nordic
MAGAZINE FRANÇOIS FAIVRE
Ses ambitions pour la Suisse
FRIDA KARLSSON
Une rivale à la hauteur de Therese Johaug
RAPHAËL POIRÉE
Les confessions d’un grand champion
MARTIN FOURCADE Ma nouvelle vie
FABIEN CLAUDE
La classe des grands
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Novembre 2020
Jusqu'au
15 novembre 2020
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15 nov. au 18 décembre Du
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2 | nordic MAGAZINE | n°34 WWW.PAYSDEGEX-MONTSJURA.COM
nordic Magazine #34
FABIEN CLAUDE • MARTIN FOURCADE • RAPHAEL POIREE • KAISA MAKARAINEN
NOVEMBRE 2020
n
nordic
MAGAZINE FRANÇOIS FAIVRE
Ses ambitions pour la Suisse
FRIDA KARLSSON
Quentin Fillon-Maillet à Ruhpolding. b
TUMASHOV/NORDIC FOCUS
Une rivale pour Therese Johaug
RAPHAËL POIRÉE
Les confessions d’un grand champion
MARTIN FOURCADE Ma nouvelle vie
FABIEN CLAUDE
La classe des grands
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Novembre 2020
Une_Dos_Carré_34.indd 1
06/11/2020 11:09
Résidence des Épilobes 300, chemin des Mouillettes 39220 Prémanon Tél. : +33(0)6 85 96 90 94 Email : redaction@nordicmag.info
Connecté est édité par SAS au capital de 5 000 € RCS Lons-le-Saunier 538 166 166 Président : Franck Lacroix Direction de la publication et de la rédaction Franck Lacroix Rédaction Florian Burgaud, Benoît Prato, Paul Willems, Bernard Morel, Florent Servia, Louis Delvinquière, Thomas Bray Ils ont contribué à ce numéro Jérôme Martinet, Isabelle Begon, Laurent Mérat, Cyril Burdet, Thomas Bruas, Quentin Joly, Augustin Authamayou, Yves Perret, Capucine Richon, Charly Rousset Photo de la couverture Laurent Mérat pour Nordic Magazine Régie publicitaire Corentin Jacquot Tél. : +33 (0)6 33 43 35 78 Email : publicite@nordicmag.info Abonnement 4 numéros : 29 euros www.mynordic.fr ou encart page 23 Disponible sur l’application Merci à Fabrice Guy, parrain, Laurence Rochat, marraine. Merci à Michel Roulet, Myriam et Daniel Comtet Merci à tous nos annonceurs Impression Rotimpres Création : Décembre 2011 Dépôt légal : novembre 2020 ISSN : 2257-4638
L’ÉDITO
Contre nature
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l va falloir s’adapter préviennent les grandes fédérations. La vérité du matin ne ressemblera pas forcément à celle du soir. Les calendriers subiront des modifications, des courses seront annulées. Il faudra aussi se plier aux exigences des autorités sanitaires de chaque pays. Leurs protocoles, eux aussi, ne manqueront pas d’évoluer. Tantôt l’étau se resserrera, parfois il lâchera prise. Le climat n’est pas serein, l’horizon opaque. Une ambiance qui va à l’encontre de ce que recherche le sportif qui évolue au sein de l’élite mondiale. L’athlète de haut niveau aime planifier. Il remplit les pages de son agenda tôt à l’avance. Il sait ce qu’il fera dans une semaine, un mois, un trimestre. Il n’aime pas l’imprévu. Pour se prémunir des contretemps,
de l’inattendu, il va même jusqu’à leur attribuer des cases, un créneau laissé libre. Évidemment, si le champion est ainsi organisé – à l’excès, jugeront certains –, c’est pour ne pas avoir à se disperser, à dépenser de l’énergie ailleurs que sur les skis, à se distraire avec ce qui ne contribue pas à se rapprocher de son objectif. À d’autres la mission de lisser le plus possible son quotidien. Il est chouchouté, privilégié, cocooné. L’hiver qui s’annonce va forcément le bousculer. Il ne pourra pas se projeter, se complaire dans sa routine. Nul doute que les plus malléables des sportifs, ceux qui seront le plus élastiques aux événements auront un avantage quand il faudra se battre pour une victoire. En temps normal, le mental joue déjà un rôle important. Durant cette saison, il sera tête d’affiche.
Le boss a dit. Depuis le premier numéro de Nordic Magazine, nous remercions nos annonceurs. Sans eux, nous ne pourrions pas exister. En pleine crise de coronavirus, leur présence est plus que jamais essentielle. Merci à eux. Merci à vous de leur faire confiance.
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Start-list
Issu d’une famille de sportifs, Fabien Claude a essayé de nombreuses disciplines avant de se fixer sur le biathlon comme ses frères Émilien et Florent. Christine, sa maman, est d’ailleurs la présidente et fondatrice de son club : le Basse Sur Le Rupt ski nordique.
FABIEN CLAUDE
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b LAURENT MÉRAT
POUR NORDIC MAGAZINE
MARTIN FOURCADE
Le persévérant
Malgré un talent évident, le Vosgien a tardé à concrétiser les espoirs placés en lui. Sa volonté et un entourage stable l’ont aidé à surmonter les obstacles. Méticuleux voire obsessionnel, il a mûri avec les épreuves et obtenu son premier podium individuel en coupe du monde l’hiver dernier.
Sa nouvelle vie
Le 15 mars dernier, Martin Fourcade a mis un terme à sa carrière à Kontiolahti en Finlande. Si le sport reste moteur dans sa vie d’après, la compétition ne l’est plus. Ambassadeur, porte-parole, organisateur d’évènement… son activité s’est diversifiée, toujours guidée par sa volonté que chaque projet fasse sens.
n
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Depuis le printemps, François Faivre est l’un des deux entraîneurs de l’équipe suisse élite de ski de fond, dont la star est le Grison Dario Cologna. b
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NORDIC MAGAZINE
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KAISA MÄKÄRÄINEN Dernières confidences C’est une grande championne de biathlon qui, en mars dernier, à tiré sa révérence. Pour Nordic Magazine, la Finlandaise Kaisa Mäkäräinen se souvient des temps forts de sa longue carrière.
FRANÇOIS FAIVRE
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On se prépare pour l’Everest
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NORDIC FOCUS
Après son départ de l’équipe de France, le Lorrain a rebondi chez les Suisses. Pour lui, Dario Cologna et ses coéquipiers ont les moyens d’être très ambitieux.
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E
n mars dernier, la biathlète finlandaise Kaisa Mäkäräinen, trente-sept ans, a mis un point final à sa carrière internationale. La fin d’une aventure qui aura duré pas moins de quinze hivers. C’est à l’issue des courses de Kontiolahti, les dernières avant que la Covid-19 ne stoppe tout, que l’enfant du pays a tiré sa révérence. Sans spectateur pour saluer une dernière fois la championne qu’elle est. Kaisa Mäkäräinen n’en a pas été plus affectée ou frustrée que cela : « Je ne voulais pas voir beaucoup de monde. Il y aurait eu des larmes, des câlins… Pour moi, le plus important était que mon équipe et mon entraîneur personnel Jarmo Punkkinen qui ne serait pas allé à Holmenkollen, soient là autour de moi. » La veille au soir, à la surprise générale, Martin Fourcade avait également sifflé la fin de la partie. Un timing qui n’a pas influé sur les projets de la Finlandaise. Au moment choisi, elle a appuyé sur
le bouton « Envoi » de son téléphone ; c’était juste avant de partir pour les tests de ski et de tir. Puis, comme si de rien n’était, elle a rangé son smartphone dans son sac et s’est concentrée sur ce qu’elle avait à faire les skis aux pieds. Histoire de signer une happy end.
Calvaire olympique
Aujourd’hui, elle peut enfin souffler : « C’est bien de ne rien faire de spécial. » Ce qui ne signifie nullement qu’elle est restée inactive. Depuis le début du printemps, on a vu la championne remettre les skis de fond à Kontiolahti le jour de Pâques, courir dans le parc national de Koli, rouler à Joensuu autour de chez elle ou coacher les jeunes pousses de Vuokatti. « Le biathlon a toujours été ma passion et le sport sera toujours important dans ma vie. Je ne sais pas quel genre d’existence j’aurais mené sans », avoue celle qui n’exclut pas de replonger un jour dans le grand bain. Sa vocation lui est venue lors d’une coupe du monde organisée chez
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Sommaire
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Piste rouge
Planète nordique
10 La fondeuse Huguette Fakhry
62 Frida Karlsson. Entretien 68 François Faivre. On se prépare pour l’Everest 76 Kaisa Mäkäräinen. Dernières confidences
a mal à son Liban 12 Soudain le coronavirus ébranla le nordique 14 Petter Northug Jr côté sombre 22 Le ski de fond confiné
Agenda
Start-List
104 112 118 120 121
24 Fabien Claude, le persévérant 32 Matis Leray, l’homme pressé 38 Émilien Buisson, mon dernier hiver
Hors piste
Longue distance
46 Corps d’élite. Je t’aime moi non plus 54 Martin Fourcade. Sa nouvelle vie
122 Raphaël Poirée. Ma vie d’après.
Rubriques La boutique Terre nordique Sprint final. Sébastien Mahon
L’équipe de France à la dure Coupe du monde. Saison inédite La France privée de coupe du monde La Visma Ski Classics dégaine son plan B Quand le coronavirus bouscule le calendrier
82 98 130
L’ACTUALITÉ NORDIQUE CONTINUE...
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w www.nordicmag.info w Application Nordicmag
S / R AC E CA R BO N S K AT E BO O T
C R É É E AV E C P R É C I S I O N P O U R U N E TRANSMISSION DE PUISSANCE OPTIMALE À CHAQUE PAS n°34 | nordic MAGAZINE | 5
@MarikaGodin
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COMMUNIQUÉ
Quentin Fillon Maillet, l’ambition suprême Le biathlète jurassien ne cache pas son objectif de la saison prochaine : décrocher le Globe de cristal, un an avant les Jeux. Il relèvera le défi avec un nouveau partenaire. Comment s’est déroulée la préparation de saison, en cette période très particulière ? Le début de la préparation n’a pas été très perturbé. Le premier confinement est tombé pendant nos vacances, puis nous avons suivi des règles sanitaires qui ont eu peu d’impact sur nos conditions d’entraînement. Début novembre, nous devions partir en Norvège avec l’équipe de France pour un stage de deux semaines sur neige, qui se déroulera finalement en Savoie, sur le site d’altitude de Bessans. Mais globalement, la préparation a pu se dérouler efficacement. » Vous affichez de belles ambitions pour la Coupe du Monde, qui débutera à Kontiolahti en Finlande le 28 novembre. Et vous pourrez compter sur un nouveau partenaire… Oui, je serai désormais accompagné par Comptoir de l’Ours, spécialiste de la peinture et de la décoration. Ce sont des indépendants, qui, à force de travail et d’investissement, construisent une dynamique d’entreprise positive. Dans le Jura, il y a deux points de vente ainsi qu’un en Saône-etLoire. Cet ancrage local me tient à cœur. Avec Cyril Cobo, le propriétaire de ces trois magasins, nous nous sommes tout de suite entendus. Il possède des qualités humaines que j’apprécie et l’enseigne Comptoir de l’Ours porte des valeurs d’ambition, une volonté d’aller de l’avant qui me correspondent bien. En tant que biathlète, pratiquant d’un sport nature, je suis sensible à leur démarche environnementale avec la création de peintures plus écologiques fabriquées en France. Du coup, je m’intéresse à un secteur que je ne connaissais pas très bien et j’ai même conseillé récemment la peinture Veia à un ami, qui n’a pas été déçu ! Connaissiez-vous Comptoir de l’Ours avant ce partenariat ? Oui, mes parents et beaucoup d’amis vont souvent au magasin de Champagnole (anciennement Juradécor) pour être aiguillés sur leurs achats de peinture et de matériaux. Moi, je n’ai pas encore effectué de travaux de rénovation, mais cela viendra ! Je me sens bien avec ces gens, qui semblent fiers de m’accompagner. Où voit-on Comptoir de l’Ours sur votre équipement ? Sur l’élément essentiel du biathlète : la carabine ! Le logo Comptoir de l’Ours est sur la crosse, un emplacement phare. Au moment du tir, il sera sous l’œil des caméras de télé…
Un sportif de haut niveau est acteur principal de son activité. À ce titre, je me sens proche des entrepreneurs indépendants, qui progressent et prennent des risques pour atteindre leurs objectifs.
«En ligne de mire», web-série dans les yeux du biathlète Quentin Fillon-Maillet a eu du temps pour penser à ses fans pendant le confinement ! Il a imaginé avec la société de production audiovisuelle Mizenboite une web-série diffusée sur ses réseaux sociaux. « J’avais envie d’un contenu différent, plus pro qu’un simple commentaire avec photo, et accessible à tous », explique le biathlète. Ainsi est née la websérie En ligne de mire, qui présente la vie du leader de l’équipe de France sous tous ses aspects. « Nous montrons Quentin au quotidien dans sa préparation, lors des compétitions, mais aussi en dehors avec des interviews d’amis, de sa famille, de ses adversaires et coéquipiers, de ses premiers coachs, de ses partenaires, etc. », explique Yannick Troussard, gérant de Mizenboite Production. Ce dernier ne cache pas le plaisir de son équipe à travailler avec le leader du biathlon français : « Quand tu bosses avec Quentin, il te fait sentir que tu es membre d’un collectif. On vit le truc avec lui ! C’est un très beau projet jurassien et nous sommes fiers de la confiance que ce champion et ses partenaires nous accordent. » Les deux premiers épisodes de la websérie sont déjà visibles sur Facebook, Twitter, Instagram et Youtube de Un format court, souple… Quentin Fillon Maillet. La et propice aux confidences ! suite, cet hiver !
Piste rouge
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Les deux frères Boe, le 27 septembre dernier, lors du City Biathlon de Wiesbaden, en Allemagne. Le palmarès retiendra les victoires des Français Julia Simon et Quentin Fillon-Maillet. Mais l’image dont on se souviendra, c’est celle de deux frères biathlètes norvégiens, masqués en plein crise sanitaire. b
REICHERT/NORDIC FOCUS
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Le sourire masqué des frères Boe Dans les rues de Wiesbaden, fin septembre, Tarjei et Johannes Thingnes Boe rejoignent la ligne de départ du City Biathlon, des masques sur le visage.
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C
’est l’histoire d’une Libanaise de ving-et-un ans. Huguette Fakhry, fondeuse mais aussi snowboardeuse, étudiante et secouriste à la Croix-Rouge, vit à mille à l’heure. Surtout, celle qui a découvert les joies de la glisse dès l’âge de trois ans grâce à Miled, son papa professeur d’art, entraîneur de ski et agriculteur, est folle de sa terre natale : « Quand on parle d’amour, il est très difficile d’en donner la raison. Mon pays prend une grande place dans mon cœur », glisse-t-elle tout en douceur. Aussi a-t-elle été profondément touchée dans sa chair par les explosions du 4 août dernier dans le port de Beyrouth. La seconde déflagration de 2 750 tonnes de nitrate d’ammonium a tué plus de deux cents personnes et provoqué d’immenses dégâts. « J’essayais inlassablement de joindre mon frère dont le lieu de travail est proche de l’explosion. Généralement, il reste au bureau jusqu’à 20 heures.
Le jour de l’explosion, la fondeuse Huguette Fakhry a eu peur pour son frère qui travaille à proximité du port de Beyrouth. b
IMAGO / PANORAMIC
LE RÉCIT
La fondeuse Huguette Fakhry a mal à son Liban La jeune fondeuse libanaise, bénévole à la Croix-Rouge, a secouru des dizaines de personnes après les explosions de Beyrouth. J’ai paniqué », raconte la skieuse qui effectuait alors une garde à Bcharré, son village situé dans le Nord. « Soudain, mon téléphone a sonné. J’ai senti mes mains trembler. Heureusement, mon frère, pour une fois, avait quitté son travail plus tôt. C’est comme si Dieu avait ajouté un nouveau chapitre à sa vie. J’étais si heureuse d’entendre sa voix. » Huguette Fakhry s’est ensuite rendue sur place pour porter secours aux victimes. « C’était complètement différent de ce que nous avions vu à la télévision. Énormément de personnes étaient couvertes de sang. C’étaient des mères et des pères, des filles et des fils, des amis et des voisins. Les voitures étaient renversées et les bâtiments s’effondraient. Les cendres et le verre
couvraient le sol. Les cadavres étaient dispersés partout. C’était un spectacle horrible. Je ne pouvais pas le croire, témoigne-t-elle. Ce jour-là, j’ai vraiment ressenti de la douleur en chaque personne que j’ai rencontrée. » Les sports d’hiver pouvaient alors paraître bien futiles au milieu de cette véritable scène de guerre. C’est au début de l’année 2018 que Huguette Fakhry s’est mise au ski de fond avec le rêve de participer, un jour, aux Jeux olympiques, comme son compatriote Samer Tawk, 105e du 15 km libre à Pyeongchang (Corée du Sud). « Il m’inspire d’autant plus qu’il a passé neuf jours en soins intensifs et subi pas moins de six opérations après une chute à l’entraînement. À nouveau parmi nous, il me motive énormé-
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La skieuse libanaise a participé l’hiver dernier aux Mondiaux d’Oberwiesenthal. b
COLLECTION PERSONNELLE
ment », lâche celle qui porte également l’athlète paralympique Arz Zahreddine en haute estime. En mars dernier, elle a d’ailleurs couru les Mondiaux U23 d’Oberwiesenthal, en Allemagne : « Ces championnats ont été une grande expérience, tellement enrichissante et pleine de rencontres. » Aujourd’hui, Huguette Fakhry ne baisse pas les bras et regarde devant elle : « Je m’entraîne à nouveau pour représenter fièrement mon pays bien-aimé à l’étranger ! Nous ressusciterons. »
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Une biathlète canadienne fait son coming out Megan Bankes, biathlète canadienne de 23 ans, championne du monde jeunes de l’individuel 2017 et présente ces derniers mois sur la coupe du monde, a posté début septembre sur Instagram une photo d’elle avec un drapeau arc-en-ciel sur les épaules. Elle devenait ainsi la première biathlète de haut niveau à faire son coming out : « Depuis un moment, je cache une Megan Bankes partie de moi-même et avec le drapeau je ne veux plus perdre arc-en-ciel. de l’énergie à dissimuler b INSTAGRAM quelque chose dont je suis fière. Alors voilà : je suis gay. » Avant elle, dans le nordique, seuls les fondeurs Filip Andersson, Suédois d’origine colombienne, et Stian Grastveit, Norvégien, ont rendu publique leur homosexualité.
Stina Nilsson la biathlète La Suédoise n’est pas la première fondeuse à ressentir le besoin de skier avec une carabine dans le dos. Magdalena Forsberg, Tatiana Kutlíková, Evi Sachenbab MODICA/ cher-Stehle ou encore NORDIC FOCUS la Haut-Doubiste Célia Aymonier ont, avant elle, choisi de poursuivre leur carrière dans le biathlon. Mais Stina Nilsson n’est pas n’importe qui. Vingt-trois victoires en coupe du monde et championne olympique en titre du sprint, beaucoup lui promettaient un bel avenir en ski de fond. Elle repart donc à zéro.
Le Dr Schmidt a avoué Le procès du médecin allemand Mark Schmidt, accusé d’être l’instigateur d’un vaste réseau de dopage par transfusion sanguine impliquant des fondeurs, s’est tenu en septembre à Munich. En plein Mondiaux de Seefeld, cinq athlètes avaient été arrêtés. Les skieurs en question étaient le Kazakh Alexey Poltoranin, les Estoniens Karel Tammjärv et Andreas Veerpalu, les Autrichiens Dominik Baldauf et Max Hauke. Au cours des débats, il a avoué qu’il dopait des athlètes depuis 2012.
Les athlètes ont aussi pris l’habitude de porter un masque. b
QUENTIN JOLY/JOLYPICS
Soudain le coronavirus ébranla le nordique
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ne édition spéciale ne suffirait pas à raconter le séisme auquel ont été confrontés les sports nordiques à cause de la pandémie de coronavirus. En mars, les compétitions de biathlon de Nove Mesto et Kontiolahti, disputées à huis clos, ont été les dernières à pouvoir se tenir, toutes les autres ayant été annulées. La saison s’est achevée prématurément pour les athlètes qui se sont empressés de rentrer chez eux, les frontières se refermant les unes après les autres. Le président polonais est même allé jusqu’à envoyer son avion personnel récupérer ses sauteurs engagés en Scandinavie dans le Raw Air. Baisser le rideau n’a pas seulement privé les fans de spectacle, cela a aussi fragilisé économiquement tout un secteur. Vint ensuite le temps du confinement. Puis celui du déconfinement, mot inventé pour l’occasion. Mais la planète n’en avait pas fini avec la Covid-19. Au début, biathlètes, fondeurs et autres compétiteurs ont certes pu se préparer, comme à l’habitude ou presque, car sont apparus masques et distanciation sociale. Ils ignoraient aussi à quelle sauce l’hiver allait être mangé. Les calendriers publiés par l’IBU, la FIS et la Visma Ski Classics n’avaient rien de définitif. Allaient-ils seulement pouvoir
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courir ? Se rendre en Scandinavie pour prendre le départ des épreuves ? À la rentrée, les indicateurs sanitaires ne rassuraient personne. Dans la classe des nations, la France ne faisait pas figure de bon élève. Si bien que les équipes étrangères qui avaient un temps imaginé venir s’entraîner dans ses montagnes, à Font-Romeu ou encore à Bessans, préféraient annuler leur séjour. Prudence est mère de sûreté. De son côté, la Fédération française de ski décrétait le huis clos jusqu’au 15 octobre. Aucun public à La Féclaz et Arçon pour encourager Fillon-Maillet et les autres. Les tests PCR sont devenus le sésame pour participer à des compétitions. Lors de la première étape du Summer Tour de biathlon, Fabien Claude et Gilonne Guigonnat, positifs, étaient dès lors écartés, tout comme Justine Braisaz qui n’avait pas reçu ses résultats à temps. En novembre, alors que l’Hexagone se retrouvait confiné une seconde fois, les biathlètes n’ont pas pu effectuer un dernier stage à Sjusjøen, où ils devaient aussi participer à la coupe norvégienne (finalement annulée). Dix jours de quarantaine ont eu raison de leur envie de courses internationales. C’est donc sur une piste tracée à Bessans grâce au snowfarming qu’ils ont terminé leur préparation.
DISPONIBLE DÈS DÉCEMBRE 2020
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- Crédit photo : © Semaphore. *À la poursuite de l’excellence. ** Édition limitée par Martin Fourcade.
Petter Northug Jr côté sombre
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L’ancienne star norvégienne de ski de fond a admis ses problèmes d’addiction à l’alcool et aux stupéfiants. b
BRUNO MARTIN/PRESSE SPORTS
l avait déjà la réputation d’être un mauvais garçon. Une image que Petter Northug Jr a d’ailleurs soigneusement entretenue sur et en dehors des pistes, pendant et après sa carrière. En plus de son impressionnant palmarès, c’est bien sur ce terreau apparemment fertile qu’il a fait grandir sa notoriété. Bad boy, ce n’était malheureusement pas qu’un rôle de composition. Le Norvégien est déjà passé par la case « justice ». En 2014, son Audi A7 avait été retrouvée très endommagée après avoir traversé un rond-point et percuté un rail de sécurité. Le double champion olympique, qui avait quitté à pied le lieu de l’accident, en y laissant un passager légèrement blessé, avait été arrêté un peu plus tard à son domicile. Il avait écopé d’une peine de 50 jours de prison ferme, finalement effectuée avec un bracelet électronique, une forte amende et cinq ans de suspension de permis.
L’ex-sauteur n’a pas gagné le Tour de France
P
rimož Roglič a échoué le dernier jour. En septembre, le cycliste slovène a porté le maillot jaune du Tour de France jusqu’à la veille de la parade sur les Champs-Elysées. La Grande Boucle qu’il s’était promis de gagner cinq années plus tôt lui a échappé dans l’ascension de la Planche des Belles Filles, en Haute-Saône. Même si la victoire est revenue à son jeune compatriote Tadej Pogačar, le coureur de la Jumbo Visma n’en a pas moins été l’homme fort de cette édition perturbée par la Covid-19, d’autant plus que le parcours du vainqueur du Tour d’Espagne 2019 est inhabituel. Le coureur, à l’aise aussi bien en contrela-montre que dans les ascensions, est un ancien sauteur à ski. Jusqu’en 2012, il évoluait au sein de l’équipe nationale de Slovénie, il a même remporté des médailles d’or et d’argent aux championnats du monde juniors. Grand fan d’Adam Małysz, il a également décroché deux succès en coupe continentale.
Primož Roglič – qui allait gagner en Espagne la Vuelta le 7 novembre –čà l’arrivée de l’avant-dernière étape du Tour de France. b
ALEX BROADWAY/ASO
Mais en mars 2007, il a chuté à Planica. Pendant encore quatre ans, il a continué à pratiquer le saut à ski, avant d’admettre, à 22 ans, qu’il ne serait jamais champion du monde. C’est alors qu’il a commencé sa carrière dans le vélo.
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Le 13 août dernier, Petter Northug Jr a de nouveau été arrêté. Près d’Oslo, il roulait à 168 km/heure au volant de sa Jaguar sur une route limitée à 110. Soupçonnant qu’il conduisait sous influence — les analyses de sang allaient affirmer le contraire –, la police a perquisitionné son domicile et y a trouvé une petite quantité de cocaïne. « J’ai un grave problème d’alcool, de stupéfiants et de médicaments », reconnaissait l’ex-athlète de 34 ans, lors d’une conférence de presse organisée à Trondheim et diffusée à la télévision. Il a également admis avoir déjà conduit par le passé à 200 km/h dans une zone limitée à 80 et s’être filmé avec son téléphone portable. Selon lui, c’est après sa retraite sportive en 2018 que son addiction a commencé. Depuis, il a repris l’entraînement le plus sérieusement du monde. À 34 ans, il serait même motivé pour reprendre le ski de fond à un certain niveau.
La double vie de Therese Johaug On la sait presque imbattable sur les pistes de ski de fond. Depuis quelques mois, Therese Johaug l’est aussi sur le tartan. En juin dernier, elle a participé à la soirée des « Impossible Games » du Bislett Stadiøn d’Oslo. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’a pas déçu ses fans. Seule sur la piste, il lui a fallu 31 minutes 40 secondes et 69 centièmes pour parcourir les 10 000 m. Soit, à quelques centièmes près, 40 Therese Johaug secondes de mieux voulait courir aux championnats que son précéd’Europe de Paris dent record établi finalement annulés. b INSTAGRAM lors de son titre THERESE JOHAUG conquis en 2019. Si elle n’a pas battu le record d’Ingrid Kristiansen (30’20″86), elle a néanmoins dépassé les minimas requis pour les championnats du monde.
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Hugo Buffard quitte la piste...
