peuvent produire ; l’écrivain, lui, vient mettre de la complexité. Il y a mille façons d’écrire. De plus en plus, c’est le roman qui m’intéresse. Mon premier roman a été difficile à lire pour certaines personnes. Aujourd’hui, j’écris dans une langue plus simple, plus accessible ; je privilégie l’intrigue et les personnages. Mais finalement, depuis le début, je parle du même monde. La plupart de mes livres se passent dans le Jura, et j’essaie de raconter la vie de ceux qui l’habitent aujourd’hui. Ü

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Votre approche de l’écriture est assez spéciale. Votre premier livre Polichinelle s’inspire directement de vos deux jeunes sœurs ados que vous avez épiées pendant un été… L’écriture de mon premier livre était très particulière, en effet, mais le langage des personnages était celui des jeunes que je côtoyais à l’époque, donc oui, de mes sœurs et de leurs amis. Je vivais avec eux et j’étais très attentif à leur façon de parler que je trouvais belle, tout simplement. Belle et inventive. J’aimais cette langue qui mêlait le parler des jeunes d’aujourd’hui à des formes plus anciennes, le langage des grands-parents, une sorte de patois. À l’adolescence, on aime jouer avec les mots, on est sensible aux tournures de phrases étranges, aux intonations, aux accents aussi. Dans une langue, il y a toujours quelque chose d’irréductible à un territoire. La langue de Polichinelle, c’est une langue qui sent la morille, la noix, et même la bouse de vache… Une langue jurassienne !

Pourtant, vous ne l’avez pas écrit dans le Jura mais à Montpellier, tout seul dans une chambre… Après mes études au collège Rouget-de-Lisle puis au lycée Jean-Michel à Lons, j’avais envie de partir, de changer d’environnement, comme souvent à cet âge-là. J’étais attiré par la ville, par Paris, mais c’était un Paris fantasmé, un Paris qui n’existe pas vraiment, ou alors un Paris d’avant le tourisme de masse. J’ai opté pour Montpellier car j’y avais de la famille, et j’ai suivi pendant trois ans des études d’art du spectacle à l’université. J’ai toujours été passionné par le cinéma et je dois cette passion au cinéma Renoir de Lons que je fréquentais assidûment à l’adolescence. Mais je n’étais pas à l’aise à la fac et j’ai très vite commencé à écrire. L’écriture correspond à mon caractère réservé, à mon goût pour la solitude. À l’époque, je ne connaissais rien au monde de l’édition. Je pensais qu’un livre s’écrivait en deux mois et qu’il était publié dans la foulée… Pourtant, le livre est sorti chez P.O.L., l’une des maisons d’édition parmi les plus prestigieuses de France... Après Montpellier, je suis revenu vivre dans le Jura pendant deux ans et je me suis mis à travailler en intérim. J’ai bossé un peu partout autour de Lons. En grande surface, à l’usine, chez Monneret, Skamex, Cinéconfort, Grosjean… J’ai aussi été balayeur chez Sita, j’ai passé des mois à ramasser les crottes de chiens dans les rues de Lons. La fatigue après une journée de travail ne m’empêchait pas d’écrire en rentrant. L’écriture

