nordic
MAGAZINE
LES SŒURS GASPARIN
Les Suissesses se confient
STINA NILSSON Une fondeuse chez les biathlètes
TRANSJURASSIENNE Une course populaire au temps de la Covid
DELPHINE CLAUDEL L’hiver de tous les possibles
JOHANNES KLAEBO Star planétaire
35
#
Février 2021
Dis dis...
dans le Pays de Gex
on fait quoi
C’est une surprise !!
MAMAN PAPA...
aujourd hui ?
c’est l’heure
ATTENDS
de vous
Nous !
lever !
JE VEUX SAVOIR !
Sois patient, nous montons
LE PREMIER ARRIVÉ
...
gagne un chocolat chaud !
14h15 c'est le grand saut en tyrolienne géante
Papa ?! Maman, elle s’est envolée comme une super-maman !
Ohhh des loups !
On peut en faire ?
Non, ce sont des chiens de traineaux.
HIi hiii
Oui, demain !
La nature est belle !
1000 POSSIBILITÉS paysdegex-montsjura.com
À 20 minutes de Genève
On s’est bien amusés ! Et demain de nouvelles aventures 2 | nordic MAGAZINE | n°35 nous attendent...
Illustration : agence-acvis.com
1 DESTINATION
nordic
MAGAZINE
LES SŒURS GASPARIN
Les Suissesses se confient
STINA NILSSON Une fondeuse chez les biathlètes
TRANSJURASSIENNE Une course populaire au temps de la Covid
DELPHINE CLAUDEL L’hiver de tous les possibles
JOHANNES KLAEBO Star planétaire
35
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Février 2021
Résidence des Épilobes 300 chemin des Mouillettes 39220 Prémanon Tél. : +33(0)6 85 96 90 94 Email : redaction@nordicmag.info
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est édité par SAS au capital de 5 000 € RCS Lons-le-Saunier 538 166 166 Président : Franck Lacroix Direction de la publication et de la rédaction Franck Lacroix Rédaction Florian Burgaud, Benoît Prato, Paul Willems, Aurore Braconnier, Bernard Morel, Arthur Massot, Louis Delvinquière, Thomas Bray, Armand Spicher, Karine Garnier, Mathis Fessard Ils ont contribué à ce numéro Isabelle Begon, Laurent Mérat, Quentin Joly, Marine Bouhier, Claire Moyse, Émilien Louvrier, Étienne Thomet,Thomas Devard, Delphine Pralong, Charly Rousset Photo de la couverture Philip Mittet Régie publicitaire Corentin Jacquot Tél. : +33 (0)6 33 43 35 78 Email : publicite@nordicmag.info Abonnement 4 numéros : 29 euros www.mynordic.fr ou encart page 61 Disponible sur l’application Merci à Fabrice Guy, parrain, Laurence Rochat, marraine. Merci à Michel Roulet, Myriam et Daniel Comtet Merci à tous nos annonceurs Impression Rotimpres Création : Décembre 2011 Dépôt légal : Février 2021 ISSN : 2257-4638
Qb QUENTIN JOLY POUR NORDIC MAGAZINE
L’ÉDITO
Génération Covid
T
out l’été, ils ont avalé des kilomètres de ski-roues, couru dans les montagnes, soulevé des kilos de fonte. Ils ont transpiré, souffert parfois. Le soir, ils ont parlé entre eux de leurs rêves. Ils sont partis en stage, ont partagé des chambres, des repas, des fous rires, des jeux. Ils se sont moqués d’eux, des autres aussi. Bien qu’épuisés après une longue séance, ils ont aimé s’affronter pour de faux. Rien à voir avec ce qu’on appelle un chrono organisé par le coach. Là, c’était à qui franchirait le premier tel ou tel repère. Pour rigoler donc... ou presque. Loin d’eux l’idée de laisser gagner le copain. Amis, ils sont aussi adversaires ; ils sont frères et ennemis. Tout dépend s’ils portent ou pas un dossard. Puis l’hiver est venu. Et, avec lui, un nouveau confinement. À de rares
exceptions, ils n’ont pas pu s’éloigner à plus d’un kilomètre de chez eux. La neige avait pourtant déjà recouvert quelques massifs. Quand ils ont enfin pu goûter à d’autres cimes, ils ont essuyé de nouveaux revers. Prêts à tout donner en coupe de France pour monter d’un étage, ils ont appris que les dates qu’ils avaient cochées depuis longtemps seraient vides de compétitions. La faute au coronavirus bien sûr... Compréhensible, mais frustrant. Certes, des courses ont bien eu lieu. À huis clos, pour sélectionner les skieurs qui iraient représenter la France aux futurs rendez-vous internationaux. Mais rien à voir avec les repères habituels qui ont pour effet bénéfique de les rassurer. Le brouillard a tout enveloppé, dissimulé. Quand on est sportif de haut niveau, ce n’est pas non plus facile d’avoir vingt ans en ce début d’années 2020.
Le boss a dit. Ce numéro de Nordic Magazine est bouclé le 25 janvier. Son contenu ne peut donc pas prendre en compte les événements qui se dérouleront après. Dans le contexte actuel, nul doute que ceux-ci vont être nombreux. Nous en sommes désolés.
n°35 | nordic MAGAZINE | 3
35
# Start-list
n
Depuis Aurore Jean sur le sprint de Sochi et sa poursuite de Toblach-Cortina, dans le Tour de Ski, aucune Française n’avait fait aussi bien en coupe du monde que Delphine Claudel.
n
(de g. à d.) : Gaël Blondeau, Laurent Muhlethaler, Mattéo Baud et Antoine Gérard. b NORDICFOCUS
b QUENTIN JOLY/JOLYPICS
DELPHINE CLAUDEL
POUR NORDIC MAGAZINE
À la table des grandes Le 10 janvier dernier, la fondeuse vosgienne a signé son premier podium sur la mythique montée de l’Alpe Cermis, en Italie. Depuis le début de la saison, elle ne cesse de progresser. De quoi la motiver à réaliser ses rêves de compétitrice.
SSE IR E N EU POUVO J A L AU
n
n°34 | nordic MAGAZINE | 25
STINA NILSSON Le choix des armes
Le 22 mars dernier, la Suédoise Stina Nilsson, 27 ans, surprenait le monde du ski nordique en annonçant son passage du ski de fond au biathlon. La championne olympique du sprint en 2018 à Pyeongchang explique à Nordic Magazine ce qui l’a motivé à skier avec une carabine.
80 88
Après 23 victoires en coupe du monde de ski de fond, Stina Nilsson a décidé, au printemps dernier, de changer de sport pour se consacrer au biathlon. b
PER DANIELSSON / PROJEKT.P
SVENSKT SKIDSKYTTE
80 | nordic MAGAZINE | n°34
Trois des quatre Français engagés en coupe du monde, fin novembre en Finlande, avaient moins de vingt ans. Dans le creux de la vague depuis l’arrêt de la génération Lamy Chappuis, le combiné nordique tricolore, avec sa jeunesse, voit l’horizon s’éclaircir.
48 | nordic MAGAZINE | n°34
GASPARIN Sisters Time
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24 48
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Planète nordique
Sommaire
n
n°34 | nordic MAGAZINE | 49
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SELINA, ELISA ET AITA
GASPARIN Les sœurs se confient En 2012, à Hochfilzen, Selina, Elisa et Aita Gasparin sont entrées dans l’histoire du biathlon international : c’était la première fois que trois sœurs skiaient dans la même équipe. Aujourd’hui, elles composent toujours 75 % du relais. Nordic Magazine les a réunies, pour une petite discussion pleine d’humour et de bienveillance.
88 | nordic MAGAZINE | n°34
n°34 | nordic MAGAZINE | 81
Piste rouge
En décembre 2019, les trois sœurs Gasparin et Lena Haecki sont montées sur un podium pour la première fois de l’histoire du biathlon suisse en se classant deuxièmes du relais d’Östersund (Suède).
n°34 | nordic MAGAZINE | 89
Planète nordique
8 Yvon Mougel, quarante ans après 10 Le combiné nordique
72 Johannes Hoesflot Klæbo. Entretien 80 Stina Nilsson, le choix des armes 88 Les sœurs Gasparin se confient
se conjugue au féminin
14 Les nouveaux vikings 22 Les pays nordiques
Terre nordique
soufflent le chaud et le froid
94 Comment Lenzerheide est entrée
Start-List
dans la cour des grands
102 Le joyeux Noël du nordique
24 Delphine Claudel, à la table des grandes 32 Christophe Vassallo,
L’agenda
l’ambassadeur du biathlon français
104 Transju’ : épopée d’une course populaire
Hors piste 40 48 56 64
au temps de la Covid
112 Le drôle d’hiver des teams
Règles des athlètes : la fin du tabou La jeunesse au pouvoir Sous le signe des Béliers Maxime Laheurte, dans la tête des sportifs
L’ACTUALITÉ NORDIQUE CONTINUE...
Rubrique Sprint final. Candide Pralong
114
4 | nordic MAGAZINE | n°35
w www.nordicmag.info w Application Nordicmag
SWISS-SKI
RCS Toulouse 513 638 171 - Crédits photos : SavoieMontBlanc - Martelet – Monica Dalmasso
Un vent de liberté souffle sur les grands espaces de Savoie Mont Blanc. 78 ESPACES NORDIQUES EN SAVOIE ET HAUTE-SAVOIE pour déconnecter, ressentir, savourer. Trouvez le vôtre sur lastationquimeva.com
n°35 | nordic MAGAZINE | 5
Piste rouge
n Magnificat Momo Le 10 janvier 2021, Maurice Manificat est entré encore davantage dans l’histoire du ski de fond. À 34 ans, le fondeur haut-savoyard est devenu le premier Français à grimper sur le tant convoité podium du Tour de Ski.
6 | nordic MAGAZINE | n°35
Au sommet de l’Alpe Cermis, Maurice Manificat embrasse le trophée dédié au 2e du classement général du Tour de Ski. S’il n’a pas pu battre Alexander Bolshunov, il a résisté à l’assaut de l’armée russe. b
n°35 || nordic MAGAZINE n°35 MAGAZINE || 77
MODICA/NORDIC FOCUS
“G
amin, je recopiais les résultats de toutes mes courses et j’ai continué. » Dans son atelier de Rochesson, dans les Vosges, Yvon Mougel, 65 ans, ressort ses cahiers en parfait état. Il dépoussière les souvenirs de ce mois de février 1981 qui l’a fait entrer dans l’histoire. On évoque souvent le Jurassien Patrice Bailly-Salins, lauréat de la coupe du monde 1994 et champion du monde de sprint 1995, comme pionnier, mais c’est le Vosgien qui a offert au biathlon français sa première récompense internationale. Le 14 février, cela fera quarante ans, jour pour jour, qu’il est monté sur la troisième marche du podium du sprint des Mondiaux de Lahti. « En général, je tirais 20, 30 ou 40 cartouches par jour à l’entraînement. Aux championnats du monde, j’ai tiré 70 cartouches. C’était la veille de ma médaille », explique le Vosgien en se replongeant dans ses archives.
Yvon Mougel n’a rien oublié de ce 14 février 1981 qui l’a fait entrer dans l’histoire du biathlon français et a précieusement conservé de nombreux souvenirs de l’époque. b
NORDIC MAGAZINE
LE RÉCIT
Yvon Mougel, 40 ans après Premier médaillé mondial du biathlon français, à Lahti en 1981, le Vosgien Yvon Mougel n’a rien oublié du jour où il est entré dans l’histoire de son sport.
Yvon Mougel était frustré par sa 31e place sur l’individuel 20 km. « Je m’étais raté au fartage et au tir avec quatre erreurs. Pour le sprint, il fallait que je sache quoi faire exactement. J’ai vidé je ne sais plus combien de chargeurs. Daniel Claudon, l’entraîneur de l’équipe de France, me disait d’arrêter. J’ai répété jusqu’à ce que mon schéma soit parfait. Je faisais le tour du stade et je tirais… » Le jour de la course, Yvon Mougel porte le dossard n° 48. Le Finlandais Heikki Ikola, champion du monde du 20 km deux jours plus tôt, a le n° 47. « Après le couché, je l’aperçois juste devant moi. J’ai pensé qu’il avait raté son tir. Je me suis placé derrière lui avant de le doubler. Je me suis mis minable, mais j’y ai pris plaisir. Rien que d’en parler, j’en ai encore des frissons ! Quand tu doubles
le champion du monde et que tu sens que tu peux aller plus vite… » Installé au tir debout, Yvon Mougel voit un juge lui faire signe. « Mon ski dépassait d’une bande rouge en bois. Je n’avais pas fait attention. J’ai reculé, je me suis mis dans mon tir et j’ai abattu toutes les cibles. À la sortie, j’ai vu le panneau lumineux avec Mougel tout en haut ! Je ne vous raconte pas mes jambes. J’ai fait mon dernier tour sans aucun autre renseignement. » Méticuleux au tir, le Vosgien l’était aussi sur les skis : « Dans le stade d’arrivée, il y avait une épingle à cheveux. J’ai pris soin de passer correctement en glissant. » Kjell Soebak n’aura pas cette présence d’esprit. « Il a viré comme un Norvégien : un grand dérapage et il s’est arrêté. » À Yvon Mougel la médaille de bronze et
8 | nordic MAGAZINE | n°35
Un exploit relaté dans la presse locale. b
COLLECTION PERSONNELLE YVON MOUGEL
au Scandinave la quatrième place, huit dixièmes derrière… Ses cahiers sont intacts mais Yvon Mougel n’a plus que la moitié de ce fameux dossard 48. « L’autre moitié, je l’ai offerte à Daniel Claudon. Il a beaucoup œuvré pour le développement du biathlon en France. Il avait terminé quatrième des Mondiaux 1971 et n’avait pas eu la chance d’obtenir cette première médaille mondiale du biathlon français. La moitié de mon dossard lui revenait. »
J’AI CHOISI
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nordic
Troisième Aigle d’or pour le Polonais Stoch La Pologne a bien failli ne pas disputer la 69e édition de la Tournée des Quatre Tremplins. Quand le test PCR de l’un de ses sauteurs, Klemens Muranka, s’est révélé positif, les organisateurs ont exclu toute l’équipe des qualifications du concours inaugural d’Oberhof. Ce qui anéantissait toute chance pour Kubacki et Stoch, les deux stars polonaises, de remporter le classement généKamil Stoch. ral. Elles ont finalement b EXPA/JFK/ été réintégrées, après une NORDICFOCUS intervention au plus haut sommet de l’État. De nouveau en lice, Kamil Stoch a une nouvelle fois impressionné son monde. Il a gagné à Innsbruck et Bischofshofen, récolté des notes exceptionnelles et remporté son troisième Aigle d’or.
Léna Brocard, le 18 décembre, à Ramsau, est la première Française à avoir disputé une coupe du monde. b
Le combiné nordique se conjuge au féminin
Johaug/Griezmann : ils claquent la porte En décembre, le Washington Post révélait que la marque chinoise Huawei avait participé à la surveillance de la minorité musulmane ouïghoure via un logiciel de reconnaissance faciale. Le footballeur français Antoine Griezmann mettait fin immédiatement à son contrat de partenariat avec le géant des télécoms. Quelques jours plus tard, c’était au tour de la star mondiale du ski de fond Therese Johaug de rompre toute relation.
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NORDICFOCUS
Cascade d’émotions pour Geiger
Entre fin 2020 et début 2021, Karl Geiger n’a pas eu le temps de s’ennuyer. Déjà, à Planica, l’Allemand a été sacré champion du monde de vol à ski le 12 décembre, battant d’un cheveu le Norvégien Halvor Egner Granerud. Quelques jours plus tard, il annonçait la naissance de sa fille, Luisa. C’était avant de contracter le coronavirus.
VOLK/NORDICFOCUS
e vendredi 18 décembre 2020, à 9 h 45, l’Autrichienne Claudia Purker est entrée dans l’histoire en devenant la première combinée à réaliser un saut en coupe du monde. C’était sur le tremplin Mattensprunganlage de Ramsau, planté au pied du Dachstein, en Autriche. Ce jour-là donc, le combiné nordique féminin entrait dans la cour des grands. L’ancien sauteur à ski norvégien Lasse Ottesen, aujourd’hui directeur du combiné nordique à la Fédération internationale de ski, a carrément parlé d’un « événement qui entre dans les livres d’histoire ». Trente-deux concurrentes venues de neuf nations ont participé à cette première, dont l’Autranaise Léna Brocard qui, à vingt ans, allait se classer 22e. « J’étais fière de faire partie des première femmes à disputer une coupe du monde, se rappelle-t-elle. On fait ce sport parce qu’on l’aime, mais aussi pour la compétition. C’est une belle étape de franchie. » Un passage obligé effectivement vers une future intégration aux Jeux olympiques. Le projet est ardemment défendu par l’Américaine Tara Geraghty-Moats, logique vainqueure de cette compétition inaugurale. « Je crois que le Comité international olympique
10 | nordic MAGAZINE | n°35
y est très favorable pour les JO de 2026 qui auront lieu en Italie », a-t-elle confié à Nordic Magazine qui l’avait élue, au sein d’un panel de médias internationaux, athlète de l’année l’hiver dernier. Déjà, disputer une coupe du monde était, pour elle, « un rêve devenu réalité ». Le Gundersen disputé une semaine avant Noël 2020, restera, pour toujours, un souvenir impérissable dans la mémoire de Léna Brocard, seule Française engagée après la grave blessure au genou d’Emma Tréand survenue en février 2020. « La différence avec la coupe continentale, c’est tout l’emballage cadeau qui va avec, tous les petits détails qui font que ça fait rêver... C’était super classe ! Ce qui m’a le plus touchée, c’est le départ du ski de fond quand je voyais les filles de tête partir avec, tout autour, les couleurs de la coupe du monde et la musique de la FIS, décrit l’Iséroise, porte-étendard de l’Hexagone. C’était le début de quelque chose avec toutes les filles partant pour essayer d’aller récupérer le même titre. » Et de lancer un appel : « Pour toutes les jeunes filles qui veulent faire du combiné, c’est le moment de se lancer. Un circuit est en marche et il y a des belles choses à faire. »
Photo : ©Vegard Breie
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n°35 | nordic MAGAZINE | 11
ROSSIGNOL.COM
NORDICFOCUS
Deux victoires lors des chronos qualificatifs organisés à Bessans ont suffi pour qu’Oscar Lombardot se retrouve en coupe du monde, en décembre 2020. Le biathlète du Saugeais a vécu, à vingt ans, les deux étapes d’Hochfilzen, dans les Alpes autrichiennes. « Un rêve qui se réalise, c’est incroyable », confiait-il, un brin timide, peu après sa sélection. Cette promotion avait tout du conte de fées pour celui qui n’avait participé jusque-là qu’à deux IBU Cup. Frédéric Guyon, qui l’a suivi lors de ses années au comité du massif jurassien,
estime que sa présence aux côtés des Fillon-Maillet et Jacquelin, est la suite logique de sa progression. « C’est un bosseur, qui a franchi les étapes année après année. Il a toujours été sérieux et a la tête sur les épaules », décrit-il. En Autriche, Oscar Lombardot s’est toutefois révélé encore un peu tendre pour le très haut niveau. Il a conclu les
La Russie privée des Jeux de Pékin
S
on drapeau ne flottera pas dans le ciel de Pékin en 2022 lors des prochains Jeux olympiques d’hiver. Accusée d’une cascade de tricheries et de dopage institutionnalisé, la Russie a été exclue pour deux ans des grandes compétitions internationales. Le Tribunal arbitral du sport basé à Lausanne a rendu sa sentence jeudi 17 décembre. En Chine, seuls pourront concourir, sous bannière neutre, ceux qui montreront patte blanche. Si la Russie est si lourdement sanctionnée, c’est qu’elle a truqué les fichiers informatiques du laboratoire antidopage de Moscou durant la période 2011-2015. Elle a notamment supprimé des traces de contrôles positifs. Une manœuvre qui fait suite à d’autres pratiques frauduleuses qui ont impliqué, à Sochi, les services secrets et le ministère russe des Sports. « On empêche, par des moyens pas très sportifs, nos athlètes d’atteindre les succès qu’ils méritent », dénonçait encore en oc-
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L’expérience Lombardot deux sprints auxquels il a participé par des 8/10. Insuffisant pour accéder aux poursuites. Une déception certes, mais surtout un apprentissage, pour Vincent Vittoz : « Il doit continuer de travailler, juge l’entraîneur de l’équipe de France de biathlon. Ça lui servira pour mieux appréhender la suite de sa saison. » « Au moins, je saurai à quoi m’attendre quand j’y retournerai. Ce sera plus facile de se fixer des objectifs », acquiesçait le Franc-Comtois qui a fait son retour sur l’IBU Cup mi-janvier, à Arber (Allemagne).
Le biathlon rafle la tête des audiences TNT Les athlètes russes propres pourront participer aux épreuves. b EAGLE STOCK.ADOBE.COM
La Chaîne L’Équipe et le biathlon forment décidément la paire. Diffuseur de la coupe du monde et des Mondiaux depuis 2015, la chaîne du groupe Amaury truste le top des audiences sportives 2019 de la TNT. En tête du classement, la dernière course de Martin Fourcade a réuni 1,6 million de téléspectateurs (10,9 % de part d’audience). Derrière, on retrouve la massstart des Mondiaux d’Antholz, avec un nombre de téléspectateurs légèrement moindre mais une meilleure part d’audience (13,5 %). Au total, dix des quinze événements sportifs les plus suivis de l’année sur la TNT sont des courses de biathlon diffusées sur le canal 21.
Près de cinq ans de prison pour le Dr Schmidt tobre le président Vladimir Poutine. Le comité olympique russe s’est pour sa part déclaré satisfait que les sportifs russes ne soient pas bannis « collectivement » des JO.
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Le 15 janvier, le tribunal de Munich a condamné le docteur Mark Schmidt à quatre ans et dix mois de prison. Le médecin était jugé pour être l’instigateur d’un vaste réseau de dopage impliquant des fondeurs. L’affaire avait éclaté lors des Mondiaux de Seefeld.
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Se renseigner sur l’ouverture des sites avant l’achat. Attention au choix du site nordique lors de l’achat : le Pass n’est valable que sur ce site. Application utilisable pour les Pass d’accès « séanceMAGAZINE » ou « pluri-journalier ». n°35 | nordic | 13
MODICA/NORDICFOCUS
MODICA/NORDICFOCUS b
ux championnats du monde de Seefeld, en 2019, on avait déjà entendu parler de lui, mais uniquement parce qu’il était le petit ami de la révélation de l’événement autrichien, Frida Karlsson. Depuis leur appartement de Sollefteå, il lui avait adressé des petits baisers. Pour les vrais connaisseurs de ski de fond, William Poromaa n’était toutefois pas inconnu. Il avait déjà brillé à domicile et participé aux Mondiaux juniors à Lahti. Mais c’est juste avant la saison qu’il est apparu au grand jour. À Bruksvallarna, après une deuxième place obtenue sur le 15 km en classique, il a confirmé deux jours plus tard en remportant le 15 km skate. Le jeune homme, qui court pour Åsarna IK, a pour lui d’être tombé tout petit dans la marmite. Son père a été un skieur d’élite dans les années 80. Il a pris la tête de l’équipe nationale suédoise à deux reprises dans les années 2000, y compris pendant les Jeux olympiques de Vancouver. Sa mère, Anette Fanqvist, a aussi eu son heure de gloire. En relais, elle a décroché une médaille de bronze aux championnats du monde de 1995 à Thunder Bay, au Canada. La star du royaume Calle Halfvarsson l’a récemment appelé le « Messie ». « C’est lui qui sauvera le ski de fond suédois », a-t-il affirmé. C’est dire qu’il va falloir suivre de près le parcours de William Poromaa, qui a déjà arboré le dossard vert de meilleur jeune cet hiver.