Plus de 520 km sur les skis
F
rustrés de n’avoir pas pu disputer toutes les courses qu’ils avaient inscrites à leur programme, pour certains confinés par décision gouvernementale en raison de la pandémie de coronavirus, ils ont terminé l’hiver en s’infligeant un dernier effort. Une sorte de baroud d’honneur. En France, le Jurassien Antoine Auger battait ainsi le record de la distance en SkiErg, un appareil de fitness qui reproduit les mouvements de ski de fond. Fin mars, il « parcourait » 100 kilomètres en 6 heures 43 minutes. « Le problème, c’est que la tête ne fait que monter et descendre. C’est comme si j’étais dans un tourniquet », témoignait le skieur de Decathlon Experience après son exploit. Pour sa part, Nicolas Perrier skiait vingt-quatre heures durant à Chamrousse (Isère), « en mode détente avec fondue pendant les pauses ». Au compteur, 295 kilomètres pour 6 000 mètres de dénivelé. Au même moment, en Scandinavie, Hans Christer Holund comptabilisait 204 kilomètres en 11 heures et 23 minutes à Nordmarka. Puis Anders Aukland et Joar Thele avalaient 321 kilomètres en 18 heures, Thea Krokan Murud 347 kilomètres en une journée. Sur une piste de 3,73 kilomètres, Eirik Asdoel réussissait à tenir 18 heures et
Hugo Buffard à Ulricehamn. MODICA/NORDIC FOCUS
« Je me retire du ski de haut niveau. » C’est par ces mots que le 31 mars dernier, Hugo Buffard a annoncé sa retraite. Il ajoutait qu’il n’avait « plus envie de [s]’investir autant que par le passé. » Jusqu’au printemps 2018, le Rousseland a été combiné. En ski de fond, il a signé plusieurs podiums en OPA Cup et une victoire dans une course FIS à Arvieux. Il est aussi monté en coupe du monde à Ulricehamn.
... ainsi que Toni Livers et Clément Arnault À 36 ans, fin de parcours pour Toni Livers. Au cours de sa carrière, il a signé la première victoire individuelle suisse à Davos en 2007 et participé au premier succès du relais helvète en coupe du monde à La Clusaz en 2010. Le Grison forme désormais les juniors de l’Association de ski des Grisons et de Swiss-Ski. Après dix-neuf départs en Clément Arnault. coupe du monde, Clément b VANESSA ANDRIEUX Arnault a décidé de tourner la page. Avant de disputer des compétitions en ski de fond, notamment en sprint, l’Isérois avait été biathlète.
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16 | nordic MAGAZINE | n°34
Alexis Jeannerod au sommet du Mont Blanc
DR
TEAM RAGDE EIENDOM b
Marit Bjoergen, retraitée du circuit international de ski de fond depuis deux ans et une dernière virée dorée sur les pistes olympiques de Pyeongchang, replonge dans le grand bain de la compétition. La plus grande fondeuse de l’Histoire va, cette fois, goûter à la longue distance au sein du Team Ragde Eiendom des frères Anders et Joergen Auckland. Marit Bjoergen vise la Vasaloppet qui se déroulera en 2021 de manière inédite. Le 7 mars, seuls 400 skieurs pourront prendre le départ.
DR
50 minutes, ce qui faisait 376 km dans les jambes. En somme, c’était à celui qui réussirait la plus longue distance. Dans le plus grand secret, les frères Anders et Joergen Aukland et leur coéquipier du team Ragde Eiendom Joar Thele entreprenaient un voyage de trente et une heures et demie. Résultat : 519,7 kilomètres d’après leur montre GPS. Un record battu peu de jours après par Henrik Sollie, 45 ans, sur un ruban de neige de 5,5 kilomètres. Il dépassait 520 km.
Le retour de Bjoergen
Célia Aymonier range la carabine À 28 ans, Célia Aymonier a mis fin en mars dernier à sa carrière de sportive de haut niveau. Après quelques années passées sur le circuit de la coupe du monde de ski de fond, la Haut-Doubiste s’est tournée vers le biathlon. Avec ses coéquipières, elle est alors monté à dix reprises sur le podium (dont trois victoires). Toujours en relais, elle a aussi décroché une médaille mondiale.
Antoine Auger devant sa machine infernale.
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Début août, le Pontissalien a gravi le Mont Blanc. « J’ai grimpé avec un ami qui connaissait déjà le chemin vers le sommet. Nous avons juste attendu un week-end qui offre de bonnes conditions météorologiques et nous avons tenté l’aventure », raconte-t-il. Il était accompagné de Pierre Tichit, président du Team Decathlon Experience et entraîneur en Suisse.
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Instanordic
DANS LES TRACES
Robin Duvillard
Saison blanche pour le Suisse Killian Peier
est le nouveau directeur sportif du Team Vercors Isère.
Sylvain Guillaume préside désormais Jura Ski Events. Le médaillé olympique de combiné nordique succède à William Trachsel à la tête de l’association qui a été créée pour organiser les grands événements nordiques du département du Jura.
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de la prochaine saison hivernale. Mais je vais prendre mon temps, je ne veux pas forcer », a confié Killian Peier à nos confrères de SkiActu. Il espère tout de même pouvoir revenir aux affaires à temps pour participer aux Jeux olympiques de Pékin.
Muhlethaler éloigné des tremplins
Les masques de Clément Jacquelin
Jeudi 1er octobre, le combiné jurassien Laurent Muhlethaler s’est fracturé le radius sur la glace de la patinoire de Courchevel (Savoie) lors d’un stage. S’il ne s’est pas fait opérer, son bras gauche est immobilisé pour deux mois. « On faisait des exercices comme des bonds, mais aussi de la vitesse avec des sprints. Malheureusement, j’ai un peu perdu l’équilibre et je n’ai pas réussi à m’arrêter. Je me suis donc encastré dans la cage de hockey », raconte-t-il à Nordic Magazine. Cet arrêt aura donc des conséquences sur le début d’hiver du Français.
L’ancien biathlète Clément Jacquelin, devenu ingénieur spécialisé dans la fabrication de pièces 3D pour les carabines, a lancé au printemps l’initiative solidaire « Des masques pour sauver des vies ». Il a configuré ses imprimantes pour fabriquer des masques rigides réutilisables. Fort de cette expérience, il a lancé début novembre, avec 2 300 partenaires réunis sous la bannière 3dchampions.org, une nouvelle gamme. Cette fois, ses masques sont souples et « constitués intégralement d’un filament breveté et certifié pour le médical » annonce avec fierté le grand frère d’Émilien. i www.athletics3d.com
Ola “Okey” Klæbo, le frère de la star norvégienne de ski de fond Johannes Hoesflot Klæbo, a signé un contrat avec Sony Music Norway qui a acquis les droits sur les quatre prochains titres du chanteur et une option pour quatre autres.
Johannes Hoesflot Klæbo
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a, quant à lui, conclu un partenariat de cinq ans avec la chaîne de stations-service Uno-X. Le jackpot pour le triple champion olympique qui, selon la presse scandinave, pourrait toucher à terme plus de 23 millions d’euros.
Martin Johnsrud Sundby et Niklas Dyrhaug, qui ont été exclus de l’équipe nationale de Norvège, ont créé leur propre team, Eidissen/BN Bank.
Samuel Ikpefan, nouveau membre de la Team Nordic Panthers, va disputer les championnats du monde d’Oberstdorf sous les couleurs du Nigéria, le pays de son papa. Il a également obtenu suffisamment de points FIS pour, en 2022, se rendre en Chine pour les JO.
Fabien Claude et Delphine Claudel ERIKA GUILLOTIN
ont rejoint l’équipe de France militaire de ski.
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DR
es championnats suisses de saut à ski ne lui auront pas porté chance. Dans un premier temps, la compétition programmée le weekend des 10 et 11 octobre avait dû être reportée. Killian Peier, le médaillé de bronze aux Mondiaux de Seefeld qui visait une cinquième couronne consécutive, et Andreas Schuler avaient été testés positifs au coronavirus et mis en quarantaine. Quand le concours a enfin pu se dérouler, le 21 octobre, le sauteur de la Vallée de Joux a lourdement chuté à la réception de son premier saut. Il a été rapidement conduit à l’hôpital. Une déchirure du ligament croisé antérieur du genou droit lui a été diagnostiquée. Opéré les jours suivants à la clinique universitaire Balgrist à Zurich, il ne pourra pas sauter de l’hiver, sa convalescence prenant entre six et neuf mois. À 29 ans, Gregor Deschwanden a finalement remporté son premier titre de champion de Suisse. « J’espère être en pleine forme dans un an, pour le début
Dario Cologna a dit oui à sa bien-aimée Laura Bucher, avec qui il partage sa vie depuis de nombreuses années.
Petter Eliassen a remporté le premier classement mondial mis en place par la Worldloppet. Le premier Français est Alexis Jeannerod (21e) et la meilleure dame, la Suédoise Lina Korsgren.
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Denis Brogniart : « Martin Fourcade pourrait briller dans Koh-Lanta »
Fourcade proche d’un sixième titre olympique
E Martin Fourcade apprécie le divertissement de TF1 Koh-Lanta. b
PHILIPPE LEROUX/ALP/TF1
En avril dernier, dans L’Équipe, Denis Brogniart a déclaré que Martin Fourcade pourrait gagner Koh-Lanta, l’émission d’aventures de TF1. En tout cas, assure-t-il, il ferait un très bon candidat. « Il est endurant, assez polyvalent, intelligent et réfléchi », énumère l’animateur. Le programme de la première chaîne plaît aux sportifs de haut niveau. Plusieurs d’entre eux, du cycliste Thibaut Pinot au basketteur Evan Fournier, ont déjà exprimé leur souhait d’y participer. En 2018, dans 20 minutes, le quintuple champion olympique avait affirmé ne pas être contre l’idée de rejoindre un jour à l’émission. Un des rares programmes de télévision qui, disait-il, l’attirait en raison de sa dimension sportive. Depuis septembre, Koh-Lanta : Les 4 Terres est une nouvelle fois plébiscité par les Français. Le divertissement réunit cinq millions de fidèles chaque vendredi soir.
CARNET ROSE Depuis le 9 avril, Julie et Clément Arnault, ancien membre de l’équipe de France de ski de fond, sont les parents d’un petit Jules. Le 8 mai, avec son mari, nouvel entraîneur du groupe U23 de l’équipe de France, Mathias Wibault, Anouk Faivre-Picon accueillait Stina. Ils sont déjà les heureux parents d’Even né en 2017. Le 7 juillet, la famille de Violette et Guillaume Lalevée s’est agrandie avec la venue de Suzanne. Son grand frère Merlin a partagé ce bonheur.
t si Martin Fourcade pouvait désormais revendiquer un sixième titre olympique... À l’heure où nous mettons sous presse, rien n’est encore fait. Comme l’a déclaré le président de l’IBU, Olle Dahlin, « il faut attendre la décision finale du tribunal. » Disons simplement que l’affaire est en bonne voie. Pour comprendre, il faut embarquer dans la machine à remonter le temps et nous retrouver aux Jeux olympiques de Vancouver, en 2010. Dans le stade de Whistler Mountain, le 21 février, le Français qui n’avait alors que vingt-etun ans décroche une médaille d’argent dans la mass-start, à dix secondes du vainqueur et malgré un 17/20 au tir. Ce jour-là, le titre revient au Russe Evgeny Ustyugov. Mais ce dernier a depuis été rattrapé par la patrouille. Le 27 octobre, le Tribunal arbitral du sport de Lausanne l’a jugé coupable de violation des règles antidopage. Il est accusé d’avoir utilisé de l’oxandrolone. En conséquence, le TAS a annulé ses résultats entre le 24 janvier 2010 et la fin de la saison 2013/2014. L’ancien biathlète — il a pris sa retraite sportive le 5 avril 2014 à l’issue d’une épreuve exhibition à Moscou – a la possibilité de faire appel dans les vingtet-un jours suivants.
Martin Fourcade et le Russe Evgeny Ustyugov sur le podium de la mass-start de Vancouver. b
GEPA / PANORAMIC
Rappelons que c’est en 2018 qu’Ustyugov s’est retrouvé dans son collimateur de même que les autorités russes à qui l’on reproche d’avoir voulu enterrer l’affaire. La Norvège attend de son côté de pouvoir récupérer une médaille de bronze dans le relais des JO de Sochi. Si cela venait à être confirmé, elle prendrait la tête du classement des nations... au détriment de la Russie.
Sursis d’un an pour les farts fluorés
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e feuilleton sur le fart fluoré a pris momentanément fin le 9 octobre dernier. C’est à cette date que la FIS et l’IBU ont conjointement annoncé qu’il ne serait finalement pas interdit lors de la saison 2020/2021. La justification est simple : Fluorine Tracker, la machine développée par la société allemande Kompass – en lien avec l’Institut Fraunhofer de Munich – censée détecter la présence de fluor sur les semelles des skis n’est pas prête. Elle devait pourtant être présentée aux différentes nations les 23 et 24 septembre, avant que le rendez-vous ne soit annulé.
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La majorité des sportifs, dont les biathlètes norvégiens Johannes Thingnes Boe et Tiril Eckhoff, ont salué cette décision en mettant en avant l’argument de l’équité. En Norvège, où le produit sera interdit lors de toutes les compétitions nationales dès cet hiver, ce report a par contre du mal à passer dans la classe politique : « La prise en compte de l’environnement et de la santé des farteurs est plus importante que le danger que quelqu’un triche », s’indigne notamment Lars Haltbrekken, parlementaire écologiste du royaume, auprès de la chaîne publique NRK.
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Le ski de fond confiné Seuls les skieurs de l’équipe de France, les espoirs inscrits sur les listes ministérielles et les éducateurs sportifs peuvent continuer à s’entraîner.
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epuis le 29 octobre, la France, confrontée à une deuxième vague de la pandémie de coronavirus, est priée de rester chez elle. À la différence du printemps, le gouvernement a autorisé les sportifs professionnels, les athlètes de haut niveau et espoirs inscrits sur listes ministérielles et leurs partenaires d’entraînement, à déroger à l’interdiction de circuler. Pour les autres, c’est sortie sous réserve d’être muni d’une attestation, dans la limite d’un kilomètre autour de son domicile et d’une heure maximum, à raison d’une fois par jour. « Du coup, on se retrouve avec des jeunes qui investissent tout leur temps et leur argent dans le ski de fond pour poursuivre leur rêve et à qui on dit qu’ils ne peuvent pas pratiquer leur sport. La situation est compliquée », peste Robin Duvillard, directeur sportif du team Vercors Isère. Un confinement qui a touché toutes les équipes de l’Hexagone à quelques semaines de l’hiver. Ainsi, la vingtaine de jeunes du centre de formation de La Féclaz a écourté le stage qu’elle effectuait à Tignes. Les skieurs de Decathlon Experience qui profitaient aussi du glacier de la Grande Motte ont été contraints de plier bagage, comme les fondeurs du comité du Dauphiné qui étaient, eux, réunis aux Plans d’Hotonnes, dans l’Ain. « Entre l’équipe de France qui est actuellement en stage à Davos, en Suisse, et les autres qui ne peuvent rien faire pour le moment, il y a une vraie iniquité, d’autant plus que la saison débute dans un mois », regrettet Robin Duvillard. Les plus chanceux sont encore ceux qui détiennent une carte professionnelle d’éducateur sportif. Ils peuvent déroger à la règle. Tous les plans ont donc dû être revus. À l’exemple du Team Nordic Panthers qui envisageait aussi de profiter de la piste enneigée des Grisons, avant de terminer sa préparation à Bessans. L’équipe garde toutefois le contact par visioconférence. « Une réunion aura lieu chaque semaine pour suivre l’évo-
Derniers instants de glisse sur le glacier de Tignes, avant le confinemenent. b
lution et garder le moral », indique Loric Bertrand, l’un de ses membres. Le coach a d’ailleurs demandé à ses troupes de rester mobilisées. Pour pouvoir encore chausser les skis,
QUENTIN JOLY/JOLYPICS
des fondeurs ont carrément passé la frontière et rejoint la Suisse. C’est le cas d’Alexis Jeannerod, Thomas Joly, Matis Leray [lire son portrait pages 32 à 37] ou encore Paul Combey.
Biathlon : le super sprint se fait éjecter
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e super sprint est un nouveau format que l’IBU souhaitait intégrer à son programme de coupe du monde de biathlon. Il devait être proposé lors de la prochaine clôture à Oslo, en Norvège. Plus précisément, le 18 mars 2021. Il ne serait resté alors que deux jours de compétitions. Un choix qui n’a guère plu au numéro un mondial, Johannes Thingnes Boe. « Idéalement, j’aurais aimé qu’ils l’ajoutent lors du week-end d’ouverture en Finlande et qu’il se court sans attribution de points », a-t-il confié à nos confrères de la télévision NRK. Le Suédois Sebastian Samuelsson a émis les mêmes réserves, jugeant pour le moins périlleux de disputer une course qui n’est pas familière à la caravane des biathlètes, précisément
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au moment où va peut-être se jouer l’attribution du gros globe de cristal. Les critiques ont été entendues. Le super sprint a été remplacé par une poursuite. Officiellement, l’IBU souhaite procéder à des « tests supplémentaires sur l’IBU Cup avant de le présenter sur la coupe du monde. » Dans un entretien accordé à Nordic Magazine, le Français Siegfried Mazet, entraîneur de l’équipe norvégienne, n’a pas caché le peu d’enthousiasme qu’il avait pour cette nouveauté qu’il accepte tout de même d’essayer... une fois : « C’est une formule qui devrait être réservée à des shows comme Schalke [N.D.L.R., tous les ans entre Noël et le Jour de l’An, un show est organisé dans le stade de football de Gelsenkirchen] », a-t-il déclaré.
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Start-list
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FABIEN CLAUDE Le persévérant
Malgré un talent évident, le Vosgien a tardé à concrétiser les espoirs placés en lui. Sa volonté et un entourage stable l’ont aidé à surmonter les obstacles. Méticuleux voire obsessionnel, il a mûri avec les épreuves et obtenu son premier podium individuel en coupe du monde l’hiver dernier.
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Issu d’une famille de sportifs, Fabien Claude a essayé de nombreuses disciplines avant de se fixer sur le biathlon comme ses frères Florent et Émilien. Christine, sa maman, est d’ailleurs la présidente et fondatrice de son club : le Basse Sur Le Rupt ski nordique. b LAURENT MÉRAT POUR NORDIC MAGAZINE
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Solide comme un sapin des Vosges
La carrière de Fabien Claude a été semée d’embûches. Le Vosgien a toujours réussi à relever la tête. Aujourd’hui, il fait partie du top 5 des biathlètes français. LAURENT MÉRAT POUR NORDIC MAGAZINE b
“C
e n’est pas un sujet tabou, mais je n’ai pas envie de m’étendre tous les jours dessus. » L’exploit de Fabien Claude à Pokljuka au début de l’année 2020 dans des circonstances tragiques le suivra malgré tout toute sa carrière. Le Vosgien a cependant assez de caractère pour assumer. En Slovénie, le 23 janvier, celui qui a grandi à Basse-sur-le-Rupt (88) est enfin monté sur le podium en coupe du monde de biathlon. Avec son premier 20/20 à la carabine et un courage hors du commun. Les images du jeune homme, yeux rougis après un individuel où seuls le numéro un mondial, le Norvégien Johannes Thingnes Boe,
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et l’extraordinaire Martin Fourcade s’étaient montrés plus forts, ont tourné en boucle. Car le plus beau jour de la carrière sportive de Fabien Claude est marqué du sceau du drame. La veille au soir, il apprenait que son père figurait parmi un groupe de touristes français portés disparus au Canada. Habitué des expéditions en Amérique du Nord, Gilles Claude y assouvissait sa passion des grands espaces en motoneige. Six personnes, dont le guide local, ont perdu la vie au cours de cet accident. Dès l’annonce du fait divers, son cadet savait que les chances de le retrouver en vie étaient minces. « Quand tu vois ce qu’il a réalisé après... J’en ai chialé. » Technicien en équipe de
neur du tir chez les Bleus. Ce soir-là, on ne pouvait pas faire grand-chose pour lui, à part être proche. » Le staff avait proposé à Fabien et Florent Claude de partager la même chambre pour se soutenir mutuellement. « Les coachs et les athlètes ont été formidables. Décrocher mon premier podium ce jour-là, c’est encore plus beau, mais je ne viens pas de nulle part. J’étais bien sûr poussé par une force extérieure. J’ai aimé ce qu’a dit Vincent [N.D.L.R., Vittoz, entraîneur de l’équipe de France] en rappelant que, la semaine d’avant, j’étais cinquième [N.D.L.R., sur le sprint de Ruhpolding en Allemagne]. »
Le skieur moderne
France de ski de fond après avoir pris soin des lattes de Fabien Claude en IBU Cup, Baptiste Claudon, camarade de massif, a été bouleversé par la résilience de son copain et de ses deux frères, dont Florent [N.D.L.R., membre de l’équipe de Belgique]. « Mon père aurait voulu qu’on coure », glisse sobrement Fabien Claude. « Il a eu une force incroyable. Le matin, il avait mal dormi, des cernes... Mon conseil, c’était courir car il était sur place, se faire plaisir et rentrer ensuite s’occuper de sa mère », se souvient le Jurassien Quentin Fillon-Maillet, qui partage souvent sa chambre lors des stages et des compétitions. « Ce sont des moments comme celui-là qui lient encore plus une équipe, reconnaît l’Italien Patrick Favre, entraî-
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Florian Rivot, coéquipier de Fabien Claude en juniors
C’est un fort caractère. Je le vois comme le chef de la fratrie, celui qui la mène vers l’avant et sait le plus ce qu’il veut. n°34 | nordic MAGAZINE | 27
Reste que ce podium se sera fait attendre. Dès ses jeunes années, le garçon était pourtant doué et promis aux premiers rôles en coupe du monde. « Si Fabien a percé et pas nous, c’est parce qu’il était le meilleur », assène Florian Rivot, un autre Vosgien qui, en février 2012 à Kontiolahti (Finlande), associé à Clément Dumont et Aristide Bègue, a remporté le relais des Mondiaux jeunes. Fabien Claude, faute d’avoir brillé sur les épreuves individuelles, était quant à lui sur la touche. « Il a des qualités physiques indéniables et incarne le skieur moderne. Il est ultra-endurant et ultra-explosif. Face à lui sur une piste, il faut déjà s’accrocher. Il était déjà très bon à l’époque en étant un tireur plus que moyen. » Son palmarès dans les petites catégories en ferait pâlir plus d’un : de multiples médailles mondiales, dont les titres du sprint en jeunes en janvier 2013 et de la poursuite en juniors en mars 2014. Depuis le début, la carrière de Fabien Claude a été semée d’embûches. À sa place, beaucoup auraient rangé la carabine et seraient passés à autre chose. Mais comme les sapins des Vosges qu’il affectionne, lui, n’a jamais rompu. « Je n’avais pas envie d’abandonner. Je savais que je pouvais exister au plus haut niveau », lâche l’intéressé quand il repense à ce foutu mois de décembre 2018. À Pokljuka, déjà. Il débutait en coupe du monde qui, pour lui, allait prendre un drôle de tour. Il terminait 76e de l’individuel et 84e du sprint. C’est qu’il avait été rapide sur les skis, mais catastrophique devant les cibles : 14/20 et 5/10. Direction l’IBU Cup où il devait encore faire ses preuves, sans assurance de remonter un jour en coupe du monde. « Ces retours en IBU Cup
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Skieur de talent, parmi les plus rapides de la coupe du monde, Fabien Claude a souvent été rattrapé par l’excessive pression qu’il se mettait dans ses jeunes années, malgré un palmarès solide chez les juniors, et il était pénalisé par son inconstance sur le pas de tir. b
MODICA/NORDIC FOCUS
lui ont fait du bien, analyse a posteriori Patrick Favre. Cela a forgé son caractère. » D’apparence calme, Fabien Claude a longtemps été rattrapé par ses émotions. Là où Quentin Fillon-Maillet et Émilien Jacquelin se sont vite installés au sommet de leur sport, le Bassurois a multiplié les allers-retours dans l’antichambre. « Je me suis construit lentement, mais sûrement. Je suis passé par tellement d’échecs que, même si je devais redescendre à nouveau, je saurais remonter. » Compagnon de route des années juniors et IBU Cup, Clément Dumont a gardé des liens étroits avec la fratrie Claude. « Fabien a démontré que la fédération a eu raison d’insister avec lui. Ça fait longtemps que je sais qu’il est capable de gagner une coupe du monde. » Sans doute parce qu’il n’a jamais perdu sa ligne de mire bien qu’embarqué dans des montagnes russes. Il a pu se reposer sur un socle familial solide, avec ses parents attentionnés et ses frères évidemment, mais aussi ses amis. « La fidélité en amitié, c’est typique des Vosgiens, prolonge Clément Dumont. C’est toujours un plaisir de revoir les Claude. Même si ce n’est qu’une ou deux fois par an, c’est comme si on s’était quittés la veille. »
Une âme de leader
Sonne alors le clairon de la camaraderie. L’heure venue, le Bassurois sait couper le contact avec le biathlon. « Début avril, il arrive facilement à poser les
skis et la carabine », dixit Florian Rivot. « Fabien est à bloc dans son sport mais cela reste un bon vivant quand la saison est terminée », abonde Baptiste Claudon. Au milieu de la bande, le gaillard n’hésite alors pas à prendre les choses en mains. « Avec ses potes, il amène des idées, même si elles ne sont pas toujours bonnes !, taquine Florian Rivot. Il a une âme de leader, sans se mettre en avant. » « Il s’intègre très bien dans un groupe et aime la compagnie, confirme Quentin Fillon-Maillet. On est en équipe plus de deux cents jours par an et Fabien contribue à la
bonne atmosphère qui règne. » Patrick Favre applaudit : « J’aime beaucoup travailler avec lui. Il sait quand il peut faire des blagues et sa sincérité l’aide à vivre dans un groupe. » Un bon camarade donc, mais loin d’être effacé : « C’est un fort caractère. Je le vois comme le chef de la fratrie, celui qui la mène vers l’avant et sait le plus ce qu’il veut », complète Florian Rivot. « J’ai toujours rêvé d’être un champion. Plus le temps passe et plus cela se renforce », concède Fabien Claude. Christine, la maman, a aussi eu son heure de gloire et aurait pu être
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Quentin Fillon-Maillet, membre de l’équipe de France de biathlon
SUR L’ENGAGEMENT ET L’ENTRAÎNEMENT, IL EST IRRÉPROCHABLE. IL EST TOUJOURS À LA RECHERCHE DE LA PERFORMANCE. 28 | nordic MAGAZINE | n°34
SUR LE SKI NORDIQUE, LES TENUES & ACCESSOIRES LE FART & L’ATELIER SKI n°34 | nordic MAGAZINE | 29
LAURENT MÉRAT POUR NORDIC MAGAZINE b
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Fabien Claude
Avec mes frères, heureusement qu’on est liés et qu’on ne se prend pas la tête.
des Jeux d’Albertville en 1992, carabine dans le dos. Gilles, le papa au sourire indélébile, était plutôt branché moto. Discret sur les compétitions, ce dernier ne manquait jamais d’évoquer, en coulisses, sa fierté de voir ses garçons à haut niveau, mais surtout épanouis et soudés. « Être ensemble sur la coupe du monde a permis à Fabien et Florent de se soutenir mutuellement. Il y a eu Pokljuka, mais ils ont été impressionnants moralement sur tout le reste de la saison », observe le Vosgien Igor Cuny, technicien en équipe de Belgique et proche des Claude. « On n’a pas envie de se déchirer pour du sport, glisse Fabien Claude. Avec mes frères, heureusement qu’on est liés et qu’on ne se prend pas la tête parce que l’un est 10e et l’autre 20e. On n’a rien à se prouver les uns les autres. »
Compétiteur jusqu’à l’extrême
Dans le sillage de Florent et avant Émilien, membre de l’équipe de France B, il s’engage dans le sport à très haut niveau, avec une permanente volonté d’exceller. Un atout ? Pas toujours. « Son truc en plus, c’est sa soif de compétition. Jusqu’à l’hiver dernier, il vivait essentiellement pour le biathlon et la compétition. Tous ses centres d’intérêt tournaient autour. En juniors, il avait déjà la hargne pour persévérer », analyse Clément Dumont. Le drame de janvier a bousculé ses certitudes. Il a appris à relativiser. Néanmoins, il reste un maniaque du moindre détail. Jusqu’à l’obsession. « Sur l’engagement et l’entraînement, il est irréprochable. Il est toujours dans la recherche de la performance »,
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observe Quentin Fillon-Maillet. Élève attentif de Vincent Vittoz et Patrick Favre, Fabien Claude reste avide du moindre coup de pouce. « Tu ne peux pas atteindre un tel niveau si tu n’es pas perfectionniste, le défend Igor Cuny. En course, Fabien me demande de le regarder skier pour des conseils techniques et trouver des trucs pour les courses d’après. » Skieur hors pair, capable de rivaliser avec, voire de dominer Martin Fourcade sur la piste, il a longtemps été pénalisé par son inconstance au tir. Son pourcentage de réussite a toutefois considérablement évolué ces dernières saisons. « Il ne fait plus des erreurs aussi grossières qu’avant. Maintenant, il comprend ses fautes. C’est plus facile pour ensuite les corriger, observe Patrick Favre. Il a assimilé que parfois il vaut mieux attendre un peu pour envoyer sa balle. Fabien a peut-être besoin de plus de temps que d’autres pour apprendre les choses. » Seule la gagne l’intéresse. Deuxième, c’est une défaite pour l’orgueilleux Fabien Claude. « Ce côté compétiteur est viscéral. Dès qu’il y a un petit enjeu, il ne prend rien à la légère », se souvient Clément Dumont. « Fabien renverse facilement les jeux de société. Il pète un boulon d’un coup et met tout par terre ! », plaisantent, hilares, Émilien et Florent Claude.
