NORDIC MAGAZINE n°28

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MAGAZINE JOHANNES KLAEBO

Entretien exclusif avec la star norvégienne

PATRICK FAVRE

Le nouvel atout de Martin Fourcade

FABIEN SAGUEZ Le plan de bataille de la FFS

ADRIEN BACKSCHEIDER

Le 4 mousquetaire # e

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Octobre 2018 mynordic.fr @nordicmag

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L’esprit nordique

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Magazine JoHAnnES KlAEBo

Entretien exclusif avec la star norvégienne

PATRICK FAVRE

Le nouvel atout de Martin Fourcade

FABIEN SAGUEZ Le plan de bataille de la FFS

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Le 4e mousquetaire #

Octobre 2018 mynordic.fr @nordicmag

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Faut-il faire payer les médaillés ?

Résidence des Épilobes 300, chemin des Mouillettes 39220 Prémanon Tél. : + 33(0)6 85 96 90 94 E-mail : nordicmagazine@live.fr Nordic Ma est édité nordic par les Éditions du Jura SAS au capital de 5 000 € RCS Lons-le-Saunier 538 166 166 Président : Franck Lacroix MAGAZINE

} Rédaction 1, chemin du Moulin 39260 Martigna Directeur de la publication et de la rédaction : Franck Lacroix Rédacteur en chef délégué : Jérôme Martinet Ont collaboré à ce numéro : Marie Dorin-Habert, Bernard Morel, François Schlotterer, Thomas Bray, Léo Mignerey, Marine Bouhier, Iris Pessey, Samuel Cordier, Vincent Berlandis, Antoine Delimare, Karine Garnier, Aurore Braconnier. } Publicité Tél. : + 33 (0)6 75 93 56 12 Corentin Jacquot (Alpes) : + 33 (0)6 33 43 35 78 } Diffusion La liste complète des points de diffusion dans les Alpes, le Jura franco-suisse, les Vosges, les Pyrénées, Paris et Lyon sur www.mynordic.fr } Photo de couverture Nordic Magazine } Impression : Rotimpres } Abonnement 1 an - 4 numéros : 27 € Participation aux frais d'expédition et soutien à Nordic Magazine www.mynordic.fr ou encart page 16 Anciens numéros : 5 euros le numéro. La rédaction n’est pas responsable de la perte ou de la détérioration des textes et photos qui lui sont adressés. La reproduction, même partielle, de tout matériel publié dans le magazine est interdite. Merci à Fabrice Guy, parrain, Laurence Rochat, marraine. Merci à Michel Roulet, Myriam et Daniel Comtet, Isabelle Begon, Geoffrey Lafarge, Martin Romarie, Florian Pagnier, Magali Moura, Louis Delvinquière, Mickäel Godin, Christophe Sellez. Création : décembre 2011 Dépôt légal : octobre 2018 ISSN : 2257-4638

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Personne n'aime payer des impôts. Et puis, de toute manière, la question n'est pas là. Dès le mois de juin, deux stars françaises des Jeux olympiques et paralympiques de Pyeongchang ont écrit à la ministre des Sports d'alors, Laura Flessel. Martin Fourcade et Marie Bochet n'ont pas digéré que les médaillés de Corée du Sud ne connaissent pas le même traitement que leurs prédécesseurs des JO de Rio. Les primes que les médaillés avaient reçues au Brésil avaient été défiscalisées. Dans leur lettre, les deux champions disaient ressentir un « sentiment d’injustice (...) d’autant plus fort que les annonces qui nous ont été faites au mois de février n’allaient pas dans ce sens. » L’exonération devait être reconduite. Sauf que, dans le projet de budget 2019 du gouvernement, elle ne figurait nulle part. Quand Roxana Maracineanu a été nommée au poste de l'ancienne escrimeuse, les deux sportifs sont revenus à la charge, mais n'ont toujours pas obtenu gain de cause. Il faut dire que le contexte est compliqué en cette rentrée 2018. Le Comité national olympique et sportif français (CNOSF) a lancé une pétition en ligne. Denis Masseglia, son président, ne digère pas la prévision de baisse du budget du ministère des Sports ou encore le sort réservé à 1 600 conseillers techniques sportifs. « Budget alloué à la culture : 10 milliards € (en hausse) / budget alloué au sport : 481 millions (en baisse). Qu’est-ce qui explique une telle différence », a publié Martin Fourcade, sur Twitter. Dans cette affaire, le biathlète ne lutte pas pour lui. L'homme gagne bien sa vie. Il songe à ses coéquipiers de l'équipe de France qui ne roulent pas sur l'or. Peu bénéficient d'un contrat avec l'Armée ou la

Douane qui aide à voir venir. Certains sont même fiscalement rattachés à leurs parents. En 2016, une étude avait révélé que la moitié des 450 Français qui allaient participer aux JO de Rio vivaient avec moins de 500 euros par mois. Ils gagnent des médailles, mais peu d'argent. Ajoutons que le manque à gagner pour l’État était minime. Pour les JO d'été au Brésil, il avait été estimé à 200 000 euros. L'histoire s'est bien terminée. En tout cas, son épilogue a satisfait les champions de Corée du Sud. L'Assemblée nationale les a entendus - avec la bénédiction du gouvernement — au nom d'un « traitement équitable ». Bien sûr, et Roxana Maracineanu l'a rappelé, les athlètes doivent participer « à cette contribution qui est proposée à tout le monde en faveur de la société des plus faibles ». Les sportifs ne le contestent pas. Ce qu'ils réclament, c'est une règle du jeu écrite à l'avance. Les héros de Pyeongchang étaient, eux, suspendus à des promesses. Aussi n'ont-ils pas apprécié que le vent tourne, surtout après avoir été caressés dans le sens du poil lors d'une réception par le président de la République à l'Élysée et avoir même reçu Légion d'honneur ou Ordre national du mérite. Sur TF1, Anaïs Bescond dit y avoir vu de l'« hypocrisie ». Dans un pays comme la France, avouons tout de même qu'il y a bien d'autres occasions de faire rentrer de l'argent dans les caisses du Trésor public que celle d'aller fouiller les poches de jeunes gens qui ont sacrifié leur jeunesse — au nom d'une passion infinie pour leur sport — pour que retentisse la Marseillaise aux oreilles du monde.

#28

Prochain numéro :

Décembre 2018

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Le sommaire ,

3 L'ÉDITO

BO KLAE L'insoLence nordic.fr

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Faut-il faire payer les médaillés ?

6 ZOOM 6 Martin Fourcade prophète en son pays

10 PLANÈTE NORDIQUE

de La jeunesse

8 Le nouveau président du CIGC est fan de ski de fond 10 Un nouveau patron pour le biathlon 12 Stian Gratveit, fondeur et gay 14 Un Jurassien prépare les skieurs de Mongolie aux JOJ

Consacré à Pyeongchang avec trois médailles olympiques, Johannes Hoesflot Klaebo est le phénomène du ski de fond mondial. Cet hiver, il est l'homme à battre. Entretien.

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b MODICA/NORDICFOCUS

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17 STYLE LIBRE/STYLE CLASSIQUE

Il vient de fêter son anniversaire. Le phénomène made in Norway est né le 22 octobre 1996. Vingt-deux ans donc. C'est peu au regard du palmarès de Johannes Hoesflot Klæbo. Lors des Jeux olympiques de 2018 à Pyeongchang, le jeune fondeur de Trondheim a remporté la médaille d'or lors du sprint classique, celle du relais, puis celle du sprint par équipes. Une belle récolte pour une première participation. L'hiver dernier, il a gagné le classement général de la coupe du monde. Il a aussi conservé le globe de cristal dédié aux sprinteurs, qu'il avait décroché en 2017. Le garçon étonne. Il détonne aussi et ne laisse pas indifférent. Dans le peloton, il n'est pas toujours apprécié de ses adversaires qu'il ne ménage pas. Avec le même aplomb, il bouscule ses coéquipiers. « Johannes élève son niveau à des hauteurs jamais atteintes, c'est un peu humiliant pour nous, mais 

Antoine Agnellet

20 FRANÇOIS SCHLOTTERER Si vous croisez des biathlètes russes...

22 ENTRETIEN EXCLUSIF :

JOHANNES HOESFLOT KLAEBO

28 DE LA NEIGE EN CONSERVE

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29 Davos parmi les pionniers 31 À Fribourg, grâce à la neige des patinoires 32 Un atout pour les athlètes 34 Les plus et les moins

36 OLIVIER MICHAUD Le cristallier du Mont-Blanc

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42 LES SKIEURS DU BOIS 48 LE GRAND ENTRETIEN Fabien Saguez 56 LE GRAND PORTRAIT Adrien Backscheider

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Portfolio nordique

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VANESSA ANDRIEUX

58 “Back” vu par ses frangines

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62 Patrick Favre, un héros très discret 66 Jonathan Learoyd s'écrit dans le ciel 70 Clément Arnault, le temps des certitudes

74 IRIS PESSEY Au pays des kangourous 76 NOËL EN TERRE NORDIQUE

La fête nationale en Norvège se déroule le 17 mai,

date anniversaire de la signature Depuis deux l'enfant des Pyrénées vit en Norvège. de laans, Constitution en 1814. C’est étonnant d'assister Parce que « la solitude et les grands espaces vierges », auxj'aime défilés traditionnels, dont le plus grand attire justifie la star planétaire. En exclusivité pour Nordic des dizaines de milliers de personnes, qui agitent leurs Magazine, il ouvre son album-photos scandinave. drapeaux en criant « hourra ! ». À Oslo, le cortège est même salué par la famille royale. Et puis, c’est une bonne occasion pour sortir le costume.

b kilian jornet

Trolltunga est l’une des proéminences rocheuses les plus impressionnantes de Norvège. À 1 100 mètres d'altitude, elle surplombe le lac de Ringedalsvatnet, situé 700 mètres plus bas. Une langue de troll mythique qu’il me tardait de découvrir. Un très beau moment !

80 FIGURES NORDIQUES

80 TERRE NORDIQUE Les Rousses réinventent le nordique

88 L'AGENDA

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From Norway with Love

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b toutes les photos sont signées lucas chanavat.

CHANAVAT

LUCAS CHANAVAT

Le sprinteur du Grand-Bornand est tombé amoureux de la Norvège où il séjourne de plus en plus.

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88 Le calendrier complet de la coupe du monde 94 L'Engadine joue la Ski Classics 95 Les rendez-vous du Samse National Tour 96 IBU Cup : la chasse au cristal reprend en Suède 97 Haut-Jura Ski accueille l'Europe du ski de fond

98 PORTFOLIO Lucas Chanavat : from Norway with Love 104 #SELFSKI Pierre Tichit 106 MARIE DORIN-HABERT La magie du flocon blanc

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Photo © Reese Hanneman / *Quand le ski classique devient moderne

ANOTHER BEST DAY

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Le ski classic se réinvente grâce au ski R-SKIN. Vous pouvez accéder sans aucune contrainte à tous les terrains sur tous les types de neige. Performance, légèreté, maniabilité, accroche sont les atouts qui vous permettent d’évoluer en toute confiance.

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MARTIN FOURCADE EN SON PAYS Rares sont (et seront) les occasions cette saison de voir évoluer les meilleurs biathlètes français sur leurs terres. Outre les deux étapes du Samse Biathlon Summer Tour disputées à Arçon mi-septembre et mi-octobre, les bleus ne seront de retour qu'aux championnats de France de Méribel fin mars. Le public ne s'y est pas trompé, il est venu en masse lors de l'épreuve organisée par l'Entente Sportive Saugette de Ski de Montbenoît [Nordic Magazine était sous presse lors de l'étape des 20 et 21 octobre, N.D.L.R.]. De mémoire d'organisateur, jamais on avait vu autant de monde sur les bords du stade Florence-Baverel. La météo printanière a certes joué sur cette forte affluence, mais ce sont surtout les protégés des entraîneurs Frédéric Jean et Vincent Vittoz qui suscitent désormais beaucoup d'intérêt, bien au-delà du Haut-Doubs. Certains ont fait beaucoup de chemin pour applaudir leurs chouchous, Martin Fourcade en tête. Le patron du biathlon mondial (deux victoires sur le week-end) a d'ailleurs apprécié cette incroyable ferveur : « C'est génial de voir ce sport continuer à évoluer, de constater que la discipline récolte les fruits des succès de l'hiver et c'est vrai que la proximité avec le public est très forte, même trop forte parfois. » Fendant la foule tels des cyclistes dans les cols mythiques du Tour de France, les biathlètes ont concrètement mesuré l'engouement grandissant autour de leur sport. Photo : Nordic Magazine

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À Arçon, grande est la proximité entre les biathlètes 7 (ici, Martin Fourcade) et le public à l'enthousiasme contagieux.


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Alain Mathieu préside désormais le comté, partenaire de la FFS.

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e nouveau président du Comité interprofessionnel de gestion du comté (CIGC), élu en juillet dernier pour trois ans, est un amoureux des sports de nature, en particulier du ski de fond, qu’il pratique en amateur aguerri depuis plus de 30 ans. Producteur de lait à comté à Bief-des-Maisons (39), Alain Mathieu a appris à skier à l’école élémentaire, comme la plupart des bambins de ce village du plateau de Nozeroy perché à 950 m d’altitude. « L’instituteur nous emmenait à pied sur la piste de descente, skis à l’épaule. J’avais sept ou huit ans et le fil à neige ne correspondait pas du tout aux normes actuelles », se souvient-il, en riant. Ses premiers pas de fondeur remontent aux années 75-80. « J’ai commencé en alternatif, puis j’ai arrêté pendant plusieurs années avant de reprendre à 30-35 ans

Le nouveau président du syndicat du comté est fan de ski de fond avec les copains qui m’ont initié au skating. J’ai appris seul, ce qui n’est pas forcément la bonne solution. Un copain, bénévole au ski-club, m’a tout de même montré la technique et j’ai mangé

À la retraite depuis mars dernier, Jean-Guillaume Béatrix a rejoint l’équipe belge de biathlon en tant qu’entraîneur. Il retrouve Florent Claude qu’il a côtoyé chez les tricolores. « C’est une autre facette de mon ancien métier, j’apprends à coacher et à encourager les biathlètes », a-t-il confié.

... ET POUR SON COÉQUIPIER RONAN LAMY-CHAPPUIS

Fin mai, le sauteur à ski de Chamonix a mis fin à sa carrière de sportif de haut niveau. Son palmarès fait référence, comme, avant lui, celui d’Emmanuel Chedal et de Nicolas Dessum, premier français à s’être imposé dans une épreuve de coupe du monde de saut à ski, à Sapporo en 1995. Vincent Descombes-Sevoie détient toujours le record de France avec une distance de 230,50 mètres enregistrée à Vikersund. Une 5e place obtenue à Ruka en novembre 2016 a été son meilleur classement en coupe du monde. Le douanier des Houches a participé aux JO de Vancouver et Pyeongchang.

Fin septembre, le saut à ski français a dit au revoir à Ronan Lamy-Chappuis — cousin du champion olympique de combiné nordique Jason Lamy Chappuis. À son tour, le Bois d'Amonier a annoncé prendre sa retraite d’athlète de haut niveau. « Cette décision a été le fruit d’un long cheminement, non sans embûche, mais qui, au final, est libératrice », a-t-il expliqué sur Facebook. Le Jurassien avait dû mettre un terme à sa saison 2016-2017, en raison de douleurs de plus en plus vives dans le dos. Après une série d’examens, les médecins avaient diagnostiqué « une tumeur osseuse bénigne ». Une opération rapide pour l’enlever et faire une greffe osseuse avait été nécessaire. S’en était suivie une longue rééducation.

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La biathlète de Villard-de-Lans Laurane Sauvage a annoncé sa retraite sportive. Même décision pour Clément Dumont qui, à 25 ans, se lance dans une formation de kinésithérapeute à Nice. L'hiver 2015, il a remporté le petit globe de l’individuel en IBU Cup.

RAUSCHENDORFER/NORDICFOCUS

Sauvage et Dumont raccrochent

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Jean-Guillaume Béatrix rejoint la Belgique

FIN DE VOL POUR DESCOMBES-SEVOIE...

Le douanier des Houches à Titisee-Neustadt, en décembre 2017.

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des kilomètres pour que ça rentre ! J’ai ensuite donné le goût du ski de fond à mes filles et j’en profitais pour regarder leurs pas, guidés par les moniteurs du ski-club. »

Alain Mathieu en est à sa septième Transju', dont la première remonte à l’année 2006. Son meilleur temps ? « 5 h 45 sur 76 km, mais je ne suis pas là pour ça ! J’aime cette course car elle incarne parfaitement la philosophie du ski de fond : un sport de nature qui laisse place à tous les niveaux de pratique. La Transju' est l’une des courses qui permet à chacun d’y aller avec sa propre envie. Et quelle ambiance ! Il y a les cadors et ceux, comme moi, qui ont envie d’aller au bout, mais qui n’hésitent pas à s’arrêter aux ravitaillements pour goûter les comtés et pourquoi pas boire un petit verre de vin sur le dernier ravito quand le risque de crampes est moins grand ! » Il y a deux ans, Alain Mathieu a fait la Transju' raccourcie à 52 km avec sa fille aînée, Julie. « On a passé la ligne d’arrivée ensemble, et ça, ce sont vraiment de bons moments. On a aussi fait l’Envolée nordique, une fois avec Sophie, ma femme, et une autre fois avec ma fille Laura. » Dans la famille Mathieu, le sport de nature est à la fois un bon moment de partage et une belle école de vie : « Quand vous emmenez un groupe de jeunes monter la Dôle, ça râle un peu. Et quand ils sont là-haut, à partager un saucisson ou un morceau de comté, on ne voit plus que des sourires et du contentement. »

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JOUEZ L A BATAILLE DE L’HIVER

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©SALOMON SA. All Rights Reserved. Photo: Christoffer Sjostrom / Nils Louna


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RANDALL ATTEINTE D’UN CANCER

TIM HUG INTÈGRE L'ÉQUIPE DE NORVÈGE

Depuis cet été, Jovian Hediger (fond), Lena Häcki (biathlon) et Benjamin Weger (biathlon) se retrouvent pour quatre ans sous contrat avec l’armée suisse. Ils seront soutenus en vue des Jeux Olympiques d’hiver de Pékin en 2022.

La pétillante fondeuse américaine Kikkan Randall, championne olympique de team sprint en ski de fond avec Jessie Diggins à Pyeongchang, est atteinte d’un cancer du sein. Retirée du circuit après cet hiver olympique, elle l’a annoncé sur son compte Instagram en juillet.

En Suisse, le combiné nordique est incarné au haut niveau par Tim Hug. L'hiver prochain, l'athlète de 31 ans défendra les couleurs helvètes au sein de l'équipe norvégienne avec laquelle il collaborait déjà. Cette prochaine saison sera, « en principe », sa dernière. RAUSCHENDORFER/NORDICFOCUS

TROIS SUISSES DANS L'ARMÉE

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Ida Eide est décédée subitement le 1er septembre à âge de 30 ans. L’ancienne fondeuse est la sœur de Mari, membre de l’équipe norvégienne. C’est d’ailleurs depuis Livigno, en Italie, où elle effectuait un stage, que celle-ci a appris la terrible nouvelle. Le drame a eu lieu lors d’une course organisée à Jessheim. Dans l'été, la Norvège avait déjà perdu deux de ses skieurs, Ronny Fredrik Ansnes le 15 juillet, puis Vibeke Skofterud, le 29 du même mois.

de récentes affaires de dopage, la fédération russe s’était vue retirer son statut de membre de l’IBU et son droit de vote. Olle Dahlin va aussi devoir gérer la récente décision du CIO de limiter les quotas de biathlètes pour les JO d’hiver de Pékin en 2022. Le CIO a notifié, fin juillet, à l’IBU qu’il y aurait désormais 20 places de moins. Une décision jugée sévère qui contraint à adopter de nouvelles règles. Enfin, le scandale du printemps qui a aussi provoqué le départ de la secrétaire générale Nicole Resch, va pousser le bureau exécutif à se doter d’un nouveau code éthique. Son adoption est d’ailleurs attendue par le CIO pour que la puissante organisation olympique relance les dotations financières stoppées au printemps.

MOIDCA/NORDICFOCUS

Décès en série chez les fondeurs

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près le tsunami qu'a connu la Fédération internationale de biathlon, l'heure est à la reconstruction. Anders Besseberg, président de l’IBU depuis 1992, démissionnaire suite à un scandale de corruption mis au grand jour [lire Nordic Magazine n° 27], a été remplacé par le Suédois Olle Dahlin, lors du congrès qui s'est déroulé en septembre à Poreč (Croatie). Déjà membre du comité exécutif de l’IBU et même vice-président depuis quatre ans, l'homme est également président de la fédération suédoise de biathlon et membre important du comité olympique dans le royaume scandinave. Nouvellement élu, il va devoir traiter plusieurs dossiers brûlants, à commencer par le sort réservé à la Russie. Rétrogradée en décembre 2017 à la suite

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Le gouvernement va supprimer des petites taxes dites à faible rendement. La redevance ski de fond était dans le collimateur. Évaluée à 11 millions d’euros, elle sera toutefois maintenue. L'Association des maires de stations de montagne (ANMSM) et Nordic France ont défendu sa préservation auprès du cabinet de Gérald Darmanin, ministre de l’Action et des Comptes publics.

Un nouveau patron pour le biathlon

TWITTER JOVIAN HEDIGER

La redevance nordique sauvée

Olle Dahlin lors des Jeux olympiques de Pyeongchang.

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Basée à Moirans-en-Montagne, l'entreprise jurassienne Vilac a imaginé une carabine en bois avec des bretelles ajustables à offrir à ses enfants pour Noël. De son côté, les Éditions Marabout ont publié une version enrichie de l'autobiographie du biathlète, Mon rêve d'or et de neige avec de nombreuses photos inédites. Le format a été augmenté et la maquette dynamisée.

MANZONI/NORDICFOCUS

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Martin Fourcade au pied du sapin

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© Thuria, Nils Louna

SPACES GRANDS E VIVEZ LES

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Planète nordique

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CHRISTIAN FROSSARD/FFS

Le podium

BAPTISTE GROS

SVERRE RYLAND GLOMNES

L'inattendu

WWW.DOMINIKBAUR.COM

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Nordic story

Aux championnats de France de ski de fond d’été, à Picherande, le sprinteur a été sacré... sur la distance, en même temps que Delphine Claudel. La veille, à Issoire, Lucas Chanavat avait succédé à Richard Jouve en sprint. Victoire aussi d Anouk Faivre-Picon qui a remporté l'épreuve disputée en centre-ville.

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L'hiver dernier, Stian Grastveit est « sorti du placard ». « À l’intérieur, il y avait de moins en moins d'espace. J'étouffais », dit-il. C'est d'abord auprès d'un autre homme — le premier à savoir et à lui renvoyer un message positif —, puis des siens qu'il décide de se présenter en toute sincérité. « Ils ont pleuré avec moi et ont applaudi. » Il a alors compris qu'il ne pourrait pas mener sa carrière sportive sans être pleinement lui-même : « En compétition, je gaspillais de l'énergie pour maintenir une apparence de façade. J'ai compris que j'étais limité, à la fois en tant qu'être humain et skieur. » Là encore, les réactions ont été encourageantes. « J’ai sous-estimé le monde du ski de fond, avoue-t-il. Il n’y a pas moins de place pour les homosexuels que pour les autres dans notre sport. » Stian Grastveit espère que son histoire aidera d’autres jeunes à accepter ce qu'ils sont vraiment. « J’aurais aimé que quelqu’un le fasse avant moi, pour me montrer que tout se passerait bien », conclut le Norvégien.

L'éclosion

Le sauteur de la Vallée de Joux a brillé tout au long de l'été. Il s'est distingué lors du Grand prix d’été d’Hinzenbach avec une deuxième place. En coupe continentale, il termine à la troisième place du classement général, après ses victoires à Kranj (Slovénie) et Stams (Autriche).

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tian Grastveit est un jeune homme de 23 ans. Le Norvégien pratique le ski de fond. Si son nom ne vous dit rien, il figure parmi les trente/quarante meilleurs athlètes de la discipline dans son pays dont on sait que le niveau est très élevé. En juin dernier, il a révélé être homosexuel. « Si je veux avoir une belle vie, une bonne carrière, je devais absolument le dire, ne pas continuer à me cacher », a-t-il confié à la chaîne de télévision NRK. Faire son coming out quand on est sportif de haut niveau n'est pas chose aisée. Les cas sont d'ailleurs très rares, même s'ils ont tendance à augmenter, du footballeur allemand Thomas Hitzlsperger au champion d’Espagne du 200 mètres papillon Carlos Peralta. « En ce qui concerne le ski de fond, je craignais que personne ne veuille partager une chambre avec moi ou se trouver dans le même vestiaire que moi. J'en étais là », a révélé le Scandinave qui a publié un long texte sur le site Langrenn.com. « Personne ne devait jamais connaître mon secret. Ni ma famille, ni mes amis. Le secret devait être mien et mien seulement. »

KILLIAN PEIER

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Stian Grastveit fondeur et gay

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Le skieur de fond norvégien, Stian Grastveilt, a révélé son homosexualité en juin.

MARTIN FOURCADE L'attendu

Logiquement, le numéro un mondial a brillé, en septembre, à Arçon. Il a été sacré champion de France du sprint court (comme Enora Latuillière) et a remporté la poursuite du Samse Biathlon Summer Tour.

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Alain Bohard et quelques-uns des athlètes mongoles qu'il a sélectionnés.

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FACEBOOK VOSGES SAUT & COMBINÉ

Maxime Laheurte s'est marié

Photo finish

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Le 23 juin, à Gérardmer, Maxime Laheurte, membre de l’équipe de France de combiné nordique, a épousé Émilie Cacheux, assistante d’éducation. Leurs consentements se sont échangés en présence de leur fils, Matti.

Selina Gasparin...

et Marit Bjoergen enceintes Après Marius, l'ancienne fondeuse et son compagnon, l'ex-combiné Fred Børre Lundberg, attendent un heureux événement.

À l'agenda L'IBU a attribué l'organisation des prochains championnats du monde de biathlon à Pokljuka (Slovénie) en 2021 et Oberhof (Allemagne) en 2023. 14

b PATRICK BOHARD

La coupe du monde de biathlon débutera sans la biathlète suisse qui attend un second enfant. Elle et son mari Ilia Chernousov sont déjà les parents d’une petite Leila.