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WILLIAM POROMAA
HELENE MARIE FOSSESHOLM
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elene Marie Fossesholm a intégré l’équipe norvégienne féminine de ski de fond à seulement dix-neuf ans. Elle est présentée comme la future Bente Skari, Marit Bjoergen ou Therese Johaug. Rien de moins. C’est qu’elle a déjà une belle collection de médailles d’or. Elle a brillé aux championnats du monde juniors d’Oslo en 2018 (trois titres) et à ceux de Lahti en 2019 (une victoire en relais). À Oberwiesenthal, l’hiver dernier, elle a remporté toutes les courses de distance, même lorsque des concurrentes plus âgées qu’elle ont pris le départ. Résultat, elle est aujourd’hui la meilleure skieuse du monde dans sa tranche d’âge et a toutes les cartes en mains
pour ne pas s’arrêter en si bon chemin. Avec, pour la décennie à venir, la Suédoise Frida Karlsson comme principale adversaire. Né en 2001, Helene Marie Fossesholm est originaire de Vestfossen, une ancienne bourgade industrielle. Offensive sur les skis, elle impressionne car elle fait aussi preuve d’une grande maturité. « J’ai du caractère. J’en ai même beaucoup. Je ne suis pas bien lorsque je n’atteins pas les objectifs que je me suis fixés », confiait-elle récemment au quotidien Verdens Gang. En résumé, comme elle le reconnaît, elle est compétitrice jusqu’au bout des ongles. La Scandinave, qui a remporté son premier titre de championne de
Les nouveaux
VIKIN Ils sont Norvégiens, Suèdois... et les futures stars des disciplines nordiques. Portraits de ces jeunes athlètes.
Norvège sur l’individuel skate 10 km, ne se distingue pas seulement en ski de fond. Elle mène aussi une carrière de vététiste (médaillée de bronze aux Mondiaux juniors en 2019). Jusqu’à l’âge de treize ans, elle a aussi joué au football et au handball. Du côté des études, Helene Marie Fossesholm ne déçoit pas non plus. Elle rêve de devenir médecin. Elle a postulé pour rejoindre l’université d’Oslo en février. Mais déjà, elle sait qu’elle devra reporter. C’est que la Norvégienne a rendez-vous avec les Mondiaux d’Oberstdorf.
GS
n°35 | nordic MAGAZINE | 15
JENS LURAAS OFTEBRO
MODICA/NORDICFOCUS
N
ous sommes le 5 décembre dernier. Un jeune homme sort de la brume de Lillehammer. Il s’apprête à remporter le 15 km skate de la coupe de Norvège. Et ce n’est pas Johannes Hoesflot Klæbo qui, ce jour-là, surprend le chonomètre, mais Harald Oestberg Amundsen – qui porte le nom d’un célèbre explorateur. Le quadruple médaillé des derniers championnats du monde U23 d’Oberwiesenthal (il a déjà quatre médailles d’or acquises depuis les Mondiaux de Soldier Hollow en 2017) a battu la superstar de Trondheim de dix-sept secondes. Une réussite logique au regard de son récent parcours qui aurait dû lui ouvrir grandes les portes de la coupe du monde, sauf qu’en raison du coronavirus, la Norvège a renoncé à se rendre à Davos, Dresde et sur le Tour de Ski. Il pourrait toutefois obtenir un ticket d’entrée pour les championnats du monde à Oberstdorf, où le même format est au programme. Un an plus tôt, à Beitostølen, il avait pour la première fois couru en première division. Le skieur de l’Asker SK avait même récolté son premier point grâce à une trentième place sur le 30 kilomètres. Harald Oestberg Amundsen a aussi une sœur jumelle prénommée Hedda qui pourrait faire parler d’elle dans les prochaines années. A vingt-et-un ans, ils vivent et s’entraînent ensemble. Et c’est à qui des deux sera le meilleur.
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HARALD OESTBERG AMUNDSEN
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STUDIO2MEDIA
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arfois, le destin tient à pas grandchose. La vie de Jens Luraas Oftebro a basculé à cause d’une combinaison trop grande, pas la sienne, mais celle du numéro un mondial de combiné nordique. Le Norvégien Jarl Magnus Riiber contraint de rester sur le banc de touche parce que disqualifié, son coéquipier âgé de seulement vingt ans a alors pu le remplacer sur la plus haute marche du podium le dimanche du week-end d’ouverture à Ruka. L’an dernier, sur le même site finlandais, il avait déjà terminé à trois reprises à la troisième place. Sa saison avait été au diapason, jusqu’à être titré le 4 mars 2020 aux Mondiaux d’Oberwiesenthal. « Jarl est bien sûr un modèle pour moi. C’est un bon ami », confiait alors le Scandinave à Nordic Magazine. Selon lui, côtoyer quotidiennement le leader mondial aide à progresser lorsqu’on incarne la relève. « Nous savons donc ce qu’il faut faire pour être le meilleur. Cela pousse chacun à en faire toujours un peu plus que l’autre », dit-il. Mais Jens Luraas Oftebro a aussi un frère, Einar, plus âgé de deux ans, qui évolue comme lui en équipe nationale de combiné nordique et avec qui il s’entraîne. Pour celui qui étudie l’ingénierie et les techniques de construction au sein de l’Oslo Metropolitan University, cela a aussi joué dans son ascension. « Cependant, ma plus grande idole reste Petter Northug », ajoutait-il un brin espiègle.
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DÉJÀ DES SAUT À SKI
Halvor Egner Granerud
BIATHLON
Sturla Holm Laegreid MANZONI/NORDICFOCUS
En 2018, une mononucléose a bien failli lui faire renoncer au biathlon. Double médaillé des championnats du monde juniors, il a fallu au Norvégien une saison pour se remettre... et retrouver le chemin des stades. L’hiver dernier, il est choisi pour remplacer Erlend Bjoentegaard en coupe du monde à Nove Mesto. Il réussit son examen de passage. Cette année, à 24 ans, il a déjà gagné à Kontiolahti, Hochfilzen et Oberhof.
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es fans de biathlon connaissaient Hanna Oeberg, ils découvrent sa petite sœur Elvira. Le 3 décembre dernier, à Kontiolahti, toutes deux sont montées sur le podium, la première parce qu’elle avait gagné, la seconde pour sa troisième place. Du jamais vu en Suède et une grande émotion pour la plus expérimentée des deux qui n’a pas pu retenir ses larmes. « Pouvoir partager ça avec elle, ça ne peut pas mieux aller », confiait la vainqueure. Elles ont renouvelé l’exploit dans l’épreuve collective. Les Suédois ont entendu parler de la cadette âgée de 21 ans à laquelle on promet le plus bel avenir – d’autant plus qu’elle a augmenté sa vitesse sur les skis – au moment des championnats du monde jeunes/juniors d’Otepää, en 2018. Elle y avait décroché pas moins de trois titres : sprint, individuel et relais. Ce qui, en décembre 2019, lui avait permis de rejoindre la coupe du monde. Sur ses terres d’Östersund, elle avait terminé douzième du sprint, mais, une semaine plus tard, dans le même stade, elle avait largement contribué à finir à la troisième place du relais. Les deux frangines ne vivent pas très loin l’une de l’autre et s’entraînent beaucoup ensemble. Parce que compétitrices, elles ne cachent pas qu’il peut y avoir un peu de rivalité entre elles. Mais c’est surtout l’émulation qu’elles retiennent. Leurs parents, eux, sont aux anges. « J’ai du mal à trouver des mots », confie Viktoria Oeberg, la maman.
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OEBERG
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ELVIRA
À 24 ans, il est devenu vice-champion du monde de vol à ski. Mais le Norvégien a laissé échapper l’or pour 0,5 point. Depuis fin novembre, Halvor Egner Granerud réussit un beau parcours. Il a remporté plusieurs concours et a même revêtu le dossard jaune de leader de la coupe du monde. Il a aussi terminé deuxième de la Tournée des Quatre Tremplins.
BIATHLON
Johannes Dale
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À 23 ans, l’autre rouquin norvégien (avec Johannes Thingnes Boe) n’a presque plus rien à envier aux grands. Empli d’émotion après sa première victoire sur le sprint de Ruhpolding, Johannes Dale s’affirme dans le top 5 mondial de son sport après que le grand public l’ait découvert la saison précédente. Rapide sur les skis, mais encore friable devant les cibles, le natif de Lørenskog pourrait viser le gros globe de cristal les prochains hivers.
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DANS LES TRACES
Therese Johaug
Les trois frères Claude en coupe du monde
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a reçu le prix Egeberg en marge de la coupe de Norvège à Sjusjøen le 4 décembre dernier. Il s’agit de l’un des trophées les plus convoités dans le royaume scandinave.
Le coup de sang de Bolshunov
Nordic Magazine lance son podcast
Dimanche 24 janvier. Alexander Bolshunov donne un coup de bâton à Joni Mäki lors du sprint final du relais de Lahti. Dans l’aire d’arrivée, le Russe projette ensuite le Finlandais au sol. Son équipe est disqualifiée par la FIS qui n’a guère apprécié le comportement du numéro un mondial. Pour les uns, le Fennoscandien n’a pas été fair-play lors de l’emballement final. Il a barré la route de son adversaire, touchant à deux reprises ses skis. Pour les autres, cela n’excuse en rien le comportement belliqueux du Russe.
Nordic Magazine débarque sur Spotify, Deezer et Podcloud. Le média référent du nordique vient de diffuser ses premiers podcasts, un support qui rencontre un succès grandissant. Sous le titre « Dans les traces », sa rédaction revient sur les temps forts de la saison de ski de fond. L’épisode 1 est consacré au Tour de Ski, le second à la Norvège qui, cette saison, a préféré se retirer de la coupe du monde durant de nombreuses semaines afin de protéger ses athlètes du coronavirus. Le récit, qui n’a rien à envier à une série télévisée, est découpé en plusieurs chapitres, comme autant de rebondissements.
Thomas Maloney Westgaard a réalisé le meilleur résultat d’un Irlandais en coupe du monde de ski de fond. Il a terminé 9e de la mass-start classique de Val di Fiemme (Italie), lors du Tour de Ski.
Justine Braisaz et Julia Simon ont désormais chacune une piste à leur nom aux Saisies (Savoie).
Marte Olsbu Roeiseland
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a été élue championne des championnes 2020 par la rédaction de L’Équipe. C’est la première fois qu’un biathlète reçoit une telle récompense.
Susan Dunklee a décidé de mettre en place un dossard informel réservé aux plus de 33 ans. Tricoté par ses soins, celui-ci est un clin d’œil au classement instauré cette saison pour les biathlètes de moins de 25 ans. Anaïs Bescond, doyenne de l’équipe de France, a promis de « se battre jusqu’au bout » pour l’obtenir.
Sturla Holm Laegreid a enfin un sponsor pour sa carabine. Un groupe industriel norvégien a pris la suite de son oncle et sa tante.
QUENTIN JOLY POUR NORDIC MAGAZINE
Hugo Lapalus et Valentin Chauvin
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. b INSTAGRAM ÉMILEIN CLAUDE tiolahti (Finlande) et Oscar Lombardot à Hochfilzen (Autriche), son ticket pour la coupe du monde dans le Land de Thuringe. Ses premiers pas parmi l’élite mondiale ont été très prometteurs. Dès sa première course, il a récolté des points. « J’espère qu’il pourra encore continuer à progresser en côtoyant les meilleurs mondiaux », a commenté son coach, Vincent Vittoz.
THIBAUT/NORDICFOCUS
n février 2015, dans un portrait que Nordic Magazine avait consacré à la fratrie Claude, Fabien, le cadet de la famille, rêvait de partager une coupe du monde de biathlon avec ses frères, Florent et Émilien : « Ce serait la plus belle chose. » Six ans plus tard, les trois Vosgiens étaient enfin réunis à Oberhof (Allemagne), puis Antholz (Italie). Deux sous les couleurs de l’équipe de France, le troisième pour la Belgique. C’est à l’été 2017 que l’aîné, qui ne souhaitait pas mettre fin à sa carrière à seulement 26 ans, a en effet passé la frontière. Depuis l’hiver dernier, Fabien Claude a, lui, son fauteuil chez les tricolores. Cet hiver, le temps d’une course, il a même porté le dossard rouge de leader de la poursuite, abandonné ensuite à Jacquelin. Pendant ce temps-là, Émilien, le benjamin, se faisait les dents, faute d’IBU Cup, sur les chronos de sélection de Bessans (Savoie) puis de Prémanon (Jura) à l’issue desquels il décrochait, après Martin Perrillat-Bottonet à Kon-
Il n’y a pas que Maurice Manificat et Delphine Claudel qui ont brillé sur le Tour de Ski [lire par ailleurs]. Hugo Lapalus a terminé avec le dossard vert de meilleur jeune. Quant à Valentin Chauvin, il a signé son meilleur résultat en carrière (5e place) lors du sprint de Val di Fiemme.
Samuel Ikpefan a été le premier Nigérian à disputer une étape de coupe du monde de ski de fond. Le membre du Team Nordic Panthers s’est aligné fin janvier à Falun (Suède). Il compte désormais participer aux Mondiaux d’Oberstdorf puis aux Jeux olympiques de Pékin (Chine).
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Léa Lemare dans le ciel d’Hinzenbach, en Autriche, en février 2019. MODICA/NORDICFOCUS
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QUENTIN JOLY/JOLYPICS
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Louis Schwartz écrit le mot fin En novembre, Louis Schwartz a tiré sa révérence. L’athlète de Villard-deLans (38) envisageait de poursuivre sa carrière aux États-Unis en menant un double projet études/ski de fond dans une université de l’Utah. Mais son projet n’a pas pu se concrétiser. Dès lors, la motivation s’est envolée. « L’hiver dernier, j’étais déjà un peu usé, j’arrivais moins bien à me relever de mes échecs », racontait le jeune homme de 25 ans à Nordic Magazine. Membre du Team Vercors Isère, il a notamment participé à la coupe du monde de La Clusaz en 2016. On retiendra aussi cette médaille d’argent acquise sur le relais des championnats du monde juniors à Almaty (Kazakhstan), en février 2015, aux côtés de Valentin Chauvin, Jules Lapierre et Jean Tiberghien. Animateur des courses populaires, il a signé en 2018 un podium plein d’autorité sur la mythique Engadine. Enfin, il a remporté deux titres de champion de France.
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Laura Chamiot-Maitral n’avait plus envie À seulement 22 ans, Laura Chamiot-Maitral a mis un terme en novembre à sa carrière de sportive de haut niveau. Médaillée de bronze lors des Jeux olympiques de la jeunesse 2016 de Lillehammer en cross, la skieuse des Saisies a expliqué avoir ressenti une « baisse de motivation ». « Cela ne m’a pas forcément fait plaisir de remettre des skis et de skier sur la neige », a-t-elle confié à Nordic Magazine. Elle a disputé son ultime course internationale le 19 janvier 2020 à Pragelato (Italie) en coupe des Alpes.
Fin de vol pour Léa Lemare
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e tiens aujourd’hui à vous annoncer, non sans peine, la fin de ma carrière. » Le 30 novembre dernier, sur les réseaux sociaux, Léa Lemare, 24 ans, a tiré sa révérence. « Cela m’a pris du temps. Du temps pour accepter, pour assumer, pour le dire tout simplement », ajoute-t-elle. En février 2019, la sauteuse du Club des Sports de Courchevel découvrait qu’elle était atteinte d’une maladie de la thyroïde, « soi-disant bénigne ». Elle mettait un terme à sa saison au moment des Mondiaux de Seefeld, tout en espérant reprendre le chemin des tremplins l’été suivant. En octobre, dans un entretien à Nordic Magazine, elle confiait pourtant être encore en convalescence : « Je n’ai pas repris le saut. La dose du traitement n’est pas encore réglée. Cependant, je suis en pleine forme, je vais beaucoup mieux et je peux m’entraîner physi-
quement, j’espère reprendre le saut d’ici février. » En fait, elle n’allait pas pouvoir revenir. La Française a participé pour la première fois à un concours international lors d’une épreuve de coupe continentale féminine de saut à ski à Bischofsgrün (Allemagne) le 8 août 2009. Elle n’a alors que treize ans. Elle est aussi allée aux Jeux olympiques de Sochi et Pyeongchang, ainsi qu’aux JOJ d’hiver de 2012 à Innsbruck, première apparition du saut à ski féminin au sein d’un programme olympique. En coupe du monde, son meilleur résultat a été une huitième place. Elle est montée sur le podium lors d’une épreuve par équipes en 2017 à Hinterzarten. « J’ai eu la chance d’être présente au bon moment de l’histoire du saut à ski féminin », écrit-elle. Et d’y avoir joué son rôle. « Ce qui me rend d’autant plus fière de mon parcours. »
Sept mois de prison pour Petter Northug
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e 21 décembre, le tribunal de district d’Oslo a condamné Petter Northug Jr à sept mois de prison. Son permis lui a aussi été retiré. Sa condamnation a été annoncée en direct à la télévision. Le double champion olympique norvégien n’était pas présent dans la salle d’audience 250. C’est en visioconférence qu’il a répondu aux
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questions du juge Ole Kristen Oeverberg. L’acte d’accusation comprenait plusieurs excès de vitesse et la détention de drogue [lire Nordic Magazine n° 34]. L’ancien champion a reconnu les faits et accepté la peine. En 2014, il avait déjà été condamné à 50 jours de prison et à payer une lourde amende.
L’Isère, rien de plus naturel
Domaine de l’Arselle Chamrousse Massif de Belledonne
PHOTO ©IMAGES ET R Ê VES .COM
En quête de grands espaces, de partage et de nouvelles expériences... accordez-vous une parenthèse unique sans aller au bout du monde. L’Isère, rien de plus naturel.
A L PE S - I S E R E . C O M #alpesishere
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Les pays du Nord soufflent le chaud et le froid Début décembre, la Norvège, la Suède et la Finlande se sont retirées provisoirement de la coupe du monde de ski de fond pour ne pas exposer leurs athlètes à la Covid-19.
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Écoutez-moi
a coupe du monde de ski de fond aura lieu comme elle a été initialement programmée. Au début de l’hiver, à la Fédération internationale de ski, aucune alternative au scénario originel ne s’impose dans un contexte largement marqué par la pandémie de coronavirus. « Je comprends que l’option “plan B” séduit sur le papier avec moins de déplacements et une logistique plus facile, mais elle n’élimine pas le risque d’annulation et a des conséquences négatives pour les [organisateurs] et les ayants droit », justifie Pierre Mignerey, directeur à la FIS, dans les médias scandinaves. Rappelons que, contrairement au circuit international de biathlon, les différentes étapes appartiennent aux organisateurs et leurs fédérations nationales. Le coup d’envoi de la saison est donc donné fin novembre à Ruka, en Finlande, comme c’est la tradition depuis quelques années. En plus du ski de fond, le calendrier comprend aussi du combiné nordique et du saut à ski. Tout semble se dérouler normalement. Mais le dernier jour, quand les journalistes de la télévision publique norvégienne NRK s’entretiennent avec Johannes Hoesflot Klæbo après la poursuite qu’il vient de remporter, la star du royaume n’en revient pas de ce qu’il apprend. Un combiné russe a pu déambuler dans le stade alors qu’il était porteur de la Covid-19. Il n’a été isolé qu’une fois connus les résultats de son test PCR réalisé à Helsinki. À son départ de Russie et à son arrivée sur le site, il avait été diagnostiqué négatif. « On prend des risques. Et nous le savons », commente à chaud le fondeur. Le lendemain, il annonce se retirer de la compétition alors même qu’il porte le dossard jaune de leader. Du jamais-vu. Son coéquipier Emil Iversen lui emboîte le pas, puis, le 1er décembre, c’est toute l’équipe qui rejoint le banc de touche. Critique quant à l’organisation de l’étape finlandaise, agacée aussi par le
La Norvège ne revient en coupe du monde qu’à Lahti, à la fin janvier. b
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doute qui a pesé sur l’état de santé de l’entraîneur de l’équipe nationale, Eirik Myhr Nossum (il est passé de positif à négatif, il le sera de nouveau à Lahti), la fédération norvégienne de ski ne veut plus exposer ses athlètes. Ceux-ci n’iront pas à Davos, quinze jours plus tard, ni à Dresde, en Allemagne, dans la foulée. La Suède puis la Finlande imitent leur voisine. Sur Twitter, le Britannique Andrew Musgrave s’interroge : « Un peu étrange de la part de la Finlande de se retirer étant donné qu’ils ont organisé les premières courses. » « Je suis triste et déçu », déclare le coach de l’équipe italienne Marco Selle dans les colonnes du quotidien Aftonbladet. « Ce sera comme organiser la coupe du monde de football sans le Brésil, l’Italie et l’Allemagne », ajoute-t-il. « Les absents ont toujours tort », lâche le Français Hugo Lapalus. Début décembre, le doute plane aussi sur le Tour de Ski, point d’orgue du calendrier en dehors des championnats du monde. Vendredi 4, une réunion est organisée. La Norvège plaide pour l’organisation de toutes les courses dans un seul pays, dans un ou deux sites
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maximum, pour réduire les déplacements. Mais la FIS, qui a reçu le feu vert des autorités sanitaires suisses et italiennes pour Val Müstair, Toblach et Val di Fiemme, ne veut pas toucher au calendrier qui doit débuter le jour de l’An. La Norvège décline l’invitation, Suède et Finlande annoncent quant à elles leur retour. Notamment sous la pression de leurs athlètes. Ne pas porter un dossard leur coûte cher. Leurs revenus sont, pour une grande part, liés à leurs performances. Finalement, le Russe Bolshunov l’emporte haut la main, devant le Français Maurice Manificat, au sommet de l’Alpe Cermis. Le camp tricolore est le seul à déclarer un cas positif durant la quinzaine. L’entraîneur des distanceurs Alexandre Rousselet et celui des sprinteurs, Cyril Burdet, cas contact, sont aussitôt mis à l’isolement. C’est à Lahti que la Norvège – mais aussi le Canada – effectue son come-back sur le circuit international. Klæbo, après une longue période d’entraînement et trois épreuves de championnats nationaux, n’est pas du voyage. Peu importe, les Vikings raflent tout. Quatre courses, quatre victoires.
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Start-list
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DELPHINE CLAUDEL
À la table des grandes Le 10 janvier dernier, la fondeuse vosgienne a signé son premier podium sur la mythique montée de l’Alpe Cermis, en Italie. Depuis le début de la saison, elle ne cesse de progresser. De quoi la motiver à réaliser ses rêves de compétitrice.
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Depuis Aurore Jean sur le sprint de Sochi et sur la poursuite de Toblach-Cortina, dans le Tour de Ski, aucune Française n’avait fait aussi bien en coupe du monde que Delphine Claudel. b QUENTIN JOLY POUR NORDIC MAGAZINE
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Le regard vers les Mondiaux
« Mon regard est bel et bien tourné vers les Mondiaux d’Oberstdorf. Je vais me préparer pour être à 100 % d’énergie et à 100 % de mes capacités sur le 10 km skate qui est mon épreuve phare, celle où je performe le plus », annonce la skieuse de La Bresse. QUENTIN JOLY POUR NORDIC MAGAZINE b
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’est dans sa combinaison bleue de l’équipe de France de ski de fond que Delphine Claudel s’élance pour la dernière étape du Tour de Ski dans le Val di Fiemme. La Vosgienne a faim d’un bon résultat. C’est qu’au départ de cette mass-start comptant pour le Tour de Ski, il n’y a point de Norvégiennes. À cause du coronavirus, ils ont gardé leurs athlètes à la maison. De quoi donner à leurs adversaires des envies de visiter les premières places des classements. La Bressaude – qui a amélioré à deux reprises son meilleur résultat en carrière depuis le début de l’hiver – n’échappe pas à la règle. Les premiers kilomètres en direction de l’Alpe Cermis sont toujours plutôt
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tranquilles et la jeune femme prend de bons skis, ceux de l’Américaine Jessie Diggins. La montée aux pourcentages extrêmes ne l’effraie pas. À son rythme tout au long de l’ascension, Delphine Claudel va maîtriser son sujet avec « des jambes de feu ». La Russe Stupak dépassée avant la ligne d’arrivée, elles ne sont désormais plus que deux devant elle. La ligne franchie, un sourire communicatif vient illuminer son visage. Elle n’avait jamais fait aussi bien. Elle se situe juste derrière la Suédoise Ebba Andersson, vainqueure du jour, et Jessie Diggins, lauréate de la tournée de début janvier. Rien que ça. « Je ne m’attendais pas à ce que ce podium arrive cet hiver, c’est exceptionnel », confie-t-elle après la course à Nordic Magazine. Cela s’est
24 ans de nourrir des ambitions plus grandes. « Prendre ce qu’il y a de bon et avancer. » Voilà qui résume bien la besogneuse athlète de La Bresse depuis son inscription au ski de fond au CM2. C’était pour faire comme les copains et, à cet âge-là, on suit facilement ses camarades de l’école. D’autant plus que ce sport se pratique en plein air, environnement qu’elle chérit au quotidien. « Dédé » – son surnom – délaisse du même coup l’athlétisme où « elle était déjà très bonne », précise Odile Munsch, la présidente de La Bressaude, son ski-club de corps et de cœur. Très vite, Delphine Claudel se prend au jeu avec des objectifs plein la tête. Annick Vaxelaire, sa coach d’alors au comité des Vosges, n’a rien oublié de ces années : « Elle était entière et bosseuse. Elle est très vite devenue autonome. » C’est que la native de Remiremont, dès lors qu’elle a une idée en tête, a bien du mal à s’en défaire. Il faut qu’elle se donne les moyens pour atteindre son but. Jusqu’à l’extrême parfois. « Je suis perfectionniste, peut-être un peu trop sur certains points. Je peux prendre les choses trop au sérieux », concède-t-elle.