À Pokljuka, Fabien Claude en route vers son premier podium en coupe du monde. b
MANZONI/NORDIC FOCUS
garçon simple et pas bling-bling. C’est aussi le milieu du ski nordique qui veut ça », souligne Igor Cuny. « Ils n’ont jamais oublié d’où ils venaient. Pendant très longtemps, quand ils partaient sur une grosse compétition, ils envoyaient une carte postale à mon père [N.D.L.R.,
Bernard Cuny qui a été conseiller technique du ski de fond vosgien et a vu passer Florent, Fabien et Émilien]. Avoir un retour et une reconnaissance des gens que tu as formés, cela devient rare. » Fabien Claude a des racines solides. Comme les sapins de ses Vosges. n
Un emploi du temps millimétré
On retrouve cette rigueur en dehors des stades. C’est que chaque minute compte quand on veut atteindre la perfection. « Il calcule tout par rapport au biathlon. Pour lui, la récupération fait partie de l’entraînement », explique Florian Rivot. « Mon emploi du temps est millimétré, reconnaît Fabien Claude. Pour la saison prochaine, j’ai déjà mon calendrier jusqu’en avril. J’essaie d’optimiser mon temps. Quand je dois faire le plein de la voiture, si la journée est chargée, je le fais au cours d’un trajet. La vie d’athlète de haut niveau, c’est de la planification. C’est très rare que je décide quelque chose à l’improviste. » Malgré ces contraintes, n’allez pas croire qu’il ne vit pas comme n’importe quel jeune de son âge. « Je ne me sens pas bridé. Si je veux sortir avec des copains, j’y vais, mais à des moments opportuns. Je ne le ferai pas la veille d’une course ou en hiver. L’été, je vais au lac pour faire un barbecue avec des amis. » « Comme ses frères, Fabien est un
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MATIS LERAY L’homme pressé
À seulement vingt-et-un ans, le Beaufortain sera, cet hiver, le seul Français à évoluer au sein d’une équipe professionnelle étrangère. Plus que jamais, le jeune homme se donne les moyens de progresser sur le circuit de la Visma Ski Classics dont il espère un jour devenir l’un des meilleurs coureurs.
Quand Matis Leray s’est lassé du fond spécial, il a frappé à la porte du e-Liberty Ski Team avec qui il est resté un an. Cet hiver, c’est sous les couleurs du team italien Robinson Trentino qu’il va disputer les courses de la Visma Ski Classics. b
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Éloigné de ses coéquipiers en dehors des stages, le jeune homme s’entraîne seul, ou avec le team Nordic Panthers. « Je n’y vais jamais à reculons », assure-t-il. Lors du second confinement en France, il est parti dans le Valais suisse poursuivre sa préparation
avec Thomas Joly et Paul Combey. b
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atis Leray ne perd jamais son temps. À vingtet-un ans, le fondeur donne l’impression d’avoir déjà vécu plusieurs vies. C’est que les journées du Savoyard sont bien remplies. Depuis des mois, il enchaîne les séances d’entraînement. La saison prochaine, il sera l’unique Français à évoluer dans une équipe professionnelle étrangère de la Visma Ski Classics, le circuit des courses longue distance. Les Jurassiens Roxane Lacroix et Alexis Jeannerod sont rentrés au bercail après leur escapade tchèque. Matis Leray portera les couleurs du team italien Robinson Trentino où évoluent, entre autres, Justyna Kowalczyk et Alexander Panzhinskiy. « Malgré son jeune âge, il veut tout de suite voir très grand, remarque Antoine Auger qui l’a bien connu l’an dernier au sein du e-Liberty Ski Team. Et il se donne les moyens de réussir. » Ainsi, c’est lui qui, alors qu’il parle peu l’anglais et pas du tout la langue de Dante, a contacté le manager transalpin Bruno Debertolis pour lui proposer ses services. « Quand Matis m’a écrit, je ne savais pas qui il était, alors j’ai vérifié son classement et j’ai vu son résultat à la Dobbiaco-Cortina. Il avait réussi une course impressionnante pour un coureur né en 1999 qui a pris le départ avec les dossards 1 200 du peloton des amateurs », raconte l’ancien compé-
titeur dont la carrière est riche de plus de soixante courses en coupe du monde. Et d’ajouter : « Il est passionné, vraiment déterminé à suivre ses objectifs et à réaliser ses rêves. C’est ce dont nous avons besoin. » Quitte, comme le note Antoine Auger à propos de son camarade, à « sauter les étapes. » « À dix mois, Matis marchait déjà. À même pas cinq ans, il nageait en apnée. Il a toujours été pressé », confirme Sandrine, sa mère.
No pain, no gain
« Enfant, j’étais hyperactif », lâche le skieur. Une situation que ses parents commerçants doivent rapidement intégrer. « Il fallait absolument canaliser son énergie », se souvient la maman. À l’époque, son mari est boulanger-pâtissier et les débuts d’après-midi, il fait la sieste. Le calme est requis dans la maisonnée. Le turbulent gamin fera donc du sport. Il intègre le ski-club d’Arêches-Beaufort (73) qu’entraîne Raphaël Suchet. Puis il rejoint le comité de Savoie où il fait la connaissance de Samuel Jaussaud, qui deviendra son ami et « mentor. » « C’est un jeune attachant, impulsif », décrit l’ancien coach qui n’a pas oublié cette période. Notamment le passage de Matis Leray par le lycée de Saint-Michel-de-Maurienne, un des rares fondeurs au milieu d’une armée de freestyleurs et autres skieurs alpins.
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Antoine Auger
Malgré son jeune âge, il veut tout de suite voir très grand.
Samuel Jaussaud parle d’une « période formatrice », pour son protégé et aussi pour le coach qu’il était. « Avec son tempérament, il a fait des erreurs et j’en ai commises aussi. Mais toutes sont maintenant digérées », reconnaît-il. L’athlète est impulsif, laborieux, « quitte à trop en faire parfois. » « J’aime atteindre mes limites », concède le jeune homme également passionné de musique électro au point de fréquenter les festivals spécialisés avec les copains. No pain, no gain. Il ne compte pas ses heures. Ce qui ne surprend pas ses parents : « On a toujours été commerçants, on a toujours beaucoup travaillé, avec une grosse amplitude horaire. » Par la force des choses, leur fils
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Matis Leray
Je suis autonome depuis toujours. J’aime bien garder la main, être acteur de ma performance.
Matis Leray a passé son brevet d’État d’entraîneur de ski de fond. Il travaille aussi pour l’École du Ski Français des Saisies. L’emploi du temps du jeune homme est bien rempli. b
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est à bonne école et apprend à se débrouiller seul. Depuis déjà longtemps, il mène donc sa barque. « Je suis autonome depuis toujours. J’aime bien garder la main, être acteur de ma performance », assure-t-il. L’hiver dernier, en plus de disputer les courses populaires, il revêt la tenue rouge de l’ESF aux Saisies. Il passe aussi son brevet d’État d’entraîneur de ski de fond à l’École nationale de ski nordique de Prémanon. Pendant le confinement décrété pour combattre la pandémie de coronavirus, il travaille le matin comme livreur de produits frais et de surgelés quand d’autres deviennent accros aux séries de Netflix. Toujours pour financer sa saison, il part également en quête de sponsors qui acceptent de mettre la main au
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porte-monnaie, séduits par le nouveau projet du Beaufortain. Une nouvelle page dans sa jeune carrière qui lui coûte de se séparer des copains et de jouer sa partition en solo, car si sa nouvelle maison est italienne, il n’a pas quitté la France pour autant. « Matis est quelqu’un de très jovial, mais il a un côté solitaire. Il a besoin de se concentrer sur lui-même », se rassure Sandrine Leray. Fin juillet, le skieur part en Italie pour participer à un premier stage avec son nouveau team. À cause de la Covid-19, il se retrouve dans la situation du garçon qui va faire la connaissance de la jeune fille pour qui il a des sentiments mais avec qui il n’a parlé jusqu’ici que sur Snapchat et autres réseaux sociaux. « Je n’ai jamais été aussi bien accueilli. Ce voyage a effacé tous mes doutes. J’ai conscience que j’ai un peu de chance », raconte-t-il avant de dire du bien de son nouveau staff et de ses coéquipiers. Bruno Debertolis est pareillement enchanté. « C’est un bon gars, avant, pendant et après les entraînements, note-t-il. Pour le reste, il a vraiment faim de progresser. »
Confiance en lui
Matis Leray est ambitieux. « Il a extrêmement confiance en lui. Ce qui m’a impressionné chez lui, ce sont ses certitudes. Cela peut passer pour de l’arrogance. Mais je l’admire et je l’envie », confie Antoine Auger. « C’est davantage vrai maintenant qu’avant,
confirme Samuel Jaussaud. Il accepte mieux les échecs. » Ce qu’il a perdu en impulsivité, il l’a gagné en maturité. « Il arrive à mieux cibler », poursuit le coach. « Il a encore beaucoup de chemin à faire pour devenir un skieur de haut niveau, mais je crois qu’avec beaucoup de travail, d’humilité et en acceptant les défaites, il peut atteindre son but. Mais je n’oublie pas qu’il n’a que vingt-et-un ans », assure Bruno Debertolis qui entend faire du team Robinson Trentino la deuxième famille du francese. « Je veux rester avec eux quelques années », annonce Matis Leray qui n’a pas peur des difficultés qui l’attendent. C’est parce qu’il a pour lui la plus grande des motivations. Quand on lui demande pourquoi il mène la vie qu’il s’est choisie, il répond d’abord : « Le sport, c’est ma vie. Je ne me vois pas arrêter. J’ai le projet de devenir entraîneur. Plus tard, je me mettrai aussi au trail. » Ce qu’il a déjà fait, soit dit en passant. En août, il a ainsi passé dix-sept heures d’affilée sur les sentiers de l’Échappée Belle, en Belledonne. Il parle également du plaisir de la glisse, des paysages montagneux qu’il recherche sans être contemplatif pour autant... Mais insistez un peu et le jeune homme blond aux yeux bleus vous révélera ce qu’il a vraiment au fond de lui. Sa réponse semblera évidente et tout à la fois infiniment déconcertante : « Je veux être heureux. » Parce que, dit-il, « de l’épanouissement jaillira la performance. » n
Votre magasin spécialiste
Fin juillet, le Français a fait connaissance avec ses nouveaux coéquipiers en Italie. b
MATIS LERAY
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ÉMILIEN BUISSON Mon dernier hiver
Alors que le team français Decathlon Experience part à la conquête de la Visma Ski Classics, Émilien Buisson annonce son retrait après la saison. Un nouveau défi l’attend : il a créé une application qu’il entend faire prospérer.
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Durant la prochaine saison, Émilien Buisson interviendra comme “expert” de la Visma Ski Classics auprès de Decathlon Experience. b
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THOMAS BRUAS
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e sera mon dernier hiver. » C’est la voix sereine mais un tantinet nouée qu’Émilien Buisson annonce la nouvelle. Il lui a fallu beaucoup d’énergie pour prendre sa décision, au point qu’il s’est retrouvé les batteries à plat. Or, ceux qui le connaissent le savent, il en faut beaucoup pour que l’homme perde pied. Un mardi du mois d’août. Le Team Decathlon Experience, né de la fusion de e-Liberty Ski Team et du Team Nordique Crédit Agricole Franche-Comté, est en stage dans le Jura. En début d’après-midi, les athlètes quittent le camp de base de Prénovel pour une sortie à ski-roues. Émilien Buisson prend le volant du minibus de l’équipe pour suivre ses troupes. Après quelques kilomètres, il s’aperçoit que les filles ont disparu. Plus exactement, elles ont pris l’itinéraire en sens inverse. Pour celui qui est encore leur entraîneur, il s’agit donc de les retrouver et les remettre sur le droit chemin. Depuis des années, le Haut-Savoyard ne panique pas quand ça tangue ou que la mer se fracasse violemment sur la proue du navire. Son quotidien est rempli de ces contrariétés qui en feraient disjoncter plus d’un. Mais lui, cela lui convient plutôt. Comme au matin de la course italienne La Marcialonga quand vingt centimètres de neige sont tombés la nuit sans que ce soit anticipé lors du fartage des skis, et qu’un de ses coureurs
ne met plus la main sur ses chaussures. « J’adore résoudre les problèmes. C’est mon travail », lâche-t-il. « Il apporte de la sérénité, traduit son ami Pierre Belingheri, entraîneur de Féclaz Formation Longue Distance [lire par ailleurs] avec qui il partage encore des séances de sport. Il est apaisant. Mais il ne faut pas se tromper. Derrière son look décontracté, c’est quelqu’un de rigoureux et de travailleur. » En fait, Émilien Buisson puise sa satisfaction dans la quête de solutions. « Pour moi, ce sont des défis, assure-t-il. Cela ne m’angoisse pas. »
Famille de « chercheurs »
La recherche, c’est en fait une histoire de famille. Rémi, son frère aîné, est... carrément chercheur. Après avoir passé sa thèse au Canada, connu les bancs de Harvard, la célèbre université privée américaine située à Cambridge, il a ouvert son propre laboratoire à Los Angeles, aux États-Unis. Un frenchy financé par les Américains, ce n’est pas courant. La fratrie a fait du chemin depuis l’enfance passée à Monnetier-Mornex (74), une commune proche d’Annemasse, donc de Genève où travaillaient les parents. C’est qu’enfants, les deux frangins sont diagnostiqués dyslexiques. « Ils étaient studieux, mais ils prenaient du retard. On leur a dit que ce n’était pas une raison pour baisser les bras », raconte Guy, le papa. Rémi n’a qu’une idée, poursuivre des études en biologie. Cette détermination sert de « moteur », d’« exemple » à son benjamin.
Émilien Buisson avec Antoine Tarantola, lors d’un stage dans le Jura. b
« Je me nourris de la réussite des autres », concède celui que l’on surnomme Mimil. « Je suis peut-être un vampire », s’amuse-t-il, sourire aux lèvres. En tout cas, il appréhende autrui dans sa globalité. « L’équipe lui doit beaucoup, assure la fondeuse de Praz de Lys-Sommand Marie Kromer. Il nous a poussés sportivement, mais aussi en dehors des pistes. Il nous a toujours encouragés à réussir à côté. » Le fameux double projet. « Dans un groupe, il porte attention à tout le monde, pas seulement à ceux qui occupent le devant de la scène », complète Pierre Belingheri. De son côté, Émilien Buisson a cheminé, non sans avoir un rapport ambigu avec l’autorité. À l’école, ce n’était déjà pas sans poser problème. Progressivement, il a compris qu’il ne pouvait défaire l’écheveau qu’en prenant la place de celui qui commande. Tout simplement. Une méthode qui a son lot de violence. En s’apprêtant à quitter le bord, il montre qu’il n’est en tout cas pas vissé à son siège. « J’ai l’impression que le job a été fait, explique-t-il. J’ai franchi la ligne d’arrivée. »
La force de ses faiblesses
L’homme marche à l’ambition. « Je n’ai plus aucune limite. J’ai besoin que l’on gagne la Vasaloppet [N.D.L.R., la plus grande course populaire du monde]. Je sais que l’on peut le faire. » Cette assurance revendiquée enthousiasme Alexis Jeannerod, le leader de Decathlon Experience : « J’aime bien être décomplexé. On ne peut pas battre quelqu’un si l’on se situe en dessous de lui, décrit le Pontissalien. Je suis pressé d’attaquer la compétition avec Émilien. Il a besoin d’adrénaline. Il sait se transcender quand arrive le stress. » Le premier Français au classement général de la dernière édition de la Visma Ski Classics le décrit comme un « meneur d’hommes ». « J’ai confiance en moi », lâche l’intéressé. On pourrait y voir de la prétention, c’est tout le contraire. « C’est quelqu’un qui est humble », confirme Pierre Belingheri. Il a une parfaite connaissance de ses lacunes et de ses faiblesses. Et c’est cette clairvoyance qui lui donne de la force et, parfois, de la dureté. « Quand c’est non, c’est non », assure-t-il. « Qui ne connaît pas ses défauts ne se connaît pas lui-même », dit un proverbe chinois. « Oui,
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À Livigno, en Italie, lors d’une course de la Visma Ski Classics. b
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Émilien Buisson et son frère Rémi, chercheur aux États-Unis. b
Enfant, à la découverte de la montagne avec son père.
Un entraîneur à l’écoute des athlètes. b
ÉMILIEN BUISSON
E-LIBERTY SKI TEAM
il avoue ses limites. Ce n’est pas pour autant que ça le rend faible », prévient Alexis Jeannerod.
La compétition pour moteur En fait, c’est le sport qui a permis au Haut-Savoyard de tracer les frontières de son territoire. « J’adore l’effort physique », concède celui qui, à douze ans, a laissé ses empreintes au sommet du Mont-Blanc. « Je le sentais capable de faire l’ascension, se rappelle son père qui l’accompagnait. Il est d’ailleurs arrivé en haut avant moi. » Guy Buisson reconnaît que la haute montagne lui a permis de gagner en assurance... comme le ski de fond a offert à son fils de s’affirmer : « On a un peu le même caractère. » « J’adore gagner », rebondit Émi-
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GUY BUISSON
lien qui est passé par le lycée du Fayet, avant d’évoluer en ski-club, au Pays Rochois puis au Grand-Bornand. C’est là, au pied des Aravis, qu’en 2006, à peine âgé de dix-neuf ans, avec une « toute petite bande », est né le team Haute-Savoie Nordic (HSN). Il y avait Mathias Wibault, Ivan Perrillat-Boiteux ou encore Geoffroy Pais. Quatorze ans plus tard, le bilan est exceptionnel. « On est allés au bout de nos rêves. On voulait gagner la Transjurassienne, courir en coupe d’Europe », se rappelle le pionnier. La course jurassienne deviendra leur jardin, la FIS Worldloppet Cup leur royaume et, au lieu d’OPA Cup, pour Perrillat-Boiteux, ce sera, avec l’équipe de France de ski de fond, une médaille de bronze au relais 4 x 10 km des Jeux olympiques de Sochi de 2014, en Russie. Rien de moins !
Pierre Tichit, président de l’association Decathlon Experience.
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Un palmarès qui s’est construit pierre après pierre. « On a souvent joué notre survie », insiste-t-il. Beaucoup ont contribué à écrire l’histoire, qu’il s’agisse de François Gaillard, Christophe Perrillat, Jean Herrody ou Alban Gobert qui a dépensé beaucoup d’énergie à construire le projet professionnel qu’est finalement devenu Decathlon Experience. « Aujourd’hui, nous fonctionnons comme une entreprise. Nous n’avons jamais été aussi forts », se félicite Émilien Buisson qui, en parallèle, a créé une start-up.
L’aventure Hbond
Nous y voilà. Il y a quelques mois, il a imaginé une application qui favorise la vente de matériel quand celle-ci implique un prescripteur. Par exemple, lorsqu’un pratiquant désireux
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Decathlon Experience se dote d’un centre de formation
La première promotion comprend dix-neufs jeunes skieurs. b
d’acheter une nouvelle paire de skis interroge un moniteur, celui-ci sélectionne le produit le plus adéquat pour lui. Il lui envoie alors les références par mail. À l’intérieur se trouve un lien qui donne accès au site de la marque. Quand la commande est validée, l’« expert » reçoit une commission. « L’idée m’a réveillé une nuit. Je me suis levé, j’ai écrit plein de choses », raconte-t-il. Suivent six à huit mois de maturation. Le storytelling se poursuit lors du confinement décidé au printemps pour combattre la pandémie de coronavirus. Adrien Rochedy assure le développement, d’autres associés apportent leurs idées, des équipementiers sont contactés. Déjà une quinzaine a été intégrée, une trentaine a exprimé son intérêt.
QUENTIN JOLY/JOLYPICS
L’activité de la start-up s’est encore accélérée quand elle a rejoint un incubateur d’entreprises. Le nom de la société, c’est Rémi Buisson qui l’a trouvé : Hbond, comme l’hydrogène qui sert de lien entre deux brins d’ADN.
Maxime Grenard comme successeur Il devenait dès lors difficile pour le petit frère de combattre sur deux fronts à la fois. En septembre, il a dû se rendre à l’évidence et a réuni les athlètes de Decathlon Experience pour leur dire qu’il était temps pour lui d’organiser son départ. Une transition qu’il souhaite paisible et veut réussir. Il entend aussi transmettre son savoir-faire et son livre de recettes. « Il a une expérience que personne n’a en France sur les longues
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À la sortie de l’hiver, deux teams tricolores qui allaient ensuite fusionner pour donner naissance à Decathlon Experience, s’associaient au club des sports de La Féclaz pour créer un centre de formation. « Un certain nombre de jeunes sortent de la catégorie U20 sans avoir rempli les objectifs fixés au niveau fédéral et se retrouvent sans projet. L’idée est donc de s’adresser à eux en leur proposant une continuité, explique Marc Desseux, qui dirige toute la partie administrative de la structure. Dans notre système, les jeunes ne changent ni de club ni de comité, leur point d’ancrage reste donc le même. » La première promotion comporte une vingtaine de skieurs, qu’entraîne Pierre Belingheri, aidé de Thomas Chambellant. Au cours de l’été, plusieurs stages et des séances d’entraînement leur ont été proposés. Avant le coup d’envoi de la saison hivernale, « tous les voyants sont au vert », se félicite le coach. Il apprécie la cohésion qui s’est installée, malgré l’hétérogénéité des profils. « Les athlètes se sont bien approprié le projet. Ils participent pleinement à son fonctionnement. » Certains espèrent pouvoir disputer des compétitions de fond spécial ; d’autres courront des longues distances.
distances. Il connaît les parcours, les fartages, les lieux où doivent s’opérer les ravitaillements », énumère Pierre Tichit, le président de l’équipe. Maxime Grenard le remplacera en tant qu’entraîneur, mais il interviendra encore sur chaque course comme « expert » avec le désir profond d’en « profiter ». Quant à tout ce qu’il a appris saison après saison, cela va lui servir pour atteindre le nouveau but qu’il s’est fixé. « C’est un compétiteur, il sait où il va, avec son entreprise, comme lorsqu’il est coach », affirme Pierre Belingheri à propos de son témoin de mariage. Confirmation : Émilien Buisson s’est déjà fixé un cap : « Mon ambition, c’est de dézinguer Amazon ». Foi de Mimil. n
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Hors piste
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CORPS D’É ÉLITE Je t’aime, moi non plus
Soumis à l’exigence du haut niveau, les skieurs sont au pas de course toute l’année. Comment la mécanique des corps s’enclenche-t-elle ? Enquête.
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our être un grand champion, il faut tenir toute la saison. » Vraie dans la plupart des sports, cette remarque d’Édouard Carnet fait particulièrement sens en ski. Mois après mois, le préparateur physique des équipes de France de ski nordique œuvre avec les athlètes à l’affûtage des corps. Dans le job à temps plein qu’est la vie d’athlète professionnel, la machine est constamment sollicitée et les récupérations comptées. « En vacances, je ne fais rien, raconte Lucas Chanavat. Mais c’est rare. Deux semaines au printemps, une semaine en septembre ». Comment tenir dans la durée ? Être performant saison après saison ?
La forme, une obsession ?
« J’essaye de ne pas leur demander sans arrêt comment ils se sentent ». Alexandre Rousselet, coach des distanceurs au sein de l’équipe de France de ski de fond, sait que les athlètes « y pensent déjà tout le temps ». Alors il regarde « la tête qu’ils ont » ou observe
« leur façon de skier ». Il lui faut surtout éviter que le sujet ne tourne à l’obsession, dans un cercle infernal et infini. « Ce qui fait la marque des grands, c’est de savoir se concentrer sur ce qui va arriver et pas sur ce qui s’est passé ». Traduction ? Le lâcher-prise. Ils le répètent tous. Ils doivent apprendre à s’écouter, mais aussi à s’oublier. Lucas Chanavat précise qu’en dehors « des hautes intensités, les signaux ne sont pas forcément révélateurs ». « Ce n’est pas parce que tu as mal aux jambes dans les escaliers que tu n’es pas en forme. De la même manière, tu peux avoir de super sensations à l’échauffement et ne pas être bien en course. Ou l’inverse », explique le Bornandin. Pour autant, le « petit check-up du réveil » [dixit Caroline Colombo] semble être automatique et la sensation de n’être pas en forme pèse sur les athlètes. C’est le cas de Martin Perrillat-Bottonet, éprouvé par sa première préparation avec l’équipe de France A de biathlon, cet été, et dont le but, à quelques semaines des premières courses, est de retrouver la forme. Est-ce une source de
Émilien Jacquelin lors du stage de l’équipe de France à Font-Romeu. b
AUGUSTIN AUTHAMAYOU
stress ? « Vous ne pouvez pas vous imaginer. C’est angoissant, parce que j’ai fait mon travail. Et que je ne sais pas quand la forme va revenir », confie-t-il. Caroline Colombo, biathlète de l’équipe de France A féminine, abonde : « Il est difficile de ne plus penser à son corps, de réussir à lâcher prise sans culpabiliser ». Surtout quand l’enjeu est de tenir sur toute une saison et qu’à chaque période de l’année correspondent des sensations.