Un Jurassien prépare les skieurs de Mongolie aux JOJ de 2020 Connu comme le loup blanc dans tout le HautJura, Alain Bohard s’est lancé dans une nouvelle aventure. Déjà moniteur de ski de fond à la station des Rousses, adepte d’aventures longue distance et soutien inconditionnel du biathlon en toute saison, le voilà désormais entraîneur des jeunes fondeurs de Mongolie en prévision des prochains Jeux Olympiques de la Jeunesse qui auront lieu en partie dans le Haut-Jura en 2020. Une aventure sportive, mais également humanitaire, tant ce pays manque de tout : « Il ne reste plus rien, la Mongolie n’a plus le grand frère soviétique. Tout est à l’abandon, il faut tout reconstruire… » Alain Bohard s'occupe de jeunes entre 14 et 16 ans. Une démarche lancée par l’ancien membre de l’équipe nationale de ski de fond helvétique Pascal Gerscht, médecin en retraite aux Diablerets, qui a longtemps œuvré dans l’humanitaire et découvert avec fascination cette terre d'Asie : « Il a permis d’amener sur place beaucoup de matériel et aussi beaucoup d’argent et il le fait un peu

en parallèle de la Fédération nationale de Ski mongole. L’hiver dernier, il a réussi à faire venir en Suisse de jeunes skieurs prometteurs pendant deux semaines. Ils ont participé à la Transjeune et il a demandé à l’école de ski des Rousses de préparer les athlètes aux JOJ de 2020. Je suis allé là-bas pour sélectionner 11 athlètes qui reviendront quinze jours cet hiver pour participer à La Transjurassienne et à des compétitions suisses. Mais avant, je vais aller suivre les championnats de Mongolie. » Des jeunes qui, s’ils ont des aptitudes, manquent d’entraînement et d’infrastructures : « Certains font entre 550 et 2 000 km pour rejoindre le site d’entraînement. Soit parfois trois jours de voyage ! Le ski n’est pas leur priorité, ils vivent souvent isolés dans les montagnes. » Alain Bohard a utilisé les réseaux sociaux pour dénicher les skieurs et, sur place, une traductrice fait le lien : « L’objectif, c’est de les faire skier dans de bonnes conditions et qu’ils soient fiers de porter le maillot de leur pays. » Réponse en 2020.

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Style classique

n Qu'est-ce qui vous plaît dans le ski de fond ? J'adore être en relation avec la nature, profiter du silence, du bruit de la neige qui crisse sous les skis... Et du côté de la compétition, j'aime le dépassement de soi, le fait d'apprendre à se connaître, de s'enrichir... n Un lieu fétiche pour une sortie ski « contemplation » ? Si je suis chauvin, je vous conseille une balade sur la noire de Bellavarde aux Confins, face aux Aravis, par une fraîche journée ensoleillée et bien enneigée. n Auriez-vous pu être sportif de haut niveau dans un sport indoor ? Non. Je n'aime pas être enfermé, je me sens vite oppressé. Je préfère de loin être au grand air. n Qu'est ce qui le plus agréable dans la vie de sportif de haut niveau ? Les rencontres, les voyages, les déplacements avec le team dans des endroits variés et étonnants. On participe à des courses qui nous font rêver et si, par nos résultats, on arrive à procurer du plaisir à ceux qui nous suivent, c'est encore plus plaisant.

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n Et le plus difficile ? L'investissement à plein temps. C'est six jours et demi sur sept tout au long de l'année. Ce sont beaucoup de sacrifices familiaux, financiers... n Fan de Klaebo, Daehlie ou Northug ? Après réflexion, je dirais Daehlie : c'est quelqu'un que j'admire depuis tout jeune. Il a réalisé une carrière énorme, de référence même. Ces trois-là ont marqué leur génération, mais Daehlie peut-être un peu plus encore. n À 24 ans, de quoi rêve le jeune homme que vous êtes ? D'une victoire en tant que sportif, notamment sur les longues distances. C'est là où je me sens le mieux, où je m'épanouis.

ANTOINE AGNELLET

À 24 ans, le fondeur de La Clusaz et du eLiberty Ski Team Antoine Agnellet est un athlète discret et travailleur. Rencontre avec un amoureux des longues distances.

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Style libre

n Vous êtes le graphiste de votre team et un peu l'informaticien de service. Pas trop dur d'être le geek de la bande ? Je le vis bien [rires]. C'est une activité que j'ai découverte et développée avec le team. La création me plaît assez. n On vous dit aussi grincheux ? On me le dit souvent, surtout les filles. Parfois, j'en joue ce qui devient presque comique. Même si je me suis soigné depuis...

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n Pourquoi préférer les longues distances au sprint. Question de physique ? Eh non ! Figurez-vous que j'ai gagné une coupe de France de sprint dans les jeunes catégories [rires]. On n’est pas à l'abri d'une reconversion ! n Le meilleur et le pire partenaire pour un entraînement en ski ? Le pire : Ivan Perrillat-Boiteux. Une sortie avec lui se résume à un « bonjour » le matin et un « salut » en fin de séance et, entre-temps, tu ne l'as pas vu du tout... Il va à fond, il est “insuivable”. Le meilleur, c'est Théo Deswazières, mon meilleur ami, avec qui j'aime déconner. Avec lui, les séances, même dures, passent mieux. n Votre plus grand plaisir : poser une mine à vélo ou un sac en ski de fond ? Ha ! Je dirais quand même le vélo où je parviens à mieux m'exprimer qu'à ski. J'arrive à avoir ce petit truc pour faire la différence et le fait de savoir que je peux le faire me réjouit beaucoup. Même si ce que je viens de dire est très prétentieux [rires]. n Vous aimez cette citation : « On ne naît pas vainqueur, on le devient ». C'est quoi votre recette ? C'est du travail, à l'entraînement, mais aussi à l'extérieur dans une entreprise [Pépinières Puthod, N.D.L.R.] n La qualité que vous aimeriez chiper à un(e) fondeur(euse) du team ? Antoine Agnellet est le président de l'association Haute-Savoie Nordic Team, nouvellement baptisée eliberty Ski Team. 18

Il y aurait une ou deux qualités chez chacun ! Gérard Agnellet qui apparaît souvent le plus stressé, est capable de signer des courses étonnantes. Après une OPA, à Planica, le samedi, et 1 000 km de trajet, il a été en mesure de faire deuxième à Bessans le lendemain ! Chez Loïc Guigonnet, j'admire le perfectionnisme qu'il met dans la préparation de son matériel.

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François Schlotterer

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e vieil homme est traîné par son épagneul sur la neige d’Holmenkollen. Comme tous les jours, Anders Besseberg sort son chien devant le Scandic Hotel, les yeux perdus dans le fjord d’Oslo. En ce mois de mars 2018, alors que je l’observe, le septuagénaire sait déjà, moi pas encore, qu’il a fait basculer la Fédération internationale de biathlon dans un cataclysme. Quelques semaines plus tard, Besseberg et Nicole Resch, sa secrétaire générale à l’IBU qu'il préside, démissionneront avec fracas, soupçonnés d’avoir reçu de l’argent de la Russie en échange de décisions favorables. Comment, trop crédules, avons-nous pu penser que ce vieil homme, seul au pouvoir depuis vingt-cinq ans, et qui appelait à l’aide depuis plusieurs années, allait servir de digue face aux puissances de l’argent et aux dérives d’un sport professionnel en pleine expansion et aussi, ces dernières années plus que jamais, un instrument de soft power ? La digue a lâché. Depuis quand et dans quelle ampleur ? La justice nous le dira, mais le coup est très rude pour une instance qui semblait jusque-là plutôt exemplaire dans la lutte contre la triche. Les exemples de son dynamisme sont nombreux : adaptation des formats de course et médiatisation magistrale d’un sport mineur en termes de pratiquants, parité des circuits et des prize moneys, innovation et développement dans la restitution numérique des épreuves, instauration des passeports biologiques et suivi de l’historique des athlètes,

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deur. D’abord, mieux protéger les athlètes très souvent broyés par un système violent, simples pions d’une stratégie globale d’un club, d’une province, d’une fédération, d’un État. Tous les sportifs russes suspendus ces dernières années sont des jeunes passionnés de ski égarés, écrasés par des encadrements nocifs, des politiques mafieux et dangereux. Il faudra encore sanctionner les tricheurs, et plus durement, même si de bonnes décisions ont été mises en œuvre l’an dernier, mais il faudra surtout s’attacher à faire évoluer les mentalités de millions d’individus. Changer tout le rapport à la compétition sportive d’une nation, voire de ses derniers pays satellites. Les convaincre de l’attrait et de la nécessité d’un sport propre et équitable afin de faire disparaître définitivement des conceptions et des pratiques du siècle dernier qui ont survécu jusqu’à aujourd’hui. Éradiquer le dopage, la triche biologique et toute autre forme de dérives pour renforcer le sport. C’est la solution pour ne pas voir voler en éclats le travail louable d’Anders Besseberg et d’autres, qui ont transformé un sport de chasseurs alpins en un sport passionnant, moderne et addictif. Plus facile à écrire qu’à faire. Bon courage ! À vous de jouer si vous croisez des Russes…. Quant au vieux norvégien, qu’il promène son chien, après avoir rendu l’argent, payé une amende et facilité le travail d’assainissement de ses successeurs, en décrivant méticuleusement à la justice internationale les pièges dans lesquels il a sombré. n

Si vous croisez des biathlètes russes...

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François Schlotterer, journaliste, a été de nombreuses années la voix du biathlon à la télévision. Il rejoint l'équipe des chroniqueurs de Nordic Magazine.

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multiplication des contrôles inopinés… En exagérant, un peu, on pourrait dire que seule la tenue de championnats du monde et d’Europe annuels semblait encore incongrue. Plus qu’un nouveau cycle olympique, c’est en fait une nouvelle ère qui commence par cet hiver post-Pyeongchang. Une nouvelle équipe est en place avec un président suédois afin de regagner la confiance des professionnels et des amateurs de biathlon, redonner de la légitimité à l’institution qui le régit et qui a failli. Et reprendre le développement maîtrisé et la popularisation d’un sport incroyable. C’est un défi énorme qui attend la nouvelle équipe. Certes, le récent congrès a semblé prendre de bonnes premières décisions en donnant, par exemple, et enfin, une voix aux athlètes lors des votes du comité exécutif de l’IBU. Mais au-delà des nouvelles évolutions purement sportives, de la gestion de la médiatisation et de l’équité des compétitions, le défi est tout autre. Colossal. Il est de tenter de ramener la Russie dans le droit chemin, qui est le marché le plus prometteur, tant ce pays/continent se passionne et possède déjà le réservoir de licenciés et d’infrastructures les plus importants au monde. Il s’agit donc de faire revenir cette Russie, pleine de promesses c’est sûr, à une pratique saine et équitable du biathlon, voire du sport en général. Un sacerdoce ! Il faudra être fort, tenace pour réussir ce changement en profon-


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DE LA JEUNESSE Consacré à Pyeongchang avec trois titres olympiques, Johannes Hoesflot Klaebo est le phénomène du ski de fond mondial. Cet hiver, il sera l'homme à battre. Entretien.

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Il vient de fêter son anniversaire. Le phénomène made in Norway est né le 22 octobre 1996. Vingt-deux ans donc. C'est peu au regard du palmarès de Johannes Hoesflot Klæbo. Lors des Jeux olympiques de 2018 à Pyeongchang, le jeune fondeur de Trondheim a remporté la médaille d'or lors du sprint classique, celle du relais, puis celle du sprint par équipes. Une belle récolte pour une première participation. L'hiver dernier, il a gagné le classement général de la coupe du monde. Il a aussi conservé le globe de cristal dédié aux sprinteurs, qu'il avait décroché en 2017. Le garçon étonne. Il détonne aussi et ne laisse pas indifférent. Dans le peloton, il n'est pas toujours apprécié de ses adversaires qu'il ne ménage pas. Avec le même aplomb, il bouscule ses coéquipiers. « Johannes élève son niveau à des hauteurs jamais atteintes, c'est un peu humiliant pour nous, mais 

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BO Klaebo vient de fêter ses vingt-deux ans et affiche déjà un impressionnant palmarès.

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c'est aussi fascinant et amusant d'avoir un tel gars dans notre équipe », reconnaît Martin Johnsrud Sundby. Dans les médias, on le compare volontiers à l'enfant terrible du ski de fond norvégien, Petter Northug Jr. Sur les réseaux sociaux, il se met volontiers en scène. Sa chaîne YouTube compte plus de 70 000 abonnés. Sa vie n'a aucun secret pour ses fans. On peut ainsi le suivre lors de son séjour à Paris avec sa petite amie, Pernille Doesvik, ou encore pendant ses vacances dans les Caraïbes. Il compte aussi près de 300 000 abonnés sur Instagram [Martin Fourcade en a 375 000, N.D.L.R.]. Lui qui se rêvait footballeur (il joue toujours au sein de l'équipe Astor 2 qui évolue en sixième division), bouscule son monde. Et le nordique, notamment quand il skie en classique et entraîne derrière lui des adeptes de son style débridé. Au point de contraindre les instances fédérales internationales à rappeler les règles. Johannes Hoesflot Klaebo le confie volontiers : s'il avance tel un bulldozer, c'est qu'il se sait protégé. Par ses résultats, cela va sans dire, mais aussi par sa famille qui forme, autour de lui, un véritable bouclier : il y a son grand-père et entraîneur personnel, ses parents, ses frère et sœur. « Quand j'avais deux ans, mon grand-père m'a offert ma première paire de skis. On m'a appris plus tard que je skiais dans notre salle à manger durant toutes les fêtes du nouvel An », a-t-il raconté. Finalement, le prodige n'a pas changé. Skis aux pieds, il continue à bousculer les meubles. Vu son âge, cela n'est pas près d'être fini. Voilà tout le monde prévenu. NORDIC MAGAZINE Depuis votre retour des Caraïbes où

vous avez passé quelques jours de vacances, avez-vous réussi à quitter vos ski-roues ? Johannes Hoesflot Klaebo J’ai passé un bel été. Je me suis beaucoup entraîné certes, mais j’ai aussi pris une semaine de repos dans les montagnes et séjourné quelques jours à Paris. Paris Ville lumière, capitale de l'amour. Séduit ? Oh oui, Paris est une très belle ville et nous [Johannes et son amie Pernille Doesvik, N.D.L.R.] avons passé beaucoup de temps à nous y balader à pied. Nous avons énormément apprécié notre séjour làbas. Nous nous sommes aussi vraiment amusés sur des trottinettes électriques que nous avons utilisées pour tourner des images pour mon vlog. Une récréation. Car on imagine que vous avez renoué avec un entraînement intensif ? L’automne est une période assez délicate avec deux entraînements presque chaque jour. Nous faisons beaucoup de ski-roues, de course à pied et, une fois par semaine, nous allons courir deux à trois heures dans les marécages de Trondheim. Voilà un programme bien chargé ! 24

En classique, Klaebo ne s'inscrit nullement dans la tradition. Son style fait débat jusque dans les instances de la Fédération internationale de ski.

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LES GENS PEUVENT ME COMPARER À QUI ILS VEULENT, CE N'EST PAS LE PLUS IMPORTANT POUR MOI.

Les maîtres-mots sont entraînement, bien manger et se reposer. Nous avons quelques stages, des compétitions de rollerski et j’aime bien travailler avec les autres membres de l’équipe. Je continue en octobre ce que j’ai commencé cet été, c'est-à-dire le ski-roues et la course. Je ne suis jamais le premier fondeur à retrouver la neige en Norvège.

Pour autant, vous n'égalez pas le nombre d'heures accomplies par Martin Johnsrud Sundby par exemple ? Heureusement pour moi, je ne m’entraîne pas autant que Sundby mais je dois compter au moins 90 à 100 heures par mois cette année. Je crois que c’est déjà bien assez. La qualité de chaque session est ce qui permet de vraiment devenir un bon fondeur, pas seulement la quantité.

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Le jeune homme de 22 ans n'a pas subitement trouvé la grâce : en 2015, à Almaty, il participe à ses premiers championnats du monde juniors et s'adjuge deux médailles de bronze, en sprint classique et en relais.

Cet hiver, allez-vous privilégier la distance ou le sprint ? Je me suis toujours entraîné dans l’objectif de devenir un fondeur toutes distances. Cette année, j’ai travaillé à m'améliorer physiquement et ce sera le point le plus important pour l’automne. Bien sûr, je veux garder ma vitesse et je m’entraîne à cela presque à chaque session. Parlons de votre dernière saison qui a été exceptionnelle de bout en bout. Vous avez tout gagné : des médailles olympiques et deux globes de cristal. De quoi rendre un homme heureux ! Bien sûr, je suis plus que ravi de ma saison. J’étais très nerveux avant les Jeux olympiques parce que les Norvégiens espéraient vraiment que j’aurais une médaille d’or individuelle sur le sprint. J’ai toujours dit aux médias norvégiens que je me mettais plus de pression qu’ils ne m’en imposaient. À Pyeongchang, les deux ont été très fortes. L'attente était si grande que je l'ai ressentie. Trois médailles d’or au total, c’est plus que ce dont je rêvais. Du coup, après les Jeux, j'ai eu du mal à me remotiver pour les dernières courses de la coupe du monde. Je suis d'autant plus heureux d’avoir aussi ramené le globe du général. Ce combat n'a pas été facile.

Le Norvégien a un objectif en tête : devenir champion du monde à Seefeld en 2019. Un titre qui manque à son palmarès.

Êtes-vous ambitieux pour la saison qui s'ouvre ? Bien évidemment, je me concentre désormais sur les Mondiaux de Seefeld en février. J’espère y aller et me battre pour des médailles là-bas. À seulement 22 ans et riche d'un palmarès étourdissant, on parvient donc à rester motivé ?

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J’aime la compétition, j’aime travailler dans le domaine que je préfère : le ski de fond. J’ai encore beaucoup à apprendre, je peux encore m’améliorer... Voilà ce qui me motive. Et puis, vous savez, je n’ai encore jamais été sacré champion du monde.

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INSTAGRAM

J.-H. KL AEBO

Et avec les Français ? Quelles relations avez-vous avec vos adversaires tricolores ? Je suis en contact avec Lucas Chanavat. C’est un très bon skieur et quelqu’un de gentil. On devait d’ailleurs travailler ensemble au mois d’août, mais j’ai eu quelques problèmes de santé, donc nous devrons trouver un autre moment pour s’entraîner tous les deux [le 18 août, la séance qui a débuté à 5 heures du matin sur la piste de rollerski de Trondheim n'a duré qu'une demi-heure, N.D.L.R.]. Je suis impatient de lui montrer notre secret, ici dans le Trøndelag : le « Trøndersk myr », notre marécage local. Nous irons aussi nous faire du rollerski sur le site du tremplin de Granåsen. Chanavat est très rapide, surtout en style skate et je suis sûr que j’ai des choses à apprendre de lui.

Aux Jeux olympiques de Pyeongchang, le Norvégien est l'un des deux athlètes les plus titrés, avec le biathlète français Martin Fourcade.

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Un autre athlète est très présent dans les médias. Il s'agit de Petter Northug. On vous compare d'ailleurs souvent à lui. N'est-ce pas agaçant à la fin ? Les gens peuvent me comparer à qui ils veulent, ce n’est pas le plus important pour moi. Petter et moi, nous sommes dans la même équipe maintenant, celle du sprint norvégien. Nous nous entendons bien, comme avec le reste de l’équipe.

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La Norvège et ses médias locaux vont de nouveau exiger que vous obteniez des résultats. Il va falloir être fort, non ? Je suis très heureux que les médias norvégiens s’intéressent à ce que je fais. Quand je suis exposé, c'est le ski de fond qui existe aux yeux du peuple norvégien. C'est une bonne chose. Et puis mon père s’occupe de tout et ça m’aide beaucoup.

De quoi en faire une séquence sur votre chaîne YouTube. Pourquoi avoir choisi d'y créer un vlog [blog vidéo, N.D.L.R.] ? J’ai commencé le vlog pour que tout le monde puisse voir ce que font les fondeurs hors compétition. Les week-ends de courses en hiver, tout le monde peut nous voir, mais ils ignorent ce qu'il se passe avant ou après, ou encore le reste de l’année. Vlogger me donne de l’énergie, mais je suis chanceux d’avoir mon petit frère qui m’aide en éditant toutes les vidéos. Il filme aussi quand je suis à la maison et il crée toutes les musiques. Ma petite sœur nous aide aussi en traduisant les vlogs en anglais pour pouvoir toucher une audience plus large que les Norvégiens. Vous nous avez parlé de votre père, à présent de votre frère et de votre sœur. Justement, vous travaillez beaucoup avec votre famille. Pourquoi avoir fait ce choix ? Sans ma famille, jamais je ne serais arrivé là où je suis. J’ai beaucoup de chance qu’ils soient toujours derrière moi, à m’aider. Votre frère compose. Est-ce que l'une de ses chansons vous ressemble ? Je crois que Feel This Moment est faite pour moi. Il l’a créée lors des Mondiaux de Lahti en 2017. Ressentir le moment présent (« To feel this moment ») est le plus important pour moi. Vous pouvez retrouver ce titre sur Spotify, le nom d’artiste de mon frère Ola est Okey [OKEY en majuscules, N.D.L.R.]. Et l'avenir dans tout ça ? Avez-vous encore de grands rêves ? J’en ai tellement… À court et à long terme. Je propose qu’on en reparle plutôt lors d'une prochaine interview. n

Sur Instagram, Johannes Hoesflot Klaebo est suivi par plus de 300 000 personnes qui, l'été dernier, ont pu suivre les vacances du Norvégien dans les Caraïbes et à Paris. 26

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Johannes Hoesflot Klaebo à Planica, en janvier dernier. L'hiver dernier, il a gagné le classement général de la coupe du monde. Il a aussi conservé le globe de cristal dédié aux sprinteurs, qu'il avait décroché en 2017.

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C'est une pratique née en Scandinavie et dans les pays slaves. La culture de la neige ou snowfarming permet de conserver la neige d'un hiver à l'autre, et ainsi de skier très tôt dans la saison. Enjeux et perspectives d'une alchimie qui n'a pas que des partisans.

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Novembre 2017. À l’heure d’épier fiévreusement les premiers flocons, certains chanceux glissent déjà sur la neige. Les Saisies, La Clusaz ou encore Le Grand Bornand, plusieurs stations alpines ont suivi le mouvement initié par le Centre national de ski nordique de Prémanon (39) qui, sous l’égide de Nicolas Michaud, a fait le pari gagnant d’importer un procédé existant depuis plus de vingt ans dans les pays slaves et scandinaves. « En tant que directeur des équipes de France de combiné nordique, j’ai découvert, puis observé attentivement la technique du snow-

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farming à Östersund en Suède et à Vuokatti en Finlande » raconte l’actuel directeur-adjoint du CNSNMM. En 2009, année de préparation des Jeux olympiques de Vancouver, le Jurassien lance, en catimini, une expérience grandeur nature avec 6 000 mètres cubes stockés sous une couche de cinquante centimètres de sciure de bois : « Au début, nous avons été discrets pour éviter de passer pour des guignols en cas d’échec. Quand j’ai acheté la sciure, je n’osais pas expliquer le procédé au vendeur. Il m’a finalement confirmé qu’autrefois, la glace était stockée ainsi dans les scieries franc-comtoises, puis vendue dans les restaurants parisiens en été ».

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Parmi les nombreux atouts dont dispose Davos en matière de ski de fond, les installations de snowfarming figurent en bonne place. Cela fait maintenant dix ans que la station grisonne a tenté l’expérience, avec un succès jamais démenti depuis. « Au début des années 2000, en voyant toute cette neige qui était encore là au printemps, nous trouvions dommage de ne pas pouvoir en faire quelque chose, explique Norbert Gruber, chef des services techniques de la commune de Davos. Alors nous avons réfléchi de quelle manière il serait possible de la conserver pour la réutiliser en automne. C’est ainsi que le projet de snowfarming est né. » Au début, une piste d’à peine deux kilomètres a été aménagée dans la vallée qui monte au col de la Flüela. Depuis deux ans, elle s’étend sur quatre kilomètres. Pour cela, 20 000 m3 de neige sont nécessaires. « C’est une neige artificielle que nous produisons sur place, précise Norbert Gruber. Si on voulait prendre de la naturelle, il faudrait aller la chercher plus haut en altitude et la transporter. On n’y gagnerait rien question énergie. De ce point de vue également, il vaut mieux fabriquer de la neige pendant la saison froide plutôt qu’en automne, quand les températures sont au-dessus de zéro degré. » Norbert Gruber se plaît aussi à relever que le système mis en place à Davos – recouvrir la neige d’une couche de sciure et de copeaux de bois – est plus efficient que celui qui consiste à utiliser des bâches, comme cela se fait sur des glaciers. « Avec des bâches, la perte de neige avoisine les 50 %. Avec notre manière de faire, la quantité de neige récoltée au printemps ne diminue que d’environ 20 % durant l’été. C’est très avantageux et, en plus, ce n’est pas très cher à produire. Cela nous demande une semaine pour la fabriquer au printemps et entre trois et quatre jours pour la sortir et préparer la piste en automne. Nous ouvrons celle-ci le 27 octobre cette année. » Pour Davos, les retombées sont évidemment intéressantes car cette piste fait le bonheur des équipes nationales suisse, allemande, italienne et française dès la fin octobre. De plus, à certaines heures, elle est aussi ouverte aux skieurs de fond amateurs. Et c’est d’autant mieux pour la station grisonne qu’à l’heure actuelle en Suisse, aucune autre station ne s’est lancée dans cette aventure pour ce qui est du ski de fond. Un projet existe du côté de Pontresina, en Engadine, qui pourrait voir le jour l’année prochaine.

MARCEL GIGER/VILLE DE DAVOS

DAVOS PARMI LES PIONNIERS

Le snowfarming est une pratique maîtrisée à Davos. Nombreux sont les skieurs qui profitent de la piste aménagée précocement dans la station des Grisons. Cette année encore, l'équipe de France de ski de fond l'empruntera lors d'un stage préparatoire à la coupe du monde.

