numéro Été 2019 numero39.com
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YVES SAINT LAURENT Les souvenirs de Paule Monory
FRANÇOISE BOURDIN Le Jura inspire l'écrivain LES INFIDÈLES Dans le cœur des rockeurs
ALEXANDRE PASTEUR Le Tour de France de Sirod à France Télévisions
Porte-avions
Charles de Gaulle
Magazine gratuit
Le Pacha est Jurassien
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2019 – Crédits photos : DSL 71, Ibanez Aurélien, Bourgogne Live Prod, iStock, Shutterstock.
L’Appli qui vous mène de Vins en Découvertes route71.fr
L’abus D’alcool est dan gereux pou r la san t é. À CO NSOM M ER AVEC MO DÉRAT ION. 2 numéro
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numéro été 2019 numero39.com
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YVES SAINT LAURENT Les souvenirs de Paule Monory
FRANçoISE boURdIN Le Jura inspire l'écrivain LES INFIdèLES Dans le cœur des rockeurs
ALExANdRE pASTEUR Le Tour de France de Sirod à France Télévisions
Porte-avions
Charles de Gaulle
Magazine gratuit
Le Pacha est Jurassien
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résidence des Épilobes 300, chemin des Mouillettes 39220 Prémanon + 33 (0)6 85 96 90 94 magazine@numero39.com
SAS au capital de 5 000 € RCS Lons-le-Saunier 538 166 166 Président : Franck Lacroix } Rédaction 1, chemin du Moulin 39260 Martigna Directeur de la publication et de la rédaction : Franck Lacroix Ont collaboré : Armand Spicher, Karine Garnier, Samuel Cordier, Pierric Bailly, Nicolas Gascard, Pierre-Victorien Compagnon, Pablo Ribeiro, Yvan Lacroix, Appoline Compagnon, Marie Spicher (cartes). Merci à Corentin Jacquot, Jérôme Martinet, l'association Chemin clunisien FrancheComté Bourgogne, MarieJeanne Lambert, Ambroise Le Corre et Charly Duplan (Sirpa Marine), Jean-Louis Lemarchal, Jean-Gabriel de Bueil, Aline Muller, musée Yves Saint Laurent, Steeve Cretiaux, Jeanne Rouah, Livia Drouillot, Agnès Bouquerot, Mélanie Rouah, Arnaud Dupré, Françoise Plas, Éric Gavard, Nathalie Spicher, Claude Roz. } Publicité Tél. : + 33 (0)6 24 85 36 20 Merci à nos partenaires annonceurs. } Distribution Liste complète des points sur www.numero39.com www.numero39.com facebook.com/Numero39 La rédaction n’est pas responsable de la perte ou de la détérioration des textes et photos qui lui sont adressés pour appréciation. La reproduction, même partielle, de tout matériel publié dans le magazine est interdite.
Impression : Rotimpres Création : juin 2016 Dépôt légal : juin 2019 ISSN : 2495-3393 Photo de couverture : Perrine Guiot/ Marine Nationale/Défense
Lignes biscornues D
isons-le tout net, nous n'aimons pas les lignes droites. Elles sont monotones, raides, ennuyeuses. Elles vous mènent d'un point à un autre, avec trop d'évidence, de convention. Nous, ce que nous préférons, c'est le biscornu, le bizarre, le baroque. La bosse qui dissimule, la courbe qui ne laisse rien paraître. « Tout le bonheur du monde est dans l'inattendu », affirmait Jean d'Ormesson. Les destins qui vont se succéder dans les prochaines pages ont ceci en commun qu'ils ont emprunté ces dénivellations, ces raccourcis ou ces errances. Point de boucher fils de boucher, de notaire fils de notaire, de paysan fils de paysan. Ici, Monsieur, on écrit son histoire en trempant sa plume dans son propre sang. Attention, cela ne signifie aucunement que l'on a oublié d'où l'on vient. Nous n'avons pas arraché nos racines à la terre qui nous a portés, nous n'avons pas tourné le dos à notre passé. Nous ne sommes pas la pluie du matin. Les lignes qui se dessinent sur le papier ont de la mémoire. Ce que nous devenons, nous le devons à ceux qui nous ont précédés ou accompagnés. Nos parents nous ont élevés, nos maîtres nous ont éduqués, nos amis nous ont portés, nos amours nous ont embaumés. Nous sommes l'addition de ce métissage complexe et intime. Cette matière sait être malléable, pâte à modeler à laquelle nous pouvons donner la forme de notre choix. À condition de le vouloir, de le pouvoir aussi. Et c'est à ce moment-là que le tordu entre en jeu. C'est à cet instant précis que nous devinons l'épingle à cheveux. Prenez Paule Monory. Elle a travaillé pendant de très nombreuses années avec l'un des
plus grands couturiers du XXe siècle, Yves Saint Laurent. Comment ? En répondant à une petite annonce publiée dans Le Figaro. Et Marc-Antoine de Saint-Germain ? Il commande le plus gros porte-avions d'Europe, le Charles-de-Gaulle, parce qu'il a écouté, petit garçon, les récits des marins qui venaient visiter ses parents. Des enfants du Jura évoluant dans le milieu de la haute couture ou sur la passerelle d'un bâtiment de la Marine Nationale, avouez que ce n'est pas courant ! On les imagine davantage veiller sur des meules de comté ou de vieilles barriques pleines de vin jaune. C'est comme si ces postes étaient réservés, l'un à un bourgeois ayant grandi dans le chic seizième arrondissement, l'autre à un jeune homme aventurier qui a poussé derrière les fortifs d'un port breton. Les clichés ont la dent dure. Heureusement, la vie sait être plus originale. Et c'est notre gourmandise. Les itinéraires qui vont suivre ont tout de ce qui caractérise le Jura. Ils sont dans la géographie même de ce département dont on ignore trop souvent la fertilité. Ils sont le calcaire, le ruisseau qui s'engouffre au milieu de nulle part pour réapparaître où on ne l'attend pas, ils sont visibles, puis invisibles, durs et poreux à la fois, gris et colorés. Ils sont ce paysage que l'on ne voit plus parce qu'il nous est trop familier, ils sont le trésor à portée de regard, ils sont le point d'appui à partir duquel chacun d’entre nous peut s'élever. Ils sont la négation de la fatalité, le terreau de l'ambition à laquelle nous pouvons prétendre pour nous-mêmes ou les nôtres. À condition, vous l'aurez compris, de ne pas relier un point A et un point B par le plus court chemin.
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numéro 3 39
25 rue Richebourg 39000 Lons-le-Saunier
tĂŠl. +33 (0)3 84 43 54 10 contact@lamaisondelavachequirit.com
… et soudain ça devient de se mettre au sec. Lorsque vous vous baignez en rivière à proximité d’un barrage ou d’une usine hydroélectrique, la variation du débit de l’eau peut vous surprendre. Il convient de respecter la signalisation et les lignes de bouées pour ne pas mettre sa vie en danger.
CALME APPARENT, RISQUE PRÉSENT www.edf.fr/calme-apparent-risque-present
numéro 8L’énergie est notre avenir, économisons-la ! 39
EDF 552 081 317 RCS Paris, 75008 Paris.
On croit que la priorité, c’est de se mettre à l’eau…
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Yves Saint Laurent et Paule Monory dans les coulisses du défilé haute couture printemps-été 1990, le 24 janvier 1990 à l’Hotel Intercontinental, à Paris.
b éditions belfond
Sommaire Jura Entretien
Françoise
Bourdin
Quelques années avec Monsieur Saint Laurent
La femme aux 50 best-sellers
L'écrivain a connu le Haut-Jura quand elle était jeune mariée. Lintrigue de ses deux derniers romans se déroule dans cette montagne dont le souvenir ne l'a jamais quitté. Entretien. Ü
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b Carlos Muñoz Yagüe
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Prise de commandement du capitaine de vaisseau Marc-Antoine de Saint-Germain.
Marc-Antoine de
Bertille
La forgeronne séduit la Suisse A trente ans, la Doloise Bertille Laguet a fait sa place dans le milieu du design international, trusté les prix et fréquenté les plus grandes galeries pour finalement tout reprendre à zéro. Aujourd’hui elle est forgeronne à Chexbres, en plein cœur du vignoble de Lavaux sur la Riviera vaudoise. Ü
Le porte-avions en mer Méditerranée lors de l'opération Clemenceau.
b Paul-DaviD Cottais/marine nationale/Défense
Le commandant du porte-avions charles-de-gaulle est jurassien. Le capitaine de vaisseau Marc-Antoine de Saint-Germain nous invite à bord du plus grand bâtiment de combat de la flotte française. Ü
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numéro 69 39 69 numéro
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À 30 ans, Bertille Laguet qui a grandi à Saint-Claude, à Champagnole et à Dole, a déjà été récompensée par de nombreux prix à travers le monde.
Laguet
Saint-Germain Pacha du Charles de Gaulle
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b numéro 39
b marine nationale
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XXXXX
La reculée de Baume abrite un monastère qui s'est développé grâce à l'abbé Bernon, fondateur de l'abbaye de Cluny.
Mon Jura à moi
Les
Infidèles Rockeurs des campagnes
Jura Balades
Au temps des
ABBAYES
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30 PAULE MONORY 44 FRANÇOISE BOURDIN 68 M.-A. DE SAINT-GERMAIN 80 BERTILLE LAGUET 86 CLAUDE AZÉMA
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YVES SAINT LAURENT Les souvenirs de Paule Monory
FRANçoISE boURdIN Le Jura inspire l'écrivain LES INFIdèLES Dans le cœur des rockeurs
PIERRE-ALAIN de GARRIGUES
Porte-avions
Le Jurassien
Charles de Gaulle
aux
45 000 voix
Le Pacha
Du Grand Bleu à Bienvenue chez nous
françois TruffauT Ü l'été 1971 dans le Jura Haroun Tazieff Ü expédition sur l'etna asLove Ü le tuBe de l’été
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21/06/2017 18:20
été 2019 numero39.com
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06/06/2018 16:28
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RAYMOND DEPARDON Ü mon jura intime DENIS FAVIER Ü sa Vie à la tête du GiGn J.-FRANçOIS chARNIER Ü créateur de musée
GuiLLaume De menTHon - asLove - françois TruffauT - Haroun Tazieff
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JuIN 2017
un cuisinier jurassien à Matignon
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ALExANdRE pASTEUR Le Tour de France de Sirod à France Télévisions
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08/06/2016 15:54
MARIN KONIK
été 2018 numero39.com
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la grande boucle 1939 de la Faucille à dole
ROMAIN BARDET - RAYMOND DEPARDON - DENIS FAVIER - DENIS TROSSAT - JEAN-FRANçOIS chARNIER
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le tour de France dans son jura
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alexis vuillermoz
été 2017 numero39.com
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un musée une patinoire un restaurant
STATION DES ROUSSES
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NOUVEAUTÉ 2017
RENDEZ-VOUS DANS L’ESPACE
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été 2016 numero39.com
Magazine gratuit
alexis vuillermoz - salome stevenin - erik orsenna - jean-gabriel de bueil - sylvie vermeillet
juin 2016
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numéro numéro numéro numéro
est Jurassien
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Le Jura a été une terre précoce du monachisme. Dès le Ve siècle, sont apparues les premières communautés religieuses. À Baume-les-Messieurs, Gigny, Saint-Claude et Grand-Rivière, marchez dans les pas des moines. Ü
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92 ALEXANDRE PASTEUR 100 STÉPHANE MEYER 106 LES DESIGNERS DU JOUET 116 LES INFIDÈLES 146 PIERRIC BAILLY
en version numérique
www.numero39.com
b numéro 39
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C'est le groupe de rock jurassien. Les Infidèles viennent de sortir un nouvel album, Cortex. C'est l'occasion pour Numéro 39 de les rencontrer. Les trois amis expliquent en quoi le Jura a dessiné leur personnalité, mais aussi, revers de la médaille, freiné leur carrière musicale. Ü
LES
MARDIS D’ÉTÉ
UN
T É àÉ D oLE
PLACE AUX FLEURS
MAR. 9 JUILLET À 20 H LAURALINE chansons, variétés PLACE DU 8 MAI
MAR. 16 JUILLET À 20 H
RED SPARKS + KOUETT
UN
2019
T É Éà D oLE
PLACE AUX FLEURS
rock
MAR. 23 JUILLET À 20 H
NOORD NEDERLANDS JEUGD ORKEST PLACE DU 8 MAI
classique reprises pop
MAR. 30 JUILLET À 20 H
KASTOR DIESEL
rock ��’s à nos jours
PLACE AUX FLEURS
MAR. 6 ET 20 AO T DE 19 H À 22 H SO BACHATA danses latines
PLACE DU 8 MAI
MAR. 13 AO T À 20 H
BARNAC BLUES BAND PLACE DU 8 MAI
Tribute Creedence Clearwater revival
MAR. 27 AO T À 20 H GK ska rock LE
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SAM. 13 JUILLET
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Lumière orageuse sur la reculée de Baume-les-Messieurs Cliché : Nicolas Gascard
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Le lac de Coiselet où la Bienne se jette dans l'Ain. Cliché : Nicolas Gascard
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Le lac de Bonlieu a revêtu ses habits de fin d'été. Cliché : Nicolas Gascard
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b DR
Jurassiens
Jérôme Genée a parcouru le Chili en quête des plus australes et prestigieuses terres viticoles biodynamiques du monde.
JÉRÔME GENÉE
DU JURA AU CHILI De retour du Chili, le faiseur d’images jurassien a saisi les plus beaux domaines viticoles d’Amérique latine. Avec en ligne de mire, la publication d’un ouvrage complet sur la biodynamie à travers le monde. Ü
J
érôme Genée, installé dans le Jura depuis 2000 après avoir bourlingué partout, revient du Chili où il a passé un mois à photographier les plus belles propriétés en biodynamie du pays. Son objectif ? Publier un beau livre sur les prestigieux domaines biodynamiques internationaux. L’homme a commencé son périple par le plus haut domaine du monde au cœur de la vallée Del Elqui. « Viñedos de Alcohuaz est un petit domaine très réputé où tout est fait à la main. L’accès à la bodega de vinification est très restreint, tout comme celui au "Temple". » Cette crypte, véritable sanctuaire creusé dans la montagne en granite, est un caveau somptueux visité par les hautes personnalités mondiales. « Sur une table en
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marbre, éclairée de puits de lumière, trônent les illustres cuvées de la propriété. Un endroit magique… » Le petit Français, parti avec 100 € en poche et une connaissance réduite de l’espagnol, a ensuite gagné le Nord de la Patagonie à Trumao, afin de photographier les vignes parmi les plus australes. « J’ai aussi vu Emiliano, le plus grand domaine du monde, où j’ai pu rencontrer tout le staff technique. » Une exposition de ses clichés est visible mi-juin à Marseille au festival Oenovidéo Terroirs d’images, dont le photographe avait remporté le Grand prix l’an dernier. Après ce premier pas, Jérôme Genée prévoit d’autres périples au Maroc, en Équateur, au Japon, en Afghanistan, en Norvège, en Italie, à Lanzarote, etc.
Les paysages de Nicolas Gascard
Le Médecin des Pauvres réédité
Le Jura de Gérard Chappez
Chaque année, les photographies de Nicolas Gascard trouvent place dans Numéro 39. Avec le livre Wild Light Jura [www.nicolas-gascard.com], retrouvez quinze années d'une quête permanente des plus belles lumières du Jura.
La maison d'édition lédonienne Aréopage a la très bonne idée de rééditer le roman de Xavier de Montépin datant de 1862. Cette œuvre raconte la lutte que les Francs-Comtois menèrent contre l’annexion de leur pays par la France.
Le livre ne paraîtra qu'en décembre. Aux Éditions Sutton, Gérard Chappez nous dévoile « son » Jura, insolite et secret. À l'image des énigmatiques croix pattées du massif de la Serre ou des cabanes du premier plateau.
La rencontre entre la technologie quattro et la voiture 100 % électrique. Nouvelle Audi e-tron. L’électrique devient Audi. Et ça commence maintenant.
Les éclaireurs, nos experts de l’électrique Audi, s’engagent à répondre à toutes vos questions sur les technologies et spécificités de la nouvelle Audi e-tron. Laissez nos experts vous éclairer. Contactez-les 7j/7 de midi à minuit au 01 77 49 39 10* ou de 8h à minuit sur Audi.fr/e-tron Volkswagen Group France S.A. - RCS Soissons 832 277 370. Données d’autonomie en cycle mixte WLTP : jusqu’à 415 km (autonomie de 359 km à 415 km selon configuration). Données au 21/02/2019. Consommations comprises entre 22,6 kWH/100 km et 26,1 kWH/100 km, pour des émissions de CO2 rejetées : 0 g/km en phase de roulage (toutes finitions confondues). * Les éclaireurs : prix d’un appel local depuis un poste fixe.
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PASCAL BÉJEANNIN
SON OURS AU GROENLAND
Chantal Duverget et ses peintres Dans son ouvrage, l'auteur met en lumière une quarantaine d’artistes qui ont peint la Franche-Comté aux XIXe et XXe siècles, comme une promenade cohérente et structurée dans les paysages de la région. Nous découvrons ainsi, qu’avec des styles très variés, tous ces peintres ont su exprimer l'âme de leur pays, s’appropriant des éléments incontournables de son identité visuelle – une falaise calcaire, un clocher, une saison, l’hiver. Si bien que, aujourd’hui, certains paysages du Jura se mettent à ressembler à des Bardone, des Bichet, des Pointelin ou des Klemczynski ! PPeindre la Franche-Comté, de Courbet à Messagier, de Chantal Duverget, Éditions du Sekoya
Avec Christine Desrousseaux à Morez b NUMÉRO 39
Le Jurassien sculpte des animaux en fer qui seront exposés dans leur milieu naturel.
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b PASCAL BÉJEANNIIN
L'ours polaire à Prémanon, avant son voyage pour le Groenland.
our ceux qui connaissent Pascal Béjeannin, éducateur de métier à Champagnole et sculpteur sur fer par passion, « Au revoir camarade » pourrait sembler un défi de plus, mais ce n’est pas que ça et pourtant… Cette histoire est vraiment née par hasard : « je voulais sculpter un ours polaire grand, élancé, en mouvement et quand je l’ai eu terminé, je me suis dit que l’espèce est en voie de disparition et que, s’il ne doit en rester qu’un, ce sera celui-là ! » Voilà comment la bestiole en fer est partie rejoindre la banquise ce printemps, le Groenland, plus
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exactement Port Victor à Oqaatsut, là où séjourna Paul-Émile Victor. Les choses auraient pu en rester là, mais Pascal Bejeannin s’est dit qu’il fallait aller plus loin : « à mon ours, je vais ajouter le gorille des forêts tropicales, la tortue des Philippines, le rhinocéros de Zambie et aussi un arbre qui sera sculpté à partir de kalachnikov… » Chaque fois, les œuvres seront replacées dans leur milieu naturel. Le projet a conquis les cœurs, « Au revoir Camarade » est devenu une quête commune à laquelle viennent se mêler d’autres artistes, d’autres aventuriers à l’image de François Bernard, explorateur des pôles avec son voilier Atka, ou Stéphane Niveau, directeur de l’Espace des mondes polaires de Prémanon. Films, livres, rencontres et expéditions sont au programme, mais s’il veut mener la globalité de son projet à bien Pascal Bejeannin reconnaît en bon philosophe : « Je n’aurai pas assez d’une vie ».
La Lilloise Christine Desrousseaux a choisi de situer l’intrigue de son dernier roman En attendant la neige dans le Haut-Jura, et plus particulièrement à Morez. Le roman raconte la retraite de Vera, une femme hantée par la mort. Dans un chalet prêté par un ami, l’héroïne tente de se reconstruire après un drame personnel. La montagne jurassienne apparaît comme le lieu idéal pour ce projet. Mais Vera rencontre un voisin aussi séduisant que mystérieux… et bien sûr la neige qui risque à tout moment de bloquer la vallée. PEn attendant la neige, de Christine Desrousseaux aux éditions Calman Lévy.
Sandrine Quétier mène l'enquête La série policière à succès « Meurtres à... » a choisi le lac de Vouglans pour un épisode bientôt diffusé sur France 3. Sandrine Quétier et Pierre-Yves Bon interprètent les personnages principaux. Le tournage a lieu en juin avec des figurants jurassiens.
FRANÇOIS-XAVIER PERTHUIS
QUAND LE DEUIL SUBLIME François-Xavier Perthuis a un itinéraire atypique, en tout cas comme auteur, même s’il ne se définit pas comme tel. Pour ce Parisien qui a choisi Lons-le-Saunier pour exercer son métier de kinésithérapeute du sport, tout en pratiquant assidument le karaté (auquel il a consacré un ouvrage en 1994), tout a commencé – et tout revient – à la perte de sa petite sœur. Drame personnel et épreuve qui aura marqué toute sa vie. À un moment, il décide de comprendre, de dépasser le chagrin silencieux : « J’ai découvert le livre du professeur Magnus et j’ai compris qu’il fallait que je fasse une approche du deuil sous l’angle universitaire », confie-t-il. Une démarche qui l’amène à enchaîner les formations jusqu’à l’écriture d’un premier ouvrage, Des âmes vives, salué par la critique. Puis, à un deuxième ouvrage paru en 2018 aux éditions de l’Harmattan, Blessures, que l’auteur considère comme un récit, celui de son cheminement : « C’est le témoignage de la perte d’un être cher vécu par l’enfant et, plus tard, par l’adulte. Si j’ai un message à transmettre, c’est qu’un deuil peut tout freiner et même tout arrêter dans une vie, mais qu’il peut aussi donner un souffle. Grâce au travail que j’ai fait, j’ai trouvé l’énergie pour travailler, avoir des projets, fonder une famille. » Blessures n’est pas une thèse ou quelque chose d’approchant, c’est la transcription d’un cheminement intime à prendre comme exemple, même si chaque perte d'un être cher est ressentie de manière différente par ceux qui restent. PBlessures de François-Xavier Perthuis aux éditions l’Harmattan
SÉBASTIEN LEPETIT
MEURTRE À LA TRANSJU' La Transjurassienne est la plus grande course de ski de fond de France. Quand l’organisation reçoit des menaces de mort très sérieuses, le commissaire Bruno Morteau (sic), policier à l'ancienne et épicurien, accompagné de son jeune collègue, Fabien Monceau, est appelé à se rendre sur place pour évaluer les risques. Et lorsqu’un homme est retrouvé assassiné de plusieurs balles dans la tête en pleine montagne, la situation devient plus complexe que prévu. Avec Il y aura du sang dans la neige [Éditions Flamant Noir], le Breton Sébastien Lepetit, qui a créé les personnages de Morteau et Monceau en 2013 avec Merde à Vauban [Prix VSD du polar], ne trahit pas l'épreuve mythique du Haut-Jura. Déjà parce qu'il en a effectué le trajet en raquettes ou à pied pour s'imprégner des lieux ; ensuite parce qu'il s'est documenté, notamment en interviewant le Haut-Savoyard Benoît Chauvet, double vainqueur de La Transjurassienne.
Lons-le-Saunier Agglomération
PROMENADES ET RANDONNÉES
Lons - le -Saunier Agglomération
PIl y aura du sang dans la neige de Sébastien Lepetit aux éditions Flamant noir
Carte au 1/25 000 ème 5.00 €
Édition 2018
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BEN
Quentin Fillon-Maillet, numéro 3 du biathlon mondial
CHAMPION DU MONDE DE JUDO À 69 ANS
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Un petit cocorico pour l’icône du Grandvaux qui a décroché, l'hiver dernier, la troisième place de la coupe du monde de biathlon pour la saison 2018-2019 derrière l'intouchable Johannes Thingnes Boe et le Russe Alexander Loginov. Indétrônable le Norvégien ? Quentin Fillon-Maillet entend bien venir lui chercher des poux dans la tête. À noter le titre de champion du monde junior de l'individuel pour le biathlète Martin Bourgeois-République.
La cycliste jurassienne va courir le Tour d'Italie avec ambition.
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Le Jurassien participera en octobre aux championnats du monde à Marrakech. Objectif : conserver son titre.
b NORDIC MAGAZINE
e gars-là est incroyable. Son aventure sportive débute à Lons – d'où il est originaire – il y a quarante ans avec le karaté, puis le judo. Entraînement, enseignement, compétition… Il suit son bonhomme de chemin. C’est à cinquante-cinq ans passés qu’il décide de s’inscrire à son premier tournoi vétéran, c’était à Angers : « Je ne pensais pas avoir le niveau, je m’entraînais avec les jeunes, mais les copains m’ont dit de tenter ma chance… Et j’ai gagné ! » Les victoires, il les enchaîne : Tours, Lille, Gérardmer, Marseille. Bref, il est quatre fois champion de France vétéran : « Alors mon entourage m’a dit de m’inscrire aux championnats d’Europe à Prague en 2014, j’ai acheté mon billet, raconte-t-il. C’est une ville que je rêvais de visiter et je suis parti comme un grand sans rien demander à personne, c’était mon premier tournoi européen… Que j’ai gagné ! » Ensuite, il y a Nice en 2016, gagné aussi... et cette envie de titre mondial qui monte, qui monte. Sur quatre participations, il finit deux fois troisième, se blesse. Bref, ça ne lui convient pas : « Quand je monte sur le tatami, c’est pour vaincre, pas pour figurer, je le dois aux gens qui me font confiance ». En 2018, à Cancún, il déboulonne le double champion du monde sortant, un Américain pas facile : « On a bu des whiskies après, sourit-il. Mais dans le combat pas de quartier… » Et le voilà champion du monde. En avril dernier, il gagne une fois de plus le titre de champion de France à Tours en moins de 80 kg et prépare deux rendez-vous importants, le premier à Turin fin juillet pour un Grand Prix et, surtout, le championnat du monde en octobre à Marrakech où il ira défendre son titre avec une cohorte de supporters jurassiens. Et pour ceux qui veulent connaître le secret de longévité du professeur Ben, la recette est simple : Entraînement tous les jours, combats avec les jeunes, 100 km de vélo par semaine, 40 km de footing, randonnées quotidiennes. « Ma force ? J’ai un cardio d’enfer, j’asphyxie mes adversaires… », révèle-t-il.
b ALAIN MOUNIC/PRESSE SPORTS
Le rugbyman lédonien porte les couleurs du Lou, le club de Lyon.
FÉLIX LAMBEY
EN AVANT TOUTE ! Lors du dernier Tournoi des Six Nations, le deuxième ligne lyonnais s’est fait remarquer positivement par le sélectionneur Jacques Brunel, au sein d’une équipe de France en petite forme. Cette fin de saison sourit encore au Lédonien, qui vient de s’offrir, avec le LOU, son club formateur, une magnifique place en demi-finale du Top 14. Le grand gaillard d’1,95 m, qui a la tête sur les épaules et les épaules solides, a commencé le rugby au CS Lons-leSaunier à l'âge de cinq ans. Depuis, le jeune homme (25 ans aujourd'hui) a fait du chemin et pourrait bien emmener le LOU et l’équipe de France encore plus loin !
EVITA MUZIK
b THOMAS MAHEUX
DIRECTION LE GIRO À 20 ans, Evita Muzic signe un début de deuxième saison pro ultra-prometteur avec l’équipe FDJ Nouvelle Aquitaine Futuroscope. Le manager, Stéphen Delcourt, assure qu’elle « peut vite devenir la meilleure grimpeuse française et s’imposer rapidement parmi les meilleures mondiales sur les étapes difficiles » ! La Lédonienne, guerrière venue du cyclo-cross, a fini 14e du général et meilleure jeune de l’Emakumeen Bira, course à onze étapes du Pays Basque espagnol. À l’issue de cette performance, elle se classait 4e jeune du Women’s World Tour, niveau de course le plus élevé du cyclisme sur route féminin international ! Pure grimpeuse, endurante avec une bonne capacité de récupération, Evita Muzic est faite pour les courses à étapes. Attendue sur le Giro d’Italia du 5 au 14 juillet – une première pour elle – la cycliste fera les dix jours de course « sans pression » cette année, selon son manager. « Mais sur ce type de grandes courses, je suis persuadé qu’elle peut faire un top 20, voire un top 10 ». Titulaire d’une licence Staps à Besançon, la jeune femme s’oriente vers un master MEEF pour devenir enseignante. Le vélo reste pour l’heure sa priorité, avec en ligne de mire les JO 2024… et peut-être même 2020 « si je ne suis pas trop jeune ».
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DÉBORAH FERRAND
LA FEMME OISEAU Elle rentre d'une coupe du monde en Argentine. En octobre, direction la Chine pour les Jeux mondiaux militaires qui se dérouleront du 14 au 27 à Wuhan. Entre les deux, quelques coupes de France, des étapes de la World Cup series et les championnats de France qui auront lieu à Vichy, du 31 juillet au 3 août. L'agenda de Déborah Ferrand, membre de l'équipe de France de parachutisme dans la double discipline précision d’atterrissage (PA) et voltige, est chargé. À peine cette Parisienne de naissance a-t-elle le temps d'aménager son chalet de Coyron, non loin du lac de Vouglans.
¢ Vous avez passé la moitié de votre vie en l’air. Vous n’êtes pas un peu vieille pour sauter ? Dans ce sport, on se bonifie avec l’âge. La technique et la sagesse mettent du temps à rentrer. La preuve, c’est en 2018, À 36 ANS, QUE J’AI FAIT LES MEILLEURS RÉSULTATS : championne du monde militaire et civile en précision d’atterrissage et médaille d’argent en combiné individuel.