de Polichinelle, mon premier roman, a été assez longue. Il y a eu plusieurs versions. La première faisait 1 300 pages, c’était absolument illisible ! J’ai repris le texte plusieurs fois, jusqu’à aboutir à une version de 200 pages, donc vous voyez que j’en ai jeté énormément. C’est à ce moment-là que j’en ai envoyé quinze exemplaires à des éditeurs. P.O.L. est le seul à m’avoir répondu positivement, mais c’est arrivé plus d’un an après mon envoi. Je n’y croyais plus du tout, j’étais déjà passé à un autre projet. Comment expliquez-vous que dans chacun de vos livres, le Jura apparaisse ? Être de quelque part, pour raconter des histoires, me semble très important. Avoir un terreau dans lequel puiser. J’ai toujours eu tendance à revendiquer mes origines jurassiennes, c’est presque de l’ordre de la fierté régionaliste, un truc un peu con. Je suis né à Champagnole. Mes parents habitaient à La Frasnée et se sont séparés alors que je n’avais pas un an. Je vivais la moitié du temps chez mon père à La Frasnée et l’autre moitié chez ma mère à Savagna, à côté de Lons. Mon enfance à La Frasnée a façonné mon imaginaire, c’est un village de vingt habitants, perdu au fond des bois, avec une cascade magnifique. Mon goût pour la solitude vient peut-être de ces journées à me suspendre aux arbres et à crapahuter dans la forêt. Je partais le matin sans même prévenir mon père, ce que je ne permettrais pas à mes enfants aujourd’hui. Quand j’y repense, je me dis qu’il y avait une sorte d’insouciance chez mon père qui était belle. Savagna, c’est un peu différent, du fait de sa proximité avec Lons. Ces villages entre ville et campagne offrent des possibilités de déplacement inédites, typiquement à l’adolescence. Je faisais tout à vélo. Quelle est votre définition du Jura ? Déjà, le Jura que j’aime n’est pas un Jura de carte postale. C’est au contraire l’aspect sauvage des lieux qui me plaît. Les grottes perdues, les forêts moussues. Je marche énormément en forêt, je suis d’ailleurs une proie facile pour les tiques. Le Jura, c’est aussi un endroit où il n’y a pas de place pour le snobisme, et ça, ça fait du bien ! C’est le lieu des passions populaires, les tournois de pétanque, les campings, la pêche dans les lacs et les rivières, les pratiques sportives amatrices qui rythment la vie des villages et des familles. Et puis c’est un endroit pour qui aime être tranquille, au calme, un peu planqué. Ce n’est pas étonnant que les parents de Ravaillac soient venus se cacher à Lavigny. Si on veut briller, on ne vient pas ici. Mais il a fallu un drame pour que vous décidiez de vous y installer définitivement… Je continue à vivre à Lyon une partie de l’année. Mais suite à la mort accidentelle de mon père, qui a chuté en forêt, j’ai acheté une maison vers Clairvaux. Cet événement et ses conséquences ont fait remonter l’importance que ce territoire a pour moi. De quelle manière ? Pour écrire L’Homme des bois, je suis revenu sur les traces de mon enfance avec mon père, ça a été une expérience très forte. Je prenais la voiture de mon père, j’écoutais sa musique et je sillonnais ces paysages qu’il aimait tant. Ü

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Retour dans les années 80 avec une console et des jeux qui ont marqué ses jeunes années.

Pierric Bailly avec son grand-père, aujourd'hui âgé de 95 ans.

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Le Jura en famille.

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Sur un antique tracteur devenu un « personnage » d'un de ses romans.


J’ai reçu beaucoup de courriers de lecteurs, ce qui n’était pas le cas pour les précédents. Le livre a été bien accueilli par la presse, mais il a marché surtout grâce aux libraires et au bouche-à-oreille. Ce retour aux sources a-t-il changé quelque chose pour l’homme que vous êtes ? Ça a été un vrai bouleversement dans ma vie. Ça a surpris beaucoup de monde autour de moi, comme mes sœurs par exemple, mais je ne regrette absolument pas ce choix, je suis tellement bien ici. Et pour l’écrivain ? Aussi, oui. Aujourd’hui, c’est clairement mon territoire de fiction. J’essaie de faire exister ce monde rural à l’intérieur de mes romans. Je pars de ma vie, de mon quotidien et ensuite je transforme tout. Une vie modeste en somme ? La vie d’un couple d’ouvriers qui fait un prêt sur trente ans pour bâtir sa maison mérite tout à fait d’être racontée. Le clinquant des vies spectaculaires ne m’intéresse pas, ne me fascine pas, je m’en fous. J’ai un train de vie très simple. J’alterne entre ce que me rapportent mes livres et des petits boulots. Je ne voyage jamais, j’ai une voiture toute pourrie !

bras ?