UNE NEIGE DE QUALITÉ Preuve, une fois encore, que c'est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes. Comme une indémodable

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ALAIN GROSCLAUDE/AGENCE ZOOM

Le Jurassien Alexis Jeannerod skie sur la bande de neige qui accueille les épreuves de coupe du monde à La Clusaz.

••• recette de grand-mère, l’opération “neige en conserve” se révèle être une franche réussite. « C’était le bon timing pour essayer. Nos athlètes ont pu faire, en France, un nombre de jours de ski incroyable avant le début de saison et les JO », se réjouit l’ex-patron du ski nordique français. Après la neige de culture, la culture de la neige venait de naître dans l’Hexagone. Il faudra attendre plusieurs années pour voir le concept débarquer dans les Alpes, sous l’impulsion de stations organisatrices de grandes compétitions ou simplement désireuses d’anticiper une neige qui se fait de plus en plus attendre. « J’ai été surpris que cela mette autant de temps. Avec 5 000 mètres cubes de neige, on peut proposer un jardin d’enfants, y compris pour les stations alpines parfois en manque de neige pour Noël. Je commence quand même à recevoir de plus en plus d’appels », signale Nicolas Michaud.

« Beaucoup de stations vont s'équiper de carrières à neige. » 30

À Bessans, le snowfarming visait à repositionner la station comme un grand site d’entraînement ouvert aux équipes nationales dès octobre. « Au vu de nos conditions géographiques et climatiques, c’était une évidence », précise Frédéric Lahaye-Goffart, ancien directeur de la station, aujourd’hui responsable des domaines skiables drômois. Encore une fois, le défi est relevé avec brio ! Chaque hiver, plusieurs équipes d’Europe centrale viennent en Haute-Maurienne profiter d’une altitude élevée (1 750 m) idéale pour la présaison. « Ils s’entraînent sur une piste de qualité, longue de 2,5 kilomètres. Le coût de la vie est moins important qu’en Scandinavie et c’est plus sympathique que de tourner comme un hamster dans le tunnel réfrigéré d’Oberhof » s’amuse l’ancien responsable du site.

UNE ASSURANCE POUR LES COURSES L’idée s’est imposée aux Saisies en 2016, avec la création d’une piste d’été éphémère pour saluer le passage de la Grande Boucle dans la station savoyarde. « Nous connaissions un peu la technique utilisée à Prémanon. Nous avons gardé la neige d’avril à juillet pour permettre aux spectateurs du Tour de France de skier sur la piste des Chardons », témoigne Philippe Clochey, responsable des pistes du site olympique. Un coup de communication réussi qui a fait des émules, au point de convaincre les décideurs de prolonger l’expérience sur le site nordique. À La Clusaz, c’est l’accueil de la coupe du monde de ski de fond qui a incité la commune à franchir le pas, en 2016, par crainte du manque de neige. Une anticipation opportune puisque l’épreuve, sur un site dépourvu de neige naturelle, a été maintenue in extremis, en partie grâce à ce stockage, avec la glace du lac des Confins comme sous-couche. Chez le voisin du Grand-Bornand, le même procédé a été retenu l’année suivante pour la coupe du monde de biathlon. « Cela permet-

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À Fribourg, grâce à la neige des patinoires

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nécessaire. Pour la récolter, nous nous sommes tournés vers les patinoires, celles de Fribourg d’abord, puis celles situées dans d’autres communes du canton. Dès le mois d’août, chaque fois que la surface de glace était nettoyée, nous avons récolté la neige pour l’entreposer dans un lieu abrité. Lors des premières chutes de neige en automne, nous sommes aussi allés en chercher en altitude, au Lac Noir, mais cela n’aurait été finalement pas nécessaire. »

UNE EXPÉRIENCE SANS SUITE Malgré une météo peu favorable – le temps s’était radouci et il a même plu par moments – le programme a pu être tenu sur les trois jours. Et avec le recul, le bilan est plutôt positif. « D’un point de vue sportif, tout s’est finalement très bien passé, malgré quelques frayeurs dues à la pluie, reprend Pierre Gisler. Les athlètes

et dirigeants du ski de fond étaient d’ailleurs enchantés. Au niveau financier et médiatique, nous avons eu de bons échos. Le sponsoring a bien marché tandis que les journaux et radios ont joué le jeu. Et le public a répondu présent. Mais il faut être conscient que les prestations des employés de la ville pour mettre en place les installations, construire les passerelles et transporter la neige n’ont pas été comptabilisées. » Bien qu’elle ait été très appréciée (on estime à 5 000 le nombre de spectateurs), l’expérience ne sera d’ailleurs pas renouvelée. « Les milieux du ski de fond seraient prêts à repartir, dit notre interlocuteur. Mais politiquement, c’est plus compliqué. D’une part au niveau financier, d’autre part d’un point de vue écologique, car aménager une piste de ski de fond sur une place du centre-ville est assez coûteux en énergie. Alors, pour l’instant en tout cas, on n’envisage aucune suite. »

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SAEM LES SAISIES VILLAGES TOURISME

n Suisse, les courses de ski de fond au cœur des villes sont plutôt rares. On se souvient qu’en décembre 2004, la capitale fédérale, Berne, avait mis sur pied un sprint comptant pour la coupe du monde, remplaçant d’ailleurs cet hiver-là, les habituelles épreuves de Davos. Plus récemment, en novembre 2017, c’est dans le centre-ville de Fribourg que les skieurs de fond de toutes les catégories, des enfants aux seniors, s’étaient retrouvés durant trois jours à l'occasion du Fri' Nordic Show. Une fête organisée sur la place Georges Python qui a connu un certain succès. « L’idée est venue d’un élu de la ville, pratiquant de ski de fond, explique Pierre Gisler, chef du service des sports de la ville suisse. Mais il a fallu être patient, car nous n’avions alors pas le budget nécessaire. Une fois que celui-ci a été réuni, nous avons pensé à l’aspect pratique, et notamment à la quantité de neige

Le stock de neige des Saisies a permis de créer une piste éphémère lors du passage du Tour de France en juillet 2016.

tait de pallier une éventuelle carence de neige, mais aussi de sécuriser l’ouverture du domaine skiable et certaines liaisons », confirme Joël Moille, responsable d’exploitation du site des Aravis. Si la Fédération internationale de biathlon (IBU) a imposé le dispositif sur certaines compétitions, la FIS en fait aujourd’hui une forte recommandation. « Nous n’avons rien imposé, mais nous avons besoin d’avoir plus de certitudes sur l’organisation des épreuves du calendrier, notamment celles situées avant Noël qui peuvent être désavantagées par la météo. Nous sommes vraiment 

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••• satisfaits du développement de la technique en France. Le snowfarming, c’est devenu la garantie minimum », confirme Pierre Mignerey, directeur de course au sein de l’institution internationale. Pour l’heure, il semblerait néanmoins que le snowfarming entame tout juste sa période de séduction, se positionnant habilement comme le nouveau rempart idéal face aux saisons raccourcies. Jusqu’alors prisé par les stations de moyenne altitude, il l'est désormais de Courchevel et Chamonix qui lancent peut-être un mouvement plus large en testant la méthode cet hiver. Orientée initialement vers les athlètes, nul doute que l’avenir consistera à en faire un argument touristique auprès du grand public, comme l’a fait Bessans cette année.

UN PRODUIT D'APPEL Yannick Aujouannet, directeur du comité d’organisation de la coupe du Monde au Grand-Bornand, croit fermement à un virage radical : « Nous sommes à un carrefour dans l’exploitation des domaines skiables. Je pense que beaucoup de stations vont s’équiper de carrières à neige. C’est une véritable optimisation de la production et de la gestion de la neige : on la produit au moment où elle est le moins chère et on la ressort au moment où on en a le plus besoin ». En fin connaisseur, le directeur course de la FIS Pierre Mignerey abonde également dans ce sens : « Cela peut être un formidable produit d’appel. À Ruka ou Lillehammer, ils ouvrent les pistes mi-octobre et ont des fréquentations extraordinaires à cette période. On peut s’offrir une garantie neige avec un coût raisonnable. C’est un vrai enjeu économique pour la moyenne montagne ». Des mots qui résonnent sûrement aux oreilles de tous ceux qui n’ont pas encore construit leur modèle de demain, ni abandonné l’ambition des saisons de ski supérieures à cent jours, un mythe devenu chimère qui ne se résout pas encore à fondre comme neige au soleil... n

UN ATOUT POUR LES ATHLÈTES ¢ STÉPHANE BOUTHIAUX

On gagne du temps et du confort Depuis 2009, grâce à la culture de la neige, les équipes nationales peuvent skier début novembre à domicile. Un luxe jusqu’alors permis dans le nord de l’Europe, loin du camp de base des tricolores. « Le snowfarming est devenu un élément essentiel dans notre organisation. C’est très positif d’être à Prémanon aussi tôt dans la saison, avec tous nos équipements sur place. On gagne du temps et du confort », se félicite Stéphane Bouthiaux, ancien entraîneur de Martin Fourcade, aujourd'hui directeur technique national du ski de fond et du biathlon.

¢ FRANÇOIS FAIVRE

La pierre qui manquait à l'édifice « Après la préparation physique en été, puis les glaciers à la rentrée, il devient indispensable de faire des séances intensives à basse altitude. Le snowfarming nous apporte la pierre qui manquait à l’édifice », détaille François Faivre, entraîneur de l’équipe de France de ski de fond. La neige « déballée » du snowfarming dispose, en plus, des mêmes caractéristiques que les neiges froides des premières étapes de coupe du monde.

¢CYRIL BURDET

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Grâce à son stock de neige, Bessans a pu rouvrir une piste 32 octobre dernier. dès le 20

FACEBOOK OT BESSANS

Pour la finesse des sensations en classique « Rouler sur asphalte et aller sur les glaciers, c’est bien, mais on veut rapidement retrouver une neige froide et compacte à moyenne altitude pour s’adapter à ce toucher particulier », précise Maurice Manificat, leader du fond français. Malgré les progrès considérables enregistrés par les ski-roues, il est indispensable, selon le Haut-Savoyard, à partir d’octobre, de ne plus quitter la neige pour affiner son toucher. « En skating, il y a de moins en moins de différence, mais en classique, il y a plus de finesse d’appui et de sensations impossibles, pour l’instant, à retrouver hors neige », analyse Cyril Burdet, entraîneur des sprinteurs français.

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La piste aménagée au stade des Tuffes à Prémanon évite l'annulation des épreuves dépendantes de l'enneigement.

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PIERRE GUY

¢ MAXIME LAHEURTE

Aussi, les vieux briscards du circuit ont-ils suivi de près l’arrivée du snowfarming en France. L’expérimenté Maxime Laheurte, combiné tricolore, se souvient des premières buttes de neige qu’il rencontrait à ses débuts professionnels en Finlande : « On était ébahis. C’est devenu une vraie culture. Merci à Prémanon, qui a lancé le mouvement en France, car c’est totalement indispensable aujourd’hui pour le haut niveau ! ». Unanimement bien accueillie, la neige recyclée a le vent en poupe auprès des équipes de France qui s’intéressent de près à son développement futur. « L’idéal serait d’avoir quatre ou cinq sites de référence pour diversifier la préparation en termes d’altitude. Cela permettrait aussi de mieux échelonner la présaison en démarrant courant octobre », affirme François Faivre.

Photo : Alexis Baud

Indispensable pour le haut niveau

¢ MAURICE MANIFICAT

Nous apprécions les grandes boucles Le train étant lancé, il n’est pas impossible de voir des stations françaises augmenter les volumes de stockage pour atteindre ceux de Davos, devenu référence en la matière [lire par ailleurs]. « On a envie que l’outil se développe encore. Forcément, nous apprécions les grandes boucles et le minimum pour ne pas tourner en rond, c’est deux kilomètres », indique Maurice Manificat. Son coach insiste : « Pour le moment, difficile d’envisager un stage long avec 4-5 heures de ski par jour sur une piste aussi courte. Mais, pour les entraînement plus courts, c’est largement suffisant ». Au-delà de la distance, le plus important est de disposer d’un profil varié, comme à Prémanon. « On étale la neige aux Tuffes sur un parcours de deux kilomètres que les athlètes apprécient. On peut vouloir plus, mais on a déjà complètement renversé la vapeur. Aujourd’hui, c’est nous qui demandons aux équipes de France quand elles veulent skier. C’est une petite révolution », s’enthousiasme Nicolas Michaud.

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Les plus et les moins

partie du stock », explique Philippe Clochey, responsable des pistes aux Saisies. « Je rachète un ou deux camions par an, car la sciure perd progressivement sa sécheresse » insiste, en expert, Nicolas Michaud. Une fois la sciure écartée, la neige est chargée dans des bennes, malaxée puis étalée. Le résultat est en général bluffant car, sous une légère croûte, la neige a gardé sa cohésion d’origine. « Le snowfarming propose une neige excellente qui a une bonne durée de vie et peut résister à quelques redoux », constate Stéphane Bouthiaux, directeur technique national du ski de fond et du biathlon, qui se réjouit de son import en France. l n'existe pas une seule recette pour « cultiver » la neige. Au sein d’un nordique en mouvement, habituellement respectueux De nombreuses techniques ont été testées depuis vingt ans. de son environnement, les nouveaux réfrigérateurs à neige ont de Néanmoins, les années de pratique permettent de dégager un nombreux réfractaires qui évoquent un coût financier et écologique mode opératoire qui diffère peu d’une station à l’autre : prodisproportionné. Même si les « pionniers » de la glacière tentent de duire la neige au moment le plus froid de l’hiver, la rassembler mettre en place une démarche vertueuse. et l’isoler sous un manteau de sciure de bois où elle hiberne jusqu’à « À Prémanon, nous sommes en circuit fermé. On prend l’eau dans l’hiver suivant. le lac pour produire et, quand ça fond, l’eau retourne au lac. Le bilan Mais pourquoi ne pas entasser de la neige naturelle ? « Nous utilisons carbone est correct, excepté la phase d’étalement qui nécessite l’utiprincipalement de la neige artificielle car elle est produite dans le lieu de lisation de tracteurs pendant deux jours », détaille Nicolas Michaud stockage, éclaire Nicolas Michaud, directeur-adjoint du Centre national qui chiffre l’investissement initial en sciure à 15 000 euros (14 euros de ski nordique et de moyenne montagne de Prémanon (CNSNMM). le mètre cube). Nous ajoutons un peu de neige naturelle mais elle demande plus de Pour Pierre Mignerey, « on produit la neige au meilleur moment, maintenance, transport et fraisage ». « Elle n’a pas quand la masse froide s’accumule, avec le meilleur la même inertie thermique. À La Clusaz, ils ont rendement. Après, je comprends que cela puisse testé et la perte était plus importante », complète heurter la sensibilité de certains quand on se retrouve Frédéric Lahaye-Goffart, ancien directeur de la staavec une bande de neige au milieu d’un champ ». tion de Bessans. La méthode permet en principe de La jeune retraitée Marie Dorin-Habert, titulaire conserver au moins 70 % du stock initial, voire un d’un master en environnement, esquisse un point peu plus. « Peu importe si le tas est exposé ou non au de vue équilibré : « Le réchauffement climatique soleil. Ce qui fait la différence, c’est l’épaisseur de la est une réalité et la neige artificielle reste, de toute couche d’isolant. À Prémanon, on pose entre 50 et 60 façon, une fuite en avant. Cependant, il faut qu’il y centimètres pour faire la liaison avec la saison tourisait une industrie neige pour que les stations, notamtique », ajoute le Nicolas Michaud. ment en moyenne montagne, puissent vivre et avoir D’autres détails ont également leur importance, une vitrine pendant les vacances de Noël. Il faut un comme l’imperméabilité du sol et la forme de équilibre entre écologie et économie ». l’amas. « La modélisation du tas est décisive. L’idéal À l’époque du changement climatique et de l’obsoest la forme d’un andain agricole, avec des parois pas lescence programmée, difficile de savoir si ces noutrop abruptes, ni trop évasées », résume Frédéric Marie Dorin-Habert, veaux frigos vont révolutionner la gestion de la neige Lahaye-Goffart. ex-biathlète, est titulaire ou s’ils ne sont qu’une étape vers des modèles montad'un master en environnement. gnards moins dépendants de l’or blanc. « Cela peut être une transition douce vers la mise IMPACT ENVIRONNEMENTAL en place d’une économie de montagne “quatre saisons”, la seule qui À haute altitude, une bâche géotextile accompagnée de plaques isopourra survivre après 2050. L’activité neige a un impact fort sur lantes peut suffire, ce qui permet de ne pas avoir la sciure sur les bras au les milieux naturels, avec des consommations d’eau qui s’envolent. moment du grand déballage. « Gérer la sciure est un métier. Il faut la Attention à ne pas dénaturer la montagne à moyenne altitude dissocier correctement pour ne pas encrasser la neige. Bien conservée, comme l’ont fait certaines grandes stations », tempère encore l’exon peut l’utiliser d’une année sur l’autre, même s’il faut renouveler une biathlète française. n b

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Vue aérienne de la réserve de neige du stade des Tuffes, protégée sous un manteau de sciure.


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Michaud Cristallier du

Mont-Blanc Olivier Michaud, lors d'un stage avec Hugo Lapalus.

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L’entraîneur de l’équipe de France de ski de fond des moins de 20 ans hommes trouve son équilibre en cherchant dans des endroits périlleux la fluorine rouge, le cristal le plus précieux du massif. Une quête d’absolu qui le rend plus fort.

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Olivier Michaud avec, en main, deux quartz issus du grand four trouvé dans le secteur des Grandes Jorasses, long de 25 mètres.

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tager les découvertes avec des amis. « Avec mes collègues, on se surveille mutuellement. » La cordée est impossible dans ces situations. Alors, « il faut accepter la prise de risques, même si on est très rigoureux. On réfléchit à la méthode. » Conscients du danger, « on analyse les issues de secours, on repère les gros blocs et il y en a toujours un qui surveille. » Il convient encore de ne pas s’enflammer lorsqu’on trouve un site. Question de sécurité, encore. « C’est un moment intense, mais il faut se contrôler avant de gratter, d’enlever la petite pierre qui retient la grosse. »

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On est à contretemps de l'époque, où tout est aseptisé Immergé dès son plus jeune âge dans le milieu de la haute montagne, Olivier Michaud se souvient des randonnées avec son père, de l’instant où il voyait un truc qui brillait et de son irrésistible envie d’aller le chercher. « C’est inné, reconnaît-il. Cristallier, c’est la forme primitive de la chasse. » Avec une joie XXL quand les cristaux sont trouvés. « C’est un jeu de gamins pour nous. »

« C’est une justification pour fuir le monde et se retrouver face à soimême. En fait, tu vas te chercher toi. » Olivier Michaud le reconnaît : sa traque des cristaux, dans les recoins du massif du Mont-Blanc réservés aux alpinistes chevronnés, s’avère en réalité « une quête de soimême. » Depuis quinze ans à la tête de différentes équipes nationales de ski de fond (actuellement les moins de 20 ans hommes), le HautSavoyard, par ailleurs guide de haute montagne à la Compagnie des guides de Chamonix, a trouvé « un équilibre de vie » avec cette pratique. Un loisir, une passion. « C’est ma religion, moi qui suis athée, précise-t-il. Quand je redescends, je suis plein gaz, les batteries rechargées à fond. »

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Redescendre, c’est bien le terme, d’endroits guère accueillants de prime abord, perchés entre 3 000 et 4 000 mètres d’altitude. « Il faut insister sur le fait que c’est de l’alpinisme engagé, des terrains où il ne faudrait pas aller. » Avec des zones d’éboulement, des fractures dans les parois, des chutes de pierre. Le danger est bien présent, une vigilance extrême s’impose, même si on possède les compétences pour se sortir de tels passages. « C’est comme le sport de haut niveau, il faut apprendre et une fois qu’on a le feeling, on est à l’aise. » Ce qui n’empêche pas de respecter une règle importante, partir en équipe pour de telles aventures, et pas seulement pour le plaisir de par-

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Des terrains où il ne faudrait pas aller

Olivier et ses amis apprécient l'observation des pièces redescendues du massif.

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Une magnifique plaque de quartz fumé de plus de vingt centimètres.

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Un jeu certes, très compliqué toutefois. « Quand tu pars, tu ne sais jamais où tu vas et pour combien de temps. Il y a un côté aventurier. On trouve rarement des cristaux, ce n’est pas facile. » Il y a quatre ans, avec ses amis Georges Moreira, Martial Dumas et Joël Leroux, ils avaient fait « une grosse découverte », dans le secteur des Grandes Jorasses. Un four (terme utilisé à Chamonix pour désigner la cavité naturelle d’où on extrait les cristaux) de 25 mètres de long. Ils ont mis quatre ans pour le vider et redescendre près de 2,5 tonnes de minéraux. Ce site exceptionnel a servi de support au film documentaire de Pierre Cadot, La montagne des cristalliers, au succès sans cesse renouvelé, lors de projections en festivals.

Olivier Michaud, pas vraiment favorable à ce projet cinématographique au départ, reconnaît cependant qu’il « a le mérite de mettre un éclairage sur l’activité de cristallier. »

Là-haut, je gère l'engagement comme un athlète aux championnats du monde

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NICOLAS MICHAUD

Le cristallier est souvent dans des positions acrobatiques pour extraire des minéraux d'un four à flanc de falaise.

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Le long du glacier, on peut toujours trouver quelques cristaux, mais « nous, on cherche le Graal, la pièce exceptionnelle, la fluorine rouge, couleur sang, très rare dans le Mont-Blanc. » Une quête d’absolu qui justifie le risque, l’apprentissage d’une technique et l’obligation parfois de se mouvoir tel un chamois, à plus de 3 000 mètres d’altitude. « Pour moi, cristallier, c’est la quintessence de l’alpinisme. Tu pars pour 24, 48, 72 heures, tu t’immerges dans le massif et tu en deviens même un élément, très proche des chamois, nos cousins en quelque sorte, c’est rigolo. » Poussant un peu plus loin la philosophie qui les guide, lui et ses copains, Olivier Michaud ajoute : « On est à contretemps de l’époque, où tout est aseptisé, sécurisé. Ce n’est pas le cas sur 

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notre terrain de jeu. À part le respect de la charte, on n’a pas de règles de temps, ni de lieu. On est libre. » Cristallier ramène au début de l’alpinisme, l’activité originelle en montagne, quand on taillait le quartz pour fabriquer les lustres pour les maisons bourgeoises dans les grandes villes. « J’ai besoin de partir là-haut pour être meilleur à la Fédération française de ski, analyse l’entraîneur national. Je prends du recul, j’ai une meilleure façon de voir les choses. Là-haut, perdu avec mon piolet, avec 300 mètres de vide dessous, je gère l’engagement comme un athlète aux championnats du monde. » Dans une inversion des rôles habituels salvatrice pour son équilibre.

« Un coach donne tout pour les autres. Quand je deviens cristallier, je suis un peu égoïste. Ne serait-ce que par rapport à ma famille. » Mais le besoin, viscéral, de partir avec ses copains est le plus fort, « de quitter ce monde de fous ». « Là-haut, il n’y a pas de réseau, que les potes, la nature, la montagne. Et tu apprends la vie vite… » Le retrait des glaciers va permettre de trouver des zones vierges, « d’effectuer de belles découvertes, même si cela va également rendre plus compliquées les approches. » D’autres zones à défricher synonymes de nouvelles critiques sur les cristalliers, accusés par certains de piller la montagne ? « Non, assène OIivier Michaud. Les cristaux finissent par tomber et être réduits en poussière. Je considère qu’on sauve une partie du patrimoine du Mont-Blanc en ramenant des pièces non abîmées. » Elles deviennent dès lors accessibles aux gens qui n’ont pas la chance de découvrir ces trésors dans des parois vertigineuses. « Voir des gens s’émerveiller devant les vitrines du musée de Chamonix, c’est une réussite pour nous. Une grosse satisfaction. » n

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Pour accéder aux cristaux, il faut souvent se faire son propre chemin dans des terrains jusqu'alors vierges.

Plus d'une centaine de cristalliers à Chamonix Cristallier du Mont-Blanc, c’est aussi une activité ouverte à tous, dans l’absolu. N’importe qui peut aller chercher ces minéraux du moment qu’il s’est inscrit en mairie de Chamonix et s’engage à ne les extraire que via la force humaine (marteau, burin), sans oublier le respect des sites (il s'agit de ne pas les polluer). On se doit également de montrer les pièces trouvées en mairie, avec un droit de préemption pour le musée de Chamonix, avant une éventuelle vente auprès de collectionneurs. « Certains font ça dans une optique de revenus, pas nous, précise Olivier Michaud. On veut garder des belles pièces, même si la possession n’est pas un moteur pour nous. On recherche surtout l’émotion de la découverte. » 110 à 120 cristalliers sont recensés à Chamonix mais « on doit être une trentaine 40

d’actifs. On se connaît tous. Il y en a qui essaient de vivre de ça, c’est compliqué car tu te dois de trouver alors que nous, on part à trois et si on revient bredouille, on est content quand même. J’estime que les gens qui pensent gagner leur vie en tant que cristallier se mettent le doigt dans l’œil. Il ne faut pas rêver et ne surtout pas prendre ça dans cette optique. Pour nous, c’est de la cueillette ». Comme les champignons, pourrait-on oser, même si la recherche de ces derniers est à la portée de beaucoup plus de gens. « Quand on voit que le quartz est soudé au granit, on laisse tomber, on se dit que ce sera pour d’autres, plus tard… » Cette pratique à risques ouverte à tout le monde inquiète un peu Olivier Michaud, pour des raisons de sécurité, « mais je suis un fervent défenseur de la liberté. Il n’y a

pas de règles en haute montagne et il faut défendre cela à tout prix. » Même s’il comprend les mesures prises récemment pour réglementer l’ascension du Mont-Blanc, au regard des incivilités et des imprudences relevées ces dernières années. Il ne voudrait pourtant pas qu’un jour, on lui interdise de passer « dans des zones où personne n’a sûrement jamais marché avant nous », de profiter d’instants magiques, contemplatifs, du « luxe » du silence absolu, « loin des turpitudes du monde », de ne croiser qu’un bouquetin de la journée avant de retourner à la benne de l’Aiguille du Midi, dans laquelle 80 personnes jouent des coudes. « Oui, le retour est difficile », convient Olivier, surtout « quand on voit en fond de vallée tous ces gens qui courent dans tous les sens. »

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Traileur et fondeur, le charpentier Sacha Devillaz partage sa vie entre Vallorcine (74) et le Haut-Doubs (25). 42

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LES SKIEURS DU BOIS

Ils sont bûcherons, débardeurs, charpentiers, ébénistes, menuisiers… et pratiquent une discipline nordique. Nordic Magazine a exploré la relation forte entre métiers du bois, ski et trail.