Objectif performance
joué au mental. C’était impossible pour moi d’échouer à la quatrième place. Cette course était dans ma tête depuis longtemps. »
La travailleuse
Plus de sept ans qu’une tricolore n’avait pas fait aussi bien ! La dernière fois, c’était le 3 janvier 2014, déjà dans le cadre du Tour de Ski, lorsque la Jurassienne Aurore Jean était montée sur le podium du meilleur temps de la poursuite reliant Cortina à Toblach. Coraline Thomas-Hugue aux Jeux de Sochi et Anouk Faivre-Picon lors des Mondiaux de Falun, avaient réalisé de belles choses, mais plus rien en coupe du monde jusqu’à ce 5 janvier 2021. De quoi permettre à la Vosgienne de
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Thibaut Chêne, entraîneur de l’équipe de France féminine de ski de fond
Elle est plutôt rigolote, répond du tac au tac. C’est quelqu’un de très franc. n°35 | nordic MAGAZINE | 27
Si elles n’ont pas toutes les mêmes habitudes de travail au sein de l’équipe de France de ski de fond, si chacune à sa manière de fonctionner, sa coéquipière Léna Quintin la voit comme un « exemple » par son opiniâtreté. « Elle est déterminée, hyper travailleuse et radicale dans tous ses choix », décrit la Bornandine. La Vosgienne, réservée et introvertie de prime abord, est dotée d’un flegme et d’une répartie dont elle a le secret pour Thibaut Chêne, son entraîneur depuis six ans : « Elle est plutôt rigolote, répond du tac au tac. C’est quelqu’un de très franc. » Un caractère qu’elle met au profit de sa carrière professionnelle. La ligne directrice de Delphine Claudel est simple : devenir la meilleure fondeuse possible et venir à bout des objectifs qu’elle s’est fixés. Odile Munsch y croit dur comme fer : « C’est une battante, elle ne se laisse pas démonter. Elle en veut, elle gravit les échelons et persévère. » Après plus de dix ans de ski de fond et un passage dans toutes les équipes de France jeunes, Delphine Claudel a franchi un premier cap lors de l’hiver 2019/2020. En signant ses
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C’est à Davos, terre promise des Français, que Delphine Claudel est parvenue à réaliser son premier objectif : entrer dans le top 10 de la coupe du monde. b
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trois premiers tops 15 : en individuel libre d’abord, à Davos (Suisse), avec une treizième place, puis à Nove Mesto (République tchèque) avec une quatorzième position, comme lors du skiathlon d’Oberstdorf (Allemagne). Le premier palier étant franchi, une nouvelle cible n’a pas tardé à se dessiner dans sa tête. « J’aimerais faire des top dix tout au long de la saison », énonce-t-elle à l’aube de ce hiver inédit en raison du coronavirus. C’est chose faite dans les Grisons le 13 décembre dernier et dans le Trentin, début 2021. Sans oublier le podium fantastique sur l’étape de l’Alpe Cermis. Les Mondiaux d’Oberstdorf sont désormais en ligne de mire de la représentante de l’équipe de France militaire de ski (EFMS). Pour Thibaut Chêne, il lui fallait casser ce plafond de verre pour qu’elle puisse se voir grandir encore. « C’est un objectif rationnel, probable. On peut le faire », assure-t-il. Désormais, il y a forcément l’individuel skate : « C’est une course cochée dans ma tête pour la suite de l’hiver. Je sais que c’est un format qui me convient plutôt bien, où j’ai réalisé mes meilleures performances. J’y pense déjà, même si on est encore un petit peu loin de l’échéance », concède la skieuse mi-janvier. Si l’on ouvre le calendrier à la saison 2021/2022, c’est une photo du site de
ski de fond des Jeux olympiques de Pékin qui apparaît. « Les JO, c’est l’événement phare. On construit un groupe pour ce gros objectif », justifie l’intéressée, appuyée par sa coéquipière en bleu, Coralie Bentz : « On travaille tous pour ces événements-là. On y croit. » À commencer par la Vosgienne : « elle est de mieux en mieux mentalement », constate la Haute-Savoyarde.
Deux bras, deux jambes
Delphine Claudel n’est pas du genre à se vanter, elle est discrète. Elle n’est pas de ces athlètes/influenceurs qui remplissent les réseaux sociaux de photos
et vidéos de leur quotidien. La retenue prime, dans la vie comme sur la piste si l’on en croit ses différents entraîneurs. Annick Vaxelaire : « Delphine, elle n’est pas “fofolle”. Je disais souvent qu’il fallait qu’elle ait plus de folie dans ce qu’elle faisait. » Et Thibaut Chêne de poursuivre : « Ce n’est pas quelqu’un de bouillonnant. Quand elle skie, de l’extérieur, on a l’impression qu’elle ne force pas. Elle est plutôt glisseuse, pas dans la démonstration. » En coupe du monde, les Johaug, Karlsson et autres Andersson pourraient dès lors impressionner la Française. N’en croyez rien ! « Ce qu’elles
Delphine Claudel, membre de l’équipe de France de ski de fond
MON CARACTÈRE A CHANGÉ. SANS DIRE QUE JE SUIS UNE BONNE PERSONNE, LE SPORT M’A FAIT ÉVOLUER 28 | nordic MAGAZINE | n°35
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HAUTESVOSGES n°35 | nordic MAGAZINE | 29
Pour devenir la cheffe de file du ski de fond tricolore, la Vosgienne a dû travailler, se remettre en question et toujours y croire. font, c’est phénoménal et on ne peut que les respecter. Mais on n’a rien à leur envier, elles sont comme nous, ce ne sont pas des monstres », lâche la Vosgienne. « Tu as deux bras, deux jambes, comme les autres », lui répétait d’ailleurs Annick Vaxelaire lors de sa formation initiale. La recherche de performance au plus haut niveau, une ambition exponentielle, une progression constante et une organisation sans faille, Delphine Claudel met tout de son côté pour se rapprocher de ses adversaires scandinaves. Lorsqu’elle n’a pas en tête de se payer les cadors du circuit coupe du monde, la Bressaude aime à prendre du temps pour elle. Cuisiner lui plaît beaucoup. Sans oublier la lecture, et ce tout au long de la saison. Mais n’envisagez pas de lui offrir un livre « trop psychologique », privilégiez les polars. En hiver, les trajets et les séjours sont longs. Il s’agit de s’occuper sans se prendre la tête. D’ailleurs, Netflix n’est jamais bien loin.
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La fierté d’une ville
Parfois, Delphine Claudel ne peut échapper au devant de la scène. À La Bresse, on sait remercier ceux qui portent haut les couleurs de l’association omnisports. Delphine Claudel, pur produit de l’académie chapeautée de main de maître par Odile Munsch, n’y a pas échappé. Ses concitoyens l’ont déjà mise à l’honneur. « Lorsqu’elle a été sélectionnée pour les derniers Jeux olympiques, on a fait une réception à la salle des fêtes avec les skieurs, se souvient une présidente qui ne dissimule pas sa fierté. On a un rond-point au centre de La Bresse et, dès qu’il y a une performance, on y met les banderoles et les affiches. Delphine a eu son panneau. On met en avant tous nos champions. » Des héros, La Bresse en a connu. Véronique Claudel, titrée en 1992 aux JO avec le relais féminin en biathlon, en est l’un des plus beaux exemples. Aussi pourrait-on citer Philippe Poirot, ou plus récemment Adrien Mougel et Paula Botet. « On est content pour Delphine, elle a fait beaucoup de sacrifices, et ce qu’elle fait aujourd’hui, ce n’est pas donné à tout le monde », renchérit Mme Munsch. La skieuse n’est pas ingrate. Elle sait d’où elle vient. Il lui est arrivé de donner un coup de main aux bénévoles pour l’organisation d’événements locaux. De quoi retrouver ses terres et aussi faire naître des envies chez les jeunes licen-
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Odile Munsch, présidente de La Bressaude
On est content pour Delphine. Ce qu’elle fait aujourd’hui, ce n’est pas donné à tout le monde. La consécration d’un travail acharné et la confirmation de grandes ambitions pour Delphine Claudel après sa troisième place au sommet de l’Alpe Cermis, dans le Tour de Ski. b
ciés, yeux écarquillés devant la meilleure tricolore du moment. Lorsque la neige se retire, place à la course à pied. Annick Vaxelaire se souvient d’une Delphine Claudel attachée à ses habitudes : « Elle n’aimait pas l’inconnu. Elle faisait toujours les mêmes sorties, sur le même chemin, dans la même forêt. » La leader du groupe France a certes beaucoup évolué, en tant qu’athlète mais aussi comme personne depuis ses débuts dans le ski de fond. « Mon caractère a changé, le sport m’a beaucoup appris. Sans dire que je suis une bonne personne, le sport m’a fait évoluer », appuie la militaire. Des propos vite renforcés par Thibaut Chêne : « Delphine a une évolution perpétuelle. Elle grandit en tant qu’athlète et moi en tant qu’entraîneur. C’est grâce à elle que je suis devenu l’entraîneur que je suis. » Et d’ajouter, lui aussi, non sans émotion : « Je suis très fier d’elle. »
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à l’investissement qu’elle a fourni dans les dernières semaines, elle a réussi à avoir son bac. » La fondeuse suit actuellement une licence STAPS grâce à un cursus aménagé par l’Université Grenoble Alpes.
Il lui faut en effet prévoir. Et même si elle n’a pas toujours été facile – « j’ai été une peste et pas toujours gentille » – la gamine de La Bressaude a désormais plein de supporters avec lesquelles elle va pouvoir partager ses rêves. n
À l’école du sport et de la vie
Pour Annick Vaxelaire, la multiple championne de France n’a pas besoin d’avoir beaucoup de personnes pour lui dire ce qu’elle doit faire. Quand on lui explique quelque chose, elle comprend très vite et se met au travail. La responsable du ski de fond au comité régional de ski des Vosges se souvient d’un moment marquant avant l’entrée de sa protégée dans le supérieur. « On a passé un moment difficile au rattrapage du baccalauréat alors qu’elle était au pôle espoir de Gérardmer. Mais grâce
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Ancien sportif de haut niveau, Christophe Vassallo évolue aujourd’hui dans les structures de l’IBU, la fédération internationale de biathlon. b LAURENT MÉRAT POUR NORDIC MAGAZINE
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CHRISTOPHE
VASSA SALLO L’ambassadeur du biathlon français Celui que tout le monde appelle « Vass » est devenu au fil des ans l’un des hommes les plus influents du biathlon mondial et, par ricochet, du biathlon tricolore. Retour sur la trajectoire d’un passionné.
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Sandrine Bailly, vainqueure de la coupe du monde 2004-2005
EN STAGE, ON AVAIT SOUVENT UNE COUPURE POUR ALLER VISITER QUELQUE CHOSE. IL EST TRÈS OUVERT AUX AUTRES CULTURES.
hristophe Vassallo. Le nom n’est pas connu du grand public qui n’a de regard que pour celles et ceux qu’il voit courir le week-end à la télévision. Pourtant, il est sans doute le Français le plus influent au sein de l’IBU, la puissante fédération internationale de biathlon. Avant les Jacquelin, Desthieux ou encore Fillon-Maillet, il a aussi disputé des courses, carabine dans le dos. Au départ, rien ne le prédestinait à une carrière de haut niveau, encore moins skis aux pieds. Mais c’est son père, qui travaille dans une usine de décolletage, qui lui donne le goût de la vie en altitude, des paysages et des gens qui y habitent. La montagne se pratique alors en famille, pour le plaisir. Et c’est un déménagement de la famille Vassallo à Thiez (Haute-Savoie), à quelques en-
cablures du plateau d’Agy, qui va amener progressivement le jeune écolier vers les pistes de ski de fond. Sous l’impulsion de son maître d’école Christian Montessuy, l’élève Vassallo chausse alors les skis : « Avec lui, on prenait part à tout ce qu’il était possible de faire en sport, c’est l’époque des sorties de ski du mercredi et des premières courses inter foyers ». Ses classements sont suffisants pour le qualifier à un stage organisé sur le Plateau des Glières par le département haut-savoyard. C’est un déclic, une révélation. Le Thylon adore la compétition et sa décision est prise : il veut devenir champion. C’est le ski-club d’Agy (que rendra célèbre Maurice Manificat bien des années plus tard) qui l’accueille. Le fondeur intègre ensuite le ski-études de Chamonix. Il devient l’un des meilleurs du départe-
Christophe Vassallo dans les années 90 où il a été champion de France à Morbier. b
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ment, mais le biathlon n’a pas encore bouleversé son destin. Sa première course carabine dans le dos tourne même au fiasco : une seule balle atteint la cible, mais il se régale. Et surtout il a la chance d’y croiser son idole : le Vosgien Yvon Mougel [lire page 8]... et même d’échanger quelques mots avec le héros malheureux des Jeux de Sarajevo. Une rencontre qui va sceller son choix. Sous la houlette de Patrick Ancey, le fondeur montblanais se mue en biathlète. Dans sa deuxième année cadets, il remporte même le classement général. Un succès qui lui ouvre les portes de l’équipe de France et du club du Grand-Bornand. Avec Stéphane Bouthiaux, Thierry Dusserre ou Lionel Laurent, il fait ses armes en coupe d’Europe. En 1989, il participe à sa première coupe du monde dans l’antre de Ruhpolding (Allemagne) aux côtés des cadres de l’époque que sont Christian Dumont, Patrice Bailly-Salins, Thierry Gerbier ou Jean-Paul Giachino. Surtout, cette époque est marquée par sa rencontre avec le patron de l’époque : David Moretti, l’homme qui a décomplexé le biathlon français, celui qui a fait comprendre à toute cette génération qu’il était possible de faire de grandes choses.
Athlète, puis coach
Pendant cinq hivers, il parcourt les stades de la coupe d’Europe, monte quelquefois parmi l’élite mondiale, comme à Oberhof, mais sans s’y maintenir. En 1993, faute de résultats, il sort des équipes de France et poursuit une année supplémentaire pour tenter de raccrocher le bon wagon. L’année 1994 marquera un nouveau tournant dans la vie de Christophe Vassallo. En janvier, il concourt sur les championnats de France à Morbier, sur les terres de Patrice Bailly-Salins. Avec 20/20 devant les cibles, il remporte le titre national devant les futurs médaillés olympiques du relais : Hervé Flandin et Lionel Laurent. Ce coup de
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maître est l’unique titre de sa carrière, mais il ne suffit pas : « C’était pour moi la confirmation que j’avais bien fait les choses, que j’avais fait le maximum. Je n’avais sûrement pas le bon moteur. J’ai dû probablement travailler plus que les autres pour moins de résultats », convient aujourd’hui « Vass ». Et c’est encore David Moretti qui va lui permettre de rebondir. Au printemps, l’Isérois livre ses dernières forces dans son terrible combat contre la maladie. Il convoque le biathlète et lui explique qu’il ne peut le garder chez les Bleus. La discussion va en fait lui ouvrir les portes de sa deuxième vie. L’aîné lui confie qu’il l’a beaucoup observé, apprécié son fair-play, son abnégation et son attitude : « tu as des valeurs pour l’encadrement », lui dit-il. Ces paroles résonnent comme une deuxième révélation pour le jeune retraité des circuits. Il a 26 ans, la passion intacte et l’envie de transmettre. Sans transition, il a pour mission de préparer la future équipe féminine, celle qui doit succéder à la génération dorée de 1992, celle de Florence Baverel
et Christelle Gros notamment. L’été et l’automne, il coache les filles. L’hiver, il devient technicien et assiste Francis Mougel et Dominique Epp sur la coupe du monde. Il découvre, expérimente. Il tisse un réseau dans les arcanes de la fédération internationale et avec les organisateurs étrangers. L’année suivante, il passe son diplôme de juge international. Il vit aussi de l’intérieur la formidable aventure des Mondiaux de 1995, à Antholz (Italie), où la France trône en haut du tableau des médailles pour la toute première fois. Des expériences fondatrices.
Un des hommes qui a bâti le biathlon tricolore
Un remaniement dans l’encadrement le propulse ensuite à la tête des deux groupes de l’équipe juniors. Et ce rôle lui va comme un gant. Il est motivé, volontaire. Rapidement, il fait le constat qu’hommes et dames ne devraient composer qu’un seul groupe. Le collectif encore dicte ses choix. Le boss Jacques Gaillard acquiesce. Vincent Defrasne, Sandrine Bailly, Christelle Gros, Del-
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phyne Peretto, Ferréol Cannard ne font alors plus qu’un. Vincent Defrasne se souvient d’un coach qui l’a « beaucoup aidé. Il a été mon premier entraîneur chez les juniors et il m’a vraiment accompagné. C’est un éternel optimiste, son discours était basé sur nos points forts, sans pour autant évincer les problèmes, mais avec une attitude toujours très optimiste ». Sandrine Bailly abonde : « Il était rassurant, il nous apportait beaucoup de confiance, c’était très important pour nous qui débarquions en équipe de France. Et puis il essayait de nous montrer autre chose que le sport de haut niveau, durant les stages ou les déplacements. On avait souvent une coupure pour aller visiter quelque chose parce qu’il est très ouvert aux autres cultures. Ça nous faisait du bien ! ». Presque dix ans plus tard, et après avoir pris en charge le groupe coupe du monde aux côtés de Pascal Étienne, Christophe Vassallo a encore envie de plus. Avec son compère Christian Dumont, ils font le constat que le biathlon français est à un tournant. Après les Jeux
Au stade des Tuffes, à Prémanon, Christophe Vassallo indique à l’un des biathlètes d’un chrono de sélection devant quelle cible il doit s’installer. b LAURENT MÉRAT POUR NORDIC MAGAZINE
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de Turin de 2006, tout s’accélère : les résultats, la médiatisation, la demande dans les clubs... Mais la France n’est pas au niveau : son circuit national n’est pas structuré, les grandes compétitions internationales, et notamment la coupe du monde, y sont absentes, Hervé Flandin est le seul Français à siéger à l’IBU. Hormis sur les tableaux des médailles, la France ne pèse pas grand-chose sur l’échiquier mondial. Les deux hommes décident donc de créer un poste central au sein de la fédération pour gérer tout le développement, la formation, la logistique. Il s’agit aussi d’améliorer le poids de la France à l’étranger. Le diplôme de délégué technique international est une formalité pour ce curieux pour qui l’anglais et l’allemand ne sont pas un souci. En 2009, il est choisi pour être directeur technique à Antholz. C’est le début d’une avalanche de missions hors de l’Hexagone. L’homme est apprécié, respecté pour son sérieux et sa rigueur. Felix Bitterling, le patron du sport à l’IBU, ne tarit pas d’éloges : « Christophe est quelqu’un de sérieux, de très précis. On peut lui faire
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Félix Bitterling, patron du sport à l’IBU
Christophe est quelqu’un de sérieux, de très précis. On peut lui faire confiance à 100 %... et il a un sacré sens de l’humour !
confiance à 100 %. Il ne comptera jamais ses heures, il est toujours prêt à rendre service. Et il a un sacré sens de l’humour ! ». Mondiaux juniors, coupe du monde, Jeux olympiques, championnats du monde : il est de tous les engagements en tant que chef de piste d’abord, puis dans le rôle central du DT. Il intègre ensuite le bureau technique de l’IBU, l’organe chargé d’éditer l’ensemble des règles des compétitions. Il en devient même le président en 2017 en remplacement de l’Américain Max Cobb. L’année suivante, il est réélu avec une unanimité impressionnante. Sur la scène nationale aussi, l’homme marque son empreinte. Il faut à la France un circuit national de qualité pour former, détecter et sélectionner les jeunes. L’idée est de décliner ce qui fonctionne déjà sur la coupe du monde. C’est la création du Biathlon Challenge (qui deviendra le Biathlon Samse National Tour par la suite) avec des formats de course codifiés, un classement général avec des dossards de leader, un commentateur dédié, etc. En parallèle, « Vass » et Christian Dumont font du développement avec la démocratisation du tir à 10 mètres, les premières courses jeunes, les stages cadets de la Toussaint qui vont accueillir successivement les Fourcade, Fillon-Maillet, Braisaz et consorts. Ils mettent en place également le Plan National Jeunes, le championnat de France cadets, les épreuves du Summer Tour... « Vass » développe encore la formation des juges
Le Haut-Savoyard intervient sur tous les grands événements internationaux. Ici, à l’occasion des JO de Pyeongchang. b
MANZONI/NORDICFOCUS
et supervise les sites qui veulent se doter de stade de compétition. À tout cela, il manque un élément crucial : la France se doit d’organiser une étape de coupe du monde. Hormis les étapes pré-olympiques des Saisies en 1991, jamais elle n’a reçu l’élite mondiale. Le challenge est énorme : il faut arriver au niveau de ceux qui, à Ruhpolding, Antholz ou Oberhof, hébergent des étapes depuis des décennies. Le mouvement est lancé. Parmi les dix-huit sites nordiques ayant répondu à l’invitation de la FFS pour entendre la présentation du cahier des charges d’une coupe du monde, six disent être prêtes à relever le défi. Parmi eux, le Grand-Bornand qui surfe sur la vague dessinée par la candidature des JO de 2018 portée par Annecy. La station propose un dossier unique, hors des standards habituels, sur un stade éphémère en plein cœur du village. Le Monsieur IBU de la FFS va user de toute son influence, de toute son expérience, pour mener à bien le projet.
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C’est un pari osé. Le journaliste de l’IBU Jerry Kokesh se souvient de la visite d’inspection menée par la fédération internationale dans la station des Aravis : « L’idée d’être comme cela au milieu du village était complètement inédite, et même si cela comporte des difficultés, cela donne un cadre unique aux compétitions. Christophe était à l’écoute de tous les conseils et de toutes les suggestions. Il avait vite compris que c’était la meilleure chance pour la France ». Patron du volet sportif au sein de l’organisation, il a formé un binôme complémentaire et qualitatif avec Yannick Aujouannet. Depuis 2013, force est de constater que le pari est plus que réussi !
Un homme apprécié
Le parcours du « chairman » du bureau technique est celui d’un rigoureux. Un cartésien qui aime comprendre les choses, un homme qui aime les règles et leur application sur le terrain. Le travail à moitié fait ne le satisfait pas,
le bâclé l’exaspère, la paresse n’est pas son leitmotiv. Mais n’allez pas y voir le portrait d’un austère, « Vass » est tout le contraire. Jerry Kokesh en convient : « Dès que vous le regardez, il a toujours un sourire et une poignée de main enthousiaste ». Une empathie franche et sincère qui fait de lui un homme apprécié. Même dans les couloirs de la Fédération française de ski, on loue sa sympathie et son éternelle bonne humeur. Claudine Minary, l’assistante administrative du pôle nordique au siège de la rue des Marquisats, voit en lui « le meilleur collaborateur que je puisse souhaiter à quelqu’un, toujours très calme, posé, réfléchi, incollable sur le moindre point de règlement ou sur les anecdotes du milieu du biathlon. Il me refile toutes les coupes ou globes que l’on glane par équipe pour décorer mon bureau et j’ai intérêt à trouver cela joli ! ».