¢ Depuis 2014, vous êtes jurassienne. Coup de cœur ? Je suis venue faire un stage à Prémanon en janvier 2014 et j’ai craqué, je me suis dit : C’EST LÀ QUE JE VEUX VIVRE ! J’ai trouvé une location à côté de Lamoura et j’y suis restée deux ans, je voulais vivre là-bas, c’est tellement magnifique mais les prix étaient trop élevés pour moi et je n’avais nulle part où abriter mon camping-car. Je me suis résolue à changer de coin, tout en restant dans le Jura. Le lac de Vouglans me va très bien, je suis une fan d’aviron et je fais du paddle. Finalement, j’ai trouvé un chalet à Coyron avec plein de garages, je le retape à mon goût. En fait, je n’ai encore jamais dormi dedans, j’essaie de terminer la deuxième chambre. Ma vie, je la passe surtout sur les routes et dans mon camping-car !
¢ Votre palmarès n'a rien à envier à ceux des plus grands athlètes tricolores. C’est vrai ! 120 médailles au total et des titres de championne de France, d’Europe, des records du monde et 8 500 vols au compteur dans quatre disciplines : précision d’atterrissage, voltige, vol relatif et paraski. Mais le parachutisme reste une discipline confidentielle, les sponsors ne nous courent pas après. J’AI LA CHANCE D’APPARTENIR AU BATAILLON DE JOINVILLE et d’être détachée à plein temps depuis 2014 pour pratiquer le sport que j’aime, ce qui me permet de vivre là où je veux…
24 numéro
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¢ La vie est-elle plus belle là-haut ? Quand vous sautez, vous vous retrouvez immédiatement dans le silence. L’avion est parti, vous êtes seule. LE FUN, C’EST VOLER. Quand je suis sous ma voile, je me dis : il est quand même pas mal ce bureau !
b DEBORAH FERRAND
¢ Vous n’avez jamais peur quand vous sautez dans le vide ? Si, mais sauter en parachute n’est pas plus dangereux que faire du vélo ou du ski. Il faut respecter les règles de sécurité. Après, c’est aussi une question de chance, j’en ai eu puisque je ne me suis rien cassé. JE SAIS BIEN QU’UN JOUR, J’EN AURAI ASSEZ D’AVOIR MAL PARTOUT.
¢ N'y a-t-il que le parachutisme dans votre vie ? En fait, MON AUTRE PAS SION, CE SONT LES TATOUAGES, j’en ai dix-sept...
Le confort pour tous
HUGO MOLLIER ET ALEXANDRE BELLOT
© lordn
Le 13 mai, lors de la réception à l'Elysée.
b DR
UNE MÉDAILLE POUR LES COMMUNICANTS
La cuisine des jours
En mai, Hugo Mollier et Alexandre Bellot, chef de projet trafic et webdesigner au sein de API & YOU, agence de communication de Poligny, ont été recompensés par la médaille d'« Un des Meilleurs Ouvriers de France » dans la catégorie « Communication Graphique Multimédia ». Le projet présenté portait sur la mise en lumière des œuvres de l’artiste Vanbinh sur Internet.
heureux
b DR
La toute récente diplômée de la CinéFabrique, une nouvelle école publique de cinéma à Lyon, peut être contente. Son film de fin d’études, Mano a mano, a été projeté à Cannes durant le festival. La jeune femme de 24 ans, originaire de Cressia en Petite Montagne, a été sélectionnée par son école parmi plusieurs dizaines de postulants. De bon augure pour pousser un peu plus loin l’aventure de la création avec un projet de comédie qui devrait se dérouler dans le Jura, mais… Silence, on tourne !
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Louise Courvoisier sélectionnée à Cannes
CRéATION
En 2018, Numéro 39 vous présentait le dernier fabricant français de cochonnets. Aujourd'hui, Jean-Yves Monneret, dont l'entreprise est basée à Jeurre, lutte contre la pyrale du buis, une chenille qui dévore toutes les feuilles de l'arbuste. Celui-ci lui sert de matière première. « Il n’y aura plus de buis en France d’ici cinq ou sept ans », pronostique le chef d'entreprise qui a fortement augmenté son stock.
Photos : Fotolia / Conforama
Jean-Yves Monneret lutte contre les chenilles
Ligne directe cuisine : 03 84 43 42 35
Les Salines – MONTMOROT Magasin franchisé indépendant
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Le confort pour tous
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Elsa Jeanvoine aux Mondiaux...
ASLOVE
Elsa Jeanvoine, lauréate du premier trophée du Maître d’Hôtel en janvier 2017 et finaliste au MOF maître d’hôtel en novembre dernier, est l'un des deux Français – avec le Dijonnais Valentin Mérot, 29 ans – à avoir été sélectionnés pour les championnats du monde des maîtres d’hôtel qui se dérouleront à Bordeaux en novembre prochain. Depuis plus de dix ans, cette Jurassienne de 32 ans travaille à l’auberge de la Poutre à Bonlieu, tenue par François Moureaux [lire Numéro 39 n° 2].
UN NOUVEAU CD POUR LE DJ ???
P
ropulsé sur le devant de la scène avec Put your records on en 2017 [lire Numéro 39 n° 3], Guillaume Banet alias Aslove avait fait danser la jeunesse tout l’été dernier avec son premier single entêtant, Good Ideas. Valeur montante de l’électro hexagonal, le DJ lédonien revient cette année avec un nouveau titre qui fait déjà fureur : Dancing, sorti en février dernier et enregistré avec le chanteur de soul R&B, Dalvin, capitalise déjà plus d’un million de streams. Téléchargeable sur toutes les plateformes, le titre mêle des sonorités très « club » à un instrument qu’Aslove a ressorti du placard pour en faire sa signature : l’harmonica ! Surprise et plaisir assurés sur le dancefloor face à ce son original, en décalage total avec les vibes électro habituelles ! Le clip de Dancing, visible depuis le 24 avril, a été tourné au Liban : « un pays magnifique que j’ai découvert en tournant dans des endroits incroyables, comme ce dôme construit par Oscar Niemeyer ». Le jeune homme de 24 ans réside toujours à Lons-le-Saunier malgré ses fréquents déplacements. Avec son label Universal, il prévoit la sortie d'un single par mois, « comme un calendrier de l'Avent musical » et espère un album d'ici la fin de l’année. Cet été, Aslove enchaînera une série de dates dans toute la France : samedi 20 juillet au Stereoparc Festival à Rochefort (Charente-Maritime), samedi 3 août sur ses terres jurassiennes au Rock’n’Horses à Courlans, dimanche 11 août aux Plages Electroniques à Cannes, vendredi 16 août au Color Summer Festival à Fréjus... Restez à l’écoute !
b DR
... tout comme Arnaud Marandet
Le champion de France en tôlerie-carrosserie, Arnaud Marandet, participera en août à la Worldskills compétition – c'est-à-dire le mondial des métiers – qui se déroulera à Kazan (Russie). Originaire de Champagnole, le jeune homme de 20 ans est aujourd'hui salarié de la carrosserie du Haut-Jura de Saint-Laurent-en-Grandvaux.
Aslove sur la pochette de son dernier single Dancing, signée Fifou, collaborateur des meilleurs rappeurs français, comme PNL, Kaaris, Soprano, Maitre Gim’s…
b FIFOU
Catfish : les rockeurs passent à trois
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Le groupe de rock Catfish est en pleine mutation. Les deux jeunes Grandvalliers Amandine Guinchard (chant, basse, clavier) et Damien Félix (composition et guitare) se sont adjoint les services d’un troisième larron : Mathis au clavier. Catfish pourra retrouver son public à Chalain le 31 août lors du festival 39 Août où ils sont à l’affiche en même temps que les Infidèles. À noter que le groupe a sorti en février un nouveau CD, Morning Room. Pwww.catfish-music.com
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YANNICK FIEUX
JAMY GOURMAUD
CE TYPE PLANE
LE JURA NE MANQUE PAS DE SEL
NUMÉRO 39 - Vous êtes un Yannick Fieux - Je sui technicien ou un artiste ? s intéressé par la tec j’aime bien comprendre, mais j’ai un DEUG philo hnique, et fait une école de vente. La musique jouais de la guitare classiq m’a pris à l'âge de dix-sept ans. Je ue, je faisais du métal mais j’avais besoin d’une musique douce pou composé des morceaux pou r sortir de cet univers. Alors j’ai r moi. Donc vous êtes compositeu r ? Je suis un intuitif, j’ai appris tout seul. En fait, je ne sais pas lire une partition mais, en tous les genres, j’aime bien trente ans, on s’améliore ! J’ai tâté jou studio dans la maison de me er avec les notes. Je me suis fait un Hélène Bruyas, sophrolog s parents et, un jour, j’ai rencontré ue que je faisais. On a réalisé à côté de Clairvaux, elle a aimé ce quatre CD ensemble sur les quatre éléments : l’eau, l’air, la ter re, le feu. J’ai enregistré sa voix et j’ai construit la musique dessus . Au pif ? Ah non ! En sophrolog pour relaxer le corps ; la vis ie, il y a trois phases : le démarrage faut que la musique soit syn ualisation ; le retour à la réalité. Il chro avec les phases. J’ai éga enregistré avec Stéphane Ribes, un guérisseur breton lement vaille sur l’enracinement, qui traet s’intitule Lumière de l’au-de j’en ai fait un autre sans parole qui là. Une relation avec la mort ? Pas vraiment, c’est plus une musique en accord ave vibrations de la terre et le biorythme avec des fréquen c les chrones, c’est-à-dire des ces isoson mais qui aident à la créatio s pulsés pas forcément audibles, n droit – pour parvenir à un – ce qu’on appelle aussi le cerveau état de conscience modifié. Soins ou spiritualité ? C’est davantage un partag e de bonnes énergies, fair couvrir à l’autre ce qu’il a de meilleur pour qu’il fasse e déde chemin vers lui-même, une musique qui ouvre sur un bout le intérieur, mais on peut aus si l’écouter en faisant la cui chemin sine ! Pwww.edelconcept.com
b PHILIPPE MATSAS
Côté cour, il est technico dans l’entreprise familia -commercial spécialisée dans les sto le de Montmorot Côté jardin, il compose res et les vérandas. pour la relaxation et la des musiques zen Le gaillard en est à son sophrologie. il a lancé l'application sixième CD et, en juin, Ataraxie. Ü
Dans son premier livre, l’ancien animateur de « C'est pas sorcier » propose de parcourir la France des curiosités naturelles et scientifiques. Avec ses mots, Jamy Gourmaud présente des lieux et des événements souvent méconnus, au prisme de la science et de l'histoire. « C’est ce gai savoir que j’essaie de partager depuis des années », assure-t-il. Dans ce livre Un tour de France très personnel, Jamy s’arrête dans le Jura, et plus particulièrement du côté d’Arc-et-Senans, Salins-lesBains et Tavaux. Pour parler de quoi ? Du sel ! De sa formation dans le sous-sol jurassien, « La mer disparue du Jura », à son exploitation, « Comment extraire le sel du sous-sol ? » en passant par son coût, Jamy n’élude aucun aspect, dans le langage clair qui fit son succès, lié à « L’or blanc », qui fit la richesse du Jura. PMon tour de France des curiosités naturelles et scientifiques de Jamy Gourmaud, aux éditions Stock
PIERRE-ALAIN DE GARRIGUES
L’HOMME AUX 45 000 VOIX SUR YOUTUBE
L’homme dont la voix a servi des milliers de films, de documentaires, de chansons... [lire Numéro 39 n°3] lance — via son studio de création PADG — sa chaîne Youtube sur laquelle il propose des vidéos regroupant l’ensemble de son univers, mais également la série Les vidéos qui font du bien beaucoup plus spirituelles : « C’est la continuation de 40 ans de réflexion sur soi, dit-il, une vision de la vie, une attention particulière à l’attitude intime, à la méditation. » Une vision de PADG beaucoup moins connue, mais passionnante.
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b NUMÉRO 39
Phttps://fr-fr.facebook.com/pierrealain.degarrigues
LA FROMAGÈRE JURASSIENNE SÉDUIT BRUXELLES Elle fait un carton chez nos voisins depuis 2014, date à laquelle elle s’est expatriée avec son mari et ses deux enfants de Foncinele-Haut où elle était agricultrice, productrice de fromages et animatrice des Routes du Comté, jusqu’à Waterloo. Dans ce lieu synonyme de défaite pour la France, Véronique Socié a décidé de conquérir la Belgique en décrochant, en 2016, le titre envié de Premier Fromager de Belgique, équivalent des MOF chez nous. De là, elle file directement à Bruxelles où, dans le centre historique, elle ouvre, en 2017, une fromagerie-bar avec son fils Léo. Un établissement qu’elle intitule « la Fruitière », en écho au Jura qu'elle soigne particulièrement : « Le produit-phare, c’est évidemment le comté, décrit-elle. Nous en avons cinq provenant d’affineurs différents. La Belgique représente 26 % de parts d’exportations du comté, talonné par les fromages suisses, très dynamiques dans leur communication. » Et de présenter sa boutique : « Nous avons aussi des confitures de Chaux-des-Crotenay, du miel de Foncine-le-Haut, de la bière de La Ferté et de la limonade de Champagnole...» Sans oublier les vins du Jura. Cette année, Véronique Socié a décidé d’aller plus loin : aux chambres d’affinage visibles depuis la rue, à sa table d’hôtes, aux soirées dégustation, elle a ajouté, en juin, un atelier de laiterie, avec fabrication de yaourts, fromages blancs, fromages de chèvre. « C’est en fait ce que je faisais dans le Jura et les mains dans la gamelle, ça me manque ! » Donc, si vous passez par Bruxelles... b LA FRUITIÈRE
Pwww.facebook.com/lafruitierebrussels
La Jurassienne Véronique Socié est Premier Fromager de Belgique. Mais elle n'oublie pas sa terre natale.
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Quelques annĂŠes avec Monsieur Saint Laurent 30 numĂŠro
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b CARLOS MUÑOZ YAGÜE
Yves Saint Laurent et Paule Monory dans les coulisses du défilé haute couture printemps-été, le 24 janvier 1990 à l’Hôtel Intercontinental, à Paris.
numéro 31 39
Paule
b COLLECTION PERSONNELLE PAULE MONORY
Monory De 1979 à 2002, Paule Monory fut l’assistante studio de Monsieur Saint Laurent. Nous avons rencontré à Château-Chalon cette personnalité riche et lumineuse qui a toujours vécu entourée de créateurs. Ü
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L
LE PRINTEMPS SE FAIT ATTENDRE DANS LE JURA. Entre averses et éclaircies, Paule Monory a fait le voyage en train depuis Paris pour retrouver sa maison perchée au bord de la falaise de Château-Chalon. La porte de grange franchie, depuis la pièce à vivre, le paysage et la vue sur la plaine de Bresse sont à couper le souffle. Occupée à faire un feu dans le fourneau, puis à chauffer l’eau pour un thé, elle s’étonne qu'on lui consacre un reportage. Pourtant, son parcours et ses presque vingt-cinq années aux côtés d'Yves Saint Laurent sont peu communs. « Je suis poursuivie depuis toute petite par les créateurs », confie-t-elle. Et d'énumérer : « mon père sculpteur, Robert Moninot ; ma mère dessinatrice ; mon frère, plasticien, Bernard Moninot ; mon mari peintre, Jacques Monory... et Yves Saint Laurent ». En écoutant Paule Monory raconter ses années auprès du couturier, en découvrant sa personnalité riche à l’ancrage bien jurassien, nous découvrons que cette proximité n’est en rien due au hasard. L’histoire pourrait commencer au début des années soixantedix à Château-Chalon. « Mon père était originaire du Fay, en Bresse, et dans sa jeunesse il a découvert Château-Chalon dont il est tombé fou amoureux et y a acheté une maison en 1957. Si bien que, même si nous habitions Paris, rue Gassendi dans le XIVe arrondissement, nous venions toujours en vacances dans le Jura ». Et c’est là que Paule Moninot, alors étudiante à l’École des Beaux-Arts de Paris, décide de venir s’installer en 1973. « À vingt ans, je tombe enceinte. Avec François, mon compagnon, nous nous sommes installés dans la maison de vacances de mes parents. Beaucoup d’amis ont quitté Paris à ce moment-là pour vivre dans le Sud, dans des communautés, se remémore-t-elle. Mais nous nous sommes arrêtés dans le Jura ! ». Paule trouve un travail à Lons-le-Saunier, dans le magasin Charpillon, et son mari devient bûcheron, notamment pour l’Office national des forêts (ONF). Leur premier enfant naît l’année suivante à Champagnole. Le jeune couple, « un peu hippie, un peu atypique », aux cheveux longs, a Bernard Clavel pour voisin ; mais c’est Pierre Gascar, alors installé à Baume-lesMessieurs, à qui il inspire une nouvelle restée inédite. Pourtant, au bout de quatre ans, et malgré cette image idyl-
lique, la famille décide de s’installer à nouveau en région parisienne pour la naissance d’un deuxième enfant en 1977. Pour trouver un travail, en 1979, Paule passe alors une annonce dans Le Figaro : « cela se faisait beaucoup à l’époque ». Et, à sa grande surprise, elle reçoit un appel de la maison Yves Saint Laurent qui lui propose un entretien. « Je me sentais comme une sorte de fille de la campagne et me disais que ce poste n’était pas pour moi. J’avais une Volkswagen bleu pâle, toute cabossée, sur laquelle j’avais dessiné des nuages sur les points de rouille, je roulais mes cigarettes, je lavais ma chemise et mon jean blancs tous les soirs, pour être impeccable le lendemain. Je nouais un foulard rouge à pois autour du cou... Je m’accrochais. Finalement j’ai été embauchée par la directrice du studio hommes. Aujourd’hui, je pense que si j’ai été choisie parmi d’autres, c’est justement à cause de cette tenue… »
PETITE ANNONCE DANS LE FIGARO La jeune Jurassienne ouvre alors un nouveau chapitre de sa vie. Sûre de se faire renvoyer au bout de quelques jours, elle y restera vingt-trois ans. « Je n’en revenais pas d’avoir intégré cette maison, dit-elle. J’ai fait deux périodes d’essai de trois mois, finalement, ils m’ont engagée ». Habitant en banlieue, avec deux enfants en bas âges, les journées sont longues. « Ce qui me plaisait beaucoup, c’est qu’il y avait une “cantine”. Plus besoin de penser aux courses, quel luxe !, sourit-elle, en vous fixant de son regard clair. Surtout, c’était un monde et un travail passionnants, un univers si différent. Je me suis rendu compte qu’avec un père sculpteur, j’étais allée dans une bonne école du regard car la mode aussi est en trois dimensions ! Au fil des mois, j’ai pris confiance, j’ai découvert l’esprit de la maison et m’y suis conformée ». Deux ans plus tard, Paule rejoint « LE » studio d'Yves Saint Laurent dans l’hôtel particulier du 5 avenue Marceau. « Je suis convoquée par Anne-Marie Munoz, la directrice. C’est une femme à l’autorité impressionnante, le regard profond et les cheveux noirs. Elle a connu Yves Saint Laurent chez Dior à la fin des années cinquante ; c’est là qu’ils ont appris à travailler ensemble. Il y a aussi bien sûr la merveilleuse Loulou de la Falaise, créatrice de bijoux et de chapeaux ». Et il y a trois assistantes près de lui, parmi lesquelles Paule et un homme chargé des tissus. « Le studio, c’est une grande pièce lumineuse avec un Ü
Paule Monory en 2002, avec Yves Saint Laurent dans le studio. « J'ai rencontré Monsieur Saint Laurent et, surtout, j'ai travaillé avec lui. Je pense qu'il n'existe pas de meilleur moyen pour connaître quelqu'un ».
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grand miroir, de hautes fenêtres qui donnent sur une cour intérieure silencieuse, plein de rouleaux de tissus de toutes couleurs, des échantillons de boutons, de plumes, de broderies, des livres d’art. Dans un angle, le bureau d’Yves Saint Laurent : deux tréteaux et un simple plateau en bois recouvert de toile de coton blanc, des crayons, des feuilles de papier, des petites figurines porte-bonheur et objets souvenirs que des amis lui apportent, un cendrier et des cigarettes et à ses pieds, le chien Moujik, un dogue français qui a été peint par Andy Warhol et qui faisait peur à tout le monde : il mordait. Quand il s’est approché de moi le premier jour, je tremblais mais il m’a plutôt “câliné” et Monsieur Saint Laurent a dit : “Paule est acceptée !” »
AU STUDIO AVEC LE COUTURIER Assistante studio d’Yves Saint Laurent, Paule Monory était chargée du livre de collection qu’on appelle « la Bible ». « Pour chaque modèle, je photocopiais le croquis original pour le coller sur une grande page vierge, je lui attribuais un numéro et je notais les décisions prises par Yves Saint Laurent pendant les essayages, le nom de l’atelier et du mannequin. Plus tard, je remplissais deux fiches : une pour la manutention et une autre pour collecter les prix et noter le temps de travail. Une vraie administration ! Tout commence par les essayages des toiles,
véritables maquettes d’un vêtement grandeur nature réalisé en coton blanc. Portées par les mannequins apprêtés comme pour un défilé : maquillage, bouche rouge, bas noirs et hauts talons. Là, les premières rectifications et ajustements sont réalisés, puis le choix du tissu est fait. On déroule les pièces à la demande de Monsieur Saint Laurent, et sur le mannequin, on est plusieurs à faire un “effet” devant le miroir, l’un derrière les épaules tenant le haut, l’autre marquant la hauteur du bas ou un effet de pantalon ou de ceinture. Parfois, des spécialistes sont présents pour les broderies, les chapeaux ou la fourrure. Quand le choix est fait, il me faut rapidement relever sans faute les références des tissus choisis, les couleurs, les boutons. Déjà un autre manne- Ü
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b SAMUEL CORDIER POUR NUMÉRO 39
Aujourd'hui, Paule Monory passe une partie de l'année à Château-Chalon, dans la maison familiale. « Avec mon frère et ma sœur, nous sommes très ancrés à ce lieu, dit-elle. Nous nous sommes attachés au paysage ».
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Yves Saint Laurent dans son studio de l'avenue Marceau, à Paris, en 1986.
quin entre dans le studio, suivi de son chef, le croquis épinglé au revers du col. Un à un, les mannequins se succèdent ainsi devant Monsieur Saint Laurent, c’est vraiment ce qu’il aime. Ce sont des souvenirs magnifiques », se souvient-elle. Entrée en mai dans le studio, Paule participe directement à la collection de haute couture présentée en juillet place Vendôme.
TROIS ANS AVEC HEDI SLIMANE
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Comme les autres assistantes, la Castel-chalonnaise aura un « vestiaire » à sa disposition, c’est-à-dire un ensemble d’habits de prêt à porter de la Maison. « Très vite, j’ai compris que Monsieur Saint Laurent ne s’adressait pas qu’à un seul type de femmes ou qu’à des “femmes actives”. Il créait aussi des tenues pour moi, “hippie”. Il s’inspirait et sophistiquait des vêtements qu’on aurait pu trouver aux puces, dans un souk marocain. Finalement, son univers n’était pas si éloigné du mien. Il savait nous rendre belles, sans changer notre nature, la révélant plutôt ». Pendant quelque temps, Paule quitte le studio pour travailler avec un jeune styliste de la maison et, en 1996, elle rejoint Hedi Slimane, le styliste au studio hommes Yves Saint Laurent. « Il a beaucoup de talent, une vision très sûre. Nous nous sommes très bien entendus et je suis restée avec lui pendant trois ans, jusqu’à ce que la maison YSL soit rachetée par Gucci et qu’il parte chez Dior. Je ne l’ai pas suivi ». La Jurassienne n'en a pas fini avec Yves Saint Laurent. Elle retrouve son mentor : « Je lui devais tout, je suis donc revenue au studio de haute couture. J’étais assez mal à l’aise, car j’avais osé le quitter... A mon retour, Madame Munoz a simplement dit “Paule revient” et Monsieur Saint Laurent s’est levé, m’a embrassée et accueillie avec joie, j’étais bouleversée ». « Plus tard, à notre grand regret, le couturier a abandonné sa maison de couture. Mais, il travaillait toujours sur une planche posée sur des tréteaux et entourés de bouquets de lys et de ses objets fétiches, jusqu’au 7 janvier 2002, quarante ans jour pour jour après son premier défilé haute couture. » Ce jour-là, YSL a convoqué des dizaines de journalistes français et correspondants étrangers avenue Marceau, dans la salle où, la veille de chaque défilé, les équipes faisaient « l’accessoirisation » des modèles pour le défilé. À 65 ans, il annonce sa retraite : « J’ai choisi aujourd’hui de dire adieu à ce métier que j’ai tant aimé », déclare-t-il. « Il a annoncé qu’il arrêtait, il était épuisé, un grand épuisement, confie Paule. Comme pour presque tous dans la maison, on a beaucoup pleuré et on a dû partir ». En fait, Paule Monory – mariée depuis 1993 au peintre Jacques Monory – a quitté le studio quelques semaines plus tard. Auparavant, elle a filmé la maison Saint Laurent et ses 250 collaborateurs. « J’ai demandé l’autorisation à Monsieur Saint Laurent et Pierre Bergé [compagnon du couturier et Ü
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cofondateur de la maison de haute couture, N.D.L.R.], qui me l’ont accordée. J’ai tourné pendant les derniers jours de la maison avant le dernier défilé. J’ai filmé le studio, tous les services, la plupart des personnes des ateliers, de la comptabilité, de la presse et des salons… Tout ».
CAMÉRA EN MAIN Pour le deuxième acte des adieux d’Yves Saint Laurent, au défilé-rétrospective organisé quinze jours plus tard au Centre Pompidou, Paule sera la seule autorisée à filmer dans les coulisses à cause de la sécurité due aux attentats dans Paris à l’époque. Amis, actrices, journalistes, femmes de présidents figurent parmi les 2 000 invités qui se pressent dans le hall de Beaubourg. Les anciens mannequins Claudia Schiffer, Jerry Hall, Carla Bruni et les mannequins noirs qu’il aimait tant, Naomi Campbell, Katoucha Niane, Amalia, Mounia, ont revêtu les plus belles tenues qu’elles avaient portées par le passé. Trois cents tenues de 1962 à 2002 sont présentées avant que Catherine Deneuve et Laetitia Casta se lèvent pour chanter Ma plus belle histoire d’amour de Barbara au créateur, Ü
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Les abeilles du studio
« Très vite, j'ai compris que Monsieur Saint Laurent ne s'adressait pas à un seul type de femmes, il savait nous rendre belles sans changer notre nature, la révélant plutôt ».
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Le studio d'Yves Saint Laurent est une « ruche silencieuse ». « Les deux personnages importants autour de Monsieur étaient Anne-Marie Munoz et Loulou de la Falaise, ils formaient un triangle formidable », décrit Paule Monory. « Loulou de la Falaise était une personne extrêmement importante, elle était une amie intime d'Yves Saint Laurent, un charme et une fantaisie d’aristocrate anglaise décalée, tout en élégance joyeuse ». Chaque année, le rituel restait immuable : Yves Saint Laurent réalisait deux collections de haute couture et deux collections de prêt-à-porter. Autour du grand couturier, l’ambiance était au travail, à la concentration, sans oublier la gaîté. Aussi, parallèlement au Livre de collection où tout est consigné, la Jurassienne participait à une collection de prêt-àporter féminin pour la licence japonaise Sanyo. Elle avait aussi la mission de collecter des tissus pour le studio dans les salons en Italie ou à Paris : « Je ramenais des valises d’éléments et d’échantillons », raconte-t-elle.
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b FONDATION PIERRE BERGÉ – YVES SAINT LAURENT, PARIS
Le studio d'Yves Saint Laurent dans lequel a travaillé Paule numéro 40Monory. 39
ému. « J’ai filmé pendant le défilé et dans les coulisses. Ensuite le film a été monté ». À partir de 2003, Paule a travaillé exclusivement avec son mari, le peintre Jacques Monory. Une expérience passionnante. Une autre histoire. Quant à Yves Saint Laurent, il a cessé d’être un personnage public en janvier 2002. L’automne de la même année, sa maison est devenue une fondation. Avec d’autres proches collaborateurs, Paule le rencontrait de temps à autre : « Il nous invitait chaque année à un déjeuner pour la sainte Catherine ». La maison de couture fermée, il se rendait pourtant quotidiennement dans son studio resté intact, seulement accompagné de Catherine, assistante et meilleure amie de Paule, jusqu’aux semaines qui ont précédé sa mort, le 1er juin 2008. Avec les amis et proches, la Jurassienne a été de son dernier voyage à Marrakech, pour accompagner ses cendres dans les jardins Majorelle. Paule Monory n’a aucune nostalgie de ces années auprès d’Yves Saint Laurent, l’homme qui a changé l’allure des femmes du XXe siècle, a accompagné leur émancipation ; elle garde des souvenirs – « Je me souviens aujourd’hui avec émotion en regardant les Polaroid que nous prenions pendant les essayages, de la tension qui montait. Il fallait tenir. » De quoi favoriser de solides amitiés comme celles qui la lient à Catherine mais aussi à Anne-Marie Munoz, qu’elle a encore vue quelques jours avant notre rencontre. « J’ai rencontré Monsieur Saint Laurent et, surtout, j’ai travaillé avec lui. Je pense qu’il n’existe pas de meilleur moyen pour connaître quelqu’un. Je l’ai vu faire un croquis, se lever, prendre un rouleau de tissu, le plaquer contre un mannequin, ajouter une ceinture, dérouler une pièce de dentelle noire, un large ruban de satin rose, faire un nœud avec une épingle... Je me souviens de la robe de mariée avec les grands oiseaux de
b COLLECTION PERSONNELLE PAULE MONORY
Paule Monory a longtemps été chargée du Livre de collection. Ici, planche de collection "Soir Long Broderies" Collection haute couture printemps-été 1988.
À partir de 2002, Yves Saint Laurent a cessé d'être un personnage public, mais il a continué à voir ses proches collaborateurs. Ici, un 25 novembre, à l'occasion de la Sainte-Catherine.