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C’est une matinée de semaine comme les autres dans le Haut-Doubs. Dans la forêt du Prince, au-dessus des Pontets, Arnaud Langel commence sa journée de débardage des troncs coupés la veille. Un peu plus au nord, dans le Saugeais, l’entreprise Hanrot-Fornage pour laquelle travaille Sacha Devillaz monte la charpente d’une maison, à Gilley. Et, dans son atelier du Grand-Bornand (74), au pied des Aravis, Aurélie Perrillat-Colomb, met la dernière main à une bibliothèque créée pour un particulier. Leur point commun ? Tous pratiquent, ou ont pratiqué, leur discipline – biathlon, ski de fond, trail – au plus haut niveau et ne peuvent envisager leur quotidien sans contact avec le bois, même si les mots pour exprimer ce lien n’existent pas forcément : « Comment dire ? J’aime le bois et ce qui me plaît le plus, c’est le transformer. Ce n’est pas toujours facile, c’est physique. On travaille dehors, parfois avec la pluie et le froid. Mais travailler le bois, c’est ma vie, mon équilibre. Cela compte autant que le sport », confie Sacha Devillaz, un grand sourire sur son visage.

Des terminales en menuiserie du lycée professionnel Toussaint-Louverture de Pontarlier, également fondeurs, combinés ou biathlètes, présentent à leur parrain Xavier Thévenard, vainqueur du dernier Ultra-trail du Mont-Blanc, les objets confectionnés à l’atelier : banc de fartage, rack à ski...

Ils sont bûcherons, débardeurs, charpentiers, ébénistes, menuisiers… et pratiquent une discipline nordique ou le trail. Dans les différents massifs, les exemples sont multiples. Certains, comme le Chamoniard qui a disputé la GTJ 200 et de nombreuses courses populaires sous les couleurs du Team Ski's Cool Garnache, poursuivent une carrière au plus haut niveau. D’autres ont été formés aux métiers du bois dans une filière sportétudes, mais leur carrière de sportif de haut niveau les occupe à temps plein. « Le ski de fond est un sport exigeant, physiquement comme mentalement, et je m’y consacre à cent pout cent. Mais avoir appris ce métier, celui de charpentier, cela me fait toujours une corde de plus à mon arc pour le futur », explique ainsi le fondeur haut-savoyard Damien Tarantola.

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FLORIAN PANIER

UNE HISTOIRE FAMILIALE

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Pour plusieurs champions, cette relation forte entre métiers du bois et ski résulte d’abord d’une histoire personnelle : « Dans ma famille, nous sommes dans le bois depuis six générations à Vallorcine. Mon arrière-arrière-grand-père était luthier-ébéniste, il fabriquait des piolets. Mon arrière-grand-père était charpentier, mon grand-père et mon père aussi. Je suis toujours allé dans l’atelier et personne ne m’a forcé à faire ce métier », raconte Sacha Devillaz. « Mon père est débardeur, alors, depuis tout petit, la forêt, je l’aime », souligne l'ancien biathlète de Châtelblanc Arnaud Langel, qui s'investit aujourd'hui au sein du Risoux Club. Christophe Perrillat-Collomb, ancien fondeur de l'équipe de France, membre du relais tricolore vainqueur de l'étape de la coupe du monde de La Clusaz, en 2004, confie : « Travailler le bois, c’est ce que je désirais faire depuis que je suis tout petit, raconte le responsable du groupe masculin U23 à la Fédération française de ski. Depuis que j’avais vu un menuisier travailler à la maison, j’étais attiré. C’est pour cela que, bien qu’issu d’une famille d’agriculteurs, j’ai choisi cette voie, contrairement à mes autres frères ».

LA RECONVERSION D'AURÉLIE PERRILLAT-COLLOMB Cas à part, son épouse Aurélie, installée depuis quatre ans au GrandBornand (74). « J’ai eu envie de me reconvertir dans l’ébénisterie suite à ma rencontre avec une femme, Hélène Jarroux, qui exerçait ce métier, explique l'ex-fondeuse connue sous le nom d’Aurélie Storti. Pendant une année, j’ai suivi une formation pour préparer un Certificat d’aptitude professionnelle (CAP) à Bonneville et je travaille aujourd’hui à mon compte. Au début, j’avais dans la tête que mon mari allait travailler avec moi. Même s’il a choisi de devenir entraîneur, je ne regrette pas mon choix. Et puis il n’est pas loin pour m’aider ou

Mon père était débardeur. Alors, depuis tout petit, la forêt, je l'aime. Arnaud Langel, ancien biathlète

pour porter un regard professionnel sur mon travail ». Contrairement à celle qui fut deux fois sélectionnée olympique et qui exerce son activité au Grand-Bornand (74), la plupart des fondeurs qui occupent aujourd’hui un métier dans le domaine du bois ont été formés tôt. La section sportive du Lycée professionnel ToussaintLouverture de Pontarlier (25) a offert l’opportunité à de nombreux jeunes de réaliser leur apprentissage tout en skiant au plus haut niveau. « Je suis originaire de Chamonix. Comme un ami avait fait ses études avant moi à Pontarlier, je savais qu’il y avait un lycée réputé. Après le collège, je suis venu dans le Doubs pour faire un Brevet d’études professionnelles (BEP) charpente. J’ai aimé tous les aspects du métier », se rappelle Damien Tarantola. Sacha Devillaz a suivi le même parcours : « Je suis venu à Pontarlier, car il y avait le seul lycée en France qui proposait une section sport-études avec une formation bois. J’ai fait deux ans charpente et deux ans menuiserie ». Pour Christophe Perrillat-Collomb, l’histoire est un peu différente : « J’ai suivi une filière bois à Thonon. Mais, 

Aurélie et Christophe Perrillat-Collomb

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MAGALIE RIVIÈRE

dans leur atelier du Grand-Bornand.

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FRANÇOIS ROSSET : « LE RAPPORT AU BOIS, C’EST VALORISANT » Ancien professeur d’EPS, François Rosset a travaillé plusieurs années avec des jeunes en formation « bois » dans la section sportive du Lycée professionnel Toussaint-Louverture de Pontarlier (25). « De nombreux skieurs ont une relation forte au bois », a observé l'enseignant qui met en avant les nombreux débouchés. Autrement dit, les opportunités professionnelles ne manquent pas. Un jeune aura des facilités pour trouver un stage en été, puis un emploi. Beaucoup de patrons aiment le ski, et n’hésitent pas à les accueillir. Ils leur donnent la possibilité de mener une carrière sportive, quand ils ne jouent pas les sponsors. L’alternance entre formations, stages en entreprise et entraînements donne une grande maturité à ces jeunes, souligne encore François Rosset. « Ce sont des métiers durs », ajoute-t-il. Ils nécessitent courage, patience et rigueur. Des qualités qu’ils réinvestissent dans le ski. Parmi ses anciens élèves figurent notamment Romain Jacquier, Damien Tarantola, Sacha Devillaz, Jean-Marie et Xavier Thévenard. Sacha Devillaz, traileur et fondeur renommé, travaille pour Hanrot-Fornage, près de Pontarlier.

Sur les pistes, le fabricant de chalets et de maisons en bois du Haut-Doubs, Garnache, s'affiche sur les combinaisons du team Ski's Cool.

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FLORIAN PANIER

Des élèves menuisiers (biathlètes et combinés en l’occurrence) entrés au lycée cette année qui travaillent les bases du métier… le ciseau à bois.

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comme je n’avais pas de structure spécifique dans la région pour les athlètes, j’ai eu la chance de rencontrer le menuisier du Grand-Bornand, René Perrillat-Mercerot. C’était un patron qui aimait le sport et, pendant les périodes de stage dans son atelier, il me libérait pour me permettre de m’entraîner. Sans lui, je n’aurais pas pu concilier les deux ».

LE SOUTIEN DES EMPLOYEURS Nombreux sont les patrons, dans le domaine du bois, à accueillir des skieurs dans le cadre d’un stage ou d’un premier emploi, tout en leur permettant de participer à des compétitions nationales ou internationales. Les exemples sont multiples : c’est le cas de Bruno Saillard, menuisier à Malbuisson, qui a employé le combiné Nicolas Martin, ou Lacroix, à Bois d’Amont, qui soutient également des fondeurs. « Les deux activités n’ont rien à voir. Nous avons une entreprise dans le domaine du bois, à Bois d’Amont, un village où il y a beaucoup de skieurs. C’est par cette proximité et par hasard que je me suis fait embarquer voici vingt-cinq ans dans l’aventure des Oranges et de Franche-Comté Ski de Fond » raconte Jean-Pierre Lacroix, qui reste un passionné de ski ! Au Gras, l'entreprise Garnache est spécialisée dans la construction de chalets et maisons en bois. Son nom figure sur la tenue du Team Ski's Cool. Pour le P.-D.G. de la société, Jean-Paul Garnache, cette présence ne doit rien au hasard : « Aujourd’hui, nous travaillons avec le milieu du ski, car c’est un bon vecteur pour communiquer, mais aussi parce que nous partageons les mêmes valeurs, liées à l’amour de la montagne et du bois. » La rencontre avec Alexandre Rousselet, vainqueur en

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coupe du monde à La Clusaz en 2004 avec le relais tricolore et de La La Vattay_Vecto.indd Transjurassienne en 2005, a été déterminante : « Je l'ai côtoyé au moment où il a construit son chalet, j'ai aussi partagé avec lui des sorties de ski. » Le team Ski’s Cool, « ce sont d’abord des copains, dit-il. Sur les compétitions, je me déplace sur le bord du chemin ou de la piste pour les encourager, nous avons tissé une relation forte. » Les métiers du bois ont un autre atout. Surtout ceux en extérieur qui n'ont rien à envier aux salles de musculation. « Pour moi, c’était important de trouver un métier physique. J’aime être dans la nature, et c’est bien de pouvoir garder la forme si j’arrive moins à m’entraîner, explique Arnaud Langel, aujourd’hui débardeur à Chaux-Neuve. Pendant les dernières années de ma carrière, je retournais dans la forêt pour me changer les idées. L’hiver, ça me sert pour faire des courses ». Idem pour le traileur Sacha Devillaz, le fait de concilier activité professionnelle et préparation sportive n’est pas un problème : « Il ne faut pas le prendre négativement, mais comme une force. Je peux partir courir après neuf heures de charpente. Je travaille alors le mental. Ma discipline, c’est l’été et, l’hiver, je suis moniteur de ski. C’est complémentaire ». Et puis, pourquoi ne pas envisager la relation entre métiers du bois et ski comme un ensemble de valeurs partagées, liées à l’effort et la patience, par un attachement à un territoire commun, fortement boisé, par un intérêt commun pour la nature ou par un goût immodéré pour les activités de plein air ? « Le bois, dans nos régions, est partout. C’est une matière vivante, avec des essences différentes dont on ne peut pas toujours faire exactement ce que l’on veut. Et c’est ce qui me plaît ! Partir d’une planche brute, vivre toute la période de fabrication, pour arriver à un meuble fini aux qualités esthétiques et fonctionnelles », conclut la Bornandine Aurélie Perrillat-Collomb. n

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Fabien Saguez dans son bureau de la FFS Ã Annecy, sur les hauteurs du lac.


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Saguez Son plan de bataille En poste depuis 2006, le directeur technique national Fabien Saguez repart pour une quatrième olympiade. Ă€ Nordic Magazine, il confie sa vision du haut niveau, de la formation et se penche sur les futurs chantiers du nordique en France.

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ON PEUT ÉVIDEMMENT TOUJOURS FAIRE MIEUX. J'AI SOUVENT UNE AMBITION DÉBORDANTE POUR L'ÉQUIPE DE FRANCE.

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Il est discret mais n'a pas pour habitude de se cacher derrière son petit doigt quand il s'agit de défendre ses choix ou les directives de la Fédération française de ski. Directeur technique national de la FFS depuis 2006, bras droit du président Michel Vion, Fabien Saguez est ambitieux et ne s'en cache jamais. « Quitte parfois à gêner les uns et les autres quand j'affiche des objectifs élevés avant un grand événement », souligne ce natif de Genève. Après les trois olympiades de Vancouver 2010, Sochi 2014 et Pyeongchang 2018, le DTN se tourne vers Pékin 2022. « Ça arrivera très vite », assure-t-il. Voici son plan de bataille pour le nordique. NORDIC MAGAZINE Avec deux médailles en ski de fond et

cinq médailles en biathlon (sur 15 décrochées par la délégation française), le nordique tricolore a-t-il pleinement rempli la mission que vous lui aviez confiée pour les Jeux de Pyeongchang ? Fabien Saguez Bien évidemment, nous pouvons toujours faire mieux, j'ai souvent une ambition débordante pour l'équipe de France. Mais quand on réalise cinq médailles en biathlon, dont trois en or et une par équipes qui efface le traumatisme collectif de Sochi, on peut parler de réussite. En ski de fond, on sait le temps qu'il a fallu pour arriver à produire ces deux médailles face aux grandes nations que sont la Norvège et la Russie. On poursuit notre route, on est encore en construction. Pour les épreuves individuelles, j'ai aussi en tête une frustration, je pense à Maurice Manificat sur le 15 km et le skiathlon. Voilà de vrais motifs pour progresser, passer un cap et, enfin, jouer des médailles individuelles, voire un titre. Le chapitre Corée du Sud est à peine terminé que, déjà, Pékin 2022 s'écrit... ... Oui, Pékin c'est presque du court terme car une olympiade passe très vite. On n'y pense pas tous les jours même si, sur les trois ans qui restent, le dossier figurera en bonne place sur mon bureau. Les résultats aux Jeux olympiques conditionnent-ils de nouveaux moyens financiers pour les disciplines du nordique ?

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Aujourd'hui, on n'attribue pas de moyens financiers supplémentaires parce que l'on a obtenu des médailles aux JO. Il n'y a pas de mécanique au niveau de l'État qui nous attribue une convention d'objectifs et une enveloppe globale (la fédération dispose de la plus importante subvention, entre 4 et 4,5 millions d'euros). L'État reste évidemment notre partenaire principal et nous accompagne dans cette progression constante de nos résultats. Par contre, à chaque fin d'olympiade, produire des résultats, année après année, nous donne une base solide pour accroître nos partenariats avec le privé. De qui d'autres dépend le budget de la FFS ? Il existe trois financements : ceux liés aux licenciés (pratique des sports d'hiver) ; ceux que nous attribuent l'État et enfin ceux qui proviennent des partenaires privés. Globalement, chaque source représente un tiers du budget (environ 11 millions d'euros au total). La part du nordique, en termes de ressources financières, se situe un peu au-dessus de 3 millions d'euros, auxquels vient s'ajouter une ressource essentielle : les cadres techniques d'État. Il y en avait 90 quand je suis arrivé, il y en a 79 aujourd'hui ; une baisse que nous avons absorbée au fil du temps. Ensuite, on bénéficie de l'épicentre du nordique avec le Centre national d'entraînement de Prémanon dirigé par Nicolas Michaud, où sont développés des infrastructures, du snowfarming, deux ateliers mobiles de fartage... Ce sont aussi des moyens qui viennent abonder le fonctionnement du nordique en France. Les collectivités territoriales sont également des acteurs majeurs dans notre dispositif.

Justement, le gouvernement a annoncé la suppression ou tout au moins l'évolution des statuts de 1 600 postes de conseillers techniques sportifs d'ici 2022. La FFS est-elle directement impactée ? Il y a beaucoup d'effets d'annonce. Une lettre de cadrage du Premier ministre, envoyée fin juillet, définit les efforts auquel le sport français va devoir faire face. Mais la question de fond, c'est quelle stratégie on veut avoir pour le sport dans notre pays ? Aujourd'hui, de manière synthétique, le sport comporte trois segments : l'accès à la pratique pour tous (sport associatif), le rayonnement de la France via les performances de son élite et l'organisation d'événements internationaux. Je pense qu'il faut être plus clair dans la stratégie choisie et savoir quels moyens investir et dans quel secteur. La France va accueillir la coupe du monde de rugby 2023, les Mondiaux de ski à Courchevel/Méribel la même année, les Jeux olympiques 2024 à Paris... Nous nous battons pour attirer chez nous des événements, ce serait bien que nos équipes sur le terrain y voient un sens. Nous nous devons de réussir ces rendez-vous sur le plan organisationnel, mais également en termes de 

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ALAIN MOUNIC/PRESSE SPORTS b

Fabien Saguez est directeur national technique à la FFS depuis 2006.

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••• résultats.Sur le plan du rayonnement de la France, on doit clairement renforcer nos moyens, quitte à remettre en cause notre modèle actuel. C'est évident que la suppression de 1 600 postes, soit la moitié des effectifs du Ministère des Sports, compromettrait nos chances. Avant le grand rendez-vous en Chine, il y a aura cette année les Mondiaux de Seefeld en ski nordique et ceux d'Östersund en biathlon. Avec quels objectifs pour l'équipe de France ? Les objectifs sont posés par les athlètes eux-mêmes, et tous ceux qui sont en équipe de France ont de grandes ambitions. J'ai toujours annoncé des objectifs élevés, pour tirer tout le monde vers le haut, pour encourager les sportifs à se construire sur la durée avec une fenêtre ouverte sur le monde tous les quatre ans. Anaïs Bescond, qui passe à deux doigts des médailles à Sochi, revient avec trois récompenses de Pyeongchang. Désormais, nous sommes sur cette ligne, avec une vingtaine de médailles mondiales visées cette saison, ce qu'on fait depuis quatre ou cinq ans maintenant. Ces objectifs sont connus du staff, des athlètes... Tout est bien hiérarchisé. Dans l'esprit de chacun, les priorités sont succesivement les Jeux olympiques, les championnats du monde, le général de la coupe du monde puis les victoires et podiums en coupe du monde, en particulier sur des courses françaises. On travaille tous vers cet objectif commun. Ce printemps, le staff a été partiellement réorganisé, notamment avec la nomination de Stéphane Bouthiaux à un poste qui concerne à la fois le ski de fond et le biathlon. Pourquoi ? Stéphane Bouthiaux n'est pas un homme providentiel, mais il a prouvé par son management et son engagement, sa détermination à être ambitieux. C’est un homme solide. Mutualiser les compétences va permettre de faire évoluer de manière transversale le ski de fond et le biathlon ; ces deux disciplines doivent se nourrir l’une de l’autre. Il a la crédibilité et connaît le système à tous les niveaux. Entre l'élite et les jeunes du circuit national, je pense qu'on a des messages à faire passer. C'est un axe majeur de ce poste car le plus important pour nous reste la formation des jeunes afin d'assurer un vivier pour l'avenir. Stéphane Bouthiaux me semble être la bonne personne pour cette mission.

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Quelle perspective pour l'équipe féminine de fond ? C'est un secteur sur lequel on est en difficulté malgré des ef-

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Le plus important pour nous reste la formation des jeunes afin d'assurer un vivier pour l'avenir. nordic

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MICHEL COTTIN-AGENCE ZOOM

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de France au Pavillon Gabriel, à Paris. Avec Michel Vion, président de la Fédération française de ski. À Pyeongchang, Fabien Saguez assiste aux exploits olympiques de Martin Fourcade (avec Stéphane Bouthiaux, alors entraîneur de l'équipe de France masculine de biathlon). Fabien Saguez encourage le combiné François Braud en Corée du Sud. Avec Richard Jouve et Maurice Manificat, médaillés tricolores aux JO en team sprint. « On sait le temps qu'il a fallu pour arriver à produire ces deux médailles face aux grandes nations que sont la Norvège et la Russie », indique Fabien Saguez à Nordic Magazine.

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Lundi 15 octobre, lors de la présentation des équipes

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••• forts déployés avec la création d'un groupe jeunes, la mise en place d'un encadrement sensible aux dames dans un staff en très grande majorité masculin. Mais ce problème est sociétal. La féminisation des instances avance mais, sur le fond féminin, on doit continuer à travailler. Jérôme Laheurte, lui, a la responsabilité du saut à ski et du combiné nordique. La FFS a-t-elle encore de l'ambition pour ces deux sports ? Le saut, sport de base de ces deux disciplines, est une discipline historique dans les Alpes et le Jura. Le combiné nordique a offert des moments magiques comme lors des Mondiaux de Val di Fiemme. J'ai demandé à Jérôme Laheurte de travailler avec cette petite population de passionnés pour les emmener vers un objectif, quitte à prendre beaucoup de temps pour le faire. Si nous comparons la France à l'Allemagne, l'Autriche et la Norvège, ce n'est pas une grande nation. D'où l'importance de cette mise en commun. Une fois la ligne directrice définie, il sera important que les acteurs s'y tiennent et n'en sortent pas à la première difficulté venue.

Avec la FFS, Fabien Saguez travaille pour que l'étape de coupe du monde au Grand-Bornand revienne tous les deux ans au calendrier de l'IBU.

On peut imaginer une coupe du monde en France en milieu urbain.

Nous n'aurons jamais un énorme volume de sauteurs en France, mais à nous de faire en sorte qu'ils se sentent bien dans le système et croient en leur chance de jouer à haut niveau. La Clusaz a décliné l'organisation de la coupe du monde de ski de fond. Pour la FFS, quel est l'impact de cette décision ? C'est un choix qui leur appartient, après avoir organisé leur coupe du monde de manière admirable avec beaucoup de spectacteurs, de chaleur, de convivialité, comme à Chaux-Neuve d'ailleurs. La décision stratégique de La Clusaz suscite une réflexion sur l'accueil d'une coupe du monde de ski de fond en France. Aujourd'hui, aucun projet n'est abouti. On peut imaginer différents formats de course, comme en milieu urbain par exemple. D'autres pays, y compris en Scandinavie, organisent des sprints en ville. C'est peut-être une partie de la solution parce qu'en France, nous n'avons pas de stade pour accueillir, à part Prémanon peut-être, une coupe du monde de distance. Posons-nous des questions nouvelles, réfléchissons sur l'évolution des formats et du calendrier de la FIS... qui se retrouve en face d'un monstre d'organisation qui s'appelle l'IBU ! La réussite du biathlon interpelle forcément la Fédération internationale de ski. Dans quelques mois, nous serons en capacité de lui faire des propositions.

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Du côté du biathlon, Annecy / Le Grand-Bornand sera de retour au calendrier en décembre 2019. Que manque-t-il à l'étape française pour intégrer régulièrement le calendrier de l'IBU ? Une grande partie de l'effort a été faite pour aller vers une présence du Grand-Bornand au calendrier tous les deux ans ; on est en passe de l'obtenir de l'IBU. Le stade Sylvie-Becaert est novateur : nous sommes sur un site temporaire et amovible, au cœur d'un village. C'est unique ! On offre le spectacle du biathlon au cœur d'une zone urbanisée. Rares sont les courses de nordique où on a autant de monde au bord de la piste, une affluence énorme dès les échauffements et une ambiance un peu “chaudron” qu'ont aussi saluées les athlètes internationaux. En poste en tant que DTN (directeur technique national) depuis 2006, vous attaquez donc une quatrième olympiade. Quel est votre moteur profond pour mener à bien cette mission ? L'humain ! Sans sortir une formule toute faite, c'est vraiment l'humain qui m'anime. Je me suis toujours positionné au centre du dispositif, au centre de la communication avec tous les interlocuteurs de la fédération, c'est ce qui m'intéresse. Mon moteur est là. Si un(e) athlète en fin de carrière prend conscience qu'il (elle) a été bien accompagné(e) dans sa vie de sportif(ve) et d'homme (de femme), alors j'en serai heureux. n

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Credit photo : Agence Zoom

SOMFY TEAM Un attrait pour la performance

Somfy, partenaire de Martin Fourcade depuis 10 ans nordic

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Les trois vies

Adrien Backscheider d'

Né à Metz, le skieur de fond Adrien Backscheider est aussi Lorrain que Vosgien et Jurassien. Il affiche un parcours atypique qui l'a mené jusqu'à la médaille olympique à Pyeongchang.

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Tel un marin qui a écumé les océans du monde entier en composant parfois avec les vents mauvais, du grain ou des courants porteurs, Adrien Backscheider a mené sa barque de fondeur comme un grand depuis son enfance à Metz, loin des habituels terrains de jeux nordiques. Aujourd'hui détenteur d'une belle collection de médailles (bronze olympique et mondial en relais, or et bronze en individuel aux Mondiaux des U23), « Back », c'est avant tout un parcours entre trois ports d'attache : Metz, Gérardmer, dans les Vosges, et Prémanon, dans le Jura. Tout commence il y a vingt-six ans, en Lorraine, dans une famille qui aime le sport de plein air. Et qui s'agrandit très vite : quatre enfants viennent égayer le couple Backscheider en... trente-cinq mois. Une grande sœur, une sœur jumelle et une petite sœur entourent le jeune bambin très vite accro à l'activité physique. C'est à Lanslebourg qu'Adrien chausse d'abord les skis alpins. Et enquille les étoiles ESF au fil des périodes de vacances que la famille messine passe, ensuite, dans le Jura. Deux périodes, à Noël et en février, où le papa peaufine sa préparation pour La Transjurassienne. Vingt-sept participations au compteur ! À huit ans, le ski de fond arrive dans la vie du fiston. Sa capacité d'adaptation étonne déjà : « Depuis tout jeune,

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Adrien était à l'aise dans toutes les disciplines qu'il touchait : l'escalade, le kayak, sa grande passion, et également le ski. En fait, il a toujours eu le bon geste en sport. Il passait les bosses avec beaucoup de style », se souvient Odile, la maman.