Passer l’hiver
De retour à la compétition après avoir donné naissance à une petite fille, Anaïs Chevalier n’a pas de repère en compétition pour le début de saison. Satisfaite de sa préparation (elle a remporté les deux courses du rendez-vous d’Arçon en octobre), prête à en découdre, avec de gros objectifs, elle concède ne pas connaître son niveau par rapport au contingent international. « Je ne sais pas me situer. Moi, aujourd’hui, je me sens bien, en forme. Mais j’ignore ce que cela vaut. Ce qui est sûr c’est que je ne retourne pas en coupe du monde pour faire des milieux ou des bas de classement, mais pour performer », prévient-elle. Son expérience du plus haut niveau, avec cinq saisons en coupe du monde au compteur, l’aidera à s’adapter. Mais Anaïs Chevalier, jeune mère, est encore dans l’inconnu. Édouard Carnet témoigne de la spécificité des sports nordiques. Il décrit « des hivers longs, nerveusement éprouvants pour les athlètes, qui leur demandent de faire beaucoup d’heures pendant l’été ». Pendant les mois de compétitions, les sportifs jonglent entre les journées de voyage, de récupération et de courses. Leur emploi du temps ramassé ne leur permet plus de s’entraîner autant. « Ce sont les heures d’entraînement à basse intensité qui nous permettent de nous régénérer, explique Émilien Jac-
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Caroline Colombo, membre de l’équipe de France de biathlon
IL EST DIFFICILE DE NE PLUS PENSER À SON CORPS, DE RÉUSSIR À LÂCHER PRISE SANS CULPABILISER. N°34 n°34 || nordic MAGAZINE | 49
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QUENTIN JOLY\JOLYPICS
quelin, membre de l’équipe de France masculine de biathlon. Puisque notre corps a une mémoire, on la travaille pendant les six-sept mois de préparation ». Édouard Carnet est très clair : « la fatigue leur permet de tenir sur le temps long. La performance passe par cette fatigue ». Quand vient l’hiver, les skieurs doivent ensuite se préserver. « Je fais attention à perdre le moins d’énergie possible, raconte Jules
Lapierre. Pour farter les skis, pour les tester avec le technicien... j’essaie d’être le plus efficace et d’aller à l’économie de tout. »
Un suivi important et personnalisé
Pour tenir la durée, les corps des skieurs bénéficient d’un suivi important, de plus en plus précis et adapté à chacun. « Aujourd’hui tous font de la muscula-
Retour à la compétition pour Anaïs Chevalier qui vient d’être maman. b
MANZONI/NORDICFOCUS
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Anaïs Chevalier
Je me sens en forme. Mais je ne sais pas ce que cela vaut. tion, suivent des programmes très spécifiques. Ceux qui étaient avant moi allaient couper du bois ou montaient une maison et devenaient musclés et bons en ski de fond », se souvient Alexandre Rousselet, membre de l’équipe de France avant d’en devenir l’un des entraîneurs. « Maintenant, si on leur fait faire ça, ils ont des tendinites et des ampoules partout », resitue-t-il. « On a de nombreux tests de fatigue, qui nous aident beaucoup, dévoile Caroline Colombo. Ce sont des études sur la variabilité cardiaque. Nos entraîneurs sont formés à les analyser. » Le coach confirme que chez les fon-
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Martin Perrillat-Bottonet a été surpris par l‘exigence physique que réclamait sa place en équipe de France A de biathlon. b
MANZONI/NORDICFOCUS
Jules Lapierre lors d’un sprint à Toblach, en décembre 2018. b
MODICA/NORDICFOCUS
Pour Lucas Chanavat, « ce n’est pas parce que tu as mal aux jambes dans les escaliers que tu n’es pas en forme. » b
MODICA/NORDICFOCUS
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QUENTIN JOLY\JOLYPICS
deurs, chaque année, le staff essaie « de développer des nouveaux systèmes pour étudier leur fatigue et pour développer leur puissance. On est focalisé là-dessus, sur la performance ». Il conçoit ensuite une préparation adaptée, en plus des heures passées ensemble, en équipe, pendant les stages intensifs d’été. Martin Perrillat-Bottonet ne se souvient pas « avoir été aussi courbatu » qu’avec les A. « Avant je ne connaissais pas ça. Mais cet été, ce n’était pas facile de partir en séance de 2 h 30, le matin, avec les courbatures de la veille dans l’organisme ». Le bleuet de l’équipe apprend alors à ralentir à l’entraînement. « Je me suis fait engueuler par Quentin [Fillon-Maillet], parce que j’étais trop devant à l’entraînement et c’est vrai que j’aurais dû l’écouter un peu plus. J’aurais été en plus grande forme aujourd'hui », regrette-t-il à rebours. Mais comme le corps et l’esprit sont intimement liés, les athlètes ont besoin de prendre du plaisir pour réussir. Un équilibre savant se joue entre la rigueur du haut niveau et le plaisir de la pratique. Alexandre Rousselet rappelle qu’« ils se blessent aussi parfois à cause de problèmes psychologiques ». C’est pourquoi, la bonne forme passe par un « dialogue » entre le corps et l’esprit, l’un poussant l’autre à aller plus loin. S’il ne prenait pas de plaisir à l’entraînement, Martin Perrillat-Bottonet aurait-il ce niveau ? « J’ai besoin de sentir que je m’amuse, sinon je ne peux pas tenir tout l’été », reconnaît-il.
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Caroline Colombo
Plus j’arrive à me faire mal, plus je suis heureuse.
Un état qui en passe par la compétition entre collègues. « Quand on voit le panneau d’un village au loin, et qu’on accélère tous », s’amuse Jules Lapierre, ou à la musculation, où, de l’avis d’Émilien Jacquelin, « il y a des rapports de force, où l’envie d’être meilleur que les autres fait qu’on se tire la bourre ». Instrument de travail, le corps des athlètes est par conséquent autant un outil de domination qu’un élément de comparaison. Les skieurs « vont au-delà d’eux-mêmes, quand ils tentent de dépasser les autres », signale Alexandre Rousselet. Quand Martin Perrillat-Bottonet arrive en salle de musculation avec l’équipe A de biathlon, il veut se mettre à niveau, suivre les autres dans ce qui représente pour lui un « volume et une charge de travail supplémentaires ». La souffrance dans l’effort devient une Mon plaisource de satisfaction. « sir, c’est d’avoir poussé la limite de la souffrance, raconte Caroline Colombo en riant de son goût pour l’effort. Plus j’arrive à me faire mal, plus je suis heureuse ».
La nourriture comme moteur
À chacun, toutefois, de faire en fonction de ses capacités et de ses besoins. Pour son premier été avec l’équipe A de biathlon féminin, la Jurassienne constate que « les filles s’entraînent beaucoup plus vite » qu’elle. Elle décide « de rester derrière pour finir l’été ». L’objectif est certes d’arriver à l’hiver avec « de l’explosivité et des jambes légères ». Mais aussi « d’avoir de la réserve », rappelle Émilien Jacquelin. Très entraînés, « les corps des athlètes sont sur un fil, reconnaît le coach des fondeurs tricolores. Plus ils sont forts, plus le risque de tomber malade est important. Ils peuvent se blesser ou attraper un truc d’un jour à l’autre, parce qu’ils sont à la limite s’ils ont bien bossé. Ce sont des pur-sang, des machines super bien huilées. » Et pour entretenir ces machines, il faut manger…
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Soumis à des températures basses pendant des mois, les skieurs perdent de l’énergie « qu’ils récupèrent avec le sommeil, mais surtout avec les apports caloriques », résume Édouard Carnet : « Ils sont obligés de manger un peu plus. Comme ils font beaucoup d’heures, ils doivent compenser. » Gros mangeurs, ces skieurs ne peuvent toutefois pas « se permettre des kilos en trop ou en moins », prévient-il. « lls savent qu’ils souffriraient à l’entraînement. » Selon ses dires, le staff prend garde à rassurer ses athlètes : « On essaie de ne pas trop leur mettre la pression avec ça, pour éviter un culte du corps ». Le danger, réel chez les sportifs, est que le régime vire à l’obsession et provoque la sous-nutrition. « En coupe du monde, tous types de gabarits sont performants », juge important de souligner Anaïs Chevalier. À trop se prendre la tête, les athlètes risquent parfois de se faire du mal. C’est la crainte de Jules Lapierre, qui dit manger sainement, avec la conscience de pouvoir optimiser davantage, mais aussi « peur de me prendre la tête là-dedans, pour finir par prendre des compléments alimentaires, à faire toujours attention à ce que je mange. » Perçue, à la marge, comme une contrainte potentielle, mais pas vécue comme telle, la nourriture actionne quand même des leviers psychologiques chez certains. Ainsi Martin Perrillat-Bottonet, qui s’estime « chanceux de pouvoir manger tout ce qu’[il] veut », évite les sucreries au risque de culpabiliser et de se demander si sa « performance en sera affectée ». Il se rappelle avec nostalgie qu’il y a encore quelques années, il mangeait « des pots de Nutella à la cuillère ». Amoureux de leur sport, aucun ne parle de sacrifice. Au contraire. Jules Lapierre, lui, s’ennuie quand il ne bouge pas, et raconte que la reprise est toujours plus dure, « même après deux jours de coupure ». Dès lors, pourquoi s’arrêter ? n
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MARTIN FOURCADE Sa nouvelle vie
Le 15 mars dernier, Martin Fourcade a mis un terme à sa carrière à Kontiolahti en Finlande. Si le sport reste moteur dans sa vie d’après, la compétition ne l’est plus. Ambassadeur, porte-parole, organisateur d’évènement… son activité s’est diversifiée, toujours guidée par sa volonté que chaque projet fasse sens.
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LAPO QUAGLI
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e ne suis pas le type le plus souriant. » Ce n’est pas un euphémisme, juste une vérité même si elle ne s’accorde pas toujours avec l’image qu’on en avait. Athlète, Martin Fourcade souriait rarement. Il riait beaucoup quand il grimpait sur le podium. Grognait souvent et s’indignait parfois aussi. Sourire moins. Il le sait et n’a pas peur de l’affirmer. Il y avait comme une retenue. Sa retraite réfléchie et souhaitée, prise le 15 mars dernier en Finlande avec une ultime victoire sur la poursuite de Kontiolahti, là même où dix ans plus tôt il avait engrangé le premier de ses quatrevingt-trois succès en carrière, semble avoir brisé les chaînes et laissé le flux des émotions enfin s’écouler. « Je ne regrette rien, confie-t-il. Il ne fallait pas arrêter plus tôt mais pas continuer plus longtemps. J’ai pris la bonne décision. Il n’y a pas une fois où je me suis dit : je me suis trompé. Tout ce que j’ai vécu depuis l’arrêt me conforte dans ma décision. Je me sens détendu et plus à ma place aujourd’hui. » Il se découvre, serein et apaisé. Plus
souriant aussi. Les deux mois de confinement à la sortie de sa dernière saison de coupe du monde au printemps lui ont permis de passer du temps en famille « à se retrouver tous les quatre, se découvrir et profiter, raconte-t-il. Avec les années, la distance était pesante. Je n’ai pas beaucoup vu Manon [N.D.L.R., sa fille aînée de cinq ans] grandir. J’ai envie de profiter des prochaines années car je ne les revivrai pas. C’est chouette de voir grandir ses enfants [N.D.L.R., il a deux filles] ».
Le temps des engagements
L’écriture de son deuxième livre, Un dernier tour de piste, publié fin septembre, a été une façon aussi de « poser les mots » sur son choix, ce passé omnipotent et ce futur à baliser de nouvelles intentions. « J’ai pris du temps pour penser, je ne me suis pas jeté à corps perdu dans tout ce qui se présentait, affiche-t-il. J’ai réfléchi au sens que je voulais donner à mes engagements. Je ne voulais pas les multiplier. J’ai voulu voir quelles étaient les valeurs qui comptaient pour moi ». On est en septembre, à Puigmal dans les Pyrénées-Orientales. Rossignol a
« Il y a des décisions qui changent une vie »
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mars 2020. Depuis la Finlande, Martin Fourcade publie un texte sur ses réseaux sociaux. « Il y a des décisions qui changent une vie », écrit le quintuple champion olympique qui annonce ranger sa carabine. « Au moment de vous dire au revoir, je suis si ému mais apaisé », ajoute-t-il. Les heures précédentes, il a prévenu sa famille, ses amis et quelques médias. Il a notamment appelé Tony Estanguet, le patron des Jeux olympiques de Paris en 2024. « Je ne pouvais que le féliciter », déclare le triple champion olympique dans Le Parisien – Aujourd’hui en France. Et d’ajouter : « Ce n’est pas une décision facile,
c’est une partie de nous qu’on tue (…) ». Plus tôt, Marcel Fourcade, occupé à petit-déjeuner en lisant la presse, a aussi entendu son téléphone sonner. C’était son fils Martin. « J’ai compris avant qu’il n’ouvre la bouche », témoigne le papa dans L’Indépendant. Il ajoute : « C’était sa dernière saison pour plein de bonnes raisons ». Simon a lui aussi eu son petit frère au bout du fil : « Je suis très heureux qu’il prenne sa décision de cette manière. Il l’a prise tout seul, en son âme et conscience et en pesant le pour et le contre. » Brice, le troisième homme de la fratrie, moniteur de ski à Font-Romeu, confie : « Je
l’ai trouvé serein, tranquille, lucide. » C’est enfin dans une chambre de l’hôtel où ils étaient logés que ses coéquipiers ont été regroupés pour apprendre la nouvelle. À la veille de la dernière course de la coupe du monde de biathlon amputée par le coronavirus, la chaîne L’Équipe improvise une émission spéciale. « J’ai beaucoup pleuré en écrivant ce communiqué, en allant chercher au plus profond de moi-même les mots justes », témoigne le sportif à l’antenne tandis que les hommages pleuvent. Il raconte encore que le ciel s’est éclairci le jour du relais d’Antholz, après la victoire de l’équipe de France. Il se remé-
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more ses larmes qui n’avaient d’ailleurs pas échappé aux observateurs. « J’ai compris que c’était le signal, qu’il fallait que je passe à autre chose », confie-t-il. L’Histoire retiendra que Martin Fourcade, maillot jaune sur les épaules, a gagné la dernière course de sa carrière, mais qu’il a aussi perdu, pour deux points, le gros globe de cristal. Le Norvégien Johannes Thingnes Boe a été le plus fort, malgré son congé paternité. « Il n’y a pas de regret à avoir », estime Vincent Vittoz, l’entraîneur des tricolores. Cette dernière danse aurait pu être festive, partagée avec le public. Elle s’est déroulée à huis clos par la faute de la Covid-19.
convié une quinzaine de journalistes pour présenter le projet de reconversion de la station pyrénéenne en « station quatre saisons » par l’intermédiaire de son service Outdoor Expériences. Bruno Cercley, le président du groupe Rossignol, s’est déplacé, emmenant dans ses bagages Martin Fourcade. Le néoretraité se fait le porte-parole du projet de la marque iséroise, dont il est l’ambassadeur, sur ces pentes qui l’ont vu faire ses premiers virages en ski alpin. Même s’il se plie au jeu des questions et des photos, le quintuple champion olympique n’est pas là pour parler de lui, de secondes ou de balles manquées derrière la carabine, « sinon il n’aurait pas fallu que j’arrête », mais de sport et d’environnement. « C’est une orientation que je prends car je suis sensible à ça, lâche-t-il. C’est ce que j’ai envie de transmettre à mes enfants et l’univers dans lequel j’ai envie d’évoluer. » Il ne force pas le trait. Ce sont des engagements qu’ils ne pouvaient pas porter auparavant. Il a le temps désormais. Les différentes discussions entreprises à la sortie de l’hiver avec ses partenaires lui ont permis de les formaliser et de choisir la façon de les conduire. Il a été entre autre amené à reconsidérer son
rôle pour les années à venir. « Ce qui nous a fait vibrer ces dernières années ne nous fera plus vibrer demain avec Martin, résume Bruno Cercley. On a fait un contrat avec lui il y a deux ans pour la durée de toute sa carrière sportive plus trois ans une fois que celle-ci serait terminée. On s’est calé là-dessus. Ça nous permet de travailler certains sujets et des programmes sur la durée. Pour lui, c’est intéressant car c’est du contenu plus valorisant que faire le sandwich publicitaire. » Sandie Tourondel, responsable de la communication internationale des athlètes au sein du Groupe Rossignol, appuie : « On s’est demandé ce que le public voulait voir de Martin. Je pense que lui aussi la cherche cette image. On est là pour l’aider. Ce qu’on fait avec le concept Outdoor Experience mais aussi le programme Respect (programme environnemental et sociétal) lui correspond totalement. » Son rôle d’égérie n’a pas disparu, son exercice n’est en revanche plus le même. « Il y a un projet de websérie différent de ce que nous faisions ces deux dernières années, avance Tourondel. Martin a envie d’aller à la rencontre d’autres athlètes du groupe, de mener
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Martin Fourcade
Arriver à savoir pourquoi tu te lèves le matin… c’est un défi au quotidien.
des actions avec des athlètes ou des salariés du groupe… On réfléchit à ça. » Et de préciser : « On a un rôle d’accompagnateur. On l’a toujours eu. Il est différent aujourd’hui. On va essayer de le placer dans des interventions avec Bruno Cercley, notamment pour gagner en notoriété sur d’autres sujets qu’on ne connaissait pas avec lui. » Son image comme ses prises de parole impactent encore le grand
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Martin Fourcade a remporté la dernière course de sa carrière. Après l’arrivée, ses coéquipiers – ici, Simon Desthieux et Quentin Fillon-Maillet – l’aspergent de champagne. b
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MANZONI/NORDIC FOCUS
Martin Fourcade à VTT lors d’une journée presse organisée par Rossignol ou encore lors de l’arrivée du Tour de France à Villard-de-Lans avec Émilien Jacquelin et Christian Prudhomme. LUDOVIC CHAUCHAIX | STÉPHANE MANTEY/PRESSE SPORTS b
public. C’est aussi ça qui plaît à ses partenaires. Mais le cadre n’est plus le même, le biathlon et la coupe du monde ne sont plus sa tribune. Elle est plus politisée aujourd’hui. Lui doit s’adapter. « Je n’aime pas foncièrement la politique, décrypte Martin Fourcade. Dans tout ce qu’on fait, il y en a un peu. Je ne veux surtout pas rentrer là-dedans. Tu te rends compte que tu n’as pas envie de te compromettre, de faire des choses qui ne te conviennent pas. Arriver à définir tes valeurs, arriver à savoir pourquoi tu te lèves le matin… c’est un défi au quotidien. »
Un retraité très sollicité
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Il en a souvent été question ces derniers mois à la lecture des différentes requêtes qui ont été faites auprès de son attachée de presse. « On a eu plus de demandes qu’auparavant, explique Manon Mainenti-Merie de l’Agence Olivia Payerne. Il a été invité à des émissions typées people mais d’une façon générale, on cherche moins le sportif mais la personnalité publique. Il va être sur France Inter par exemple pour parler d’actualité. On le souhaite sur des interventions sur la gestion du stress et la gestion de crise. Ce sont des thématiques qui l’intéressent. » Le Catalan qui vit dans le Vercors précise : « J’ai eu des propositions qui ne m’ont pas fait envie. » Il n’a pas été question de tout accepter. Martin Fourcade construit cette nouvelle carrière comme il a balisé la précédente : il ne s’est jamais précipité et a toujours su dire non quand ça s’imposait. C’est une nouvelle fois le cas. Il a surtout besoin de challenges. L’environnement en est un. Mais pas le seul. « Il y a plein de choses, concède-t-il. Le Nordic Festival me tient à cœur. C’est un outil pour transmettre les valeurs. Il y a des courses pour les enfants. On se retrouve dans un contexte économique où il faut se réinventer. Les évènements sportifs d’hier, si on reste
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Martin Fourcade dans ses Pyrénées natales, plus précisément à Puigmal dans les Pyrénées Orientales. b
LUDOVIC CHAUCHAIX/ROSSIGNOL
sur l’ancien modèle, ne tiendraient pas longtemps. Le challenge sera permanent. Il y a plein de belles choses à faire. Il y a même trop à faire. » Il avoue ne pas regarder au-delà de 2024 pour l’instant. Ce sont les JO de Paris pour lesquels il est investi en tant que président de la commission des athlètes. Avant cela, il y a 2022. Choisi par le CNOSF, Fourcade portera à cette date la candidature française à la commission des athlètes du CIO. « C’est une démarche un peu différente. Je ne vois pas ça comme un engagement politique mais comme quelque chose que je fais à l’IBU. J’ai envie de rendre au sport ce qu’il m’a donné. Il faut avoir vécu les JO pour se rendre compte de la force que ça peut avoir. J’ai envie d’être acteur. » Et de préciser : « Cette curiosité et diversité d’activité, elle est riche et elle est intéressante pour aborder ce type de challenge. J’ai envie de découvrir. Peutêtre que ce que j’ai vécu en tant qu’athlète, je n’arriverai pas à le ressentir en tant que représentant. » C’est un nouveau chapitre qui s’ouvre… n
Retour en librairie En septembre dernier, Martin Fourcade a publié Un dernier tour de piste aux Éditions Marabout. C’est un journal de bord rédigé au jour le jour que nous livre le quintuple champion olympique, épaulé dans la rédaction par l’ancien journaliste Jean Issartel : du premier jour de compétition jusqu’au franchissement de l’ultime ligne d’arrivée dix ans jour pour jour après sa première victoire, épilogue d’une saison haletante bouleversée par la crise sanitaire et point final d’une carrière en or. Si, dans Mon rêve d’or et de neige paru en 2017, l’ex-biathlète revenait sur
ses origines, les grands son expérience et ses moments de sa carrière émotions avec le public et racontait sans fard à qui il n’a pas pu dire ses ambitions, dans ce au revoir en raison de la second ouvrage, il se met Covid-19. à nu. Il se confie pleineSa dernière course s’est ment sur ses craintes, déroulée à huis clos et le le goût de la victoire Nordic Festival d’Annecy retrouvée après un hiver de septembre a dû être compliqué, l’adversité. annulé. Il partage sa réflexion au- Le texte est illustré par tour de sa fin de carrière. Oksana Pinchuk, une On y retrouve jeune Russe de 14 le sportif, ans. Passionnée y découvre de biathlon, elle l’homme et le postait régulièpère. rement sur les En somme, Un réseaux sociaux dernier tour de les dessins de son athlète préféré : piste est pour Martin FourUn dernier tour de Martin Fourcade. Ce dernier s’en cade un moyen piste, éd. Marabout, 216 pages, est aperçu et a de continuer 19,90 euros. fait appel à elle. à partager
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Frida Karlsson que la Norvégienne Therese Johaug, numéro 1 mondiale de ski de fond, présente comme sa principale rivale. b
NORDIC FOCUS
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FRIDA KARLSSON Quand j’ai rattrapé Therese Johaug, j’avais un avantage psychologique sur elle. Je me sentais imbattable.
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ux Mondiaux de Seefeld, en 2019, Frida Karlsson avait déjà impressionné son monde en remportant trois médailles. Mais le 7 mars 2020, c’est une autre course qui l’a fait entrer dans la cour des grandes : le 30 km d’Oslo. Ce samedi-là, le duel Karlsson/Johaug, tant attendu par tous les fans de ski de fond, a lieu. Au terme d’un scénario rocambolesque. Comme à son habitude, Therese Johaug s’échappe en solitaire. Tout le monde pense déjà la Norvé-
gienne vainqueure, tant elle domine le circuit. Mais c’est sans compter sur un changement de ski qui fera basculer la course dans un suspense haletant. Karlsson s’enfuit alors du peloton avec sa compatriote Ebba Andersson et toutes deux s’engagent dans une palpitante chasse à l’homme – ou à la Johaug. En moins de dix kilomètres, l’écart diminue entre la leader et Karlsson, finalement partie seule derrière. Dans l’ultime bosse, le mano a mano s’installe entre les deux tigresses. Le destin, ou le talent, choisit sa lauréate.
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C’est la Suédoise qui, à vingt ans, remporte le plus gros succès de sa carrière au sprint devant celle qui mène les débats de son sport. Cet hiver, Karlsson pourrait bien renouveler l’exploit et déboulonner définitivement la statue de l’impératrice. C’est en tout cas ce que beaucoup prédisent. NORDIC MAGAZINE. On vous connaît très peu en France. Qui est Frida Karlsson ? Frida Karlsson. Je suis une fille de vingt ans qui vit dans une petite
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Le 7 mars 2020, Frida Karlsson réalise un exploit : elle bat au sprint la grande Therese Johaug lors du 30 km d’Oslo. b
ville appelée Sollefteå, située au nord de la Suède. Je suis quelqu’un d’heureux et d’énergique… et j’adore la compétition ! [sourire]
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Frida Karlsson
Je ne vais pas me concentrer sur Therese. Je vais déjà penser à moi.
Aux Mondiaux de Seefeld en 2019 [N.D.L.R., elle y a remporté trois médailles : l’or du relais, l’argent de l’individuel et le bronze de la mass-start], vous êtes sortie du bois. Comment avez-vous vécu cet incroyable moment ? Déjà, je suis allée à Seefeld en étant très contente d’être sélectionnée dans l’équipe suédoise. Je n’avais aucune attente particulière. C’est dire si ce qu’il m’est arrivé pendant les championnats du monde a été surréaliste. Jamais je n’aurais pu rêver vivre cela. Lors du relais justement, la Suède a réussi à battre l’ennemi norvé-
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gien. Etait-ce important de vivre cette heure de gloire aux côtés de Stina Nilsson, Ebba Andersson et Charlotte Kalla ? Si notre esprit d’équipe était immense ce jour-là, c’est parce que toute la Suède était derrière nous. Nous pensions en outre que nous en étions capables et que nous pourrions écrire l’Histoire du ski suédois. Cette réussite était collective. Selon vous, y a-t-il tout de même une place pour l’amitié dans le sport de très haut niveau ? Nous sommes loin de chez nous pendant de longs mois, notamment pour les stages et les compétitions. L’équipe, c’est notre deuxième famille. Il est très important de s’y sentir à l’aise et de prendre du plaisir à vivre avec les autres. Dans l’équipe de Suède, lors des
À Seefeld, pour sa première participation à des championnats du monde, la Suédoise décroche en 2019 trois médailles : l’argent sur le 10 km, l’or sur le relais et le bronze sur le 30 kilomètres. b
entraînements, nous sommes concentrées sur nos objectifs. Tout le reste du temps, nous sommes amies. Quel a été votre chemin pour arriver là où vous en êtes aujourd’hui ? Quand j’étais plus jeune, j’ai pratiqué plusieurs sports : le football, le handball, la danse, l’athlétisme et bien sûr le ski. Cela m’a rendu plus forte car j’ai dû relever de nombreux défis. Dans le ski, plusieurs chemins conduisent à la réussite. J’ai toujours été motivée à l’idée de m’améliorer, j’aime voir jusqu’où mon corps peut aller. Comme je vous l’ai dit, j’adore la compétition, mais ce qui est encore plus satisfaisant, c’est comment on parvient à être performant. À ce propos, qui vous a guidé au début de votre carrière ?