Braque, portée par une fille noire, c’était d’une beauté extraordinaire. Je l’ai vu angoissé, souffrant, heureux ou facétieux. Nostalgie non, reconnaissance, oui. » Aujourd’hui, Paule Monory passe une grande partie de l’année à Château-Chalon, dans l’ancienne maison familiale – celle de Robert Moninot – partagée avec sa sœur et son frère. Pour terminer l’entretien, Paule nous entraîne sur sa terrasse pour nous montrer le paysage sous un ciel orageux transpercé par quelques rayons de soleil. Elle ouvre son parapluie transparent, un de ceux spécialement commandés en cas de pluie pour le grand défilé d’Yves Saint Laurent sur la pelouse du Stade de France juste avant la finale France-Brésil du Mondial 1998. « J’y étais ! »
Entrez à votre tour dans le studio de Monsieur Saint Laurent Le 3 octobre 2017, plus de quinze années après la fermeture de la maison de haute couture, s’ouvre le musée Yves Saint Laurent à Paris. Il occupe l’hôtel particulier historique du 5 avenue Marceau où naquirent, de 1974 à 2002, les créations d’Yves Saint Laurent, et où siège la Fondation Pierre Bergé – Yves Saint Laurent. Sur plus de 450 m2, une présentation sans cesse renouvelée, alternant parcours rétrospectif et expositions temporaires, rend compte du génie créatif du couturier. Le studio, où il travaillait avec six à
sept collaborateurs [dont Paule Monory], se visite. Si la pièce contraste avec la somptuosité des salons, c’est parce qu’elle est propice à l’atmosphère de travail dont Yves Saint Laurent avait besoin. C'est un espace neutre, clair et silencieux, dont un mur entier est occupé par un miroir dans lequel le couturier regardait ses mannequins durant les essayages. Table de travail, objets personnels, croquis, échantillons de tissus et de broderies, photographies évoquent l’atmosphère qui régnait pendant la préparation d’une collection. La
Jurassienne a été consultée afin de pouvoir reconstituer le lieu à l’identique. « Le musée est magnifique, même si pour moi cela fait bizarre de voir dans une vitrine les vêtements que j’ai vu naître ou porter, les mannequins de bois, les cartels... C’est un musée », confie-t-elle. PMusée Yves Saint Laurent Paris, 5 avenue Marceau, 75116 Paris. Tél. : +33 1 44 31 64 00 Ouvert du mardi au dimanche de 11 h à 18 h, nocturne le vendredi jusqu'à 21 h Fermé le lundi et le 1er janvier, 1er mai et 25 décembre. Plein tarif : 10 €.
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YVES SAINT LAURENT ÉTAIT ÉMOUVANT NUMÉRO 39 - Quelle image gardez-vous d’Yves Saint Laurent ? PAULE MONORY - Celle d’une personne exceptionnelle, tourmentée et très attachante. Quand j’ai commencé à travailler dans la maison, je connaissais son nom comme tout le monde, j’avais peut-être aperçu ses modèles dans les boutiques ou la rue, mais c’est tout. C’est en travaillant avec lui que j’ai découvert que ce qu’il créait me plaisait vraiment. Il venait de présenter une collection d’inspiration russe absolument énorme, magnifique. C’était quelqu’un de génial qui savait exactement où il allait, ce qu’il voulait. Émouvant aussi, très émouvant. Comment était-il au quotidien ? Je n’ai jamais été dans l’intimité de Monsieur Saint Laurent, juste une assistante proche de son travail qu’il adorait, et c’est formidable. Je pense qu’il m’aimait bien. C’était une personne plutôt timide, élégant envers les gens, très gentil et respectueux de tous, de leur travail. Il n’avait jamais un mot plus haut que l’autre. Mais, à part le trio Anne-Marie Munoz, la directrice du studio, et Loulou de la Falaise, qui créait les bijoux, il y avait une certaine retenue entre lui et l’équipe. Quand il arrivait dans le studio, tout le monde baissait d’un ton. L’équipe de base, c’était nous six plus le chien, et personne ne rentrait dans ce bureau sans avoir quelque chose à y faire. J’ai bien aimé cette distance, chacun à sa place. Cette image était-elle conforme avec le personnage public d’Yves Saint Laurent ? Sa vie personnelle n’apparaissait pas dans le studio. Plusieurs films ou documentaires ont été faits sur lui depuis longtemps. Je n'ai pas aimé les biopics qui s’intéressent surtout à sa vie privée, ce n’est pas ce qui m’a intéressé chez lui. Je ne sais pas si c’est conforme au personnage public, mais c’est révéler la face cachée d’un homme qui a toujours préféré qu’elle le reste.
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b SAMUEL CORDIER POUR NUMÉRO 39
Paule Monory figure parmi les cinq personnes présentes quotidiennement aux côtés d’Yves Saint-Laurent dans son studio. Elle livre un témoignage empreint de respect et d’admiration pour le créateur.
« Un personnage élégant avec tout le monde » : Paule Monory a travaillé avec le grand couturier de nombreuses années.
Si par moments, il pouvait sembler dépressif ou fatigué, moi, je ne l’ai jamais vu faire autre chose que venir travailler tous les matins. Des gens imaginent que des assistants dessinaient pour lui ses collections, mais ce n’est pas vrai, il dessinait tout. Il travaillait d'abord chez lui, à Marrakech ou à Deauville et arrivait avec plein de croquis, une collection complète parfois. Au studio, j’ai toujours connu une ambiance de travail, de travail très rapide, sous pression car nous avions quatre collections par an à réaliser. Quel travail il a accompli pour un dépressif ! Pierre Bergé était-il aussi présent ? Il avait son bureau au bout du couloir, à l’angle de l’avenue Marceau. Pour nous y rendre, nous passions devant les grands portraits célèbres de Monsieur Saint Laurent par Andy Warhol. Dans la maison, M. Bergé, c’était le patron, mais le grand patron, c’était Monsieur Saint Laurent. Un extraordinaire équilibre à deux, fragile et solide à la fois. Toujours efficace. Pierre Bergé n’intervenait pas dans ce que faisait Monsieur Saint Laurent, il passait au studio et quand il y avait un essayage en cours, il disait : « C’est très beau ça, Yves ».
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Jura Entretien
Françoise
Bourdin La femme aux 50 best-sellers
L'écrivain a connu le Haut-Jura quand elle était jeune mariée. L'intrigue de ses deux derniers romans se déroule dans cette montagne dont le souvenir ne l'a jamais quittée. Entretien. Ü
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b ÉDITIONS BELFOND
Il y a quelques années, sa maison d'édition lui a offert un cadeau inespéré : une matinée sur le circuit Beltoise à Trappes, au volant d'une Ferrari. « On a peur. On est assis par terre ! »
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AVEC PRÈS DE 600 000 EXEMPLAIRES EN 2018, elle fait partie du top 10 des écrivains les plus lus en France. Elle a vendu plus de 10 millions de livres au cours de sa carrière. Certains – un peu snobs ? – la classent dans la catégorie « littérature populaire », une étiquette dont elle se glorifie. L’intrigue de ses deux derniers romans, Gran Paradiso et Si loin, si proches, se situe dans le Jura, où l’auteur a passé quelques mois de vacances lorsqu’elle était jeune mariée. Fille de chanteurs d’opéra, ancien jockey et grande amoureuse de la vie… Savourons notre chance ! Le personnage Françoise Bourdin est à lui seul le héros d’un tumultueux roman. Rencontre. NUMÉRO 39 - Vous avez commencé à écrire très jeune, signant votre premier roman, Les Soleils Mouillés, à l'âge de vingt ans. Depuis, vous avez publié près de cinquante romans, en moyenne un à deux par an, affichant tous des ventes records. Qu’est-ce qui vous inspire ? FRANÇOISE BOURDIN - Tout ! On apprend en écrivant. Observer mes filles m’aide beaucoup, notamment dans la manière des femmes d’aujourd’hui d’élever leurs enfants. L’actualité m’inspire aussi énormément. Chaque matin, je lis la presse, je suis abonnée à un nombre invraisemblable de magazines ! J’ai écrit Les Sirènes de Saint-Malo, après avoir lu un article sur les nouveaux armateurs dans Le Figaro. L’idée de Gran Paradiso m’est venue il y a trois ans lors d’une visite au zoo de Thoiry avec ma fille. J’ai vu un ours dans mon rétro et me suis immédiatement dit que c’était le point de départ d’un nouveau roman ! Comment construisez-vous vos livres ? La construction d’un livre, c’est un jeu de Meccano. Pour commencer une histoire, il me faut le lieu, le prénom du personnage principal, son métier et la thématique. J’étudie beaucoup le milieu dans lequel mes personnages vont
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évoluer, pour leur concevoir un back-ground solide. Je serais mortifiée si quelqu’un me disait que certains aspects de ma fiction ne collent pas à une possible réalité. Puis, je me laisse porter, les personnages vivent leur vie et je m’y attache… J’écris dans ma maison de Port-Mort en Normandie, au cœur de la vallée de la Seine. J’y ai ma « caverne », mon bureau où se trouve mon ordinateur, mes photos, des bouquins. J’ai dû mal à écrire ailleurs. Je suis plutôt du matin, j’ai gardé les habitudes de Maisons-Lafitte où j’ai été jockey. À 5 heures, je n’ai plus sommeil. Une nuit de 6 heures, c’est bien ! Vos récents romans, Gran Paradiso sorti en 2018 et Si loin, si proches en librairie depuis le 6 juin, se passent dans le Jura. Pourquoi ce choix ? Je connais le Jura pour y avoir passé plusieurs étés lorsque j’étais jeune mariée, du côté de Saint-Claude. On était tout frais, on n’avait pas beaucoup d’argent et on logeait dans un hôtel assez miteux ! Mais je me souviens de cette incroyable nature préservée, magnifique, ces crêtes et ces très belles cascades. Nous y sommes retournés deux ou trois ans de suite, pour faire de grandes marches et manger du Mont d’Or, du Morbier, du Comté… Je garde en mémoire ce Jura de montagnes, cet univers sauvage, sans grandes villes, un peu loin de tout, néanmoins proche de la Suisse et pas Ü
b ÉDITIONS BELFOND
b ARCHIVES PERSONNELLES FRANÇOISE BOURDIN
Françoise à 5 ans, avec sa sœur Catherine, 8 ans, aux sports d’hiver à Crans. « Vous avez vu l’attache des skis, on ne craignait rien à l’époque ! »
b ARCHIVES PERSONNELLES FRANÇOISE BOURDIN
Françoise Bourdin a désormais posé le pied à terre. Mais l’écrivain, amoureuse des animaux, est montée à cheval chaque jour pendant très longtemps.
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DES INTRIGUES DANS LE JURA
1997
Une ferme perdue au milieu des sapinières du Jura, deux frères liés par un destin tragique. Dans une atmosphère en vase clos, Comme un frère est l'histoire d'un amour exclusif que l'arrivée d'une femme va bouleverser. Un roman dramatique, dense et profond.
Lorsque Lorenzo décide de changer de vie, c'est dans le Jura qu'il s'installe. Des dizaines d'hectares en friche sur lesquels ce jeune vétérinaire pose la première pierre du parc animalier de ses rêves. Un pari fou qui suscitera admiration ou hostilité.
2019
La suite des aventures de Lorenzo… Le jeune homme décide de s’absenter pour observer les animaux dans une réserve au Kenya. Il confie la responsabilité du parc à son équipe sous la direction de son grand amour de jeunesse.
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b KARINE GARNIER POUR NUMÉRO 39
2018
« Quand j'avais huit ans, ma mère est partie de la maison avec tous ses vêtements, nous laissant un caniche sous le sapin. J’aurais pu détester les chiens, je les ai aimés pour la vie. »
très éloigné de l’Italie. Cet ensemble formait un fabuleux cadre pour le parc animalier de Lorenzo, le héros de mon histoire. Le Jura est la toile de fond d’un autre de vos romans… Ah oui ? Lequel ? Comme un frère, sorti en 1997. Effectivement. L’histoire de deux frères très fusionnels. Un livre très dur. Ce roman-là est une parenthèse dans ma carrière. J’ai voulu prouver que j’étais capable, moi aussi, de pratiquer une écriture dense, resserrée, dramatique où le narrateur ne fait aucun commentaire. Mais à dire vrai, j’aime mettre de moi, de ma sensibilité lorsque j’écris... Le Jura en hiver, vous aimez ? Je ne crois pas être allée à la neige dans le Jura, mais j’ai beaucoup séjourné, petite, dans le chalet de mes cousins suisses à Bogève, en Haute-Savoie. Ma mère et ma tante, Toulousaines, étaient souvent reçues là-bas. Le médecin avait décelé à ma sœur Catherine des problèmes tuberculeux et décrété que l’air de la montagne lui ferait le plus grand bien. On adorait… La neige, c’est tellement gai, festif, ça me donne la banane ! J’ai beaucoup skié à la station des Brasses. On partait avec nos skis de fond depuis le garage du chalet pour aller louer du Ü
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Les années passion Taille jockey, Françoise Bourdin aime la vitesse, les armes à feu, les sensations fortes, les hôtels luxueux, les grands restaurants, ses deux filles et ses petits-enfants. De sa voix grave, elle rit à gorge déployée, fume plus que de raison et se fiche pas mal de l’image qu’elle renvoie, au fond. On l’imagine à la Sagan, cheveux dans le vent au volant de son bolide. Généreuse et libre, l’auteur aux 10 millions de livres vendus vit intensément.
Vous étiez déjà casse-cou et amatrice de vitesse ? Sans doute ! Mon père disait « brise-fer ». Tout ce qui va vite me passionne, j’aime l’adrénaline que cela procure. J’apprécie les voitures de course et j’ai récemment découvert l’hélicoptère. Un copain est venu se poser dans la cour de ma maison, le soir de mon anniversaire, pour m’emmener dîner ! Mais, j’aime surtout les chevaux que j’ai montés dès l’adolescence. Vous avez été jockey à la fin des années soixante/début soixante-dix, à une époque où les femmes étaient très rares dans ce milieu... J’ai été jockey sur les pur-sang de Noël Pelat de mes quinze à dix-huit ans. Nous étions trois femmes sur la totalité des jockeys français. Le galop à l’aube sur les pistes de MaisonsLaffitte… Aucune sensation n’a pu égaler celle-là. Un départ de dragster, une monte très courte, du galop botte à botte, tu passes la cinquième en grande foulée avec l’impression que le cheval se baisse tant il est rapide. Tu défies le monde, il est à toi, c’est la liberté totale. Je me suis tout cassé à cheval. Il ne faut pas espérer, du haut de tes quarante-cinq kilos, les maîtriser. Pour cela, il faut du feeling, de la technique…
b ARCHIVES PERSONNELLES FRANÇOISE BOURDIN
Françoise Bourdin et ses deux filles, Fabienne, notaire, et Frédérique, journaliste à France Bleu.
matériel à fondue. La remontée était loin d’être aussi simple que la descente ! On aimait faire de la luge et ma tante était toujours là pour m’arrêter à temps, en bas de la piste. Sauf une fois où je me suis décalée, ma tante a couru, s’est jetée dans la neige pour tenter de me stopper. Je lui suis passée au ras du nez pour venir m’exploser contre la barrière. Bilan, quatre points de suture !
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Durant ces années mémorables, vous avez vécu un violent drame… J’ai vu mon premier amour, jockey lui aussi, mourir sous mes yeux. J’en ai conservé une certaine capacité à me battre. Mes héroïnes aussi se battent, partent dans l’inconnu, quittent l’acquis. Elles ont la force de rebondir. Votre enfance fut une période incroyablement fantaisiste, dont vous taisiez certains détails à vos amis d’école, de peur qu’ils ne vous prennent pour une affabulatrice ! Mes parents étaient chanteurs d’opéra. Je frissonne encore en écoutant du Puccini. Nous étions une famille d’artistes, peu classique. Ma tante vivait à la maison, elle était aux fourneaux et ma mère naviguait sur les routes, dans les avions. Mon père était un prince, un homme formidable que j’ai adoré. J’avais des parents voyageurs, en crinoline et haut de forme. C’était fou la vie qu’ils menaient ! Nous vivions dans un hôtel particulier à Neuilly. Le conte de fées s’est arrêté le jour où ma mère [la célèbre cantatrice Géori Boué, N.D.L.R.] est partie, un 24 décembre, sans prévenir personne. J’avais huit ans. Elle a emporté tous ses vêtements et a laissé un petit caniche près du sapin. J’aurais pu détester les chiens… Je les ai aimés pour la vie. Ensuite, on la voyait de temps à autre entre deux voyages, elle appelait ma tante pour nous demander de descendre au bar du coin. Un jour – nous avions déménagé dans un grand appartement place Vauban – mes parents se sont croisés dans l’escalier, au hasard de l’une de ces visites. Mon père a soulevé son chapeau pour la saluer, ils n’ont pas échangé un mot. Quand plus tard, mon mariage avec le père de mes filles a sombré, je les ai prises sous le bras. Hors de question de partir sans elles. Vous avez deux filles et trois petits-enfants de trois, cinq et sept ans. Quelles relations entretenez-vous avec eux ? Je les aime profondément, j’en suis très proche. Mes parents et ma sœur sont décédés, mes filles sont ma seule et chère famille. Fabienne, ma fille aînée, a fait des concours hippiques de dix-sept à vingt-cinq ans. Elle est notaire aujourd’hui et a trois enfants. Frédérique est une littéraire, exceptionnelle dans l’empathie, journaliste à France Bleu, tous les jours à 13 heures ! Très tôt, j’ai voulu les initier aux bonnes et belles choses : je les emmenais dans les grands restaurants, à l’Auberge du Père Bise sur le lac d’Annecy, dans les grands hôtels… Quatre ou cinq jours, courts mais intenses, pour profiter de ce que la vie nous offre ! Aujourd’hui encore, nous aimons faire des repas de fromages. Les plateaux de fromages de chez Androuet me font rêver ! Mes petits-enfants, eux, me font découvrir leurs passions. Ils m’expliquent toutes les phases du rugby et mon petit-fils, comme moi, adore les animaux. Sacré parcours tout de même… Votre dernier roman est sorti le 6 juin, avez-vous déjà des idées pour le prochain ? Rires] Laissez-moi faire une petite pause ! J’ai déjà des idées, oui… Mais je vais profiter un peu de l’été, réfléchir et revenir très vite !
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Jura Itinéraires
Josselin
Mahot Monstres et Cie
Réalisateur de films et créateur d’effets spéciaux pour le cinéma, Josselin Mahot a vécu quatorze ans aux États-Unis. Mais ses yeux d’éternel enfant pétillent encore à l’idée des parties de pêche et virées dans la nature, qu’il vivait chaque été avec ses cousins et ses sœurs autour du domaine familial de Blandans. Ü
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IL VA VITE, S’ENTHOUSIASME DE TOUT, s’assure que tout le monde ne manque de rien et tchatche joyeusement sans discontinuer. Josselin Mahot, chemise vichy sur jean foncé, baskets montantes d’un blanc immaculé, a décidé de prendre la vie du bon côté. Parisien pur sucre, il a pourtant baigné toute son enfance dans la campagne jurassienne, batifolant dans les champs avec ses cousins et sa sœur Philippine, titillant la truite dans la rivière Seille. Sa mère, Sibyl de Broissia, a grandi dans le Revermont, où son frère Patrice habite toujours le domaine familial de Blandans, à Domblans.
Aux États-Unis, le Français qui a passé tous ses étés dans le Jura a participé aux effets spéciaux de nombreux succès du cinéma hollywoodien.
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« On y passait un mois et demi chaque été de mes six à quinze ans. » Oncle Patrice voyait alors débarquer, chaque mois d’août, toute une ribambelle de marmots, bien décidés à faire les quatre cents coups avec un seul mot d’ordre : liberté ! Mais les beaux étés comtois ont pris fin à l’adolescence pour Josselin, parti loin de sa famille dans un coin paumé du Texas, avec un rêve en tête : créer des monstres pleins de sang ! Aujourd’hui réalisateur de films documentaires diffusés sur Canal+, National Geographic, RMC Découverte... et dirigeant d’un studio de création artistique, Josselin Mahot a débuté dans le cinéma comme maquilleur-prothésiste d’effets spéciaux. « Je voulais du Freddy, du zombie, de la 3D depuis toujours. Quand j’étais gosse, je me planquais pour regarder en douce les films d’horreur, avec carré blanc, que ma mère adorait. » Mais Liberty Texas, à une heure de Houston et à deux pas des vaches, n’est pas franchement le lieu où faire carrière dans le cinéma. Pourquoi cette petite ville ? C’est le moyen qu’avait trouvé sa mère pour l’éloigner d’un destin qui ne lui ressemblait pas. Josselin Mahot de La Quérantonnais est le fils d’Yves Mahot de la Quérantonnais, notaire parisien. Cette particule, ce lien à l’aristocratie, « Joss », comme l’appellent ses collègues, ne les renie pas, mais n’en fait pas étalage. « Parce qu’en France, le rapport à l’argent est difficile, confie-t-il. Tu as beau bosser comme un âne, c’est suspect. Je ne veux pas susciter la jalousie. » Ü
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Josselin Mahot réalise des documentaires pour la télévision. Il dirige aussi un studio de création artistique à Paris, nommé numéro 55 Happy 39 Flamingos.
« Notre père aurait voulu qu’il fasse une grande école ou quelque chose du genre. Ma mère a éloigné Josselin pour lui permettre de vivre à sa manière », explique Philippine, de deux ans sa cadette.
Après un an au Texas, dans une famille « très catholique, sympa, middle class », Josselin Mahot passe son bac – obligation paternelle – et file à Los Angeles en juin 1990. Il s’inscrit dans une école de cinéma pour obtenir le visa américain. « En parallèle, je sculptais, je modelais des formes et des masques… » Ses héros de l’époque s’appellent Lon Chaney (Frankenstein), Dick Smith (L’Exorciste), Chris Walas (La Mouche, Star Wars le retour du Jedi), Rob Bottin ou encore Rick Becker. Autant de maquilleurs FX qui le font vibrer, à qui il voue un véritable culte. Puis, Josselin Mahot – « qui n’a jamais eu la trouille de rien », dixit sa sœur Philippine – se lance dans l’aventure. À l’américaine. Il frappe aux portes, son portfolio sous le bras et n’hésite pas à sortir des bouts de bras, de jambes ou de têtes qu’il pose sur les tables des studios de création. Il « réseaute », passe des coups de fil, rencontre « quelqu’un qui connaît quelqu’un qui… ». « À Los Angeles, vous êtes à six degrés de n’importe qui », résume cet hyperactif d’une volonté sans bornes. Il finit par décrocher un tout premier job chez Amalgamated Dynamics, un studio d’effets spéciaux connu pour ses contributions dans Godzilla II, Indépendance Day ou encore The Monster. « J’ai sorti tout ce que j’avais fait. Ils ont regardé mes yeux et vu à quel point j’avais envie… Trois jours après, ils m’ont rappelé en me disant “Tu sais faire ça ?” J’ai répondu “oui” sans la moindre hésitation. Tu participes à des films qui pèsent 100 millions de dollars, tu travailles dans Ü
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SUCCESS STORY À L’AMÉRICAINE
Josselin Mahot est rentré en France en 2003. Mais il n'est pas encore revenu dans le Jura de son enfance.
Jura, batailles de poires dures et pouilleux massacreur Ses idées créatives, le jeune Josselin Mahot les a bien affûtées dans le Jura où la nature était son « play-ground ». « Il n’y avait aucune règle, hormis celle d’être là aux déjeuners », se souvient-il des étoiles plein les yeux. « Gabie sonnait la cloche et nous venions prendre les repas : les adultes à leur table, avec des portraits d’aïeux qui trônaient partout aux murs, et nous, à la table des cochons sur une vieille toile cirée », renchérit Philippine, aussi heureuse que son frère d’évoquer ces souvenirs de gosses. Une fois le repas avalé, les gamins couraient dans les champs voisins, tailladant les bottes de foin au canif pour en faire des châteaux, faisant gueuler le fermier. « Ces vacances,
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c’était le grand top de la liberté. Tu quittes Paris, l’école, les horaires et tu enfourches le vélo pour partir où tu veux. On allait à la pêche à la truite en Solex, on cueillait les noisettes, on ramassait les mirabelles pour les vendre au bord de la route… » Il y a eu les jeux de cartes (le pouilleux massacreur, le Kem’s déshabillé), les ruades pour arriver les premiers devant le poste télé couleur, les feux de camp aux chamallows, les batailles de poires dures et sans doute aussi les premières amours enfantines… « Plus tard, on partait au Babylone en 103 SP, on faisait des soirées chez les copains de Frontenay, Voiteur, Château-Chalon et on participait à ce rallye auto dont j’ai oublié le nom »,
raconte encore Philippine. Intense bonheur de l’enfance, souvenirs vivants dans les cœurs de ces adultes, devenus parents eux-mêmes. « Nos enfants ne connaîtront sans doute pas tout ça. L’époque a changé, ça fait très longtemps que je ne suis pas revenu dans le Jura… Ma femme, Sophie, qui est franco-américaine originaire de San Francisco, insiste pour que nous y retournions ensemble. Et vous êtes là, à me parler du Jura. C’est peut-être un signe… » Alors, si d’aventure vous croisez un jour deux chenapans qui se planquent dans les vignes de la Haute Seille, il se peut qu’Ewan, six ans et Jaya, dix ans, jouent les dignes successeurs de leur espiègle père.
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L'équipe d'Happy Flamingos, le studio français de direction artistique qu'a créé Josselin Mahot, avec Romuald Masclet et Louis-Paul Ordonneau.
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Mahot se lance lui-même dans la réalisation avec un premier court-métrage, Glee, qui lui ressemble : une minicomédie musicale « à la Charlie Chaplin » volante, légère et vive, gentiment moqueuse et pleine de fausse candeur. Ce petit film lui permet de trouver un distributeur et d’aller vers la réalisation.
BACK TO PARIS d’énormes hangars pour créer des bêtes à qui tu donnes vie. T’es sur le Graal ! » Son premier job sera celui de premier assistant sur le film d’horreur Warlock, puis s’enchaînent des superproductions telles Demolition Man, Seven, Jumanji, Mission Impossible (la scène où Ethan Hunt/Tom Cruise enlève son masque), Starship Trooper, Alien 4, etc.
UN PIED DANS LA COUR DES GRANDS Josselin Mahot a désormais un pied dans la cour des grands et travaille avec ceux qui le faisaient rêver quelques années plus tôt. Mais le maquillage et les prothèses ne suffisent plus : des films comme Abyss ou Terminator ont révolutionné le monde des effets spéciaux et l’art ne s’exprime plus seulement dans les hangars, mais au moyen d’ordinateurs et d’effets spéciaux vidéo. « J’ai pris des cours du soir pour apprendre les bases de Photoshop et After Effects et j’ai gardé le cap pour voler droit dans cette énorme industrie. » Marié une première fois à vingt ans à Los Angeles, le joyeux fonceur suit son amour de jeunesse à New York et ses autres rêves de carrière. « Notre histoire prenait fin, mais je voulais aller au bout. Surtout, j’avais envie d’explorer d’autres pistes de travail… » Il s’inscrit à la Visual Effect School, puis intègre durant cinq ans Pitch Inc, un studio de création new-yorkais où il travaille avec Steve Katz, le réalisateur de Protest, un court-métrage qui gagne Deauville en 1999. Puis, Josselin
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De retour à Paris en 2003, Josselin Mahot fait du clip, de la pub, des jeux vidéo, du motion capture, puis s’oriente vers le documentaire. Il rencontre alors Louis-Paul Ordonneau, le troisième associé d’Happy Flamingos. Américain de cœur et d’état d’esprit, le jeune homme découvre – un peu dans la douleur – le fonctionnement français fait de notes d’intention, de paperasse, de justificatifs divers… Pas facile ! Mais il est devenu un véritable couteau-suisse : il sait réaliser, créer des effets visuels, gérer l’ensemble de la post-production. « J’ai eu envie de créer ma boîte. » En 2015, il propose l’aventure à Romuald Masclet avec qui il travaille sur de nombreux projets pour Canal +, le groupe Lagardère, etc. « Après notre documentaire sur le Rafale, le bouche-à-oreille avait bien fonctionné. Joss a eu l’idée de surfer sur la vague. J’ai dit go : c’est un mec toujours heureux, fiable dans le privé comme dans le travail, capable d’encaisser. Il est direct, ça m’allait bien », assure l'associé. L’entreprise s’appellera Happy Flamingos, joyeux flamants roses, avec une maxime : be happy or fly away… Depuis toujours, Josselin Mahot est un mélange de fantaisie et d’absolue détermination. Louis-Paul Ordonneau, qui avait produit la campagne publicitaire européenne pour Bic dont Josselin a tourné plusieurs films, a rejoint le duo quelques années plus tard. « On se connaît depuis treize ans avec Joss. J’étais producteur, lui réalisateur et j’avais apprécié son travail. C’est quelqu’un de déterminé, créatif et bienveillant, qui donne tout dans la confiance. » « Avec une idée par minute ! », ajoute Romuald Masclet.
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marc nammour La Canaille des Avignonnets
Dans son rap dansent les tours des Avignonnets, dans ses mots résonnent les usines du Plan d’Acier. Marc Nammour, le Libano-sanclaudien, n’en finit pas de dire son appartenance au monde des oubliés. C’est à Saint-Claude qu’il a cultivé sa différence. Ü
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b HASHKA
Le rappeur jurassien Marc Nammour, lors du tournage du clip Du Bruit avec JP Manova.
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Marc Nammour est né au Liban, mais c'est à Saint-Claude, dans le Haut-Jura, qu'il a grandi. Il habitait dans une HLM du quartier des Avignonnets.
AUJOURD'HUI COGNE COMME UN COUP DE MAITRE... 62 numéro
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C
C’EST PEUT-ÊTRE CHRISTIANE, SA MAMAN, QUI DIT LE MIEUX LES CHOSES : « Il a une colère en lui contre l’injustice de la vie, mais je suis impressionnée par la justesse avec laquelle il pose les mots sur ses idées. Je ne savais pas qu’il avait tout ça en lui. » Entre émotion et hargne, le rappeur sanclaudien Marc Nammour a su apprendre. Aujourd’hui sa voix se fait universelle, c’est celle des souffrants.