Alors que la capitale dont vous rêviez vous tendait les

J’aurais pu me plaire à Paris, au contact du milieu littéraire, mais la greffe n’a pas pris. Je n’ai rien contre, mais ce monde ne me parle pas, je ne m’y retrouve pas.

Vous venez de publier votre cinquième roman Les enfants des autres. Que recherchez-vous aujourd’hui ? Mes premiers livres ont parlé à un public assez intello, et j’aime bien l’idée de pouvoir être lu et apprécié par des gens très différents. Par des lettrés comme par ma grandmère. J’essaie d’écrire des livres qui vont dans ce sens-là. Deux projets d’adaptation sont en train de se développer à partir des Enfants des autres, l’un pour une série, l’autre pour un film de cinéma. Je ne sais pas si l’un des deux aboutira, mais c’est le signe que ce livre a une certaine dimension romanesque. Polichinelle aussi avait failli devenir un film, quelques scènes avaient été tournées, mais ça n’avait pas été au bout. J’aime participer à l’écriture de ces scénarios. Et puis je suis sur le point de terminer un nouveau roman, dont l’intrigue se déroulera de nouveau dans le Jura… Entre Saint-Claude et Bellecombe, en passant par Prénovel… Il s’agit d’un mélodrame, une histoire de relation père-fils. L’enjeu, plus que jamais, est d’être au plus près des émotions des personnages. Le Jura ne change pas, mais l’écriture ? Chaque projet a son écriture propre. Pour L’Homme des bois, j’ai fait tout le contraire de Polichinelle. L’écriture ne devait pas être voyante, elle ne devait pas empiéter sur le récit. C’est un livre plus adulte, du fait de son sujet comme de sa forme. C’est aussi une autre facette du Jura qui est dévoilée. C’est le parcours d’un travailleur social en milieu rural. Dans celui que je viens de terminer, j’essaie de retrouver cette approche intimiste et sensible, tout en étant cette fois vraiment du côté du roman, de la fiction.

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« Le Jura que j’aime n’est pas un Jura de carte postale. C’est au contraire l’aspect sauvage des lieux qui me plaît », confie l'écrivain.


Photos : J. Cortinovis et B. Leroy

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Visite guidée des caves d’affinage du Comté Marcel Petite. Toute l’année sur réservation

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Où : Dole Quand : jusqu’au 31 août

b LYDIE JEAN-DIT-PANNEL

Confinement oblige, la rétrospective Alive dédiée au travail de Lydie JeanDit-Pannel est prolongée jusqu’au 30 août au musée de Dole. Plasticienne, vidéaste et performeuse, cette artiste est engagée au quotidien pour dénoncer l’absurdité et la violence de notre société moderne. Alive, ce sont des cris du cœur et du corps pour sauver ce qui peut l’être. Mots, images, objets venus du monde entier et tatouages sur son corps devenu support. Ça déménage, ça perturbe, ça fait causer avec un seul mot d’ordre : ne rien lâcher, ne jamais abandonner. Pwww.sortiradole.fr - www.musees-franchecomte.com - www.facebook.com/museedole

Lilian Bourgeat Où : Saint-Claude Quand : jusqu’au 20 septembre

b BENJAMIN BECKER

Agenda

Alive, une vie d'insoumise

Outre les œuvres de la donation Bardone-Genis (Dufy, Villard, Mayet, Vallotton, Lesieur, Braque, Bonnard, Buffet…) qui couvrent la période figurative fin XIXe/XXe siècles et le sous-sol archéologique sur les bases de l’ancienne abbaye, le musée de l’Abbaye a décidé de prolonger l’exposition temporaire dédiée à Lilian Bourgeat. Une très bonne idée parce que ce travail est une histoire de fou, mais de fou génial qui traque les objets du quotidien et les restitue dans une dimension « démesurée ». Des bottes géantes, un banc inaccessible jalonnent la ville… Cet artiste sanclaudien interpelle notre rapport à la consommation et au monde que l’on s’est créé. Un travail… gigantesque. Pwww.museedelabbaye.fr