La cosmétique du sport
Où qu’il soit, le champion de France 1994 la joue collectif. Des couloirs feutrés de la fédération internationale aux tables de bénévoles d’une coupe de France, des pas de tir de Sochi, Antholz ou Oslo aux pistes de Bessans, d’Arçon ou des Saisies, l’heureux papa de deux filles promène sa joie de vivre et sa passion du biathlon. Où qu’il soit, il tisse un rapport sincère et bienveillant, tout en gardant l’œil attentif aux détails. Il veut que ce sport qui lui a tant donné soit le plus beau possible. Pour ce grand bosseur, ce sont les détails qui font la réussite d’un événement surtout dans une discipline diffusée : « à la télé, un V-bord de travers, un filet mal mis, c’est ce qui se voit en premier », aime-t-il à rappeler. Son sport n’est pas qu’un chronomètre avec des skieurs et des dossards, c’est un tout : avec les médias, les partenaires, le public. Avec sa dramaturgie, ses héros et ses acteurs. C’est un spectacle scénarisé et esthétique, un show sérieux mais divertissant. Et le Bornandin attache ainsi autant d’importance au paquet-cadeau, à l’habillage qu’aux règlements de course. À tous ces éléments qui font que le biathlon captive autant, à ces petits riens qui font les belles choses. Et il a un mot pour tout ça : il appelle cela la « cosmétique ». Du grec kosmeo qui veut dire « j’orne, je pare ». Elle est au cœur de sa vision du biathlon. Une exigence de qualité, de beauté et de réussite, pour que le biathlon continue à faire battre son cœur et celui de millions de fans. n
Hors piste
n Règles des athlètes
LA FIN DU TABOU
Depuis quelques mois, le cycle menstruel des athlètes, principalement en Scandinavie, est pris en compte afin d’adapter le programme d’entraînement des athlètes femmes. En France aussi, on commence à s’intéresser aux règles et à leurs conséquences. 40 | nordic MAGAZINE | n°35
Il existe de grandes différences sur les réactions physiologiques de chacune face aux règles. b
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DROBOT DEAN
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ette année, j’ai décidé d’ajuster mon entraînement au plus près de mon cycle menstruel ». Cette phrase, passée relativement inaperçue, annonce peut-être une nouvelle ère pour les athlètes féminines des disciplines nordiques. C’est la biathlète norvégienne Tiril Eckhoff, deuxième au classement général de la coupe du monde la saison dernière, qui l’a prononcée. « Je pense qu’il faut utiliser le cycle menstruel pour tirer le meilleur de soi-même », ajoute-t-elle. En effet, la championne scandinave a remarqué que certaines périodes étaient plus propices à pratiquer son sport que d’autres. Par exemple, après l’ovulation, le muscle se construit plus facilement et les femmes sont plus alertes et de meilleure humeur que pendant la semaine précédant les menstruations. Du moins voilà ce qu’elle ressent. Et elle n’est pas la seule athlète à vouloir prendre en considération ses règles. En fait, c’est toute l’équipe norvégienne de biathlon qui s’y met, souhaitant même inscrire sur un calendrier
les dates des cycles des athlètes pour proposer un programme le plus proche possible des besoins de chacune. Aux États-Unis aussi, les règles font l’objet d’une attention toute particulière auprès de certains coachs de footballeuses. Et en France ? Comment perçoit-on les règles ? Sont-elles prises en considération ?
De régulières coupe-jambes
D’abord, on doit dire qu’il existe de grandes différences sur les réactions physiologiques de chacune face aux règles. Certaines ne ressentent quasiment rien au moment des cycles et peuvent continuer à travailler comme d’habitude, sans gêne particulière. C’est le cas de la fondeuse pontissalienne Anouk Faivre-Picon qui a évolué de nombreuses années en équipe de France avant de se consacrer aux longues distances. « Personnellement, je n’ai jamais senti que mes règles impactaient mes performances ou ma fatigue », explique-t-elle. D’autres peuvent même se sentir pousser des ailes. « Généralement, les règles me prennent beaucoup d’éner-
En Suède, les biathlètes veulent en savoir plus
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n Suède, les règles des biathlètes sont prises en compte dans les programmes d’entraînement depuis plusieurs mois. « En fait, nous abordons seulement la question et il nous faut en apprendre davantage », précisait en octobre la nouvelle directrice sportive Anna Maria Uusitalo à nos confrères de la télévision publique SVT. Qu’elle soit une femme n’est peut-être pas étranger à cette évolution des pratiques et des mentalités. Des chercheurs pensent qu’il peut être utile de comprendre les conséquences des menstruations sur le physique et le mental des sportives de haut niveau. C’est en
tout cas l’opinion d’Angelica Lindén Hirschberg, professeur d’obstétrique et de gynécologie à l’Institut Karolinska basée à Stockholm. « C’est en vous connaissant mieux et en sachant comment vous réagissez que vous pourrez optimiser à la fois votre entraînement et vos performances », a-t-elle annoncé aux intéressées dans les médias scandinaves. Également conseillère médicale du Comité olympique suédois (SOK) ainsi qu’auprès de son équivalent international (CIO), elle ne pense pas que les futures études puissent aboutir à des recommandations d’ordre général. Chaque femme a un cycle menstruel unique et donc les conseils ne
peuvent être que différents pour chacune. Il n’en reste pas moins que certaines données concernent l’ensemble de la communauté. Angelica Lindén Hirschberg évoque par exemple l’hypothèse selon laquelle il serait bénéfique de s’entraîner pendant une certaine phase du cycle menstruel, même si aucune preuve scientifique n’a jusqu’ici été avancée et que des recherches plus poussées sont nécessaires. En attendant, l’initiative a été bien accueillie par les principales intéressées à qui il est demandé d’inscrire leurs informations menstruelles sur leur carnet d’entraînement. « C’est un sujet où le sport est en fait loin d’être
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en avance. Il s’agit de l’une des plus grandes différences physiologiques avec les garçons et je pense que l’on doit absolument s’y intéresser davantage », a estimé Hanna Oeberg quand elle a été interrogée. « Ensuite, il est difficile de planifier l’entraînement en fonction de notre cycle. Nous devons beaucoup nous entraîner et toutes les sessions doivent se faire d’une manière ou d’une autre », réagissait la médaillée olympique Mona Brorsson. Pour autant, elle se réjouissait que ce tabou soit enfin tombé. « Les règles concernent la moitié de la population et on en sait encore si peu », dit-elle.
gie les deux premiers jours mais le troisième, je me sens au contraire en pleine forme et mes forces semblent décuplées », confie la fondeuse du Vercors Juliette Ducordeau. Pour elles, le plus gros souci posé se résume à des questions de logistique. « Notre combinaison de ski est un peu transparente et, parfois, on ne trouve pas d’endroits pour changer sa protection », poursuit la Dauphinoise. « Un jour, pendant une sortie chronométrée, je me suis ainsi retrouvée avec une fuite et j’ai fini la course avec le short taché. » Il arrive aussi que le stress de la compétition inhibe la douleur des règles et que celle-ci s’exacerbe une fois le calme revenu. « Cela m’est arrivé plusieurs fois », confie la skieuse de La Féclaz Laurie Flochon : « Tout se passe comme si le corps se mettait en mode compétition. Une fois l’effort intense physique terminé, le retour de bâton est souvent violent et les règles reviennent de plus belle. » Pour ces femmes-là, la pratique sportive n’est pas particulièrement affectée par les cycles. Le problème se pose pour les autres, celles qui sont victimes du syndrome prémenstruel avec une prise
de poids, des maux de tête, des nausées, de la diarrhée, des douleurs dans le bas-ventre (douleur pelvienne) et dans le dos (douleur lombaire) causés par les énormes contractions de l’utérus. D’après les études, cela concerne environ trois femmes sur quatre ! « On est toutes différentes », confirme Anouk Faivre-Picon. La Jurassienne explique : « Je connais une fille qui était vraiment perturbée par ses règles qui lui donnaient de violents maux de dos et lui “coupaient les jambes”. Je me souviens qu’elle disait en râlant : “Non mais, ils n’ont pas encore compris les entraîneurs que je ne suis jamais en forme tous les 28 jours ? Ça ne fait pas tilt chez eux ?”». La sportive subissait chaque mois la douleur intense de ses règles, comme une vieille rengaine. Pourquoi n’en parlait-elle pas à ses entraîneurs ? « Elle aurait aimé avoir une conversation avec eux », explique Anouk Faivre-Picon. « Remarquez, ce n’est pas forcément de leur faute. Bien souvent, ce sont des hommes et ils ne saisissent pas toujours ces problèmes ». Laurie Flochon acquiesce. « On sent bien que les règles ont un impact sur
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Une skieuse française
Non mais, ils n’ont pas compris les entraîneurs que je ne suis pas en forme tous les 28 jours ?
notre forme physique et mentale. Mais il s’agit d’un sujet encore trop tabou et assez peu pris au sérieux. Personnellement, j’en parlais parfois avec mes collègues, notamment avec ma petite sœur. On avait même acheté des patchs autocollants qui diffusent de la
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Les biathlètes suédoises inscrivent leurs informations menstruelles sur leur carnet d’entraînement. b
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PER DANIELSSON/PROJEKT.P
Toutes les quatre semaines, « pendant plusieurs jours, la forme des athlètes diffère, positivement ou non selon chacune. » b
KRAKENIMAGES.COM
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chaleur à mettre sur la culotte. Cela soulageait les maux de ventre. Ainsi, on se donnait des conseils entre nous. Mais on n’en parlait jamais au coach. » Dans le monde du sport nordique, on parle volontiers d’entraînement, de programme de nutrition, de sommeil. Mais pas des règles. Arnaud Durand, qui s’est occupé de l’équipe nordique Crédit Agricole Franche-Comté, connaît bien la problématique. « Je demandais aux athlètes de noter sur un carnet leurs sensations physiques à différents moments de l’entraînement et je me rendais compte que, chez les filles, les mêmes impressions ressortaient généralement au même moment, ce qui devait être en lien avec leur cycle. Comme il est délicat de l’évoquer collectivement,
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j’essayais d’adapter le programme à chacune selon ses menstrues. Mais cela s’avérait complexe à mettre en place car le sujet reste difficile à amener sur la table, la plupart des athlètes refusant d’en parler. Et puis, les fondeuses ne veulent souvent pas, consciemment ou inconsciemment, dire que les règles les gênent par moment, car cela fait un peu “athlète qui se plaint”. Il faut aussi dire que nous, les entraîneurs, sommes peu formés au sujet. Personnellement, je me souviens vaguement avoir eu un cours sur le fonctionnement hormonal de la femme mais cela remonte à un cours de première au lycée ! Ce serait bien d’avoir plus de connaissances précises et actuelles sur le sujet. De nombreuses études anglaises sortent
sur cette thématique et j’espère que l’on pourra être mieux formé à l’avenir sur ce sujet » [lire par ailleurs].
Le futur en rouge
Un autre coach confie avoir mis sur pied un programme personnalisé selon les cycles de ses athlètes. Mais il préfère pour le moment garder l’anonymat et ne rien dévoiler. Sa démarche illustre en tout cas l’évolution des mentalités. Le monde du nordique français s’intéresserait donc de plus en plus à cette thématique. « On se recontacte en avril prochain, quand je connaîtrai les premiers résultats ? », demande-t-il en s’excusant de sa réserve. Claire Breton est aujourd’hui
Arnaud Durand, ex-entraîneur du Team Nordique Crédit Agricole Franche-Comté
IL FAUT AUSSI DIRE QUE NOUS, LES ENTRAÎNEURS, SOMMES PEU FORMÉS SUR LE SUJET. 44 | nordic MAGAZINE | n°35
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VILLE DE
MOREZ COMMUNE NOUVELLE
DES HAUTS DE BIENNE
Direction Ancienne route de Saint-Claude
Projet d’aménagement des berges de la Bienne à Morez
L’ÉCHAPPÉE BIENNE,
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Voie douce de plus de 4 km le long de la Bienne du bas de Morez jusqu’aux infrastructures sportives de la Doye ! Il était une nouvelle fois Morez… Aux 19ème et 20ème siècles, l’effervescence économique de Morez a dessiné l’architecture particulière de la ville et s’est traduite par une exploitation frénétique des moindres mètres carrés disponibles pour créer usines et ateliers, fabriques diverses, stockage… chaque recoin de la ville a été utilisé pour finalement modeler autour de la Bienne, une cité minérale où les espaces verts étaient relégués aux pourtours de la ville. Mais les habitants d’aujourd’hui, plus peut-être que ceux d’hier, ont besoin de nature et de verdure !
L’aménagement d’espaces publics de qualité et l’offre d’aménités dans une ville sont des attentes fortes en termes de cadre de vie urbaine. C’est par la rivière que la ville s’est développée, il est donc légitime que ce soit par elle que les nouvelles habitudes de vie, à l’ère du 21ème siècle, fassent naître des lieux de bien-être dans lesquels la nature prendrait place au milieu de l’urbain. C’est le projet ambitieux de création d’une voie douce de plus de 4 kilomètres le long de la Bienne, colonne vertébrale de la vallée. Elle se nommerait l’Échappée Bienne ! Le projet de l’Echappée Bienne a fait l’objet d’études spécifiques, afin de préciser les besoins et les contraintes du territoire. Cette étape a été complétée par des phases de concertation avec les habitants. Le Cabinet d’étude Trait d’Union, qui accompagne la Ville dans ce projet, a analysé minutieusement les possibilités d’aménagement tout en préservant le lit de la Bienne et la faune qui l’habite. Une exposition composée d’esquisses est visible Place Jean Jaurès à Morez. L’étude d’avant-projet se poursuit en 2021. L’échappée Bienne serait synonyme de : Parcours sécurisé Déplacements doux (seules quelques zones de circulation partagée avec les véhicules à moteur dans le centre-ville) Sports, balades en famille, Lieu pour flâner sur un banc en observant la rivière et les paysages. Lieu de rencontre, de partage et de bien-être
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Notre mode de vie évolue, la Ville de Morez suit cette mutation pour que chacun s’épanouisse dans cette ville au cœur de la Montagne. Le contexte sanitaire de ces derniers mois, a été l’occasion de rappeler qu’il est agréable d’avoir des espaces de détente à seulement quelques pas des habitations, et davantage lorsqu’on réside en ville.
Direction La Doye
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Square des Forges Un espace de jeux . Un espace végétalisé
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Promenade de la Bienne Un espace de jeux . Un espace de promenade . Un espace de rapport à la Bienne
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Jardin Lamy Jeune : le jardin public de la commune Un espace de parc et de jeux . Des jardins partagés . Un espace de rapport à la Bienne
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responsable du tir du groupe jeunes/ juniors de l’équipe de France de biathlon. Lorsqu’elle encadrait la relève féminine du fond, elle demandait aux skieuses de surligner en couleur dans leur carnet d’entraînement les jours de règles et leurs sensations. « En France, on est très sensible à la charge d’entraînement, à son suivi. On va très loin dans certains domaines comme l’alimentation de l’athlète, le sommeil, le bien-être. Il est dommage de ne pas accorder une place aux règles quand on sait que celles-ci ont une influence sur la variabilité de la fréquence cardiaque, les émotions et la fatigue ». Modeste, l’ancienne représentante tricolore sur le circuit de la coupe du Monde ne considère pas ce qu’elle a fait comme « Personnellement, révolutionnaire. je ne prévoyais pas le programme en fonction des cycles, mais j’essayais d’apporter des ajustements individualisés grâce aux retours des filles, et notamment grâce à leur carnet. Établir tout un programme selon les règles me
Pour Claire Breton, responsable du tir de la rélève des biathlètes français, « le plus important est que les athlètes féminines se sentent accompagnées et écoutées. » b
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La parole est à la science D’ailleurs, où en est la science ? Les chercheurs s’accordent à dire que, pendant la première phase du cycle, dite « folliculaire », soit du premier au quatorzième jour, les hormones rendent la femme dynamique. Il s’agit donc d’un « moment propice aux efforts explosifs et au développement musculaire », précise Gwenaëlle Madouas, médecin du sport et de l’équipe de France féminine de cyclisme. Lors de l’ovulation, qui se situe environ au milieu du cycle (vers le 14e jour), des coups de fatigue peuvent apparaître et la laxité ligamentaire est plus importante que d’ordinaire. Or, comme les femmes ont déjà plus de risque de blessure ligamentaire que les hommes de façon générale, elles doivent encore plus faire attention pendant leurs menstruations. Enfin, dans la dernière partie du cycle (phase lutéale), les taux de progestérone augmentent tandis que ceux d’œstrogènes diminuent, ce qui serait propice aux efforts d’endurance. Ainsi, les variations hormonales dues au cycle menstruel ont un impact sur la forme physique de l’athlète et l’on peut intelligemment adapter ses séances de sport.
semble compliqué car les études sur le sujet sont trop généralistes alors que nous avons besoin d’ajuster les entraînements à chacune. Et puis, comment faire si les règles tombent le jour des Jeux olympiques par exemple ? »
Entre les lignes
Claire Breton connaît bien ses limites dans le domaine. C’est pourquoi le plus important à ses yeux est que les athlètes féminines se sentent accompagnées et écoutées. Ainsi, elle essayait de tenir compte des retours des filles et d’ajuster si besoin les séances en apportant des
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petites touches personnalisées. « Il faut que les athlètes féminines puissent s’exprimer sans se sentir jugées. Qu’elles aient la liberté de pouvoir parler de leurs règles avec leur coach ». Et pour celles qui préféraient rester silencieuses sur ce sujet délicat, Claire Breton tentait de lire entre les lignes pour déchiffrer l’influence des règles sur leur état physique et/ou mental. Voilà comment, sans être nécessairement formé sur la question, on peut déjà prendre en considération les cycles, tout en douceur et en respectant l’intimité de chacune. n
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(de g. à d.) : Gaël Blondeau, Laurent Muhlethaler, Mattéo Baud et Antoine Gérard. b
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Trois des quatre Français engagés en coupe du monde, fin novembre en Finlande, avaient moins de vingt ans. Dans le creux de la vague depuis l’arrêt de la génération Lamy Chappuis, le combiné nordique tricolore, avec sa jeunesse, voit l’horizon s’éclaircir.
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Marco Heinis au soleil couchant de Ruka, en Finlande. b
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l n’a que 25 ans. Pourtant, Antoine Gérard était le “doyen’’ des Bleus en Finlande sur la première étape de la coupe du monde, fin novembre. À Ruka, le Vosgien faisait équipe avec Gaël Blondeau, Mattéo Baud et Marco Heinis, des novices de 19, 18 et 17 ans. « On n’a pas hésité à les lancer », assume Jérôme Laheurte, le directeur des équipes de France de saut spécial et de combiné nordique. Solides au tremplin, les bizuths ont payé leur manque de séances sur neige. Seul Antoine Gérard a inscrit des points, privilège du top 30. Malgré ces résultats mitigés, le coach ne regrette pas son choix : « Gaël avait le quota de sa médaille de bronze aux Mondiaux juniors et Mattéo a réalisé un super été. À ce moment, on songeait déjà à l’envoyer en coupe du monde. » Le prometteur Marco Heinis, plus jeune engagé à Ruka, a remplacé Laurent Muhlethaler, blessé et revenu à la compétition à Ramsau (Autriche) mi-décembre.
Ce vent de fraîcheur soufflant en Laponie était attendu depuis la fin de carrière des derniers représentants de la génération Lamy Chappuis. Pendant plus de dix ans, avec François Braud, Maxime Laheurte et Sébastien Lacroix, ils étaient quasi indéboulonnables. « Quand j’étais athlète, les meilleurs du
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Antoine Gérard, membre de l’équipe de France de combiné
Il y a des moments charnières – vers 22-23 ans – où il faut percer.
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monde étaient au-dessus de nous ! Ils ont tellement fait progresser le combiné en France qu’on ne peut pas le regretter », confie l’ancien athlète Nicolas Martin. Désormais entraîneur du comité du Jura, il a achevé sa carrière en 2015, à seulement vingt-six ans, après une trentaine de départs en coupe du monde. Comme ses camarades de promotion, Samuel Guy, Wilfried Cailleau, Geoffrey Lafarge, il n’y a jamais trouvé sa place.
Barrés par la génération dorée
La génération dorée a tiré le rideau en deux temps, même si Jason Lamy Chappuis était sorti de sa retraite pour les Jeux de Pyeongchang (Corée du Sud) en février 2018. « Quand Jason et Sébastien ont arrêté, on a formé un groupe de sept-huit athlètes [N.D.L.R., pour l’hiver 2015-2016]. Antoine et Laurent sont sortis du lot pour accompagner François et Maxime », rappelle Jérôme Laheurte. Dans la foulée
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Le Jura, maillon fort de l’équipe de France
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aurent Muhlethaler, Mattéo Baud, Gaël Blondeau et Marco Heinis ont déjà évolué en coupe du monde cette saison. Edgar Vallet, Maël Tyrode et Tom Michaud sont quant à eux à l’affût. Dans les années qui viennent, les Bleus auront un fort accent jurassien. « Heureusement qu’ils sont là !, constate Antoine Gérard, le récent champion de France de combiné nordique. Dans les Vosges, on a aussi cette culture du combiné, mais c’est une question de générations. On en a eu, mais cela ne s’est pas toujours concrétisé à très haut niveau. » Malgré leurs similitudes, les deux massifs ne sont pas logés à la même enseigne. « Le Jura est le seul endroit en
France avec de telles conditions pour faire du saut et du ski en même temps toute l’année », complète le doyen des tricolores. Quand les jeunes Vosgiens rongent leur frein en scrutant le ciel, les Jurassiens sont à pied d’œuvre depuis plusieurs semaines. « Grâce au snowfarming, le tremplin de Prémanon est l’un des premiers au monde à être prêt pour l’hiver depuis plusieurs années, abonde Jérôme Laheurte, le directeur des équipes de France de saut spécial et combiné nordique. Quand début novembre, tu peux attaquer le saut et skier sur neige juste à côté, tu progresses plus vite. » Le massif jurassien bénéficie donc de la présence du CNSNMM
(centre national de ski nordique) mais aussi du site de Chaux-Neuve. « On a des élans réfrigérés, des canons à neige et des gens payés pour s’occuper des stades, prolonge Nicolas Martin, l’entraîneur du comité du Jura. En 2020, les jeunes n’ont eu aucune coupure entre l’été et l’hiver. » Cette continuité va bien au-delà de la transition saisonnière. Le combiné Gaël Blondeau est un pur produit de la filière jurassienne menant vers le haut niveau. « J’ai découvert le combiné grâce à mon club [N.D.L.R., le SkiClub Mont-Noir, à Chapelledes-Bois, dans le Doubs] qui avait organisé une initiation au saut. Dès que je me suis retrouvé sur le tremplin, je
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ne l’ai plus quitté. Ensuite, je suis parti au collège. J’étais à la section sportive de Mouthe comme Mattéo et Marco mais il y a aussi celle des Rousses. Puis, j’ai intégré le lycée de Morez », se remémore le médaillé de bronze des Mondiaux juniors 2020. « C’est aussi une question de mentalité, analyse Laurent Muhlethaler, 25e et meilleur Français de la coupe du monde la saison passée. Dans le Jura, les gens aiment le combiné. » « On s’adapte aux qualités de nos jeunes, reconnaît Nicolas Martin. On a beaucoup de combinés car on les recrute dans les clubs de ski de fond. À l’inverse, en Savoie ou dans le Mont-Blanc, il y a surtout des clubs de ski alpin. Le sauteur spécial vient
Théo Rochat. b
NORDIC MAGAZINE
Tom Michaud. b
MARCO HEINIS
Maël Tyrode lors de la coupe continentale de Park City, aux États-Unis. b
CHRISTOPHER PETERS
En janvier 2019, Laurent Muhlethaler s’élance du tremplin de Chaux-Neuve à l’occasion de la coupe du monde. b
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souvent de l’alpin. » Cadre technique du massif jurassien entre 2006 et 2017 avant d’intégrer le giron fédéral, Alexandre Villet a vu passer une bonne partie des athlètes qui composent aujourd’hui les équipes de France. « Dans le Jura, toutes les installations sont regroupées dans un rayon de trente kilomètres mais on a aussi bénéficié de l’effet Lamy Chappuis, précise le technicien. Edgar Vallet ou Gaël Blondeau étaient gamins à l’époque. Ils ont commencé en regardant Jason à la télé. Hormis Ronan Lamy-Chappuis, son cousin, qui s’est orienté vers le saut spécial car il avait des aptitudes pour ça, la plupart de nos jeunes voulaient faire du combiné nordique. »
des Mondiaux de Seefeld (Autriche), les deux “rescapés’’ ont aussi tourné la page en mars 2019. Le coin de ciel bleu de Ruka est-il le signe que le vide qu’ils ont laissé va enfin être comblé ? Jérôme Laheurte, échaudé par les déceptions du passé, reste prudent. Prendre un départ aux côtés des Riiber, Lamparter et autres Geiger est une chose, y jouer les premiers rôles une autre.