DANSE AVEC LES MOTS
S’il fallait un mot pour dire ce qu’il est au fond de ses tripes, c’est « canaille » qui conviendrait le mieux. Canaille, comme le chant révolutionnaire écrit aux aurores de la Commune de
Paris. Comme le nom donné à son groupe de rap. Comme le mépris envers ceux qui sont différents : « Le mot vient de canis [le chien], un mot craché par les aristos du XIXe quand ils parlaient du petit peuple. À l’époque, c’était un combat. Ça l'est toujours aujourd'hui. » Tiens donc, voilà un autre mot qui pourrait définir ce grand gaillard au crâne rasé, aux yeux noirs, au visage taillé à la serpe. Le Jurassien le revendique, ce mot ; il l’a fait sien depuis longtemps : « Combat contre soi-même et ses petites lâchetés. Combat politique pour changer le monde. Combat artistique pour ne jamais se sentir enfermé. » Il faudrait ajouter aussi la « négritude » qu’il a reçue en pleine figure en lisant Aimé Césaire, dont il a adapté le Cahier d’un retour au pays natal, spectacle mi-concert, mi-incantation, intitulé Debout dans les cordages : « Derrière nègre, tu mets prolo, immigré, clandestin, clodo… Tous les oppressés, tous les sans-voix. Aimé Césaire leur dit : “Vous valez mieux que ça !” » Ce qui nous amène à la parole verticale. Une parole de tout en bas qui grandit et refuse toute appartenance : « La société, le boulot, le milieu peuvent te réduire, mais tu peux choisir de casser tout ça pour te retrouver debout et libre. » Révolutionnaire, ce type ? Même pas… Rappeur, musicien qui préfère les mots et les notes pour exprimer sa colère, tendre la main plutôt que fermer son poing. Et si, après vingt ans de carrière, d’écriture, de musique, vingt ans de petites salles, de galère et de circuit parallèle, son nom résonne au niveau national, c’est parce que cet artiste a tout connu. Et qu’il ne lâche rien. Attention, c’est d’un Monsieur qu’on vous parle !
LA CUVETTE SANCLAUDIENNE Les poings, il les a serrés plus d’une fois dans ses poches de gamin, lui, le réfugié. Il a quatre mois lorsqu’en 1978, ses parents quittent Beyrouth, la capitale libanaise, sous les bombes. Direction Athènes. Treize mois après, son père commercial trouve du travail en Arabie Saoudite. Nouvel exode de six ans jusqu’à ce que sa mère Christiane, à bout de souffle et en instance de divorce, décide de rentrer en France. Ce n’est donc pas une immigration de plus. Marc Nammour possède la double nationalité franco-libanaise. Sa grand-mère maternelle, une fille Gros, était originaire du Jura ; son arrière-grand-père, de SaintPierre. Ils sont partis vivre au Liban, mais sont revenus dans le HautJura en 1977 à cause de la guerre : « Nous les avons rejoints. Quitte à revenir, autant revenir sur les terres de ses parents. » D’autant qu’à l’époque, Louis Jaillon est maire de Saint-Claude ; c’est le cousin de sa grand-mère. L’atterrissage a lieu à Saint-Claude dans un logement HLM du quartier populaire des Avignonnets. Le petit Marc a huit ans et le retour se fait dans la douleur : « Tout était nouveau pour moi, j’étais à fleur de peau, je me battais tout le temps. J’ai vraiment vécu le déclassement. Ma mère, prof qui parle cinq langues, devient du jour au lendemain ouvrière ; mon grand-père, un acteur célèbre au Liban, travaille en usine ; moi, qui parle arabe, français et anglais, me retrouve avec des gosses qui balbutient leur français. » Sans doute sa colère est-elle née à ce moment-là, d’autant que sa mère le place en école libre, dans un univers qui n’est pas le sien : « Je me suis calmé, j’ai accepté Ü
AUJOURD'HUI GROGNE COMME UN LOUP DE TETE numéro 63 39
DISCOGRAPHIE 2017
de prendre la vie comme elle est, dit-il. Mais avec le recul j’ai détesté ces années, je suis athée convaincu. L’école coûtait cher pour pas grand-chose et j’étais avec des fils de patrons, je n’étais pas de leur clan ! » Il faut attendre le lycée du Pré Saint-Sauveur pour que les choses s’apaisent. Le bac et des boulots d’été vont lui permettre de passer son permis et de quitter « la cuvette ». Mais une phrase terrible résume cette période : « Seules les usines nous ouvraient leurs portes. »
LE RAPPEUR ET LA SCÈNE NATIONALE 11.08.73
2014
La Nausée
2011
Par temps de rage
2009
Une goutte de miel dans un litre de plomb
Aujourd'hui, à quarante et un ans, Marc Nammour a été choisi par Scènes du Jura comme artiste en résidence pour la saison 2018/2019. Virginie Boccard, directrice, n’a pas hésité une seconde : « La force de son interprétation et la finesse de son écriture m’ont interpellée, c’est un grand artiste qui se situe dans un système de production indépendant. Il ne fait aucune concession ». Pour le petit gars des quartiers, c’est une reconnaissance de son travail, mais aussi du rap : « Scènes du Jura est la seule scène nationale en France à avoir demandé à un rappeur de s’associer pour mettre la parole contemporaine au cœur de sa programmation. » Honneur et contrainte à la fois, l’artiste est au four et au moulin : travail avec les scolaires, atelier carcéral avec les détenus, théâtre, musique, chant, conférences... Tout ça, en une saison. Il se noie dans le boulot, loin de sa femme et de sa fille restées en région parisienne : « C’est une vie de plus en plus distendue, mais on apprend à vivre avec ça, confie-t-il. C’est le revers de la médaille. » À Lons-le-Saunier, en janvier dernier, il crée Fiers et Tremblants, des textes qui parlent des sans-grade. Il reprend aussi Debout dans les cordages avec Serge Teyssot-Gay qui improvise chaque soir une musique nouvelle. Serge Teyssot-Gay, ce n’est rien moins que le guitariste de Noir Désir. Autrement dit, une référence : « Il suivait ce que je faisais avec La Canaille depuis le début en 2003 et il est venu me dire qu’un jour on travaillerait ensemble. » Rencontretournant qui ouvre de nouvelles portes. Entre autres, le Festival d’Avignon où il se produit quatre fois. Il écrira pour lui Interzone, poème dans lequel il renoue avec ses origines, les sonorités du Liban, l’exode, la guerre… Grosse réussite qui lui ouvre, en 2016, les portes de la très sélecte fondation Royaumont pour une résidence de trois ans. C’est là qu’il crée Un homme qui crie n’est pas un ours qui danse, mélange de rap, de musique touareg et de free-jazz, ainsi que 99, un spectacle au scalpel sur la question identitaire : « C’est une référence à mon enfance, quand il fallait remplir des papiers, ma mère me disait toujours de cocher la case 99, une région qui n’existe pas, celle des exclus. »
RAP ET CANAILLE Sa mère… au cœur de tout : « Avoir mon bac + 3, c’était elle… Une sorte de plan B au cas où. Avec ma petite sœur, elle nous a empêchés de faire des conneries. » Ü
AUJOURD'HUI TONNE COMME SI TOUT PEUT ETRE 64 numéro
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Enfant de la Frat' Quand il était adolescent, Marc Nammour n’osait pas mettre les pieds à la Frat' : « Ce lieu n’était pas pour moi ». Depuis, il en a fait sa maison. Marine Egraz, bénévole, l’a suivi depuis ses débuts : « Quand j’étais au lycée, j’étais dans une association, les Réquoins, qui organisait une journée festive avec concert. En 2004, on l’a invité, mais il a beaucoup plu et il n’y a eu personne. C’est comme ça qu’est née la chanson Salle des fêtes. Ensuite, j'ai revu Marc en 2013, il était en résidence. » Pour elle, « le meilleur moment, c’était son premier concert avec La Canaille. Une vraie émotion. D’autant que la Frat' était en grande difficulté financière. » Marine Egraz ajoute : « Ses textes résonnent particulièrement aux oreilles des Sanclaudiens, surtout depuis qu’il a tourné le clip de L’usine chez Manzoni-Bouchot. Il n’a jamais oublié d’où il vient et il est venu plusieurs fois en mode “concert de soutien”, donc gratuitement pour nous aider. Aujourd’hui, à la Frat', il est vraiment chez lui ! »
C’est ce que fait l'artiste : « Je veux être en évolution permanente, prendre des risques et pas faire de la musique pour faire carrière. » Alors ? Alors rien, le rappeur sanclaudien refuse de se projeter, il continue à traduire sa colère en mode artistique, en se fiant à son instinct et, si ça casse, tant pis, il l’a toujours dit : « L’espoir n’est que dans la lutte. »
Depuis 2003, Marc Nammour évolue au sein de La Canaille, un groupe qui a déjà plusieurs disques à son actif.
AUJOURD'HUI SONNE COMME UN JOUR DE FETE. 66 numéro
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Retour à l’adolescence, les Avignonnets, insupportables de décrépitude, les usines et cette chape qui concentre la colère, jusqu’aux années de fac à Besançon, où il imprime quelques textes entre les cours et les bringues avec Nico, son colocataire musicien. Le week-end, ils les passent dans le studio d’enregistrement d’un copain de Molinges : « Je ne connaissais rien à la musique, je ne la lis toujours pas, mais j’ai découvert le rap à douze ans et j’ai été touché par cette culture du bitume qui parlait de ma condition. » Comment passe-t-on du bricolage entre potes au monde professionnel ? La chance ! Après la fac et une année de travail de nuit en usine à Saint-Claude pour se payer du matériel, c’est la rencontre avec Lucie qui deviendra sa femme : « C’est la première personne qui m’a regardé autrement que comme un petit banlieusard. C’est mon âme sœur. » Ils vivent chez elle, à Toulouse. Lui, valide sa licence ; elle, achève sa formation de professeur de sport. Ils choisissent comme point de chute Montreuil aux portes de Paris, c’est là que tout commence vraiment. Animateur en centre de loisirs, il a un jour l’opportunité de devenir chauffeur de salle pour une émission de télévision. Premiers pas comme intermittent du spectacle. Lucie suit sa mue : « Sa colère existe, mais il la canalise, raconte-t-elle. C’est une façon d’être pris au sérieux. Il espère être un haut-parleur. » Marc Nammour retrouve Nico et crée, en 2003, La Canaille avec deux autres musiciens. Le groupe gagne plusieurs concours et prend son envol en 2009 avec un premier album. Il y en aura trois autres. Jérôme Boivin, le bassiste, résume l’aventure : « La Canaille ne permet pas de vivre. Alors on travaille tous sur d’autres projets, mais c’est toujours la Canaille, avec ses textes un peu politiques, qui dérangent. Il faut y aller petit à petit. »
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Repro. ABM Graphic - Lons-le-Saunier - 40922
Prise de commandement du capitaine de vaisseau Marc-Antoine de Saint-Germain.
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b MARINE NATIONALE
Marc-Antoine de
Saint-Germain Pacha du Charles de Gaulle
Le porte-avions en mer Méditerranée lors de l'opération Clemenceau.
b PAUL-DAVID COTTAIS/MARINE NATIONALE/DÉFENSE
Le commandant du porte-avions Charles-de-Gaulle est jurassien. Le capitaine de vaisseau Marc-Antoine de Saint-Germain nous invite à bord du plus grand bâtiment de combat de la flotte française. Ü
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b LISA BESSODES/MARINE NATIONALE/DÉFENSE
CHARLES-DE-GAULLE ¾261m de long ¾64,36 m pour la plus grande largeur (pont) ¾42 000 tonnes ¾27 nœuds (50 km/h) de vitesse ¾1900 marins d’une moyenne d’âge de 30 ans ¾Pont d’envol grand comme trois terrains de foot ¾2 hangars pour 30 avions Rafale Marine, 2 Hawkeyes (détection), 3 hélicoptères Caïman et Dauphin ¾400 tonnes de munitions, obus, bombes et missiles stockées à bord
P
PARTI LE 5 MARS DE TOULON, LE PORTE-AVIONS CHARLES-DE-GAULLE NAVIGUE EN MER DE CHINE MÉRIDIONALE. C’est sa première mission depuis le chantier de refonte qui l’a immobilisé à quai à Toulon durant dix-huit mois. Le bâtiment français a déjà parcouru la Méditerranée orientale, où il a participé à un important exercice avec les Américains et les Australiens, le golfe du Bengale, la mer Rouge et l'océan Indien. Il est attendu en France début juillet. Au commandement de ce mastodonte de 42 000 t pour 261 m de long, le capitaine de vaisseau Marc-Antoine de SaintGermain. Un marin entré à l'École navale en 1991, qui a connu les frégates Courbet, Floréal, Duquesne, Cassard... avant de prendre le commandement du patrouilleur La Railleuse en Polynésie française et, à partir de juillet 2010, de la frégate Surcouf, avec laquelle il a pris part à l'opération Harmattan en Libye de mai à juin 2011. Il a aussi lutté contre les pirates de l'océan Indien. À ce titre, il a été directement impliqué dans l’opération de libération d’un voilier français, le Tribal Ka, attaqué par des Somaliens. Le 28 juillet 2017, il succédait au capitaine de vaisseau Eric Malbrunot comme pacha du Charles-de-Gaulle. Sous sa responsabilité, il y a aujourd'hui 2 000 hommes et femmes, dont 140 officiers de pont, 300 techniciens, 33 cuisiniers, deux boulangers... Marc-Antoine de Saint-Germain est né à Marseille, a grandi en région parisienne. Mais ses racines sont jurassiennes. Ses souvenirs d'enfance sont enracinés dans la terre de Blandans, dans la grande demeure de ses grands-parents du XVe siècle, remaniée au XIXe et au XXe siècle, mais aussi dans la ferme familiale de Domblans, sur les coteaux de la Haute Seille. Pour Numéro 39, il évoque ses souvenirs dans le Jura et nous raconte sa vie de marin. Ü
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Un pilote de Rafale Marine s'installe dans le cokpit de son appareil, sur le pont d'envol.
NUMÉRO 39 - Vous êtes le Pacha du plus grand bateau d’Europe et votre famille est jurassienne. Étrange trajectoire, non ? MARC-ANTOINE DE SAINT-GERMAIN - Ma famille maternelle est originaire de Blandans, à côté de Domblans. J'ai des souvenirs fabuleux de vacances avec mes grands-parents, oncles, tantes et cousins. La maison est toujours dans ma famille, même si mes grands-parents ont disparu. Mes parents, eux, ont acheté une vieille ferme il y a environ quarante ans à Domblans, qu'ils ont réhabilitée eux-mêmes en très grande partie. J'ai moi-même passé plusieurs étés, étant jeune, à travailler avec mon père et mes frères. Ma famille paternelle est, elle, installée en Saône-etLoire.
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b LISA BESSODES/MARINE NATIONALE/DÉFENSE
Avant le Charles-de-Gaulle, Marc-Antoine de Saint-Germain a commandé un patrouilleur à Tahiti, et la frégate Surcouf.
b MARINE NATIONALE
Mais vous, vous êtes un homme du sud ? Je suis en effet né à Marseille, mais mes parents vivaient à Toulon. Quand j'avais deux ans, nous nous sommes installés à Melun, en région parisienne. Je n'ai ensuite jamais quitté la région parisienne jusqu'à mon admission à l'École Navale, située dans le Finistère. Ensuite, j’ai acheté une maison en Bretagne. J’ai donc quitté les terres jurassiennes, mais j’y retourne régulièrement. C’est l'épicentre de ma famille avec la Bourgogne, et tous mes cousins et cousines sont très fiers, comme moi, de leur origine jurassienne. Le Jura, c’est un territoire méconnu, mais d'une richesse incroyable, d'abord parce que les gens y sont très attachants – c’est d’ailleurs une caractéristique des régions de l’Est –, ensuite parce que la géographie y est très diversifiée. J’ai coutume de dire qu’on peut tout faire dans le Jura. Comment définiriez-vous « votre » Jura ? J’y suis ancré. Mon passé familial se situe là-bas. J’aime particulièrement l’état d’esprit, mélange d’un style montagnard et campagnard, qui en fait un territoire attachant. Sans oublier l’accent qui se rapproche fortement de ce que l'on entend en Suisse, ce qui est, pour moi, l’un des signes extérieurs d’une identité forte. Bon, il n’y a pas la mer ! Or, la mer est à l'origine de nombreux de mes choix, notamment mon entrée dans la Marine Nationale ou encore l’achat de ma maison en Bretagne. En revanche, le Jura restera toujours pour moi l’endroit où je me sens chez moi, malgré mon départ vers d’autres régions. Originaire du Jura et habitant Melun, comment vous est venu votre goût pour la mer ? Mes parents ayant gardé beaucoup d'amis dans la Marine, j’avais l’habitude de partir une semaine par an du côté de Toulon, en complément de mes vacances dans le Jura. Sans doute cela a-t-il généré chez moi des désirs. Mes parents me rappellent souvent que mon envie de devenir marin s’est manifestée dès l’âge de trois ans. Mais vous savez, dans la Marine Nationale, on retrouve beaucoup de marins originaires de l’Est de la France. Devenir marin, pour vous, était-ce forcément entrer dans la Marine nationale ? Oui, ce sont les bateaux gris qui m’ont toujours fait rêver, sans doute influencé par l'image de l'officier de Marine, l'uniforme... Bref, des symboles que beaucoup de garçons adorent à un moment ou un autre. Peut-être aussi des personnes ont-elles été vos modèles ? Dans ma jeunesse, j’ai côtoyé de nombreux marins, amis de mes parents, qui ont commandé des frégates. On se projette toujours sur des exemples et ces personnes m’ont fait rêver sans que je connaisse forcément leur métier. J’ai intégré les bateaux gris, sans avoir conscience de ce qu'on y faisait au quotidien. Puis, j'ai appris. Et vous disant qu'un jour vous seriez le pacha du plus gros porte-avions d’Europe ? Non, je ne suis pas entré dans la Marine Nationale en me disant qu’un jour je commanderais un porte-avions comme le Charles-de-Gaulle. Je suis d’ailleurs persuadé que je ne l'aurais jamais commandé si je n’avais eu que cette idée en
tête. En revanche, j’ai pu progresser de manière cohérente, ce qui m’a permis de me préparer au commandement du porteavions lorsqu’on a décidé de me le confier. Que signifie commander le charles-de -gaulle ? Au quotidien, c'est diriger une équipe de près de 2000 personnes avec qui je vis une aventure hors normes. C'est donc donner du sens à leur quotidien, fixer des objectifs, les expliquer et les atteindre. Il n'y a jamais de routine à bord car chaque jour a son lot d'imprévus, alors que mon premier objectif est de tout prévoir. C'est-à-dire ? On est dans une organisation qui est assez normée, où tout est fait pour que les choses se déroulent telles qu’on les a prévues. En cas d'impondérables, c’est là que le commandant prend toute sa place. Il doit prendre des décisions et, pour cela, il doit être au quotidien dans tous les processus et bien les maîtriser. Cela nécessite des compétences pour comprendre les fonctionnements complexes. Tout est fait pour que les choses soient bien préparées par les marins et ce, dès les premiers maillons de la chaîne. Et plus leur travail a été performant en amont, moins j’interviens. Je mesure le bon fonctionnement du porte-avions au peu d’actions que je réalise au quotidien. Des exemples de ces moments de « gros temps » ? Charles de Gaulle disait : « La difficulté attire l’homme de caractère, car c’est en l’étreignant qu’il se réalise luimême ». Je pense que si on cherche la facilité, il ne faut pas faire ce métier. On se réalise lorsqu’on accepte les difficultés et qu’on les gère. Lorsque l’équipage fonctionne bien, il est capable de franchir tous les obstacles. Pour ma part, les cas les plus difficiles touchent à l'humain, ce n’est jamais technique. Le moment le plus douloureux que j’ai vécu est la perte d’un de nos marins en es- Ü
Porte-avions 2.0 Construit à partir de 1987, le Charles-de-Gaulle est mis en service en mai 2001 pour une première opération Héraclès de sept mois, en soutien aux troupes déployées en Afghanistan, dans le cadre de l’opération internationale « Enduring Freedom ». Il y aura d’autres missions : Agapanthe, Harmattan, Bois Belleau et Arromanches. L’équivalent de vingt-trois tours du monde. En 2016, le porte-avions est mis à quai à Toulon pour dix-huit mois d’une refonte à mi-vie (son retrait est prévu en 2038) ; le chantier porte sur la modernisation de son système de combat: 1,3 milliard d'euros de travaux, 4 millions d’heures de travail, 2000 personnes en permanence sur site, 400 km de cables… Aujourd’hui, le géant des mers est le seul porte-avions à propulsion nucléaire d’Europe ; il est devenu un bâtiment de guerre 2.0, selon l'expression de son commandant.
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Le porte-avions Charles-de-Gaulle et son groupe aérien embarqué en pleine mission le 11 avril 2019.
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b PAUL-DAVID COTTAIS/MARINE NATIONALE/DÉFENSE
b YOANN LETOURNEAU/MARINE NATIONALE/DÉFENSE
Le vice-amiral Charles Henry Du Ché, commandant en chef pour la Méditerranée, discute avec le capitaine de vaisseau de Saint-Germain.
cale lorsque je commandais le Surcouf. Ce fut pénible pour le commandant que j’étais ; je devais en outre réussir à garder un équipage soudé malgré sa tristesse. Nous ne sommes jamais assez préparés pour ce genre d'épreuves et, pourtant, en tant que commandant, c’est dans ces durs moments que l’on est particulièrement attendu. Le commandant a une place qui va au-delà de la simple place de chef, il a le devoir de continuer sa mission, avec tout son équipage. Une communauté qui fait bloc pour « servir la France », en quelque sorte. Que signifie cette notion pour vous ? Servir la France, c’est servir un pays, sa population, sa nation. C’est la volonté de s’investir dans la défense des valeurs que nous partageons en France. Ensuite, c’est participer à un projet plus large que la France, puisqu’aujourd’hui les enjeux sont transnationaux, très européens. La grande chance du porte-avions, c’est qu’il est en mesure d’aller au-delà des frontières nationales. D’ailleurs nous avons des frégates européennes qui nous escortent. Servir la France, c’est aussi servir une part d’idéal. Je pense que chaque marin est profondément idéaliste quand il décide d’embrasser ce métier, car c’est beaucoup plus qu’un métier. Le marin met sa vie en jeu pour la défense de son pays. Y a-t-il mieux que le Charles-de-Gaulle pour un marin ? C’est la machine la plus complexe qu’on puisse faire, c’est la conjonction de toutes les expertises de la Marine Nationale d’aujourd’hui et c’est un outil d’excellence en
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termes de savoir-faire. Lors de mon premier passage sur le Charles-de-Gaulle, j’étais à l’image de beaucoup de jeunes marins : j’avais une certaine appréhension à l’idée d’intégrer cette grosse machine qui donne l’impression de nous engloutir. En revanche, après, je connais peu de gens qui ne souhaitent pas y revenir, comme moi. Que demandez-vous aux marins que vous commandez ? Beaucoup de bienveillance les uns par rapport aux autres. Bien vivre ensemble au sein du porte-avions est fondamental. Je demande également beaucoup de subsidiarité car le principal facteur d’épanouissement sur un bateau comme le Charles-de-Gaulle est la capacité de chacun à avoir son espace de liberté et de responsabilité. Ce que je recherche, c’est la performance collective. La féminisation à bord est-elle importante ? Les femmes représentent 15 % des marins à bord. Le Charles-de-Gaulle est le bateau le plus féminisé de la Marine Nationale. Cela ne pose aucun problème ; au contraire, cela permet d’apaiser les rapports humains et ainsi d’accroître le niveau de performance global. Que ressent-on quand on part en mission ? Notre mission actuelle, la « Mission Clemenceau » [lire par ailleurs], est très particulière. C’est l’aboutissement d’un renouveau puisque le porte-avions sort de deux ans d’arrêt technique et de refonte. Il s'agit donc d'un retour aux
Décryptage : la mission Clemenceau
deux Dauphin pendant plusieurs jours à bord du porte-avions pour concrétiser ses capacités complètes. C’était un souhait ; mais l’avoir vécu était vraiment mémorable !
Parti en mars, le porte-avions Charles-de-Gaulle ne retrouvera sa base de Toulon qu’en juillet, si tout se passe bien. Le géant de la Marine Nationale est engagé dans une opération de quatre mois au sein du groupe aéronaval (GAN) français constitué en Task Force internationale 473 regroupant 3200 marins. Objectif : approfondir la connaissance des zones traversées entre Méditerranée et océan Indien et tisser des liens de coopération avec ses partenaires locaux riverains de son parcours. Autrement dit, une mission stratégique puisqu’un quart des flux maritimes mondiaux transitent par la Méditerranée et trois quarts des exportations de l’Union Européenne par l’océan Indien. Depuis 2011, la Marine Nationale assure une présence permanente en Méditerranée et la France est le seul pays européen à disposer d’une présence militaire permanente dans l'océan Indien. Défense des intérêts nationaux d’une part, stabilisation géopolitique d’autre part, le groupe aéronaval est à chaque instant en état d’intervenir de manière dissuasive ou de frapper si le besoin s’en fait sentir. La France n’est pas seule dans la mission Clémenceau, d’autres forces alliées coopèrent : États-Unis, Danemark, Grande-Bretagne, Portugal, Australie.
Comment concilie-t-on une vie en mer et une vie familiale ? Personnellement, je suis marié et j’ai cinq filles. Trouver un équilibre entre vie privée et vie professionnelle est une aspiration de tous les marins. Ce qui conditionne un marin performant en mer, c’est son bien-être à la maison. Aujourd’hui, les moyens modernes à bord des bateaux permettent de communiquer en permanence, d’entretenir un lien avec la famille et d’apporter un soutien malgré la distance géographique. Conseilleriez-vous à vos enfants ou à des jeunes gens que vous aimez de faire carrière dans la Marine ? C’est un métier passionnant et très prenant. C’est avant tout une aventure humaine qui permet de vivre des choses fortes. C’est un métier qui donne du sens également car on est au service de notre pays. Le marin est curieux et aventurier, car il est amené à découvrir le monde. Il regarde au-delà de l’horizon. Surtout, il faut savoir que le métier de marin est ouvert à tous. Chaque profil est intéressant. La Marine Nationale donne des formations incroyables afin de générer des experts sur un panel de métiers très large. Quelle est votre philosophie de vie ? Être bienveillant et sourire à tout le monde le matin est important. Nous sommes avant tout des humains. Je suis toujours très heureux quand j’échange avec les autres.
affaires du bateau, un retour des marins à leur métier, un retour de l’équipage. C’était une attente pour l’intégralité des marins. Même si le Charles-de-Gaulle a été remanié pour être réarmé, est-ce toujours le même bâtiment ? On a augmenté considérablement les capacités du bateau, on arrive à analyser notre environnement à plus grande échelle. On a définitivement adapté le Charles-de-Gaulle au format « tout Rafale » et on a développé les capacités informatiques (internes au bateau et entre bateaux) de manière monumentale. Je l’appelle le « Charles-de-Gaulle 2.0 ». Comment vivez-vous le fait de diriger un bâtiment équipé de l’arme nucléaire ? Effectivement, le Charles-de-Gaulle fait partie du dispositif de dissuasion nucléaire, ce qui lui donne une dimension particulière. Le positionnement du porte-avions dans son environnement et en fonction de l’actualité internationale, en est d’autant plus important. Depuis votre nomination en juillet 2017, quelles images fortes gardez-vous en mémoire ? Lorsqu’on a posé à bord les roues du premier Rafale Marine après l’arrêt technique. D’ailleurs, j’ai ressenti le besoin de faire une diffusion générale pour annoncer à l’équipage que le Charles-de-Gaulle était redevenu un porte-avions grâce à l’effort de tous. Le deuxième bon souvenir, c’est lorsqu’on a réussi à mettre trente Rafales Marine, deux Hawkeye, un Caïman et
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Les Jurassiens à bord du Parmi les 1200 marins actuellement – et jusqu’en juillet – à bord du porte-avions Charles-de-Gaulle, cinq sont jurassiens. Le commandant du bâtiment, bien sûr, le capitaine de vaisseau Marc-Antoine de Saint-Germain, mais aussi des pilotes d’hélicoptères, patron d’appareil et lieutenants de vaisseau.
CLÉMENT
QUENTIN
Pilote d’hélicoptère Dauphin de la 35F
Patron d’appareil
N
Q
é à Lons-le-Saunier où il a fait toute sa scolarité et où vit encore sa famille, Clément doit son engagement dans la marine à une connaissance qui était surfacier – c’est-à-dire embarqué sur les bateaux de surface – dans la Marine Nationale. Le goût pour les voyages et les découvertes a fait le reste, mais pas que... Clément recherchait une carrière combinant technicité et esprit d’équipe : « Je voulais apprendre un métier vraiment hors du commun. Après une période de sélection dans la marine, j’ai suivi la formation de pilote d’hélicoptère qui dure entre trois et quatre ans au sein de l’armée de terre avant de terminer par les spécificités marines au sein de l’Aéronautique Navale. » Il est enseigne de vaisseau de 1re classe et pilote un hélicoptère Dauphin Pedro : « Sur le Charles-de-Gaulle, je m’occupe surtout de la sécurité des pilotes de chasse lorsqu’ils sont en vol. S’ils doivent s’éjecter en mer suite à un problème, je viens les secourir », expose-t-il. Pour lui, « le porte-avions, c’est le fleuron de la Marine Nationale. Participer à ses missions, c’est écrire une nouvelle page de l’histoire ; ce bâtiment ne se déplace pas pour rien ! »
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uentin est né à Champagnole. « Mes parents et mon frère y vivent toujours et j’y retournerai, c’est certain, à l’issue de ma carrière. » Quentin a débuté comme quartier-maître spécialisé dans la maintenance aéronautique à la fin de ses études : « Les souvenirs que me racontait mon père qui avait fait son service national dans la marine m’ont convaincu et j’avais envie de découvertes ». D'abord, une formation de base et une affectation dans la flottille d’hélicoptères 36F puis la 17F, une des trois flottilles de chasse embarquée de la base de Landivisiau. Aujourd’hui patron d’appareil au sein de la flottille de Rafales sur le Charles-de-Gaulle, il prépare les avions, les examine à leur retour, effectue la maintenance légère et assure l’installation des pilotes dans l’appareil et le démarrage : « C’est une consécration dans une carrière de marin, d’autant que le commandant est lui-même jurassien ! », confie le jeune homme. En 2018, Quentin a également été détaché sur le porte-avions nucléaire américain Georges-W-Bush lors de l’exercice Chesapeake pendant les travaux de refonte du Charles-de-Gaulle.
b MARINE NATIONALE
Charles-de-Gaulle Venus d’horizons très différents, ils ont tous quelques points en commun, ils rêvaient de voyages et d’aventures, et ont trouvé dans la Marine Nationale des formations et des métiers souvent hors du commun. Aucun n'a oublié son département de cœur. Portraits.
