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François Faivre. On se prépare pour l’Everest

Depuis le printemps, François Faivre est l’un des deux entraîneurs de l’équipe suisse élite de ski de fond, dont la star est le Grison Dario Cologna.

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FRANÇOIS FAIVRE

On se prépare pour l’Everest

Après son départ de l’équipe de France, le Lorrain a rebondi chez les Suisses. Pour lui, Dario Cologna et ses coéquipiers ont les moyens d’être très ambitieux.

Si on se rend sur le site internet de Swiss-Ski et qu’on ouvre la page du staff du ski de fond, on ne trouve pas encore trace de François Faivre. Pourtant, le Lorrain est bel et bien l’un des deux entraîneurs, avec l’Estonien Kein Einaste, qui va « piloter » l’équipe suisse masculine de ski de fond au cours de l’hiver. Son engagement a d’ailleurs été annoncé le 2 juin dernier par la fédération. Écarté de l’équipe de France à la mi-avril, il a rebondi moins de deux mois plus tard de l’autre côté de la frontière. Heureuse coïncidence, la Suisse était justement à la recherche d’un deuxième entraîneur pour ses hommes.

À vrai dire, dès l’instant où son départ de la FFS a été acté, François Faivre a rapidement reçu des offres. « J’ai noué assez vite des contacts du côté de l’Allemagne, de la Suède et de la Suisse, dit-il. La proximité géographique a

joué en faveur des Helvètes, moi qui vis tout près de la frontière. Le fait que je connaissais déjà bien Christian Flury m’a aussi influencé. » Nouveau chef du ski de fond suisse, ce dernier confirme justement que leur bonne relation a pesé dans la décision: « J’ai de bons contacts avec François Faivre depuis quelques années déjà, relève le Davosien. Il m’a Avec Dario Cologna, la Suisse a ‘‘François Faivre envoyé un message de félicitation pour ma nomination et c’est à cette occasion un vrai leader. que j’ai appris qu’il était libre. Comme Mais il faut nous cherchions un entraîneur, c’était le candidat idéal pour le poste et nous penser équipe sommes rapidement tombés d’accord pour qu’il vienne travailler chez nous. » autour de lui.

Les bons résultats des skieurs tricolores ces dernières années, en particulier dans les relais 4 x 10 km – médaille de bronze aux Mondiaux de 2015 et de décliné l’offre. Il se sent plus en phase 2019 et aux JO de 2018 – ont parlé pour avec le haut niveau: « Ce qui me fait lui. « Il a fait monter l’équipe de France vivre, c’est la compétition, lâche-t-il. Je a un excellent niveau », estime Daniel suis captivé par l’expérience humaine Hediger, ancien athlète et consultant qu’implique une préparation pour les pour la RTS. Pour Hippolyt Kempf, le grands rendez-vous. Alors je suis heuchef du ski nordique suisse, « François reux d’apporter mon expérience en a su former une vraie équipe en France Suisse. » et son expérience dans ce domaine va Cependant, même s’il n’a eu que beaucoup nous apporter ». quelques kilomètres à faire pour franchir la frontière, il a dû s’adapter à une En binôme avec autre culture. Dans la Confédération, l’Estonien Kein Einaste le ski nordique est dominé par la par-

François Faivre aurait pu rester dans tie germanophone, ce qui implique des l’Hexagone et s’occuper des juniors, méthodes de travail différentes. « Au fil comme cela lui a été proposé. Mais il a des mois, j’ai compris le système •••

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Début juillet, l’équipe de ski de fond suisse a effectué un stage à Prémanon.

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Un nouveau staff pour le ski de fond

En ski de fond, Swiss-Ski a réorganisé ses groupes cette année. Les athlètes ne sont plus séparés selon la discipline entre distanceurs et sprinteurs. Ils sont divisés désormais hiérarchiquement. D’un côté, les membres masculins de l’équipe nationale et du cadre A sous la responsabilité de Kein Einaste; de l’autre, les membres du cadre B dont s’occupe François Faivre. Mais les deux groupes travaillent en étroite collaboration. Le Slovaque Ivan Hudac est pour sa part en charge de l’équipe féminine. En collaboration avec l’ancien fondeur Toni Livers, qui vient de raccrocher les skis, Peter von Allmen a désormais la responsabilité des athlètes U23. Appuyé par Pascal Clément, Marco Isenschmid est quant à lui à la tête des juniors filles et garçons. Pour diriger tout ce beau monde, Christian Flury, un Grison de 43 ans, a succédé en avril dernier à Hippolyt Kempf. Depuis trois ans, il était responsable du Centre national de performance pour le ski de fond de Davos.