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Gaël Blondeau, membre de l’équipe de France de combiné
Avec les jeunes, on a grandi. On a l’âge où on progresse le plus.
Edgar Vallet à Ruka, en novembre 2019. b
VIANNEY/NORDICFOCUS
Aucun athlète né après 1986, l’année de naissance de Jason Lamy Chappuis, et avant 1995, celle d’Antoine Gérard, n’a réussi à percer au plus haut niveau. La génération de Nicolas Martin n’a pas été la seule à ne pas franchir le dernier palier. Né en 1994, Hugo Buffard était un bolide sur les skis, mais n’a jamais atteint un niveau suffisant au tremplin. D’un an son aîné, le talentueux Théo Hannon, vice-champion du monde junior en 2013 derrière l’Allemand Manuel Faisst, a jeté l’éponge fin 2016 en raison de problèmes récurrents à la cheville. « En Allemagne, Autriche ou Norvège, tu peux rester jusqu’à trente ans dans le collectif national même en coupe continentale, constate An-
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toine Gérard. En France, c’est plus compliqué. Certains ont arrêté pour des raisons sportives, d’autres parce que ce n’était plus possible financièrement. Il y a des moments-charnières – vers 22-23 ans – où il faut percer. » Ce couperet est tombé pour les athlètes qui ont œuvré en même temps que la génération dorée du combiné tricolore. Souvent en tête à tête la saison passée, Antoine Gérard et Laurent Muhlethaler ont donc accueilli leurs nouveaux camarades de jeu avec un plaisir non feint. « J’avais adapté mon entraînement pour suivre toutes les épreuves de Ruka à la télé. J’étais à bloc ! », glisse le Jurassien. Les aînés du groupe voient dans ces jeunes pousses le levier qui tirera le combiné tricolore vers le haut. « Il y a une belle émulation et cette relève, ça nous fait du bien. Sur un combiné, ils ne sont pas loin du compte mais avec Lolo, on ne les laissera pas faire !, s’amuse Antoine Gérard. La saison passée, il y avait encore un petit écart mais en élevant leur niveau de saut, ils se sont beaucoup rapprochés. » Jérôme Laheurte et Étienne Gouy, le responsable du groupe de coupe du monde, opéreront peut-être bientôt des choix cornéliens. Derrière, le juvénile trio de Ruka, Edgar Vallet, déjà aperçu en coupe du monde les hivers précédents, Maël Tyrode, Tom Michaud et Théo Rochat sont en embuscade. « Entre 2000 à 2003, on a une belle densité, constate Alexandre Villet, le responsable des groupes de coupes continentale et des Alpes. Cette génération a fait des médailles aux Mondiaux juniors la saison passée1. »
Oberstdorf dans le viseur
En décembre dernier, Mattéo Baud et Gaël Blondeau, lors de l’étape de coupe du monde à Ramsau, en Autriche. b
VOLK/NORDICFOCUS
« Sur la dizaine d’athlètes qu’on a, tous n’atteindront pas le très haut niveau, prévient Jérôme Laheurte, mais s’ils continuent d’évoluer ensemble, leur niveau moyen s’élèvera. À la fin, on aura une vraie équipe. » Et la France pourra à nouveau viser les podiums. En 2013 aux championnats du monde de Val di Fiemme (Italie), les tricolores étaient en or. Deux ans plus tard à Falun (Suède), ils avaient récolté la médaille de bronze. La marche est haute, mais à l’image de Gaël Blondeau, les jeunes loups ne nourrissent aucun complexe. « Les Mondiaux seniors d’Oberstdorf [N.D.L.R., en Allemagne, du 22 février au 7 mars] me font envie. Je rêve de ces grands évènements depuis tout petit !, s’enthousiasme le so-
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Laurent Muhlethaler (ici à Val di Fiemme) a été blessé au bras en fin de préparation. Le Jurassien est revenu en coupe du monde le 18 décembre, dernier en Autriche.
Jérôme Laheurte, directeur des équipes de France de combiné
Nos jeunes ont un truc, mais après, ça passe par beaucoup de travail. Des gars talentueux, il y en a plein en coupe du monde.
ciétaire du Ski-Club Mont-Noir. Avec les jeunes, on a grandi. On est à l’âge où on progresse le plus. » Jason Lamy Chappuis avait décomplexé sa génération. « À la fin de leur carrière, François, Sébastien et Maxime avaient tous obtenu au moins un podium individuel », dixit Jérôme Laheurte. Dans son groupe rajeuni, il espère tenir les leaders de demain. « Se battre pour entrer dans les dix premiers en coupe du monde et avoir des jeunes dans les points après avoir joué des médailles, c’est dur, mais c’est excitant de voir ces garçons monter. L’état d’esprit laissé par Jason est encore là. Ces gamins ont la fibre de la gagne. S’il y en a un qui sort du lot, il emmènera sa génération derrière lui », ambitionne le directeur du saut et du combiné français. Encore un peu de patience, mais la relève tricolore est une hydre qui progresse à un bon rythme. « Ils ne vont pas tous à la même vitesse, concède toutefois Alexandre Villet. Il y a trois ou quatre saisons, Edgar Vallet et Maël Tyrode étaient devant. Là, c’est Gaël Blondeau. Il faut que les autres suivent et montent aussi en première division. » Nicolas Martin et ses camarades de promotion l’ont appris à leurs dépens, malgré un contexte différent. Quand on a sa
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chance, il faut vite s’installer. « C’est le jeu du haut niveau, mais aujourd’hui, c’est plus facile de lancer des jeunes Français », constate l’entraîneur du massif jurassien. Les sourires de Jason Lamy Chappuis dissimulaient des litres de sueur et des heures de souffrance. « Nos jeunes ont un truc, mais après, cela passe par beaucoup de travail,
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prévient Jérôme Laheurte. Des gars talentueux, il y en a des tas en coupe du monde. » n 1. Gaël Blondeau, en plus de sa 3e place individuelle, avait pris la 2e place par équipe avec Edgar Vallet, Maël Tyrode et Mattéo Baud aux Mondiaux juniors d’Oberwiesenthal (Allemagne).
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SOUS LE SIGNE DES BÉLIERS
La Clusaz au sommet
Dix ans après la retraite de Vincent Vittoz, la section nordique du Club des Sports de la Clusaz compte dans ses rangs, avec Hugo Lapalus, Jules Chappaz, Martin Perrillat-Bottonet et d’autres, la relève française. Une situation difficile à imaginer il y a une décennie. Quel est le secret de cette ascension ?
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Hugo Lapalus, lors de l’étape de coupe du monde à Davos. Le Cluse symbolise aujourd’hui l’avenir du ski de fond tricolore. b
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Gérard Agnellet, « c’était le grand frère ». Cet hiver, il a couru en coupe du monde à Falun (Suède). b
NILS LOUNA
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’est une pièce rectangulaire. Du blanc sur les murs et du gris au sol. Une chaise de bureau avec des roulettes, des formes à farter posées sur des établis. Dans un coin, des rangées de skis, alignés comme au départ d’une mass-start. Pas de posters, juste quelques feuilles punaisées sur une plaque en bois. Sur la porte, il est écrit en lettres noires sur une plaque en métal gris « ski de fond ». Sur celle d’à-côté, on lit « ski alpin ».
Le plaisir avant tout
Pour chaque visiteur, c’est juste la salle occupée par la section nordique dans les locaux du Club des Sports de La Clusaz. Un nom tiroir pour tout ranger. Dans le code des nordiques, c’est le local. Ce qui en dit plus sur leur identité et ce qui les réunit. Cela raconte ce plaisir de glisser que petits et grands partagent et qu’ils aiment se raconter avant chaque sortie pour continuer à grandir ensemble. « Tous les matins, avant les sorties du club, on se retrouve ici, au local, explique Hugo Lapalus. C’est un lieu d’échange. Je partage des choses avec les plus jeunes. Quand j’étais à leur place, j’adorais ces moments avec les plus grands. Ce sont tous ces instants qui donnent envie de faire du ski de fond et font rêver. C’est ce qui renforce nos liens. »
Le village de La Clusaz au pied des Aravis. b
BENOÎT BRUCHEZ
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Le regard de Vincent Vittoz sur son ancien club
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e champion du monde de ski de fond de 2005 a fait ses débuts au sein du Club des Sports de La Clusaz. S’il vit désormais sur le plateau du Vercors, en Isère, l’entraîneur de l’équipe de France de biathlon suit avec attention l’évolution de son club formateur. « C’est sympa de voir que le Club des Sports de la Clusaz continue de former des jeunes et de les accompagner, parce que c’est réellement ça, dans leur pratique et jusqu’aux équipes de France. Il y a un vrai investissement et derrière, cela crée
une dynamique qui a permis à cette génération d’aimer s’entraîner, d’aimer progresser et d’aimer être ensemble, c’est-à-dire tous les ingrédients qui font que les jeunes restent dans un club. Je suis heureux quand je vois ce Team Bélier qui monte sur les coupes du monde et qui fait des résultats aux championnats du monde juniors. Cela ne vient pas de nulle part. Le
Vincent Vittoz, ancien licencié du CS La Clusaz, entraîne aujourd’hui les biathlètes de l’équipe de France. b FRANCK FAUGÈRE, PRESSESPORTS
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travail de fond a été bien fait. Il y a cet esprit travailleur et, en même temps, détaché de la performance. Ils aiment aussi la vie tout simplement et en profiter. C’est une bande de copains. Le Club des Sports réunit de nombreuses disciplines. Chaque année, le nombre de licenciés augmente et cela même si le village voisin, le Grand-Bornand, accroît aussi son nombre de pratiquants. Le travail des deux coachs qui s’investissent vers les jeunes porte ses fruits. De l’extérieur, je sens qu’ils fédèrent, font apprécier aux jeunes le sport et les motivent à s’entraîner. Et cela paie. Cette section nordique dégage de la joie de vivre. »
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Team Bélier : le temps des pionniers
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Mathieu Perrillat-Bottonet Lucas Pollet-Villard Axel Maistre Antoine Agnellet Théo Schely Gérard Agnellet Martin Perrillat-Bottonet Hugo Lapalus Jules Chappaz Matthieu Hudry-Clergeon
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TEAM BÉLIER
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Le benjamin du groupe coupe du monde ne parle pas de résultat, de méthode, mais de philosophie. D’une façon de vivre différente et d’appréhender autrement le sport que par le prisme unique de la compétition. « Ici, il y a un super état d’esprit, complète Jules Chappaz, champion du monde junior
en 2019. Il y a une volonté de s’amuser et de ne pas se focaliser sur la performance ». Et ça fonctionne. En une décennie, la section nordique du Club des Sports de La Clusaz a multiplié par quatre le nombre de ses licenciés. Ils sont plus de quatre-vingt en 2020. Il y a dix ans, ils n’étaient qu’une
Théo Schely lors d’un chrono organisé cet hiver à Prémanon.. b
QUENTIN JOLY/JOLYPICS
vingtaine. Parmi eux à l’époque, Hugo Lapalus, Théo Schely et Jules Chappaz. Ils incarnent aujourd’hui la relève du ski nordique français, fruit d’un travail de fond mené au sein de la section. Car si, comme le rappelle Christophe Deloche, entraîneur au sein du Comité du MontBlanc, « c’est une belle génération », il précise aussi que « le club a su garder ses jeunes » pour les mettre sur les rails du haut niveau. On peut tout imaginer ou fantasmer mais, derrière cette réussite, il n’y a pas vraiment un plan ou une stratégie fixe. Juste une recette, toute simple. « Le point de départ, c’est d’essayer de faire que les jeunes se sentent bien et aient envie de revenir à l’entraînement, décrypte Fabien Fournier, qui travaille en duo avec Joël Perrillat depuis 2010. Le but est que chacun fasse du mieux qu’il peut et cela sans pression. On veut que tous prennent du plaisir et que l’émulation soit bonne. »
Agnellet, le grand frère
C’est peut-être ce qui a parfois ralenti le club qui a connu de belles années,
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LA CLUSAZ
mais celles-ci commençaient à dater. « La bande de copains est importante, relève Stéphane Vittoz, directeur du CS La Clusaz. Vincent [Vittoz], sorti des années cadets, personne n’allait s’entraîner avec lui. Aujourd’hui, il y a cette émulation qui fait que tous se motivent. » Et de préciser : « Gérard Agnellet nous a permis de passer ce cap. Même s’il n’était pas en équipe de France, il a participé à la coupe du monde à La Clusaz [N.D.L.R., 43e du 15 km libre mass-start en 2016). C’était le grand frère et il a donné envie aux autres. »
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Fournier et Perrillat pour chefs d’orchestre
Pour mettre des images sur les mots, il faut monter plus haut. Sortir du village, laisser le clocher dans le rétro, les pistes de ski alpin à droite et se hisser sur le plateau des Confins, au pied de la chaîne des Aravis qui dévore le ciel. Là, sur les pistes, des grappes de gamins en tenue verte et blanche glissent, rient. Au milieu, deux têtes dépassent. Ce sont Fabien Fournier et Joël Perrillat. Ils jouent les chefs d’orchestre dans la bonne humeur. « Les deux
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La Clusaz se retrouve désormais dans les palmarès du biathlon grâce à Martin Perrillat-Bottonet. Fer de lance du groupe B, il incarne la relève chez les tricolores. Triple vainqueur du classement de la coupe de France, le garçon a déjà beaucoup gagné : médaillé aux championnats d’Europe juniors, double vice-champion du monde juniors, multiple champion de France, sa collection de médailles est impressionnante. Quatrième et meilleur Français du général de l’IBU Cup 2019-2020, le Cluse a même pu se mesurer à l’élite mondiale lors de l’étape de coupe du monde de Konthiolahti.
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Christophe Deloche, entraîneur au comité régional de skl du Mont-Blanc
LA RÉUSSITE DU CLUB DES SPORTS DE LA CLUSAZ, C’EST UNE HISTOIRE D’HOMMES.
entraîneurs que nous avons, c’est un couple, se marre Stéphane Vittoz. C’est important si tu veux créer une émulation. » « La réussite actuelle du Club des Sports de La Clusaz, c’est une histoire d’hommes, retient Christophe Deloche. Les deux entraîneurs se complètent. Les jeunes sont bien au club. Joël et Fabien sont un vrai soutien. » Quand Christophe Deloche a pris en main le comité en 2014, le nombre de Cluses au sein du groupe se comptait sur les doigts d’une main, ils sont aujourd’hui neuf sur trente-deux, gars et filles confondus, soit l’une des entités les mieux représentées dans le massif du Mont-Blanc. Fabien Fournier cherche ses mots pour expliquer ce que vit le club actuellement. Il confie « ne pas avoir senti de changement », « avoir fait avec Jo’ comme ils le pensaient » et que « le système fonctionnait déjà avant eux ». Il suffit, pourtant, de tendre l’oreille pour comprendre que leurs actes, même silencieux, ont pesé dans cette réussite.
« Sans eux, j’aurais probablement arrêté, lâche Chappaz. Avec Hugo [Lapalus], en cadets, nous n’étions pas pris au comité, et ils nous ont entraînés. » Hugo Lapalus appuie : « Je ne serais pas où j’en suis si je n’avais pas croisé leur route. Depuis qu’ils sont là, tout le monde a progressé. Ils savent transmettre leur passion. »
Un troupeau de béliers
Lapalus et Chappaz ne sont pas des cas isolés. La méthode est reproduite avec tous. Et ce quel que soit le niveau de chacun. « On essaie de maintenir la même façon de faire avec tout le monde », concède Fournier. Ce que les deux entraîneurs ont transmis, les plus grands tentent à leur tour de le partager avec les plus jeunes et aussi tout le village qui a toujours été identifié plus alpin et freestyle que nordique, malgré l’organisation jusqu’en 2016 d’une étape de la Coupe du monde de ski de fond. La naissance du Team Bélier se lit dans ce rapport, parfois déséquilibré. Dans cette absence de connaissance
d’une pratique et de ce qui lie les licenciés entre eux. « On est parti du principe qu’on faisait du ski de fond et pas que, résume Hugo Lapalus. On se retrouve pour s’entraîner mais, aussi, se faire des casse-croûte. On voulait montrer à tous qu’on était capable de s’entraîner et s’amuser aussi. » Cela s’est soldé par une présence régulière depuis 2016 sur le podium des championnats de France des clubs dont une victoire en 2018. Cela s’est remarqué au printemps 2019 à la lecture des groupes fédéraux où trois coureurs (Lapalus, Chappaz, Schely) sur les six qui formaient le collectif U23 étaient de La Clusaz. « Il y a une dynamique réelle à la Clusaz, analyse Deloche. La roue est lancée et une fois qu’elle tourne, elle entraîne tout le monde. Ce n’est pas près de s’effondrer. » « L’objectif n’est pas d’avoir quinze athlètes en équipe de France, referme Stéphane Vittoz. Si ça vient, tant mieux. On veut que le ski nordique soit un plaisir. » Et que cela s’entende et résonne encore longtemps dans le local. n
En décembre 2020, Jules Chappaz lors de la coupe du monde de ski de fond à Davos, en Suisse. b
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Désormais, l’heure est à la transmission pour le Vosgien Maxime Laheurte, apaisé et diplômé préparateur mental depuis juillet. b THOMAS DEVARD POUR NORDIC MAGAZINE
MAXIME LAHEURTE Dans la tête des sportifs
Les aspérités de son parcours à haut niveau et sa curiosité ont poussé Maxime Laheurte à devenir préparateur mental. L’ancien membre de l’équipe de France de combiné nordique avait lui-même fait appel à un spécialiste dans la dernière ligne droite de sa carrière.
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la formation a eu lieu à distance. Il a aussi passé dix jours sur place pour les mises en situation. L’étudiant Laheurte a été reçu du premier coup. C’était en juillet dernier. Depuis cette date, il peut officiellement exercer, mais le Vosgien n’a pas rangé ses cahiers. Il s’est récemment lancé dans un cursus sur l’imagerie mentale.
Une démarche qui n’est plus taboue
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l voulait comprendre. Pourquoi sa carrière, malgré un talent évident, a emprunté un trajet de montagnes russes ? Pourquoi il a tutoyé les étoiles, notamment lors des compétitions par équipes, mais aussi touché les abîmes ? En quête de réponses, Maxime Laheurte a travaillé à la fin de son parcours en haut niveau avec Stéphane Brogniart. Ce spécialiste de l’ultra-trail et des défis insensés – il a traversé l’Atlantique à la rame, en solitaire et sans assistance début 2020 et prépare le même type d’expédition dans le Pacifique sud – a permis au Gérômois de retrouver de la sérénité. « Bien vivre ses fins de saisons qui étaient toujours problématiques et sa fin de carrière a convaincu Maxime de l’importance de la préparation mentale », observe l’aventurier. Au point que l’ex-combiné choisisse d’en faire son métier. « Cela m’a semblé normal qu’il s’oriente vers cette reconversion. À la fin, il faisait pratiquement le cours tout seul ! », souligne Stéphane Brogniart. Ses skis remisés, Maxime Laheurte a poursuivi l’introspection. « Cela s’est souvent joué au mental pour moi, reconnaît le champion du monde de 2013 à Val di Fiemme (Italie). Mes grosses désillusions, pertes de confiance et spirales descendantes étaient compliquées à gérer. Je mettais plusieurs mois à m’en remettre. J’ai voulu comprendre ces mécanismes. Pour ma culture personnelle, je me suis inscrit au diplôme universitaire de préparateur mental et d’aide à la performance de l’université de Clermont-Ferrand. » Une partie de
Dans le cadre de sa formation, l’ancien coéquipier de Jason Lamy Chappuis a accompagné une volleyeuse professionnelle en deuxième division à Saint-Dié-des-Vosges, à proximité de Gérardmer. « On a commencé à travailler ensemble en février et j’ai voulu continuer pour approfondir. L’objectif, c’est que je sois autonome pour la seconde partie de saison », précise Thaïs Daden. À 22 ans, la Bretonne met tous les atouts de son côté pour s’installer au sommet de son sport et l’assume. « Les athlètes ne communiquent pas tous sur cette démarche et cela se respecte. Cela a évolué ces dernières années et j’essaie de faire passer ce message, souligne Maxime Laheurte. Faire de la préparation mentale démontre que tu mets tout en place pour être performant. C’est valorisant. » S’il assume son passé, le jeune homme de 35 ans admet qu’il aurait dû explorer cet aspect plus tôt : « J’ai tardé à prendre conscience que je ne maîtrisais pas certains paramètres. Quand
j’étais dans le faux, je me renfermais. Au contraire, il faut ouvrir les yeux et accepter ce qui fait défaut. On ne peut pas supprimer le stress, mais on peut apprendre à le gérer. » Ses doutes de sportif ont fait sa crédibilité d’aujourd’hui. À première vue, Thaïs Daden et Maxime Laheurte n’avaient rien en commun. Pourtant, l’attelage fonctionne. « Il m’a aidé à prendre de la hauteur sur ce qu’il y a autour du volley. Ma gestion des émotions a évolué et cela a influé sur mes performances, abonde la volleyeuse. Nos univers sont différents, mais les outils de la préparation mentale sont les mêmes. Maxime reste un sportif de haut niveau. »
L’art d’écouter l’athlète
Contrairement à l’idée reçue, les préparateurs mentaux ne sont pas des magiciens, comme l’explique Stéphane Brogniart : « Quand Maxime s’est tourné vers moi, il était perdu. J’ai l’habitude d’y aller à coups de tronçonneuse – c’est violent mais c’est ma façon d’être – et cela s’est tout de suite bien passé alors qu’on ne se connaissait pas. Il a eu un déclic. » Les deux hommes ont lancé leur collaboration en décembre 2016. Elle a donc vite porté ses fruits mais Maxime Laheurte y voit un mauvais exemple : « Stéphane a une méthode plus brute que la mienne. C’est arrivé à un moment où j’avais besoin de cela. Il fallait me secouer. Deux ans avant, cela n’aurait sans doute
17 mars 2019. Maxime Laheurte, membre de l’équipe de France de combiné nordique, dispute sa dernière course internationale à Schonach, en Allemagne. b
VIANNEY THIBAUT/NORDICFOCUS
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Un qui n’a pas été surpris par la reconversion de Maxime Laheurte, c’est son ancien préparateur mental, l’aventurier Stéphane Brogniart. « À la fin, il faisait pratiquement le cours tout seul », dit-il. b THOMAS DEVARD POUR NORDIC MAGAZINE
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Bio Express
À Gérardmer, dans les Vosges, où il vit, Maxime Laheurte aime à dialoguer avec des jeunes skieurs qu’il rencontre lors de ses sorties sur les pistes. b
Plus de quatorze ans au plus haut niveau ! Maxime Laheurte a disputé sa dernière épreuve de coupe du monde le 17 mars 2019 à Schonach (Allemagne). C’était son 209e départ individuel. Le premier avait eu lieu le 29 janvier 2005 à Sapporo (Japon). Auteur de deux podiums individuels en début de carrière sur des formats révolus – 3e du sprint de Lillehammer (Norvège) et aussi 3e de la mass-start de Ramsau (Autriche) en décembre 2006 -, il a su s’adapter aux évolutions d’une discipline où le ski de fond est devenu primordial. Remplaçant aux Jeux olympiques de Turin en 2006, il a pris part aux trois éditions suivantes. La médaille par équipe s’est toujours refusée aux Français (4e à Vancouver en 2010 puis Sochi en 2014 et 5e à Pyeongchang en 2018) mais Maxime Laheurte a décroché le titre aux Mondiaux 2013 de Val di Fiemme (Italie) au sein du carré magique qu’il formait avec Jason Lamy Chappuis, François Braud et Sébastien Lacroix. Le quatuor a aussi ramené le bronze des Mondiaux 2015 de Falun (Suède). Installé sur les hauteurs de Gérardmer dans les Vosges, d’où il est originaire, le jeune homme de 35 ans est désormais père de deux jeunes enfants.
THOMAS DEVARD POUR NORDIC MAGAZINE
pas marché. » Le feu et la glace se sont trouvés : « On a des tempéraments et des méthodes différentes, mais on se ressemble sur la construction, relaie Stéphane Brogniart. Je ne pourrais pas travailler avec certains athlètes et inversement. Je leur ferai plus de mal que de bien. » La préparation mentale est une affaire de rencontres. « J’y avais touché avant de travailler avec Stéphane mais cela n’avait pas fonctionné, avoue Maxime Laheurte. Il faut que ça matche et je n’avais peut-être pas croisé les bonnes personnes. Le seul acteur, c’est l’athlète mais le rôle du préparateur mental, c’est de le comprendre. C’est pour cela
qu’il y a beaucoup d’écoute dans un premier temps. » L’ex-international est adepte des méthodes douces.