JEAN-PHILIPPE Chef du détachement de la flottille d’hélicoptères 35F
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I est arrivé à l’âge de cinq ans dans le Jura avec sa maman. Ils ont vécu tour à tour entre Salins-les-Bains, Poligny, Plasne et Montmorot. Ses jeunes années, Jean-Philippe les a passées sur le plateau de Nozeroy en regroupement pédagogique. Le Jura, c’est donc sa « terre sainte ». Copains de villages, football et parties de luge : « J’y garde tous mes souvenirs d’enfant, jouant au grand air, aidant souvent les agriculteurs du village à la ferme, allant à la coopérative laitière pour y acheter du lait tout juste trait et encore chaud ». Quelque chose de la Guerre des Boutons… Le goût de la mer lui vient de ses grands-parents paternels qui habitaient l’île d’Oléron : « Depuis toujours, je voulais devenir marin, glisse-t-il. J’ai commencé ma carrière militaire en sixième au collège militaire d’Autun. Après, j’ai réussi les sélections comme pilote d’hélicoptère dans l’aéronautique navale. Je suis aujourd’hui pilote d’hélicoptère Dauphin, lieutenant de vaisseau et chef de détachement de la flottille 35F sur le Charles-de-Gaulle. » Une manière de vivre pleinement son goût de la mer et son rêve de voler dans les airs.
RICHARD Directeur pont d’envol et hangar
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riginaire de Champagnole où sa mère et une bonne partie de sa famille vivent encore, Richard – qui apprécie le général napoléonien Pajol enterré à Nozeroy – est officier PEH (pont d’envol-hangar) et officier de lancement sur les catapultes : « Je coordonne les mouvements des avions sur le pont d’envol et les hangars pour préparer les activités aériennes tout au long de la journée, c’est-à-dire leur catapultage quand ils décollent, leur appontage quand on les récupère et leur rangement dans les hangars », explique-t-il. Fils d’un électromécanicien d’armement dans la marine navale, il grandit au milieu des maquettes et des récits paternels qui l’amènent sur la base de Nimes-Garons comme mécanicien d’aéronautique à la flottille 6F. Là, il gravit les échelons et devient officier par concours interne, sert cinq ans sur le Charles-de-Gaulle et quitte la marine en 2016. Depuis janvier 2018, il revient sur le porte-avions où il effectue des périodes de réserve comme PEH. Il a plus de 3 000 catapultages à son actif.
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Bertille
Laguet
La forgeronne séduit la Suisse À trente ans, la Doloise Bertille Laguet a fait sa place dans le milieu du design international, trusté les prix et fréquenté les plus grandes galeries pour finalement tout reprendre à zéro. Aujourd’hui elle est forgeronne à Chexbres, en plein cœur du vignoble de Lavaux sur la Riviera vaudoise. Ü
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À 30 ans, Bertille Laguet qui a grandi à Saint-Claude, à Champagnole et à Dole, a déjà été récompensée par de nombreux prix à travers le monde.
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IL SUFFIT DE TAPER SON NOM SUR LE NET. Aussitôt s’affichent le palmarès de Bertille Laguet, ses distinctions, ses expositions internationales. New York, Copenhague, Bâle, Vienne, Milan… Une quantité incroyable de créations défilent, en aluminium, en tissu, en mousse, en cuir, en fer… Sur Facebook apparaissent vidéos et articles, plus élogieux les uns que les autres. Alors, serait-on en présence d’une perle rare ? La principale intéressée reste plutôt circonspecte : « Je voulais depuis toujours enseigner le design, confie-t-elle. Alors j’ai tout fait pour y parvenir. Mais, avec le temps, je me suis aperçue que je devais aller vers la création, tout en restant dans un rapport étroit avec l’artisanat. » En dix ans, la Doloise a déjà une longue vie derrière elle : étudiante, designer, créatrice, artiste internationale, fondatrice de start-up, chef d’entreprise, forgeronne… Bertille Laguet n'aime pas perdre de temps. Ajoutez à cela une communication subtile, un sourire ravageur et de grands yeux clairs... Il n'en faut pas davantage pour se retrouver dans les magazines : « Mon rêve, ce n’est pas d’être très connue et de gagner beaucoup d’argent, tempère la jeune femme. C’est faire ce que j’aime. » Ce qu’elle aime, parlons-en, la Franco-suissesse passe ses week-ends à préparer, avec son maître forgeron Philippe Naegele, la célèbre fête des Vignerons de Vevey qui a lieu tous les quarts de siècle. Pour la petite histoire, il y a aussi le swing, dont elle est accro au point d'écumer les concours. C’est à Audincourt que Bertille Laguet est née d’une mère assistante sociale et d’un père – comment dire ? – touche
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à tout : ingénieur mécanicien dans le jouet et la lunette, il a surtout été, pendant dix ans, propriétaire d’une fonderie à Montigny-sur-Aube. Sa fille assume sa filiation, « un mélange entre social et industriel. » Sa vie dans le Jura commence à Saint-Claude ; elle a alors deux ans. Elle y reste une année. Ensuite, Champagnole pendant six ans, de la maternelle au CP. Mais sa vraie fibre jurassienne, elle la développe à Dole où elle vit jusqu’à ses dix-huit ans : « Je passais le plus clair de mon temps au centre équestre de la forêt de Chaux, confesse-t-elle. J’avais besoin du contact avec la nature. J’ai aussi pris des cours de dessin et de sculpture pendant trois ans ». Émilie se souvient des années lycée à Duhamel en mécanique – deux filles pour trente garçons – et, déjà, de l’attrait de son amie pour le geste et la matière : « Impressionnante de polyvalence, elle donnait l’impression de réussir tout ce qu’elle entreprenait. Elle n’a pas tellement changé, elle a une sorte de magnétisme. Les gens ont envie de faire un bout de chemin à ses côtés, elle est envoûtante. » La mention « bien » au bac Sciences de l’Ingénieur la déçoit, elle voulait mieux pour intégrer les écoles d’arts appliqués. Du coup, elle vise carrément une école préparatoire et, là, se pointe déjà en filigrane la battante : « La conseillère m’a dit que je n’y arriverai pas. »
UN RADIATEUR POUR TOTEM À Paris, elle se fait remballer : « C’était de la discrimination anti-provinciale », dénonce Bertille Laguet. Elle est finalement admise à Lyon. S’ensuivent deux années difficiles d’exilée, loin de ceux qu’elle aime, prise dans un environnement urbain qui manque de chlorophylle. C’est le temps des concours aux grandes écoles : la candidate rate l’ENS [École Normale Supérieure] et l’ECAL [École cantonale d'art] de Lausanne. Pendant une année, elle va alors se perfectionner dans les matières phares de l'établissement vaudois. Où elle est finalement admise. Talent, travail, chance : c’est son triptyque. Le talent d’abord. Dès le premier semestre, ses petits animaux en mousse sur un squelette de métal retiennent l’attention du directeur, Pierre Keller, un homme de réseau : « Je travaillais toute seule dans mon coin, on m’appelait la “petite entreprise”. » Le travail ensuite. En avril 2009, ses réalisations sont exposées à Milan : « C’était 300 % de travail en plus des cours. »
A la forge de Chexbres, en Suisse, la Jurassienne vient taper, couper, manier le feu, l’eau et l’air dans cet univers noirci par la poussière de métal.
La chance, enfin. À l’été 2010, Swissair demande à l’ECAL de lui concevoir une nouvelle gamme de plateaux pour sa first class, elle est sélectionnée et demande à travailler avec son petit ami (qu’elle a toujours). Le duo remporte le concours : « Nos salières, poivrières et plateaux à fromage sont toujours dans les avions ! » La même année, elle cotoie la marque italienne du design Alessi pour l’exposition de Milan, Nestlé pour une gamme de chocolats… En 2011, c’est l’année du diplôme. Mais la petite Bertille a la tête sur les épaules, elle crée un site internet sur lequel elle présente ses réalisations. Toujours une longueur d’avance… Pourtant, brûler les étapes peut coûter cher. À l'école d'art et de design précisément basée à Renens, on la recadre : son design est trop artisanal, pas assez fonctionnel. Elle risque de tout perdre. « Au même moment, la fonderie de mon père traversait de grosses difficultés, relate l'élève. Il m’a proposé de l'aider à remonter l’entreprise, j’ai décidé que ce serait mon projet d’école et j’ai choisi de faire un radiateur. J’ai passé la plus grande partie de mon année au milieu des fondeurs et des techniciens, à discuter, trouver les meilleures solutions pour abaisser les coûts. »
PLUIE DE RÉCOMPENSES Son père, Gilles, sait ce qu’il lui doit : « Elle a voulu partir de cet objet usuel pour le moderniser et tout ce qu’elle a fait en fonderie ensuite, elle l’a entrepris dans le même esprit. » Un travail en famille ! Elle décroche les félicitations du jury. Bertille Laguet est choisie pour représenter l’ECAL à la Foire de Copenhague, elle emmène avec elle son radiateur qu’elle appelle « B et M », ses animaux… et décroche le Gold Awards : « C’était agréable, mais déconcertant. » À Bâle où elle est invitée d’honneur, un industriel lui commande vingt de ses créations, elle décide de créer son entreprise « Gris Fonte » en 2013, suit des cours d’import-export. Et découvre un autre monde : « J’étais designer indépendante, chef d’entreprise, agent de sécurité et assistante à l’ECAL pour me faire un peu d’argent. Si j’avais su que j’allais vivre quatre ans de galère, j’aurais réfléchi ! » Elle rend les armes en 2017 : « Il était temps de passer à autre chose, je n’avais pas les moyens d’assumer une entreprise seule. » D’autant qu’elle est approchée par une Polonaise, curatrice pour Chamber à New York, deuxième plus grande Ü
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Bertille Laguet avec Philippe Naegele, forgeron à Chexbres, dans le canton de Vaud.
b MARINE NATIONALE
Quand Bertille Laguet, frêle, agile, souriante tourne autour de Philippe Naegele, le taiseux, impressionnant de masse et de force, ce sont deux mondes qui se rencontrent. La première fois qu’elle a mis les pieds dans l’antre noire que le forgeron de Chexbres hante depuis quarante-cinq ans, c’était en novembre 2015. Elle fabriquait alors des masques en cuir, elle y est revenue par hasard, début 2016 : « Je lui ai dit que le travail du fer m’intéressait, il m’a invitée à ses démonstrations. J’ai vraiment été subjuguée, je suis venue une fois par semaine pendant un an. Un jour il m’a dit : “Ou bien tu t’investis et tu reprends la forge, ou bien tu te casses !” » La jeune ne s’est pas cassée, elle a appris. Elle continue. Quasiment tous les jours, elle vient taper, couper, manier le feu, l’eau et l’air. Demain, quand son mentor prendra sa retraite, elle reprendra la forge et continuera à faire sonner le marteau sur l’enclume.
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La forgeronne et son mentor
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« En 2018, j’ai obtenu une bourse Leenaards qui récompense les artistes œuvrant au changement, j’ai demandé que cette somme soit consacrée à ma formation », indique la jeune femme.
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Le radiateur « B&M » imaginé par Bertille Laguet.
galerie mondiale de design industriel qui lui demande de créer trois pièces inspirées de ses radiateurs. Elle crée un banc, une lampe, les fameuses pièces uniques en aluminium « Cassus » et « Caléo », ainsi qu'un tableau : « Huit mois de travail et des coûts énormes, énumère-t-elle. Il a fallu que je trouve des solutions. » Elle décroche la même année le Swiss Design Awards. La Franc-comtoise accède ainsi au niveau international XXL, même si elle vit pas mal de péripéties (galerie Chamber en faillite, propriétaire argentin interdit de retour aux États-Unis par l’administration Trump…). « Avec cette expérience internationale et les tarifs de mes œuvres, il est très difficile de trouver des galeries qui puissent m’exposer. Je ne suis pas sûre que ce soit une bonne chose ! »
LE FEU DE LA FORGE Depuis 2017, Bertille Laguet s'est prise de passion pour la vieille forge de Chexbres [lire par ailleurs] et a décidé de tout reprendre à zéro en apprenant un métier d’homme, humble, dur, mais fondu dans le concret. Elle s’en trouve bien parce qu’au fond, c’est le geste et la matière qu’elle aime par-dessus tout : « Je veux être artisan-réparateur à la forge pour Monsieur-Tout-le-Monde et faire des pièces uniques pour les galeries, tout en continuant mon métier de designer avec des entreprises. » Sa mère Sylvie a confiance : « Elle est dans la perpétuation du savoir-faire manuel et, en même temps, dans la conception. Je crois qu’elle est arrivée à une certaine maturité. » Alors, avec ce succès, le Jura la tente-t-elle encore ? « C’est de là que je viens, je m’y sens bien, mes parents y vivent. J’ai fêté mes trente ans du côté d’Arbois. Et c’est une mentalité que j’aime, très différente de celle des Suisses. C’est drôle, je suis connue ici à Lausanne et anonyme dans le Jura. » Plus pour très longtemps.
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Claude
AZÉMA Le patron mondial de la boule
Gentleman-farmer en son moulin de Nevy, patron du boulisme international, familier de l’Assemblée nationale, grand dévoreur de mots, Claude Azéma passe le tiers de sa vie dans les avions. Mais c’est sur le terrain de pétanque de Lavigny que le Monsieur Boule frenchy a commencé à conquérir le monde. Ü
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ÉR M
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Le Jurassien préside la Fédération internationale de pétanque et de jeu provençal.
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Claude Azéma devant son moulin de Nevy-sur-Seille. Cette bâtisse a longtemps abrité la boulangerie connue dans tout le canton pour être celle de Marie Daumard.
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ET SI ON GRATTAIT LÀ OÙ ÇA FAIT MAL ? Si on commençait par un échec ? Oui, l’homme est meurtri, pas de doute là-dessus. Terrassé parce qu’investi par tout un monde pour mener la pétanque jusqu’aux Jeux olympiques, le président jurassien de la Fédération internationale de pétanque et jeu provençal n’imaginait pas être recalé par ses pairs, à Paris, la ville qui est la sienne depuis bientôt cinquante ans. Une défaite personnelle.
AU PIED DU PODIUM
C’était la dernière. Promis. Juré. À 73 ans, Claude Azéma menait son ultime croisade. Pendant des années, l’homme a tissé sa toile, grimpé les échelons de boulodromes en salons, pour se hisser aux plus hautes responsabilités dans le milieu
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mondial de la boule. Il se voyait emmener tout son monde jusqu’au pied du Carrousel, au cœur de la capitale. Paris 2024. Après, il aurait tiré sa révérence ! Mais le 21 février dernier, le verdict est tombé. La petite boule n’ira pas aux JO, elle finit au pied du podium comme un athlète maudit. Que s’est-il passé ? A-t-il pointé trop court ? Tiré trop haut ? Va savoir, d’autres que lui ont décidé et pas forcément au niveau français. Il se dit, dans les coulisses, que le Comité d’organisation tricolore n’était pas le vrai décideur. Le surf, l’escalade, le skateboard – lesquels, coïncidence, avaient déjà été rajoutés par le Comité international olympique (CIO) à Tokyo – et même la breakdance ont su trouver les mots pour convaincre. Pas lui. « C’est une énorme déception, concède-t-il. Mais je n’ai pas poussé des cris d’orfraie, ça ne sert à rien. » Il est encore possible d’organiser des exhibitions en amont des Jeux. Michel Signaire, qui fut son trésorier à la fédération, sait bien sa déception : « C’était son cheval de bataille, il n’a rien montré parce que c’est un homme secret et dur, confie-t-il. Il va repartir ».
LE REFUGE EN SON MOULIN Ce n’est pas la première fois que le gaillard essuie des échecs et, comme toujours, c’est en son moulin de Nevy-sur-Seille qu’il vient reprendre son souffle. L’immense bâtisse, qui fut la propriété de la Marie Daumard, la boulangère de tout le canton, qui faisait la tournée des villages avec sa 2 CV camionnette ou son tub Citroën, accompagné de son commis polonais Stefan. Il la rachète en 1985, en quête d'un morceau d’histoire qui a fait chavirer son cœur : « Avant, je me contentais de louer des maisons. Puis, je me suis décidé à acheter. Je suis tombé sur ce moulin. » À l’écart du village, le lieu a quelque chose de très british : les vieilles pierres, le caveau, le four, les pièces surgies d’un autre âge… Tout ici a le parfum suranné d’une vie qui semble s’être arrêtée. C’est aujourd’hui la thébaïde des Azéma. En moins de quarante ans, ils y ont fait leur nid : « Mes parents sont là, en cendres, dans le jardin, chuchote-t-il. C’est important pour moi. Quand les enfants et les petits-enfants viennent à Noël ou en été, c’est la fête. Cette maison, c’est la leur ». Et l’homme qui ne déteste ni les contradictions ni l’humour se plaît à rappeler que son père était… jardinier et qu’il n’aurait pu
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trouver lieu plus adapté pour un sommeil éternel. Et si, juste à côté, le caillou de Château-Chalon semble lui faire de l’œil, s’il aime par-dessus tout les secrets humides des caves, s’il a amené des cohortes de parlementaires et de journalistes aux différentes Percées du Vin Jaune, son Jura à lui se résume à ses baignades en solitaire dans la Seille, juste derrière chez lui : « L’eau est à treize degrés tout le temps, c’est tonique. De quoi remettre les idées en place ! »
Michel Demougeot, l’ami d’enfance, se souvient d’un petit chenapan : « Quand on avait dix ans, on allait écouter le Tour de France chez son grand-père, il retrouvait des amis parisiens de son âge et ils faisaient pas mal de bêtises. C’est souvent moi qui prenais… » Ni Perpignan, ni le Jura ne font rêver le gaillard qui monte à Paris en 1964 avec un bac de philo en poche pour s’inscrire à l'école de journalisme de la rue du Louvre, mais il est trop Ü
CHENAPAN DANS LE JURA, JEUNE HOMME À PARIS Il faut revenir à l’adolescence pour comprendre le fil de sa vie. Né en 1946 d’un père militaire de carrière – doyen des paras français – et d’une mère de Lavigny, le petit Claude a ce qu’on appelle un caractère trempé : « Mon père a rencontré ma mère à la gare de Montain-Lavigny qui faisait office de dancing, il était en pause avant de rejoindre Berchtesgaden », dans les Alpes bavaroises. Baptisé à cinq ans par un oncle curé, il suit ses parents à Perpignan. Du coup, ses grands-parents maternels viennent dans le Sud en hiver et, chaque été, le gamin passe plusieurs mois chez eux, à Montain, où son grand-père en retraite entretenait la maison de Mme FortArrachard. D’ailleurs, côté aïeux, le petit Claude est plutôt servi. En famille, on n’oublie pas de rappeler que ses arrières grands-parents, postiers à Baume-les-Messieurs et à Messia, se sont mariés par téléphone : « Un jour, mon arrière-grand-père appelle un copain et lui dit : il paraît que tu as une fille à marier, ça m’intéresse. Ça s’est fait comme ça ! »
Ambassadeur du Jura Claude Azéma a été de tous les bons coups au Palais Bourbon : « Je me suis mis dans toutes les associations : golf, rugby, œnologie, pétanque, énumère-til. Ma hiérarchie me reprochait de parler à tout le monde. » À la manœuvre, notamment, pour deux virées exceptionnelles à la Percée du Vin Jaune, il met sur pied un repas autour des vins du Jura à la Présidence de l'Assemblée nationale et, sacre suprême, organise une cérémonie d'intronisation de Raymond Forni, alors président, en présence de Dominique Voynet ministre au même moment. Le Jura connaît son heure de gloire parisienne.
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jeune et se rabat sur la fac de la rue d’Assas. Après un doctorat premier cycle de droit public, il enchaîne les petits boulots : barman, manutentionnaire, plâtrier-peintre et… viticulteur par intermittence chez Robelin au Vernois. C’est d’ailleurs avec le statut de viticulteur qu’il part faire son service militaire, ce qui lui vaut une permission exceptionnelle de quinze jours pour les vendanges. L’armée, il la fait à Trèves dans le 13e Génie, après une formation de chiffreur à Baden. En fait, sa vie bascule pendant cette période, il rencontre Georges Reverchon de Frontenay, administrateur à l’Assemblée nationale, qui le prépare au concours de sténographie. Et le voilà qui commence sa carrière comme rédacteur des débats au Palais Bourbon en 1973 : « Je suis le fils d’Hitler et d’une pompe à eau : mon père a rencontré ma mère en allant dans le fief d’Hitler et j’ai connu Reverchon grâce à une panne de pompe à eau ! »
LE TRICOTEUR DE MOTS Nouveau saut dans le temps : aux élections municipales de Lons-le-Saunier en mars 1983, une liste de farfelus intitulée « UTILE » emmenée par un certain Claude Azéma, récolte 7,5 % des suffrages et vient bousculer les deux listes en présence. Le gaillard s’offre même le culot de créer un journal pour l’occasion, Le Connard Déchaîné. Ce type fait peur au Landerneau local. Lui rigole : « La politique, ce n’est pas mon truc, j’ai été maire de Nevy en 1995 et je me suis présenté aux cantonales à Voiteur parce que ça m’amusait. Sauf que je voyais les politiques de trop près dans mon métier ! » Pourtant, politique et mots se tiennent la main dans sa vie. En trente-huit ans de carrière, le Jurassien rédige les comptes rendus des parlementaires : « Prendre des notes, remettre le texte dans une forme correcte, c’est un travail qui permet de prendre du recul. » Pas que… Claude Azéma flirte avec le journalisme de haut niveau, il participe à des interviews pour Le Figaro Magazine en duo avec Louis Pauwels, Henri Amouroux, Philippe Bouvard. Eux posent les questions, lui retranscrit les réponses de Jacques Chirac, Valéry Giscard d’Estaing, Édouard Balladur, Nicolas Sarkozy… Il collabore aussi aux scripts d’émissions politiques sur TF1, Antenne 2 (à
Claude Azéma et Thomas Bach, le puissant président du Comité international olympique (CIO). Le Jurassien espérait qu'aux Jeux de Paris, en 2024, la boule ferait son entrée au programme. Le comité d'organisation présidé par Tony Estanguet a préféré donner leurs chances à la breakdance, à l'escalade, au skateboard et au surf.
l’époque), au Grand jury RTL-Le Monde, rédige quelques discours d’élus, fait des détours par les assemblées générales des groupes Lagardère et Matra, et se fait plaisir en écrivant des nouvelles pour diverses revues. On le voit même en 1986 coécrire un manuel d’enseignement de la pétanque et, en 1996, signer le scénario d’une BD, Passion Pétanque, avec des dessins d’un certain Marcel Uderzo.
LA GAGNE ET LA FÊTE Retour à Perpignan, le petit Claude a une douzaine d’années et le voilà plongé dans la marmite du sport : « J’ai toujours aimé la compétition, il faut que je bouge. » Pour bouger, il bouge. Judo, cross, 400 mètres, mais surtout rugby avec des titres nationaux cadets et juniors B sous les couleurs de l’USAP, puis en championnat de France universitaire et militaire, et même en coupe du monde de rugby des parlements. À l’époque, Bernard Durand le côtoie à l’Assemblée nationale : « Il travaillait au compte rendu intégral et moi je m’occupais de la buvette ! Nous avons joué ensemble dans le XV de l’Assemblée, il était trois quart-aile. Dans les troisièmes
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mi-temps, on chantait ensemble et il avait pris l’habitude de noter nos blagues en sténo ! » Derrière son côté fêtard, le bonhomme a de l’ambition : quand il joue, c’est pour gagner. Cette détermination, c’est dans le milieu des boules qu’il l’exprime le mieux : « Tout a commencé à la fête foraine de la Saint-Désiré à Lons, je gagnais des bouteilles en visant avec une boule. Des copains de Lavigny m’ont poussé à venir jouer avec eux ». Membre du club local, il crée l’Amicale Boule Jurassienne en 1973, puis carrément un comité départemental en 1974. C’est de là que tout est parti. Sa diplomatie lui permet d’atteindre des sommets : « Autour d’une bonne bouteille, tous les problèmes se règlent. Je le sais par expérience. Au niveau international, tout le monde parle anglais, mais au bar, ça parle français ! » Les boules ne sont pas sa seule passion. Claude Azéma est fan d’olympisme. Là encore, avec le temps, il décroche des responsabilités au niveau international. Cette frénésie, il l’aime : « Je passe un tiers de ma vie à Paris, un tiers dans le Jura et un tiers dans les avions… » Et s’il est connu pour son répertoire de chanteur et son talent pour les pastiches parfois grivois comme pour son coup de fourchette, il l’est aussi pour son caractère. Le mot de la fin à l’ami d’enfance, Michel Demougeot : « C’est un décideur, quelqu’un difficile à saisir, il a toujours une idée en tête, mais il lui faut quelqu’un pour la mettre en œuvre, énumère-t-il. C’est un charmeur. » Le principal intéressé rajoute : « Certains ne me supportent pas, je les comprends ! »
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Alexandre Pasteur est le spécialiste du vélo à la télévision publique. Mais il en connaît aussi un rayon en ski alpin et l'athlétisme.
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PASTEUR La voix du Tour de France
Pour la troisième année, le Franc-comtois commentera la Grande Boucle sur les antennes de France Télévisions. Portrait d'un journaliste dont l'histoire familiale débute à Sirod, près de Champagnole. Ü
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IL N'A PAS CONNU LA RUE COGNAC-JAY, NI L'AVENUE MONTAIGNE. Quand Alexandre Pasteur a débarqué à France Télévisions, le service public avait déjà pris possession de l'Esplanade Henri de France, sur les quais de Seine, à Paris. De même, le service des sports n'avait pas encore intégré l'open space qu'il occupe aujourd'hui. Ce 3 avril 2017, le Franc-Comtois, natif de Pontarlier, mais dont la famille côté paternel a marqué l'histoire de Sirod, près de Champagnole, découvrait son bureau. Jusqu'alors, c'était celui de Gérard Holz, vedette du petit écran, parti en retraite. Nelson Monfort
avec qui il allait partager ce petit espace était absent. Mais, élégant et attentionné, il avait laissé un mot, en anglais cela va sans dire : « Welcome mon ami ». C'est ainsi que la voix du cyclisme de France 2 et France 3 a changé de vie. Enfant, il regardait la Grande Boucle dans la maison familiale des bords de l'Ain, avec son père et son frère aîné à ses côtés. Il devait bien traîner quelques cousins et des oncles goûtant la fraîcheur de la bâtisse. Et aussi quelques femmes, comme le souligne Jacqueline Pasteur, sa maman : « Le Tour de Ü
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b FRANCK FAUÈRE/PRESSE SPORTS
Les années Eurosport avec, notamment,les commentaires des grands rendez-vous de l'athlétisme (ici, avec Stéphane Caristan).
France, ce n'est pas l'apanage des gens qui aiment le vélo. » Le journaliste se rappelle plus particulièrement de l'été 1977, de la seconde victoire du Bourguignon Bernard Thévenet, maillot à damiers siglé Peugeot sur le dos, du jeune Allemand Dietrich Thurau, coureur de l'équipe néerlandaise Ti-Raleigh, qui lui avait cherché des poux dans la tête. Cette année-là, Eddy Merckx, lui, n'avait plus les jambes. Le petit garçon ne pouvait pas imaginer qu'un jour, pour raconter cette épopée plus que centenaire, il allait succéder à Léon Zitrone, Jean-Michel Leulliot et Pierre Salviac. Les journées chez Tante Suzy, Alexandre Pasteur en garde un souvenir ému. « On y passait les vacances », débute-til. La rivière était son terrain de jeu, la même qui avait fait la fortune de son arrière-grand-père, Jules. Après la guerre avec l'Allemagne, il avait nourri ses scieries avec le bois de la Forêt noire. À Sirod, les Pasteur faisaient alors vivre de nombreux foyers. Des notables.
PETIT-FILS D'ÉMILE, FILS D'YVES L'histoire a pris fin en 1976, quand la société transférée dans la capitale du Haut-Doubs dans les années soixante a fermé ses portes. C'est le grand-père Émile, brancardier à Lourdes et fervent chrétien, qui était alors aux commandes. Émile Pasteur reste une figure du massif jurassien. Il y a peu, Pontarlier a donné son nom à une halle qui abrite notamment le marché. Son petit-fils a assisté à la cérémonie. « J'ai mesuré la trace qu'il a laissée, constate-t-il. On m'a parlé de lui alors même qu'il est décédé en 1977 ». L'aïeul a créé l'office municipal des sports, il a présidé le CA Pontarlier Football et le Club des skieurs randonneurs pontissaliens qui compte, aujourd'hui encore, des athlètes de Ü
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porta de nombreuses années le Challenge Franche-Comté Bricolage (aujourd’hui connu sous le nom Challenge nocturne des Monts de Joux). Aux commentaires, l'emblématique Gérard Nohl pour qui les Parisiens étaient des « grillons des talus ». « Si je suis devenu speaker aujourd'hui, c'est un peu grâce à lui », concède le journaliste. « J'adorais le ski de fond », ajoute-t-il. Ses idoles s'appelaient – notamment – Guy Balland, Christian Dumont, Stéphane Bouthiaux ou encore le Suisse Daniel Sandoz.