Jeanne Added chauffe les Scènes du Jura Voix magnétique, style androgyne, Jeanne Added a fait son apparition dans le monde de la pop rock il y a cinq ans avec un album au titre prémonitoire, Be Sensational. Depuis, c’est le succès. La chanteuse hantera la scène de la Commanderie dans le cadre du festival « Le Fruit des Voix » en co-réalisation avec Le Moulin et Musik Ap’Passionnato. Autre affiche de la saison à venir, le one man show du Belge Guillermo Guiz à l’Oppidum de Champagnole le 30 avril 2021 et L’Occupation, pièce avec Romane Bohringer au théâtre de Lons les 1er et 2 décembre prochain. Pwww.scenesdujura.com

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b TRABENDO-BENPI

Où : Dole Quand : 15 octobre


Fruitière

b TAEHOON KIM

de la Baroche

Arsure Arsurette

Vous avez dit Biz’Art Où : Le Vaudioux Quand : jusqu'au 1er novembre

C’est insolite. Le lieu, déjà : dans le village du Vaudioux, entre Champagnole et Saint-Laurent-enGrandvaux, dans une vieille maison, véritable dédale. Les artistes, ensuite : douze plasticiens de plusieurs pays qui offrent leur vision du monde. Provocation, outrance, subtilité, finesse, couleurs, formes. Entre toiles et objets, la visite décoiffe avec des styles très différents. Une exposition qui porte bien son nom, on ne ressort pas comme on y est entré.

Lundi, mardi et dimanche : 9 à 12 h Mercredi : fermé Jeudi, vendredi, samedi : 9 h à 12 h et 17 h à 19 h

www.produits-regionaux-39.com

Pwww.bizart-bizart.com

Gérald Mainier sur les pas de Courbet Où : Ornans (Doubs) Quand : jusqu'au 28 septembre

Promenade sur les routes comtoises à la découverte des paysages, des beautés cachées. Gérald Mainier, peintre franc-comtois, a repris le flambeau de son prédécesseur, il a sillonné parfois les mêmes lieux emblématiques. Un itinéraire riche d'une quarantaine de toiles à la frontière du figuratif.

b DÉPARTEMENT DU DOUBS

Pwww.musee-courbet.fr

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Où : Moirans-en-Montagne Quand : à partir du 15 septembre

Et si on parlait de la place du jouet dans le monde sportif ? Si on s’interrogeait sur le rôle du jouet dans les notions d’excellence, de vie en commun, d’échange ? Jouet et sport font très bon ménage, sauf si le jouet est détourné et mis au service de courants de pensées… À partir du 15 septembre et jusqu’au 31 août 2021, une exposition réalisée en partenariat avec le laboratoire C3S « Culture, Sport, Santé, Société » de l’Université de Franche-Comté, propose de découvrir les liens entre ces deux mondes grâce, notamment, à un "parcours-défis" pour les familles accompagné de nouveaux ateliers, d’une visite guidée, de spectacles, rencontres, conférences et débats.

b JEANBAPTISTE COLLEUILLE-EVE LISE KERN

Agenda

Le musée du jouet la joue sportif

Pwww.musee-du-jouet.com

Espace Game Où : Lons-le-Saunier Quand : Jusqu'en 2021

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La Maison de la Vache Qui Rit propose la découverte des terres « Laitgendaires » à travers un Escape Game de 140 m² totalement créé pour l’occasion. Le musée a imaginé le QG secret de quatre superhéros : SuperCheese, Malik, Yel et Mathieu issus de l’univers du Mini-Babybel. Les visiteurs devront résoudre quatre énigmes pour terminer la mission. On n’en dit pas plus… Pwww.lamaisondelavachequirit.com