Pas des gourous
Ancien champion de France cadet de combiné nordique et issu de l’AS Gérardmer Ski Nordique comme Maxime Laheurte, Naokin Jacquel, 19 ans, est à la recherche de son meilleur niveau depuis une opération à la cheville, début 2019. Il se consacre désormais au saut et travaille depuis quelques mois avec son camarade de club. « Mon problème est mental, assume le jeune homme. À Gérardmer, début octobre 2020, j’avais réalisé une contre-performance aux
championnats de France. Je me suis dit qu’il fallait essayer quelque chose. » Naokin Jacquel a donc contacté son aîné. « Je ne prenais pas les compétitions par le bon bout. Maxime a testé différentes approches. On s’appelait pendant les stages pour voir si j’avais réussi à les mettre en place et si cela fonctionnait. Il cherche toutes les possibilités et ajuste son idée. C’est intéressant de travailler de cette façon. » Maxime Laheurte l’avoue : intervenir dans sa discipline peut s’avérer une fausse bonne idée si on ne prend pas des précautions. « J’essaie d’éviter les parallèles. J’aurai tendance à dire à un athlète que je sais exactement ce
Stéphane Brogniart, aventurier, ultra-traileur et préparateur mental
PARFOIS, LES ATHLÈTES NOUS PRENNENT POUR UN GOUROU. MAIS NOUS SOMMES DIPLOMÉS ET AVONS UNE ÉTHIQUE. 68 | nordic MAGAZINE | n°35
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Maxime Laheurte a déjà accompagné Thaïs Daden, volleyeuse professionnelle en deuxième division à Saint-Dié-des-Vosges. THOMAS DEVARD POUR NORDIC MAGAZINE b
qu’il ressent car je l’ai vécu. C’est possible que cela s’en approche, mais je n’en sais rien. Avec Naokin, je suis resté en retrait sur les premiers entretiens, comme si je découvrais son sport. Il faut se mettre dans la peau de l’autre. Le but premier, c’est que l’athlète se découvre, trouve sa méthode et les outils qui fonctionnent avec lui. » Pour être efficace, la relation avec un sportif doit être limitée dans le temps. « On vise à rendre les athlètes autonomes, mais parfois, ils prennent le préparateur mental pour un gourou, met en garde Stéphane Brogniart. Avec Maxime, nous sommes diplômés et nous avons une éthique. La meilleure récompense, c’est quand l’athlète n’a plus besoin de nous. Ou juste pour des petites touches. » Ce cadre précis, Maxime Laheurte le rappelle en amont de chaque collaboration : « On arrête un nombre limité d’entretiens. Ensuite, l’athlète définit ses objectifs, mais on fixe les rendez-vous les uns après les autres. Il est libre d’arrêter quand il veut. Dans ma démarche, j’ai cinq mots-clés : bienveillance, non-jugement, respect, engagement et plaisir. »
Une relation à l’humain
S’il s’appuie sur son parcours à haut niveau, l’ancien nordique ne s’appesantit pas dessus. « L’idée n’est pas de se calquer sur mon vécu, mais j’ai connu ce que les athlètes peuvent rencontrer comme la gestion du stress ou des émotions. Il m’est arrivé de balancer mon casque en bas du tremplin pour un saut raté. Sur le moment, cela paraît inévi-
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Maxime Laheurte
La préparation mentale n’est pas une relation au sport mais à l‘humain.
table et incontrôlable. Il faut trouver des mécanismes pour que cela ne se reproduise pas. » Ses plus belles émotions sportives, Maxime Laheurte les a vécues par équipe. S’engager dans cette voie où le relationnel est primordial semblait une La préparation mentale évidence. « n’est pas une relation au sport mais à l’humain. On a tous plus ou moins les mêmes émotions et les mêmes problématiques par rapport au sport. J’ai coutume de poser deux questions. La première, c’est “quelle est la part du mental dans ta performance ?” Je n’ai jamais entendu moins de 40 % et cela peut monter jusqu’à 75 %. La seconde, c’est “quelle part de ton entraînement est consacrée au mental ?” La plupart répondent zéro. Juste avant, ils m’ont dit que c’est 40 % minimum de leur performance… » Le travail de Maxime Laheurte peut commencer. n
Maxime Laheurte et l’aventurier Stéphane Brogniart qui a été son préparateur mental. b
NORDIC MAGAZINE
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Championnats de France de
biathlon & SKI DE FOND 26-27 & 28 MARS 2021 les contamines-montjoie Domaine nordique 4 saisons
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Planète nordique
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Après Ruka, le Norvégien a quitté la coupe du monde et a manqué le Tour de Ski. La faute au coronavirus. Aux Mondiaux d’Oberstdorf, il aura à cœur, en février, de sauver sa saison. b
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JOHANNES HOESFLOT KLÆBO J’espère revenir plus fort lorsque cette pandémie ne sera plus qu’une vieille et lointaine histoire.
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ohannes Hoesflot Klæbo est en première ligne. Dans la lutte contre la propagation de la Covid-19, la star norvégienne du ski de fond, dont les moindres faits et gestes sont épiés par les médias de son pays, est prudente. Très prudente, même. C’est que le triple champion olympique à la gueule d’ange fait tout pour ne pas contracter le coronavirus. Quitte à mettre entre parenthèses sa passion : le ski de fond. C’est ainsi qu’il a décidé de faire l’impasse sur les étapes de coupe du monde disputées
en Europe continentale en décembre dernier ainsi que sur le Tour de Ski en début d’année. Dans un hiver qui ne ressemble à aucun autre, celui qui ira aux championnats du monde d’Oberstdorf (Allemagne) seulement si toutes les conditions sanitaires sont réunies, se confie à Nordic Magazine.
Johannes Hoesflot Klæbo. J’essaie de le vivre le plus normalement possible, comme une personne lambda, sans être préoccupé par mon statut dans le ski de fond. Ceci dit, je ne peux pas toujours faire comme les autres jeunes de mon âge sans prendre le risque de me retrouver à la une des journaux [sourire].
NORDIC MAGAZINE. Vous êtes considéré comme la grande star du ski de fond mondial. Comment vivez-vous ce statut ?
N’est-ce pas trop difficile d’être sans cesse traqué par les journalistes ? La gestion des médias fait par-
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En Norvège, le jeune homme de 24 ans est une véritable star. Sa vie est relayée quotidiennement par les médias comme les footballeurs et les artistes en France et en Suisse. b
tie des responsabilités auxquelles les fondeurs norvégiens doivent faire face. Mais il ne faut pas se tromper de cible, c’est une réelle chance de susciter un tel intérêt de la part des sponsors, du public et, justement, des médias, malgré les quelques inconvénients que cela peut engendrer.
PHILIP MITTET
Vous êtes récemment apparu sous la neige en boxer sur Instagram. Est-ce à dire qu’il faut beaucoup donner de sa personne pour satisfaire les fans ? Non, pas du tout. Chaque semaine, sur ma chaîne YouTube, j’ai voulu montrer aux gens un peu de ma vie quotidienne. Et puis, vous savez, se jeter dans la neige après avoir pris un sauna est assez courant, ici, dans le Nord de l’Europe [sourire]. Justement, pendant très longtemps, vous étiez présent sur YouTube avec vos vlogs, arrêtés en ce début d’année 2021. Était-ce une façon pour vous de maîtriser votre communication ? J’ai commencé à faire des vlogs quand je m’ennuyais dans un hôtel de Davos, en Suisse. Lorsque j’étais enfant, j’étais vraiment très content d’apprendre des choses sur les athlètes que j’admirais. Je pense que montrer la vie d’un fondeur sans passer par les médias traditionnels est quelque chose d’intéressant pour tous les gamins qui ne nous regardent qu’à la télévision. Vous fonctionnez en famille avec votre grand-père Kaare comme entraîneur, votre père Haakon comme manager et votre frère Ola comme conseiller média. C’est quelque chose d’important pour votre équilibre ? Ma famille est effectivement très importante pour moi et je n’aurais jamais pu atteindre mes objectifs sans l’aide de mes proches. Comme vous l’avez dit, mon grand-père Kaare est mon entraîneur avec Arild Monsen de la fédération norvégienne de ski. Je peux aussi compter sur l’aide de mes parents ainsi que de mon frère Ola et de ma sœur Ane. Lui m’aidait avec le vlog chaque semaine, tout comme Ane qui s’occupait de la traduction en anglais. Votre grand-père a récemment déclaré un cancer. Compte tenu de votre proximité avec lui, on
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imagine que vous avez été très peiné... C’était un moment très difficile pour moi et ma famille... Heureusement, les derniers tests de Granpa sont positifs suite au traitement qu’il a reçu pour vaincre son cancer. Avant même que la Norvège ne décide de se retirer de la coupe du monde après l’étape de Ruka (Finlande), vous aviez annoncé, de vous-même, votre mise en retrait. Vous ne vouliez pas prendre le risque d’attraper le coronavirus. Cette maladie vous fait-elle peur ? Nous avons tous une responsabilité pour aider à réduire la propagation de la Covid-19, y compris nous, les athlètes de haut niveau. Il n’y a rien qui dise que les compétitions de ski de fond doivent se dérouler en plein milieu d’une pandémie mondiale. Tout au long de cette année 2020, j’ai été très prudent dans mes contacts parce que je pense que l’infection au coronavirus n’est pas compatible avec la vie de fondeur professionnel que je mène. Quand la FIS, contrairement au biathlon, a choisi de suivre son calendrier initial avec un circuit de la coupe du monde passant par de nombreux pays et des sites différents, le choix était assez simple pour moi. Le risque pour ma santé était trop élevé. D’ailleurs, dans cette logique de moindre prise de risque, vous aviez décidé, en août, de vous rendre au Blink Festival non pas en avion mais en voiture. Expliquez-nous cette (folle) aventure... Le moyen le plus sûr pour réduire le plus possible les risques d’infection à la Covid-19 était effectivement de voyager avec mon père en voiture. C’était une très très longue route entre Trondheim et Sandnes. Près de 2 000 kilomètres et 30 heures passées dans la voiture. Heureusement, c’est mon père qui a conduit la plupart du temps [rires]. Pensez-vous que le grand public comprenne que ses héros puissent
À Seefeld, lors des championnats du monde de 2019, Klæbo avait impressionné son monde et récolté trois médailles d’or. b
renoncer à prendre des risques et, dès lors, ne pas assurer le spectacle qu’il veut suivre chaque semaine à la télévision ? Je peux comprendre que des personnes trouvent étrange que certains d’entre nous ne participent pas à la coupe du monde ou au Tour de Ski. Je suis conscient que la FIS et d’autres m’ont critiqué pour avoir fait ce choix radical. Je dois vivre avec, mais je pense sincèrement qu’il est important, en ces
temps troublés, qu’il y ait une ouverture d’esprit sur de tels choix effectués dans un but sanitaire. Qu’est-ce que cela fait de rester à la maison et de regarder les compétitions à la télévision dans votre canapé ? Il doit y avoir de la frustration, non ? Il n’y a rien que j’aurais voulu plus que de pouvoir participer au Tour de Ski cette année... Mais j’accepte
Johannes Hoesflot Klæbo
JE N’AI PAS DÉCIDÉ ENCORE COMBIEN DE TEMPS JE RESTERAI FONDEUR DE HAUT NIVEAU. JE N’AI QUE 24 ANS. n°35 | nordic MAGAZINE | 75
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Johannes Hoesflot Klæbo
La domination norvégienne et russe de ces derniers hivers n’est pas une bonne chose.
la situation. Le but est maintenant de participer aux championnats du monde d’Oberstdorf (Allemagne). Mais ce sera seulement si le risque sanitaire n’est pas trop grand. J’espère revenir plus fort lorsque cette pandémie ne sera plus qu’une vieille et lointaine histoire. Depuis votre plus jeune âge, vous êtes considéré comme le futur Petter Northug Jr. Était-il un modèle pour vous ? J’ai admiré plusieurs fondeurs et Petter Northug Jr en faisait bien sûr partie. Mais j’ai aussi et surtout passé beaucoup de temps à regarder la télévision pour apprendre les techniques des meilleurs. Justement, lorsque Petter Northug Jr a confié qu’après sa carrière, il s’était mis à boire et à se droguer, quelle a été votre réaction ? Petter Northug Jr a toujours été un modèle pour moi... Il y a, d’un côté, les actes qui ne peuvent pas être défendus et, de l’autre, un Petter qui se fait aider pour résoudre ses problèmes d’addictions. Je lui souhaite tout le meilleur pour l’avenir et, le connaissant, il réussira à s’en sortir.
Double vainqueur du gros globe de cristal en 2018 et 2019, il a laissé échapper le précieux trophée en 2020 face à Alexander Bolshunov, son rival russe... qui devrait le garder en 2021. b
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Vous voyez-vous étirer votre carrière au-delà de la trentaine, à la manière de Dario Cologna ou d’Ole Einar Bjoerndalen, ou pensez-vous arrêter plus tôt, au sommet de votre art, comme Martin Fourcade ? Je n’ai pas encore décidé combien de temps je resterai un fondeur de haut niveau. Je n’ai que 24 ans, donc j’ai encore quelques années pour faire mon choix ! Tant que je pense que c’est cool de s’entraîner et de participer à des compétitions, je continuerai. Nous avons le meilleur job du monde donc c’est compliqué d’arrêter [sourire]. Vraiment ? J’ai beaucoup de respect pour les athlètes comme Dario Cologna qui parviennent à se classer année après année dans le top mondial, mais, pour ce qui est de la durée de ma carrière, je suivrai probablement davantage quelqu’un comme Martin Fourcade. Peu de gens le savent, mais vous étiez également un bon footballeur lors de votre adolescence. C’est vrai, j’ai joué au football jusqu’à l’âge de dix-sept ans ! C’est seule-
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ment lorsque je suis entré à l’Heimdal High School [N.D.L.R., au lycée] de Saupstad que je me suis concentré sur le ski de fond. J’ai continué à jouer au foot pour le club d’Astor 2 avec mes amis jusqu’en 2019. D’ailleurs, nous avions battu l’équipe de foot de Northug à l’été 2017 [rires]. En 2020, vous vous êtes blessé à deux reprises au doigt en faisant de la mini-boxe et du basketball. La faute à pas de chance ou vous êtes maladroit ? J’ai vraiment été malchanceux avec mon doigt... D’habitude, je ne m’éparpille pas et, les deux fois, j’ai été insouciant. J’ai promis à mon grand-père Kaare que je serai un peu plus prudent à l’avenir [rires]. Lors de l’été 2019, vous êtes venu en France. Vous avez effectué un stage en altitude à Font-Romeu (Pyrénées-Orientales). Un bon souvenir ? C’était mon tout premier stage en altitude. Font-Romeu est vraiment un endroit formidable pour s’entraîner. Il y a des conditions fantastiques. J’espère vraiment y retourner quand il sera de nouveau possible de se déplacer [N.D.L.R., les Norvégiens n’ont pas pu s’y rendre l’été dernier]. Quand vous observez les athlètes français et ce qu’ils peuvent parfois réussir, pensez-vous que la France puisse un jour devenir une grande nation du ski de fond ? En France, il n’y a pas beaucoup de personnes « nées les skis aux pieds » comme on dit en Norvège, mais je crois
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Johannes Hoesflot Klæbo
Tout le monde n’est pas obligé d’adhérer à ma façon de skier.
que votre pays peut devenir une très bonne nation du ski de fond. Actuellement, la France a de bons fondeurs en coupe du monde et de nombreux grands domaines nordiques bien adaptés à l’entraînement, comme j’ai pu le voir à Font-Romeu. Quand vous vous entraînez avec le Bornandin Lucas Chanavat, que vous raconte-t-il de son pays ? Il m’a invité pour que je vienne m’entraîner en France ! J’espère qu’un jour je pourrais découvrir Le Grand-Bornand où, si j’ai bien compris, les conditions d’entraînement sont plutôt excellentes. Comme vous, la fondeuse suédoise Stina Nilsson est championne olympique en titre du sprint, mais elle, elle a décidé de rejoindre le biathlon. Comment réagissez-vous ? Je trouve excitant qu’elle s’essaie à ce sport. J’aime les gens qui osent se défier et défier ceux qui sont en place. Je lui souhaite bonne chance, et d’après
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ce que j’ai vu et entendu, elle est assez douée au tir. N’est-ce pas néanmoins un mauvais signal pour le ski de fond ? Je pense qu’on doit trouver de nouvelles stars pour le ski de fond. Pour être honnête, j’espère que nous verrons plus de jeunes fondeurs venus des ÉtatsUnis, de France, d’Allemagne ou d’Italie dans les années à venir. La domination norvégienne et russe que nous avons connue ces derniers hivers n’est pas une bonne chose pour notre sport. De votre côté, vous avez révolutionné le style classique en réalisant des accélérations où l’on vous voit quasiment courir sur la neige. Que dites-vous à ceux qui vous critiquent et affirment que vous dénaturez ce style de pas ancestral ? C’est bien que ça fasse causer ! Toute évolution est bonne pour le sport que l’on pratique et tout le monde n’est pas obligé d’adhérer à ma façon de skier. Mon grand-père et moi avons trouvé ce
La start-up Klæbo est florissante avec une famille dédiée quasiment à 100% au développement de la carrière du skieur. b
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qui est le mieux pour mes qualités physiques. De toute manière, je pense que le ski de fond continuera de bouger dans le futur. Rappelez-vous, tout le monde avait peur du saut en V en saut à ski lorsqu’il est arrivé... il a finalement été adopté ! Votre frère est un artiste. On peut entendre ses chansons sur les plateformes de streaming et il a récemment signé avec une grande maison de disques. Mon frère Ola, alias OKEY, a effectivement signé un contrat chez Sony Music. Il sortira ses premières chansons ce printemps... À nos lecteurs français et suisses, quelle morceau conseillez-vous d’écouter pour découvrir son travail ? Je recommande simplement à vos lecteurs de suivre son compte Instagram et d’écouter ses nouvelles chansons. J’en ai entendues quelques-unes et je les ai vraiment aimées ! n
Écoutez Okey
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STINA NILSSON Le choix des armes Le 22 mars dernier, la Suédoise Stina Nilsson, 27 ans, surprenait le monde du ski nordique en annonçant son passage du ski de fond au biathlon. La championne olympique du sprint en 2018 à Pyeongchang explique à Nordic Magazine ce qui l’a motivé à skier avec une carabine.
Après 23 victoires en coupe du monde de ski de fond, Stina Nilsson a décidé, au printemps dernier, de changer de sport pour se consacrer au biathlon. b PER DANIELSSON / PROJEKT.P SVENSKT SKIDSKYTTE
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La relation entre Jean-Marc Chabloz, le coach suisse du tir suédois, et Stina Nilsson, sa nouvelle élève, est très forte et marquée du sceau de la confiance mutuelle. b
PER DANIELSSON / PROJEKT.P
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n officialisant, le 22 mars en soirée, son choix d’abandonner le ski de fond pour le biathlon, la Suédoise Stina Nilsson, 27 ans, a provoqué un séisme dans le monde du ski nordique. Avec de nombreuses réactions, positives, surtout, mais aussi négatives, parfois. « Je sais que tout cela peut sembler irréfléchi, explique-t-elle à Nordic Magazine. Tout paraît avoir été précipité, mais la vérité est que j’ai toujours été intéressée par le biathlon, un sport qui a continuellement attisé ma curiosité. J’ai toujours su, au fond de moi, que je changerais de sport pour terminer ma carrière comme biathlète. » À 26 ans, assure le numéro un mondial Johannes Thingnes Boe, cela peut même se révéler un atout : « Ce n’est pas si stupide que cela de changer de sport si tard tout simplement parce que le biathlon, surtout le tir, demande de la maturité. » Médaillée d’or olympique en sprint en 2018 sur les pistes sud-coréennes du centre nordique d’Alpensia, à côté de Pyeongchang, double championne du monde en relais l’année suivante à Seefeld (Autriche) et lauréate du petit globe de cristal du sprint au terme de ce même hiver, Stina Nilsson était pourtant l’une des reines du ski de fond mondial. Un territoire dont, assure-t-elle, elle avait fait le tour. D’ailleurs, la fondeuse avait décidé de tourner la page après les Jeux
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Stina Nilsson ex-fondeuse
Pour être claire, c’était le biathlon ou rien d’autre.
olympiques de Pékin en 2022. Finalement, sa saison 2019/2020, raccourcie par une vilaine blessure aux côtes, a modifié son agenda. « Je ne pouvais plus attendre », racontait-elle, pleine d’envie, au moment de dévoiler la grande nouvelle. « Il était si tentant et excitant d’essayer le biathlon que je n’ai pas pu résister, complète aujourd’hui la biathlète de Mora, ville arrivée de la Vasaloppet, plus grande course de ski de fond au monde. Pour être claire, c’était le biathlon ou rien d’autre. »
Quatre kilos dans le dos
Directement intégrée à l’équipe nationale suédoise, privilège de championne, Stina Nilsson a beaucoup travaillé, notamment au tir sous la houlette du Suisse Jean-Marc Chabloz, coach
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Stina Nilsson lors du sprint d’Idre, sa première course en tant que biathlète. b
PER DANIELSSON
Des précédents célèbres Stina Nilsson n’est pas la première fondeuse à être passée au biathlon. Avant elle, il y a le prestigieux précédent de sa compatriote Magdalena Forsberg, sextuple vainqueure du gros globe de cristal entre 1997 et 2002 et autant de fois championne du monde. L’Allemande Miriam Goessner, double championne du monde de relais et trois fois vainqueure en coupe du monde, s’y est également essayé au tournant des années 2010. En France, Célia Aymonier, olympienne en ski de fond en 2014 du côté de Sochi (Russie), est devenue biathlète au printemps 2015, montant sur dix podiums lors de l’exercice collectif, décrochant, au passage, une médaille de bronze mondiale. En avril dernier, elle annonçait mettre un terme à sa carrière. Par ailleurs, la Finlandaise Kaisa Mäkäräinen, elle aussi fraîchement retraitée, était une grande fondeuse, participant notamment aux Mondiaux de 2013 dans le Val di Fiemme, en Italie. Actuellement, l’Allemande Denise Herrmann, spécialiste du sprint comme Stina Nilsson, a fait carrière dans le ski de fond avant de passer au biathlon.
Depuis
1931
du groupe coupe du monde depuis le printemps. Après quelques semaines d’apprentissage, celui-ci se montrait dithyrambique : « Je suis obligé de la ralentir tellement elle veut travailler : elle tire 1 200 balles par semaine, c’est unique ! », s’enthousiasmait alors l’Helvète sur la SVT. « Jean-Marc est une telle star, lui retourne sa protégée. J’aime vraiment beaucoup travailler avec lui, il est toujours positif et j’adore l’entendre être fier des efforts que je fais pour m’améliorer sans cesse. »
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Un sprint à Idre Fjäll pour commencer
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Au-delà de la technique de tir, la sportive a également dû appréhender le ski avec une carabine 22 Long Rifle dans le dos. « Sur les ski-roues, je me cogne toujours la tête contre la carabine », témoignait la vainqueure de 24 coupes du monde, sourire aux lèvres, dans les pages sportives du quotidien Aftonbladet en juillet dernier. Une relation longue à construire pour une ancienne fondeuse peu habituée à avoir cette charge de quatre kilos à porter sur la piste : « Ma carabine et moi commençons à devenir bonnes amies, rigolet-elle aujourd’hui quand Nordic
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Le tir en compétition, avec le stress, est l’exercice le plus difficile à maîtriser pour Stina Nilsson. b HÅKAN BLIDBERG, SVENSKA SKIDSKYTTEFÖRBUNDET
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BOUTIQUE EN LIGNE
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Sandrine Bailly, vainqueure de la coupe du monde en 2005
TIRER VITE ET BIEN N’EST PAS DONNÉ À TOUT LE MONDE MAIS, AU BOUT D’UN MOMENT, ON PEUT Y ARRIVER.