Avec Marion Rousse, commentant une étape de montagne.
haut niveau. Il aurait organisé le premier stage de l'équipe de France de biathlon. L'homme était aussi arbitre international de saut à ski. Il a officié lors des Jeux olympiques de Grenoble. Olivier Pasteur, le frère d'Alexandre, conserve chez lui un diplôme qui en atteste. « Mon père a repris le flambeau », enchaîne le journaliste. Dans le ski jurassien, « il a été très influent », insiste le président actuel du comité régional, Gilbert Carrez. Aussi en tant que bénévole. Yves Pasteur a créé une enseigne de bricolage qui sup-
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b FTV
LES ANNÉES EUROSPORT Une autre voix a compté pour lui, celle de Boris Acquadro, journaliste sportif suisse. Il était le spécialiste de la TSR. Quand le Jurassien Hervé Balland est devenu, en 1993, vicechampion du monde du 50 km à Falun, il était à l'antenne. « On avait l'impression qu'il était à ses côtés », se rappelle Alexandre Pasteur. Un modèle qu'il a eu la chance de rencontrer avant son décès en 2005 : « Je n'ai pas été déçu. Mon idole de jeunesse. Un seigneur ». Le dimanche de La Transjurassienne, le jeune homme se levait à cinq heures du matin pour suivre « aux premières loges » la course de ski de fond. Avec Olivier, à bord de la 104 Peugeot, il reliait Lamoura à Mouthe. En 1991, lorsqu'Hervé Balland – encore lui – est devenu le premier Français à gagner la mythique course, les deux frères l'informaient des écarts avec ses poursuivants. « Il nous répondait », s'étonne-t-il encore. « Je savais déjà que je voulais être journaliste sportif », se souvient Alexandre Pasteur. Dès l'âge de neuf ans, il a lu L'Équipe qu'il allait acheter avec son vélo. « Il rédigeait de petites fiches », rapporte sa maman. Elle se souvient aussi que, lors des Jeux olympiques d'hiver de 1984, il a préféré regarder les compétitions à la télévision plutôt que de profiter des pistes de Val d'Isère où il passait ses vacances en famille. Bac à Pontarlier, faculté d'histoire — « une maîtrise pas terminée » – puis l'IPJ [Institut pratique du journalisme] à Paris : Ü
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que la chaîne sportive recherchait un commentateur pour le ski alpin. Casting avec Bruno Poulain, directeur des programmes, sur les images des deux premières victoires de Luc Alphand en coupe du monde sur la célèbre piste de la Streif à Kitzbühel. « J'ai récupéré les images à la Fédération française de ski, mais comme elles étaient sur des cassettes U-matic, j'ai demandé à Télé Saugeais de les transcoder. Pendant trois semaines, je les ai visionnées », raconte le candidat qui allait se découvrir à l'aise dans l'exercice. Il obtenait le poste. Eurosport allait devenir sa maison. Un « chez lui » où ses activités allaient grossir. En 1997, il succédait à Denis Brogniart pour l'athlétisme – « jusqu'en 2015, j'ai fait toutes les grandes compétitions avec Stéphane Caristan [ancien coureur de haies], sauf Rio » – et, en 2010, à Patrick Chassé pour le cyclisme, sauf pour le Giro et la Vuelta.
DANS LE FAUTEUIL DE CHAPATTE Avec Olivier, son frère, Franck Ferrand, Stéphane Dalloz, son ami, Marion Rousse et Laurent Jalabert : les selfies d'Alexandre Pasteur.
il déroule son parcours scolaire en dilettante. Heureusement, sa mère qui ne travaille pas veillait au grain : « Je croyais plus à mes enfants qu'eux », sourit-elle. La promenade prit fin au décès d'Yves Pasteur à l'âge de cinquante ans. La gravité allait subitement s'inviter dans la vie du cadet, dont l'obsession allait dès lors être de réussir dans la vie. « J'ai voulu faire quelque chose dont mon père aurait été fier, explique-t-il. Il avait confiance en moi, je ne pouvais pas le décevoir. » Dans la famille, le goût des autres est une règle de vie. Il se transmet. Il circule dans les veines. Là, c'est un grandpère qui convie à sa table des conscrits du camp militaire de Valdahon le jour de Noël parce qu'ils ne peuvent rentrer chez eux ; ici, c'est papa qui invite toute l'équipe de football après une belle victoire dominicale. « J'ai besoin de m'imprégner de leurs personnes », susurre le quadragénaire. Sa vie professionnelle débuta par des CDD dans la presse écrite au Courrier Picard, à Midi Libre puis l'Union de Reims. Le Franc-comtois ambitionnait de rentrer au pays pour noircir les colonnes de L'Est Républicain des exploits des sportifs. « L'Équipe semblait trop grand pour moi et je ne pensais pas à la télévision ». Sauf qu'en octobre 1995, l'un de ses camarades de l'IPJ, Philippe Groussard, qui collaborait à Eurosport, l'informa
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Jusqu'au jour où, à l'automne 2016, il reçut un SMS de Laurent-Éric Le Lay, le nouveau patron du service des sports de France Télévisions. « J'étais dans le confort, je n'avais aucune raison de changer », reconnaît le journaliste qui hésite un temps. « Alex n'est pas un homme à avoir un plan de carrière », explique Stéphane Dalloz, son ami. Sauf qu'un nouvel actionnaire, Discovery, venait de s'emparer de la chaîne sportive qui l'employait. Et puis, au fond, Alexandre Pasteur était bien tenté par un « nouveau challenge ». Mi-janvier, il signait sa lettre d'engagement. L'information devait demeurer confidentielle, mais elle paraissait dans L'Équipe. Son journal de cœur. La machine médiatique était lancée. Le Jurassien – qui vit à Paris et Grenoble – comprenait subitement qu'il allait jouer en première division. Et devoir revêtir une carapace face aux coups portés par les réseaux sociaux. Bref, il découvrait le vedettariat. « On me parle davantage de lui. Il a acquis une vraie notoriété », constate sa maman. Mais l'intéressé semble hermétique à tant d'attention trop souvent fabriquée. « C'est quelqu'un de très gentil, décrit Laurent Jalabert, ancien coureur professionnel, numéro un mondial de sa discipline de 1995 à 1997 puis en 1999. C'est un grand professionnel, très à l'aise dans son rôle. Il a une culture cycliste supérieure à la mienne. On sent qu'il a des années d'expérience ». « On se complète », résume le présentateur du Tour de France qui associe à cette alchimie Marion Rousse et l'érudit Franck Ferrand. De même, la nouvelle recrue n'a en rien changé sa méthode de travail. « Dans la voiture qui nous emmène d'une villeétape à une autre, il lit beaucoup, la presse étrangère notamment », décrit Stéphane Dalloz qui lui sert – entre autres – de chauffeur pendant trois semaines. « Et il retient tout, il a une mémoire phénoménale », ajoute-t-il. De quoi lui permettre d'apparaître à l'aise au micro. À partir du 6 juillet, il s'assiéra de nouveau dans le fauteuil qu'ont occupé avant lui – outre ceux déjà cités – Robert Chapatte, Patrick Chêne... Des noms prestigieux qui l'obligent, mais qui, en rien, n'ont changé le Pontissalien dont serait assurément très fiers ses père et grand-père. « Je garde la tête froide, je ne me prends pas pour un autre », assure, tout en humilité, le journaliste trop heureux de s'appuyer sur ses racines. PLe 12 juillet, le Tour de France traversera le Jura. Les coureurs relieront Belfort à Chalon-sur-Saône.
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Le Jurassien Stéphane Meyer s'est fait un nom à Paris. Ses plantes sauvages ont été adoptées par les plus grands chefs de la capitale.
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Le druide de Paris est jurassien Dans les rues et sur les grands boulevards parisiens, on imagine sans peine à quel point le Jurassien Stéphane Meyer a détonné. De ses quelques années passées dans la capitale, il reste pour cet amoureux des plantes et de la nature un surnom : le druide de Paris. Ü numéro 101 39
Vigneron patient et passionné, Stéphane Meyer a décidé d'élever son vin jaune pendant neuf ans, au lieu de six habituellement.
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STÉPHANE MEYER FAIT PARTIE DE CES HOMMES DE QUI IL ÉMANE UNE GRANDE SÉRÉNITÉ. Force tranquille au regard bleu perçant et à la barbe fournie, le Jurassien pur savagnin a opéré un retour aux sources en 2017, en s’installant dans une vieille demeure surplombant les coteaux de la Haute-Seille. Vous pouvez le rencontrer au détour d’une de ses vignes qu’il travaille, parlant histoire du lieu avec des habitants de son village, ou en pleine cueillette de plantes sauvages dans une prairie ou en forêt, sandales aux pieds, été comme hiver. Sa connaissance encyclopédique de la flore ? Il la tire de la tradition familiale et de l’échange, de la transmission orale du savoir, de l’expérience, avec des personnalités telles que Gérard Ducerf, ethnobotaniste réputé. La science de la nature de Stéphane Meyer a très vite été remarquée par les médias parisiens. C'est que le Franc-comtois a gravité dans un milieu emblématique de la France, celui des grands chefs. Pour eux, il est d'ailleurs le « druide de Paris », un surnom dont l'ont affublé les journalistes de My Little Paris à l'occasion d'un article. Ce sobriquet est d'abord vécu comme un quolibet pour celui qui leur a toujours demandé de ne pas le nommer ainsi. Au début de l’aventure médiatique, des gens lui téléphonaient même suite à la diffusion de reportages afin de lui demander des conseils, des initiations druidiques.
L'AMI DES GRANDS CHEFS Stéphane le Druide est donc l'ami des grandes toques. Et en cela, son répertoire est aussi garni qu’un bouquet. Cueilleur de plantes sauvages durant de nombreuses années pour des laboratoires homéopathiques, parcourant l’Europe près de huit mois par an, il prend très vite conscience que les assiettes des plus grands cuisiniers ignorent encore les trésors verts de la nature. « À cette époque, en cuisine, il y avait beaucoup de fantasmes autour des plantes sauvages, aucune filière organisée. Michel Bras et Marc Veyrat avaient fait des émules quant à la cueillette et à la saisonnalité, mais ils n’avaient pas accès à ces plantes comestibles en plein cœur de Paris. » Dans les années 2000, ayant refusé la direction d’un laboratoire de plantes à Gap, il s’installe avec son épouse dans la capitale. Il continue alors de faire des récoltes hebdomadaires pour les besoins de sa famille dans les forêts franciliennes. Un jour, sur le chemin du retour, Stéphane Meyer s’arrête chez trois chefs, tous triplement étoilés par le Guide Michelin : Alain Passard (L’Arpège), Pascal Barbot (L’Astrance) et Yannick Alléno (Pavillon Ledoyen). « J’ai approché la gastronomie avec mes paniers de cueillette pour être dans l’échange de savoirs. » Après, tout part très vite. Son nom se murmure de cuisine en cuisine et les chefs viennent à lui. Dès 2011, après avoir créé sa propre filière d’approvisionnement, le Jurassien récolte également pour les chefs Bertrand Grebaut (Septime), Bruno Verjus (Table), Stéphane Jego (L’Ami Jean) et Jean-François Rouquette (Pur’), ainsi que les grands chefs pâtissiers tels que Pierre Hermé et François Perret (Ritz). « Je ne pensais pas que ces grands chefs seraient si accessibles alors que je suis arrivé avec mes sandales et mon grand panier à l’accueil du Meurice, par exemple. » Parfois, il passe des journées entières avec certains grands noms de la gastronomie, désireux de tout connaître, de Ü
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Stéphane Meyer, toujours en communion avec la nature, sillonne régulièrement les forêts des Alpes et du Jura à la recherche de plantes sauvages.
tout savoir. « Je suis chanceux d’avoir pu faire des rencontres humaines exceptionnelles avec des chefs qui ne sont ni plus ni moins que des grands enfants, très curieux de tout. »
LE MAL DU JURA « J’ai un lien fort avec le Jura, même si j’ai passé les six premiers mois de ma vie à Lyon… » Ayant grandi entre Lonsle-Saunier et Voiteur, Stéphane Meyer ne tient pas en place. Il quitte la terre des Séquanes le temps de ses études en viticulture-oenologie, vit un temps à Londres, avant de revenir pour élever des chèvres, puis de partir pour Paris rejoindre son épouse. Finalement, dix ans plus tard, retour aux origines avec Isabelle et leurs enfants. « Bizarrement, je connais le mal du pays » : ce sentiment de mal-être le pénètre quand il demeure trop longtemps éloigné des vallons jurassiens. « Je n’ai pas fait de prospection ou de manœuvres pour revenir à tout prix : mon retour dans le Jura est lié à un concours de circonstances. » Les vignes familiales sont vendues en 1975 à une autre famille de Voiteur. Vers 1996, on lui propose de les reprendre. Cela tombe bien : cette acquisition marquera une première étape de son futur retour castel-chalonnais, quelques années
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plus tard. Et il faut dire que le Jura lui colle à la peau… La branche paternelle quitte la Westphalie au XVIe siècle, fait une étape à Fribourg, avant de s’installer dans la région de Gruyère. « Mon arrière-grand-père, originaire d’une famille importante qui était propriétaire d’une moitié du lac de Gruyère, s’est mis à fréquenter la fille de la famille rivale habitant en face. On lui donne alors le choix : la quitter ou partir. » Bannis, les deux amoureux quittent la Suisse et s’établissent dans le Jura français. Du côté maternel, son grand-père était un Richerateaux, famille qui puise son origine aux alentours de Château-Chalon, tandis que sa grand-mère venait de la Petite Montagne. Le futur ? Stéphane Meyer le voit toujours lié étroitement à la nature. Aujourd’hui, il continue d’évoluer dans ce qu’il nomme « l’hypertechnologie ». « La plus haute technologie est donnée par la nature et ce qu’elle nous apporte. » Il tend à se conformer aux lois naturelles qui la régissent, pour suivre son mouvement, ses humeurs. Le druide de Paris, ayant précédemment créé sa propre gamme d’alcools forts, est toujours sollicité par des grands noms de la cuisine française. Mais désormais, ceux-ci lui commandent ses gins et ses absinthes. Ayant repris des vignes familiales du côté de Château-Chalon, il travaille également sa future production de vin jaune, qu’il compte garder en fûts de chêne neuf ans, au lieu de six habituellement. « Je suis orienté sur la recherche de finesse, plus que sur l’opulence et les caractères très marqués et typés de noix. » Mais pas que… Faire de la prestation de service en ce qui concerne les spiritueux, développer une gamme alimentaire à base de plantes sauvages, revenir à l’élaboration de cosmétiques, d’huiles de soins ou encore d’extraits médicinaux de plantes. Quoi qu’il en soit, les projets ne manquent pas pour le Druide de Paris… jurassien.
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Jura Entreprendre
Ils inventent
LES JOUETS DU JURA de demain
Une petite dizaine d’entreprises de taille industrielle produisent encore des jouets du Jura. Qu’elles soient familiales ou intégrées à des groupes, toutes ont en commun de se démener pour exister dans un environnement concurrentiel. Leur arme secrète ? Faire appel à des designers. Qui sont donc ces hommes et ces femmes qui, chaque jour, inventent les jouets de nos enfants ? Enquête. Ü
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TOUS SONT JURASSIENS D’ADOPTION. S’ils ne sont pas nés dans le département, aucun n’aurait envie d’en partir tant cette région aimante ceux qui apprécient son environnement. Lorsqu’on aime les jouets et qu’on a choisi d’en faire son métier, le Jura est encore l’endroit où se fait l’émulation. Et ce n’est pas peu dire que ces gens aiment les jouets. « Chaque jour le plaisir d’inventer et de surprendre avec des jouets intemporels est présent », exprime Christophe Gilet, designer indépendant qui commente passionnément chacune de ses
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créations. Quant à Marc Viennet, directeur artistique chez Janod, société basée à Orgelet, il souligne : « Mes filles me disent que je suis toujours un enfant ». Longtemps, le tissu de sous-traitance en tous genres, hérité de la longue tradition de l'exploitation du bois et du mode d’organisation du travail basé sur sa parcellisation, a fait référence. Aujourd’hui, les savoir-faire disparaissent ou ne suffisent plus vraiment pour réaliser des productions en série importantes. Ceux qui ont connu le milieu du jouet en bois depuis longtemps le regrettent. À l’inverse, dans le domaine de la transformation des matières plastiques, la chaîne de compétences est intacte, assurant aux marques le pouvoir de garder leur autonomie. Concernant les modes de fonctionnement, le designer a de moins en moins la possibilité de laisser un libre cours total à son imagination. Les trompettes des services marketing sont là pour lui rappeler et lui imposer le chemin en brandissant des budgets comme des mantras. L’abondance des produits et des marques est telle que l’on a vu le métier évoluer au fur
Mauve Bonnefoi conçoit les nouvelles collections chez Vilac, le fabricant de jouets en bois basé à Moirans-en-Montagne.
et à mesure que les conditions se durcissaient. On est passé d’un design d’inspiration à un design corseté, répondant à une demande précise, conjonction des impératifs du marché et de la concurrence. Ce qui n’a pas changé en revanche, c’est que le jouet souffre toujours d’une faible valeur ajoutée qui l’oblige d’afficher des prix bas alors que les consommateurs sont parfois prêts, à l’inverse, à dépenser beaucoup pour des articles de mode et de luxe ou de haute technologie. Chacun l’a parfaitement intégré. Tout comme les contraintes normatives fortes et évolutives, qui ne représentent pas un handicap dans la mesure où elles s’imposent à chacun sur toute la planète.
LA PATTE DU DESIGNER
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Le coup de crayon est aussi un point sur lequel chacun s’accorde. Tous reconnaissent que le processus créatif passe forcément par une phase manuelle, que ce soit à l’aide d’un crayon, de feutres ou d’un pinceau. « J’ai toujours aimé dessiner et inventer », annonce Mauve Bonnefoi, collaboratrice de Vilac, comme une évidence. La Conception Assistée par Ordinateur (CAO) en deux ou en trois dimensions (2D et 3D), ainsi que l’impression numérique en 3D ont considérablement raccourci les processus de développement. Mais tout cela ne remplace pas leur sens du détail, leur capacité à jongler avec les couleurs et avec les volumes qui font leur force. Alors qu’est-ce qui fait leur spécificité à ces designers de jouets jurassiens ? Leur personnalité et leur parcours bien entendu, leur capacité à projeter leur imaginaire dans un objet qui devra donner envie à l’enfant de se l’approprier : « Si on ne garde pas une âme d’enfant … », glisse l'un des designers de Smoby, Julien David, pour apaiser son enthousiasme. Mais aussi leur goût pour la nature et le calme, ce qui ne les empêche pas de courir les salons du monde entier, d’arpenter les rues des villes qui donnent le ton en termes de tendances de design comme Paris, Londres ou Milan. Car l'« inventeur de jouets » est une éponge qui restitue sa sensibilité à travers ses créations. Une éponge est un organisme vivant qui vit sans doute mieux au pays des lutins que dans des milieux pollués et bruyants. Ü
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JULIEN DAVID
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Lorsqu’il ne s’amuse pas pendant son temps libre à mettre en scène des personnages de Lego pour reconstituer des saynètes amusantes qu’il photographie et diffuse ensuite sur les réseaux sociaux, Little Ju – alias Julien David – dessine et crée des jouets que l’on a de grandes chances de croiser dans de nombreux jardins. Arrivé chez Smoby fin 2004 pour réaliser un stage de fin d’études, après un master 2 obtenu à l’école de design Nantes Atlantique d'où il est originaire, il n’en est jamais reparti. Désormais très attaché au Jura, il avoue ne pas s’ennuyer. Certes, grosse structure oblige, les procédures sont forcément plus lourdes que dans une entreprise de taille plus modeste. Mais ce designer de 37 ans a très tôt intégré la nécessité du travail en équipe et le respect des contraintes techniques et financières induites par la fabrication de jouets en matière plastique qui nécessite des investissements coûteux. Cela ne l’empêche pas néanmoins, une fois pris en compte le cahier des charges défini par le marketing, de se remettre en question à chaque nouvelle création, au gré de ses inspirations. Il montre et décrit avec passion les détails de matières et de style qu’il a mis en œuvre, tantôt sur une maison de jardin, tantôt sur une cuisine ou une marchande, toutes des produits phares de la marque de Lavans-lèsSaint-Claude : « Il faut raconter une histoire et transformer la réalité en quelque chose avec lequel l’enfant puisse avoir envie de jouer ».
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MARC VIENNET
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Pour Marc Viennet, le parcours professionnel dans le jouet débute en 1994, après des études de marketing qui le conduisent directement chez Jouef, une entreprise emblématique de Champagnole. « Je voulais travailler dans le jouet, raconte-t-il. À la lecture de l’offre d’emploi dans le journal, j’ai bondi dans ma Fiat Uno ». C’est chez Jeujura, un peu plus tard qu’il va mettre le pied à la création et commencer à dessiner des jouets, avant d’arriver chez Janod à Orgelet en 2007. L’entreprise est alors à un tournant : pressentant une place à prendre sur le marché du jouet en bois, son dirigeant Pascal Bernard souhaite dépasser le statut de grossiste-importateur en créant une marque et une gamme à part entière. Un défi que va tenter de relever Marc Viennet, au sein d’une équipe réduite sans pesanteurs. Au fil des années, l’entreprise a atteint une taille et un statut fort enviables sur le marché, suffisamment pour attirer des investisseurs ; elle a changé de mains plusieurs fois ces dernières années. À l’heure actuelle, au service création, Marc Viennet est entouré d’une équipe d’une vingtaine de personnes. Un monde depuis le début de l’aventure au cours de laquelle, souligne-t-il, « on a construit une marque et une histoire en partant de rien ». À cinquante ans, la passion et l’envie sont demeurées intactes. « On a une chance incroyable d'être autour d’un produit magique. On a quelque chose à transmettre avec le jouet ». Ü
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MAUVE BONNEFOI Son prénom à lui seul évoque l’univers parsemé de couleurs douces dont elle aime parer ses créations. Originaire d’un village du Doubs dont elle a conservé l’accent, Mauve Bonnefoi est titulaire d’une licence de design graphique spécialisée en illustration acquise à l’École de l’image d’Épinal. Aujourd’hui tout juste âgée de 35 ans, elle a débarqué chez Vilac, la fabrique de jouets en bois de Moirans-en-Montagne en 2014, « le jour du premier anniversaire de mon petit Lucien », après plusieurs expériences dans l’illustration enfantine. « Je n’étais pas prédestinée au design de jouets, mais il n’y a qu’un pas entre l’illustration enfantine et le jouet », résume la jeune femme. Elle s’est aujourd’hui installée à Châtel-de-Joux, le « château de la forêt », au creux des épicéas et des prés où l’on aperçoit parfois depuis sa fenêtre, gambader les animaux de la forêt que l’on retrouve souvent dans ses illustrations. Mariette est venue rejoindre la famille entre-temps. Elle et son grand frère sont une source d’inspiration pour leur maman qui les regarde grandir. Mais pas seulement. Si elle reconnaît qu’elle ne peut ignorer les tendances du moment lorsqu’elle crée, elle avoue demeurer très libre. L’idée d’un nouveau jouet peut venir d’une envie, d’une blague avec ses collègues qui ont gardé un côté gamin : « il faut s’amuser pour donner envie du jouet ». Une personnalité pleine de fraîcheur : « c’est chouette de créer des objets que l’on garde parce qu’ils sont beaux, des objets qui restent, comme des livres ».
Lunettes jaunes en bois de créateur, vêtements résolument colorés, son allure trahit sa curiosité et son appétence pour les objets au design affirmé. Rien d’étonnant après tout pour l’homme de 56 ans originaire de Nancy, qui a choisi de consacrer sa vie professionnelle à dessiner des jouets. L’histoire avait pourtant commencé presque par hasard lorsqu’en 1989, Hervé Halgand, nouvellement à la tête de Vilac, fabricant de jouets en bois de Moirans-en-Montagne, lui propose le poste de responsable du design et de la production. Il quitte alors Paris pour s’installer dans le Jura qu’il découvre. Il modernise des modes d’organisation demeurés endormis depuis bien longtemps et redynamise le catalogue de la marque avec des « best-sellers » comme Toby le chien ou Rosy la vache, toujours fabriqués par la marque plus de vingt ans après leur sortie. Une prouesse dans un monde qui ne jure que par la nouveauté. En 2002, l’envie lui prend de voler de ses propres ailes. Un temps, il s’éloigne du Jura mais choisit de venir s’y réinstaller. Designer free-lance, il travaille désormais pour Djeco, une marque parisienne de jouets traditionnels qui est devenue en peu d’années un des leaders du marché. Il participe aussi à la renaissance des Bidibules, des personnages et un univers apparus dans les années soixante-dix. « J’ai toujours aimé les jouets », résume-t-il. Ce ne sont pas les objets hétéroclites de toutes marques, styles et époques qui jonchent chaque étagère de son atelier et de son salon qui le contrediront !
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CHRISTOPHE GILET
… et réveillez tous vos ssens ens ! Assistez à la fabrication du Comté en fruitière, pénétrez le silence des caves d’affinage, découvrez l’univers de la ferme, visitez la Maison du Comté ... Les producteurs de lait à Comté AOP, les fromagers, les affineurs du Massif jurassien et tous les passionnés de leur noble terroir vous souhaitent
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Les Routes du Comté, réseau touristique et gastronomique dans les Montagnes du Jura
Photos : S. Godin (lieu : Bellecombe • Jura) - Studiovision - Agence Zoom - B. Lecourt - J.-P. Van der Elst Conception : Nansen Développement / www.nansen.fr • Création : www.berengerlecourt.com
la bienvenue sur les Routes du Comté !
Le design, arme secrète des Jurassiens
TROIS MARQUES, TROIS ÉPOQUES
Au risque de cabosser notre imaginaire d’enfant, levons toute ambiguïté : les jouets du Jura ne sont pas taillés à la main dans une bûche par des lutins. Certains fabricants continuent de produire localement, le plus souvent avec des équipements industriels de pointe et en matière plastique. À l’inverse, d’autres marques ont choisi de délocaliser tout ou partie de la production dans des pays où la main-d’œuvre est à bas coût. Outre ses conséquences tant décriées, les externalisations en Asie donnent aussi la possibilité à des acteurs de la filière de proposer des articles gourmands en intervention humaine, au niveau de prix qu’impose le marché, tout en garantissant la qualité qu’exige le consommateur. À l’heure actuelle, disons-le, le jouet des montagnes du Jura n’est donc plus nécessairement fabriqué dans les montagnes du Jura, même s’il est en bois. Par contre, le design, la conception, le développement, le contrôle du respect des normes de qualité demeurent réalisés localement. C’est une réalité qui permet au jouet “made in Jura” de survivre et de se développer dans un environnement devenu hyperconcurrentiel, sous la pression de contraintes. Et les changements n’ont jamais été aussi forts et aussi rapides : normes de sécurité européennes exigeantes, respect de l’environnement et des ressources, concurrences venues de toutes parts, renouvellement accéléré des collections… Sans oublier les mutations du secteur de la distribution. Les fabricants de jouets, coincés entre les articles d’importation bas de gamme et les jouets des multinationales qui inondent les rayons doivent impérativement séduire l’acheteur et le consommateur. Leur arme secrète ? Le design.
Dès l’entre-deux-guerres, Eria est l'un des premiers fabricants à concevoir ses propres jouets qu'elle diffuse auprès des grands magasins sous sa marque. Éria fait référence au torrent Héria dévalant près de Moirans-en-Montagne. C’est précisément dans cette localité et ses environs que se tiendra le foyer jurassien de la production de jouets.
SUPERJOUET Dans la France des Trente Glorieuses, des confréries se forment, à l’image du groupement Superjouet en 1966, association de sept marques déjà converties aux jouets en matière plastique. À l’inverse, les artisans et fabricants de jouets en bois qui ont choisi de ne pas s’engager dans cette voie « moderne » entament une traversée du désert qui verra disparaître la plupart d’entre eux.
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Aujourd'hui, la Chine fabrique 80 % des jouets vendus dans le monde. Depuis des années, l'Asie concurrence les usines qui autrefois faisaient la fierté des chefs d’entreprises jurassiens. Après l’acquisition du groupe Berchet par Smoby en 2007, il ne reste plus qu’un acteur majeur dans le Jura. Racheté à son tour par un groupe familial allemand qui le détient toujours, Smoby produit toujours 70 % de sa production. Entre-temps, le jouet en bois jurassien s’est requinqué. Il s’est renouvelé pour séduire une nouvelle clientèle.