Ma mère m’a initiée au ski de fond et m’a fait partager son amour pour le sport. Ensemble, nous avons passé de nombreuses heures sur les pistes. En tant qu’ancienne skieuse, elle savait que la motivation devait venir de moi… et de moi seule. C’est pour cette raison qu’elle ne m’a jamais forcée. Lorsqu’elle était ma coach, l’accent a toujours été mis sur le plaisir. Vous incarnez, avec Ebba Andersson et Linn Svahn, la nouvelle génération du ski de fond féminin suédois. Vous voilà avec une lourde responsabilité ? Nous formons vraiment une très bonne équipe où chacune travaille pour le collectif. Le but est de progresser ensemble. Et nous pouvons aussi compter sur Charlotte Kalla [N.D.L.R., qui, à 32 ans, a rempilé pour au moins une
année] qui possède une immense expérience. Elle la partage avec le reste de l’équipe. Comment avez-vous réagi en apprenant la décision de votre coéquipière Stina Nilsson de quitter le ski de fond pour rejoindre le biathlon ? C’est une perte pour notre équipe, mais son départ en est une plus importante encore pour le ski de fond. Stina me manquera en tant que personne et coéquipière, mais je lui souhaite bonne chance. Le ski de fond ne fait-il donc plus rêver ? Je ne pratique pas le ski de fond pour la célébrité, ni pour l’argent. C’est mon sport de cœur. Mon but, c’est de devenir la meilleure fondeuse possible.
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Frida Karlsson
Les Jeux olympiques de Pékin figurent dans mes rêves depuis de nombreuses années.
Ce 30 km, c’est la plus belle course de ma carrière jusqu’à présent, celle lors de laquelle j’ai le mieux skié. Justement, à environ dix kilomètres de l’arrivée, vous étiez à plus d’une minute de Therese Johaug. D’autres auraient renoncé, non ? Je ne pensais pas à Therese à ce moment-là. Comme je me sentais forte, j’ai continué à me donner à fond. Au fur et à mesure que nous nous rapprochions d’elle avec Ebba [Andersson], l’adrénaline est montée dans mes veines et je suis passée en mode combat. Je ne me sentais pas fatiguée. Mon seul objectif était de franchir la ligne d’arrivée. Quand je l’ai rattrapée, j’avais un avantage psychologique sur elle. Je me sentais imbattable.
La jeune femme est déjà une star en Suède. Beaucoup lui prédisent un bel avenir. GEPA-PICTURES/ WSC SEEFELD 2019
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Même si je suis heureuse que le biathlon se développe, je souhaite vraiment que le ski de fond s’ouvre et que ses compétitions ne se limitent pas à seulement une poignée de pays.
revenir plus forte encore. C’était en effet une période très difficile. Aujourd’hui, je me dis que j’ai beaucoup appris et que je connais mieux mon corps. Et l’équipe qui m’entoure a été incroyable.
Comme la Norvégienne Ingvild Flugstad Oestberg, votre début d’hiver 2019/2020 a été amputé à cause d’un mauvais bilan de santé. Cela a-t-il été un moment compliqué à gérer ? Je suis une personne qui en a toujours fait beaucoup. Malheureusement, au début de l’hiver dernier, la coupe était trop pleine, elle a débordé. J’ai été obligée de prendre du recul si je voulais me reconstruire physiquement afin de
Vous avez remporté votre première coupe du monde à Holmenkollen en battant au sprint Therese Johaug lors du 30 kilomètres classique. Qu’avez-vous ressenti sur le moment ? Après un hiver difficile comme celui-là, gagner à Holmenkollen a été un moment très fort. Cela m’a permis de prouver, d’abord à moi-même mais aussi à tout le monde, que ce qu’il s’est passé à Seefeld, n’était pas un one shot.
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Le duel Frida Karlsson/Therese Johaug sera-t-il à l’affiche des années à venir ? Je ne vais pas me concentrer sur Therese, je vais déjà penser à moi. C’est la seule personne sur laquelle j’ai du pouvoir. Bien sûr, Therese reste la fille à battre et je n’arrêterai pas de la prendre en chasse. À seulement vingt-et-un ans, vous avez déjà trois médailles mondiales. C’est quoi la suite pour vous ? Je veux vraiment découvrir jusqu’où je peux être une excellente fondeuse. Au niveau des compétitions, les Jeux olympiques de Pékin en 2022 figurent dans mes rêves depuis de nombreuses années, et c’est ce que je vise en priorité. n
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Depuis le printemps, François Faivre est l’un des deux entraîneurs de l’équipe suisse élite de ski de fond, dont la star est le Grison Dario Cologna. b
FRANÇOIS FAIVRE On se prépare pour l’Everest
Après son départ de l’équipe de France, le Lorrain a rebondi chez les Suisses. Pour lui, Dario Cologna et ses coéquipiers ont les moyens d’être très ambitieux.
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i on se rend sur le site internet de Swiss-Ski et qu’on ouvre la page du staff du ski de fond, on ne trouve pas encore trace de François Faivre. Pourtant, le Lorrain est bel et bien l’un des deux entraîneurs, avec l’Estonien Kein Einaste, qui va « piloter » l’équipe suisse masculine de ski de fond au cours de l’hiver. Son engagement a d’ailleurs été annoncé le 2 juin dernier par la fédération. Écarté de l’équipe de France à la mi-avril, il a rebondi moins de deux mois plus tard de l’autre côté de la frontière. Heureuse coïncidence, la Suisse était justement à la recherche d’un deuxième entraîneur pour ses hommes. À vrai dire, dès l’instant où son départ de la FFS a été acté, François Faivre a rapidement reçu des offres. « J’ai noué assez vite des contacts du côté de l’Allemagne, de la Suède et de la Suisse, dit-il. La proximité géographique a
joué en faveur des Helvètes, moi qui vis tout près de la frontière. Le fait que je connaissais déjà bien Christian Flury m’a aussi influencé. » Nouveau chef du ski de fond suisse, ce dernier confirme justement que leur bonne relation a pesé dans la décision : « J’ai de bons contacts avec François Faivre depuis quelques années déjà, relève le Davosien. Il m’a envoyé un message de félicitation pour ma nomination et c’est à cette occasion que j’ai appris qu’il était libre. Comme nous cherchions un entraîneur, c’était le candidat idéal pour le poste et nous sommes rapidement tombés d’accord pour qu’il vienne travailler chez nous. » Les bons résultats des skieurs tricolores ces dernières années, en particulier dans les relais 4 x 10 km – médaille de bronze aux Mondiaux de 2015 et de 2019 et aux JO de 2018 – ont parlé pour lui. « Il a fait monter l’équipe de France a un excellent niveau », estime Daniel Hediger, ancien athlète et consultant pour la RTS. Pour Hippolyt Kempf, le chef du ski nordique suisse, « François a su former une vraie équipe en France et son expérience dans ce domaine va beaucoup nous apporter ».
En binôme avec l’Estonien Kein Einaste
François Faivre aurait pu rester dans l’Hexagone et s’occuper des juniors, comme cela lui a été proposé. Mais il a
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François Faivre
Avec Dario Cologna, la Suisse a un vrai leader. Mais il faut penser équipe autour de lui.
décliné l’offre. Il se sent plus en phase avec le haut niveau : « Ce qui me fait vivre, c’est la compétition, lâche-t-il. Je suis captivé par l’expérience humaine qu’implique une préparation pour les grands rendez-vous. Alors je suis heureux d’apporter mon expérience en Suisse. » Cependant, même s’il n’a eu que quelques kilomètres à faire pour franchir la frontière, il a dû s’adapter à une autre culture. Dans la Confédération, le ski nordique est dominé par la partie germanophone, ce qui implique des méthodes de travail différentes. « Au fil des mois, j’ai compris le système
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Le jour de la fête nationale suisse, le quadruple champion olympique Dario Cologna s’est marié avec Laura Bucher, sa compagne depuis 2010. b
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Début juillet, l’équipe de ski de fond suisse a effectué un stage à Prémanon. b
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Un nouveau staff pour le ski de fond En ski de fond, Swiss-Ski a réorganisé ses groupes cette année. Les athlètes ne sont plus séparés selon la discipline entre distanceurs et sprinteurs. Ils sont divisés désormais hiérarchiquement. D’un côté, les membres masculins de l’équipe nationale et du cadre A sous la responsabilité de Kein Einaste ; de l’autre, les membres du cadre B dont s’occupe François Faivre. Mais les deux groupes travaillent en étroite collaboration. Le Slovaque Ivan Hudac est pour sa part en charge de l’équipe féminine. En collaboration avec l’ancien fondeur Toni Livers, qui vient de raccrocher les skis, Peter von Allmen a désormais la responsabilité des athlètes U23. Appuyé par Pascal Clément, Marco Isenschmid est quant à lui à la tête des juniors filles et garçons. Pour diriger tout ce beau monde, Christian Flury, un Grison de 43 ans, a succédé en avril dernier à Hippolyt Kempf. Depuis trois ans, il était responsable du Centre national de performance pour le ski de fond de Davos.
et j’ai pris mes marques, relève-t-il. J’ai une très bonne collaboration avec Kein Einaste. Nous avons parfois des points de vue différents, mais nous travaillons dans le même état d’esprit. Il y a une bonne complémentarité. » Christian Flury observe avec satisfaction que « Kein et François s’entendent très bien ». Propos confirmés par Jovian Hediger : « Les coachs travaillent bien ensemble, c’est le plus important », note-t-il. Dario Cologna ajoute que l’apport « d’un entraîneur avec une telle expérience ne peut que [leur] être profitable ».
réfrigéré d’Oberhof, en Allemagne. François Faivre est persuadé que le ski de fond suisse peut aller chercher de grands résultats dans les prochaines années. « Nous nous préparons pour l’Everest, image-t-il. Comparés à
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L’importance du collectif
Mi-juillet, le quadruple champion olympique a d’ailleurs pu profiter, avec ses coéquipiers, des infrastructures du stade nordique des Tuffes, à Prémanon, terrain d’entraînement de Manificat, Jouve ou encore Chanavat. Les athlètes sont aussi passés par Corrençon-en-Vercors, autre piste de ski-roues fréquentée par les bleus, avant de retrouver des territoires plus traditionnels comme Andermatt, Davos et le célèbre tunnel
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Le duo Kein Einaste/François Faivre fonctionne bien, se réjouit Christian Flury, le nouveau patron du ski de fond chez Swiss-Ski. b
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mettra de voir les athlètes de tous les niveaux. » Le Français jouera aussi les chefs d’orchestre. Autrement dit, il travaillera à ce que chaque fondeur joue la même partition pour que, le jour J, ils soient plusieurs à monter sur la plus haute marche du podium, comme ce fut le cas le 1er mars dernier à Lahti, en Finlande. Ce jour-là, le quatuor s’était intercalé entre la Norvège et la Russie.
Dario Cologna
Un entraîneur avec une telle expérience ne peut que nous être profitable.
Un entraîneur francophone
ceux de la France, les moyens sont plus importants en Suisse et les possibilités plus grandes. Je constate qu’il y a des jeunes talentueux, qui méritent d’être accompagnés et leurs chances d’atteindre le plus haut niveau sont réelles. Cet hiver, en étant à la tête du groupe 2, je vais naviguer entre les courses OPA et la coupe du monde, ce qui me per-
« Ces dernières années en France, on a bâti un projet basé sur l’équipe, explique François Faivre. J’essaie d’apporter ce point de vue en Suisse pour passer d’un projet plutôt individuel à une vision davantage axée sur le collectif. Bien sûr, avec Dario Cologna, la Suisse a un vrai leader qui, j’en suis convaincu, peut encore gagner des médailles mondiales et olympiques, mais il faut penser équipe autour de lui pour avoir aussi un relais performant. Je remarque que les athlètes sont contents d’être ensemble et de partager leurs expériences. »
François Faivre a notamment été recruté pour que l’équipe suisse de ski de fond multiplie, comme ici à Lahti en mars dernier, les succès collectifs. b
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Depuis le départ de Michel Antzemberger il y a une quinzaine d’années, la Suisse n’avait en tout cas plus eu d’entraîneur parlant la langue de Molière au plus haut niveau. Christian Flury se félicite qu’avec la venue de François Faivre, « la culture francophone soit de nouveau présente dans notre staff de coachs ». Cette arrivée est particulièrement appréciée par les deux skieurs romands de l’équipe, les cousins Jovian Hediger et Erwan Kaeser. « Même si François n’est pas directement mon coach, je suis content de sa présence, relève Jovian Hediger. Il m’apporte beaucoup. Et le fait qu’il habite près de chez nous est précieux. Quand nous ne sommes pas en stage, il peut venir à Bex [N.D.L.R., où vit le fondeur] et nous pouvons échanger sur le terrain. » Erwan Kaeser ne voit aussi que du positif avec la venue du Jurassien d’adoption. « Il est proche de chez nous et de notre culture, souligne-t-il. Nous pourrons d’autant mieux profiter de son expérience. » Et d’ajouter encore : « Jusqu’à présent, j’ai beaucoup changé d’entraîneur. Si je pouvais en garder un davantage qu’une saison, j’en serai très heureux. » n
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KAISA MÄKÄRÄINEN Dernières confidences C’est une grande championne de biathlon qui, en mars dernier, a tiré sa révérence. Pour Nordic Magazine, la Finlandaise Kaisa Mäkäräinen se souvient des temps forts de sa longue carrière.
E
n mars dernier, la biathlète finlandaise Kaisa Mäkäräinen, trente-sept ans, a mis un point final à sa carrière internationale. La fin d’une aventure qui aura duré pas moins de quinze hivers. C’est à l’issue des courses de Kontiolahti, les dernières avant que la Covid-19 ne stoppe tout, que l’enfant du pays a tiré sa révérence. Sans spectateur pour saluer une dernière fois la championne qu’elle est. Kaisa Mäkäräinen n’en a pas été plus affectée ou frustrée que cela : « Je ne voulais pas voir beaucoup de monde. Il y aurait eu des larmes, des câlins… Pour moi, le plus important était que mon équipe et mon entraîneur personnel Jarmo Punkkinen qui ne serait pas allé à Holmenkollen, soient là autour de moi. » La veille au soir, à la surprise générale, Martin Fourcade avait également sifflé la fin de la partie. Un timing qui n’a pas influé sur les projets de la Finlandaise. Au moment choisi, elle a pu-
blié un message sur les réseaux sociaux ; c’était juste avant de partir pour les tests de ski et de tir. Puis, comme si de rien n’était, elle a rangé son smartphone dans son sac et s’est concentrée sur ce qu’elle avait à faire les skis aux pieds. Histoire de signer une happy end.
Calvaire olympique
Aujourd’hui, elle peut enfin souffler : « C’est bien de ne rien faire de spécial. » Ce qui ne signifie nullement qu’elle est restée inactive. Depuis le début du printemps, on a vu la championne remettre les skis de fond à Kontiolahti le jour de Pâques, courir dans le parc national de Koli, rouler à Joensuu autour de chez elle ou coacher les jeunes pousses de Vuokatti. « Le biathlon a toujours été ma passion et le sport sera toujours important dans ma vie. Je ne sais pas quel genre d’existence j’aurais mené sans », avoue celle qui n’exclut pas de replonger un jour dans le grand bain. Sa vocation lui est venue lors d’une coupe du monde organisée chez
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elle, en décembre 2003. « J’étais notamment chaperon pour les contrôles antidopage [N.D.L.R., elle le sera de nouveau aux Mondiaux juniors de 2005 avec Simon Fourcade et Emil Hegle Svendsen]. Je me souviens que je courais après Uschi Disl et Liv Grete Poirée après les compétitions », s’amuse-t-elle. C’est emportée par cette semaine où elle s’est aussi occupée des Autrichiens qu’elle a décidé qu’elle disputerait à son tour des compétitions internationales. Sa première course à l’étranger, elle l’a vécue en France. C’était les championnats du monde jeunes de janvier 2004, à Bessans : « Sandrine Bailly encourageait sa sœur [N.D.L.R., Anne Lise]. C’était cool de la voir là-bas. » Des départs, Kaisa Mäkäräinen en a pris tant et tant. L’IBU en dénombre 431 en coupe du monde de biathlon, il faut y ajouter le ski de fond, le rollerski... De si nombreuses joutes menées sans perdre son âme. « Merci d’avoir couru avec nous » sont d’ailleurs les mots qu’elle a le plus entendu lors de sa dernière prestation à domicile. « Kaisa était une personne très généreuse. Elle faisait des petits cadeaux, comme pour la naissance des filles », confie d’ailleurs Marie Dorin-Habert, la Française qui a été l’une de ses plus grandes rivales. « J’ai aussi tricoté pour les enfants de Selina Gasparin et d’Ekaterina Yurlova-Percht », complète la Finlandaise, les yeux pétillants. Des parenthèses inattendues qui n’enlèvent rien à l’adversité, ni à la dureté d’un sport de haut niveau. De
Vue par Anaïs Bescond « Maka, c’est avant tout une grande dame du biathlon. Elle a été épatante de longévité et de réussite, même si son grand regret restera de n’avoir pas gagné de médaille olympique. Pour moi dont les Jeux ont toujours été un rêve de gosse, je peux comprendre sa frustration. Kaisa est une des rares avec qui on a eu un partage en équipe de France. Elle nous avait sollicités pour se joindre à nous lors du stage estival préparatoire au Blink Festival, en Nor-
vège. C’était vraiment intéressant, mais aussi intimidant. Je n’étais pas encore une biathlète établie. Même si je n’avais pas la maturité nécessaire pour m’enrichir de cet échange, j’en garde un bon souvenir. Maka était une bonne locomotive pour notre groupe et, nous, nous lui apportions le collectif qu’elle n’avait pas en Finlande. En course, c’est souvent elle qui m’a coupé l’herbe sous le pied ! Dans mes souvenirs, j’ai deux secondes places [N.D.L.R.,
ses années de biathlète, la Finlandaise retient aussi « le goût du sang dans la bouche, la sueur et la douleur » éprouvées pour arriver au sommet de la hiérarchie mondiale. Dans cette veine, l’ont aussi marquée « les nuits blanches passées aux Jeux de Sochi et de Pyeongchang à tousser sans pouvoir dormir. » Trop malade en tout cas pour espérer de l’or. Son palmarès est d’ailleurs resté
mass start de Pokljuka en décembre 2014 et poursuite de Tyumen en mars 2018] où elle me bat au finish, tout simplement parce que c’est une fille beaucoup trop rapide pour mes petites jambes [rires]. J’ai eu beau lutter de tout mon cœur, de tout mon corps et donner toutes mes dernières forces, cela n’a pas pu le faire. Partager un podium avec une grande dame comme elle n’avait décidément pas la même valeur qu’avec une inconnue. »
vierge de toute médaille olympique, une plaie indélébile dans une carrière couronnée de tant de succès.
Fragile devant les cibles
Kaisa Mäkäräinen est heureusement montée sur le toit du monde lors de la poursuite de Khanty-Mansiysk, en 2011. Elle a aussi totalisé 85 podiums en coupe du monde pour 27 victoires, a reçu trois gros globes de cristal : en 2011, 2014 et 2018. La première fois, c’est lors de la massstart d’Oslo qu’elle a été sacrée meilleure biathlète de la planète : « Lors de l’entraînement du matin, j’ai parlé, alors que ce n’était pas prévu, avec Raphaël Poirée. Il m’a rassurée avec des mots sages dont je ne me souviens malheureusement plus [sourire]. Avant cette discussion, je doutais et étais stressée. Après, j’étais certaine de réussir. » « Trois saisons plus tard, enchaîne-telle, j’avais tellement faim après les Jeux de Sochi, que cette couronne a été la plus facile à aller chercher, d’autant que j’étais en forme comme jamais. »
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Le 14 mars dernier, beaucoup d’émotion pour Kaisa Mäkäräinen lors de sa dernière course. b
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La biathlète finlandaise lors des Mondiaux d’Antholz, en février dernier. b
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La troisième et dernière fois, là encore après une déception olympique, elle forçait son destin. Avec quaranteet-un points de retard sur la Slovaque Anastasiya Kuzmina avant le triptyque final de Khanty-Mansiysk, elle arrivait battue sur les bords de la rivière Irtych, en Sibérie. « Après le sprint et la poursuite, j’ai repris miraculeusement la tête pour cinq points. J’étais alors prête à me battre pour le globe. La dernière course était une bataille incroyable et je l’emporte pour trois petites unités », raconte-t-elle, sourire aux lèvres. Un moment incroyable alors qu’elle a déjà 35 ans. « Le globe le plus difficile à conquérir, c’est sans doute pour cela que je l’ai apprécié à sa juste valeur ». Pour expliquer son long règne, point de botte secrète ! « J’ai toujours cherché à progresser, principalement devant les cibles. » Un point faible qu’elle s’est parfois empressée de glisser sous le tapis, comme elle l’avoue aujourd’hui : « Dès que je pouvais annuler une séance de tir pour une raison quelconque, je le faisais. » Elle aurait aimé être aidée d’un entraîneur spécifique. « Asko Nuutinen, notre meilleur coach de tir, est subitement décédé en 2017 lorsque Mari Eder s’imposait deux fois à Oslo, explique-telle. Le Russe Anatoly Khovantsev, entraîneur des juniors du club de Kontiolahti, m’a ensuite accompagnée lorsque j’étais à la maison. Vraiment, j’aurais trouvé très intéressant de travailler avec quelqu’un comme Siegfried Ma-
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Marie Dorin-Habert, championne de biathlon
Kaisa était une personne très généreuse. Elle faisait des petits cadeaux, comme pour la naissance des filles.
Le 6 janvier 2011, à Khanty-Mansiysk, en Russie, la Finlandaise ne peut retenir ses larmes. Elle est championne du monde la poursuite. b
zet [N.D.L.R., l’entraîneur français de l’équipe masculine de Norvège]. » Souvent, Kaisa Mäkäräinen est allée puiser de nouvelles idées à l’étranger, par exemple, à l’été 2019, du côté de Zecamp, chez Marie Dorin-Habert, Loïs Habert et Robin Duvillard dans le Vercors. « J’ai toujours pensé que je pouvais beaucoup apprendre des autres. Je suis vraiment reconnaissante envers toutes les équipes qui m’ont accueillie lors de leurs stages estivaux, comme la Norvège, la Suisse, la France, l’Allemagne ou les États-Unis », remercie-t-elle.
Un mari pour farteur
Ce manque de compétitivité dans son pays, à part l’éclosion de Mari Eder [ex-Laukkanen] en 2017, l’a d’ailleurs obligée à disputer tous les relais en coupe du monde, « pour garder le quota de quatre athlètes », explique la native de Ristijärvi : « Il y a de nombreuses fois où je ne voulais pas courir ces courses, mais je devais le faire pour mon pays », souligne la Finlandaise qui a été inspirée par Liv Grete et Uschi Disl. Sans une équipe très étoffée autour
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d’elle, c’est tout simplement son mari, Jarkko Siltakorpi, qui lui fartait les skis. « Jarkko est professeur en école primaire et son directeur lui donnait le droit de mettre de côté son travail pour m’aider. Pour être honnête, je n’aurais pas autant performé sur les pistes sans lui », remercie la championne qui a longtemps bataillé avec Darya Domracheva, Magdalena Neuer ou Tora Berger. Maintenant que sa carrière est terminée, son conjoint est retourné enseigner. Quand il n’est pas en classe, il profite avec elle de la nature. « Nous avons beaucoup de forêts et de lacs mais, depuis que j’ai découvert les montagnes lors d’un voyage en Europe centrale en 2000, j’en suis tombée amoureuse et j’adore y faire des randonnées. » C’est ainsi que Kaisa Mäkäräinen vit sa nouvelle vie de retraitée. « Maintenant ma plus grande motivation lorsque je sors courir, c’est que je puisse enfin manger des bonbons, des pâtisseries ou des glaces à mon retour », lâche-t-elle. Profiter des petits plaisirs de l’existence, c’est aussi cela la retraite d’une sportive de haut niveau. n
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LES MONTAGNES DU JURA
Crédit photo : Laurent Cheviet, T. Hytte/KLIP.fr, ENJ, Jack Carrot
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compétition qui fonctionne sur la neige sale et dans des conditions de friction sèche comme les neiges artificielles, suivant les plages de températures indiquées. i 40 gr : 44 €, 180 gr : 188 €
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4. Dragonski HSi / LSi Silicium tech Nouvelle gamme compétition. Zéro fluor. Développée depuis 2013 sur les circuits de compétitions alpin, fond et biathlon. Aussi efficace que la gamme HF / LF Fluor sur les mêmes neiges et températures. Warm, Medium, Cold. i Gamme HSi : 38 € / Gamme LSi : 12 € 5. Dragonski Gamme X4
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GEL et STICK Silicium tech Nouveaux conditionnements pour compléter la gamme liquide HSi / LSi Medium. Séchage ultrarapide, application en moins d’une minute. Ne contient pas d’essence F. i Gel : 14 € / Stick : 16 €/ Liquide : 66 €
6. Vauhti Pure One Cold Liquid Glide Ce fart est basé sur les ingrédients utilisés dans les paraf-
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fines de course et les solvants de haute qualité, ce qui donne d’excellentes performances et une bonne durabilité. Idéal pour les conditions froides. Tube de 80 millilitres. Températures d’utilisation : -20 °C/-2 °C. i 19,99 €
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ponsable offrant d’excellentes performances de glisse. Cette gamme hybride, sans fluor, comprend plus de 50 % de matières premières d’origine végétales et animales (cire d’abeille). Son packaging en carton recyclé est 100 % biodégradable et recyclable. Toutes les étapes du cycle de vie ont été prises en compte pour offrir aux skieurs exigeants une gamme de farts écologiques avec des performances proches des farts à base d’hydrocarbures classiques. Existe en 4 couleurs (Bleu, Violet, Rouge, Jaune) pour s’adapter à toutes les conditions. i 17 € les pains de 200 g
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À noter que le solvant utilisé, dans la version liquide de ces farts, est à base d’alcool. Cela signifie qu’il n’y a aucun danger d’inhalation ou pour la nature et surtout que ces farts n’endommagent pas la semelle des skis comme c’est le cas avec les solvants à base d’hydrocarbures utilisés fréquemment. Ces farts sont disponibles en version solide et liquide. La gamme est composée des RG Race et RG Ultra. i RG (gliders 60 g et liquides 80 ml) : 29,50 €. Ultra RG (gliders, liquides, gels et poudres) : 57,50 €
12. Swix Kit pour peaux de skis Kit d’entretien pour les skis intégrant des peaux. Contient entretien de la peau (N15), nettoyage de la peau (N16), fartage (N19) et papier de fiberlene pour l’application. i 50 €
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Terre nordique
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Ces courses qui ne se prennent pas au sérieux
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l y a les courses où chaque participant prend le départ avec un défi à l’esprit. Il s’agit d’arriver en tête ou d’améliorer son temps de référence. Et puis il y a les autres événements de l’hiver où le résultat a, admettons-le, bien moins d’importance. Skis aux pieds, les coureurs cherchent d’abord à s’amuser, entre copains ou en famille.
