nordic SAUT LE PHÉNOMÈNE PETER PREVC ZOOM LE NORDIQUE DANS LES VOSGES
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Génération
Poneys
Octobre 2016 mynordic.fr @nordicmag
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VICTORY
IN MIND
– Photos : Agence Zoom - Semaphore. *Le monde a besoin de votre regard. (1) La victoire toujours à l’esprit. (2) Arme de prédilection.
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FULL VENTING
AIRLINK TEMPLE SYSTEM
AERO MARTIN FOURCADE /
WEAPON OF CHOICE (2)
Full Venting, Air Link Temple System et 3D Fit Nose : Martin Fourcade signe un promodel avec une ventilation et une tenue optimales. Et comme chez lui chaque détail compte, il ajoute des verres gravés à ses initiales, un tour de cou et des coloris assortis à sa carabine.
3D FIT NOSE
Martin FOURCADE Biathlète double champion olympique, neuf fois champion du monde
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L'HUMILITÉ DES AMBITIEUX
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epuis la première parution de Nordic Magazine, en décembre 2011, Martin Fourcade, son frère Simon, Petter Northug Jr, Jason Lamy Chappuis, Dario Cologna, Maurice Manificat et d'autres champions ont tour à tour “fait” la couverture. Pour ce vingtième numéro, nous avons choisi de mettre à l'honneur une équipe, celle des sprinteurs tricolores, les fameux Poneys. Le ski de fond n'est pas un sport collectif. La majeure partie du temps, chacun trace sa route de façon individuelle. L'athlète qui revêt un dossard est un navigateur solitaire, sauf quand il dispute un relais et autre team sprint. Aussi peut-on s'étonner que les fondeurs entraînés depuis deux ans par Cyril Burdet, utilisent régulièrement le « on » et le « nous », avant le « je ». Quand on les écoute, ils promeuvent un projet collectif. Cela ne les éloigne en aucun cas de leur Graal personnel. Bien au contraire. Eux ont la conviction qu'ils s'en rapprochent en faisant cause commune. Ils gagnent du temps, alors qu'un sportif n'en a guère avant de raccrocher les skis. La solidarité est érigée en règle de vie ; c'est comme si leur destin était lié. Que l'un d'entre eux pose le genou à terre, il y en a toujours un pour le relever. Comme les alpinistes, les Poneys s'assurent. Ils se rassurent. Cette union va bien au-delà du statut de coéquipier
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en équipe nationale [lire notre dossier page 42]. Il y a aussi de l'amitié. Et c'est sans doute cela qui fait toute la différence. S'il devait y avoir un secret dans la success-story qui est en train de s'écrire, il serait à chercher de ce côté-là. Attention, le sport de haut niveau reste le sport de haut niveau. Chaque (fort) caractère a besoin de s'exprimer. Il y a donc des mauvais jours, des taquineries, parfois des fâcheries, mais la conviction de tendre vers un unique destin sait chasser, à grands coups de franchise, les grains de sable. Bien qu'ils aient repoussé, l'hiver dernier, les limites de leur discipline, ces colosses la vingtaine bien bâtie, ne tirent ainsi jamais la couverture à eux. Pourtant, ils pourraient la ramener. Ce qu'ont écrit les Baptiste Gros, Richard Jouve and co, restera dans l'histoire. S'ils sont humbles, outre les raisons déjà énoncées, c'est peut-être aussi parce qu'ils sont immensément ambitieux. Dans leur tête, des noms de ville brillent comme les néons des grands magasins : Lahti et Pyeongchang. Cette lumière est leur phare. Elle guide leur pas. Nul doute que la leçon mérite d'être apprise. Plus les rêves sont grands, plus l'on se donne les moyens de les atteindre, moins il faut écraser tout sur son passage. On ne parvient pas au sommet en marchant sur des cadavres, on y parvient porté par ceux qui ont cru en vous.