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b CAMILLE BERTHET/MUSÉE DU JOUET
Le Musée du Jouet a 30 ans Ouverte en 1989 à l’initiative de trente-deux fabricants de jouets locaux, la Maison du Jouet et de la Tournerie est devenue, trente ans plus tard, un musée de France géré par la Communauté de communes Jura Sud. Installé à Moirans-en-Montagne, l’épicentre du jouet jurassien, dans un écrin architectural atypique, le plus grand musée du jouet en France, aussi l'un des plus importants d’Europe, accueille près de 50 000 visiteurs chaque année. Deux mille jouets leur sont présentés dans un parcours permanent alternant pédagogie et espaces ludiques. Dix fois plus d’objets attendent patiemment leur tour dans les réserves, d’être mis en lumière dans une exposition temporaire. Pour célébrer ce jubilé – qui est aussi celui du festival Idéklic qui fête cette année sa trentième édition –, de nombreux événements sont prévus tout au long de cette année, avec en point d’orgue l’exposition consacrée
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aux jouets du Jura et de l'Ain qui durera jusqu’à l’année prochaine. Étonnamment, le musée du jouet n’avait encore jamais consacré d’exposition aux jouets du Jura, alors que ses réserves en regorgent. En présentant jusqu’en mars 2020 une exposition temporaire intitulée précisément « Jouets des montagnes du Jura », de nombreux objets et marques inédits seront largement mis en lumière. Classés en huit familles allant des jouets pour les nourrissons aux jeux de société, en passant par les voitures et les poupées, les presque 250 objets présentés nous donnent la mesure de l’incroyable diversité des articles qui ont été inventés sur cette portion allant de Champagnole, au nord, jusqu’à la plaine de l’Ain au sud. Car l’exposition ne se borne pas à montrer des objets et des savoir-faire emblématiques du Jura comme le fait déjà très bien le musée. Elle s’intéresse aussi à des marques et à des produc-
tions souvent restées dans l’ombre. Elle étonne le visiteur avec des jouets improbables comme ce train électrique né à Oyonnax il y a presque cent ans, ces babioles à quatre sous que l’on recherchait frénétiquement dans le baril de lessive Bonux, ou encore ce chien Pluto en celluloïd léger comme une plume. Elle surprendra les enfants avec une reproduction en plastique de téléphone en bakélite qu’ils n’ont jamais connu. Elle ravivera la nostalgie des adultes lorsqu’ils repenseront à leurs premières vacances où ils avaient emporté une de ces boîtes de jeux en matière plastique dont on finissait toujours par perdre une pièce… Sans parler des marques dont les noms résonnent encore dans les montagnes du Jura, longtemps après leur disparition. Ce ne sont pas moins de soixantedix fabriques qui sont représentées dans cette exposition. À peine un cinquième de celles que le massif a vu naître !
L’Alpage à votre table
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Mon Jura à moi
Les
Infidèles Rockeurs des campagnes C'est le groupe de rock jurassien. Les Infidèles viennent de sortir un nouvel album, Cortex. L'occasion pour Numéro 39 de les rencontrer. Les trois amis expliquent en quoi le Jura a dessiné leur personnalité, mais aussi, revers de la médaille, freiné leur carrière musicale. Ü
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Retrouvailles avec le théâtre de Lons, là où tout a commencé.
De 1997 à 2007, le groupe a été mis en sommeil. Il s'est reformé pour la plus grande joie de ses fans.
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C’EST LE GROUPE ROCK JURASSIEN LE PLUS MYTHIQUE. Trente-six ans après leurs débuts en 1983, dont huit ans en stand-by, Jean Rigo, Olivier Dérudet et Frédéric Maisier viennent de sortir Cortex, leur nouvel album. Ceux qui ne sont pas encore « papis du rock », mais pas non plus des perdreaux de l’année, expliquent à Numéro 39 pourquoi ils ont le Jura collé à la peau. NUMÉRO 39 - On commence par quelque chose de simple : que signifie pour vous être Jurassiens ? JEAN RIGO - Comment dire… C’est vivre dans un département aux antipodes de la ville, de Paris notamment. C’est aussi avoir du caractère. Je fais souvent la route Besançon-Lons infestée de radars ; beaucoup sont dégradés. Eh bien, ça me va bien ! Je suis fier que les Jurassiens ne se laissent pas faire avec ce truc qui n’a rien à voir avec la sécurité. OLIVIER DÉRUDET - C’est vrai, il existe une vraie identité que nous avons toujours défendue. Mieux, nous en sommes fiers. Il faut que les Jurassiens conservent à leur région ce côté sauvage, presque rustre. J’aime bien l’idée que ce soit le dernier village d’irréductibles. Quand, à l’extérieur, les gens nous disent : vous êtes de l’Est ; on répond : non, nous sommes jurassiens ! Infidèles ne vous suffit pas, vous êtes donc aussi rebelles ? O.-D - Notre nom vient du fait que, dans les années 1980, il existait des tas de chapelles musicales. Nous avons voulu dire bien fort que nous n’appartenions à aucune. Ü
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Denis Trossat a été le trésorier de Fédération française de football. Un poste qui ne l'a jamais éloigné des petits clubs. Ici, avec les enfants de Macornay.
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C’est aussi une référence aux attentats intégristes de l’époque. En tout cas, il n’y a aucune relation avec l’attitude amoureuse, nous ne sommes pas infidèles dans ce sens-là. J.-R. - Un de nos albums s’intitule Rebelle, c’est vrai. Mais cela ne signifie pas que nous le sommes. Je soutiens les dégradations de radars, je les comprends, mais je n’irais pas en casser un. Aujourd’hui, tout le monde parle des gilets jaunes, de l’injustice, des fins de mois difficiles, mais nous avons chanté L’arbre mort bien avant, et aussi Les experts, Les chasseurs d’indifférence… Qu’attendez-vous des Jurassiens ? J.-R. - Oh, rien ! Ils nous ont tellement donnés depuis trente ans ! O.-D - Nous avons avec les Jurassiens une vraie histoire d’amour, ils ont toujours été là dans les moments difficiles. Je crois pouvoir parler d’élan affectif. FRÉDÉRIC MAISIER - Parfois, ils ne sont pas d’accord avec nos chansons et ils viennent nous le dire, presque nous engueuler.
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En quoi diriez-vous que vous êtes jurassiens ? J.-R. - Je ne vis plus dans le Jura, mais je ne me suis jamais autant senti jurassien. O.-D - Moi, je mesure mon appartenance au fait que j’adore quitter le Jura, mais qu’au bout de quelque temps, je suis heureux de revenir, de retrouver les endroits que j’aime et qui m’inspirent. Cet attachement nous a aidés tout au long de notre vie car on a toujours agi comme une tribu, solidaires les uns des autres, avec toujours en nous cette force de ne jamais se lâcher. Cela nous a joué des tours parce qu’à certains moments, nous avons eu tendance à nous replier sur nous-mêmes, alors qu’il aurait fallu s’ouvrir, voir les choses autrement. J.-R. - C’est exactement cela ! Ce caractère jurassien peut se retourner contre nous. À un moment de notre carrière, nous aurions pu nous rapprocher de Paris et notre avenir aurait sans doute été différent. Mais nous avons choisi de rester vivre là. O.-D - Parce qu’après quinze jours à Paris, il fallait à tout prix qu’on parte [rires]. J.-R. - Oui et cela ne nous a pas empêchés de faire toutes les grandes scènes internationales. Nous avons répété souvent à Paris avant des concerts ou avant d’enregistrer, mais la vie était chère. Tout était compliqué : pas d’espace, pas d’air… Ce n’était pas pour nous. Nous avons fait le choix de la qualité de vie.
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Quels sont les lieux de votre Jura à vous ? O.-D - Pour le groupe, c’est Lons, évidemment ! Le théâtre, c’est là qu’on a débuté en 1987 ou 1988 en tête d’affiche. C’est le lieu de notre premier concert « rien qu’à nous » : les loges, la salle de répétition tout en haut. Le Bœuf sur le Toit aussi et puis le café du Théâtre avec Albert (Salvadori, N.D.L.R.). En 1985, pour la fête de la Musique, il pleuvait tellement qu’on a joué à l’intérieur. Il y avait la fille de Jack Lang, on a tous fini au Scorpion… J.-R. - C’était un petit club à Grange-sur-la-Doye devenu mythique, c’est là qu’on a connu toute la population qui nous a aimés et nous a suivis. C’était un lieu très pointu en matière de musique. Pour revenir à Lons, on était tout le temps fourrés au Bleu Nuit, au Loft, jamais dans les musées… Pour nous, la culture, c’était la programmation des films art et essai à la MJC avec Jean-Raymond Scicluna. F.-M. - Au niveau personnel, c’est Dole, le quartier de la gare et la rue Pasteur, quelque chose entre ville et campagne. Mon père était cheminot, je montais dans son train et rue Pasteur j’allais au bistrot tenu par un Lédonien. J.-R. - Moi, c’est le quartier Argillat à Champagnole, les copains, l’école, la musique et, surtout, les bords de l’Ain qui m’ont toujours inspiré. O.-D - Et moi, c’est Arinthod jusqu’à l'âge de quatorze ans. Mes parents vivaient là-bas : les cabanes, le vélo et le foot… En fait, notre Jura à tous les trois, ce sont des lieux de rencontres, nous avons en commun ce besoin de voir les gens, de discuter. C’est aussi ce besoin de nature. Comment est née la story des Infidèles ? O.-D - Je crois qu’on peut dire au Scorpion où il y avait beaucoup de rencontres entre Champagnolais et Lédoniens. On faisait de la musique, les filles étaient belles, on a bien accroché ensemble. J.-R. - J’ai fait une formation de six mois à Lons et Olivier m’a proposé de monter un groupe, Jo [Matiss, premier bassiste du groupe, N.D.L.R.] nous a rejoints. La première répétition a eu lieu à Champagnole. O.-D - En 1983, quand on a monté le groupe, ce n’était pas pour rigoler, nous avions déjà décidé de ne faire que ça, de faire carrière. J.-R. - C’était au fond de nous, c’était le moteur, le but, le Graal ! O.-D - Dans un premier temps, l’idée était juste de faire un disque, nous avons trouvé Réflexes, un label indépendant qui ne signait qu’avec des groupes qui chantaient en français. C’est dire si c’était une autre époque ! Il nous a ouvert les portes de France Inter, de Dechavanne, des magazines spécialisés avec des articles dans L’Humanité, Le Guépier… Le patron savait qu’on tenait la scène et qu’on était prêt à faire n’importe quoi pour percer. Le contrat a été signé en 1984 et le label a fait faillite en 1986, juste le temps de faire deux 45 tours et un album. On a cherché un autre label, mais c’était très difficile ; il fallait se battre contre des moulins et puis, sur un coup de chance, en 1989, après avoir gagné un tremplin, la maison de disques Tréma a écouté une de nos maquettes. Elle nous a proposé un contrat. J.-R. - Nous avons sorti un 45 tours avec Mon héroïne qui a connu un gros succès et Rebelle tiré de l’album du même nom qui nous a fait rentrer au Top 50 ! Cet album a été fait avec Ü
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Les larmes des maux, sorti en 1992, est le titre emblématique du trio jurassien.
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Fred Maisier, le Dolois du groupe.
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Rencontre imprévue entre Jean Rigo et son parrain.
b TWITTER STÉPHANE DALLOZ
Le Troquet, à Lons, est intimement lié à Olivier Dérudet.
Annette [Anne-Françoise Bailly, N.D.L.R.] qui nous a rejoints aux claviers, elle est partie en 1991 et Fabrice [Ragris, N.D.L.R.] l’a remplacée. On a très bien tourné entre 1989 et 1994. Pourtant vous vous êtes séparés… puis retrouvés ? O.-D - Il y a eu une sorte de lassitude, trop de pression de la maison de disques. On aurait dû partir loin pendant trois mois, mais on ne l’a pas fait. L’ambiance s’est délitée malgré deux albums Héritage et Ailleurs qui n’ont pas rencontré leur public, même si le single Les larmes des maux reste notre titre fétiche. En 1997, le groupe s’est arrêté. J.-R. - En 2005, nous apprenons le décès tragique de Fabrice [retrouvé mort dans sa voiture, N.D.L.R.] et la décision est prise de jouer à nouveau ensemble après huit ans d’arrêt pour un concert hommage. Le plaisir était toujours là et, en 2007, après un concert au Bœuf sur le Toit à Lons, nous avons reçu beaucoup d’appels qui nous encourageaient à repartir. C’est ce qu’on a fait avec le trio original ; une nouvelle aventure a débuté et le public nous a suivis. En 2010, l’album Turbulences a bien marché et, en 2016, Jo est parti et Fred l’a remplacé à la batterie. F.-M. - Je suis Les Infidèles depuis le début. Nous sommes potes depuis trente ans, mais j’ai habité quelque temps à Paris, ce qui m’a permis d’accompagner pas mal d’artistes : le comédien Charles Berling, le romancier Patrick Eudeline ou Philippe Jakko, compositeur de musiques de films. J'ai aussi participé au dernier live du mythique groupe Bijou. Les Infidèles sont-ils toujours dans le coup ? J.-R. - Le monde de la musique a changé. Nous avons
conservé une grande partie de nos influences, mais j’ai été attiré par la musique électro et on en retrouve un peu dans nos morceaux. Les Infidèles, c’est toujours ce côté rock, pop et mélodie qui est notre marque de fabrique. O.-D - Nous continuons à faire du rock français. Le cœur des foules enregistré en live aux Forges de Fraisans en 2017 est dans cette veine et Cortex, sorti en avril cette année, va permettre aux plus jeunes de se retrouver dans ce qu’on fait. C’est marrant, les parents font écouter Les Infidèles à leurs enfants, le groupe touche toutes les générations. F.-M. - Maintenant, nous allons défendre cet album et nous défoncer sur scène, jouer le plus possible, s’exporter, à Quiberon, à Montpellier, à Genève. Nous sommes complètement indépendants. J.-R. - Au niveau des moyens de diffusion, nous avons nos réseaux locaux, mais c’est plus compliqué d’avoir des réseaux nationaux. Ce n’est pas grave, on y croit… Comment vivez-vous la scène depuis trente ans ? O.-D - D’abord, il y a déjà un gros trac qui s’accentue jusqu’au moment de rentrer sur scène. En général, je ressens très vite si on est dans un bon soir et si le public est réceptif. Si ce n’est pas le cas, ce qui est rare, il ne faut rien lâcher et aller au charbon ! F.-M. - Le plus important, c’est d’être en symbiose avec le public, il ne suffit pas de faire uniquement un gros son, il y a aussi l’aspect visuel. Pour moi, c’est comme jouer une pièce de théâtre, il y a ce fameux trac deux ou trois minutes avant le concert, très important parce qu’il permet de se concentrer sur le show. Une fois sur scène, je me sens chez moi. Je me surpasse pour tout donner au public !
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Les berges de l'Ain à Champagnole ont toujours inspiré Jean Rigo, parolier et guitariste du groupe.
Photos : J. Cortinovis et B. Leroy
x u a v d n a r Le G . . . e l i o v ĂŠ d se www.haut-jura-grandvaux.com Suivez-nous
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La reculée de Baume abrite un monastère qui s'est développé grâce à l'abbé Bernon, fondateur de l'abbaye de Cluny.
Jura Balades
Au temps des
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Le Jura a été une terre précoce du monachisme. Dès le Ve siècle sont apparues les premières communautés religieuses. À Baume-les-Messieurs, Gigny, Saint-Claude et Grand-Rivière, marchez dans les pas des moines. Ü
Balade Au début était Saint-Oyen S DURÉE Itinéraire : 1 h Itinéraire : 4 h 30
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Leur histoire s’est écrite dans la douleur et les larmes comme un défi permanent aux éléments et à l’histoire. Ils ont défriché ce qui n’était que forêt, ils ont essaimé dans des lieux perdus qu’ils ont transformés en autant de villages. Ils ont cultivé une terre ingrate, ils ont inventé leur propre parler qui n’est pas un patois, ils ont brûlé des sorcières, ils ont subi toutes les guerres, ils ont vécu un génocide avant de devenir français par contrainte, ils ont été les derniers serfs de France, ils ont mis en pratique l’utopie socialiste du XIXe siècle et leurs mains ont transformé la matière brute en de petites pépites : diamants, pipes, jouets, horloges, micromécanique, plastique… Cette douceur que la rudesse du climat leur a refusée, ils l’ont mise dans leur savoir-faire transmis de génération en génération. Oui, les gens de cette partie du Haut-Jura sont bel et bien fous.
Saint-Claude médiévale en 3 D Dans le sous-sol du musée le plus surprenant de la région – le musée de l’Abbaye – une reconstitution en 3D de la ville au Moyen-Âge donne une idée de ce que pouvait être la capitale du HautJura. Pwww.museedelabbaye.fr
b MUSÉE DE L’ABBAYE / HÉRITAGE VIRTUEL 2018
aint-Claude n’est pas une ville, mais un bout d’histoire planté au creux des montagnes, un morceau de légende forgé par des fous depuis la nuit des temps. Oui, des fous ! Fous de Dieu venus au Ve siècle pour trouver la paix de l’âme et ériger l’une des abbayes les plus puissantes de l’Occident chrétien. Fous d’inventions et d’audaces qui ont fait de cette vallée reculée le berceau d’industries prestigieuses. Fous de cette lumière qui écrase quand le soleil de l’automne rend le ciel violet. Fous des pierres, de l’eau et des sapins qui lient les hommes à leur terre par un pacte secret. Oui, ici les gens sont fous et ils en sont fiers.
[Itinéraires]
Les richesses de la géologie du massif du Jura s'offrent au regard du randonneur.
Difficulté : moyenne Durée :1 h Distance : 3,5 km Dénivelé + : 100 m Balisage : jaune, jaune-rouge, jaune
¢ Départ du parking du Pont du Diable à Saint-Claude. Traverser la route, descendre (balisage jaune) jusqu’au torrent, franchir la passerelle, pousser à gauche jusqu’à la cascade des Combes u. ¢ Revenir au pont et continuer tout droit sur le chemin v où méditait Lamartine. Passer au-dessus de la conduite d’eau et remonter jusqu’à la route, la suivre jusqu’au parking du Pont du Diable. Suivre le sentier (balisage jaune) des gorges de l’Abîme w, traverser le torrent, monter jusqu’au panneau « Sous la grange Cattin ». Descendre à gauche, rejoindre la route forestière, suivre le balisage jaune-rouge, traverser l’Abîme, prendre à gauche (balisage jaune) jusqu’au Trou de l’Abîme x et continuer en longeant les gorges jusqu’au parking.
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Difficulté : difficile Durée : 4 h 30 Distance : 11 km Dénivelé + : 620 m Balisage : jaune, jaune-rouge, jaune-blanc, jaune, jaune-rouge, jaune
¢ Départ du parking du Pont du Diable à Saint-Claude sur la RD69 en direction de Longchaumois. Suivre le sentier aménagé dans les gorges (passerelles, marmites de géants), franchir le torrent de l’Abîme u. Montée raide. Bifurquer à gauche. Au panneau « Sous la grange Cattin », suivre à gauche (balisage jaune), direction Vaucluse. Rejoindre la route forestière et descendre (balisage jaune-rouge), traverser l’Abîme et monter jusqu’au hameau de Vaucluse v. ¢ Devant la chapelle, monter à gauche direction « Sur les Roches », prendre à gauche le chemin et suivre la même direction. Arrivé Sur les Roches, suivre le balisage jaune en direction du Crêt Pourri. Rejoindre le col du Fresnois, poursuivre, passer devant une ancienne ferme et rejoindre le Crêt Pourri (1029 m), table d’orientation w. ¢ Revenir sur ses pas jusqu’à la ferme, suivre la direction « Rocher du Fresnois », passer sous la ligne à haute tension, descente raide. Au Rocher du Fresnois, pousser jusqu’au chemin de la Fraite. Là, récupérer le balisage jaune-rouge et suivre jusqu’au panneau « Sous la grange Cattin » pris à l’aller. Descendre à nouveau, traverser l’Abîme et prendre à gauche jusqu’au Trou de l’Abîme x. Poursuivre au dessus des gorges (balisage jaune) et revenir jusqu’au point de départ.
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Balade La vallée où tout a commencé A DURÉE Itinéraire 1 : 1 h 30 Itinéraire 2 : 4 h 30
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n'a cessé de décliner au fil des siècles, jusqu'au moment de sa sécularisation en 1760. Les bâtiments ont changé de destination. L’agrandissement du bureau de poste, accolé à la mairie, en 2006, a par exemple permis de retrouver une partie de l’église paroissiale primitive. Quand des sites ont disparu, des panneaux rappellent leur existence, à l'exemple des industries le long du petit ruisseau de la Sarrasine. Hormis le cadastre napoléonien, seul un croquis au crayon remontant au début du XIXe siècle permet de se rendre compte de ce que fut cette localité. Ce qui semble immortel, c’est le paysage, tranquille, apaisant. Les hommes ne s'y sont pas trompés. Pour preuve, la découverte, dans la falaise calcaire, du plus important gisement préhistorique du Jura. Depuis au moins 80 000 ans, Gigny est une terre où l'homme pose ses pas.
Andelot, le château perché Depuis le XIIIe siècle, le château veille sur le petit village d’Andelot. Perché sur une colline, il ne reste que quelques traces de ses trois enceintes fortifiées. Aujourd’hui, habilement restauré, l’ensemble accueille des chambres d’hôtes de charme dans un cadre exceptionnel. Pwww.chambres-hotes.fr
b CLAUDE ROZ
u cœur de la vallée du Suran, Gigny est une machine à remonter le temps. Ici, les vieilles pierres nous parlent d'une ancienne abbaye – qui releva immédiatement du Saint-Siège. Dans l'empire de Charlemagne, Bernon, un fils de bonne famille devenu moine, en jeta les fondements en cette fin du IXe siècle, après avoir remis un peu d'ordre à Baume-les-Messieurs. Les livres d'histoire ont immortalisé son nom pour une autre œuvre : à la demande du duc d'Aquitaine, il fonda Cluny qui a été, pour l’Occident médiéval, un phare. À Gigny, le temps a fait son œuvre. L'abbaye
[Itinéraires]
Depuis le belvédère du Fays, la tranquille vallée du Suran se laisse embrasser.
Difficulté : facile Durée :1 h 30 Distance : 6 km Dénivelé + : 300 m Balisage : jaune
¢ Départ devant l’église de Gigny. Suivre la rue montante et traverser la route en épingle à cheveux. Suivre flèche « sentier pédestre ». Emprunter un chemin en pierres jusqu’au sommet. Descendre ensuite par un sentier en forêt et tourner à droite pour suivre un chemin forestier jusqu’à la route. ¢ Tourner à gauche et rejoindre le hameau du Villard u. Prendre à gauche pour arriver à un carrefour à environ 500 m, au lieu-dit « les Joncs ». Prendre à gauche direction le belvédère. Avant un cabanon, tourner à gauche et continuer pendant 500 m jusqu’à « Les Trois Chênes ». ¢ Monter à droite en direction du belvédère v. Revenir sur vos pas et prendre à droite à la patte d’oie pour revenir sur Gigny.
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Difficulté : facile Durée : 4 h 30 Distance : 17 km Dénivelé + : 620 m Balisage : jaune, blanc et rouge, jaune
¢ Départ du parking de l’abbaye de Gigny u. Balisage jaune. Traverser le village puis la route en direction des Champs Pasquier. Après avoir suivi la rue du Faubourg, tourner à gauche et suivre la D51 E2. Passer le pont sur le Suran. Au panneau, prendre à droite et suivre le balisage jusqu’au bas de Véria. Monter la route de Gigny, passer devant l’église et grimper jusqu’en haut du village. Au panneau, prendre à gauche le chemin de Montrichard en direction du hameau de Marléa. ¢ Au panneau Marléa, longer la route sur 200 m à gauche et tourner à droite en direction de la Côtière. Passer près de la source de la Creuse v et suivre le balisage jaune jusqu’à la Côtière. Là, prendre la direction du belvédère d’Andelot. Au panneau, faire un aller-retour de 500 m jusqu’au belvédère w. ¢ Prendre la direction du château d’Andelot x, récupérer le GR et descendre jusqu’au village d’Andelot-Lès-Saint-Amour. Poursuivre jusqu’à la croix. Suivre le chemin qui passe entre deux étangs y, rejoindre la route. La longer tout droit, puis prendre un chemin. Passer à travers prés, puis bois et poursuivre sur un chemin blanc jusqu’aux champs Pasquier. Rejoindre la route et revenir jusqu’au parking de l’abbaye.
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Balade L'œuvre du bon Dieu I DURÉE Itinéraire 1 : 1 h 45 Itinéraire 2 : 3 h 30
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Le petit monastère eut le statut d'abbaye de 1172 à 1244 avant de devenir un simple prieuré. Ici, les hivers sont ciselés au scalpel. Et si sombres aussi qu'ils ont donné naissance à une légende. On raconte que de jeunes mariés ont voulu traverser le lac noir, mais que la glace a cédé sous leurs pas. Ils sont morts noyés, mais leurs cris de désespoir se feraient encore entendre. Peutêtre n'avaient-ils pas prié la Vierge de la Jouratte, protectrice des imprudents ? Par une douce journée d'été, percez d'autres mystères – y a-t-il eu un pont-levis pour atteindre l'ancienne abbaye ? –, admirez la vieille scierie, l'étonnant monument aux morts... Profitez surtout de la beauté du paysage qu'ont immortalisé peintres (dont Courbet, dit-on) et photographes. Les moines y ont vu l'œuvre du bon Dieu. On peut leur faire confiance.
Le silo à images Entre les hameaux des Bouviers et des Guyons, le silo à images se dresse comme un sémaphore veillant sur le lac et ses tourbières. Une tour circulaire couverte de panneaux décrit la vie naturelle et humaine à travers les siècles ; elle permet de comprendre la réalité quotidienne à 970 m d’altitude en hiver et en été.
b HAUT-JURA GRANDVAUX
l y a le lac de l’Abbaye, comme le cœur de cet immense plateau qu’est le Grandvaux. Là sont venus s’installer des moines. C’était il y a longtemps ; les religieux étaient missionnés par l'abbé de Saint-Oyand de Joux (c'est-à-dire Saint-Claude). Comme partout où ils se sont posés – nous sommes au VIe siècle –, ils ont laissé leur empreinte. Si légère qu'elle s'est presque enfouie en ce lieu qui reste majestueux quand les glaces l’emprisonnent dans le silence grandvallier. Le moine Aubert et ses compagnons auraient été à l'origine de la principauté monastique installée sur la presqu'île, où il ne reste que l'église remaniée au XIXe siècle.
[Itinéraires]
Encore quelques mètres, et l'ancienne abbaye qui se reflète dans le lac du même nom sera atteinte.
Difficulté : facile Durée :1 h 45 Distance : 7 km Dénivelé + : 30 m Balisage : jaune
¢ Départ du parking du cimetière de l’Abbaye. Suivre le GR 559 (blanc et rouge) le long du lac u jusqu’à la Madone. ¢ Poursuivre jusqu’à la Motte. Au panneau « La Motte », suivre la route et la direction « Les Bez ». Au carrefour de la RD 146, suivre le GR à droite. Au panneau « les Bez » v, quitter le GR et prendre la direction « Les Bouviers » (balisage jaune), puis « Le Silo à images » w. ¢ Le parcours déambule entre les parcelles. Au panneau, prendre direction « L’Abbaye », rejoindre la RD 437. ¢ Prendre à droite, contourner « Lou Granva » et rejoindre l’église x, puis le parking de départ.
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Difficulté : moyenne Durée : 3 h 30 Distance : 12,5 km Dénivelé + : 200 m Balisage : blanc et rouge, jaune, route sans balisage, jaune
¢ Départ du parking du cimetière à l’Abbaye en Grandvaux (977 m), suivre à droite le GR 559 (balisage blanc et rouge). Franchir un passage en fer, rejoindre la route, monter en face et rejoindre à nouveau la route. Prendre à droite sur 100 m dans la forêt u. Au poteau, prendre direction « les Cornes » (GR). ¢ Au panneau « Petit Cernois », quitter le GR et continuer tout droit (balisage jaune), direction Les Frasses. Après 50 m, quitter la route et prendre tout droit jusqu’aux Frasses, rejoindre la route forestière et prendre à droite (attention, suivre la route sans balisage sur 2,5 km environ). Passer devant la ferme pédagogique v, rejoindre les Frasses en Bas. ¢ Au carrefour, prendre la route à droite (sens interdit). Au panneau « Bois du Roi », suivre le balisage jaune jusqu’à « la Tourniquette ». Quitter la route et prendre à droite, direction « belvédère de la vierge de Cuvet » w. Au panneau « Mont d’Ecuvet », prendre à droite direction « belvédère du Moulin ». Suivre la crête x, passer devant le panneau « Grand Curtil » et rejoindre le belvédère du Moulin y. ¢ Descendre le champ à gauche, rejoindre la route, prendre à gauche sur 50 m et descendre à droite. Rejoindre la route et suivre à droite jusqu’à la Madone, puis le long du lac z jusqu’au parking de départ.
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Balade ’est entre ces murailles de roches calcaires que des moines – forcément des moines – sont venus s’installer pour y fonder une abbaye. On nous a toujours dit que c’était au IXe siècle, mais les fouilles de l’église abbatiale menées par Sébastien Bully ont fait remonter le curseur près de deux siècles plus tôt. Baume, c’est de là que sont partis une poignée de moines emmenés par Bernon, moine fondateur de l’abbaye sœur de Gigny en Petite Montagne, pour ériger… Cluny. Rien que cela. Il reste de cette incroyable aventure l’itinéraire des chemins clunisiens qui traverse l’Europe et porte Baume au pinacle. DURÉE Itinéraire 1 : 2 h Itinéraire 2 : 4 h
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Nous sommes donc dans un lieu unique avec cette abbaye si particulière, aujourd’hui rachetée par la commune pour lui donner une seconde vie, culturelle cette fois. Le site est l’un des plus visité du Jura, en été mais aussi en hiver, quand la cascade des Tufs, tout au fond de la vallée, se transforme en bloc de glace. On fait des centaines de kilomètres pour admirer le phénomène, comme on se presse en juillet et août pour découvrir les galeries des grottes et la résurgence, spécificité du sous-sol karstique jurassien. Baume, c’est ça, mélange d’eau, de roche et de lumière tantôt bleue et dure, parfois grise comme un couvercle. Toujours belle avec ces échos qui montent des tréfonds de l’abbaye jusqu’aux villages tapis en haut des roches. Tout ça est beau, peut-être trop…
Les grottes Dans un site classé Natura 2000, elles proposent une nouvelle mise en lumière, 1 km de galeries, de grandes salles de 20 à 80 mètres de hauteur, dont la plus haute verticale d’Europe, une rivière souterraine avec sa résurgence qui alimente la cascade des Tufs. Pwww.baumelesmessieurs.fr
b DR
La reculée des moines C
[Itinéraires]
Une halte sur les hauteurs de Baume-les-Messieurs avec vue sur la route qui conduit jusqu'aux grottes.