SAGESSE « C'était clairement un gamin doué pour le ski de façon presque innée. On apprenait un pas, il le reproduisait et le maîtrisait parfaitement dans les dix minutes qui suivaient, raconte Sébastien Begrand, alors encadrant de ski de fond au Village Vacances et sur les pistes de la Darbella. Cet enfant avait déjà de la sagesse, il ne sait pas ce qu'est la frime. » Sentant clairement un potentiel pour la compétition, ce passionné de ski embarque « Back » dans la Transjeune. Arrivé de Metz le mardi après-midi, il récupère de « supers skis préparés par Serge Bussod de Prémanon Sports », fait un petit repérage avant la course du lendemain, avant de signer un top 10 au milieu des jeunes cadors du Jura. « Il avait des étoiles plein les yeux », note Begrand. Le virus de la compétition en ski de fond ne quittera plus 

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2018 a comblé Adrien Backscheider : un mariage, un bébé, une médaille olympique, un titre de champion de France, une réception 57 avec à l'Élysée le président Macron...


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« On a toujours besoin de notre Backscheider pour finir une course », salue son entraîneur François Faivre.

••• Adrien Backscheider qui rejoint, à quinze ans, le pôle espoir du lycée La Haie Griselle à Gérardmer... situé à deux heures de chez lui ! Il y rencontre deux hommes qui compteront énormément dans son parcours : le futur entraîneur de l'équipe de France, François Faivre, et le professeur de mathématiques Dominique Gegout. Pour éviter au jeune fondeur de longs allers-retours jusqu'à Metz durant l'hiver, ce dernier devient, avec sa compagne et ses enfants, une véritable famille d'accueil pour Adrien. Et lui offre un cadre exceptionnel pour la pratique de son sport, au cœur des Hautes-Vosges. « Il s'est fondu dans la famille, précise M. Gegout. On a gardé des liens filiaux avec lui, on fait partie maintenant des papis-mamies de son fils. Adrien a toujours parfaitement anticipé les compétitions, il était très autonome, très pragmatique, responsable de la gestion de son parcours sportif. Quelqu'un de généreux et respec

Adrien est généreux, respectueux des autres, même s'il est parfois un peu bouillant. Dominique Gegout, famille d'accueil d'Adrien Backscheider 58

“BACK” VU PAR SES FRANGINES Il aurait pu devenir biathlète, si l'on en croit cette anecdote relayée par les sœurs d'Adrien Backscheider : « Petit, il testait sa carabine à air comprimé dans le dos de sa petite sœur et laissait sa sœur jumelle se dénoncer et être punie pour une bêtise que, lui, avait faite », témoignent les frangines de concert. Avec Alice, l'aînée, la jumelle Marie et sa cadette Émilie, Adrien a grandi entouré de filles. Qu'il affrontait joyeusement sur les parcours du combattant élaborés dans le jardin des grands-parents maternels ou sur la fameuse escalade du Pickberg « droit dans la pente, les mains dans la boue » ! Adrien est parti en pension à l'âge de quinze ans, assez loin de Metz où vivent encore deux de ses sœurs et ses parents, « mais il a su créer autour de lui une grande famille, à Gérardmer et aux Rousses, de laquelle il tire beaucoup de force. Adrien sait qu'il peut compter indéfectiblement sur nous », ajoutent celles qui viennent parfois prêter main-forte au frangin pour la rénovation de sa maison aux Rousses. À condition de suivre à la lettre les consignes du chef de chantier : « Adrien est travailleur et exigeant, avec lui-même, mais aussi avec les autres, et particulièrement ceux qui l’aident dans sa maison. C’est un stratège, il est très malin et culotté. Il est un excellent négociateur, n’a pas peur de tenter des choses et ceci s’avère souvent très payant. Il est créatif, bricoleur et appliqué et n’a aucun mal à s’occuper à côté du ski. » L'un des rêves de la fratrie très sportive (course d'orientation, trail et kayak) serait de participer ensemble à La Transjurassienne.

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Adrien Backscheider ne fait pas partie du top 10 mondial, mais à chaque grande échéance, il a su répondre présent... et mener la France jusqu'à la médaille.


ADRIEN EST UN STRATÈGE, IL EST TRÈS MALIN ET CULOTTÉ.

Les sœurs d'Adrien Backscheider

tueux des autres, même s'il est parfois un peu bouillant. » « Il s'est construit en traçant sa route, en trouvant son propre chemin vers le haut niveau », salue pour sa part François Faivre qui l'a accompagné de Gérardmer jusqu'à la médaille olympique à Pyeongchang !

PARCOURS ÉTONNANT Pourtant, la réussite d'Adrien Backscheider n'a pas tenu à grandchose : « Je suis passé ric-rac en sport-études et je pense qu'avec les critères de sélection actuels, mon parcours ne se verrait plus aujourd'hui », témoigne l'intéressé, conscient de son itinéraire atypique. « Dès que je l'ai rencontré, j'ai tout de suite vu qu'il avait un tempérament de champion, qu'il ne lâchait rien, sourit Adrien Mougel, skieur du team Jobstation-Rossignol et témoin de mariage d'Adrien avec Manon Contin cet été. Son parcours amenait un vent de nouveauté dans le nordique : c'est un gars venu de la ville qui voit le ski d'une autre manière, qui n'est pas issu de ce microcosme. Il a énormément de talent pour avoir réalisé ce qu'il a fait. » Le fondeur originaire de La Bresse n'est pas le seul à saluer le parcours de son ami qui s'est ensuite rapproché du Pôle France, dans le Jura. « Adrien a toujours su faire les choix pour l'amener vers le haut niveau. Même s'il ne fait pas partie du top 10 mondial, à chaque fois que ça a été l'heure de devoir délivrer une médaille par équipes, il a répondu présent, à Falun comme à Pyeongchang. Il est un exemple probant de détermination, de choix assuré et assumé très tôt de vouloir intégrer l'équipe de France et jouer sur la coupe du monde », félicite le directeur technique national, Fabien Saguez. « On a toujours besoin de notre Backscheider pour terminer un relais », appuie en souriant, François Faivre, qui met toutefois son poulain en garde : « Adrien est une forte personnalité, mais il se met trop de pression à vouloir tout bien faire ; il est perfectionniste à outrance jusqu'à en oublier la décontraction nécessaire pour ne pas être tout le temps sur la brèche. » L'intéressé préfère en philosopher : « Je pense que quand quelque chose t'est destiné, tout conduit à la réussite malgré les obstacles, à condition de travailler vers cet objectif. » De ses premiers Jeux olympiques à Sochi en 2014, le jeune homme est revenu avec la promesse « de revenir plus fort pour jouer la médaille »

Crédits photos : © Michel Laurent - © © agence Zoom - Grenoble

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en Corée du Sud quatre ans plus tard. 2018 était devenu son code Pin de téléphone, son obsession lors des entraînements solitaires sur les pistes des Rousses, de la Darbella, de la forêt du Massacre... Jusqu'à ce fameux podium olympique en relais, derrière la Norvège de Klaebo et la Russie de Spitsov ! Et les festivités qui ont suivi. Le jeune homme qui s'assume « patriote » garde un souvenir ému de son passage sous les ors de l'Élysée et sa rencontre avec le président Emmanuel Macron. Quant à la médaille de l'Ordre du Mérite, « j'ai eu du mal à l'accepter, dit-il. C'est notre métier d'être performant ; d'autres la méritent bien davantage que nous sur les terrains de guerre. » À vingt-six ans, il se dégage déjà une grande maturité du solide gaillard qui a « d'autres intérêts que le ski dans la vie. C'est une de ses forces », note Éric Claudon de La Bresse. Amoureux de jardinage, un héritage de son papi de Redange, Adrien rénove une maison aux Rousses qu'il partage avec sa femme et son petit Émile, six mois. Et là aussi, il y met une énergie débordante. « J'ai horreur de perdre mon temps, la vie est riche, alors j'essaye d'investir chaque minute, de rentabiliser chaque moment et de profiter des miens dès que possible. » Les préceptes d'une vie simple, sage et heureuse finalement. n

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Suite au souhait de Franck Badiou de se mettre en retrait, Patrick Favre a pris en main la destinée des bleus au printemps.

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PATRICK FAVRE Un héros très discret Ancien biathlète médaillé mondial puis entraîneur à succès de l'équipe italienne durant sept ans, Patrick Favre a été choisi par la FFS pour prendre en main le tir des bleus.

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En cette fin août, alors que le stage de l'équipe de France de biathlon au grand complet bat son plein, la pluie s'invite au Centre national de ski nordique de Prémanon (39). Sous une tente, une table, des crosses, des canons, des détentes et, au bout du tournevis, Franck Badiou et Patrick Favre qui s'affairent en silence. Durant l'automne, le premier, responsable du tir chez les tricolores, laissera progressivement les clés au second, dont l'itinéraire débute à Bionaz, petit village agricole du Val d'Aoste. Sa maman y enseigne à l'école maternelle. Son père, lui, travaille dans la télécommunication. Une vie simple et heureuse à 1 600 mètres d'altitude, dans un écrin de montagne, à quelques encablures de la frontière italo-suisse, dominé par la Dent d'Hérens (4 171 m d'altitude). Inscrit au ski-club local, le jeune garçon veut suivre les pas de deux de ses oncles : Elvio Venturini, vainqueur de la Mezzalama, course de skialpinisme de renommée mondiale, et Giovanni Venturini, membre de l'équipe italienne de ski de fond. Il découvre ensuite le biathlon, sport

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dans lequel il va gravir un à un les échelons jusqu'à faire carrière. Ses premiers dossards en coupe du monde, le Valdôtain les revêt lors de la saison 1992/1993, en même temps qu'un certain Ole Einar Bjoerndalen, jeune Norvégien d'alors dix-huit ans qui n'a pas encore écrit l'histoire de sa discipline. Suivront pas moins de 181 départs, avec deux victoires et cinq podiums individuels à la clef. En point d'orgue, Patrick Favre devient vice-champion du monde de sprint à Kontiolahti, en 1999, deux ans après avoir acquis le bronze mondial avec le relais azzurri. Lors de la saison 1994/1995, il n'est pas loin de remporter le classement général de la coupe du monde et termine deuxième, derrière le Norvégien Jon Age Tyldum. Bref, une carrière riche et plutôt réussie que le Transalpin revit avec humilité : « J'aurais pu faire beaucoup mieux. Évidemment, avec le recul et l’expérience que j'ai aujourd'hui, j'aurais fait les choses différemment, surtout pour le tir ! » Très bon fondeur, le Bionassin n'a jamais été un tireur  63


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MANZONI/NORDICFOCUS

Patrick Favre et son frère Christian, à Pyeongchang, lors des Jeux olympiques.

••• d'exception, ce qui ne l'empêche pas aujourd'hui d'être à l'aise pour décrypter les erreurs qu'il faisait hier. Mais, comme le confirme son petit frère Christian, technicien pour la Fédération française de ski depuis plus de douze ans, « Patrick a été un exemple pour beaucoup de jeunes Italiens de l'époque ; ils ont été nombreux à vouloir suivre sa trace. Moi-même, je l'ai pris comme modèle, mais je n'ai pas connu la carrière qu'il a eue ! » En 2001, l'ancien militaire de l'école de Courmayeur a quitté les pistes et les pas de tir, pour monter un camping et un restaurant, chez lui, au milieu des siens, dans cette riante vallée de la Valpelline ceinturée de glaciers. Christian se souvient : « C'était vraiment son projet, même si c'est vite devenu une affaire familiale ». Une entreprise qui, aujourd'hui encore, lui tient à cœur lorsqu'il n'est pas en stage avec les biathlètes. Avec ses parents, sa sœur Nadine, Patrick Favre connaît une vie faite de repères et de traditions. Un véritable équilibre pour ce fan de jeux valdôtains comme la Rebatta [il s'agit de lancer le plus loin possible

C'est un vrai jackpot pour l'équipe de France !

Patrick Oberegger, entraîneur de tir de l'équipe de Norvège féminine 64

une balle à l'aide d'une batte en bois, N.D.L.R.] dont les compétitions enflamment le Val d'Aoste chaque été. Au milieu des mélèzes et des sapins qui entourent le lac Lexert, il profite d'un éden quatre saisons où le tourisme responsable s'enrichit des saveurs de la gastronomie locale. Un îlot de simplicité à l'image de l'ancien sportif. En 2010, la Fédération italienne de ski fait appel à lui pour qu'il prenne en main le tir de son équipe B de biathlon. Un an après, il monte sur la coupe du monde aux commandes d'un groupe féminin qui se cherche ; il accompagne la fin de carrière de Michela Ponza. Sous sa houlette, Dorothea Wierer, Lisa Vittozzi, Nicole Gontier, Federica Sanfilippo éclatent au grand jour ; le biathlon transalpin féminin retrouve des couleurs et découvre la joie des podiums : une première médaille mondiale (en bronze) en 2013 à Nove-Mesto pour le quatuor Wierer-Ponza-Gontier-Oberhofer, puis le premier podium en coupe du monde, en 2015, à Oslo.

DES SUCCÈS EN ITALIE Quelques mois plus tard, l'Italie signe la toute première victoire en relais féminin de son histoire, à Hochfilzen, au terme d'un sprint rageur de Dorothea Wierer face à l'Allemande Franziska Preuss. Patrick Favre est toujours derrière la jumelle. Au sortir des Jeux olympiques de Sochi, la FISI lui confie en plus l'équipe masculine. Le succès est également au rendez-vous, continuant à bâtir sa réputation d'entraîneur. L'épopée italienne dure cinq années ; elle se déroule aux côtés de Patrick Oberegger, l'autre grand artisan des victoires transalpines, parti ce printemps en Norvège. L'homme n'est pas avare de compliments quand il s'agit de son ancien acolyte : « Je ne peux que le remercier pour ces années passées. Patrick est quelqu'un avec un fort caractère,

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mais il reste très calme ! C'est un passionné, très attentif aux détails, avec qui j'ai tissé une véritable amitié » Voilà donc Patrick Favre dans un autre pays que le sien, prêt à relever un nouveau défi personnel. Le coach n'est toutefois pas complètement en terre étrangère, avec son frère Christian bien sûr, le garant de la bonne glisse des bleus, mais également avec cette langue de Molière apprise à l'école et qu'il maîtrise mieux qu'il ne veut bien le dire. Avec la France, les premiers contacts ont lieu après les JO de Pyeongchang. Le nom de Vincent Vittoz n'était pas encore associé au projet : « de toute façon, c'était nouveau pour moi, et puis dans ma carrière, j'ai souvent changé d'entraîneur physique, j'ai cette expérience. » L'ex-médaillé mondial cache sa fierté d'avoir été choisi sous un voile

de pudeur, mais admet tout de même que « c'est une vraie “gratitude” que les Français soient venus [le] chercher ». Surtout qu'il se sait arriver dans une nation phare de la discipline qui abrite en son sein la star mondiale Fourcade : « Le biathlon est bien plus structuré en France qu'en Italie, avec l'appui des établissements scolaires, les sites d'entraînement... À Prémanon il y a tout ce qu'il faut pour bien travailler, on peut tester nous-mêmes les carabines, sans dépendre de structures extérieures », observe-t-il. Au sujet de ce challenge relevé par son ancien collègue, Patrick Oberegger confie : « Nous en avons discuté bien sûr, d'autant plus que nous étions dans la même réflexion. Et même s'il n'est jamais facile de quitter une situation stable et une équipe qui a de bons résultats, ce défi est un nouveau pas en avant pour lui. Je suis sûr que c'est un vrai jackpot pour l'équipe de France ! ».

THOMAS BRAY POUR NORDIC MAGAZINE

BINÔME AVEC VITTOZ

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Patrick Favre et Franck Badiou, à Prémanon.

Les responsables fédéraux tricolores ont, de leur côté, voulu s'adjoindre les services d'un entraîneur expérimenté, apportant un souffle inédit dans le groupe. Ils ont recruté un homme simple et direct qui place le dialogue en valeur-étalon. « J'aime rentrer dans la tête des athlètes pour comprendre leurs qualités ou leurs difficultés. Je suis moins spécialiste que Franck sur les carabines, mais j'ai l’expérience du biathlon. Il faut parfois simplifier un peu les choses. La compétition fatigue, vous place à la limite de la concentration, il faut alors garder les points forts et les détails qui font la différence ». Devant les cibles, l'Italien est réputé pour avoir une idée directrice forte : concentrer son effort sur le lâcher . « Le moment où part la balle est prioritaire pour moi. À condition évidemment que les autres variables — l'installation, l'approche de la cible... — soient bien en place ! » « Le biathlon, c'est un seul sport, martèle l'Italien, même si l'on doit gérer deux disciplines. » L'aventure, Patrick Favre la partagera donc avec Vincent Vittoz qui a pris la succession de Stéphane Bouthiaux. L'ex-fondeur de La Clusaz, champion du monde en 2005, a fait ses gammes avec succès en tant qu'entraîneur du groupe U23 de ski d fond. Le binôme doit encore se construire : « Cela passe par beaucoup de dialogue et de temps passé ensemble », indique l'Italien. Début décembre, le duo passera au révélateur sous les projecteurs de la coupe du monde à Pokljuka. L'étape slovène marquera, pour les bleus, le début d'une nouvelle ère. n

¢ «BESOIN D'UN NOUVEAU CHALLENGE » « Quand la FFS a commencé à évoquer la possibilité pour moi de prendre en charge le groupe biathlon, la venue de Patrick Favre était déjà évoquée. Sans dire que cela a pesé. Sur un plan personnel,

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j'ai vécu 24 ans dans le même milieu (17 ans en compétition, sept ans comme coach), j'avais besoin de renouveau. Je voulais voir des choses différentes. »

¢ « BINOME À CONSTRUIRE » « Patrick Favre a beaucoup de crédibilité grâce à ce qu'il a mis en place en Italie. Il fait des choix très affirmés, mais il sait très bien contrôler ses émotions. Il cherche toujours à construire par le dialogue. Dans un premier temps, b

Vincent Vittoz, le nouvel entraîneur de l'équipe de France, qui a pris la succession de Stéphane Bouthiaux, évoque ses débuts avec les biathlètes, sa relation avec Patrick Favre...

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Vincent Vittoz succède à Stéphane Bouthiaux j'ai pu faire quelques erreurs parce que je n'avais sans doute pas bien appréhendé ses besoins au niveau de l'entraînement du tir. On doit vraiment être en phase. » ¢ « CARTE BLANCHE » « Je ne crois pas qu'il était usé, mais il a senti que les athlètes avaient besoin d'un nouveau discours. Stéphane me laisse vraiment carte blanche, il ne cherche pas à intervenir dans ce que je mets en place. Je me sens complètement libre par rapport à lui, il cherche simplement à nous faciliter les choses. Je lui dois tout mon respect. » 65


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Jonathan Learoyd va avoir dix-huit ans. L'hiver dernier, il a côtoyé le gratin du saut à ski mondial.


JONATHAN LEAROYD s'écrit dans le ciel Après le départ en retraite de Vincent Descombes-Sevoie, c'est maintenant sur lui, le jeune sauteur de Courchevel, que se portent les espoirs de l'équipe de France de saut à ski.

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Oberstdorf, commune allemande située à 843 mètres d’altitude, est autant prisée des écologistes pour sa centrale solaire, la plus grande de Bavière, que des sauteurs à ski pour ses fameux tremplins de Schattenberg, de 90 et 120 mètres. C'est dans cette ville-hôte des championnats du monde de ski nordique de 1987 et de 2005 que, depuis 1953, se déroule, chaque année, autour du Nouvel An, la première étape de la Tournée des quatre tremplins. Une cinquantaine de sauteurs se réunissent pour des face-à-face prisés des milliers de spectateurs présents : contrairement aux concours traditionnels où les trente premiers peuvent concourir, ici, on procède par duels. Le premier contre le 50e des qualifications, le 2e contre le 49e, etc. L’année passée, Jonathan Learoyd a créé la surprise en se classant 19e

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lors de la première manche, puis 29e au final. On savait l'adolescent très doué. Mais de là à entrer si vite dans la cour des grands ! Ses bons résultats — citons aussi sa victoire en coupe continentale, à Engelberg, le 27 décembre — le propulsèrent aux Jeux olympiques de Pyeongchang, aux côtés de Vincent Descombes-Sevoie, deux fois son aîné (34 ans) et recordman de France du saut à ski depuis 2016. Ce dernier ayant pris sa retraite à la fin de l'hiver, le Franco-britannique s'est naturellement retrouvé catapulté leader du saut à ski en France. À dix-sept ans seulement, bientôt dix-huit ! « Je peux vous rappeler après la douche ? » Il est environ 20 heures, une journée d'entraînement touche à sa fin. Jonathan Learoyd est en stage d’été dans le Jura et son emploi du temps est rythmé  67


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Jonathan Learoyd dans le ciel d'Oslo, en mars 2018. L'hiver dernier, grâce à ses résultats, le Français est devenu chef de file de l'équipe de France. À 17 ans.

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Je suis un voleur

comme du papier à musique : sauts le matin, préparation physique l'aprèsmidi. Malgré tout, son énergie semble intacte. « Dès que j’ai su marcher, j’ai fait du ski », commence-t-il, quand on l'interroge sur son parcours. Né le 3 novembre 2000 à Albertville, il est donc tombé dans le nordique comme Obélix dans la marmite de potion magique. « J’ai intégré le club de Courchevel à l'âge de six ans ». Son père est originaire du comté de Surrey, dans le Sud de Londres, et sa mère de celui de Norfolk. « En 1995, ils sont venus en France pour une saison de ski et ils ont tellement aimé le coin qu’ils s'y sont installé quelques années plus tard », raconte leur fils. Les parents, qui ont monté un business de tour Operator, avec des chalets de luxe à côté de la piste, résident désormais dans un petit village où ils sont les seuls Anglais. Mais ils se sentent très bien intégrés. L'athlète a un petit frère, Louis, âgé de onze ans, qui pratique, comme son aîné, la discipline. « En Angleterre, la famille est fière de moi, même si le saut à ski ne veut rien dire pour eux, car ils n’ont aucun

L'Angleterre est un pays aussi plat que la Belgique chantée par Jacques Brel. On y fait du vélo ou du patinage, mais pas du tout de saut à ski, si bien que l'on peut se demander ce qui a attiré Jonathan Learoyd dans cet univers si particulier. Installé à Courchevel, le jeune homme découvre ce sport au sein du club de ski. « J’ai immédiatement accroché. » En fait, il aime voler. « J’ai essayé le parapente et, bien qu’il y ait certaines similitudes avec le saut à ski, la vitesse est moindre et le support fait obstacle à la sensation de liberté. À mes yeux, le saut à ski est ce qui se rapproche le plus, pour l’être humain, du vol sans support. Quand on saute, on a littéralement la sensation de planer. » Ceux que l'écrivain Antoine Blondin [Un singe en hiver, N.D.L.R.] appelait « les hirondelles au garde-à-vous » utilisent l'air créé par l’impulsion, passant sous les skis et sur le corps, pour guider leur vol. « Bien sûr, il faut aussi tenir compte du vent extérieur. Le vent de face facilite le vol, car on a de la pression sous les skis, alors que celui de dos rend la tâche plus difficile ». Le saut à ski se compose de trois phases - la prise d’élan, l’impulsion et le vol – et c'est la dernière partie que Jonathan Learoyd préfère. « Il faut prendre un maximum de vitesse, le démarrage consiste à conserver son allure et à se donner de l’élévation. Moi, je suis plutôt un voleur. Tant mieux, car c’est tout de même le plus important dans ce sport ». Il s’entraîne avec une machine de vol et des canons à neige, ou bien au sol, porté par le coach. « Mais cela reste assez instinctif ».

En Angleterre, la famille est fière de moi. Jonathan Learoyd

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pratiquant et les sports d’hiver commencent seulement à se développer [lire Nordic Magazine n° 18]. Mes parents n'y connaissent rien non plus. C'est pourquoi ils me conseillent de toujours bien écouter l'entraîneur ». Actuellement, Nicolas Bal.