Le passage de slip (de relais) à Chapelle-des-Bois. b
JEAN-LUC SAINTOT
La Nocturne du Slip
PDoubs. À Chapelle-des-Bois, aux vacances de février, la Nocturne du Slip est devenue une institution en quinze années d’existence. Elle a été initiée par l’association locale des jeunes. Le principe est simple : des équipes de deux fondeurs effectuent un relais à « l’américaine » (le coureur 1 fait un tour et passe le relais au coureur 2 qui repasse le relais au coureur 1 après avoir fait un tour et ainsi de suite) sur une boucle de 500 mètres. C’est au moment du passage de témoin que l’affaire devient compliquée. Les skieurs doivent se transmettre un slip.
La Bornandine
PHaute-Savoie. Une course en nocturne qui se partage à deux au départ du stade de la coupe du monde de biathlon : c’est le nouveau format de la course populaire du Grand-Bornand. La prochaine édition est programmée le 30 janvier. i www.labornandine.com
La S’kiffé Froid !
PNeuchâtel. La première édition aura lieu le samedi 23 janvier au cœur même du village de La Brévine. Sprints individuels et par équipe en nocturne. i www.sclabrevine.ch
La ski-24
PVaud. Et si vous effectuiez la plus grande distance en 24 heures à ski de fond ? Voilà ce que vous propose la Ski24 qui se déroulera les 27 et 28 mars prochains aux Mosses. On peut relever le défi seul, mais aussi par équipe d’au maximum dix sportifs. Quand l’expérience est vécue à plusieurs, l’esprit de camaraderie prend vite le dessus. Mieux, elle invite à de franches rigolades. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer quels drôles d’accoutrements sont portés sur la piste. i www.ski-24.ch
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Quand le déguisement est de rigueur. PRAZ DE LYS TOURISME b
Ronde Nocturne déguisée de Sommand
PHaute-Savoie. Côté Sommand, dans la station de Praz de Lys - Sommand, le foyer nordique du Praz de Lys propose sa traditionnelle ronde nocturne le vendredi 12 février sur le stade de Farquet. Les équipes de deux skieurs s’affrontent sur une boucle de 700 mètres durant 30 minutes pour les seniors. Il faut venir déguisé. Aucun thème imposé, à chacun de s’exprimer. i ww.prazdelys-sommand.com
La Savoyarde du hibou
PLa Féclaz. Organisée par le club de ski nordique de La Féclaz, cette course de ski de fond nocturne se court en binôme. Elle se déroule sous la forme d’une mass-start de 9 ou 15 km, par équipe de deux coureurs, frontale vissée sur la tête ! La soirée se termine sous un chapiteau où l’on partage une croziflette. i www.lasavoyardeorganisation.com
La BiSexStyle
PLa Pesse. La BiSexStyle, c’est une course festive de ski de fond par équipe, une fille et un garçon, un relayeur en style classique et l’autre en skating. Le 17 février, à 19 h, elle sera une fois encore ouverte aux sportifs confirmés... ou pas. i www.facebook.com/USCLaPesse/
Le derby de la Molière
PIsère. C’est un truc de fou ! Imaginez une course de descente de 13 km en ski de fond ou fatbike avec 750 m de dénivelé. Pendant que quelques-uns jouent le chrono, d’autres font... comme ils peuvent pour arriver en bas. L’événement a été initié par les pisteurs secouristes d’Autrans-Méaudre en Vercors et le Centre Sportif Nordique d’Autrans. Et cela fait quinze ans que cela dure. i www.facebook.com/derbymoliere
Ski de fond en nocturne à Praz de Lys - Sommand...
PHaute-Savoie. Dans Nordic Magazine n° 32, nous avons publié la liste des stations qui offraient la possibilité de skier de nuit. À partir de cet hiver, il faut y ajouter Praz de Lys - Sommand qui joue les prolongations jusqu’à 19 heures : tous les mardis soir au Praz de Lys sur la piste de Jora (en parallèle de la nocturne de ski alpin sur la piste de Chevaly) ainsi que tous les mercredis soir des vacances scolaires de Noël et février à Sommand sur la piste de Farquet. Cette offre vient s’ajouter à la Nordic Happy Hour du 29 janvier, afterwork à vivre seul ou entre amis, encadré par des professionnels, dans les montagnes du Giffre [lire ci-contre]. i www.prazdelys-sommand.com
... qui se dote d’une mascotte Cet été est née Soly, mascotte et nouvelle égérie de Praz de Lys - Sommand et des villages de Taninges et Mieussy. Il s’agit d’une marmotte rigolote et un brin casse-cou qui se présente en guide de la destination. On la retrouvera un peu partout dès cet hiver sur le domaine skiable qui comprend notamment 50 km de pistes de ski de fond.
On va skier de nuit dans le Haut-Saugeais
PDoubs. C’est un fait, depuis quelques années l’homo-nordicus devient de plus en plus noctambule. Afin de répondre à cet engouement, le site nordique du Haut Saugeais Blanc a décidé d’innover cette année en proposant une ouverture hebdomadaire en soirée (mardi) à la Perdrix. Grâce au Club d’Astronomie du Haut-Doubs, l’Observatoire sera ouvert afin de permettre aux skieurs de découvrir d’autres scintillements que ceux des lampes frontales…
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CENTRE NORDIQUE AGY
À Agy, une piste Maurice Manificat
PHaute-Savoie. Le 29 février dernier, en présence de nombreux jeunes du ski-club d’Agy, Maurice Manificat de l’équipe de France de ski de fond a tout donné sur la montée finale dite « du pylône » de la piste rouge d’Agy. Le chronomètre a affiché 5 minutes et 38 secondes. De quoi nommer cette piste la « Manific’Aventure » !
De nouvelles stations à la Nordic Happy Hour
Nordic Happy Hour, c’est aussi une initiation au biathlon.
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n fin de journée, de nuit par conséquent puisqu’on est en hiver, au cœur des pistes des domaines nordiques libérés par les skieurs, c’est une ambiance parfaite qu’offre la Nordic Happy Hour pour découvrir le ski de fond, durant une heure, puis s’initier au biathlon. De 18 h à 21 h, les professionnels initient et encadrent les débutants ou pratiquants avec du matériel adapté. La soirée se termine par un moment convivial. Quatre nouvelles stations adhèrent à ce concept : Semnoz, Bessans, Nâves et Megève. En Haute-Savoie : n vendredi 8 janvier aux Moises (Habère-Poche), dans les Alpes du Léman ; n vendredi 22 janvier au Semnoz ; n mardi 26 janvier au Grand-Bornand ; n vendredi 29 janvier à Praz de Lys Sommand ;
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HAUTE-SAVOIE NORDIC
n mercredi 3 février aux Contamines ; n Megève entre également dans la danse, mais la date n’est pas connue. Le rendez-vous se déroulera sur le domaine nordique de la Livraz. En Savoie : n mardi 29 décembre à Nâves ; n samedi 9 janvier à Bessans ; n jeudi 11 février à Pralognan et vendredi 12 février au Grand Coin. Inscription à l’avance obligatoire, une semaine avant l’événement auprès de Savoie Mont-Blanc Nordic : www.bit.ly/inscriptions-nhh i www.savoie-mont-blanc-nordic. com
Le challenge HSN change de formule
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n Haute-Savoie, trois courses populaires composent le « Challenge Haute-Savoie Nordic ». Il s’agit de la Bornandine (14 janvier 2021), la Traversée de la Ramaz (le 14 mars côté Sommand) et le Marathon des Glières (21 mars). L’idée est de proposer aux fondeurs de participer aux trois courses durant l’hiver.
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S’ils ne manquent aucun rendez-vous, ils se verront offrir une inscription l’année d’après. C’est aussi simple que cela. Si auparavant un classement était établi selon les performances réalisées, avec un calcul de points, désormais le Challenge HSN récompense la participation de tous : enfants, adultes, grands compétiteurs ou non.
Prémanon agrandit sa piste
Le Tour des Massifs se jugera à la fin de l’hiver
D Lors des championnats de France de rollerski. b
QUENTIN JOLY/JOLYPICS
PDoubs. Sept cents mètres d’enrobé ont été ajoutés aux pistes du stade nordique de la Station des Rousses. L’extension emprunte la passerelle et ajoute une belle partie montante et descendante au tracé jurassien.
Un nouveau siège pour la FFS
PHaute-Savoie. Installé boulevard des Marquisats à Annecy depuis la fin des années quatre-vingt, la Fédération française de ski souhaite déménager pour s’installer dans des locaux plus fonctionnels. Un projet a été présenté lors de l’assemblée générale de la FFS par son président, Michel Vion, et David Loison, nouveau directeur général. Il prévoit la construction d’un bâtiment de près de 2 000 m² près de l’aéroport.
ans le Jura, le Tour des Massifs est un nouveau challenge chronométré ouvert durant toute la saison hivernale. Il se dispute à ski de fond en style libre individuellement ou par équipes de 2 sur une boucle unique damée. 131 km pour 2 926 m de dénivelé positif sont à parcourir. Le tracé relie six sites majeurs franco-suisses : Massacre – Risoux, Bois de Ban – Arobiers, secteur français La Jaique, Noirmont, Risoux suisse et Mont Noir. Il emprunte environ 97 % de pistes aménagées. Excepté la traversée de la Vallée de Joux à hauteur du Brassus, le parcours est en altitude, donc particulièrement enneigé. Les participants évoluent de manière autonome sans assistance extérieure. Ils devront se présenter à des points de passage obligatoires. Ils pourront se ravitailler en eau et nourriture dans les refuges gardés, chez des particuliers ou les épiceries des villages. À la fin, ils enverront leurs données
131 km à travers le massif du Jura. b
VAL THOERMER
(trace GPX) à l’adresse trace@tourdesmassifs.fr. Au terme de l’hiver, un classement sera établi (il y en aura un aussi pour 262 km, soit deux tours). De même, un « Super Challenger » prendra en compte le temps du Fox Trail Challenge qui se court en trail et en été autour de la station des Rousses. i tourdesmassifs.fr
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PVosges. Nouveau à Gérardmer : Sylvie Triboulot, accompagnatrice en montagne et monitrice de ski à Gérardmer, a imaginé « Learn-O’tes Vosges », un jeu d’orientation sans carte ni boussole. Le but ? Résoudre des énigmes pour découvrir les curiosités du Massif des Vosges sur une tablette numérique géante, à ski de fond ou raquettes. i www.sens-a-sons-nature.com
SENS À SONS
Méninges et muscles
Le massif du Jura rebat ses cartes
PJura. Pour remplacer son actuelle carte interactive dépassée, l’Espace Nordique Jurassien a choisi un nouvel outil cartographique : le Geotrek. Celui-ci a été développé il y a trois ans par le Parc Naturel régional du Haut-Jura pour valoriser les itinéraires de pleine nature (pédestre et VTT). Pour la première fois en France, les pistes de ski de fond et de raquettes vont venir s’y ajouter. i www.espacenordiquejurassien.com
Partageons votre aventure.
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Entente cordiale
La Chavade en Ardèche crée son stade de neige
PSuisse. Initialement lancée au début de la saison 2019-2020, la campagne de sensibilisation baptisée « Année du respect des pistes » n’a pas pu se développer normalement et toucher le public escompté. Romandie Ski de Fond a donc décidé de relancer la campagne à large échelle cet hiver. Il s’agit d’inciter chacun au « fair play ».
Du biathlon sur le stade de neige de La Chavade. b
DANIEL RIXTE
Meidjo Télémark
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’hiver dernier, catastrophique dans le Massif Central, où pratiquement aucun site n’a ouvert par manque de neige, a permis à l’unique station nordique de l’Ardèche, La Chavade, d’innover, en développant le concept de « stade de neige ». Concrètement, deux enneigeurs, l’un fixe et l’autre mobile, alimentés par une réserve remplie par l’eau de pluie collectée lors des épisodes cévenols, ont suffi à préparer et à maintenir durant toute la saison un anneau d’un peu moins d’un kilomètre et une piste de luge, ainsi qu’un pas de tir de biathlon à 10 mètres (tout cela sur une surface enneigée de seulement 5 500 m2, soit la
PHaute-Alpes. Cette année, c’est le dixième anniversaire du Meidjo Télémark, rassemblement festif autour d’une discipline aux longues traditions : le télémark. Ce festival dédié proposera en avril 2021 des projections de films, des échanges autour de la pratique de la montagne, des initiations au télémark encadrées par des professionnels sur les pistes du glacier de la Girose, ainsi que des prêts et autres tests de matériel. i www.meidjotelemark.com
moitié d’un stade de football). C’est ainsi que plus de 2 000 enfants ont pu bénéficier d’une activité ludique et de pleine nature. Le « stade de neige » a aussi largement été fréquenté par les compétiteurs et skieurs « en manque » pour se préparer aux compétitions ou tout simplement pour se maintenir en forme, et ce pendant 83 jours entre le 17 décembre et le 8 mars. Cette approche a permis d’accueillir quatre évènements : deux courses de biathlon, un raid multisports et un trail blanc. Et les moniteurs de ski nordique de l’ESF ont pu partiellement sauver leur saison.
Le programme de Festi’Nordic Voici le programme de la 14e édition de Festi’Nordic dans les Alpes du Sud : 3 décembre : Queyras ; 3 janvier : Crévoux ; 17 janvier : Dévoluy ; 24 janvier : Réallon ; 31 janvier : Larche ; 14 février : Bayard ; 21 février : Cervières ; 14 mars : Puy Saint Vincent.
Deux nouveaux itinéraires dans le Haut-Oisans
Un jeu de biathlon en ligne de mire b
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e jeu n’existe pas encore. Mais sa conception est terminée. C’est Pierre-Henri Velut, un fan de biathlon originaire de Troyes, qui en a eu l’idée. « Grand-Bo » reprend toutes les étapes d’une compétition sur un plateau : les cartes font avancer le concurrent qui affrontera les aléas de la piste, mais aussi les imprévus de courses (chute, bâton cassé…) ou météorologiques). Même principe au pas de tir où il faudra trouver les cibles blanches. Une campagne de financement participatif est en cours pour qu’il puisse être
PHautes-Alpes. Sur la commune de Villar-d’Arène, il y a du neuf. Au départ de Villar d’Arène à 1 650 m, où des panneaux infos pratiques, cartographie et sécurité seront installés, on pourra suivre deux nouveaux itinéraires balisés (310 m de dénivelé vers le lac du Pontet et 425 m de dénivelé vers le petit sommet de l’Aiguillon) en ski de randonnée ou raquettes à neige. Ce projet est porté par la mairie et l’association des Enseignes de Villar d’Arène avec le soutien du bureau des guides de La Grave - La Meije.
À nos lecteurs
disponible dans les prochains mois (ce ne sera pas pour Noël 2020). Plus d’informations ou précommande : grandbo.lejeu@gmail.com
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Vous ne retrouverez pas dans ces pages notre traditionnel agenda des manifestations nordiques. Compte tenu de la crise sanitaire actuelle, leur organisation n’est pas assurée. Nous vous invitons à consulter régulièrement notre site : nordicmag.info.
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L’agenda
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Les fondeurs français ont préparé l’hiver dans l’Hexagone, à l’exception d’une courte excursion en Italie. b
CYRIL BURDET
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L’ÉQUIPE
DE FRANCE À LA DURE Une nouvelle organisation mise en place au printemps, une préparation à forte connotation hexagonale : l’équipe de France de ski de fond s’est préparée à vivre un hiver où il faudra s’adapter aux contraintes de la crise sanitaire.
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L’équipe de France, des fondeurs confirmés et une relève talentueuse. b
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adeleine, Croix-de-Fer, Izoard ou encore Mont-Cenis. Ces ascensions sentent bon le Tour de France… C’est pourtant à rollerski que les fondeurs tricolores ont franchi ces cols mi-août. Un sacré programme : 250 bornes et 15 000 m de dénivelé positif sur quatre jours. Le périple a été imaginé par Alexandre Rousselet, l’entraîneur du groupe de distanceurs dans la nouvelle organisation mise en place après le départ de François Faivre. L’ex-patron des Bleus a été remplacé par Olivier Michaud dont la fiche de poste a toutefois varié. Une évolution plus qu’une révolution. « Mon job, c’est l’entraînement et je n’ai pas à m’occuper du reste de la filière. Olivier assure cette partie. Quand on entraîne sur la coupe du monde, c’est compliqué de suivre les circuits nationaux et autres », précise le Jurassien qui a donc voulu innover avec son circuit en skiroues. Avec un double objectif : renforcer la cohésion et préparer un hiver où l’adaptation sera la clé du succès. « Je voulais un stage spécifique pour la distance et en comité restreint. » À la limite
du commando pour les expérimentés Maurice Manificat, Jean-Marc Gaillard, Clément Parisse, Adrien Backscheider et les jeunes Jules Lapierre et Hugo Lapalus. Le dernier jour, la troupe a gravi l’Iseran depuis Bessans aux aurores. Départ à 5 h 15 et... à jeun ! « On avait besoin de séances au long cours avec du dénivelé. Je voulais aussi sortir les athlètes de leur zone de confort. On a évolué dans une ambiance particulière avec de la rusticité », enchaîne Alexandre Rous-
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Olivier Michaud, directeur des équipes de France de ski de fond
Les athlètes qui réussiront sont ceux qui voient le verre à moitié plein.
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CYRIL BURDET
selet. C’est que, on l’a déjà écrit, l’hiver attaqué par le coronavirus sera à géométrie variable. Cela a commencé par l’officialisation du huis clos à Ruka (Finlande) pour le lancement de la coupe du monde fin novembre. « Il faut être prêt à vivre dans l’incertitude des programmes », dixit le vainqueur de La Transjurassienne en 2004. Adepte d’un mode de vie épuré, Adrien Backscheider a validé à 200 %. « C’était à l’image de ce qu’on est dans le ski de fond : simples et proches de la nature. Cela collait à l’esprit de notre groupe. » Avec des nuits dans des refuges ou à la belle étoile. Oubliés les stages à l’étranger. La Covid-19 a modifié les habitudes. L’Hexagone a servi de terrain de jeu : « On a de bonnes choses en France pour bien travailler », rappelle le Vosgien. Cette itinérance, c’est la seule fois de l’été où les six mercenaires ont évolué sans les sprinteurs et les dames durant leur préparation. Depuis plusieurs saisons, collégialité et transversalité sont les règles dans la maison bleue. Elles vont encore s’accentuer. « Les trois groupes nous ont fait remonter
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Cet hiver, Maurice Manificat ne prendra pas le départ de toutes les courses de la coupe du monde. b
VIANNEY THIBAUT/NORDIC FOCUS
Maurice Manificat : « L’hiver va être compliqué »
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e Haut-Savoyard a vécu une drôle de saison passée, sans aucun podium individuel en coupe du monde pour la première fois depuis plus de dix ans. Dans le dur dès les premières épreuves et malade en janvier, il avait décidé de déserter les dernières manches avant que la crise sanitaire ne mette un terme à l’hiver. La page est tournée. Cap sur les Mondiaux d’Oberstdorf en Allemagne pour un Maurice Manificat qui va davantage cibler ses objectifs. Ainsi, il ne participera pas à l’ouverture de la coupe du monde de ski de fond à Ruka, en Finlande.
NORDIC MAGAZINE. Avec le recul, comment analysez-vous vos difficultés de l’hiver passé ?
Maurice Manificat. J’accorde beaucoup d’importance à la préparation et les sensations n’étaient pas là. Il n’y avait pas une journée qui allait mieux que l’autre et j’ai fini par m’enterrer là-dedans. Il y avait de l’inquiétude car je n’avais pas l’adrénaline des belles séances. Parfois, cela ne veut rien dire. On peut se refaire... mais là, avec cet hiver sans neige… Dans le Vercors, on skiait toujours au même endroit. Il n’y avait pas grand-chose auquel se raccrocher. Je rentrais chez moi et, mis à part la famille, je n’avais rien pour décompresser. J’étais dans l’attente du résultat qui ne venait pas et puis la maladie est arrivée. J’ai passé janvier au lit. La crève, la fièvre, la bronchite et une sinusite… C’était la totale !
Arrivez-vous à vous projeter sur la saison à venir malgré la crise sanitaire ? L’hiver va être compliqué. Ce sera pénible mais on se projette quand même. Le calendrier est établi et on sait quelles courses on va cibler. Le maître-mot, cela va être l’adaptation car il y aura des imprévus. On en a eu un aperçu durant l’automne. Cela n’empêche pas de se concentrer sur le travail à faire. On ne peut pas dire : “On arrête de s’entraîner et on se prépare pour dans un an en prévision des Jeux olympiques.” Il faut faire comme si l’hiver allait être normal, même s’il ne le sera sans doute pas… Allez-vous cibler davantage certaines épreuves ? Avec l’enchaînement des
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courses, j’ai parfois une santé fragile. Je vais essayer de moins me disperser et préparer des week-ends spécifiques. Les Mondiaux d’Oberstdorf seront le point d’orgue de la saison. J’axerai mon hiver dessus et il y aura peut-être moins de courses en amont. Mais il y a un gros niveau dans l’équipe. Les jeunes sont morts de faim et il va déjà falloir prouver que j’ai ma place ! Courir pour s’enterrer dans le fond du classement, cela ne sert à rien. Ce qui m’anime, ce sont les podiums. J’ai encore envie de grosses performances. Je n’imagine pas un second hiver comme celui que j’ai vécu. Mentalement, c’était assez rude. Le plaisir passe par les résultats. En sport de haut niveau, il faut que ça claque !
Le sprinteur Lucas Chanavat lors du championnat de France de ski de fond d’été à Prémanon, en octobre. leur volonté de davantage partager leurs expériences et compétences », argumente Olivier Michaud qui a demandé à Cyril Burdet de jouer les coordinateurs. L’intéressé reste l’entraîneur des sprinteurs, tout comme Thibaut Chêne celui des dames.
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Olivier Michaud au-dessus de la mêlée
Cette réorganisation du staff n’a impacté qu’à la marge le fonctionnement. « Cela n’a pas changé notre manière de travailler, abonde Renaud Jay. On reste sur la dynamique des années passées. » Alors pourquoi changer ? Pour repartir sur un nouveau cycle – le mandat de François Faivre a duré six ans – et placer un homme ou une femme au-dessus de la mêlée. C’est la condition sine qua non pour avoir ce recul qui peut faire défaut quand on est plongé la tête dans le guidon. « Par le passé, François assurait le coaching du groupe de distance, mais aussi le management. Cette nouvelle organisation soulage les coachs », reconnaît le Savoyard. Olivier Michaud s’est donc présenté comme la personne idoine. Il maîtrise les différentes strates de la Fédération française de ski. Ces dernières années, il était le sélectionneur de la coupe d’Europe et l’entraîneur des juniors. « Mon rôle, c’est manager l’ensemble de la filière : l’encadrement, les techniciens, la relation avec les cadres de région, les politiques sportives nationale et régionale... Je suis aussi le sélectionneur pour les coupes du monde et d’Europe en lien avec Stéphane [Bouthiaux, le patron du ski nordique français] et la direction technique nationale. » Dans ce sport individuel qu’est
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Alexandre Rousselet, responsable du groupe des distanceurs.
Il faut être prêt à vivre dans l’incertitude des programmes. n°34 | nordic MAGAZINE | 109
LAURENT MÉRAT
Jules Lapierre et Hugo Lapalus, deux représentants de la nouvelle génération des bleus. b
CYRIL BURDET
‘‘
Maurice Manificat, triple médaillé olympique
Les jeunes nous empêchent de devenir trop bourrus. Ils amènent leur insouciance.
le ski de fond, l’homme parle d’abord collectif : « Les équipes de France ne sont pas basées sur un homme seul, mais un système. Cela ne peut fonctionner et performer que si chaque maillon est lié. » Aussi entend-il se rapprocher de la base : « Je serai présent sur le circuit national pour voir mes collègues entraîneurs régionaux. Ce lien est très important. On est une grande famille et, même si l’on n’est pas d’accord sur tout, il faut se parler et que chacun s’exprime. La puissance du ski nordique français part des clubs et des régions. » En résumé, on ne déconstruit pas tout ce qui a été fait avant et a porté ses fruits, mais on met de l’huile dans les rouages : « La philosophie menée ces quinze dernières années est la bonne. Sur certains points, il fallait peut-être amener de la fraîcheur et un vent nouveau aux athlètes. On change des petites notes de musique mais pas l’orchestre », détaille encore Olivier Michaud. Une évolution favorable à Maurice Manificat à l’hiver passé cauchemardesque ? S’il n’est plus un jeune loup, le Haut-Savoyard a encore de belles années devant lui. « Nous n’étions pas forcément demandeurs pour changer, mais de la tension s’était créée dans le groupe. Nous voulions retrouver de la sérénité et c’est passé par ces changements », indique le triple médaillé olympique. Comme un coup de pied aux fesses d’un groupe rajeuni. Maurice Manificat toujours : « L’équipe est à l’image des derniers relais médaillés. Ce mélange de générations fait notre
110 | nordic MAGAZINE | n°34
Depuis
1931
force. Avec Jean-Marc [Gaillard], on a un peu plus de bagout et cela apporte aux jeunes. Inversement, ils nous empêchent de devenir trop bourrus ! Ils amènent leur insouciance. » En père tranquille, comme il l’est avec ses deux jeunes enfants, Adrien Backscheider reste serein par rapport au changement d’entraîneur chez les distanceurs : « Quand tu es senior, tu es autonome. Tu sais ce qui marche ou pas à l’entraînement. La base, quels que soient le pays et l’entraîneur, est toujours la même 80 % du temps. Le rôle du coach, c’est de t’accompagner, te stimuler et te mettre en confiance. Chacun a sa personnalité. François [Faivre] et Alexandre [Rousselet] ne sont pas les mêmes, mais le contenu des séances a à peine changé. Les maîtres-mots, comme Olivier Michaud l’a rappelé, c’est la cohésion et la bienveillance. » Le bien-être du groupe, on y revient. Quand l’hiver sera rude, hachuré, secoué, les liens tissés à plus de 2 000 m d’altitude dans les Alpes feront peutêtre la différence.