Magazine aborde à nouveau le sujet. Au début, je pensais que c’était vraiment un handicap de skier avec ce poids dans le dos mais, à force d’entraînement, je suis maintenant à l’aise. » C’est d’ailleurs ce passage sur le pas de tir qui fait vibrer Stina Nilsson, ce qui lui a donné envie d’ouvrir un nouveau chapitre. « L’excitation ressentie pendant le tir, j’adore ça ! », s’extasie la Scandinave. En passant de la tribu du ski de fond composée de Charlotte Kalla, Linn Svahn, Ebba Andersson ou Frida Karlsson à celle des biathlètes comprenant Hanna et Elvira Oeberg, Linn Persson, Mona Brorsson ou sa coéquipière de club Johanna Skottheim, avec qui elle s’est entraînée tout l’été, Stina Nilsson est loin d’avoir perdu au change. Les performances réalisées par ses nouvelles coéquipières depuis le début de l’hiver en témoignent. « Elles le méritent vraiment, félicite la recrue. C’est une grande inspiration pour moi, ce sont mes idoles dans le biathlon. Elles
ont été si accueillantes avec moi lors de mon arrivée que je me sens privilégiée d’avoir l’opportunité de m’entraîner avec elles. » Après avoir subi une blessure au coude fin août – « la bonne nouvelle, c’est que je me suis beaucoup entraînée au tir debout », relativise-t-elle –, les grands débuts de la Suédoise en biathlon n’ont eu lieu que le 14 novembre dernier. Dans le brouillard et le vent d’Idre Fjäll, vêtue d’une combinaison verte aux couleurs de son club, la jeune femme, regard concentré, consciente d’être sous le feu des projecteurs, a inauguré sa carrière à l’occasion d’un sprint. Une journée lors de laquelle, onzième avec un 8/10, elle a impressionné son monde. « Ce sera l’or olympique à la fin », s’est même enflammé Bjoern Ferry, ancien biathlète devenu consultant pour la télévision publique suédoise. Le lendemain, avec un 10/20 lors de l’individuel court, son premier exercice à quatre tirs, tout devenait plus compliqué. Comme pour
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la prévenir que rien n’est joué d’avance, surtout dans un exercice aussi exigeant que le biathlon. Ce que confirme Sandrine Bailly, lauréate de la coupe du monde en 2005 : « Tirer vite et bien n’est pas donné à tout le monde, éclaire la consultante d’Eurosport. Mais au bout d’un moment, on peut y arriver. Il n’y aura que les courses qui feront progresser Stina, notamment dans la gestion de l’effort. »
L’IBU Cup pour apprendre
Depuis ce premier week-end de compétition, Stina Nilsson, après l’annulation des coupes de Suède et des IBU Cup, le circuit B, du mois de décembre à cause de la pandémie de coronavirus, a dû ronger son frein. « Comme compétitrice, bien sûr que je voulais concourir, mais la Covid-19 est tellement plus grande que mes petits intérêts », relatet-elle, modeste et très prudente. Finalement, avant Noël, la Suédoise a pu renouer avec son nouveau sport à
TROPHEE
51ème l’occasion des chronos de sélection organisés sur le stade d’Östersund, son fief depuis ses débuts dans le biathlon. Treizième (6/10), après avoir notamment chuté sur le pas de tir en se prenant les skis dans un tapis et s’être trompée de chemin en fin de course, puis troisième, avec un excellent 9/10, lors des deux sprints du programme, la biathlète a décroché son ticket pour l’IBU Cup d’Arber (Allemagne). Une première qui s’est avérée compliquée pour la Suédoise, 99e (5/10) puis 69e (7/10) pour ses premiers pas sur la scène internationale. Rattrapée par la pression, elle n’est jamais parvenue à être actrice de ses courses, notamment sur les skis. « Le biathlon ne s’invente pas, il se construit, éclaire la Dauphinoise Anaïs Chevalier-Bouchet. C’est du boulot et c’est normal qu’elle ne claque pas dès la première course, ce serait trop facile. » « Je vis mon rêve. Le chemin pour atteindre un objectif, c’est toujours cela qui compte », philosophe Stina Nilsson. Un parcours qui passe donc par le deuxième échelon du biathlon. Avant la première division, si tout se passe bien, en début de saison prochaine. « Pour le moment, j’apprends et, peu importe comment cela se passe, je ne regretterai jamais mon choix », termine celle qui a osé faire le courageux choix des armes. n
Stina Nilsson, si elle parvient à marcher sur les traces de Magdalena Forsberg, pourrait bien devenir une des meilleures biathlètes de la planète dans le futur. Elle en a les moyens. b
DU
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GASPARIN Sisters Time
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En décembre 2019, les trois sœurs Gasparin et Lena Haecki sont montées sur un podium pour la première fois de l’histoire du biathlon suisse en se classant deuxièmes du relais d’Östersund (Suède). b
SELINA, ELISA ET AITA
GASPARIN Les sœurs se confient En 2012, à Hochfilzen, Selina, Elisa et Aita Gasparin sont entrées dans l’histoire du biathlon international : c’était la première fois que trois sœurs skiaient dans la même équipe. Aujourd’hui, elles composent toujours 75 % du relais. Nordic Magazine les a réunies, pour une petite discussion pleine d’humour et de bienveillance. n°35 | nordic MAGAZINE | 89
SWISS-SKI
À
Oberhof (Allemagne), pour les première courses de l’année 2021, les Vosgiens Émilien, Fabien et Florent Claude sont entrés dans l’histoire en disputant les mêmes épreuves de la coupe du monde de biathlon. Si c’était une première pour la France (Florent court sous les couleurs belges), la Suisse avait déjà connu cela. C’est que le biathlon féminin y est porté par la famille Gasparin. Aita, 26 ans (27 ans le 7 février), Elisa, 29 ans, et Selina, 36 ans, venues de la vallée de l’Engadine et biberonnée au ski de fond, représentent tout simplement 75 % du relais helvète depuis que l’aînée, vice-championne olympique de l’individuel en 2014 sur les bords de la mer Noire, a été la première à franchir le Rubicon il y a dix-sept ans. Nordic Magazine les a réunies pour comprendre leur fonctionnement et leur relation. Unique.
NORDIC MAGAZINE Comment en êtes-vous arrivées à pratiquer toutes les trois le biathlon ? ELISA. C’est un concours de circonstances qui a fait qu’on est toutes biathlètes aujourd’hui. Selina et Aita ont dix ans d’écart ! Et, dans notre jeunesse, si nous avons toutes fait du ski de fond, nous faisions également d’autres sports comme la gymnastique, l’équitation ou le snowboard. SELINA. Oui, mais le biathlon est tellement plus excitant que le ski de fond [rires] ! AITA. Nos parents n’étaient pas très sportifs. C’est toujours le cas mais ils nous suivent et nous supportent. Comme nous venons de la vallée de l’Engadine où tous les enfants apprennent le ski alpin et le ski de fond dès leurs jeunes années, nous avons été mises sur les planches très jeunes. Mais l’aventure de notre famille dans le biathlon a vraiment débuté quand Selina est allée étudier en Norvège, où elle a découvert ce sport, en 2004.
semble. On est tout le temps absentes de la maison et, grâce à cela, nous pouvons tout de même être en famille. Mes sœurs ne peuvent pas me manquer ! AITA. De mon côté, je ne sais tout simplement pas ce qu’est l’équipe de Suisse sans mes sœurs parce que j’ai toujours été avec elles [rires] ! J’apprécie vraiment le temps passé aux côtés de Selina et d’Elisa. Nous pouvons partager des moments émotionnellement très forts avec beaucoup plus d’intimité que si c’était avec d’autres coéquipières. Même si nous avons une bonne relation avec tout le monde dans l’équipe, c’est vraiment différent lorsque vous réalisez une performance avec vos sœurs. Entre nous, on appelle cela le Sisters Time ! L’hiver dernier, vous en avez connu des Sisters Times. Vous êtes montées sur trois podiums en relais sur le circuit de la coupe du monde...
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S’il n’y avait pas Lena Haecki, l’équipe nationale suisse féminine de biathlon, ce serait la team Gasparin. C’est étonnant, quand on y pense. Non ? ELISA. Je pense que c’est vraiment sympa qu’on soit toutes les trois en-
Aita Gasparin
Nous avons un lien très fort les unes avec les autres. Et les succès le renforcent. AITA. Je pense que nous avons toutes les trois pleuré de joie. Ces dernières années, nous avons fait quelque chose d’unique avec ces relais en commun [N.D.L.R., notamment aux Jeux de Sochi en 2014, une première dans la compétition] . Nous sommes très fières de cela et personne ne pourra nous l’enlever. ELISA. Par le passé, nous luttions juste pour réaliser le meilleur résultat
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possible pour la Suisse, et, maintenant, nous jouons le podium... et la médaille ! Quand on voit comment nous avons progressé l’hiver dernier, c’est juste fou. Il y a six-sept ans, nous nous entraînions seules, ce n’est pas comparable avec les conditions d’aujourd’hui. C’est bien la preuve qu’en croyant à ses rêves, tout est possible dans la vie. N’est-ce pas trop difficile d’être toutes les trois ensemble 24 heures sur 24, sept jours sur sept et une majeure partie de l’année ? ELISA. Si ! [elle éclate de rire] SELINA. Je ne crois pas que ce soit compliqué, c’est plutôt un avantage parce que c’est différent d’une relation amicale. Ça nous aide beaucoup, c’est vraiment bien. ELISA. Je pense que pour Selina, qui était seule il y a quelques années, cela a été vraiment agréable de voir ses sœurs débarquer l’une après l’autre en équipe de Suisse. Pour nous, c’est vraiment un rêve ! AITA. Nous avons un lien très fort les unes avec les autres. Et les succès le renforcent. Par contre, nous ne sommes pas tout le temps ensemble [sourire]. En dehors du biathlon, nous avons une vie privée. Nous ne vivons pas ensemble ! [les trois sœurs rigolent] Selina a un mari et deux enfants, Elisa et moi vivons seules [N.D.L.R., elle est fiancée avec le biathlète Ukrainien Sergey Semenov]. Nos amis ne sont pas les mêmes. C’est très important d’avoir une vie sociale à côté du sport. Vraiment, il n’y a jamais de problèmes entre vous ? AITA. Parfois oui... Dans une relation entre sœurs, il y a parfois des disputes, mais elles sont vite oubliées et pardonnées. Quelques minutes suffisent à nous calmer. SELINA. Si une de nous est dans un mauvais jour, une autre va l’aider. On ne se menace pas entre nous ! [rires]
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MANZONI/NORDIC FOCUS
SELINA GASPARIN
ELISA GASPARIN
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AITA GASPARIN
STEPHAN BOEGLI/SWISS-SKI b
ELISA GASPARIN
SELINA GASPARIN Après une jeunesse passée sur les skis de fond, l’aînée de la famille Gasparin s’est lancée dans le biathlon à l’adolescence alors qu’elle étudiait en Norvège. Le coup de foudre a été immédiat pour cette pionnière du biathlon suisse. Première Helvète à participer aux Jeux olympiques en 2010, elle remporte la première médaille olympique du pays quatre ans plus tard lors de l’individuel de Sochi. En couple avec le fondeur Ilya Chernousov, elle est l’heureuse maman de deux filles : Leila et Kiana.
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Elisa Gasparin
Si Selina pouvait remporter une autre médaille olympique, mais avec nous ses soeurs, ce serait fou !
AITA GASPARIN
Sept ans plus jeune que sa grande sœur, la cadette des Gasparin découvre le biathlon à treize ans et débute en coupe du monde sur le site d’Holmenkollen, sur les hauteurs d’Oslo (Norvège), en mars 2010 alors qu’elle est encore junior. En 2015, elle doit mettre sa carrière de biathlète entre parenthèses à cause d’un stress physique. Pas à pas, cette passionnée d’escalade a retrouvé ses capacités physiques jusqu’à revenir en coupe du monde. Pour ne plus la quitter.
Le jour de ses seize ans, ses deux sœurs lui offrent... une carabine de biathlon ! C’est le début de l’histoire d’amour avec ce sport pour celle qui a été vice-championne suisse de gymnastique en 2006. Son arrivée dans le biathlon permet aux sœurs Gasparin d’entrer dans l’histoire lors du relais olympique de Sochi en 2014. Avec Selina et Elisa mais également Lena Haecki, celle qui est également garde-frontière est montée sur trois podiums de coupe du monde l’hiver dernier.
AITA. En course, nous ne nous battons pas les unes contre les autres. On est plutôt du genre à se pousser et à s’entraider en essayant, par exemple, de copier les bonnes choses de chacune pour devenir meilleures...
son pour s’entraîner, on est toujours fatiguées à la fin de la journée... et elle, derrière, doit encore s’occuper de ses enfants en jouant avec eux. Ce qu’elle fait est juste incroyable.
Aita et Elisa, Selina vous a-t-elle influencées ? ELISA. Selina est une telle source d’inspiration pour nous... Elle se bat toujours pour faire de son mieux. Quand elle a remporté sa médaille olympique en 2014 à Sochi, c’était un moment incroyablement inspirant, surtout à une époque où le biathlon n’était pas aussi professionnel qu’aujourd’hui en Suisse. Si elle pouvait remporter une autre médaille olympique, mais avec nous ses sœurs en 2022 à Pékin, ce serait fou ! AITA. Je dirais que dans le biathlon circus, elle est l’une des plus rapides dans les cent derniers mètres. Je ne voudrais pas me battre contre elle pour une médaille d’or dans une dernière ligne droite. [Rires] ELISA. Quand on rentre à la mai-
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Selina, est-ce que ce sont vos sœurs qui vous poussent à continuer le biathlon ou c’est seulement la passion qui vous guide ? SELINA. Sans la passion, tu ne peux pas faire du sport à haut niveau. Je sais qu’il ne me reste plus beaucoup d’années à vivre sur le circuit du biathlon et c’est sûr qu’Aita et Elisa me permettent de repousser mes limites encore et encore. Elles m’aident vraiment à m’améliorer sans cesse et à garder la motivation. Je suis vraiment contente de ces années passées avec mes sœurs. n
ROMANDIE SKI DE FOND
SKIDEFOND.CH
Toujours plus nombreux ... Toujours plus heureux
... sur les pistes de Suisse romande ! n°35 | nordic MAGAZINE | 93
Terre nordique
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COMMENT
LENZERHEIDE
EST ENTRÉE
DANS LA COUR
DES GRANDS Grâce à son bienfaiteur Michael Hartweg, la station suisse est en passe de devenir un rendez-vous incontournable du biathlon. Elle accueillera les Mondiaux de 2025 et espère entrer au calendrier de la coupe du monde.
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Le biathlète suisse Serafin Wiestner devant les cibles du stade de Lenzerheide. b JOHANNES FREDHEIM/ BIATHLON ARENA LENZERHEIDE
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Bâtiment emblématique du biathlon à Lenzerheide, la « Nordic House ». b MARTIN OSINGA/ BIATHLON ARENA LENZERHEIDE
D P LENZERHEIDE
ans le monde des sports d’hiver, il y a des lieux de légende : Wengen et Kitzbühel en ski alpin, Holmenkollen et Falun en ski de fond, les villes de la Tournée des Quatre tremplins en saut, Ruhpolding et Antholz en biathlon, pour n’en citer que quelquesuns. Et il y a des stations plus jeunes qui poussent au portillon pour se faire une place dans le milieu de la haute compétition. C’est le cas de Lenzerheide, dans le canton des Grisons, en Suisse. Déjà présente en ski alpin, elle émerge maintenant en biathlon. En novembre dernier, elle s’est vue attribuer par la fédération internationale de biathlon (IBU) l’organisation des championnats du monde de 2025. Et elle compte bien être insérée d’ici-là au calendrier de la coupe du monde. Lenzerheide n’a pas le passé prestigieux de Davos et Saint-Moritz. Dans la première partie du XXe siècle, alors que les deux prestigieuses stations accueillaient déjà clientèle allemande huppée et têtes couronnées, elle n’était
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qu’un haut plateau avec un lac, parsemé de quelques chalets. Comme beaucoup d’endroits dans les Alpes, elle s’est développée dans les années soixante-dix à la faveur de la popularisation du tourisme hivernal, du ski alpin en particulier. Très vite, pour donner une visibilité médiatique à leur site, les responsables de Lenzerheide se sont intéressés aux sports de compétition. La coupe du monde de ski alpin y a fait étape plusieurs fois et ce sera encore le cas cet hiver avec l’organisation des finales en mars. Le Tour de Suisse cycliste et la coupe du monde de VTT s’y sont aussi arrêtés. Question résidents prestigieux, Lenzerheide n’a plus grand-chose à envier à ses deux grandes voisines. Roger Federer n’y a-t-il pas établi son domicile depuis 2018 ?
Une histoire récente
L’histoire entre Lenzerheide et le biathlon est plus récente, elle est étonnante. « Il y a dix ans, il n’y avait rien dans cette région, rappelle Urs Lehmann, président de Swiss-Ski. Nous
Michael Hartweg et sa femme Carola ont investi beaucoup d’argent dans le complexe. b
n’avions pour nos biathlètes qu’un petit centre d’entraînement du côté d’Andermatt. Il nous manquait une infrastructure permanente, mais nous ne pouvions pas investir. Par chance est arrivé ce projet de Lenzerheide. » En peu d’années, c’est un centre d’entraînement et de compétition remarquable qui a vu le jour. Construit en 2013, il n’a fait que se développer depuis. Il y a eu d’abord les installations de biathlon proprement dites, avec un pas de tir entièrement automatique équipé de trente cibles. Pour le ski de fond, six pistes allant de 1,5 à 4 km ont été aménagées, sans oublier l’anneau de pénalité de 150 mètres. Le centre est équipé également d’une piste de ski à roulettes. D’abord d’une longueur de 1,5 km, elle a été étendue à 5,2 km en 2019. Enfin, la « Nordic House » a été édifiée en 2016, comprenant un bistrot, un magasin de sport, des vestiaires, une salle de sport, une salle de séminaire et des chambres pour loger une soixantaine de personnes.
Tout cela aurait-il été possible sans l’engagement, à la fois humain et financier, de Michael Hartweg ? Sûrement pas. Cet homme d’affaires d’origine allemande, qui a fait fortune dans le monde de la finance et possède une résidence
à Valbella, à côté de Lenzerheide, s’est pris de passion pour le biathlon. Avec son épouse Carola, il a fait le choix de s’engager pour la promotion de ce sport en Suisse. En 2015, il a racheté les installations de biathlon à la com-
Le stade nordique de Lenzerheide est aussi équipé d’une piste de ski-roues. b
BIATHLON ARENA LENZERHEIDE
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Niklas Hartweg lors de la coupe du monde de biathlon de Hochfilzen.
mune et a beaucoup investi pour en faire le site tel qu’il est aujourd’hui. « Plusieurs raisons nous ont poussés dans cette direction, explique Michael Hartweg. Je n’ai jamais compris qu’en Suisse, le biathlon soit un sport marginal alors que le tir et le ski sont profondément ancrés dans les traditions. Comme nous avons eu la chance de réaliser de très bonnes affaires, nous avons choisi d’en redonner une part à la société à travers notre passion pour ce sport. Nous sommes persuadés qu’il y a un gros potentiel de développement ici et que la Suisse peut devenir une grande nation de biathlon. Nous pensons aussi que ce sera un important
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MANZONI/NORDICFOCUS
En dates 2013 : construction de la Biathlon Arena Lenzerheide 2015 : Michael Hartweg rachète le site à la commune 2017 : obtention de la licence A de la part de l’IBU Création de la Fondation Biathlon Arena Lenzerheide 2018 : installation du centre de performance biathlon de Swiss-Ski 2020 : organisation des Mondiaux jeunes/juniors à Lenzerheide Désignation de Lenzerheide comme hôte des Mondiaux de 2025
facteur de développement touristique pour Lenzerheide tant ce sport est devenu populaire. »
L’espoir Niklas Hartweg
Michael et Carola Hartweg ont une motivation supplémentaire dans leur engagement : leur fils Niklas est l’un des grands espoirs du biathlon suisse. Champion du monde juniors de l’individuel en 2019, vainqueur du grand globe ainsi que de deux petits en Junior Cup l’hiver dernier, il a pris part
La Nordic House comprend, entre autres, une salle de sport et des chambres pour loger une soixantaine de personnes. b
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aux premières épreuves de coupe du monde cette saison. « Bien sûr, le fait que Niklas pratique le biathlon nous a permis d’être présents dans le milieu depuis pas mal d’années, reprend Michael Hartweg. Mais le soutien que nous apportons à notre fils ne pèse que très peu en regard de notre investissement global. » Quand on évoque le montant mis sur la table, l’homme d’affaires ne veut pas articuler de chiffres. « On va dire plusieurs dizaines de millions de
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NOUS COMPTONS AUSSI QUELQUES SPÉCIALISTES
DE MASS START. FIS WORLD CUP SPONSOR
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Michael Hartweg, propriétaire de la Biathlon Arena Lenzerheide
JE N’AI JAMAIS COMPRIS QU’EN SUISSE, OÙ LE TIR EST DANS LES TRADITIONS, LE BIATHLON SOIT UN SPORT MARGINAL.
francs », se contente-t-il de répondre, avant d’ajouter : « L’ampleur de notre engagement a largement dépassé les plans que nous avions au départ. » Jamais sans doute un sport d’hiver en Suisse n’a bénéficié d’un tel appui privé.
Des ambitions pour la coupe du monde
La vision de Michael Hartweg et de son épouse, à vrai dire, porte sur le long terme. Raison pour laquelle, ils ont créé la Fondation Biathlon Arena Lenzerheide en 2017. Le but, en premier lieu, est de donner la possibilité aux talents de la relève du biathlon suisse de se consacrer totalement à la pratique de leur sport. « En comparaison internationale, trop peu d’athlètes, en Suisse, bénéficient d’un soutien logistique et financier suffisant pour être à 100 % dans leur formation sportive, estimet-il. Donc nous voulons leur venir en aide en leur mettant à disposition une infrastructure forte dans l’espoir qu’ils atteignent le haut niveau. » L’autre objectif est de faire de Lenzerheide un site incontournable pour organiser des grandes compétitions de biathlon et de ski de fond. « Dans l’idéal, notre souhait serait
En 2020, Lenzerheide a accueilli les championnats du monde jeunes/juniors. b
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de pouvoir accueillir en alternance la coupe du monde de biathlon et une étape du Tour de Ski », précise-t-il. Et, jetant un œil sur l’incroyable chemin
parcouru : « En peu d’années, nous avons atteint ces objectifs, mais notre engagement n’est pas près de s’arrêter. » n
Les Mondiaux du premier coup
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uel que soit le sport, il est rare qu’un lieu soit désigné pour accueillir un championnat du monde à sa première tentative. C’est pourtant le bonheur qui est arrivé à Lenzerheide en novembre dernier. Lors du congrès de l’IBU à Prague, la station grisonne a été élue hôte des Mondiaux 2025 alors qu’elle n’avait jamais été candidate auparavant et qu’elle n’avait à son actif que l’organisation des championnats du monde juniors de janvier 2020. Le choix de l’IBU ne fut pourtant pas une
réelle surprise pour les organisateurs grisons. « Lorsque, en collaboration avec Swiss-Ski, nous avons mis sur pied notre candidature, nous nous sommes dit qu’il fallait bien nous lancer, avec l’idée qu’il faudrait peut-être deux ou trois essais, relève Michael Hartweg. Mais au fur et à mesure du processus, nous avons senti que nos chances étaient grandissantes. Nous avions eu de très bons échos de la part de l’IBU après la visite sur notre site. » Il faut dire aussi que Lenzerheide n’avait
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qu’une candidature concurrente, celle de Minsk-Raubichi en Biélorussie, laquelle était aussi à sa première tentative et n’avait encore jamais accueilli la coupe du monde. Le contexte politique actuel du pays dirigé d’une main de fer par Alexandre Loukachenko a aussi joué en faveur de la station grisonne. « Au moment du congrès, nous savions que nos chances étaient très grandes, reprend M. Hartweg. N’empêche que quand le nom de Lenzerheide est sorti, ce fut une explosion de joie. »
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P HAUTE-MAURIENNE
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DANIEL DURAND/FRESH INFLUENCE
LE JOYEUX NOËL DU NORDIQUE Privée de ski alpin à cause de la fermeture des remontées mécaniques, la France des sports d’hiver a (re)découvert le nordique. Tous les sites ont connu une forte affluence.