SPORTIF POLYGLOTTE Ils n'en sont pas moins admiratifs. D’autant que Jonathan Learoyd excelle aussi bien en saut à ski qu’à l’école. « Petit, il adorait jouer aux Lego. Il suivait les instructions avec une stupéfiante minutie », dit son papa Chris. Et d'ajouter : « Aujourd’hui, il parle de devenir architecte. Il en a les capacités. » À la maison, le sportif baigne dans deux cultures. Lors de la dernière coupe du monde de football, son cœur est allé d'une rive de la Manche à l'autre. Si la finale avait opposé ses deux nations de cœur, assure-t-il, il aurait soutenu les tricolores... sans la moindre hésitation. « Il aime aller en Angleterre, mais le plus souvent, c'est la famille qui vient nous voir, pour regarder et soutenir Jonathan ou son frère lors des compétitions », indique Chris Learoyd. Ses coéquipiers, eux, s'amusent à voir que, sur le tremplin, le British s'en sort mieux quand la météo est maussade. À force de côtoyer le mauvais temps... Jonathan Learoyd a toujours eu une facilité pour apprendre les langues et, lors des compétitions internationales, il joue parfois les interprètes. Actuellement, il apprend le russe. « Déjà à la crèche, il parlait anglais et français, précise sa mère. Je me souviens du jour où l'institutrice est venue me voir pour me dire : “Ne pensez-vous pas que l'espagnol, ça ne soit un peu trop ?”. Je suis tombée des nues. » Et l'enseignante de lui apprendre que son garçon en avait commencé l'apprentissage tout seul. En fait, il regardait l'émission Dora l'exploratrice où, dans la version anglaise, la petite fille parle la langue de Cervantès ! Une seule fois, il a montré quelques faiblesses en cours. C'était en sixième. « À la fin du premier trimestre, il avait trois croix d’avertissement. Son coach a demandé à Jonathan de faire un stage, mais l’école a refusé car il avait eu un trop mauvais comportement. Cela lui a servi de leçon. » Autre trait de sa personnalité — il est vrai partagé par beaucoup de champions —, il déteste perdre. « Il a un fort caractère, un peu comme tout le reste du groupe, mais de manière différente, confirme Paul Brasme, son coéquipier du groupe B. Il ne lâche jamais rien, même si ça ne va pas fort pour telle ou telle raison. Une fois sur la barre d'élan, c'est un autre bonhomme. » « C'est un jeune motivé, il a de grandes ambitions », confirme Nicolas Bal, soucieux que son protégé ne se brûle pas les ailes par excès d'impatience : « Le chemin est encore long », dit-il. Sans parler qu'à son âge, on continue de changer. Physiquement et dans sa tête.

est encore plus important ». Sans parler de l'expérience qui grandit. Son meilleur souvenir remonte d'ailleurs aux JO de Pyeongchang. « À la base, je n’étais pas censé y aller. Qualifié de dernière minute, je m'y suis rendu sans me poser de questions. À 17 ans, je ne prétendais pas faire une médaille, il s’agissait d’apprendre. J’ai fini 27e — une de mes meilleures performances de la saison — et 42e. » Il se souvient aussi d'un saut pendant l’hiver, en Norvège. C'était le 11 mars dernier. « J’étais 7e au terme de la première manche, entouré des meilleurs du monde, quelque chose d’incroyable car, en début d’hiver, je regardais la coupe du monde à la télé ». Ce jour-là, derrière le roi de la discipline, le Polonais Kamil Stoch, il a devancé les Daniel-André Tande, Richard Freitag et autres Gregor Schlierenzauer. « Confiant et puissant », dit de lui son camarade Thomas Roch Dupland, autre sauteur tricolore. Plus petit, c'est Thomas Morgenstern, un autre Autrichien, que le Savoyard admirait. Il le suivait à chacune de ses compétitions, ébloui par son talent et sa gentillesse. « Maintenant, je n'ai plus vraiment d'idoles car je suis en concurrence avec eux. Bien sûr, je les admire et les respecte », précise-t-il. Cet été, Jonathan Learoyd a établi un nouveau record à Oberstdorf : 140 mètres. Il vise désormais les Jeux olympiques de Pékin, en 2022. Et aimerait être plus régulier en compétition. « Il doit confirmer ses intentions », conseille son entraîneur. « Pour le moment, c’est rare que je produise mes meilleurs sauts en compétition. Je n’ai jamais trop de stress et je ne fais pas de mauvaises prestations, mais jamais non plus de super sauts. J'espère que cela s'améliorera. » On le lui souhaite ! n

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AU MILIEU DE SES IDOLES En France, le saut à ski reste une discipline discrète. « Il y a peu de Martin Fourcade de la discipline », explique Jonathan Learoyd. « Le club de Courchevel [qui profite des tremplins du Praz, N.D.L.R.] aimerait attirer davantage les jeunes Français, en prenant exemple sur l'Allemagne, l'Autriche ou la Norvège où le saut à ski se situe dans le top 3 des sports. Là-bas, ils ont plus de coachs, plus d’infrastructures et plus de budgets pour les stages ». Malgré tout, le sauteur se montre optimiste. « Chez nous, on doit faire avec ce que l’on a. Je me suis prouvé cet hiver que je n’ai pas forcément besoin de plus, en faisant une performance dans le top 10 mondial. » Une façon de croire que, comme pour le ski de fond, le plafond de verre n'existe pas. « Plus que le budget, le travail que l’on fournit

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Clément Arnault

Le temps des certitudes Ancien biathlète, l'Autranais, membre de l'équipe de France de ski de fond, ne cesse de progresser. Tous les feux sont au vert pour que, cet hiver, ce redoutable sprinteur prenne place sur le « devant de la scène ».

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« J’ai appris à skier en même temps qu’à marcher. » Rien d’étonnant à cela, avec un père moniteur de ski dans le Vercors. Clément Arnault doit beaucoup à ce sport qu’il pratique aujourd’hui au sein de l’équipe de France, aux côtés de Lucas Chanavat, Richard Jouve, Baptiste Gros et Renaud Jay. Déjà, sans lui, il ne serait pas là. Une maman, Isabelle, qui vient en vacances à Autrans (38), de sa Champagne-Ardenne natale, et qui est séduite par un gars du coin, cela donne une histoire d’amour. De son union avec Jean-Michel, paysagiste aux beaux jours, va naître une belle famille, riche de trois enfants. Le jeune homme doit aussi au ski de l’avoir aidé à grandir. Mieux, à s’aimer. Retour en arrière. À l’école, Clément Arnault ne trouve pas sa place. Le gamin est hyperactif. Impossible pour lui de rester en place. Il gigote sans cesse. « Je n’arrêtais jamais », lâche-t-il dans l’appartement où il vient d’emménager avec son amie, Julie. « Il ne rentrait pas dans le moule », se souvient sa mère, qui se re-

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trouve désemparée face à un système qui ne lui tend pas forécement la main. Que faire de ce fils pour canaliser son trop-plein d’énergie ? s’interroge-t-elle avec son mari. En plus du football, du tennis… et des sports d’hiver, ils l’inscrivent au judo. Un grand classique. Mais ce que le garçon aime, c’est être dehors. « Dans la nature », comme il dit. Et le voilà à sauter sur la bosse à Milou (pour Émile Salvi, figure locale qui a participé aux Jeux olympiques de 1968). Étienne Gouy, ancien entraîneur des combinés tricolores époque Jason Lamy Chappuis, et son frère sont là pour ses premières compétitions. Un accident au genou l’oblige néanmoins à atterrir.

LE BON COPAIN Au collège à la Chapelle-en-Vercors, il pratique dès lors le ski de fond et « un peu » de biathlon. Ce qu’il découvre à ce moment-là, c’est l'internat, la vie 

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Clément Arnault a grandi dans le Vercors. Quand il ne skie pas, il travaille comme paysagiste avec son père.


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24 h/24 avec les copains. Une révélation. Clément Arnault n’est pas un solitaire, a lonesome cow-boy ou ce garçon qui s'isole dans la cour de récréation. Il aime la compagnie des autres. Il s’en nourrit. « Je marche beaucoup à l’affectif », explique celui qui, dans la horde des Poneys (comme on nomme souvent les sprinteurs tricolores) auquel il appartient aujourd’hui, se sent à l’aise. « On parle beaucoup entre nous, on parle de la vie, de nos projets, on se construit », apprécie-t-il. L'amitié qui résiste à la loi féroce de la compétition. « Il a besoin de son équipe », observe la maman. Julie, à qui il dira « oui » au prochain été parle d’« empathie ». « Clem, c’est le mec ultra-gentil qui te rendra toujours service comme il le peut quand tu en as besoin », confirme Robin Duvillard, médaillé olympique à Sochi et futur témoin du mariage. « Il a besoin de se sentir entouré », assure Cyril Burdet, son entraîneur actuel. « Il est toujours très concerné par les gens qu’il aime », abonde à son tour Bastien Moretti, ami d’enfance. Clément Arnault débute le biathlon en classe de troisième, sous la houlette de Thierry Dusserre. Il appartient à ce que l’on a appelé la « génération 90 ». En ski de fond, il rivalise avec les meilleurs. Au tir, c’est une autre histoire. « Je m’éparpillais complètement », explique-t-il. Manque de concentration d’un adolescent qui n’a pas encore réussi à se poser, à trouver la paix, ne serait-ce qu’un moment, devant ses cinq cibles à blanchir ? « Il savait tirer, tranche Bastien Moretti, qui était alors son entraîneur. Le problème, c’était sa gestion de la compétition, de ses émotions. Le résultat comptait beaucoup pour lui. » Entendez, beaucoup trop. « Il se mettait trop de pression », acquiesce Isabelle Arnault. De quoi lui fermer la porte de l’IBU Cup (coupe du monde B).

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L'obstacle est trop haut pour qu'il puisse le franchir, sans se décourager. « Mais il a toujours été persévérant et su rebondir », rétorque sa sœur Lucie. D'ailleurs, le même hiver, le ski de fond lui tend les bras. Il hésite : « Je ne voulais pas voir la vérité en face. Je ne savais pas ce que j’allais trouver après. »

DU BIATHLON AU SKI DE FOND Surtout, Clément Arnault ne veut pas décevoir ses parents, « à qui [il doit] ce qu’il a réussi à faire. » Ses parents qui lui avaient acheté cette carabine dont on lui conseille maintenant de se séparer. « Je ne voudrais pas qu’il se sente redevable », confie sa maman. Que son fils soit athlète de haut niveau est pourtant une « histoire familiale » : « C’est à la fois bien, et en même temps pesant pour Clément. Il persévère pour qu’un jour il puisse nous dire : “j’y suis arrivé” ». Ce n'est pas la confiance qui manque à son fils. Il a forgé en lui la certitude qu’il fait ce pourquoi il a été programmé : « C'est ancré dans mes gènes, dans mon ADN. C'est une drogue, c'est énormément de plaisir aussi. » Mais il a l’irrémédiable besoin de retrouver cette assurance dans le regard des autres. Comme le reflet dans un miroir. Notamment

Clément a toujours été persévérant et su rebondir. Lucie Arnault, sœur de Clément.

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VANESSA ANDRIEUX/ROSSIGNOL

Depuis trois hivers, Clément Arnault ne cesse de progresser, constate Cyril Burdet, son entraîneur.


dans les yeux de son père, dont il est si proche. « Clément a besoin de son papa », observe l’épouse de celui-ci. Jusqu'à la retraite de ce dernier, à la fin de l'année, ils travaillent d'ailleurs ensemble grâce à un contrat d'insertion professionnelle. « Ils sont très connectés, c’est une relation très forte », dit à son tour Bastien Moretti. Comme peut l’être aussi le lien qui l’unit à sa sœur et à son petit frère Valentin. Celui qui admirait Tor Arne Hetland, qu’il a pu encourager lors des Jeux olympiques de Turin et aux côtés de qui il a eu la chance de skier pendant une Engadine, en Suisse, ne va pas attendre longtemps pour savoir à quelle sauce il va être mangé, ou pas. Un petit tour en coupe de France de ski de fond et le voilà, en février 2015, à disputer une OPA (Alpen Cup) à Campra. Vincent Vittoz et Olivier Michaud, qui s’occupent de la relève tricolore, l’ont repéré. Leur poulain partage sa chambre avec Alexandre Pouyé, termine premier de la qualification, devant Renaud Jay, appelle son « grand frère », Cyril Gaillard, en quête de conseils, avant les finales et quitte la piste en quarts. Pour sa première coupe du monde, à Lahti, en Finlande, il sera « un peu malade » et « déçu ». De toute façon, les pépins de santé émaillent sa carrière. Tant et si bien, note Cyril Burdet, qu’il a appris à se remettre en selle très vite. La suite est faite de plein de signaux positifs. Même très positifs si on analyse son palmarès.

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Clément Arnault en coupe du monde, à Seefeld (Autriche), en janvier dernier.

« Depuis trois ans, il ne fait que progresser, déclare son coach. Chaque hiver, il a franchi des paliers. Il fait, avec un peu de retard ce que l’on attend d’un athlète en coupe du monde ». « C’est un gars qui, parfois, peut manquer de confiance en lui et ça lui coûte quelques petits riens du tout qui font passer de la performance moyenne à la grosse performance, surtout en sprint. Mais il a bien rectifié le tir niveau préparation mentale et les résultats se sont vus l’an passé », analyse Robin Duvillard. Allusion notamment au travail mené avec un coach mental. Cyril Burdet a aussi corrigé son athlète, discutant avec lui de la meilleure façon dont il pouvait « se nourrir des situations de stress. » Il lui a également demandé de se poser — enfin — entre les séances. « C’est un perfectionniste, il va au bout des choses », assure-t-on dans sa famille. « Son pire adversaire, souvent, c’est lui-même », résume l’entraîneur. La prochaine saison pourrait être bien différente des précédentes, car Clément Arnault a maintenant des certitudes. Il est arrivé à maturité physique. Il se sait polyvalent, ce qui est assez rare dans son sport. « Il a réussi à performer très rapidement en classique, ce qui est impressionnant », souligne Robin Duvillard. « Il est incroyablement complet », conclut Cyril Burdet qui lui pronostique une « année charnière » : « J’attends qu’il soit sur le devant de la scène ». « Je regarde au jour le jour », leur répond le besogneux et consciencieux Clément Arnault. « La jauge de motivation est remplie à bloc. J’ai envie d’aller plus loin », ajoute-t-il, avec un grand sourire. « Il est solaire, joyeux dans la vie de tous les jours. Ce que je lui souhaite, c’est qu’il se réalise, pour qu’il n’ait pas de regret après », décrit la femme à qui il dira « oui » dans quelques mois. Clément Arnault peut donc être rassuré. D’ores et déjà, ceux qui l’aiment débordent de fierté et d’affection au regard du chemin que l’Autranais a déjà parcouru. Ce qu’il réussira (ou pas) demain, n’y changera rien. n

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UNE ANNÉE CHARNIÈRE


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Les voyages d'Iris Pessey

Pour vous, Australie ne rime certainement pas avec ski. Pourtant, cette saison, nous avons eu jusqu'à 217 cm sur les pistes. Vous êtes excusé. Ici, de toute façon, c'est l'inverse de chez nous : on roule à gauche, on skie en août. Quand on descend au sud, il fait froid ; quand on monte au nord, il fait chaud. Au début, j'appréhendais un peu cet hiver australien, car j'avais entendu dire que les chutes de neige étaient rares et la saison très courte. Fake news ! Après trois mois et demi de travail intense dans de parfaites conditions d'enneigement (de fin juin à mi-septembre), j'étais tellement comblée que je n'ai pas hésité à signer pour une seconde année. C'est dire... L'avantage de l'Australie, si je veux être honnête, c'est qu'il ne fait pas froid partout, mais seulement sur les sommets. Ce qui rend mes enchaînements d'hiver un peu plus supportables. La semaine dernière, par exemple, j'ai pu coacher mes juniors toute la semaine sur les skis, et me changer les idées en surfant sur l'océan le week-end. Dur dur, la vie d'Aussie ! Dans la station où je travaille principalement, nommée Falls Creek (autrement dit, la Crique des chutes, bien que nous soyons sur le sommet de la montagne), 70 km de pistes sont damés au travers du parc national alpin. C'est sur ce profil vallonné que se déroule l'évènement aoûtien favori des fondeurs locaux : La Kangaroo Hoppet.

Deuxième étape de la Worldloppet, cette course attire souvent de nombreux étrangers qui viennent skier durant leur préparation estivale. Savez-vous que la Kangaroo Hoppet est la seule course de la Worldloppet qui n'ait jamais été annulée ? Sinon, une des activités préférées des skieurs australiens est le camping sur neige et les treks de plusieurs jours au travers du massif enneigé. Ce n'est pas lors de ces périples qu'ils peuvent croiser mes madeleines de Proust. Laissez-moi vous raconter... Quand j'étais petite, je pleurais toutes les larmes de mon corps dans l'avion car je ne voulais pas aller à Ibiza mais « au pays des kangourous ». Ma pauvre maman avait honte que tous les regards se tournent vers moi. « Quand tu seras grande et que tu pourras payer ton billet d'avion », me répondait-elle. En tant que fille obstinée (bornée ?), c'est donc tout naturellement sur l'Australie que j'ai mis le cap une fois mes études aux États-Unis finies avec quelques dollars en poche. Après trois semaines sur le continent, je commençais littéralement à perdre patience. Je n'étais pas venue là pour rien ! Heureusement, un bel Australien me promit de m'amener voir les marsupiaux. Toute excitée, j'en ai parlé à tous mes collègues ; ils m'ont ri au nez, avouant qu'ils se moquaient

IRIS PESSEY

Au pays des kangourous

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Pour Iris, les kangourous, c'est un rêve d'enfant.

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IRIS PESSEY

Sur le plus haut sommet d'Australie.

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des touristes qui s'extasiaient devant tous ces Skippy. Le lendemain, il fut temps d'aller rencontrer mes animaux préférés. Un golf était notre destination. À peine avions-nous progressé de quelques mètres sur le green, que nous nous sommes retrouvés face à un immense troupeau : des mères avec les Joey dans la poche, des mâles plus gros que je n'aurais jamais imaginé et les petits qui se laissent même approcher. Ils avaient raison ces Australiens. Des kangourous, il y en a partout ! En fait, vivre en Australie, c'est déambuler dans les allées d'un zoo. Lors de mes sorties VTT ou course à pied, la forêt prend vie et il n'est pas rare de se trouver nez à nez avec quelques koalas, opossums, chevaux sauvages, perroquets, émeus, diables de Tasmanie... Je ne m'en lasse toujours pas et laisse exploser ma joie à chaque fois, ce qui n'échappe pas à mon chéri : « C'était bien en fait quand tu faisais la blasée à notre premier rendez-vous. ». Ce dont je me passerais bien, ce sont les serpents et autres araignées, ou alors les insectes de la taille de mon pouce qui se faufilent parfois sous mon oreiller. Heureusement, dans l'océan, je n'ai pas encore croisé ni requin, ni crocodile, mais seulement des pingouins et un dauphin… rose. Oui, rose ! Chez vous, c'est l'automne. Ici, le printemps se prépare, ce qui rime avec vacances quand on est coach. Après ? En route pour de nouvelles aventures. Je veux faire le tour de l'île… Ce qui signifie quand même 25 000 km de road trip prévus. Après un Noël sous le soleil, mes skis m'emmèneront sur un nouveau continent… Affaire à suivre dans le prochain épisode de Nordic Magazine. Catch' ya ! n

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Ski

me rend heureux La nouvelle application À télécharger gratuitement sur

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Terre nordique

Vivez

Noël

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Quelle destination pour les fêtes de fin d'année ? Nordic Magazine a sélectionné pour vous les meilleures adresses.

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SAVOIEMONTBLANC-GOUEDARD

en terre nordique

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Le Mont-Blanc, droit devant !

PRAZ DE LYS SOMMAND

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raz de Lys Sommand se trouve au cœur de la Haute-Savoie. À 1 500 m d'altitude, c'est la station aux deux versants. Une montagne d'activités, pour se dépenser sans compter, un agenda bien rempli et des promos en veux-tu en voilà. Et quand vous saurez qu'elle fait face au Mont-Blanc, vous vous demanderez pourquoi vous n'êtes pas venu avant... Tout est prévu pour vous ! 60 km de pistes de ski nordique vous feront voyager d'alpages en forêts. Des initiations au biathlon et des sorties en ski de randonnée, pour varier les plaisirs. Cet hiver, vous avez carte blanche, à pied ou en raquettes, sur 30 km de voies blanches, balisées et libres d'accès. 23 remontées mécaniques, 55 km de pistes, 2 secteurs débutants, 1 snowpark et 1 boarder cross, le tout parfaitement exposé, avec vue à 360° sur les Alpes et le Jura... À votre rythme pendant une marche nordique ou au pas de course le temps d'un trail sur neige, en chiens de traîneau le temps d'un baptême, en Fat Scoot, en Fat Bike ou en Wingjump...

Deux semaines féeriques

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Dans un univers blanc et illuminé, seront proposés un atelier de fabrication de décorations de Noël en éléments recyclés, un concours de Père Noël de neige, des balades contées, un atelier de fabrication de pain d’épices... Le soir de Noël, tout le monde pourra se réunir autour du sapin, au centre du village, et chacun pourra poser sa décoration personnelle. Praz de Lys Sommand Tourisme Taninges Mieussy +33(0)4 50 34 25 05 www.prazdelys-sommand.com

Carte blanche dans les Pyrénées

CAPCIR

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a station nordique du Capcir, au cœur des Pyrénées catalanes, et de leurs paysages grandioses, attend les amoureux de nature. Avec 90 km de pistes de ski de fond, 85 km de sentiers raquettes et 13 km de voies blanches pour la marche, ses quatre domaines — la Llose, la Quillane, la Matte et lac de l'Olive — invitent à la balade dans des espaces grandioses et sauvages, entre plateaux d'altitude, vallées et pics montagneux. On peut aussi pratiquer la luge, découvrir les promenades en chiens de traîneaux, s'initier au biathlon sur la terre natale de Martin Fourcade, essayer le poney luge, le ski joëring ou encore le fat bike, ce VTT à grosses roues. Autant d'activités de glisse où chacun peut progresser à son rythme. Que l'on soit sportif ou adepte du farniente, dans ces belles montagnes, chacun peut vivre à son rythme et suivre ses envies. Loin de la foule et des pistes bondées, la station nordique du Capcir offre la plus naturelle des glisses hivernales.

Noël au refuge du Col del Torn

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Station nordique du Capcir Col de la Quillane 66210 La Llagonne +33(0)4 68 04 49 86 www.capcir-nordique.com

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Venez vivre une aventure nordique unique en dormant dans un refuge de montagne. Après une excursion à raquettes ou à ski de fond, le refuge du Col del Torn vous attend comme un petit nid douillet, y compris la nuit de la Nativité ou de la Saint-Sylvestre. La chaleur du feu vous y réchauffera le cœur. www.refugeducoldeltorn.fr

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Terre nordique CHAPELLE DES BOIS

Le nordique à l'infini

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hapelle-des-Bois, dans le Haut-Doubs, n'est pas un site nordique comme les autres. Pour de nombreux passionnés de glisse, c'est une véritable « Mecque » ou « Rolls-Royce » du ski de fond. Il est vrai, qu'avec 110 km de pistes entretenues (250 km pour le Val de Mouthe), ce haut lieu du ski nordique en France est aussi l'un des plus importants domaines européens. Des liaisons sont possibles avec les villages voisins : Chaux-Neuve, Mouthe, Bellefontaine, Les Rousses, Morbier, Foncine le Haut. C'est dire qu'il y a le choix. Cette richesse a ses avantages. Outre le fait que la découverte des paysages est permanente, elle permet aussi aux pratiquants de trouver chaussure à leur pied. Il y en a en effet pour tous les niveaux. Et puis, quelle fierté que de skier là où passent les champions de La Transjurassienne (9 et 10 février 2019) et de l’Envolée Nordique (27 janvier 2019). Bien sûr, toutes les activités nordiques sont représentées sur le territoire : randonnée raquettes et piétons, chiens de traîneaux, luge...

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ÉLISE THOURET

Vivez l'aventure du Grand Nord

HAUTES VOSGES

Les Équipages Adam’s vous invitent à l'aventure. Avec eux, vous vous prendrez pour un héros de Jack London, le célèbre auteur de L'Appel de la forêt et Croc-Blanc. Imaginez des randonnées en dehors des pistes, des traversées de paysages typiques, avec la complicité des chiens, compagnons fidèles et émouvants. http://lesequipagesadams.com/ Office de Tourisme Val de Mouthe Chapelle des Bois Tél. : +33(0)3 81 69 22 78 www.otmouthe.com

Les Vosges, un massif nordique

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epuis les années 1950, les Vosges ont toujours été un vivier important pour les équipes de France de ski de fond, biathlon, combiné et saut à ski. Cette culture du nordique est encore aujourd’hui bien présente dans les clubs de ski. Dans les Hautes-Vosges, le ski de fond est unique, au vu de ses paysages, de ses itinéraires en forêt de sapins, entre lacs et tourbières ou encore sur les crêtes avec des panoramas d’exception sur les vallées vosgiennes et, par beau temps, sur les Alpes suisses et françaises. Pour les domaines skiables interconnectés de Gérardmer, Xonrupt-Longemer et La BresseLispach, ce sont près de 80 kilomètres de pistes pour les plus sportifs. Les stations ont par ailleurs su évoluer pour répondre aux nouvelles attentes de la clientèle ; les sites proposent aujourd’hui bien d’autres activités accessibles à tous : luge, biathlon, randonnée nordique, balades à pied... Quelle que soit votre attente et votre pratique, que vous soyez seul, en couple ou en famille, un séjour dans les Hautes-Vosges est toujours unique.

Deux jours à La Bresse

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Ce séjour comprend l’hébergement en meublé de tourisme (2 nuits), la location du matériel de fond et/ ou raquettes, le forfait ski de fond et piste raquette 2 jours pour l’accès au domaine, le topo raquettes et les 2 déjeuners. À partir de 118 € pour les adultes, 56 € pour les 13/15 ans et 37 € pour les enfants. Sur la base d’un hébergement occupé par 2 adultes pour 2 nuits.

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SIVU Hautes-Vosges 88250 La Bresse Tél. : +33(0)3 29 25 70 00 www.hautes-vosges.net

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L'appel des grands espaces

LE QUEYRAS

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la frontière de l’Italie, le Queyras, plus haut Parc naturel régional d’Europe, est un pays où l’Homme et la nature cohabitent avec respect. Vous y découvrirez ses villages à l’architecture préservée, ses vallons sauvages ou encore ses cols mythiques. Les quatre domaines skiables du Queyras et leurs 200 km de pistes et d’itinéraires nordiques se fondent harmonieusement dans la nature et proposent de la glisse aux multiples possibilités. S’initier au biathlon, partir à la conquête du Col Izoard en skating, atteindre la frontière italienne au Col Agnel en randonnée nordique, s’offrir une sortie en raquettes ou un baptême en chiens de traîneau tel un aventurier sont autant de plaisirs à explorer pour se déconnecter du quotidien. Le Queyras vous invite à une immersion au cœur d’une nature préservée, dans la chaleur de ses villages et vous fait la promesse de vivre une expérience hors du commun ! Là où sport, détente, déconnexion et retour à l’essentiel résonnent comme un écho.

Le Queyras, terre de compétition

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G. VALLOT

La 36e Traversée du Queyras, compétition de ski de fond longue distance inscrite au Marathon ski Tour aura lieu le 20 janvier 2019. Choisissez votre distance : 52 km, 21 km, 8 km, 5 km, 2,5 km, 1 km. La Traversée du Queyras est une course ouverte même aux non-compétiteurs. Un défi sportif accessible à tous ! www.traversee-du-queyras.fr Office de Tourisme du Guillestrois et du Queyras Tél. : +33(0)4 92 46 76 18 www.guillestroisqueyras.com

Le ski en version panoramique

MONTS JURA

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’évasion dans un milieu tout à la fois préservé, majestueux et accueillant, c’est le programme proposé par la station Monts Jura, au cœur du Parc naturel régional du Haut-Jura et de la Réserve naturelle nationale de la haute chaîne du Jura. Ici, la montagne est accessible à tous et offre de somptueux panoramas sur le Mont-Blanc et le lac Léman. Sur le domaine alpin de Lélex-Crozet, les plus aguerris perfectionneront godilles et virages. Les débutants opteront volontiers pour Mijoux-La Faucille ou encore Menthières. Avec plus de 160 kilomètres de pistes de ski de fond damées en double trace pour un ski adapté à tous niveaux, le domaine de La Vattay-Valserine est le repaire des fondeurs. Réputé pour sa qualité, il attire chaque hiver plus de 100 000 pratiquants venus s’initier, s’entraîner ou se défier au beau milieu d’une nature vigoureuse alternant forêts d’épicéas et clairières. Les itinéraires de ski, raquettes ou piétons conduisent à des points de vue époustouflants jusqu’au Crêt de La Neige.