Trouvez le chat perché Où : Dole Quand : 25 au 27 septembre

Marcel Aymé a laissé dans Dole et sa région l’empreinte de ses pas, de ses cigarettes, de ses écrits aussi. En hommage à cet esprit du XXe siècle, père des fameux Contes du Chat Perché, la ville de Dole propose la sixième édition du week-end du Chat Perché qui n’est autre qu’une invitation au bien vivre, au bien manger, au bien-être. Dans tout le centre-ville, les produits du terroir de Bourgogne et de FrancheComté vont investir des dizaines de stands. Producteurs locaux, chefs étoilés ou pas, artisans et artistes seront là pour faire oublier à tous le confinement du printemps et une certaine Covid.

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b CHAT PERCÉ

Pwww.weekend-gourmand-dole.fr


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Où : De Bourg-en-Bresse à Champagnole Quand : samedi 18 septembre

Oulala… Il va y avoir du monde entre le pont des Vents, entrée de la 19e étape de la Grande Boucle dans le Jura, et Champagnole, ville d’arrivée. SaintJulien-sur-Suran, Lons-le-Saunier, Château-Chalon, Mirebel, Crotenay, Syam… Juste après une grosse étape de montagne et avant un contre-la-montre à la Planche des Belles Filles (Vosges), la journée est promise aux sprinters. Mais allez savoir ce qui peut se passer… [lire notre dossier page 78 à 87]. Pwww.letour.fr/fr/etape-19

... et le Tour de l'Avenir aussi

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Quand le Jura conquiert la France entière

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Où : Champagnole à Septmoncel Quand : samedi 15 août

Du 14 au 19 août, le Tour de l’Avenir 2020 est maintenu pour la plus grande joie des jeunes coureurs. Cette 57e édition se déroulera sur un format légèrement réduit à six jours de course, mais qui ne change pas la vocation de l’épreuve, notamment son caractère montagneux. Le 15 août, l'étape sera 100 % jurassienne, entre Champagnole et Septmoncel. Soit 137,8 km. Ptourdelavenir.com

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15/07/2020 16:27

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06/06/2018


Où : Légna Quand : 28 et 29 août

Les petits nouveaux sur la scène des festivals jurassiens ont pu se frayer un chemin entre les méandres de la Covid-19. Résultat, ils répondent à l'appel pour la deuxième année consécutive avec deux journées dingues, les 28 et 29 août à Légna, le beau village de la Petite Montagne. De belles affiches pour ceux qui aiment la musique qui balance : vendredi, avec les Wampas, les Sheriffs, Black Bomb A, Rebel Assholes et Dudy ; samedi, avec Elmer Food Beat, les Sales Majestés, les Trois Fromages, les Humeurs Cérébrales, Dudy encore une fois et Blondi Beat Rousse. De quoi s’amuser un moment !

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Gueules de bois

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Ça chahute au château

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Où : Gevingey Quand : 28 au 30 août

Sixième édition et toujours là… Malgré la Covid-19 et les annulations estivales en série. Bravo ! Pour cette année particulière, la poésie s’invite dans les allées du château de Gevingey. Malice et liberté sont au programme, mais aussi insouciance, imagination, beauté du geste, rencontres. C’est tout ça « Chahut au Château », un weekend de fête pour petits et grands dans un décor de conte de fées. Pwww.chahutauchateau.com

Quand Morez ose l’insolite C’est la fête dans la rue et plus exactement sur la place Jean-Jaurès ! Musique, jeux, animations, spectacles, danse… Un week-end pour oublier le coronavirus. Deux jours de gaîté dans une ambiance automnale aux milles couleurs. Toutes les animations sont gratuites. Buvette et repas le samedi et le dimanche soir. Sans oublier l’apéro des insolites. Il suffit de venir avec un gâteau apéro, la commune des Hauts de Bienne offre la boisson. Pwww.ville-morez.fr

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