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P STATION LES ROUSSES
DANIEL DURAND/FRESH INFLUENCE
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S BUISSON/STATION LES ROUSSES
A Autrans-Méaudre, xxx.
même dans les Alpes du Nord. Jérome Brunet, directeur de la station Autrans-Méaudre dans le Vercors, constate l’explosion : « La fréquentation est en hausse de 80 % et le chiffre d’affaires de 103 %. Nous étions dans une moyenne de 800 à 1 000 forfaits par jour pour le ski de fond. Sans compter la raquette qui connaît un engouement sans précédent. C’est bien simple, le CA global bondit de 50 % par rapport aux deux dernières années ! » On pourrait multiplier les exemples. À Bessans, en Haute-Maurienne, Nadia Tourt, attachée de presse à l’office de tourisme, estime à 70 % le taux de remplissage pour les fêtes de fin d’année : « Les magasins n’ont jamais connu une affluence pareille, tout le parc matériel
plus modeste : 75 % de journées skieurs par rapport à d’habitude, mais la station a fermé six jours par manque de neige et les skieurs espagnols ne sont pas venus, coronavirus oblige. Voilà pour les statistiques. Reste à pousser l’analyse un peu plus loin. George Vigneau, directeur des espaces nordiques de la Haute Ariège, ouvre la voie : « Il y a eu beaucoup de fondeurs transfuges de l’alpin. Des skieurs privés de remontées se sont essayés au fond, à la raquette. Signe intéressant, ils se disent prêts à l’avenir à pratiquer les activités nordiques pendant une partie de leur séjour. » Ce constat revient à peu près partout et il faut bien le dire, l’arrivée et le développement de la Covid-19 ont été les principaux alliés indirects du nordique. Jérome Brunet s’en explique : « Nous avions un espoir avant Noël, car déjà cet été, beaucoup de gens sont venus en moyenne montagne. Ils avaient besoin de respirer, de prendre l’air et la fermeture des remontées a confirmé la tendance. »
Transformer l’essai
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uel que soit le massif, on peut parler d’alignement des planètes. Les dernières vacances de Noël resteront dans les annales du nordique. Philippe Poirot, directeur de Tourisme Hautes-Vosges qui fédère huit communes, confirme que « la fréquentation a été extraordinaire et les conditions exceptionnelles avec de la neige à Noël. Le taux d’hébergement était de 80 à 90 %. Du jamais vu à cette période. C’est bien simple, le 4 janvier, on avait déjà enregistré 80 % du chiffre d’affaires de l’an dernier à La Bresse. Pour Gérardmer, l’augmentation se situe entre 30 et 40 %. » Le son de cloche est à peu près le
RÉMI FABREGUE
LE DÉVOLUY
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était sorti et il a fallu doubler l’effectif des moniteurs. » Idem dans les Alpes du Sud. Florence Giaccone, responsable du nordique au Dévoluy, évoque une affluence en croissance de 120 %, « surtout la semaine du Nouvel An. » En Haute-Ariège, le chiffre d’affaires à partir du 16 décembre a égalé celui fait d’ordinaire aux vacances de février (les plus porteuses) et le début de l’année hors vacances explose les compteurs. Dans le Jura, la station des Rousses enregistre pour sa part une progression de 50 %, fond et raquette confondus avec 16 500 journées-skieurs et la hausse pour la centrale de réservation atteint 53 % pour Noël et 100 % pour le jour de l’An. Il n’y a guère que dans les Pyrénées Catalanes où le bilan apparaît
Eugène Ramis, chargé de communication dans les Pyrénées Catalanes va plus loin : « Ouvrir quand les autres sont fermés, c’est bien et ça remet le nordique sur le devant de la scène. » Mais attention prévient Jean-Marie Saillard, président de l’Espace Nordique Jurassien (ENJ) : « Il ne faut pas crier victoire. Un redoux peut arriver, un troisième confinement aussi. On sent bien que les remontées fermées ont amené un certain nombre de personnes à franchir le pas vers le nordique, mais il ne faut pas se réjouir de ce qui arrive à l’alpin, c’est une tragédie pour tous. » Alors l’image positive que s’offre le nordique cet hiver n’est-elle pas aussi un appel à faire bouger les lignes ? Au Dévoluy, la station, située à 1 500 m, a multiplié les initiatives ces dernières années pour passer à des activités « 4 saisons » et prévu de proposer du ski de fond à 2 000 m (en vain car les remontées ne fonctionnent pas). Dans le Vercors, outre les activités nouvelles, la station d’Autrans-Méaudre investit dans la rénovation de ses bâtiments d’accueil et son parking. Même écho un peu partout avec un double mot d’ordre : rendre le nordique plus ludique et anticiper la transition climatique. Parce que le beau Noël 2020 des stations reste l’exception ces dernières années. n
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L’agenda
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La course se déroule dans les vastes espaces du massif du Jura. BENJAMIN BECKER/ TRANSORGANISATION
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TRANSJU’ Épopée d’une course populaire au temps de la Covid La Transju’ était programmée les 13 et 14 février. Mais elle n’aura pas lieu. Depuis le printemps 2020, les organisateurs de la mythique course haute-jurassienne se sont posé la question : faut-il et pouvons-nous relever le défi ? C’est finalement le contexte sanitaire qui aura eu raison de leur volonté. Récit d’une épopée riche en rebondissements.
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L’équipe de La Transju’ au travail dans ses locaux de Morez, dans le Jura. b LAURENT MÉRAT POUR NORDIC MAGAZINE
Septembre : qu’est-ce qu’on fait ?
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ntre deux confinements décidés par le gouvernement pour freiner la pandémie de coronavirus, la France respire… un peu. Après le report en juin, la Transju’Trail, que propose Trans’Organisation aux beaux jours dans le Haut-Jura, peut avoir lieu. L’épreuve répond évidemment à des mesures sanitaires strictes. Ce galop d’essai offre une expérience précieuse à l’association et légitime ses espoirs d’une possible Transju’. Banco ! Le conseil d’administration décide d’une 43e édition pour les 13 et 14 février 2021. Au gré des annonces et de l’évolution de la crise sanitaire, le staff prépare le terrain et change de braquet au gré des courbes… épidémiques. Pour tous, une seule philosophie : que la course ait lieu ou pas, mettons toutes les chances de notre côté, restons ultra-vigilants face au risque et gérons les dépenses au plus juste. Ni remords, ni regrets… Dès le départ, le président de Trans’Organisation, Pierre-Albert Van-
del, et son comité avancent un « scénario du pire », excluant cependant un nouveau confinement qui réduirait leurs efforts à néant... Les réunions avec les préfectures du Jura et du Doubs sont régulières pour coller le plus possible aux directives gouvernementales. « Nous avons l’habitude de gérer l’inattendu et les aléas de dernière minute », rappelle le président. La météo a souvent joué des tours à la première course longue distance de France qui a, en effet, dû réagir promptement. Dans ce contexte, les bénévoles de la Transju’, 1 000 le jour J, font l’objet de toutes les attentions. D’emblée, les organisateurs rompent avec la tradition conviviale des grand-messes en soirée pour les préparatifs. Cette année, les rencontres avec Sylvain, responsable logistique, s’établissent en petit comité, site par site. Masques, gel et gants servent à protéger les personnes à risque. « Le jour de la course, les jeunes étudiants de Licence 2 Staps de Besançon géreront les consignes à ski, les vestiaires, les sacs vestiaires et auront réfléchi à l’organisation de ces postes en amont, dans le cadre d’un projet tutoré », explique Quentin Lebas. Le coordinateur de la course est bien décidé à ce
Pierre-Albert Vandel, président de Trans’Organisation
que la période mène à une réflexion sur le long terme ! Trans’Organisation se positionne aussi sur des parcours plus courts – 55 et 25 km – et sur une jauge réduite fixée à mille participants le samedi, jour des compétitions en style classique, et deux mille le dimanche, pour le skating. Dix-huit vagues fluidifieront les départs. Le démarrage est avancé à 9 heures au lieu de 9 h 30 pour respecter un éventuel couvre-feu.
Décembre :
pas de salon du nordique
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e 10 décembre, un communiqué de presse est publié : la Transjeune est annulée, mais la Transju’Expérience, destinée à un public de non-compétiteurs, est maintenue pour fidéliser cette nouvelle cible sur un format né il y a deux ans. Le Salon International du Nordique, prévu en intérieur aux Rousses, est également supprimé. Idem pour la restauration, qui ne sera pas assurée par Trans’Organisation, mais par des
NOUS AVONS L’HABITUDE DE GÉRER L’INATTENDU ET LES ALÉAS DE DERNIÈRE MINUTE. 106 | nordic MAGAZINE | n°35
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Quentin Lebas, coordinateur
Les conditions sanitaires et climatiques doivent nous amener à repenser l’événement.
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Robin Duvillard, vainqueur de la Transju’ 2019, espérait bien réitérer l’exploit en 2021 ! Il s’était déjà inscrit. b BENJAMIN BECKER/ TRANSORGANISATION
Quentin Lebas, coordinateur de la course
LAURENT MÉRAT POUR NORDIC MAGAZINE
« Il faut repenser la Transju’ »
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food-trucks indépendants, à la charge des participants. Les services kinésithérapie, ostéopathie et les douches ne pourront pas être assurés… Seuls des vestiaires sont prévus sous chapiteau. La remise des médailles se fera sur table. L’objectif assumé est de se concentrer uniquement sur l’aspect courses et d’éviter la création d’un foyer de contamination. « C’est sûr, l’aspect festif sera un peu hypothéqué cette année, mais la volonté demeure », assure Pierre-Albert Vandel qui, depuis plusieurs années, œuvre pour que la Transju’ soit aussi une grande fête au cœur de l’hiver. Maintenant, il faut convaincre les fondeurs de venir. Ce n’est pas l’envie de revêtir un dossard qui manque. Depuis plusieurs semaines, ils voient les rendez-vous traditionnels de la saison nordique disparaître les uns après les autres du calendrier. Le Marathon international de Bessans a, par exemple, préféré jeter l’éponge. Deux jours après l’ouverture des inscriptions, 200 personnes ont déjà fait le pas. Plus de 600 au 6 décembre. Le 14 janvier, 1 100 personnes ont prévu de venir sur les deux jours, dont 700 sur la grande course. L’affluence reste timide au regard des 4 000/4 500 skieurs habituels… Une situation bien compréhensible que les organisateurs accueillent avec sagesse : « À la place des skieurs, nous attendrions aussi le dernier moment… » Robin Duvillard, tenant du titre, a cependant confirmé sa venue dès les premières semaines ! Le fondeur du Vercors a bien l’intention d’offrir une petite sœur à la cloche conquise à Mouthe en 2019.
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our Quentin Lebas, « les conditions sanitaires et climatiques doivent amener à repenser l’événement, avec le concours de ses participants et des acteurs du massif jurassien ». « La Transju’ leur appartient », considère-t-il. Pour lui, les fréquents changements de parcours, l’annulation pour manque de neige l’hiver dernier et pour cause de Covid-19 cette année pourraient bien nuire à l’image de la Transju’. « Je crains un essoufflement, peutêtre une lassitude de certains participants. » Comment en avoir le cœur net ? « En leur donnant la parole ainsi qu’aux bénévoles pour connaître leur avis. Nous allons lancer une étude de satisfaction, que la course ait lieu ou pas, afin de recueillir les opinions de ceux qui font la Transju’ », annonce-til. Le coordinateur serait, à titre personnel, favorable à l’identification d’un parcours avec une « garantie neige ». Quitte à opérer des changements en profondeur…
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Profitez du grand air, près de 300 km de pistes
LESROUSSES.COM Crédits photos : S. Godin - B. Becker / Station des Rousses - Baltik
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Pour rassurer les plus indécis, l’organisation a prévu un remboursement de 90 % des frais d’inscription en cas d’annulation pour cause de Covid. Les compétiteurs étrangers sont sans surprise très peu nombreux et majoritairement suisses. Mi-janvier, le ministère des Sports faisait le tour des organisateurs d’événements sportifs pour connaître les inscrits venant d’Angleterre ou d’Irlande… À la télévision, on parlait de troisième vague et de variants britannique, sud-africain, brésilien... que l’on suspectait d’être plus contagieux.
Cette année, les skieurs ne partiront pas à la Combe du Lac, à Lamoura. BENJAMIN BECKER/ TRANSORGANISATION
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Mi-janvier : les dameurs en piste
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i-janvier, la neige est là ! Le massif du Jura n’est que carte postale. Une bonne nouvelle : la météo et un enneigement insuffisant avaient eu raison de l’édition 2020. Les équipes Jura et Doubs dament les pistes afin d’avoir une couche suffisante et de sécuriser le tracé. Deux parcours principaux sont définis : Bois d’AmontChaux-Neuve et une option de repli Lamoura-Les Rousses. Tout le monde reste mobilisé pour parer à toutes les éventualités. Une annulation pour cause de coronavirus n’est toujours pas exclue. Pierre-Albert Vandel prend les choses avec philosophie. Tout le monde veut encore y croire. « Optimiste serait un peu fort, avoue
Quentin Lebas, mais toujours positif ! » Le 15 janvier, les autorités préfectorales n’ont d’ailleurs pas émis d’avis négatif à la tenue de la course.
Fin janvier : le couperet tombe
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ais plus le temps passe, plus l’organisation de l’événement semble incertaine. Fin janvier, les médias ne parlent que de troisième vague,
de contrôles renforcés aux frontières, de courbes qui repartent à la hausse et de nouveau confinement. Mercredi 27 janvier, à midi, La Transjurassienne officialise son renoncement, comme tant d’autres courses populaires avant elle. Elle adresse aux médias un communiqué de presse. La course est « annulée », annonce celui-ci. « (...) Malgré beaucoup d’efforts et de travail d’adaptation », précise Pierre-Albert Vandel. Le président se veut toutefois rassurant. « Cette décision, aussi difficile soit-elle, ne remet pas en cause l’avenir de la Transju’, grâce notamment au soutien sans faille de nos partenaires institutionnels et privés », déclare-t-il. n
En février, La Transju’ est solidaire
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epuis le 1er février, la course jurassienne propose un défi solidaire intitulé e-Transju’. « Nous souhaitions trouver une idée pour que La Transju’ ait lieu d’une manière ou d’une autre. Il était important pour nous de rester mobilisés dans ce contexte difficile », explique son président, Pierre-Albert Vandel. Ouvert à tous, licenciés ou
non, ce challenge suit un principe simple. Chaque participant choisit une discipline (ski de fond, rollerski, course à pied ou marche) et la distance qu’il souhaite parcourir (5, 25 ou 50 km). Ensuite, il a jusqu’à la fin du mois pour passer à l’action. Un dossard lui sera attribué, qu’il pourra imprimer. L’épreuve sportive peut être réalisée seul mais aussi en famille ou entre amis, n’im-
porte où en France ou dans le monde. L’organisation incite les concurrents qui le souhaitent à partager les photos de leurs sorties ainsi que leur temps sur les réseaux sociaux, en utilisant le hashtag #LaTransju et en taguant @LaTransju dans leur post. À l’issue de la course, chaque participant déclarera son temps et se verra alors
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offrir un diplôme numérique. Outre le challenge sportif, l’intérêt du défi réside dans son aspect solidaire. Sur les 10 € de l’inscription, 6 € seront reversés aux associations partenaires de la Transju’ : La Sapaudia, Skier pour elles et Un souffle pour Nina. La démarche inédite se prolonge jusqu’au 28 février. i www.latransju.com
www.maison-garnache.com
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SKI DE FOND
Le drôle d’hiver des teams Avec le report du début de la saison à mi-janvier, la préparation des distanceurs a été plus longue qu’habituellement. De quoi entraîner son lot de doutes.
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uand l’hiver est enneigé comme c’est le cas, la motivation de tout fondeur est facile à trouver. Enfin, en temps normal. La fin d’année 2020 a été compliquée psychologiquement pour les distanceurs français. La faute à l’annulation de la majorité des courses longue distance françaises sur la première partie de la saison et au report du calendrier international. La Visma Ski Classics n’a débuté que le 16 janvier, au lieu de fin novembre. « Ça me fait mal pour eux. Le ski est leur raison de vivre. Ils veulent juste un dossard, c’est tout », comprend Robin Duvillard, manager sportif du Team Vercors Isère. L’équipe s’appuie sur deux personnes extérieures pour maintenir le mental de ses skieurs qui ont également dû composer avec un second confinement. Matis Leray qui a rejoint l’équipe italienne Robinson Trentino, confirme que « cela a été long ». Lui s’est entraîné en autonomie aux Saisies (Savoie) durant toute la pré-saison. Pour maintenir tout le monde en condition, la plupart des équipes ont organisé des chronos internes. « Une
La Jurassienne Claire Moyse lors de la Toblach-Cortina qui a été reportée d’un jour et dont le tracé a été modifié à cause des risques d’avalanche. b
JULIANE SIFFERLEN
demande des athlètes, qui préféraient faire ça plutôt que des séances spécifiques ou VMA », précise Loric Bertrand, jeune fondeur du Team Nordic Panthers. La préparation a été compliquée par les restrictions sanitaires. Decathlon Experience a essayé de limiter les risques en « créant une bulle autour des fondeurs
pour que personne ne puisse venir les contaminer », selon Pierre Tichit, président de l’association. Des conditions amenées à se répéter et à tester le moral des skieurs. « Il y a des choses qu’on ne peut pas contrôler, philosophe Robin Duvillard. La clef, c’est aussi de rester zen et de ne pas lâcher trop de jus. »
La Diagonela a fait des dégâts Thomas Joly. b
ALEXIS JEANNEROD
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oins 22 °C au départ et un ressenti qui s’approche des moins 30 °C : des conditions dantesques et même dangereuses pour les organismes. C’est pourtant par ces températures que s’est élancée La Diagonela à Zuoz (Suisse), le 16 janvier dernier. Trop heureux d’enfiler un dossard, les concurrents n’ont pas bronché et se sont quasiment tous élancés. Tout juste certains favoris ont enfilé des moufles. Au fil des kilomètres pourtant,
les dégâts du froid polaire se multipliaient : nausées, doigts gelés empêchant tout ravitaillement ou encore cris de douleur. Après l’arrivée de l’« une des courses qui restera comme la plus dure de la décennie » selon Matis Leray (Robinson Trentino), nombreux sont ceux qui se sont précipités dans des hôpitaux. Engelures aux doigts, orteils et oreilles sont constatées, certains membres menacent d’être amputés. « On ne connaît pas encore tous les effets ; les bronches sont peut-
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être touchées », alerte Thomas Joly (Decathlon Experience), pour qui « la rééducation sera longue ». Pour lui comme pour d’autres, la saison est d’ores et déjà terminée. « J’espère que tout le monde en tirera les leçons pour que cela ne se reproduise plus. La santé doit passer avant tout », espère Michael Ekloef dans un entretien à Nordic Magazine. Le fondeur suédois était encore à l’hôpital et risquait de perdre un orteil à l’heure où nous bouclons ce numéro.
Le Marathon de Bessans passe son tour... Le Marathon international de Bessans (Savoie) n’a pas eu lieu. Il devait ouvrir, les 9 et 10 janvier, les circuits du Marathon Ski Tour de la Fédération française de ski et de l’Euroloppet. Ce sont 1 500 concurrents qui prennent chaque année le départ de cette épreuve remportée l’an dernier par Gérard Agnellet et Alicia Choron. « Dans le contexte sanitaire actuel (...), il ne nous semblait pas raisonnable de maintenir notre course », ont expliqué les organisateurs sur les réseaux sociaux.
... comme d’autres courses populaires Les pistes de la Trans’Vercors Nordic étaient enneigées et promettaient un beau spectacle, mais, là encore, la Covid-19 est passée par là. En raison de « sombres perspectives pour le mois de mars », l’édition 2021 est annulée. Elle devait relier dimanche 7 mars sur 53 kilomètres le col de Rousset (Drôme) à Villars-de-Lans (Isère).
L’Envolée nordique est reportée La 46e édition de L’Envolée nordique, la course populaire de Chapelle-desBois (Doubs) qui se court en duo, est reportée. Initialement prévue le 31 janvier, elle est désormais programmée le 14 mars.
De l’inédit pour la Ski-24 Habituellement, la Ski-24 propose à ses concurrents d’effectuer un maximum de kilomètres en 24 heures. Cette année, le format évolue. Pendant 24 jours, du jeudi 4 au samedi 27 mars, les concurrents devront parcourir le plus de kilomètres... sur les pistes nordiques de leur choix. L’inscription peut se faire en solo ou en équipe de 2 à 10 personnes. Elle est gratuite, sans restriction d’âge, et possible à partir du 8 février.
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UNE APPLICATION QUI NE PARLE QUE DE BIATHLON, SKI DE FOND...
Les finales de la coupe du monde de ski de fond, pourraient se dérouler les 19, 20 et 21 mars à Lillehammer (Norvège). Initialement prévues à Pékin (Chine), ces courses avaient été annulées à cause de la situation sanitaire. Des compétitions se déroulant à Oslo le week-end précédent, cette nouvelle programmation permettrait en outre au circuit de rester en Norvège deux semaines de suite.
Photo : Quentin Joly
Ski de fond : les finales à Lillehammer
Sprint final
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Les dernières fois
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CANDIDE
PRALONG
L
e fondeur suisse du Team Decathlon Experience Candide Pralong réalise un beau début d’hiver. Avec plusieurs tops 20 en coupe du monde dont une 12e place sur le sprint classique de Val di Fiemme dans le Tour de Ski, le Valaisan est en forme. Pour Nordic Magazine, il dévoile ses dernières fois.
MOI La dernière fois... que vous avez gagné une course ? CANDIDE Ma dernière victoire remonte au Nordic Week-end de Swiss-Ski au mois de septembre. Et ma dernière victoire sur les skis de fond date du mois de mars 2018 au Marathon des Glières.
MOI La dernière fois... que vous avez oublié que vous étiez un athlète de haut niveau ? CANDIDE C’était au fitness quand Alexis [Jeannerod], Barcasse [Antoine Auger] et Dupi [Arnaud du Pasquier] m’ont montré leurs watts sur un Skierg [N.D.L.R., appareil de fitness qui reproduit les mouvements de ski de fond pour un travail efficace de cardio-training, gainage, renforcement musculaire...].
MOI La dernière fois... que vous avez pensé que vous étiez trop nul ? CANDIDE C’était durant mon dernier cours de natation à l’université. Non, en fait c’était à tous mes cours de natation à l’université de Fribourg en sciences du sport. MOI La dernière fois... que vous avez admiré un autre athlète ? CANDIDE J’ai admiré tous les athlètes du Team Decathlon Experience durant l’été passé. Ce sont les plus forts, les plus drôles et surtout les plus beaux. Sinon, depuis toujours, j’admire Petter Northug. MOI La dernière fois... que vous vous êtes blessé ? CANDIDE Je me suis fait opérer du dos en 2004 et 2018.
MOI La dernière fois... que vous avez trouvé le temps long mais qu’heureusement vous aviez un abonnement Netflix ? CANDIDE C’était durant le Tour de Ski que j’ai profité de Netflix pour patienter avant les compétitions. En ce moment, je suis addict à la série H avec Jamel Debbouze, Éric et Ramzy... même si je l’ai déjà regardée deux fois.
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MOI La dernière fois... que vous avez pensé que vous viviez décidément une belle vie ? CANDIDE En regardant le journal télé et en voyant ce qui se passe partout dans le monde en ce moment. MOI La dernière fois... que vous avez fait une grosse bêtise ? CANDIDE En m’installant à Nyon, dans le canton de Vaud en tant que Valaisan. Ma famille ne me parle plus maintenant. Non je me plais vraiment sur les bords du lac Léman et, en plus, je suis encore plus proche de mes potes français ! MOI La dernière fois... que vous vous êtes imaginé faire un autre métier ? CANDIDE C’était durant le confinement, au printemps dernier, en donnant des entraînements en ligne sur la page Instagram de juldide.ch. Même si ce n’est pas un métier mais plus un moyen de partager notre passion avec les autres, on a pris un énorme plaisir avec Julia [N.D.L.R., sa compagne] et cela nous a donné non seulement la forme mais aussi des abdos de folie. MOI La dernière fois... que vous vous êtes dit que ce serait la dernière fois ? CANDIDE Quand j’ai fait du ski sauvage avec le Team Decathlon Experience à Tignes cet automne lorsque le funiculaire était fermé à cause du vent.
© Région Bourgogne-Franche-Comté - Janvier 2021 Crédit photo : Arnaud FINISTRE
LE SPORT DE HAUT NIVEAU FAIT UN BOND
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