À Noël, tous à la patinoire

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Office de Tourisme du Pays de Gex Tél. : (+33) 4 50 28 09 16 www.paysdegex-tourisme.com

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CCPG

Le brouillard recouvre la station ? Il neige abondamment et le vent est fort… Qu'importe, la patinoire de Lélex est là pour vous offrir une parenthèse en famille ou entre amis. Elle est installée dans la salle polyvalente de Lélex durant les vacances de Noël 2018 ! Location de patins, vente de gaufres, boissons sur place. Ouverte tous les jours du 22/12 au 6/01 de 14 h à 19 h 30.

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Terre nordique

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JURA

STATION DES ROUSSES

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LA BOÎTE À MONTAGNE/ESI LES ROUSSES

Le nordique se réinvente

À 1 100 m d’altitude, la station - qui réunit depuis 1993 les quatre villages des Rousses, Bois d’Amont, Lamoura et Prémanon joue à fond la carte du nordique. Les initiatives se multiplient pour donner envie de découvrir la neige autrement.

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Le ski de randonnée sur les monts Jura offre des sensations uniques : panorama époustouflant, sensation de liberté, enrichissement grâce aux explications du guide...

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Le phénomène des fatbikes, VTT à (très) grosses roues, gagne du terrain en France et particulièrement dans les territoires nordiques.

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Terre nordique

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Evolution logique compte tenu de l’effet Fourcade qui redonne du rêve à des disciplines traditionnelles ? Pas que. La fièvre nordique s’est répandue dans la station des Rousses, comme elle l’a fait depuis une bonne décennie aux quatre coins de l'Hexagone. Sauf que cette fois, il faut compter avec une ribambelle d’initiatives. Laurent Mermet-Husson, directeur marketing, est catégorique : « L’image repose sur une réalité : 200 km de pistes, un stade des Tuffes tout neuf, la GTJ qui traverse notre territoire, les Jeux olympiques de la Jeunesse en 2020 et une configuration qui fait de la Station des

Doubs Pyrénées orientales STATION DES ROUSSES

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Rousses un immense espace de jeu. » Au fil des ans, afin de séduire un nouveau public, l’offre a considérablement évolué : biathlon, raquette, randonnée, saut, itinérance ou tout simplement jeux de neige. L’opération « Sixièmes à la neige » lancée à l’hiver 2009 dans le département du Jura a parallèlement initié des milliers d’élèves aux pratiques nordiques qui avaient pris un sérieux coup de vieux avec le temps. Nicolas Gotorbe, chargé de mission à l’Espace Nordique Jurassien, en dresse le bilan : « Les sites se sont équipés. Les deux écoles de ski de Lamoura et des Rousses auxquelles s’ajoutent la Darbella et Bois d’Amont ont permis à des enfants qui ne sont pas de la montagne de découvrir le nordique d’une façon ludique. C’est dans ce sens qu’il faut travailler. »

UN NORDIQUE RELOOKÉ Les statistiques montrent que, dans une famille qui vient à la neige, une personne sur deux ne skie pas, c’est donc ces gens-là qu’il faut bichonner. L’Espace des mondes polaires de Prémanon, avec son restaurant et sa patinoire, est une réponse. Le musée ouvert en 2017 offre une alternative. Dans un autre registre, le lac gelé des Rousses a fait le bonheur des touristes en 2017. Justement, la volonté de rendre la pratique du nordique plus acces82

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LES ÉLÈVES DE 6e SUR LES SKIS

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sible est l’un des éléments clés de cette évolution. Nicolas Jean-Prost sait de quoi il parle. Son métier est de vendre et louer du matériel aux Rousses : « Notre chance, c’est d’avoir deux “frigos”, le Risoux et le Massacre. Mais il faut pouvoir skier sur les sommets. Un porteur est prévu aux Jouvencelles en 2019/2020 pour permettre aux skieurs de monter et redescendre en ayant une neige garantie. Ce sera un plus indéniable. » D'autres activités originales emportent déjà l’adhésion : les balades en chiens de traîneaux et la raquette en tous genres. Martin Romarie, de la Boîte à Montagne, propose des variantes à la pratique classique : « C’est plus qu’une mode, c’est une aspiration au retour à la nature, à la liberté que procurent les grands espaces. Les sorties en randonnée nordique ne demandent pas d’efforts démesurés si on est bien équipé. Le ski-raquette est en grosse progression également, tout comme le ski en itinérance sur plusieurs jours. Nous mettons aussi au point des stages de ski de fond en Finlande et en Suède. Le nordique a le vent en poupe. » Il faudrait également parler de l’hébergement. Là aussi de nouveaux visages apparaissent. Teddy Basmaji a fait de la Loge à Ponard un lieu de forte convivialité [lire par ailleurs], où l’on peut tout à la fois construire un igloo, apprendre à grimper aux arbres, s’initier aux parcours d’orientation, dormir dans une tente 

LAURENT MÉRAT/6X7

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NORDIC FRANCE

Faire découvrir le nordique à un nouveau public, l’idée passe forcément par les scolaires. C’est en tout cas la déduction qu’ont tirée élus et responsables jurassiens du ski dans les années 2010, très intéressés par le succès rencontré en Haute-Savoie, partie sur cette voie quelques années plus tôt. Ainsi est née, au cours de l’hiver 2009/2010, la première opération des « 6e à la neige » qui a permis à près de 2 500 élèves du Jura de s’initier à la pratique du fond sous la houlette de l’Espace Nordique Jurassien. Le succès a été immédiat, comme le souligne Nicolas Gotorbe, chargé de développement à l’ENJ : « Le Jura compte à peu près 35 collèges, ce qui est tout à fait gérable. Cette journée placée sous le signe de la découverte du ski de fond sous un modèle ludique et convivial a suscité un vrai engouement puisqu’une trentaine d’établissements ont répondu positivement. » Encadrés par les moniteurs des écoles de ski des Rousses et de Lamoura, auxquels la Boîte à Montagne est venue prêter main-forte depuis quelques années, ils ont pu s’éclater chaque hiver entre les vacances de Noël et de février sur des sites parfaitement équipés. S’éclater, le terme convient très bien à Nicolas Gotorbe : « L’objectif est de démontrer que le ski de fond n’est pas la discipline techniquement difficile et physiquement épuisante qu’une communication a pu trop longtemps développer. Il faut que les élèves prennent du plaisir en utilisant des équipements modernes et adaptés, qu’ils jouent et qu’ils aient envie de recommencer ! »

2 500 élèves du Jura ont déjà goûté aux plaisirs de la neige. 83


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Terre nordique CARNET D'ADRESSES

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SE RENSEIGNER

VISITER

OFFICE DE TOURISME DES ROUSSES Tél. : 03 84 60 02 55

L'ESPACE DES MONDES POLAIRES

viking, assister à un concert ou déguster une fondue en plein Risoux. On pourrait également parler de Gaïa Loisirs, un parc accrobranche [lire également par ailleurs] imaginé par Guillaume Vannier entre Lamoura et Lajoux.

Pwww.lesrousses.com

TRANSFORMER L’IMAGE

SE LOGER

Pwww.espacedesmondespolaires.org

CAVES À COMTÉ JURAFLORE

GAÏA, LE RÊVE DE GUILLAUME VANNIER ET SERVANE CANDAT JURAFLORE

Pwww.darbella.com

SE RESTAURER

GOLF DU ROCHAT

Dans l’ancien fort des Rousses, tout un espace a été transformé en caves d’affinage par la société Juraflore. Visite guidée possible (attention, prévoir des vêtements chauds).

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GOLF DU ROCHAT

Pwww.fortdesrousses.com

Dans une ancienne ferme typique, au carrefour des pistes de ski de fond, dégustez des spécialités régionales.

BOUGER LA BOÎTE À MONTAGNE

LA BOÎTE À MONTAGNE

Pwww.golfdurochat.com

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Unique en son genre parce qu’à cheval sur la frontière à la Cure, d’un côté la Suisse et de l’autre la France. 84

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NICOLAS GASCARD

L’ARBÉZIE

Au cœur des Rousses, la Boîte à Montagne - École de ski internationale propose tout un arsenal d’activités nordiques à faire seul ou en groupe : itinérance, ski de randonnée, raquettes… www.la-boite-a-montagne-jura.fr

Le couple originaire de la région d’Angers et leurs deux enfants débarquent dans la station après un voyage de 11 000 km en quatorze mois autour du monde. À leur retour, ils savent qu’ils veulent vivre libres et créer une activité agritouristique innovante. Leur recherche les conduit à Lamoura où ils trouvent une ferme de sept hectares. Gaïa était née : « C’était le lieu rêvé, nous avons créé le Parcabout, concept breton qui consiste à tendre des filets de catamaran entre les arbres pour que chacun s’amuse sans danger, en faisant ce qu'il lui plaît. » Un vrai succès. Guillaume et Servane créent ensuite un sentier « pieds nus » d'un kilomètre en sousbois, jalonné d’une trentaine de bacs remplis de matière différente (eau, sable, paille, pierre…) « C’est le prétexte pour entrer en contact avec les éléments ; des jeux et des panneaux rythment le parcours. » Autre création, un pôle équestre de loisirs, pas pour apprendre à monter, mais pour se balader : poneys, ânes et promenades en calèche permettent de découvrir autrement le paysage. Gaïa (référence à la déesse-mère) est surtout centrée sur le tourisme d’été, mais Guillaume est conscient de l’évolution : « La demande est très forte en hiver. Alors nous réfléchissons à faire évoluer Gaïa vers du ski joëring ou des traîneaux à cheval. L’avenir est là ! »

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La Darbella se trouve au pied des pistes et des téléskis en hiver et sert de point de départ pour les randonnées à la belle saison. Restaurant avec vue panoramique, plats de saison dans le respect de la tradition franc-comtoise.

Toute l’aventure arctique dans un espace de 5 000 m² où se côtoient les ours, les explorateurs, un monde de glace, de mystère. L’Espace des mondes polaires propose également un restaurant et une patinoire.

Les initiatives ne manquent pas, reste l’image… et les habitudes. Alain Bohard, figure locale des sports nordiques, n’en démord pas, il faut absolument transformer la communication globale de la station liée au nordique : « Cela passera par la création de parcours amusants avec des bosses et des virages, des jeux avec des ballons... Aujourd’hui tout est possible. » Le contrat de station (quatrième du nom) va même plus loin en étudiant de très près la « convivance », l’équilibre entre résidents locaux et touristes, le damage plus rationnel des pistes ou encore l’évolution climatique qui - paradoxalement - peut représenter un atout puisqu’il suffit d’un minimum d’enneigement pour assurer une pratique nordique à 100 %. Un élément intéressant pour une station à 1 100 m d’altitude ! n

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LA DARBELLA

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LA DARBELLA


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réveille la Loge à Ponard Le Francilien débarqué dans le Jura propose dans le Risoux de très nombreuses activités nordiques.

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eddy Basmaji, la toute petite trentaine, fait partie de ces entrepreneurs de la jeune génération, personnage atypique guidé par un désir d’épanouissement personnel autant que par la volonté de créer une activité économique. Depuis 2015, il a repris la Loge à Ponard dans le Risoux, lieu auquel on n’accède qu’à pied, à skis ou en raquettes, mais site emblématique de l’histoire locale, facile d’accès à proximité des Rousses. Un endroit fréquenté par les touristes, mais également par toute une clientèle locale.

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TEDDY BASMAJI

tagne et d’éducateur en grimpe d’arbres. associative. Dès lors, le projet se transforme : la En même temps, dès la première année, il pos- Loge à Ponard propose des activités de pleine tule comme animateur et responsable de jardin nature avec la construction d’igloos, la grimpe au CPIE de Saint-Lupicin (39), avant de se lan- d’arbres, les parcours d’orientation et les contes cer comme accompagnateur sur le Haut-Jura et en balades, des nuitées insolites du style tente le Haut-Doubs en auto-entrepreneur. Mais il se viking, des concerts-spectacles... blesse et doit se rabattre sur un poste d’assisAprès deux saisons, le public est en augmentant de vie scolaire au collège des Rousses pour tation constante. Une satisfaction même s'il ne l’année 2013/2014. C’est là qu’il découvre la faut pas compter ses heures. Cet hiver, Teddy Loge à Ponard, propriété de la commune des proposera l’apér « haut » perché qui, comme Rousses gérée par la communauté de com- son nom l’indique, invite le public à boire un munes. Or, depuis 2007, le lieu est fermé et la coup dans les arbres. Il y aura aussi sa suite Loge tente vraiment Teddy : « Il y avait besoin logique, la table perchée, pour déguster une sur place d’un lieu convivial qui ne soit pas que fondue… touristique. J’ai décidé de me lancer dans une La Loge à Ponard est vraiment devenue un dynamique d’auberge assortie d’une animation endroit pas ordinaire ! n régulière. » Des hébergements Après un an de tractations insolites administratives, il ouvre enfin en forêt jurassienne. la Loge, avec son associée Blandine. À deux, les investissements sont surmontables et les voilà partis, uniquement l’hiver dans un premier temps : accueil raquettes et skieurs, petite restauration d’altitude. En 2017, Blandine quitte le navire et sera remplacée par Louise, après que Teddy ait tenté vainement de jouer la carte

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Terre nordique

Teddy Basmaji ne compte pas ses heures pour faire vivre la Loge à Ponard.

ÉTONNER ET SÉDUIRE

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Le gaillard ne paye pas de mine. Derrière ses lunettes serrées et sa crinière bouclée, Teddy Basmaji cache une vraie détermination et pas mal de culot. Son itinéraire plaide pour le bourlingueur qu’il est. Débarqué depuis la région parisienne à Lons-le-Saunier à l’hiver 2008, il se lance dans une formation bi-qualifiante en alternance et décroche trois diplômes de pisteur, d’accompagnateur moyenne mon-

À L'AGENDA

NOUVEAU TERRAIN DE JEUX POUR L’O’XYRACE - L’O’xyrace compte parmi les références françaises du trail blanc. Après cinq ans au cœur de la station des Rousses, l’épreuve déménage cet hiver à Lamoura pour offrir de nouveaux parcours aux 1 800 coureurs attendus. La course se déroulera au départ du Village Vacances de Lamoura le samedi 19 janvier à 18 h 30. Les tracés de 11 et 18 km emprunteront les pistes de la mythique Transjurassienne. www.oxyrace.fr 86

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19 janvier 19

NOUVEAU LIEU VVSTAR LAMOURA N NOUVEAUX pArcOUrs 11-18 km-ENFANTS

www.oxyrace.fr nordic

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MODICA/NORDICFOCUS

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L'agenda nordique

Le Norvégien Jan Schmid sur le tremplin de Seefeld, où doivent se dérouler les prochains Mondiaux de ski nordique. 88

COUPE DU MONDE Nouvelle saison

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La coupe du monde se vit avec www. 8 BEITOSTOLEN BEITOSTOLEN 9 BEITOSTOLEN BEITOSTOLEN 15 DAVOS 16 DAVOS DAVOS

Ski de fond Sprint CT HD 15 km CT H 10 km CT D Sprint FT HD

DÉCEMBRE 1er LILLEHAMMER LILLEHAMMER 2 LILLEHAMMER LILLEHAMMER

15 km FT H 10 km FT D Poursuite 15 km CT H Poursuite 10 km CT D

29 TOBLACH 30 TOBLACH TOBLACH

Sprint FT HD 15 km FT H 10 km FT D

JANVIER 1er VAL MÜSTAIR 2 OBERSTDORF OBERSTDORF 3 OBERSTDORF OBERSTDORF 5 VAL DI FIEMME VAL DI FIEMME 6 VAL DI FIEMME VAL DI FIEMME

Sprint FT HD Mass-start 15 FT H Mass-start 10 FT D Poursuite 15 FT H Poursuite 10 FT D Mass-start 15 FT H Mass-start 10 FT D Alpe Cermis H Alpe Cermis D

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Davos, une étape qui réussit à Maurice Manificat.

TOUR DE SKI

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NOVEMBRE 24 RUKA 25 RUKA RUKA 30 LILLEHAMMER

30 km FT H 15 km FT D Relais 4x7,5 km H Relais 4x5 km D Sprint FT HD 15 km FT H 10 km FT D

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Aussi

pour les

fondeurs.

Suisse. Naturellement.

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L'agenda nordique

OSLO OSLO DRAMMEN FALUN FALUN FALUN 22 QUÉBEC 23 QUÉBEC QUÉBEC 24 QUÉBEC QUÉBEC 9 10 12 16 17

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Mass-start 50 km CT H Mass-start 30 km CT D Sprint CT H D Sprint FT H D 15 km FT H 10 km FT D Sprint FT H D Mass-start 15 km CT H Mass-start 10 km CT D Poursuite 15 km FT H Poursuite 10 km FT D

DRESDEN DRESDEN OTEPÄÄ OTEPÄÄ OTEPÄÄ 26 ULRICEHAMN ULRICEHAMN 27 ULRICEHAMN ULRICEHAMN

Sprint FT HD Team sprint FT HD Sprint CT HD 15 km CT H 10 km CT D 15 km FT H 10 km FT D Relais 4x7,5 km H Relais 4x5 km D

FÉVRIER 9 LAHTI 10 LAHTI 16 COGNE 17 COGNE COGNE

Sprint FT HD Team sprint CT HD Sprint FT HD 15 km CT H 10 km CT D

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CHAMPIONNATS DU MONDE

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10 km CT H 5 km CT D Sprint FT H D Skiathlon 15 km H Skiathlon 10 km D Team sprint CT H D 10 km CT D 15 km CT H Relais 4x5 km D

MARS 1er SEEFELD 2 SEEFELD 3 SEEFELD

Relais 4x10 km H 30 km Mass-start FT D 50 km Mass-start FT H

Relais simple mixte HD Relais mixte HD Individuel 20 km H Individuel 15 km D Sprint 10 km H Sprint 7,5 km D Poursuite 12,5 km H Poursuite 10 km D Sprint 7,5 km D Sprint 10 km H Poursuite 15 km H Poursuite 10 km D Relais 4x6 km D Relais 4x7,5 km H Sprint 10 km H Sprint 7,5 km D Poursuite 12,5 km H Poursuite 10 km D Mass-start 15 km H Mass-start 12,5 km D

JANVIER 10 OBERHOF 11 OBERHOF 12 OBERHOF OBERHOF 13 OBERHOF OBERHOF

Sprint 7,5 km D Sprint 10 km H Poursuite 10 km D Poursuite 12,5 km H Relais 4x6 km D Relais 4x7,5 km H

MANZONI/NORDICFOCUS

Janvier 2018. Sous la neige, Emil Iversen remporte le 15 km mass-start d'Oberstdorf. L’homme de Meråker n’était pas monté sur le podium depuis janvier 2017.

DÉCEMBRE 2 POKLJUKA POKLJUKA 5 POKLJUKA 6 POKLJUKA 7 POKLJUKA 8 POKLJUKA 9 POKLJUKA POKLJUKA 13 HOCHFILZEN 14 HOCHFILZEN 15 HOCHFILZEN HOCHFILZEN 16 HOCHFILZEN HOCHFILZEN 20 NOVE MESTO 21 NOVE MESTO 22 NOVE MESTO NOVE MESTO 23 NOVE MESTO NOVE MESTO

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MODICA/NORDICFOCUS

Biathlon

Le Norvégien Johannes Boe, devant Fourcade et Shipulin.

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La coupe du monde se vit avec www.

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FÉVRIER 7 CANMORE CANMORE 9 CANMORE CANMORE 10 CANMORE CANMORE 14 SALT LAKE 15 SALT LAKE 16 SALT LAKE SALT LAKE 17 SALT LAKE SALT LAKE

CITY CITY CITY CITY CITY CITY

Sprint 10 km H Sprint 7,5 km D Relais 4x7,5 km H Relais 4x6 km D Mass-start 15 km H Mass-start 12,5 km D Sprint 7,5 km D Sprint 10 km H Poursuite 10 km D Poursuite 12,5 km H Mass-start 12,5 km D Mass-start 15 km H

Martin Fourcade, lors du sprint d'Hochfilzen, en décembre 2017.

Individuel 20 km H Individuel 15 km D Relais 4x7,5 km H Relais 4x6 km D Mass-start 15 km H Mass-start 12,5 km D Sprint 7,5 km D Sprint 10 km H Mass-start 12,5 km D Mass-start 15 km H Relais mixte simple HD Relais mixte HD

MANZONI/NORDICFOCUS

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RUHPOLDING RUHPOLDING RUHPOLDING RUHPOLDING RUHPOLDING RUHPOLDING ANTHOLZ-ANTER. ANTHOLZ-ANTER. ANTHOLZ-ANTER. ANTHOLZ-ANTER. ANTHOLZ-ANTER. ANTHOLZ-ANTER.

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Suisse. Naturellement.

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L'agenda nordique •••

CHAMPIONNATS DU MONDE Relais mixte HD Sprint 7,5 km D Sprint 10 km H Poursuite 10 km D Poursuite 12,5 km H Individuel 15 km D Individuel 20 km H

MODICA/NORDICFOCUS

Relais mixte simple HD Relais 4x6 km D Relais 4x7,5 km H Mass-start 12,5 km D Mass-start 15 km H

21 OSLO 22 OSLO 23 OSLO OSLO 24 OSLO OSLO

Sprint 7,5 km D Sprint 10 km H Poursuite 10 km D Poursuite 12,5 km H Mass-start 12,5 km D Mass-start 15 km H

Combiné

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Gund. HS100/10 km H Gund. HS100/10 km H Gund. HS100/10 km H Gund. HS135/10 km H Gund. HS135/10 km H TS HS135/10 km H Gund. HS135/10 km H Gund. HS118/5 km H Gund. HS118/5 km H Gund. HS118/10 km H Gund. HS118/15 km H Gund. HS140/10 km H Gund. HS140/10 km H Gund. HS140/10 km H

Gund. HS142/10 km H Gund. HS142/10 km H Relais HS142/4x5 km H Gund. HS98/5 km H Gund. HS98/5 km H

MS HS98/10 km H Gund. HS140/10 km H Gund. HS98/10 km H

Antoine Gérard à Schonach.

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14 ÖSTERSUND 16 ÖSTERSUND ÖSTERSUND 17 ÖSTERSUND ÖSTERSUND

DÉCEMBRE 1er LILLEHAMMER 2 LILLEHAMMER 21 RAMSAU

JANVIER 4 OTEPÄÄ 5 OTEPÄÄ 6 OTEPÄÄ 10 VAL DI FIEMME 11 VAL DI FIEMME 12 VAL DI FIEMME 13 VAL DI FIEMME 17 CHAUX-NEUVE 18 CHAUX-NEUVE 19 CHAUX-NEUVE 20 CHAUX-NEUVE 25 TRONDHEIM 26 TRONDHEIM 27 TRONDHEIM

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Anaïs Bescond à Hochfilzen.

NOVEMBRE 23 RUKA 24 RUKA RUKA 29 LILLEHAMMER 30 LILLEHAMMER

Gund. HS98/10 km H Gund. HS98/10 km H

MANZONI/NORDICFOCUS

MARS 7 ÖSTERSUND 8 ÖSTERSUND 9 ÖSTERSUND 10 ÖSTERSUND ÖSTERSUND 12 ÖSTERSUND 13 ÖSTERSUND

22 RAMSAU 23 RAMSAU

FÉVRIER 1er KLINGENTHAL 2 KLINGENTHAL 3 KLINGENTHAL 8 LAHTI 9 LAHTI 10 LAHTI

Gund. HS140/10 km H Gund. HS140/10 km H Gund. HS140/10 km H Gund. HS130/10 km H TS HS130/2x7,5 km H Gund. HS130/10 km H

CHAMPIONNATS DU MONDE 22 SEEFELD 24 SEEFELD 28 SEEFELD

Gund. HS130/10 km H TS HS130/2x7,5 km H Gund. HS109/10 km H

MARS 2 SEEFELD

Team HS109/4x5 km H

8 9 15 16 17

OSLO OSLO SCHONACH SCHONACH SCHONACH

Gund. HS140/10 km H Gund. HS134/10 km H Gund. HS106/10 km H Gund. HS106/10 km H Gund. HS106/15 km H

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La coupe du monde se vit avec www.

Saut à ski NOVEMBRE 17 WISLA 18 WISLA 24 RUKA 25 RUKA 30 LILLEHAMMER

Team HS134 H HS134 H HS142 H HS142 H HS98 D

DÉCEMBRE 1er LILLEHAMMER NIZHNY TAGIL 2 LILLEHAMMER NIZHNY TAGIL 8 TITISEE-NEUSTADT 9 TITISEE-NEUSTADT TITISEE-NEUSTADT 15 PRÉMANON ENGELBERG 16 PRÉMANON ENGELBERG

HS98 D HS134 H HS140 D HS134 H HS142 H HS142 D HS142 H HS90 D HS140 H HS90 D HS140 H

TOURNÉE DES QUATRE TREMPLINS Le Polonais Kamil Stoch, dernier vainqueur de la Tournée des quatre tremplins.