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La crise sanitaire va rebattre les cartes
Comme toutes les grandes nations du ski de fond, la maison bleue a Oberstdorf et les Mondiaux allemands de fin février-début mars dans le viseur. « Ce sera le point d’orgue », confirme Olivier Michaud. Covid ou pas, Alexandre Rousselet est confiant : « Ce sera important de bien lancer la saison, notamment au niveau mental. Il faut retrouver de la sérénité. On a une belle armada et le ski de fond français se porte bien. Les jeunes arrivent et ont la force pour pousser la génération en place qui a déjà fait des médailles et veut encore en faire. » Dans la hiérarchie mondiale, avec des Norvégiens qui ont été privés de stage en altitude, la crise sanitaire pourrait en outre rebattre les cartes. « Les athlètes qui réussiront sont ceux qui voient le verre à moitié plein. Dans notre discipline, il faut avoir des plans. Là, il faudra être capable de les changer au dernier moment », pronostique Olivier Michaud. Adrien Backscheider en a bien conscience : « C’est un hiver qui sera différent. Le changement, c’est excitant. Il n’y en a pas tellement dans notre sport. Alors s’il y a deux ou trois subtilités, cela va pimenter le truc et on s’en souviendra. » Les podiums n’en auront que plus de saveur. n
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COUPE DU
MONDE Saison inédite
Le Japonais Ryoyu Kobayashi dans le ciel de Bischofshofen, en Autriche. b
TUMASHOV/NORDIC FOCUS
112 | nordic MAGAZINE | n°34
Ski de fond NOVEMBRE 27 ÜRUKA 28 ÜRUKA 29
ÜRUKA ÜRUKA ÜRUKA
DÉCEMBRE 4 ÜLILLEHAMMER 5 ÜLILLEHAMMER 6 ÜLILLEHAMMER 12 ÜDAVOS 13 ÜDAVOS 19 20
ÜDAVOS ÜDRESDE ÜDRESDE
JANVIER TOUR DE SKI 1 ÜVAL MÜSTAIR 2 ÜVAL MÜSTAIR ER
3 5
ÜVAL MÜSTAIR ÜVAL MÜSTAIR ÜVAL MÜSTAIR ÜTOBLACH ÜTOBLACH
Sprint CT 10 km CT 15 km CT 10 km FT POURSUITE 15 km FT POURSUITE
==
Sprint CT Skiathlon Relais Sprint FT 10 km FT 15 km FT Sprint FT Team sprint FT
==
Sprint FT 10 km CT MASS-START 15 km CT MASS-START 10 km CT POURSUITE 15 km CT POURSUITE 10 km FT 15 km FT
= = = =
== == == = = == ==
== = =
6 8 9 10 16 17 23 24 30 31
ÜTOBLACH ÜTOBLACH ÜVAL DI FIEMME ÜVAL DI FIEMME ÜVAL DI FIEMME ÜVAL DI FIEMME
= 10 km CT POURSUITE = 15 km CT POURSUITE 10 km CT MASS-START = 15 km CT MASS-START = == Sprint CT Alpe Cermis MASS-START==
ÜULRICEHAMN ÜULRICEHAMN ÜLAHTI ÜLAHTI ÜFALUN ÜFALUN ÜFALUN
Sprint FT Team Sprint FT Skiathlon Relais 10 km CT 15 km CT Sprint CT
FÉVRIER 6 ÜRÉSERVE* 7 ÜRÉSERVE* 20 ÜNOVE MESTO 21 ÜNOVE MESTO ÜNOVE MESTO
== == == == = = ==
Sprint CT 10 km FT 15 km FT
== = =
* Week-end réservé pour épreuves ayant été reportées.
= = = =
CHAMPIONNATS DU MONDE ÜOBERSTDORF
du 24 février au 7 mars
NOUS COMPTONS AUSSI QUELQUES SPÉCIALISTES
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n°34 | nordic MAGAZINE | 113
Clément Parisse et Jean Tiberghien à Storlien-Meraker. b
THIBAUT/NORDIC FOCUS
JANVIER 7 ÜOBERHOF 8 ÜOBERHOF 9 ÜOBERHOF ÜOBERHOF
10 ÜOBERHOF 13 14 15 16 17 21 22 23 24
MARS 12 ÜOSLO 13 ÜOSLO 14 ÜOSLO 19 ÜPÉKIN 20 ÜPÉKIN 21 ÜPÉKIN 20 ÜPÉKIN
==
Sprint CT 30 km FT 50 km FT Sprint FT Skiathlon 10 km CT 15 km CT
= = == == = =
NOVEMBRE 28 ÜKONTIOLAHTI ÜKONTIOLAHTI
29 ÜKONTIOLAHTI ÜKONTIOLAHTI
Individuel 20 km Individuel 15 km Sprint 10 km Sprint 7,5 km
=
ÜOBERHOF ÜOBERHOF ÜOBERHOF ÜOBERHOF ÜOBERHOF ÜOBERHOF ÜOBERHOF ÜANTHOLZ ÜANTHOLZ ÜANTHOLZ ÜANTHOLZ ÜANTHOLZ ÜANTHOLZ
FÉVRIER CHAMPIONNATS DU MONDE Relais mixte 10 ÜPOKLJUKA Sprint 10 km 12 ÜPOKLJUKA Sprint 7,5 km 13 ÜPOKLJUKA Poursuite 12,5 km 14 ÜPOKLJUKA 16 17 18 20 21
Biathlon
ÜPOKLJUKA ÜPOKLJUKA ÜPOKLJUKA ÜPOKLJUKA ÜPOKLJUKA ÜPOKLJUKA ÜPOKLJUKA ÜPOKLJUKA
26 ÜPÉKIN 27 ÜPÉKIN 28 ÜPÉKIN ÜPÉKIN
5 6 11 12 13 17 18 19 20
ÜKONTIOLAHTI ÜKONTIOLAHTI ÜKONTIOLAHTI ÜKONTIOLAHTI ÜKONTIOLAHTI ÜHOCHFILZEN ÜHOCHFILZEN ÜHOCHFILZEN ÜHOCHFILZEN ÜHOCHFILZEN ÜHOCHFILZEN ÜHOCHFILZEN ÜHOCHFILZEN ÜHOCHFILZEN ÜHOCHFILZEN ÜHOCHFILZEN ÜHOCHFILZEN
Sprint 10 km Sprint 7,5 km Poursuite 12,5 km Relais 4 x 6 km Relais 4 x 7,5 km Poursuite 10 km Sprint 7,5 km Sprint 10 km Relais 4 x 6 km Poursuite 12,5 km Poursuite 10 km Relais 4 x 7,5 km Sprint 10 km Sprint 7,5 km Poursuite 12,5 km Poursuite 10 km Mass-start 15 km Mass-start 12,5 km
== = = =
= Poursuite 10 km = Individuel 15 km Individuel 20 km = Relais mixte simple == = Relais 4 x 6 km = Relais 4 x 7,5 km Mass-start 12,5 km = = Mass-start 15 km
Relais 4 x 6 km Relais 4 x 7,5 km Sprint 7,5 km Sprint 10 km
= = = =
= = =
MARS 1 ÜPÉKIN ER
ÜPÉKIN
DÉCEMBRE 3 ÜKONTIOLAHTI
= Sprint 7,5 km = Sprint 10 km = Poursuite 10 km = Poursuite 12,5 km == Relais mixte Relais mixte simple == = Sprint 10 km = Sprint 7,5 km = Relais 4 x 7,5 km = Relais 4 x 6 km = Mass-start 15 km Mass-start 12,5 km = = Individuel 15 km Individuel 20 km = Mass-start 12,5 km = = Relais 4 x 7,5 km = Relais 4 x 6 km = Mass-start 15 km
= = = = = = = = = = =
11 ÜNOVE MESTO 12 ÜNOVE MESTO 13 ÜNOVE MESTO ÜNOVE MESTO
14 ÜNOVE MESTO ÜNOVE MESTO
18 ÜOSLO 19 ÜOSLO 20 ÜOSLO ÜOSLO
21 ÜOSLO ÜOSLO
= = = = = = =
114 | nordic MAGAZINE | n°34
= Poursuite 10 km = Poursuite 12,5 km = Sprint 10 km = Sprint 7,5 km = Poursuite 12,5 km = Poursuite 10 km == Relais mixte Relais mixte simple == = Sprint 7,5 km = Sprint 10 km = Poursuite 10 km = Poursuite 12,5 km Mass-start 12,5 km = = Mass-start 15 km
Le sauteur de Courchevel Mathis Contamine à Bischofshofen.
Saut à ski NOVEMBRE 21 ÜWISLA 22 ÜWISLA 28 ÜRUKA 29 ÜRUKA DÉCEMBRE 5 ÜNIZHNY TAGIL 6
ÜLILLEHAMMER ÜNIZHNY TAGIL ÜLILLEHAMMER
b
HS 134 PAR ÉQUIPE HS 134 HS 142 HS 142
=
HS 134 HS 98 HS 134 HS 140
=
TUMASHOV/NORDIC FOCUS
= = =
= = =
CHAMPIONNATS DU MONDE VOL À SKI = HS 240 11 ÜPLANICA = HS 240 240 PAR ÉQUIPE 13 ÜPLANICA 19 ÜENGELBERG 20 ÜENGELBERG
HS 140 HS 140
= =
TOURNÉE DES QUATRE TREMPLINS HS 137 29 ÜOBERSTDORF JANVIER 1 ÜG-PARTENKIRCHENHS 142 HS 130 3 ÜINNSBRUCK 6 ÜBISCHOFSHOFEN HS 142 ER
=
= = =
UN PETIT PAYS
CAPABLE D’ÉLABORER UN GRAND FROMAGE AOP. GRUYERE.COM/HISTOIRE
n°34 | nordic MAGAZINE | 115
9 10 15 16 17 23 24 30 31
ÜTITISEE-NEUSTADT HS 142 ÜSAPPORO HS 134 ÜTITISEE-NEUSTADT HS 142 ÜSAPPORO HS 134 ÜZAO HS 102 ANNULÉ ÜZAKOPANE HS 140 PAR ÉQUIPE ÜZAO HS 102 ANNULÉ ÜZAKOPANE HS 140 ÜZAO HS 102 ANNULÉ ÜLAHTI HS 130 PAR ÉQUIPE ÜLJUBNO HS 194 PAR ÉQUIPE ÜLAHTI HS 130 ÜLJUBNO HS 194 ÜWILLINGEN HS 147 ÜTITISEE-NEUSTADT HS 142 ÜWILLINGEN HS 147 ÜTITISEE-NEUSTADT HS 142
FÉVRIER 6 ÜSAPPORO 7 11 12 13 14 19
ÜHINZENBACH ÜSAPPORO ÜHINZENBACH ÜPÉKIN ÜPÉKIN ÜPÉKIN ÜPÉKIN ÜRASNOV ÜRASNOV ÜRASNOV
HS 137 HS 90 HS 137 HS 90 HS 106 HS 106 HS 140 HS 140 HS 97 HS 97 HS 97 MIXTE
MARS RAW AIR 12 ÜOSLO 13 ÜOSLO 14 ÜOSLO 15 16 17 18 19 20 21
ÜOSLO ÜLILLEHAMMER ÜLILLEHAMMER ÜLILLEHAMMER ÜTRONDHEIM ÜTRONDHEIM ÜTRONDHEIM ÜVIKERSUND ÜVIKERSUND ÜVIKERSUND
BLUE BIRD 20 ÜNIZHNY TAGIL 21 ÜNIZHNY TAGIL 26 ÜPLANICA 27 ÜPLANICA BLUE BIRD ÜCHAIKOVSKY
28 ÜPLANICA BLUE BIRD ÜCHAIKOVSKY
= = = = = = = = = = = = = = = =
= = = = = = = = = =
20 CHAMPIONNATS DU MONDE ÜOBERSTDORF
=
==
du 24 février au 7 mars
HS 134 QUALIFICATIONS HS 134 PAR ÉQUIPE HS 134 HS 134 HS 140 QUALIFICATIONS HS 140 HS 140 HS 138 QUALIFICATIONS HS 138 HS 138 HS 240 QUALIFICATIONS HS 240 PAR ÉQUIPE HS 240 VOL À SKI
=
HS 97 HS 97
=
= = =
Combiné nordique NOVEMBRE RUKA OPENING 27 ÜRUKA 28 ÜRUKA 29 ÜRUKA DÉCEMBRE 4 ÜLILLEHAMMER 5 ÜLILLEHAMMER 6 19 20
ÜLILLEHAMMER ÜLILLEHAMMER ÜRAMSAU ÜRAMSAU
JANVIER 2 ÜOTEPÄÄ 3 15 16 17 23 24
ÜOTEPÄÄ ÜOTEPÄÄ ÜOTEPÄÄ ÜVAL DI FIEMME ÜVAL DI FIEMME ÜVAL DI FIEMME ÜLAHTI ÜLAHTI
TRIPLE 29 ÜSEEFELD 30 ÜSEEFELD 31 ÜSEEFELD
HS 142/5 km HS 142/10 km HS 142/10 km
=
HS 98/5 km HS 98/10 km HS 98/5 km HS 140/10 km HS 98/10 km HS 98/10 km
=
HS 97/10 km HS 97/5 km HS 97/10 km HS 97/5 km HS 106/10 km HS 106/par équipe HS 106/10 km HS 130/par équipe HS 130/10 km
=
HS 109/5 km HS 109/10 km HS 109/15 km
=
FÉVRIER HS 140/10 km 6 ÜKLINGENTHAL HS 140/10 km 7 ÜKLINGENTHAL HS 140/10 km 13 ÜPÉKIN HS 140/par équipe 14 ÜPÉKIN CHAMPIONNATS DU MONDE ÜOBERSTDORF
= =
= = = = =
= = = = = = = =
= =
= = = =
du 24 février au 7 mars
= = = = = = = = =
=
= HS 240 VOL À SKI HS 240 VOL À SKI / EQUIPE =
HS 102
=
HS 240 VOL À SKI
=
HS 140
=
MARS 13 ÜOSLO 14 ÜOSLO
HS 134/10 km HS 134/10 km
=
FINALES 20 ÜSCHONACH 21 ÜSCHONACH
HS 100/15 km HS 100/15 km
=
Le Norvégien Jarl Magnus Riiber va-t-il de nouveau dominer ses adversaires ? b
MODICA/NORDIC FOCUS
116 | nordic MAGAZINE | n°34
=
=
Oberstdorf 2021 MERCREDI 24 FÉVRIER 12:30 14:30 18:00 20:00
= ÜQUALIFICATION 5 km FT = ÜQUALIFICATION 10 km FT = ÜQUALIFICATION HS 106 ÜCÉRÉMONIE D’OUVERTURE
JEUDI 25 FÉVRIER 12:15 15:15
17:00
ÜSPRINT ÜSPRINT ÜSPRINT ÜINDIVIDUEL
Qualifications 1,4 km CT FINALES 1,6 km CT FINALES HS 106
VENDREDI 26 FÉVRIER 10:15 16:00 17:15 20:30
ÜINDIVIDUEL ÜINDIVIDUEL ÜPAR ÉQUIPE ÜQUALIFICATIONS
SAMEDI 27 FÉVRIER 10:00 11:45 13:30 15:30 16:30
ÜINDIVIDUEL ÜSKIATHLON ÜSKIATHLON ÜINDIVIDUEL ÜINDIVIDUEL
11:00 13:00
15:00 17:00
ÜPAR ÉQUIPE ÜQUALIFICATIONS ÜTEAM SPRINT ÜTEAM SPRINT ÜPAR ÉQUIPE ÜPAR ÉQUIPE
18:00
17:15
ÜINDIVIDUEL ÜINDIVIDUEL
JEUDI 4 MARS 11:00 13:15 15:15 17:30
ÜINDIVIDUEL ÜRELAIS ÜINDIVIDUEL ÜQUALIFICATIONS
VENDREDI 5 MARS 13:15 17:00
ÜRELAIS ÜINDIVIDUEL
SAMEDI 6 MARS 10:00 12:30 15:00 16:30
ÜTEAM SPRINT ÜMASS-SART ÜTEAM SPRINT ÜPAR ÉQUIPES
DIMANCHE 7 MARS 13:00
ÜMASS-START
=
HS 106 15 km 30 km 5 km FT HS 106
=
HS 106 par équipe FINALES FINALES 4 x 5 km HS 106
ÜINDIVIDUEL 10 km FT ÜQUALIFICATIONS HS 137
MERCREDI 3 MARS 13:15
=
=
MARDI 2 MARS 13:15
=
HS 106 10 km FT HS 106 HS 106
DIMANCHE 28 FÉVRIER 10:00
==
= = =
= = = =
= == = = = ==
= =
15 km FT HS 137
=
HS 137 4 x 5 km 10 km HS 137
=
4 x 10 km HS 137
=
HS 137 30 km CT 2 x 7,5 km HS 137
=
50 km CT
=
=
= = =
www. nordicmag. info
=
= = =
Le nordique au quotidien.
SKI DE FOND
L’agenda national BESSANS
11|12
Ü Ü 12|12 Ü Ü 13|12 Ü Ü
AUTRANS
29|12 Ü
En 2021, il n’y aura pas de coupe du monde à Chaux-Neuve. b
L
saut à ski était réduit comme peau de chagrin. Aucun sauteur ne s’est donc envolé des tremplins du Praz. En septembre, le Grand-Bornand était pour sa part sacrifié par l’IBU. L’organisation en charge des compétitions internationales de biathlon a choisi de réduire le nombre de déplacements de sa caravane. Les biathlètes fréquenteront donc moins de sites. Au lieu de venir en Haute-Savoie, les équipes resteront deux semaines à Hochfilzen, en Autriche. Dans la même logique, Ruhpolding a été rayé d’un trait au profit d’Oberhof. Enfin, début octobre, c’était au tour de Chaux-Neuve, habituellement organisée durant le troisième week-end de janvier, chaque hiver depuis 2009, de passer à la trappe. Nordic Événements craint de boire le bouillon si le public n’est pas autorisé à assister aux épreuves. L’événement a bâti son modèle économique sur la billetterie et les animations autour du tremplin de la Côte Feuillée et de la piste de ski de fond du Lernée, en particulier la grande soirée du samedi sous chapiteau. La coupe du monde n’était déjà pas venue dans le Haut-Doubs en 2020 en raison des Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) qui se déroulaient au même moment dans le département voisin.
Ü
Ü
24|01 Ü
Ü
Ü
14|02 Ü
Ü
Ü
28|02 Ü
Ü
ÉTAPE 4
MASS-START 10 KM CT = MASS-START 15 KM CT = SPRINT MONTÉE/DESCENTE FT SPRINT MONTÉE/DESCENTE FT =
PRÉMANON
27|02 Ü
ÉTAPE 3
SPRINT CT = SPRINT CT = INDIVIDUEL 10 KM FT = INDIVIDUEL 15 KM FT =
LES GLIÈRES
13|02 Ü
ÉTAPE 2
SPRINT MONTÉE/DESCENTE FT = SPRINT MONTÉE/DESCENTE FT = MASS-START 10 KM CT = MASS-START 15 KM CT =
LA CLUSAZ
23|01 Ü
VOLK/NORDIC FOCUS
La France privée de coupe du monde ’hiver 2020-2021 s’annonçait festif et le spectacle grandiose. Si l’on prend en compte le rendez-vous estival de saut à ski à Courchevel, l’ensemble de l’élite mondiale du nordique avait rendez-vous en France. La coupe du monde devait aussi revenir au Grand-Bornand et à Chaux-Neuve, et débarquer à Prémanon. Elle ne viendra nulle part. La faute au coronavirus. En mai dernier, dans une France encore confinée, Jura Ski Events préférait renoncer à recevoir, au stade des Tuffes du 5 au 7 février 2021, Johannes Hoesflot Klæbo, Therese Johaug ou encore Alexander Bolshunov. « Par mesure de précaution sanitaire mais également économique », justifiait l’association désormais présidée par Sylvain Guillaume. « En effet, la pandémie de la Covid-19 aura des répercussions à long terme auprès de certains acteurs et partenaires de l’événement, c’est pourquoi il aurait été peu sensé de maintenir un événement d’une telle ampleur en dépit de certaines priorités », ajoutait-elle. Le 1er octobre, la FIS publiait un calendrier pour la saison 2021-2022 dans lequel figurait le stade du Haut-Jura aux dates des 15 et 16 janvier. Il faudra donc patienter un an. Dans l’été, le circuit Grand Prix de
Ü
30|12 Ü
ÉTAPE 1
INDIVIDUEL 5 KM CT = INDIVIDUEL 15 KM CT = SPRINT CT = SPRINT CT = INDIVIDUEL 10 KM FT = INDIVIDUEL 15 KM FT =
FINALE
INDIVIDUEL 5 KM FT = INDIVIDUEL 7,5 KM FT = POURSUITE 5 KM CT = POURSUITE 10 KM CT =
LA BRESSE
21|03 Ü
CHAMPIONNATS DE FRANCE DES CLUBS ==
LES CONTAMINES
26|03 Ü
MASS-START 10 KM FT =
Ü 27|03 Ü Ü 28|03 Ü Ü
MASS-START 10 KM FT = SPRINT CT = SPRINT CT = RELAIS 3x5x5 = RELAIS 3x5x5 =
LES GLIÈRES
04|04 Ü
CHAMPIONNATS DE FRANCE LONGUE DISTANCE 30 CT ==
À nos lecteurs L’agenda proposé dans ces pages a été arrêté le 9 novembre. Compte tenu de la situation sanitaire actuelle, il est susceptible d’évoluer. Merci de ne pas nous en tenir rigueur. Vous pouvez être informés des évolutions grâce à notre site Internet www.nordicmag.info.
Courses populaires 03|01 Ü
ALPE D’HUEZ SKI MARATHON
10 - 30 KM FT
03|01 Ü 09|01 Ü
COURSE DE L'HEURE MARATHON DE BESSANS
15 - 30 KM CT
10|01 10 - 21 - 42 KM FT 10|01 Ü SEMI-MARATHON DE L'ÉTOILE
7 - 14 - 21 KM FT
16|01 Ü
LES BELLES COMBES
30 KM FT
17|01 21 - 42 KM CT 17|01 Ü TRAVERSÉE DE LA HTE-JOUX
15 - 30 KM FT
23|01 Ü
NORDIQUE DES CRÊTES
21 KM CT
24|01 21 - 42 KM FT 23|01 Ü LA S’KIFFÉ FROID
TEAM SPRINT
30|01 Ü
LA FOULÉE BLANCHE
25 KM CT
31|01 42 KM FT 31|01 Ü L'ENVOLÉE NORDIQUE
25 - 42 KM FT - PAR ÉQUIPES DE 2
06|02 Ü
MARATHON DES NEIGES
15 KM CT - 15 - 30 KM FT
07|02 Ü
TOUR DE SAGNARD
11 - 22 KM FT - PAR ÉQUIPES DE 2
07|02 Ü
MARATHON DU FOREZ
21 KM CT - 21 - 42 KM FT
07|02 Ü
LA TRACE VOSGIENNE
21 - 42 KM FT
07|02 Ü
LA ROYALE
30 - 50 KM FT
13|02 Ü
LA TRANSJU'CLASSIC
25 - 56 KM CT
14|02 Ü
LA TRANSJURASSIENNE
25 - 48 - 68 KM FT
14|02 Ü
MARATHON DU MEZENC
21 - 42 KM FT
21|02 Ü
LA FRANCHES NORDIQUE
10 - 30 KM FT
21|02 Ü
MARATHON DU GRAND BEC
21 - 42 KM FT
21|02 Ü
CROISÉE DES ALPES VAUDOISES
19 KM FT
06|03 Ü
LA MARA
12 - 22 - 42 KM FT
07|03 07|03 Ü
TRANS’VERCORS NORDIC
12 - 22 - 42 KM CT
53 KM FT - PAR ÉQUIPES DE 2
07|03 Ü
TRAVERSÉE DU MASSACRE
21 - 42 KM FT
14|03 Ü
LA SAVOYARDE
21 KM CT - 21 - 42 KM FT
14|03 Ü
TROPHÉE DU MARCHAIRUZ
15 - 30 KM FT
21|03 Ü
MARATHON DES GLIÈRES
22 - 30 (DAMES) - 42 KM FT
27|03 Ü
SKI 24
24 H DE SKI
04|04 Ü
L'ÉTOILE DES SAISIES
21 - 42 KM FT
Les Mondiaux de ski nordique 2025 à Trondheim Seule candidate en lice, la ville norvégienne de Trondheim qui a offert tant de champions au nordique tels que les légendes Petter Northug Jr. et Johannes Hoesflot Klæbo, a été désignée, à l’unanimité, organisatrice des championnats du monde de 2025 par le Conseil de la FIS.
La Visma Ski Classics dégaine son plan B La Marcialonga, une des étapes de la Visma Ski Classics. b
SANDRA ÅHS- SIVERTSEN/ WSPORTSMEDIA
L’Universiade reportée... L’Universiade d’hiver devant se dérouler en Suisse en 2021 ne peut pas avoir lieu du 21 au 31 janvier comme prévu. En raison de la pandémie de la Covid-19, l’association sportive internationale universitaire FISU, en collaboration avec le comité d’organisation et Swiss University Sports, a décidé de reporter l’événement en 2021, du 11 au 21 décembre. Celui-ci doit se dérouler dans les six cantons de Suisse centrale, dans le canton des Grisons (biathlon) et dans la ville de Lucerne.
... tout comme le FOJE de Vuokatti Le Festival Olympique de la Jeunesse Européenne, mieux connu sous le nom de FOJE, initialement prévu à Vuokatti du 6 au 13 février 2021, a été reporté de dix mois. L’événement, qui comprend neuf disciplines dont le biathlon, le ski de fond, le combiné nordique et le saut à ski, se déroulera du 11 au 18 décembre 2021.