et j’ai pris mes marques, relève-t-il. J’ai une très bonne collaboration avec Kein Einaste. Nous avons parfois des points de vue différents, mais nous travaillons dans le même état d’esprit. Il y a une bonne complémentarité. »

Christian Flury observe avec satisfaction que « Kein et François s’entendent très bien ». Propos confirmés par Jovian Hediger: « Les coachs travaillent bien ensemble, c’est le plus important », note-t-il. Dario Cologna ajoute que l’apport « d’un entraîneur avec une telle expérience ne peut que [leur] être profitable ».

L’importance du collectif

Mi-juillet, le quadruple champion olympique a d’ailleurs pu profiter, avec ses coéquipiers, des infrastructures du stade nordique des Tuffes, à Prémanon, terrain d’entraînement de Manificat, Jouve ou encore Chanavat. Les athlètes sont aussi passés par Corrençon-en-Vercors, autre piste de ski-roues fréquentée par les bleus, avant de retrouver des territoires plus traditionnels comme Andermatt, Davos et le célèbre tunnel réfrigéré d’Oberhof, en Allemagne.

François Faivre est persuadé que le ski de fond suisse peut aller chercher de grands résultats dans les prochaines années. « Nous nous préparons pour •••l’Everest, image-t-il. Comparés à

Le duo Kein Einaste/François Faivre fonctionne bien, se réjouit Christian Flury, le nouveau patron du ski de fond chez Swiss-Ski.

Un entraîneur avec une telle expérience ‘‘Dario Cologna

ne peut que nous être profitable.

ceux de la France, les moyens sont plus importants en Suisse et les possibilités plus grandes. Je constate qu’il y a des jeunes talentueux, qui méritent d’être accompagnés et leurs chances d’atteindre le plus haut niveau sont réelles. Cet hiver, en étant à la tête du groupe 2, je vais naviguer entre les courses OPA et la coupe du monde, ce qui me permettra de voir les athlètes de tous les niveaux. »

Le Français jouera aussi les chefs d’orchestre. Autrement dit, il travaillera à ce que chaque fondeur joue la même partition pour que, le jour J, ils soient plusieurs à monter sur la plus haute marche du podium, comme ce fut le cas le 1er mars dernier à Lahti, en Finlande. Ce jour-là, le quatuor s’était intercalé entre la Norvège et la Russie.

Un entraîneur francophone

« Ces dernières années en France, on a bâti un projet basé sur l’équipe, explique François Faivre. J’essaie d’apporter ce point de vue en Suisse pour passer d’un projet plutôt individuel à une vision davantage axée sur le collectif. Bien sûr, avec Dario Cologna, la Suisse a un vrai leader qui, j’en suis convaincu, peut encore gagner des médailles mondiales et olympiques, mais il faut penser équipe autour de lui pour avoir aussi un relais performant. Je remarque que les athlètes sont contents d’être ensemble et de partager leurs expériences. »

Depuis le départ de Michel Antzemberger il y a une quinzaine d’années, la Suisse n’avait en tout cas plus eu d’entraîneur parlant la langue de Molière au plus haut niveau. Christian Flury se félicite qu’avec la venue de François Faivre, « la culture francophone soit de nouveau présente dans notre staff de coachs ». Cette arrivée est particulièrement appréciée par les deux skieurs romands de l’équipe, les cousins Jovian Hediger et Erwan Kaeser. « Même si François n’est pas directement mon coach, je suis content de sa présence, relève Jovian Hediger. Il m’apporte beaucoup. Et le fait qu’il habite près de chez nous est précieux. Quand nous ne sommes pas en stage, il peut venir à Bex [N.D.L.R., où vit le fondeur] et nous pouvons échanger sur le terrain. » Erwan Kaeser ne voit aussi que du positif avec la venue du Jurassien d’adoption. « Il est proche de chez nous et de notre culture, souligne-t-il. Nous pourrons d’autant mieux profiter de son expérience. » Et d’ajouter encore: « Jusqu’à présent, j’ai beaucoup changé d’entraîneur. Si je pouvais en garder un davantage qu’une saison, j’en serai très heureux. » n

François Faivre a notamment été recruté pour que l’équipe suisse de ski de fond multiplie, comme ici à Lahti en mars dernier, les succès collectifs.

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