12 SAPPORO VAL DI FIEMME 13 SAPPORO VAL DI FIEMME 18 ZAO 19 ZAO ZAKOPANE 20 ZAO ZAKOPANE 26 RASNOV SAPPORO 27 RASNOV SAPPORO

HS137 D HS135 H HS137 D HS135 H HS102 D Team HS102 D Team HS134 H HS102 D HS134 H HS97 D HS137 H HS97 D HS137 H

FÉVRIER 2 HINZENBACH OBERSTDORF 3 HINZENBACH OBERSTDORF 8 LJUBNO 9 LJUBNO LAHTI 10 LJUBNO LAHTI 16 OBERSTDORF WILLINGEN 17 OBERSTDORF WILLINGEN

HS90 D HS235 H HS90 D HS235 H HS94 D Team HS94 D Team HS130 H HS94 D HS130 H HS137 D HS145 H HS137 D HS145 H

CHAMPIONNATS DU MONDE 23 SEEFELD 24 SEEFELD 27 SEEFELD

HS130 H Team HS130 H HS109 D

MARS 1er SEEFELD 2 SEEFELD

HS109 H Team HS109 D

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THIBAUT/NORDICFOCUS

RAW AIR

29 OBERSTDORF 30 OBERSTDORF

HS137 Q H HS137 H

JANVIER 1er GARMISCH-PART. 2 GARMISCH-PART. 3 INNSBRUCK 4 INNSBRUCK 5 BISCHOFSHOFEN 6 BISCHOFSHOFEN

HS142 Q H HS142 H HS130 Q H HS130 H HS140 Q H HS140 H

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9 OSLO 10 OSLO OSLO 12 LILLEHAMMER LILLEHAMMER 14 TRONDHEIM TRONDHEIM 16 NIZHNY TAGIL VIKERSUND 17 NIZHNY TAGIL VIKERSUND

Team HS134 H HS134 D HS134 H HS140 D HS140 H HS140 D HS138 H HS97 D HS240 H HS97 D HS240 H

22 PLANICA 23 CHAIKOVSKY PLANICA 23 CHAIKOVSKY PLANICA

HS240 H HS102 D Team HS240 H HS140 D HS240 H 93


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Agenda nordique PISTE NOIRE Nouvelle édition du Marathon Ski Tour Le challenge national des courses populaires débutera le 13 janvier 2019, avec le Marathon de Bessans. Suivront la Traversée du Queyras (20 janvier) avec un parcours inédit, la Foulée Blanche (27 janvier), la Nordique des Crêtes (3 février), la Transju'Classic (9 février), unique épreuve en classique, le Marathon de Mézenc (17 février), la Traversée du Massacre (3 mars) et la Savoyarde (10 mars). Clap de fin le 17 mars avec le Marathon des Glières.

L'élite du saut féminin en France Au cours de la prochaine coupe du monde, les femmes seront à l'honneur. Elles pourront (enfin) participer au Raw Air en Norvège, la patrie de Maren Lundby. Du 15 au 24 mars, elles seront aussi en Russie pour le Tour Bluebird organisé à Nizhny Tagil et Chaikovsky. Avant cela, Prémanon accueillera les meilleures athlètes du circuit sur le nouveau tremplin HS 90 du stade des Tuffes, du 14 au 16 décembre.

Les temps forts du saut et combiné Les 8 et 9 décembre, le Samse national tour des U17-Seniors débutera à Autrans, puis passera par Chaux-Neuve, Courchevel et Prémanon. Du 18 au 20 janvier, la France accueillera à Chaux-Neuve la traditionnelle étape de coupe du monde de combiné nordique, puis les 9 et 10 mars la finale de l'OPA. Et c'est Chaux-Neuve qui organisera les championnats de France les 30 et 31 mars. 94

L'Engadine joue la Ski Classics

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a prochaine édition de la Visma Ski Classics accueillera, le 10 mars, l'Engadine, course disputée en skate (la seule du calendrier qui compte douze rendez-vous cet hiver) dans les Grisons (Suisse). « Faire partie des Visma Ski Classics nous offre l'opportunité d’être mieux connus à l’étranger, en particulier sur le marché scandinave. Nous voulons attirer des skieurs du Nord de l'Europe et la Visma Ski Classics est un bon outil de marketing pour cela », explique le patron de la compétition, Menduri Kasper. Autre nouveauté, Petter Eliassen qui a signé avec le Team BN Bank, fera son retour. Le vainqueur de la Vasaloppet en 2015 avait tiré sa révérence, les larmes aux yeux, après sa victoire à Ylläs-Levi en 2017. La France sera représentée par eLiberty Ski Team, établi depuis 1996 en Haute-Savoie (anciennement Haute-Savoie Nordic Team). L'équipe entraînée par Émilien Buisson s'est fixée pour objectif de briller lors des six plus grandes courses skate et classique du monde. Parmi elles, quatre figurent au calendrier de la Visma Ski Classics : la Marcialonga, la Vasaloppet, l'Engadin Skimarathon et la Birkebeinerrennet. Jobstation/Rossignol sera également engagé, mais elle aussi ne participera pas à l'ensemble du circuit.

« L’objectif sera encore la FIS Worldloppet Cup, avec des courses en style classique et des courses en style skating, dont une en France : la Transjurassienne », indique Stéphane Mouton, son manager. Adrien Mougel, Bastien Poirrier et leurs coéquipiers courront d'abord le Prologue de Livigno, le 30 novembre. Pour les fondeurs tricolores, cette première participera à leur préparation, histoire de se frotter, skis aux pieds, aux meilleurs de la discipline (N’oublions pas que l’équipe avait remporté cette épreuve il y a deux saisons). Ensuite, elle tentera, le 10 mars, de briller sur l'Engadine. Comme beaucoup... Le Team Santander qui a recruté Joar Thele a présenté son nouveau sponsor principal, il s'agit d'une société immobilière norvégienne Ragde Eiendom. Après le départ de Fredrik Byström, Jimmie Johnsson et Oscar Persson, Lager 157 Ski Team s'est adjointe les services d'Elin Mohlin, Emil Persson et Andreas Holmberg. L'hiver dernier, sous les couleurs du Bauer Ski Team, le Pontissalien Alexis Jeannerod avait terminé à la 33e place du classement général remporté côté masculin par Tord Asle Gjerdalen et par Britta Johansson Norgren chez les dames. Il était alors le meilleur tricolore.

SKI CLASSICS VEUT PLUS DE FEMMES Afin d'attirer de plus en plus de femmes, deux nouvelles règles ont été instaurées à la Visma Ski Classics. Tout d'abord, toutes les équipes doivent comprendre des skieurs des deux sexes, si elles veulent obtenir une licence Pro Team.

Ensuite, la règle selon laquelle les skieurs doivent terminer dans un délai représentant les 20 % du temps du vainqueur s'ils veulent obtenir des points, a été supprimée. Depuis deux ans, le dossard vert (sprint) est également attri-

bué aux dames, ce qui n'était pas le cas avant. La saison dernière, sur les 232 athlètes enregistrés, on comptait 179 hommes et 53 femmes. Pour les organisateurs, l’ambition est de réduire encore cet écart.

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SAMSE NATIONAL TOUR

¢ 8 décembre - Bessans D Sprint 7,5 km / H Sprint 10 km (U19-U21-Sen.) ¢ 9 décembre - Bessans D Sprint 7,5 km / H Sprint 10 km (U19-U21-Sen.) ¢ 4 janvier - Les Contamines D Sprint 7,5 km / H Sprint 10 km (U19-U21-Sen.) ¢ 5 janvier - Les Contamines D Sprint 7,5 km / H Sprint 10 km (U19-U21-Sen.) ¢ 6 janvier - Les Contamines D Poursuite 10 km / H Poursuite 12,5 km (U19-U21-Sen.) ¢ 12 janvier - La Seigne (Les Hôpitaux-Vieux) D Sprint 7,5 km / H Sprint 10 km (U19-U21-Sen.) ¢ 13 janvier - La Seigne (Les Hôpitaux-Vieux) D Mass-start 10 km / H Mass-start 12,5 km (U19-U21-Sen.) ¢ 9 février - Villard-de-Lans D Sprint 7,5 km / H Sprint 10 km (U19-U21-Sen.) ¢ 10 février - Villard-de-Lans D Mass-start 10 km / H Mass-start 12,5 km (U19-U21-Sen.) ¢ 16 février - Arçon D Sprint 7,5 km / H Sprint 10 km (U19-U21-Sen.) ¢ 17 février - Arçon D Mass-start 10 km / H Mass-start 12,5 km (U19-U21-Sen.) ¢ 9 mars - Les Saisies D Sprint 7,5 km / H Sprint 10 km (U19-U21-Sen.) ¢ 10 mars - Les Saisies Relais mixte 3 x 1,5 km D - 3 x 2 km H ¢ 16 mars - Les Tuffes (Prémanon) D Sprint 7,5 km / H Sprint 10 km (U19-U21-Sen.) ¢ 18 mars - Les Tuffes (Prémanon) D Poursuite 10 km / H Poursuite 12,5 km (U19-U21-Sen.)

Biathlon/ski de fond : les catégories changent

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epuis le 1er juillet, la FFS a procédé à un changement des tranches d’âges pour les différentes catégories en biathlon et ski de fond. Les cadres techniques ont souhaité ne plus avoir, sur une même catégorie, des athlètes suivant deux cursus scolaires différents comme cela était le cas, par exemple, avec les U16 qui étaient les uns encore au collège et les autres au lycée. Christian Dumont, responsable du développement du biathlon, explique : « Cette décision permettra en outre de redonner de l’autonomie et de mettre les régions et les clubs au centre de la formation. » Christian Frossard, son homologue pour le ski de fond, complète : « En U16 deuxième année, les coureurs avaient pratiquement tous fait leur choix entre le ski de fond et le biathlon. Avec les nouvelles catégories, en U15, les coureurs font les deux et, en U17, les circuits nationaux sont séparés. D’autre part, les U16 faisaient trop de courses. Avec ce changement, la progression du nombre de courses nationales croît plus régulièrement. » En biathlon, la pratique du tir à 50 m commencera en U15, donc une année plus tôt. On ne verra plus de tir à 10 m au niveau national car la formation et la pratique se feront dorénavant uniquement sur les circuits régionaux. ¢ SKI DE FOND : U9 (2010.2011) – U11 (2008.2009) – U13 (2006.2007) – U15 (2004.2005) – U17 (2002.2003) – U20 (1999.2000.2001) – seniors (1998 et avant). ¢ BIATHLON : U9 (2010.2011) – U11 (2008.2009) – U13 (2006.2007) – U15 (2004.2005) – U17 (2002.2003) – U19 (2000.2001) – U21 (1998.1999) – seniors (1997 et avant).

CHAMPIONNATS DE FRANCE DES CLUBS : DEUX DIVISIONS CHEZ LES DAMES Le 24 mars, l'AS Oye-et-Pallet organisera à La Seigne, aux HôpitauxVieux, le premier championnat de France des clubs avec 4 divisions. En effet, les féminines se voient désormais dotées de deux divisions comme les hommes. Avec une seule journée de compétition, le timing sera serré mais l’ambiance assurée !

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Les instances fédérales souhaitent densifier le Samse National Tour coupe de France.

¢ 15 décembre - Arvieux H Individuel classique 10 km (U20), 15 km (Sen.) D Individuel classique 7,5 km (U20-Sen.) ¢ 16 décembre - Arvieux H sprint skate (U20-Sen.) D sprint skate (U20-Sen.) ¢ 12 janvier - La Seigne (Les Hôpitaux-Vieux) H Mass-start classique 10 km (U20-Sen.) D Mass-start classique 5 km (U20-Sen.) ¢ 13 janvier - La Seigne (Les Hôpitaux-Vieux) H Individuel skate 10 km (U20), 15 km (Sen.) D Individuel skate 5 km (U20), 10 km (Sen.) ¢ 2 février - Les Glières H Sprint skate (U20-Sen.) / D Sprint skate (U20-Sen.) ¢ 3 février - Les Glières H Mass-start classique 15 km (U20-Sen.) D Mass-start classique 10 km (U20-Sen.) ¢ 23 février - La Quillanne H Individuel skate 10 km (U20-Sen.) D Individuel skate 5 km (U20-Sen.) ¢ 24 février - La Quillanne H : Poursuite classique 10 km (U20), 15 km (Sen.) D Poursuite classique 7,5 km (U20-Sen.) ¢ 16 mars - Les Confins (La Clusaz) H Individuel classique 10 km (U20-Sen.) D Individuel classique 7,5 km (U20-Sen.) ¢ 17 mars - Les Confins (La Clusaz) H Mass-start skate 10 km (U20), 15 km (Sen.) D Mass-start skate 7,5 km (U20-Sen.) 95


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IBU

Agenda nordique

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E. TUMASHOV/IBU

LA JUNIOR CUP PASSERA PAR PRÉMANON

L'hiver dernier, le Vosgien Fabien Claude a remporté le classement de l’individuel devant le Norvégien Christiansen et l’Allemand Florian Graf.

IBU Cup : la chasse au cristal reprend en Suède

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omme en 2015, le circuit B de la coupe du monde (parfois encore appelé à tort coupe d'Europe) reprendra sa route dans la station suédoise d'Idre. Passage obligé vers la coupe du monde, le circuit IBU Cup ira ensuite vers les traditionnelles étapes de Ridanna (Italie) et Obertilliach (Autriche) en décembre. Pas moins de trois rendez-vous animeront le mois de janvier, avec d'abord Duszniki Zdroj (Pologne), Arber (Allemagne) et le récent stade suisse de Lenzerheide qui avait très bien réussi aux bleus l'hiver passé, avec les victoires du relais mixte, le doublé sprint-poursuite d'Antonin Guigonnat et les podiums de Chloé Chevalier et Julia Simon. Puis les championnats d'Europe se disputeront à Minsk, en Biélorussie, sur les terres de la quadruple championne olympique Darya Domracheva. Le deuxième circuit mondial terminera son année à Otepää (Estonie), avant les finales à Martell (Italie). Discrets en 2016/2017, les Norvègiens ont remis les pendules à l'heure la saison dernière 96

avec la belle régularité de Vetle Sjaastad Christiansen et Fredrik Gjesbakk. Côté tricolore, l'hiver 2017/2018 a été l'un des plus réussis avec les petits globes du relais mixte, de l'individuel pour Fabien Claude et de la poursuite pour Chloé Chevalier. Chez les hommes, les places seront une nouvelle fois durement disputées, entre Fabien Claude, Simon Fourcade, Aristide Bègue et la relève incarnée par une brillante génération 97 emmenée par Martin PerrillatBottonet et les Savoyards Morgan Lamure et Hugo Rivail. Côté féminin, Chloé Chevalier espère durablement se faire une place en coupe du monde, tout comme Julia Simon ou Enora Latuillière. La Pyrénéenne Myrtille Bègue ou encore Lou Jeanmonnot-Laurent qui, encore junior, a épaté son monde lors des étapes du Samse Biathlon Summer Tour à Arçon, devraient également faire leurs armes sur le circuit B, après avoir montré de très belles choses sur le circuit Junior l'an passé. Sans oublier Caroline Colombo, très bien revenue d'une grave blessure.

Le troisième niveau mondial, réservé aux athlètes de moins de 22 ans, débutera par le stade de Lenzerheide (Suisse), avant de passer la frontière, direction Prémanon. Le stade Jason-Lamy-Chappuis accueillera là sa première compétition internationale de biathlon avant de recevoir les Jeux Olympiques de la Jeunesse en 2020. Les championnats du monde jeunes et juniors se dérouleront cet hiver à Brezno-Osrblie, avant que le circuit junior mette le cap vers la Scandinavie pour les deux dernières étapes à Torsby (Suéde) et Sjusjoen (Norvège) où seront décernés les titres européens. On saura alors qui succédera aux deux tricolores, Martin Perrillat-Bottonet et Lou Jeanmonnot-Laurent (notre photo), vainqueurs du classement général la saison dernière.

DU NEUF À LA FIS WORLDLOPPET CUP Le calendrier 2019 de la FIS Wordloppet Cup a été profondément chamboulé. La première course de l'hiver ne se disputera pas en Europe, mais en Chine. Il s'agit, le 4 janvier, de la Vasaloppet Cup, couru en style classique. En 2018, le Français Clément Mailler avait terminé 12e, devant Samuel Régé-Gianasso Fujii. Elle précédera la Dolomitenlauf, en Autriche (20 janvier) et la König Ludwig Lauf (3 février). La Transjurassienne suivra le 10 février. Après le Tartu Maraton (17 février), la caravane ne traversera pas l'Atlantique pour retrouver l'American Birkebeiner, mais restera sur le vieux continent. Direction la Finlande et la réputée Finlandia Hiihto (24 février) qui emprunte des pistes proches de Lahti. Exit aussi l'Engadine qui a préféré la Ski Classics, place à l'Ugra Ski Marathon (6 avril) pour fermer le ban.

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Haut-Jura Ski accueille l'Europe du ski de fond

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vant la fin de l'année, le stade des Tuffes Jason-LamyChappuis de Prémanon va revêtir ses habits internationaux. Outre la tenue de la première coupe du monde de saut à ski dames et une étape de l'IBU Junior Cup, toutes deux organisées par Jura Ski Events [lire par ailleurs], c'est la coupe d'Europe de ski de fond qui ouvrira le bal, les 8 et 9 décembre prochains. Après la mémorable annulation de l'épreuve dominicale l'an passé pour cause de tempête, Rodolphe Bouton et les bénévoles de Haut-Jura ski ont relevé leurs manches pour prendre de nouveau en charge la coupe OPA [pour organisation des pays alpins], avec l'aide du Centre national de ski nordique et de moyenne montagne (CNSNMM) de Prémanon. Au programme : durant deux jours, des épreuves individuelles en classique et skating, avec un joli plateau en perspective. L'équipe de France dames sera présente au complet, la plupart des fondeurs français aussi, en dehors de ceux alignés sur la coupe du monde de Beitostolen. De nombreux skieurs d'Italie, d'Allemagne, du Canada, de Suisse viendront eux aussi chercher un ticket pour rejoindre l'élite mondiale. « La FFS s'est tournée vers nous pour l'organisation de cet événement que ne pouvait assumer JSE, compte tenu d'un mois de décembre très chargé. Et c'est pour nous un challenge intéressant à relever, se réjouit le président Bouton. On offre la possibilité aux coureurs du massif Jurassien d'évoluer à domicile sur une compétition internationale ». Ce devrait notamment être le cas pour le chef de file local, Valentin Chauvin. Profitant des dix nouvelles cabanes de fartage du stade de Prémanon qu'ont conçues, réalisées puis montées fin septembre des élèves du lycée du bois de Mouchard (39) et des tentes qui seront installées durant le mois de décembre sur le site, Haut-Jura ski s'inscrit aussi dans une logique d'animation territoriale autour de la culture nordique. « Ce rendez-vous est inspirant pour les enfants : les plus jeunes verront évoluer des top athlètes et les jeunes de 15 ans prendront part à l'organisation », poursuit le président du skiclub qui compte 300 licenciés, onze ans après la fusion des clubs de Septmontcel, Lajoux, Les Molunes, Les Moussières, La Pesse et Lamoura. Haut-Jura ski organisera également les 19 et 20 janvier une nouvelle édition des Belles Combes.

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Une coupe d'Europe avait déjà eu lieu en 2017 à Prémanon.

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Trolltunga est l’une des proéminences rocheuses les plus impressionnantes de Norvège. À 1 100 mètres d'altitude, elle surplombe le lac de Ringedalsvatnet, situé 700 mètres plus bas. Une langue de troll mythique qu’il me tardait de découvrir. Un très beau moment !

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La fête nationale en Norvège se déroule le 17 mai, date anniversaire de la signature de la Constitution en 1814. C’est étonnant d'assister aux défilés traditionnels, dont le plus grand attire des dizaines de milliers de personnes, qui agitent leurs drapeaux en criant « hourra ! ». À Oslo, le cortège est même salué par la famille royale. Et puis, c’est une bonne occasion pour sortir le costume.

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KILIAN JORNET

Depuis deux ans, l'enfant des Pyrénées vit en Norvège. Parce que « j'aime la solitude et les grands espaces vierges », justifie la star planétaire. En exclusivité pour Nordic Magazine, il ouvre son ALBUM-PHOTOS scandinave.

From Norway with Love

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TOUTES LES PHOTOS SONT SIGNÉES LUCAS CHANAVAT.

CHANAVAT

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LUCAS

Le sprinteur du Grand-Bornand est tombé amoureux de la Norvège où il séjourne de plus en plus.


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La Norvège c’est aussi la mer. Cet été, j’ai eu la chance de séjourner quelques jours au sud du pays, expérimentant la pêche en petit bateau, le ski nautique, le catamaran, etc.

TERJE RAKKE / NORDIC LIFE

Une piste d’athlétisme, à Lillehammer, à 10 h du soir, avec le coucher de soleil tardif. J’en profite pour m’entraîner plus tard et apprécier les derniers rayons de soleil.

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Hollmenkollen, lieu mythique pour tout fondeur. J’ai adoré prendre cette photo lors d’une superbe journée et après un bel entraînement sur la grande piste de ski-roues au pied du tremplin.

La Norvège, je pense, est un des rares endroits où l’on peut voir fabriquer de la neige artificielle en plein été (en petite quantité bien sûr).

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Sjusjoen, The Place to Be. Avec les premières neiges qui arrivent plus tôt en octobre dans cette station proche de Lillehammer, on peut reprendre le ski aussi tôt et directement sur des grandes boucles (un tour de 2 h 30 l'année dernière). On peut pratiquer jusqu’à la fin du mois de mai, voire juin, sans parler du fait que l’on peut aussi s’entraîner sur glacier.

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Spot nordique

UN FILM Banlieue 13, comme son titre l’indique, est un film qui se passe en banlieue parisienne. Il date un peu, de 2004, mais j’aime bien ce genre de polar, avec un super flic, de l’action et de l’humour.

UN LIVRE

L

e fondeur du Ski Club de Val de Morteau vient de vivre une saison compliquée à cause d’une mauvaise mononucléose. Au sein du Team Crédit Agricole Franche Comté, Pierre Tichit a réalisé une bonne préparation estivale entre la Savoie, l’Auvergne, le Vercors et (bien sûr) le Jura. Début octobre, ce spécialiste du classique a retrouvé la neige dans le tunnel d'Oberhof, puis sur le glacier de Ramsau, afin de pouvoir aborder sereinement sa première saison parmi les seniors.

Renflouez le Titanic ! de Clive Clussler. Je ne suis pas un grand lecteur, mais ce livre sur la mer, sur les bateaux, m’avait bien plu.

UNE SÉRIE TV Il y en a plusieurs, Narcos, avec des trafiquants de drogue, The Walking Dead, avec des zombies apocalyptiques, Breaking Bad, avec un personnage d’une cinquantaine d’années qui se met au trafic de drogues. Entre deux séances, c’est parfait. Je me mets dans la peau des personnages et j’ai juste envie de voir la suite !

Playlist

coute La chanson quuxemj’é motiver e quand je ve est de l’électro avec un peu de

Love Tom Odell, Another e chanson calme qui m'aide un st e C' . ure ce qui m'ento ite. su la r su r tre en nc co à me

« ringarde » La chanson éc uter que j’aime FataloBa zooka.

Fous ta cagoule de atoire e passe de manière alé En soirée ou quand ell oute. l’éc sur mon ordinateur, je

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que j'écoute La chanson co nforter pour me ré au rse vaise coudre m e n oublier après u , pour me déten et

ANTHONY GHNASSIA/TF1

. C’ Ignite d'Alan Walker iançant » ! J’ai flashé dessus et, mb « a ez ass es. paroles, c’est èrement avant les cours uli rég te ou l’éc je is, depu

UNE ÉMISSION TÉLÉ Quotidien de Yann Barthès sur TMC. Je ne suis pas très télé, mais je l’allume pour cette émission, il y a une bonne ambiance et j’aime bien quand les journalistes titillent les politiques.

UNE ÉMISSION RADIO Je n’ai pas d’émission particulière, mais j’écoute RCV, Radio Collège Villers, sur le 105.0. Cette radio est faite par des personnes que l’on côtoie régulièrement, il n’y a jamais de publicité et des émissions sympathiques. Pour écouter en voiture, c’est idéal.

#SELFSKI

@PIERRE TICHIT 104 NP

MES APPL

Polar Flow et Stra ICATIONS applications sont va. Je ne sais pas si ces in en tout cas, elles m dispensables, mais mes entraînemen e sont bien utiles pour ts. j’utilise beaucoup Sinon, à côté du sport, Snapchat.

LE RÉSEAU

SOCIAL Instagram. Je po ste photographies d’en souvent des ou de paysages, c’e traînement st et il n’y a peu ou pa varié, simple à utiliser aussi de voir ce qu s de publicité. Ça permet i pays en la matière. se fait dans les autres Pour moi, c’est le idéal. réseau

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105 NP


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Marie Dorin-Habert

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ne nouvelle technique pour contenir la fuite de l’or blanc. Après sa fabrication de plus en plus artificielle, l’avancée technologique essaye à présent d’enrayer sa fonte et de garantir sa conservation d’une année sur l’autre ! Pourtant, les bénéfices pour les athlètes sont intéressants : entraînements sur les skis dans de bonnes conditions, maintien des compétitions à la date planifiée, assurance d’une activité neige pour les stations…. Mais la magie du flocon blanc qui vole dans un ciel gris et qu’on regarde se poser rêveusement, le plaisir de sortir des sentiers battus, poudreuse jusqu’aux genoux…. toutes ces sensations incomparables que nous procure l’hiver en montagne prennent de l’âge. Elles surviennent de plus en plus furtivement, remplacées par le bruit des canons, la neige tassée et damée des machines, seule langue blanche traversant des étendues brunes que le manteau blanc refuse de couvrir. Et on se fait à tout. Ce qui semblait exceptionnel devient courant, et la réciproque fonctionne. Parfois on s’indigne un petit coup sur les effets du change-

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Faut-il se résigner à industrialiser même la neige ?

ment climatique. Puis, le lendemain, la vie courante reprend le dessus et la nostalgie du flocon qui vole retourne dans son nuage. Le monde fonctionne ainsi. Faut-il se résigner à industrialiser même la neige ? Peut-être que se résigner n’est pas le bon mot ? Peut-être qu’apprécier l’avancée technique en essayant d’agir à son échelle suffit ? Mais suffit à quoi ? À apaiser ma conscience ?

La magie du flocon blanc appartient-elle au passé ?

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SINDY THOMAS

Beaucoup de questions quand on y pense ! Et mon flocon, alors ? Il vole, il vole, regarde-le tourbillonner, regarde ! Suit sa course virevoltante dans ce ciel gris plomb, voit comme il semble s’amuser avec l’air qui le fait changer de direction, incertain, éphémère. Il est beau n’est-ce pas ? Et maintenant regarde l’ensemble, tous ces flocons qui emplissent le ciel, tout ce blanc, profite, il neige ! n

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Championne olympique à Pyeongchang, Marie Dorin-Habert s'est retirée du circuit du biathlon ce printemps.

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Construisons ENSEMBLE votre avenir.

www.samse.fr www.entrepot-du-bricolage.fr nordic MAGAZINE

Le groupe Samse soutient le ski nordique en France. 107 NP



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