Difficulté : facile Durée :2 h Distance : 8,5 km Dénivelé + : 270 m Balisage : rouge et blanc, jaune
¢ Départ du parking de l’abbaye à Baume. Traverser le pont, suivre à gauche le GR 59 le long de la D70E1. Après 200 m, quitter la route en direction des Échelles de Sermu. ¢ Monter sur un replat d’éboulis, puis jusqu’au plateau u, suivre à gauche le long de la falaise jusqu’à Sermu. Continuer par la route jusqu’au belvédère des Roches v. Poursuivre sur 50 m et descendre à gauche les escaliers de Crançot (descente dangereuse). ¢ Au parking, faire l’aller-retour jusqu’aux grottes w et descendre à la cascade des Tufs x en suivant le GR. Aux abords de la cascade, prendre à gauche le sentier et longer le Dard, retrouver la route à la chapelle Saint-Roch y et rejoindre le parking.
b NUMÉRO 39
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b NUMÉRO 39
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Difficulté : moyenne Durée : 4 h Distance : 12 km Dénivelé + : 450 m Balisage : rouge et blanc, jaune, rouge et blanc
¢ Départ du parking de l’abbaye. Traverser le pont sur la Seille et suivre le GR 59 à gauche le long de la rue des Moulins jusqu’à la chapelle Saint-Roch u. Quitter la route et suivre le chemin qui longe le Dard jusqu’à la cascade des Tufs v. Monter au-dessus de la cascade, au parking aller-retour jusqu’aux grottes w et monter les escaliers de Crançot, en haut aller-retour à droite jusqu’au belvédère des Roches x. ¢ Suivre la D70 E2 à gauche (GR) en direction de la Croix de Suchot sur 150 m, tourner à gauche, suivre à travers bois, puis le long de la falaise jusqu’au panneau « Bois de Suchot ». Allerretour jusqu’à la Croix de Suchot y. ¢ Puis choisir la direction « Vieux Mont ». Suivre ensuite la D210 en direction du belvédère de Granges (balisage jaune), passer devant Jurafaune, belles trouées sur l’abbaye z allerretour jusqu’au belvédère {. ¢ Reprendre le GR direction La Mile, passer devant la mairie. À la sortie du village, suivre la direction le Chatelot, puis la Peyrouse. Belle descente jusqu’au hameau de la Peyrouse. Emprunter la route en direction de l’abbaye sur 400 m, puis monter à gauche. Rejoindre la D70, descendre sur 200 m jusqu’au Sentier des Granges et tourner à droite. Parcourir les ruelles du village puis rejoindre l’abbaye |.
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Agenda
ET b NUSÉE DU JOU
Le jouet du Jura se montre Où : Moirans-en-Montagne Quand : jusqu’au 8 mars 2020
C’est l’histoire du jouet dans les montagnes jurassiennes. C’est aussi l’histoire d’une industrie, d’un artisanat et d’artistes qui ont su imaginer des objets beaux, évocateurs, ludiques. Les premiers jouets remontent loin, mais ils ont traversé le temps puisqu’ils sont toujours là, en bois, en plastique, avec des marques célèbres. Pour son trentième anniversaire, le Musée du Jouet puise dans ses immenses réserves pour montrer des choses incroyables de beauté et d’intelligence. Gloire aux fabricants de jouets jurassiens ! Pwww.musee-du-jouet.com - Lire notre dossier sur les designers pages 106 à 114.
300 ans d’horlogerie Où : Morez Quand : jusqu’au 15 mars 2020
b MUSÉE DE MONTBÉLIARD
On les appelle les « maîtres du temps » et leur savoir-faire trône sur les plus beaux édifices (l’horloge de Notre-Dame de Paris qui a malheureusement fait l'actualité au printemps, par exemple) ou plus modestement dans les maisons. Démarrée à Morez, essaimée dans les communes voisines, l'horlogerie a fait vivre des milliers de personnes dans le bassin morézien grâce à l’utilisation de l’émail. Entrée gratuite.
b COLLECTION PARTICULIÈRE
Pwww.musée-lunette.fr
Messagier et les sexes du printemps La nature est d’une incessante créativité, elle exprime un besoin vital, quasi-libidinal, notamment au printemps quand tout est en devenir. Jean Messagier, artiste du printemps, écologiste convaincu, s’est inspiré à chaque instant de cet environnement prolifique. La rétrospective des années 1940 à 1990 présentée au Musée de Dole, soit une centaine d’œuvres (peintures, œuvres graphiques, sculptures, films, photographies), montre cet appétit de l’artiste abstrait, tout comme sa liberté et sa poésie créatrice. Un bain de jouvence. Pwww.doledujura.fr Pwww.musees-franchecomte.com
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b AURÉLIEN BILLIOIS/VILLE DE MOREZ
Où : Dole Quand : jusqu’au 15 septembre
La vie en + grand
La maison de demain Davantage d’espace pour vivre : imaginez votre maison en extension ou en surélévation grâce au matériau bois.
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b COMMUNE DE VAUX-LES-SAINT-CLAUDE
Dans l’intimité de Bardone et Genis Où : Saint-Claude Quand : jusqu’au 16 septembre
Dix ans, ça se fête… Le musée de l’Abbaye – à la fois musée archéologique et musée des beaux-arts – propose de découvrir Guy Bardone et René Genis « en privé » avec des œuvres inédites des deux artistes. D’autres grandes signatures contemporaines les accompagnent. Une salle « dialogue de peintres » permet notamment de pénétrer dans l’intimité des artistes par des vidéos de leurs voyages et des objets provenant de leurs ateliers. Côté archéologique, sont exposés des objets qui ont accompagné l’histoire de l’abbaye de Saint-Claude. Pwww.museedelabbaye.fr
Le Sénégal à la Vache qui Rit Na Bou Beg ou l’autre façon de voir le Sénégal : c’est l’exposition temporaire que propose, cet été, la Maison de la Vache qui Rit. Le public assiste à une rencontre entre des artistes contemporains sénégalais et d'autres, européens. Plasticiens, designers, illustrateurs et graphistes font visiter le pays de la Téranga à travers des œuvres à la fois visuelles et sonores. Autre nouveauté, une revisite de l’esplanade avec différents modules pour jouer, organiser des ateliers, lire, créer, se détendre en collaboration avec l’entreprise jurassienne Bête à bois d’Arinthod qui propose différentes créations de jeux en bois.
b P. GUENAT/MUSÉES DE LONS-LE-SAUNIER
Pwww.lamaisondelavachequirit.com
200 ans de curiosité Où : Lons-le-Saunier Quand : jusqu'au 22 septembre
Le succès a du bon… Le musée des Beaux-Arts de Lons-le-Saunier joue les prolongations avec son exposition « 200 ans de musées ». Une manière originale de célébrer deux siècles (202 ans pour être précis) de créations artistiques. Une première partie restitue le musée entre 1817 et 1857 où s’accumulent des choses hétéroclites : animaux naturalisés, fossiles, objets archéologiques, inventions agricoles. Une époque où les conservateurs étaient bénévoles et les donateurs nombreux. Une seconde partie permet de découvrir l’ancienne bibliothèque du XIXe où est présenté tout ce qui constitue les coulisses du musée d’aujourd’hui et la préfiguration de celui de demain. Pwww.lonslesaunier.fr
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b MAISON DE LA VACHE QUI RIT
Où : Lons-le-Saunier Quand : tout l’été
b MILLENIAL FOTOGRAFIA
30 ans de liberté à Idéklic Où : Moirans-en-Montagne Quand : du 10 au 13 juillet
Pour son trentième anniversaire, Idéklic a décidé de fêter la liberté. Les spectacles seront nombreux. Le programme prévoit aussi des lectures musicales, des ateliers pour les enfants... Pour cet événement, les nouveautés ne manqueront pas avec notamment une troisième scène au centre équestre Jura Sud, un parcours en hommage aux 30 ans du Musée du Jouet, un parcours « scènes de mots, mots en scène », des expositions, une librairie éphémère... Pwww.ideklic.fr
Poils, plumes et crottes Où : Prémanon Quand : jusqu’au 17 novembre
Une immersion dans la faune sauvage jurassienne, celle qui nous entoure à chaque instant et que nous ne voyons pas. L’exposition temporaire proposée par l’Espace des Mondes Polaires initie à l’observation de ces espèces discrètes et mystérieuses. Il faudra ouvrir l’œil pour les dénicher et les reconnaître, tapis dans les espaces thématiques : forêts, prairies, rivières, jardins, villages… Pwww.espacedesmondespolaires.org
La fête du Biou Où : Arbois Quand : 1er septembre
À la fois moment festif et célébration rituelle, le Biou – cette gigantesque grappe composée de… grappes assemblées par les vignerons – sera porté en procession dans les rues d’Arbois jusqu’à l’église Saint-Just pour être béni. Symbole païen christianisé, la cérémonie du Biou rassemble le monde vigneron pour que les vendanges soient fructueuses. Elle attire aussi des milliers de visiteurs. Pwww.tourisme.arbois.com
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500 ans après le dernier tournoi de Nozeroy Où : Nozeroy Quand : dimanche 28 juillet
b MARIE-CHRISTINE KLER
Jadis, Nozeroy était une grande cité. Les Chalon, branche cadette de la famille ducale de Bourgogne, en avaient fait leur capitale. L’énorme masse du château, l’étendue des remparts et les portes monumentales de la cité annonçaient de loin la résidence seigneuriale. Fin juillet, Nozeroy retrouvera le XVe siècle pour célébrer le cinq-centième anniversaire du dernier tournoi de chevaliers tenu en ses murs. Pour l’occasion, spectacles équestres et tournois égrèneront la journée. Sans oublier le traditionnel banquet médiéval où plus de mille personnes festoyeront côte à côte. Concerts, animations de troupes médiévales, défilés et artisans dans leurs échoppes seront aussi au rendez-vous. Début des festivités avec l’ouverture des portes de la ville. Pwww.nozeroy-manifestations.com
30 ans de Bouche à oreille Où : Petite Montagne Quand : du 6 au 26 juillet
b BAB ASSALAM
Bon, encore un trentième anniversaire ! Cette fois, c’est la Petite Montagne tout entière qui va faire la fête trois semaines durant. Le BAO (Bouche à Oreille), ce sont des spectacles : chant, musique classique, conte… C’est aussi de la gastronomie : repas médiéval, musical, soirée œnologie, buffets et repas gastronomique concocté par Emmanuel Perrodin. Alors, si vous voulez découvrir les villages de Petite Montagne, d’Arthenas à Reythouse, en passant par Aromas, sachez que vous retrouverez Bab Assalam, une ode à Bashung, Vida Bona, le Vaisseau d’Or…
b MARION MOESCH
Pwww.festival-jura.com
Du rire à la Chevalerie Où : Saint-Amour Quand : 27 septembre et 18 octobre
En septembre et octobre, Saint-Amour propose deux spectacles tournés vers le rire. Avec Brainstorming vendredi 27 septembre, le monde de l’entreprise vire au vinaigre. Dans le Fil à la patte de Georges Feydeau, vendredi 18 octobre, un couple de comédiens réussit le tour de force de jouer tous les personnages du vaudeville. Pwww.theatrelachevalerie.fr
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b STEVE CRETIAUX
Le Chat se perche et invite la Suisse Où : Dole Quand : du 27 au 29 septembre
Pour sa cinquième édition, le week-end gourmand du Chat Perché (en référence aux fameux contes de Marcel Aymé) invite à découvrir les produits du terroir franc-comtois (AOP et IGP). Au programme, des chefs étoilés, des artisans, des producteurs, mais aussi des artistes, des musiciens et autres balades à vélo ou fluviale, des visites guidées… Les restaurateurs dolois en profiteront pour proposer, durant ces trois jours, un menu gourmand du Chat Perché, à demander bien sûr… Au programme aussi, les brunchs du marché couvert, des paniers gourmands et deux banquets à la Commanderie, notamment une fondue géante en hommage à la gatronomie suisse, hôte d’honneur de cette édition. Pwww.weekend-gourmand-dole.fr
Le vacherin fait la fête Où : Les Charbonnières (Suisse) Quand : 21 septembre
L’histoire du vacherin-Mont d’Or, appellation d’origine protégée, est étroitement liée au village des Charbonnières dans la vallée de Joux. Au programme cette année à l'occasion de la désalpe (descente des troupeaux dans la plaine), un grand marché du terroir, des animations à gogo et, bien entendu, une dégustation du premier fromage de la saison. Près de 5000 personnes sont attendues. La fête comme on l’aime en Suisse. Pwww.myvalleedejoux.ch
Quand descendent les vaches Où : Saint-Cergue (Suisse) Quand : 28 septembre
Elles sont toute belles, brossées, peignées, couvertes de fleurs et quittent les alpages avant la mauvaise saison. C’est un jour de fête : les vaches, les éleveurs, les habitants des villages traversés font communion avec le public qui vient par milliers suivre l’événement. On chante, on joue du cor des Alpes, on mange des produits régionaux. La 32e édition de la désalpe promet d’être haute en couleurs..
Comté Morbier Raclette Tomme Bleu de Gex Produits régionaux
Fruitière à Comté de Largillay
CLAIRVAUX-LES-LACS
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1, Grande Rue De 8h30 à 12h00 et de 15h00 à 19h00 Dimanche matin : 9h00 à 12h00
1, rue de la Gare De 9h00 à 12h00 et de 16h00 à 19h00 Dimanche matin : 9h00 à 12h00
Pwww.lacote-tourisme.ch
www.comte-fromage.fr numéro 139 39
Skip The Use
Martin Solveig
39 août, un nouveau festival dans le Jura Où : lac de Chalain Quand : vendredi 30 et samedi 31 août
duo toulousain Bigflo et Oli, le DJ emblématique de la french touch Martin Solveig, le chanteur suédo-américain Eagle-Eye Cherry, Skip The Use, Victoire de la musique de l'album rock de l'année pour Can Be Late en 2013, Catfish, les Infidèles, Bigger et les deux lauréats du concours My Tremplin.
C’est un tout nouveau festival de musique organisé par Festival 39 août sur les rives du lac au domaine de Chalain. Au menu, une programmation musicale particulièrement éclectique, mais aussi électrique avec le
b DR
b MELCHIOR TERSEN
Pwww.facebook.com/festival39aout/
LTF, le festival des copains
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Le feu à la Paille Où : Métabief Quand : 26 et 27 juillet
C’est quasiment l’histoire d’un pari entre potes à Cramans, dans le Val d’Amour. Il y a trois ans, l’idée de se retrouver entre amis pour faire la fête a tellement bien marché qu’est né le Little Town Festival (LTF). Cet été, pour la quatrième édition, les organisateurs invitent The Fat Bastard Gang Band (notre photo), La Mailloche, Noflipe, Caesaria… Gratuit.
Eddy de Pretto, Dyonisos, Clara Luciani, Bob Sinclair, Aldebert, Feu ! Chatterton, Gringe, Panda Dub, Soviet Suprem, Bon Entendeur, Caesaria, Peroke, Ultra Vomit, Bysshe, Lobster, Komorebi, Mystical Faya… Du beau monde encore une fois au festival « in » de la Paille qui propose cette année une trentaine de groupes sur deux scènes. Côté off : Anapsida, Battle Hiphop, Jacqueline et Marcel, 7 days after et aussi des nouveautés dans l’organisation comme des hébergements sous tipi. 30 000 personnes attendues et une ambiance d’enfer.
Pwww.littletownfestival.com
Pwww.festivalpaille.fr
Où : Cramans Quand : 4 août
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Eddy de Pretto
b DR
b MATHIEU VITRÉ
b BOBBY
Bigflo et Oli
Les sorcières débarquent à Quintigny Où : Quintigny Quand : du 28 au 30 juin
En 1606, Guillemette Joubard est accusée de faits de sorcellerie par l’ensemble du village en bordure de Bresse. Cette femme libre et mystérieuse va affronter les superstitions et la justice des hommes. Un spectacle proposé par l’association la Grappe d’Or, écrit par notre confrère Armand Spicher et mis en scène par Lucie Gauthier, sera proposé du vendredi 28 au dimanche 30 juin dans la chapelle de Quintigny. Réservations conseillées. Pwww.lagrappedor.quintigny.fr - www.facebook.com/assolagrappedor
Du blues tous azimuts Où : La Pesse Quand : du 4 au 6 octobre
Déjà trente ans ! Azimut Festival prévoit grand pour son anniversaire qui fera s’enflammer le village de la Pesse comme le veut la tradition. Au programme, des musiques métissées venues des quatre coins du globe et une ambiance bon enfant avec marché artisanal, spectacles de rues, chanson, etc.
b PIXELINE PHOTOGRAPHIE
Pwww.azimutfestival.com
Stars 80 et Patrick Bruel aux Nuits Bressanes Où : Louhans Quand : 12 et 13 juillet
Cet été, les hostilités débuteront vendredi 12 juillet au stade de Bram avec la troupe de Stars 80 qui triomphe en tournée dans toute la France. Le lendemain, c’est Patrick Bruel, un habitué des Nuits Bressanes, qui présentera son nouveau spectacle Ce soir on sort. Pwww.bresse-bourguignonne.com
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Le reggae se met au vert
Il fera chaud cette année encore aux forges historiques de Fraisans. Le festival No Logo s’annonce comme un grand cru de la musique reggae et de toutes ses composantes : roots, dancehall, dub, world, ska… Sans parler d’ouvertures vers le hip-hop, la pop ou même le blues ou la soul. Plus de quarante artistes vont se produire en trois jours sur les trois scènes.
No Logo, le festival solidaire, laisse une grande place au dialogue social, au respect de l’environnement, aux circuits courts et qui affiche clairement sa détermination à développer l’économie locale. Côté musique, des grands noms du reggae : Joe Pilgrim, Don Carlos, Tiken Jah Fakoly, Linval Thompson, Natty Jean, Ziggy Marley, Mexican Stepper, Dennis Capra et bien d’autres…
b ANTOINE SABA
Où : Fraisans Quand : du 9 au 11 août
Pnologofestival.fr
Zazie et Kyo dans le Haut-Bugey
Rock’n Horses, cheval et musique Où : Courlans Quand : du 31 juillet au 3 août
Cette année, les tributes resteront dans l’ombre pour faire place à des artistes aux répertoires éclectiques. Les festivités débuteront le mercredi 31 juillet avec Strange Kid of Woman. Le jeudi, ce sera au tour de Dr Feelgood. Le vendredi, place à Yarol, guitariste et ex-directeur musical de Johnny Hallyday, Manu Lanvin, le fils du célèbre acteur, et Blues TV, avec Jean Rigo, chanteur-guitariste des Infidèles. Le samedi, le public ne manquera pas Nina Morato et, en vedette, Gaétan Roussel, le parolier des groupes Louise Attaque et Tarmac qui poursuit sa carrière en solo. En after, Aslove pour danser jusqu’au bout de la nuit. Côté chevaux, l’épreuve internationale CSI est classée 3 étoiles. Autrement dit, jumping en journée, concerts en soirée. Pwww.rocknhorsescourlans.com
142 numéro
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100 % associatif, le Oh ! Bugey Festival est avant tout une histoire humaine. La belle aventure de bénévoles qui, douze mois durant, avec énergie et créativité, se dépensent sans compter pour organiser un évènement dont les têtes d’affiche qui se produisent au parc René Nicod d’Oyonnax gagnent d'année en année en prestige. Vendredi 19 juillet, à partir de 18 h, Angie Robba candidate à The Voice, Cats on Trees et le groupe de rock Kyo dont le deuxième album, Le chemin, les avait menés au succès se succéderont dans l'amphithéâtre naturel. Le lendemain, le coup d'envoi sera donné à 17 h avec, sur scène, Todd & the Blue Smoothies, Elina, Nach et la très populaire Zazie. Pwww.ohbugeyfestival.fr
b LAURENT SEROUSSI
b DR
Où : Oyonnax Quand : 19 et 20 juillet
b LAURENT PHILIPPE
WEEK-ENDde FOLIE Scènes du Jura à la Vertikal
Du 15 au 18 août...
FÊTE FORAINE !
Où : Juraparc, Lons-le-Saunier Quand : jeudi 26 mars
Une histoire de gravité ou de gravitation proposée par les Scènes du Jura. Enfin bref, un spectacle de danse où cinq hommes et cinq femmes évoluent dans l’espace, retenus par des baudriers. Ils volent ou ils flottent. Danse aérienne et aquatique à la fois, mélange des éléments et prouesse des danseurs. C’est la nouvelle création de Mourad Merzouki et de sa compagnie Käfig. Quatre siècles après la découverte de Newton, une réponse artistique à l’homme de science. Jeudi 5 septembre >18 h 30/ La Fabrique – Dole Vendredi 6 septembre > 18 h 30 / Le Théâtre – Lons Pwww.scenesdujura.com
Le Moulin fait la fête Où : Brainans Quand : 12 octobre
Il faudra attendre les 11 et 12 octobre pour que le Moulin de Brainans fête ses quarante ans. Pour l’occasion, l’association Promodegel, gestionnaire de cette scène de musiques actuelles du Jura, organise une journée de découverte des artistes franc-comtois émergents. Elle annonce la venue de Catherine Ringer. Du lourd ! Le début de la saison 2019/2020 promet déjà quelques grosses émotions avec le Bal des Enragés samedi 28 septembre, Selkies le 26 octobre et Orange Blossom le 9 novembre.
b MATHIEU EZAN
Pwww.lemoulinjura.fr
ST-AMOUR
Jura 14 et 15 août Départ «Les Voies du Sel»
18 août Course cycliste + feu d'artifice à 22h00 1 place d'Armes, 39160 Saint-Amour 03.84.44.02.00 – accueil@saintamour39.fr
www.saintamourjura.com numéro 143 39
S
D d
C d
b PAULINE BALLET/ASO
Un petit Tour et puis s’en va Où : Salins-les-Bains, Arbois, Bresse Quand : 12 juillet
Retour du peloton dans le Jura vendredi 12 juillet pour la 7e étape du Tour de France. La plus longue de l’édition 2019 avec 230 km dont une quarantaine dans le département. Partis de Belfort, les coureurs passeront au pied du mont Poupet, traverseront Salins-les-Bains, rejoindront Arbois et reprendront la direction de la Bresse par Oussières, avant de s’engager en Saône-et-Loire pour terminer l’étape à Chalon-sur-Saône. Une journée entière pour fêter le vélo sur les routes du Jura. Pwww.letour.fr
Un triathlon pour s’éclater
Le Jura, terre olympique
Où : lac de Vouglans Quand : 17 et 18 août
Où : Prémanon Quand : du 9 au 22 janvier 2020
L'événement est mondial. En janvier prochain, le massif du Jura accueille les Jeux olympiques de la jeunesse, Lausanne 2020. Au stade nordique des Tuffes Jason-Lamy-Chappuis de Prémanon se dérouleront les compétitions de biathlon (6 épreuves), de saut à ski (3 individuelles, 2 mixtes) et de combiné nordique (2 épreuves). Les meilleurs athlètes de la planète âgés de 15 à 18 ans auront à cœur de décrocher l'or. Les installations, en lien avec le Centre national de ski nordique (CNSNMM), ont été remises à niveau. En France, les équipes et les bénévoles de Jura Ski Events seront à pied d'œuvre pour que cet événement soit une grande réussite. Pwww.lausanne2020.sport
C’est l’une des épreuves-phares au niveau national. Plus de 600 participants, une dizaine de nations et un lac d’exception. Cette année, deux formats de course sont proposés : le sprint (S) se déroulera le 17 août avec 500 m de natation, 30 km de vélo et 5 km de course à pied. La longue distance (L) le 18 août se courra avec 1,9 km de natation, 90 km de vélo et 21 km de course à pied. Ces deux dernières épreuves peuvent également se faire en relais à deux ou à trois athlètes. Pwww.triathlon-jura-vouglans.onlinetri.com
La montagne à vélo
b JURA SKI EVENT
Où : entre Jura et Ain Quand : 14 et 15 septembre
C’est l’épreuve-reine de VTT longue distance dans le massif du Jura et la quatrième au niveau mondial. Le week-end de La Forestière commencera par le vélo de route le samedi avec des parcours de 50 à 140 km dans le Haut-Bugey. Dimanche, place au VTT avec l’épreuve reine de 100 km (parcours XCM) au départ de Lamoura pour une arrivée à Arbent. L’élite s’affrontera aussi sur un parcours XCO. Pour les amateurs, des parcours de 20 à 80 km sont au programme au cœur du Parc naturel régional du Haut-Jura. Pwww.la-forestiere.com
144 numéro
39
numĂŠro 145 39
Jura Pierric Bailly
Jurassicman
146 numéro 146 numéro 39 39
performer, il fallait y ajouter une entrée dans l’eau sans éclaboussure, et puis un zeste de classe artistique, comment dire, l’élan, la grâce. Applaudissements, salutations aux amis présents dans les gradins, concurrent suivant. Pas le temps de s’assoupir. Dix petits kilomètres de course à pied jusqu’à Bonlieu, où nous attendait une nouvelle halte sur la terrasse du restaurant Au Chalet : dans ce qui s’apparentait à un véritable atelier de cuisine à ciel ouvert, chaque concurrent retrouvait sa truite de démarrage, qu’il avait pour objectif de vider et de préparer à sa convenance. Les meilleurs experts gastronomes de la région se succédaient pour évaluer les assiettes proposées, pendant que les compétiteurs enfourchaient un vélo de route et remontaient par Ilay et Le Frasnois en direction de Chaux-des-Crotenay, où était tracée la ligne d’arrivée tant désirée. Mais ce n’était pas le tout de la franchir en tête, il fallait encore attendre le résultat des épreuves intermédiaires.
b AMANDINE BAILLY
N
Nouvelle compétition de running en nature, la première édition du Jurassicman s’est déroulée cette année entre Syam et Chaux-des-Crotenay (en usant de quelques détours), et je me demande encore ce qui m’a pris d’y participer. Plus de trois cents concurrents munis d’une canne à pêche et chaussés de cuissardes en PVC kaki attendaient le top départ, donné dans les jardins de la villa palladienne. Au coup de pistolet, on s’est tous rués en direction de la rivière d’Ain pour y attraper sa truite de démarrage. Une fois le poisson remis en mains propres aux commissaires et l’authenticité de sa capture validée, on a troqué les bottes contre une paire de baskets, avant de se charger d’un large bouclier gaulois en bois de chêne, pour le porter sur le dos, tel Obélix son menhir, pendant sept kilomètres, jusqu’à l’oppidum de Chaux-des-Crotenay. Chaque bouclier devait être déposé sur le sol, de manière à composer une vaste piste de danse en prévision du bal de clôture. Après quoi il nous fallait filer droit sur Saint-Laurenten-Grandvaux, en coupant à travers quelques champs et forêts où les cloches n’avaient pas semé des œufs en chocolat, mais des boules de bowling. Impossible de quitter le secteur sans son accessoire à trois trous pour rejoindre la Chaumusse et un premier exercice d’adresse : sur les pistes du Sitting Bowl, une chance et une seule pour réaliser un strike. L’épreuve suivante intervenait après vingt nouveaux kilomètres de course à pied en pleine forêt, sans surcharge pondérale cette fois-ci, hormis celle, minime et attendrissante, d’une pomme de pin ramassée le long du parcours. Au sommet du belvédère des lacs d’Étival, on s’est débarrassé de son cône en le lançant le plus loin possible en direction des deux plans d’eau. Si le projectile atterrissait dans le grand lac, le score du tir au bowling était multiplié par cinq ; s’il atterrissait dans le petit lac, il était multiplié par vingt. La compétition atteignait son rythme de croisière. Étival, Les Crozets, Moirans et Maisod reliés à VTT. Plage de la Mercantine : tous en maillot. Traversée du lac de Vouglans jusqu’à la plage de Bellecin. Nage imposée : le papillon – un clin d’œil à la pyrale du buis, peut-être. À l’arrivée, on a retiré les palmes pour chausser une paire de rollers, avant d’emprunter un circuit d’une cinquantaine de kilomètres en Petite Montagne entre Arinthod et Gigny, avant retour sur Orgelet, franchissement du pont de la Pyle sur échasses (attention à ne pas enjamber les rambardes), pour gagner Clairvaux-les-Lacs, sa plage de sable fin et son plongeoir. L’épreuve la plus attendue du public. Une tribune de deux mille places était installée au bord de l’eau pour assister au défilé des athlètes. Le jury de commissaires se composait de deux champions olympiques de la discipline. Les notations étaient sans pitié : un triple salto arrière ne suffisait pas pour
Une fois tous les concurrents parvenus à bon port et les données intégrées à l’ordinateur de bord, la machine s’est chargée d’effectuer la savante équation dont est sorti le nom du vainqueur. Roulements de tambours : « Le Jurassicman 2019 s’appelle… » Coup de cymbale : « Ce n’est pas un man, mais une woman… » L’assistance frétillait d’impatience. « Veuillez réserver une ovation à madame… » Et c’est à ce moment-là que je suis tombé dans les pommes : hypoglycémie, anémie, toute la cavalerie.
Du 6 juillet au 31 août 2019
Nouveauté 2019
usée de plein air m n u t e le ta n e m u n o Une deuxième œuvre m e Courbet ! en hommage à Gustav
labyrinthe géant Route de Champagnole • 39300 NEY (en face de l’imprimerie Gresset)
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Haricosaure visible depuis le belvédère du Bénédegand.
Ne manquez pas non plus le site à pistes de dinosaures de Loulle. Réalisations signées Pierre Duc. @landartparkneyjura
Conception : CCCNJ - Illustration : Bérenger Lecourt
numéro 147 39
148 numĂŠro
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