Une nouvelle course populaire en Suisse Une nouvelle course vient s’ajouter au calendrier des populaires de Suisse romande. Il s’agit de la Croisée des Alpes Vaudoises. Au départ des Diablerets, les coureurs s’élanceront le 21 février sur une boucle de 5,5 km légèrement vallonnée avant d’effectuer l’ascension du mythique Col de la Croix (8 km de montée à 7 % de moyenne). Arrivés au sommet du col, à 1 776 mètres d’altitude, ils entameront la descente spectaculaire du col en direction de Villars-sur-Ollon (3 km de descente avec une pente moyenne de 9 %). Rapide mais très large, cette descente n’est pas dangereuse et est tracée tout l’hiver. À quelques hectomètres du bas du col, le tracé tournera sur la droite pour deux derniers kilomètres de montée en direction du Golf de Villars. i villars-diablerets.ch
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vec la deuxième vague de annoncé que, le 7 mars, elle n’accueilcoronavirus qui a submergé lerait que l’élite, dont les pro teams. En l’Europe de l’ouest, le circuit tout, cela représentera 400 dossards professionnel des longues distances, (dont 100 pour les dames) quand, habituellement, 15 000 skieurs prennent le la Visma Ski Classics, a dû se résoudre départ à Sälen. à revoir son calendrier. Sa onzième Tous les autres pourront emprunter la saison devait débuter fin novembre à piste entre le 12 février et le Jour J. Livigno, en Italie. Le coup d’envoi sera L’organisation de chaque course sera finalement donné le 14 janvier, à Zuoz, confirmée – ou pas – quatorze jours en Suisse, deux jours avant la Diagoavant l’événement. Un classement nela. général sera validé si au moins cinq Le reste du programme ne change pas. À une exception près : l’Årefjällsloppet épreuves sont maintenues. fait son apparition 14|01 ÜZUOZ PRO TEAM TEMPO CT 17 km dans le calendrier. 16|01 Ü LA DIAGONELA CT 65 km Elle se déroulera le 23|01 Ü TOBLACH-CORTINA CT 42 km 27 mars à Vålå31|01 Ü MARCIALONGA CT 70 km dalen, en Suède. 07|02 Ü LA VENOSTA CT 45 km Avec son parcours 14|02 Ü JIZERSKA PADESATKA CT 50 km de 100 km, elle 07|03 Ü VASALOPPET CT 90 km est la plus longue 20|03 Ü BIRKEBEINERRENNET CT 54 km épreuve de l’hiver. 27|03 Ü ÅREFJÄLLSLOPPET CT 54 km La Vasaloppet, plus 10|04 Ü REISTADLØPET CT 50 km courte avec tout 17|04 Ü YLLÄS-LEVI CT 70 km de même 90 km, a
Le calendrier national suisse Les championnats suisses de ski de fond se dérouleront comme chaque année en deux temps : les 16 et 17 janvier à Sedrun, en haut de la Surselva, puis du 26 au 28 mars dans la même station. Les biathlètes partiront à la conquête de titres les 27 et 28 mars à Prémanon.
Swissloppet 10|01 Ü 16|01 Ü 17|01 Ü 24|01 Ü 31|01 Ü 07|02 Ü 14|02 Ü 21|02 Ü 28|02 Ü 07|03 Ü 14|03 Ü
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ATTRAVERSO CAMPRA LA DIAGONELA (PACHIFICA) PLANOIRAS VOLSKLANGLAUF ROTHENTHURMER VOLKSSKILAUF SURSELVA-MARATHON KANDERSTEGER VOLKSSKILAUF EINSIEDLER SKIMARATHON FRANCHES NORDIQUE GOMMERLAUF MARA ENGADIN SKIMARATHON
BIATHLON
Quand le coronavirus bouscule le calendrier Une IBU Cup rétrécie, la Junior Cup annulée... L’hiver va être compliqué pour la relève du biathlon mondial.
D
’habitude, il n’y a guère que le manque de neige qui pousse la fédération internationale de biathlon à modifier son calendrier de compétitions. Mais l’épidémie de coronavirus, qui avait déjà précipité la fin de saison 2019/2020, n’a pas encore terminé de bouleverser le monde. Et l’IBU a dû prendre des mesures importantes pour assurer la sécurité sanitaire de ses athlètes. Vendredi 11 septembre, le couperet tombait pour les dizaines de biathlètes français qui espéraient endosser leur premier dossard international dans le stade italien de Martell début décembre. La Junior Cup, troisième échelon du biathlon mondial, était purement et simplement annulée pour toute la saison, de même que les championnats d’Europe juniors prévus à Madona en Lettonie. Un vide abyssal pour la relève mondiale. Dans le niveau supérieur, l’IBU Cup, les compétitions de décembre étaient rayées d’un trait. L’antichambre de la coupe du monde attendra 2021 et le rendez-vous fixé à Arber, en Allemagne,
Gilonne Guigonnat aux derniers championnats d’Europe à Minsk-Raubichi. b
pour lancer sa saison. Un début d’hiver qui paraît soudain lointain pour les athlètes, comme le confie Camille Bened : « Dans un premier temps, ça a été de la déception parce qu'on s'est préparés tout au long de l'été pour débuter la saison dès la fin novembre en Suède. Donc il a fallu accepter et relativiser
MANZONI/NORDIC FOCUS
car il y aura tout de même des courses, mais à partir du mois de janvier. Il faudra juste un peu de patience » Un retard à l’allumage qui pose aussi la question de l’accès à la coupe du monde pour certains biathlètes, même si l’IBU a vite réagi en augmentant les quotas de participation au circuit référence.
Coupe de France
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SPRINT SPRINT SPRINT SPRINT
LES SAISIES
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LA SEIGNE
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7,5 KM = 10 KM = 7,5 KM = 10 KM =
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En kiosque ÉTAPE 5 1
SPRINT 7,5 KM = SPRINT 10 KM = MASS-START 10 KM = MASS-START 12,5 KM =
COL DE PORTE
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SPRINT 7,5 KM = SPRINT 10 KM = POURSUITE 10 KM = POURSUITE 12,5 KM =
ARÇON
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BIATHLON MAGAZINE
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PRÉMANON
ÉTAPE 1
BIATHLON
MAGAZINE LE DERNIER HIVER DE MARTIN FOURCADE
ÉTAPE 6
LE GRAND RÉCIT • HIVER 2019-2020
BESSANS
LE GRAND RÉCIT 70 PAGES SPÉCIALES
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LE GUIDE COMPLET DE L’HIVER
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TIRIL ECKHOFF RÉPOND À SANDRINE BAILLY LE RÉVEIL DES BIATHLÈTES CHINOIS LE BIATHLON AU TEMPS DE LA COVID-19
ÉQUIPE DE FRANCE LE TROMBINOSCOPE
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OCTOBRE 2020
02 OCT 2020
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Longue distance
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RAPHAËL
POIRÉ ÉE Ma vie d’après
Raphaël Poirée, lors des Jeux olympiques de Sochi, en 2014. b
NORDIC FOCUS
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En 2007, Raphaël Poirée avait déjà raconté sa vie de champion de biathlon dans une aubiographie. Dans son nouveau livre à paraître, « La Poursuite d’une vie », l’homme, aujourd’hui âgé de 46 ans se découvre à nu, à cru. Avec générosité et franchise, il expose ses doutes, ses certitudes aussi. Extraits.
Il en a fait rêver de jeunes biathlètes et des fans de ce sport qui n’avait pas encore crevé l’écran. Raphaël Poirée était pourtant déjà une star. Pas seulement en France, mais aussi en Norvège où, avec Liv Grete Poirée (née Skjelbreid) il a formé un couple glamour. Un homme, deux pays et des trophées à ne plus savoir qu’en faire. Bien qu’il n’ait jamais réussi à devenir champion olympique, il a remporté trois médailles aux Jeux. Il a conquis huit titres de champion du monde et a dominé à quatre reprises le classement général de la coupe du monde. Le 6 février 2007, après sa victoire dans l’individuel des championnats du monde à Antholz (Italie), le Français a fermé le ban. La Marseillaise se jouerait désormais sans lui qui allait maintenant s’occuper des siens. Dans une autobiographie publiée dans la foulée aux Éditions Jacob-Duvernet1, l’enfant du Vercors allait raconter ce premier chapitre. En ce début d’hiver secoué par la crise sanitaire, Raphaël Poirée a ressenti le besoin de donner une suite à l’histoire de ce « gars déterminé, courageux, ténébreux, inquiet, compliqué, naïf, amoureux de la nature et des siens et qui veut juste leur transmettre cette phrase d’Oscar Wilde : “Il faut toujours viser la lune, car même en cas d’échec, on atterrit dans les étoiles” ». Ce que ne sait pas encore l’ancien sportif, c’est l’émotion qu’il va susciter chez ceux qui vont le lire. L’homme apparaît plus que jamais attachant, avec ses failles, ses convictions, ses changements de cap, ses racines, sa tribu. Raphaël Poirée est authentique, taillé dans le bois de son plateau natal, sculpté par le vent de la Norvège où il vit. Il n’a jamais revêtu la veste pailletée des anciennes stars, même quand il est apparu à la télévision comme consultant. Il lui a préféré la tenue des ouvriers, il a partagé leur vie, produit la même sueur. « Papa est une drôle de bête », témoigne sa fille Emma. Elle dit aussi qu’il « sourit à la vie ». Dans La Poursuite d’une vie, c’est avec sincérité et beaucoup de générosité qu’il nous invite à la partager. 1. Poirée par Raphaël Poirée, Éditions Jacob-Duvernet, 2007. Avec Yves Perret, préface de Jean-Claude Killy.
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Quand le corps n’appartient plus au champion Fin 2009, l’octuple champion de biathlon est victime d’un grave accident de quad. À 35 ans, pour la première fois, il n’a plus le contrôle de son corps
N Le 14 juillet sur les Champs-Elysées Le 6 février 2007, à Antholz (Italie), Raphaël Poirée crée la surprise en annonçant qu’il mettra un terme à sa carrière à la fin de la saison. Le 14 juillet, c’est donc un jeune retraité qui défile sur les Champs-Elysées.
O
n dit souvent que la retraite d’un champion est une petite mort. On n’efface pas d’un revers de la main vingt ans de compétition. J’ai consenti tellement de sacrifices dans ma carrière, je me suis tellement battu pour imposer mes convictions, j’ai dû si farouchement m’accrocher pour revenir au premier plan, après 2004, et terminer au sommet, que je me sens soulagé. Je peux enfin offrir mon temps à mes filles, à Emma qui, les derniers mois, me demandait sans cesse quand je resterai à la maison, à Anna qui s’éveille au monde qui l’entoure. Je veux être un vrai papa-poule et, depuis deux ans, vivre loin des miens me pesait.
D
urant l’été, j’ai eu envie de me faire plaisir, de vivre des expériences nouvelles. Le 14 juillet, j’ai eu la chance d’être un des porte-drapeaux de la délégation des sportifs de haut niveau de l’armée lors du défilé sur les Champs-Élysées. [...] Lorsque nous passons devant la tribune présidentielle, j’ai la chair de poule. Je
suis fier d’avoir vécu cette journée. Je dois désormais mettre en place ce qui sera ma vie future. J’ai l’intention de transmettre les ficelles de mon métier car je me sens redevable à mon sport. Jusqu’à l’été, j’espère pouvoir trouver ma place dans le système fédéral français, tout en étant conscient que mon mode de fonctionnement peut heurter.
J
e me rends compte que, finalement, ce n’est pas sur le terrain, où j’aimerais contribuer à une salutaire remise en question, que l’on voudrait m’utiliser, mais plutôt comme un ambassadeur du biathlon français, ce qui ne me captive pas vraiment. J’ai pourtant la certitude d’être capable de transmettre mon savoir et de puiser au plus profond de mes années d’expérience au sommet pour aider les athlètes. Du coup, j’aide trois jeunes biathlètes, deux Norvégiens, Aleksander Os, Ronny Hafsås et le Français Simon Fourcade. Que ce soit en Norvège ou en France, nous avons passé de superbes moments, et ce mélange de deux cultures leur a été bénéfique. [...]
124 | nordic MAGAZINE | n°34
ous sommes le 28 décembre 2009. La Norvège semble avoir été dessinée pour la période de Noël. [...] Il fait un temps à ne pas mettre les pieds dehors : une tempête de neige et la pénombre absolue. Nous sommes sortis en famille. Emma fait du ski de fond sur une petite piste plate, autour de la ferme paternelle. Je dame la piste, en quad, Anna à mes côtés. Je n’ai pas beaucoup de visibilité mais je connais bien le site. [...] Je roule doucement mais la neige fraîche se coince dans les roues de mon engin. Le quad se cabre et se retourne sur moi. Anna est éjectée. Les barres de fer qui équipent ma machine heurtent violemment ma nuque. Je ressens des décharges électriques. Mes bras et mes jambes ne répondent plus. Je gis dans la neige fraîche et ne ressens plus mon corps. Mon regard cherche Anna. J’ai peur de l’avoir blessée, mais elle s’approche de moi, un peu de sang sur les lèvres. « Je vais bien, papa », me souffle-t-elle. Je suis rassuré. Emma court chercher Liv qui se promène avec Lena, cinq cents mètres plus bas. Ma fille aînée est admirable de sang-froid. Liv me demande si je peux me lever mais, pour la première fois de ma vie, je ne veux et ne peux sauter sur mes pieds. Les secouristes arrivent rapidement. [...]
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racture des cervicales C6 et C7. Derrière la froideur des termes médicaux, le diagnostic est implacable. L’os s’est arrêté à un millimètre de la moelle épinière, ce qui aurait pu être dramatique. Assommé par les médicaments, « dopé » pour la première fois de ma vie, je ne me rends pas compte de la gravité de la situation. [...] On me gave de médicaments pour supporter la douleur. Les médecins ne se risquent à aucun pronostic. [...] On me place dans un coma préventif. Trois jours
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Raphaël Poirée lors du défilé du 14 juillet 2007 à Paris. DENIS DUJARDIN / PANORAMIC
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Assommé de médicaments, “dopé” pour la première fois de ma vie, je ne me rends pas compte de la gravité de la situation.
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LE GRAND RÉCIT • HIVER 2019-2020
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Raphaël Poirée
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02 OCT 2020
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EN KIOSQUE ET SUR L’APPLICATION
01/10/2020 09:07
Bio Express
Le biathlète du Vercors lors du relais masculin en coupe du monde à Ruhpolding, en 2007. b
PRESSE SPORTS
Raphaël Poirée est un grand champion de biathlon. Son palmarès en témoigne. Outre ses médailles olympiques et mondiales, il a dominé son sport durant quatre saisons (2000, 2001, 2002 et 2004) et décroché quarante-quatre victoires en coupe du monde. En 2007, il a mis fin à sa carrière. S’il a entraîné l’équipe nationale masculine de Biélorussie et commenté des compétitions à la télévision, sa vie se déroule désormais loin des stades. Depuis avril 2019, il travaille en Norvège pour une entreprise de conseil dans le bâtiment et les infrastructures de quatre cents employés. Et quand il rentre à la maison, c’est pour retrouver la famille recomposée qu’il a formée avec sa compagne Anne.
après l’accident, je passe sur le billard. L’opération, qui dure douze heures, est très délicate [...]. Les dix jours qui suivent l’opération sont terribles. Je souffre d’une infection pulmonaire. Je crache, et j’ai l’impression que mon cœur fatigue et que je ne peux plus respirer. C’est la première fois de ma vie que je n’ai pas la maîtrise de mon corps et la situation, pour quelqu’un qui a toujours contrôlé chacun de ses muscles, est insupportable.
A
u bout de quelques jours, je passe enfin une nuit tranquille et je retrouve un peu le moral. Liv est là, comme tous les jours. Elle arrive tous les matins à sept heures et me quitte à dix-sept heures. Patiente. Souriante. « Les filles t’attendent à la maison, elles ont besoin de toi », me répète-t-elle comme on lance une bouée de sauvetage à un nageur en perdition. [...]
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Raphaël Poirée
J’arrive enfin à parler de mon mal-être et à trouver des solutions.
La fin d’une histoire d’amour Raphaël Poirée forme avec l’ancienne biathlète norvégienne Liv Grete Poirée un couple iconique. Ils se marient en 2000 et ont trois filles. À l’été 2013, leur séparation fait les gros titres de la presse.
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os traces, qui longtemps n’en ont fait qu’une, sont devenues parallèles, avant de dévier imperceptiblement vers d’autres directions. Nous nous en rendons compte, cherchons à prendre du recul, à analyser les raisons du malaise. Nous cherchons des solutions, consultons un psychologue du couple. Pendant quarante-cinq minutes, Liv exprime son désarroi et ses frustrations. Le choc est terrible car je n’étais pas préparé à cela. La réalité, crue, m’explose en plein cœur. Je suffoque et je fuis.
J
e conduis pied au plancher, vers nulle part, et, pendant que le paysage défile à toute vitesse, je revois le film de cette séance. Je suis
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Liv Grete Poiree en 2007. b
BILDBYRAN / PANORAMIC
torturé par les remords. J’ai mal pour Liv. J’ai mal pour notre famille. Pour tout ce que nous avons vécu depuis toutes ces années. Je pleure. Arrêté sur la bande d’arrêt d’urgence, j’essaie d’analyser chacun des points que ma femme a soulevés. Tout paraît plus clair. Elle est simplement lucide.
Ma famille ne mérite pas cette vie dépourvue d’équilibre que je lui fais endurer. Je dois être exemplaire et, malgré mes efforts et mes envies, je ne me suis jamais débarrassé de ce mal-être qui m’enserre la poitrine et m’empêche d’être celui que je voulais être. Le sport n’a jamais été une thérapie. Il a été un cri de détresse pour montrer que j’existais.
C
ette séance, comme on peut en voir dans Desperate Housewives ou d’autres séries américaines, me libère. J’arrive enfin à parler de mon mal-être et à trouver des solutions, mais ce n’est pas avec Liv, la mère de mes enfants et la complice de tant de beaux moments, que je poursuivrai ma route. [...]
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Cette application n’est pas recommandée aux personnes trop émotives.
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Face caméra
La star du biathlon au travail sur une plateforme pétrolière. COLLECTION PERSONNELLE RAPHAËL POIRÉE b
Le public qui a découvert le biathlon depuis que la chaîne L’Équipe en diffuse les compétitions internationales, connaît surtout Raphaël Poirée en tant que consultant. Un nouveau métier commencé lors des Jeux olympiques de Sochi.
J
Dans la tempête de la mer du Nord Après sa carrière de sportif de haut niveau, Raphaël Poirée occupe plusieurs emplois éloignés du monde du biathlon. Parmi ceux-ci, électricien sur une plateforme pétrolière.
L
a Norvège fait partie des vingt plus gros producteurs de pétrole du monde, et les reportages télévisés sur le travail et la vie sur les plateformes pétrolières au milieu de la mer du Nord m’ont toujours fasciné. [...] Durant une soirée, Anne [N.D.L.R., sa nouvelle compagne] me présente un de ses amis, en charge du recrutement pour Aker Solutions, une société de sous-traitants pour les grandes compagnies pétrolières. Il avait lu un article où j’avouais que je me verrais bien travailler dans le monde de l’or noir. On en discute un verre à la main. Le lendemain, il me rappelle : « Je t’embauche comme aide-électricien. Cela t’intéresse ? Tu commences dans une semaine. »[...] C’est ainsi que je me retrouve, un jour
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Raphaël Poirée
Mon statut de vedette du sport ne me confère aucun passe-droit.
d’octobre, en combinaison de plongée, dans un hélicoptère qui perce la pénombre et s’agite dans l’air comme du pop-corn dans un four. [...] Au fil des semaines, je m’habitue à ma nouvelle vie, aux journées de travail qui s’étendent de sept heures à dix-neuf heures, aux vagues de vingt mètres qui s’écrasent contre les structures métalliques dans un fracas assourdissant, à la noirceur du ciel les jours de tempête, à cette vie spartiate et confinée, tellement éloignée des miens et du quotidien d’un athlète de haut niveau, uniquement centré sur son corps et son bien-être. [...]
A
u fil des semaines, je tisse des relations très fortes avec mes collègues, d’abord étonnés et méfiants de ma présence, puis surpris que mon statut de « vedette du sport » ne me confère aucun passedroit et, finalement, fiers de m’avoir à leurs côtés pour devenir en quelque sorte leur « mascotte ». J’aurais aimé continuer dans cette société, revenir sur la terre ferme pour progresser dans l’entreprise, après avoir commencé en mer. Mais la crise pétrolière a impacté fortement le secteur en Norvège. Beaucoup de salariés perdaient leur emploi et, sans diplôme, j’ai trouvé plus décent envers mes collèges de démissionner et poursuivre mon chemin. [...]
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’ai couvert les Jeux olympiques de Sochi, en 2014, pour TV2. Il n’était pas simple, au départ, de se retrouver face à la caméra, à commenter dans une langue qui n’est pas la mienne, des courses suivies par la moitié du peuple norvégien. Pour toute l’équipe de TV2, la pression était énorme car c’était la première fois qu’une chaîne privée diffusait les Jeux olympiques à la place de la NRK, la télévision publique. J’allais découvrir l’autre face des Jeux. Sans dossard. Sans médaille à aller décrocher. L’expérience m’a plu, au milieu d’une super équipe de journalistes. J’ai vécu trois semaines avec le sourire dans le pays de Vladimir Poutine, émerveillé par les montagnes du Caucase et les exploits de Martin Fourcade et de ce bon vieux Ole Einar, qui rapporta une nouvelle médaille d’or.
Aux Jeux olympiques de Sochi, en 2014, Raphaël Poirée travaille pour TV2, la chaîne privée norvégienne. b
COLLECTION PERSONNELLE RAPHAËL POIRÉE
J
’ai fait ensuite un crochet par Eurosport, qui a été le pionnier des diffuseurs du biathlon en France, à l’époque où son commentateur, Marc Mingoia, racontait avec passion nos exploits [...]. J’ai poursuivi ma route dans les médias sur les plateaux de la chaîne L’Équipe, qui a obtenu les droits de diffusion en France et a fait du biathlon un « produit-phare » de son antenne, en dé-
Raphaël Poirée avant les Jeux Olympiques de Turin. ALAIN MOUNIC/ PANORAMIC b
ployant de gros moyens pour « mettre en scène » le sport. C’est une sacrée équipe et une mission parfois difficile pour moi, qui ne parle français qu’une vingtaine de jours dans l’année. [...] Parfois, sans m’en rendre compte, je répondais en norvégien et cela me stressait. Du coup, l’instantanéité de la retransmission ne me permet pas toujours d’aller au fond des choses. J’ai pourtant pris beaucoup de plaisir à me retrouver en plateau ou sur les événements, et de vivre le biathlon en découvrant l’envers du décor que les téléspectateurs ne perçoivent pas. Savoir qu’aujourd’hui, en France, plus d’un million de personnes se plantent devant leur écran de télévision pour savourer chaque manche de coupe du monde est une vraie satisfaction pour ceux qui, comme moi, ont connu des temps beaucoup plus confidentiels. Je suis fier de ce qu’est devenu mon sport, comme je suis heureux d’y avoir apporté ma pierre, d’avoir peut-être servi de déclencheur à un intérêt plus poussé pour notre sport, et à un état d’esprit.
Un homme, deux pays Raphaël Poirée vit aujourd’hui à Eikelandsosen, dans le Sud-Est de la Norvège. Mais l’enfant du Vercors n’oublie pas « sa » France pour autant.
J
e suis le mélange de deux cultures. Je reste français et amoureux de mon pays [...]. La France m’a permis de grandir et de me développer en tant qu’homme et que sportif, dans le respect de nos belles valeurs républicaines. Je n’imagine pas passer mes vacances ailleurs que dans mon pays de naissance. Chaque fois que j’y retourne, je l’admire avec les yeux émerveillés d’un touriste, et je m’y sens bien. À force de vivre quelque part, on ne se rend plus compte combien on aime sa culture et son histoire. Mon grand plaisir, c’est de m’arrêter dans un village, de m’asseoir à la terrasse d’un bistrot avec un café et un bouquin, et de m’imprégner de l’atmosphère de l’endroit.
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J
’aime la Norvège. Passionnément. C’est le pays de mes filles. C’est celui où j’ai construit la seconde partie de ma vie et dont les valeurs, tournées vers la famille et la nature, me collent à la peau. C’est là que je mourrai… n
i La poursuite d'une vie, par Raphaël Poirée. Avec Yves Perret. Editions Les Passionnés de Bouquins, 192 pages, 16 €.
Sprint final
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Les dernières fois
de
SÉBASTIEN
MAHON
À
Arçon, aux championnats de France de biathlon d’été, le Haut-Doubiste Sébastien Mahon aurait aimé, comme l’année précédente, partager son titre chez les U22 dans la poursuite avec sa famille, ses amis et ses supporters. Mais le coronavirus l’a privé de ce bonheur. Pour Nordic Magazine, l’un des meilleurs espoirs tricolores a accepté de raconter ses dernières fois.
MOI La dernière fois... que vous avez gagné une course ? SÉBASTIEN C'était lors de la poursuite au Summer Tour d’Arçon, à la maison mais sans public. On va dire que ce n’était pas la plus sympa à célébrer. MOI La dernière fois... que vous avez pensé que vous étiez trop nul ? SÉBASTIEN C’est arrivé juste après la poursuite du Summer Tour de La Féclaz. Je réalise une copie médiocre, même pas à la hauteur d’un cadet, autant en ski qu’au tir... et tout ça sans savoir réellement pourquoi ! Je l’ai tellement mal pris que je n’ai pas décroché un mot pendant trois jours et, la semaine suivante, je suis allé tirer 100 balles debout tous les matins pour me défouler. MOI La dernière fois... que vous avez admiré un autre athlète ? SÉBASTIEN C’était lors des championnats du monde de cyclisme quand Julian Alaphilippe gagne la course en attaquant à une quinzaine de kilomètres de l’arrivée et qu’il est obligé de se faire la peau pendant vingt minutes avec des fauves qui essayent de revenir juste derrière.
MOI La dernière fois... que vous avez oublié que vous étiez un athlète de haut niveau ? SÉBASTIEN C’est arrivé cet été. On a fait un barbecue à Prémanon, c’était sympathique, un peu trop pour le coup (je vous passe des détails). Mais le lendemain, je m’en suis vite souvenu car j’avais une séance de vitesse... et dieu sait que j’étais encore à bascule.
MOI La dernière fois... que vous avez trouvé le temps long mais qu’heureusement vous aviez un abonnement Netflix ? SÉBASTIEN C’était ce matin même, j’étais en train de faire la queue pour un test PCR qu’il me fallait négatif pour pouvoir partir en stage. C’est tellement bien organisé qu’il n’y a pas de prise de rendez-vous possible et on doit faire la queue avec toutes les personnes susceptibles d’avoir le virus alors que nous ne devons surtout pas l’attraper (cherchez l’erreur !). Bref, arrivé à 8 heures, j’ai attendu 3 h 45 avant de passer ce fameux test. Au bout de 2 heures, j’ai fini par regarder Netflix.
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MOI La dernière fois... que vous avez pensé que vous viviez décidément une belle vie ? SÉBASTIEN Tous les jours qui se passent sans confinement pour nous emprisonner à la maison. MOI La dernière fois... que vous avez fait une grosse bêtise ? SÉBASTIEN C’était en juillet 2019. Parti avec une bande de potes faire du VTT de descente aux Gets et après un restaurant tardif un peu “chaud time”, la bonne idée nous est venue d’aller faire une descente en nocturne. À mi-descente, un pote chute, inconscient car tombé de plein fouet sur la tête. Nous avons donc été obligés d’appeler les pompiers à trois heures du matin pour qu’ils viennent nous chercher au milieu des pistes. MOI La dernière fois... que vous vous êtes blessé ? SÉBASTIEN Cet hiver, lors d’une des trois courses de sélection pour les championnats du monde juniors. Je me suis fait mal au dos pendant la course, j’ai tant bien que mal réussi à me sélectionner, à finir la course et à monter sur le podium. Mais le lendemain, impossible de prendre le départ. MOI La dernière fois... que vous vous êtes dit que ce serait la dernière fois ? SÉBASTIEN À chaque fois que je fais un mauvais tir. C’est arrivé ce matin et ça arrivera encore bien assez souvent.
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