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Décembre 2016
nordic NUMÉRO 20
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Nordic Magazine résidence des Épilobes 300, chemin des Mouillettes 39220 Prémanon Téléphone : + 33 (0)6 85 96 90 94 E-mail : nordicmagazine@live.fr
nordic Nordic Magaziest édité par les Éditions du Jura SAS au capital de 5000 € RCS Lons-le-Saunier 538 166 166 Président : Franck Lacroix MAGAZINE
} Rédaction Directeur de la publication et de la rédaction : Franck Lacroix Rédacteur en chef délégué : Jérôme Martinet Ont collaboré à ce numéro : Emmanuel Jonnier, Marine Bouhier, Robin Duvillard, Marie Dorin-Habert, Antoine Delimare, Valentin Jacquemet, Samuel Cordier.
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} Publicité Téléphone : + 33 (0)6 75 93 56 12 Corentin Jacquot (Alpes) : + 33 (0)6 33 43 35 78 } Diffusion La liste complète des points dans les Alpes, le massif jurassien franco-suisse, les Vosges, les Pyrénées, Paris et Lyon sur www.mynordic.fr
} Nordic Magazine sur le net www.nordicmag.info Site partenaire d' www.f.com/NordicMagazine.info @Nordicmag sur t www.w.com/c/nordictvfrch www.nordictv.fr Application disponible sur et
} Photo de couverture Cyril Burdet
La rédaction n’est pas responsable de la perte ou de la détérioration des textes et photos qui lui sont adressés pour appréciation. La reproduction, même partielle, de tout matériel publié dans le magazine est interdite.
} Impression Rotimpres
Merci à Fabrice Guy, parrain, Laurence Rochat, marraine. Merci à Michel Roulet, Myriam et Daniel Comtet, Isabelle Begon, Karine Bouhier, Yves Perret, Blandine Chasles, Cyril Burdet, Pam Doyle, Clément Parisse, Armand Spicher, Vincent Berlandis, Christian Frossard, Jean-Yves Begon. Création : décembre 2011 Dépôt légal : octobre 2016
} Abonnement 1 an - 4 numéros : 26 € Participation frais d'expédition et soutien à Nordic Magazine www.mynordic.fr ou encart page 54 Anciens numéros : 5 euros le numéro.
ISSN : 2257-4638
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ÉDITO 3
Peter
DOSSIER LE RENOUVEAU NORDIQUE DU MASSIF DES VOSGES
Considérées comme l'un des berceaux du nordique en France, les Vosges connaissent un regain d'intérêt pour les disciplines nordiques. Enquête sur un massif en pleine reconquête nordique ...................... 20
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Le Peter Pan des tremplins
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À la belle saison, Jérémie Millereau, vainqueur de La Transjurassienne en 2015, garde avec ses parents le refuge Agnel, entre France et Italie, dans le Queyras ................................................ 28
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b Ciril JazbeC
TEMPS FORTS LE REFUGE MILLEREAU
b CIRIL JAZBEC
À 23 ans, il a impressionné le monde du saut à ski ces deux derniers hivers et a dominé la dernière saison : Peter Prevc est le nouveau phénomène volant. Et ce ne sont ni ses coéquipiers ni ses rivaux qui diront le contraire.
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PORTRAITS TONI LIVERS 58 FRANCK BADIOU 62 VALENTIN CHAUVIN 66 ANAÏS ET CHLOÉ CHEVALIER 70
Le Slovène Peter Prevc est une star. Le numéro un mondial du saut à ski a presque tout gagné l'hiver dernier.
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PETER PREVC, ÉTOILE DU SAUT
À 23 ans, il a impressionné le monde du saut à ski. Depuis deux hivers, Peter Prevc est le nouveau phénomène volant .......................................... 34
LA PONEY TOUCH
Décomplexés, ambitieux, talentueux, respectés, les sprinteurs de l'équipe de France de sprint font leur révolution. Et dévoilent leur secret... d'équipe ......................................................... 42
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En fin de journée, Clément Parisse, sur les Aiguilles de Frey. Le Haut-Savoyard a emprunté la voie de cendre du volcan chilien, le Calbuco.
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6 ZOOM 10 PLANÈTE NORDIQUE 56 RECTO-VERSO Clément Mailler 88 AGENDA Coupe du monde à La Clusaz 100 AVENTURE Clément Parisse en Patagonie
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Fondeur de l'équipe de France, Clément Parisse est aussi à l'aise dans les parois verticales que sur les skis. Récit d'un mois d'aventure(s) sur les falaises de Patagonie.
NICOLAS BARTALUCCI
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b Nicolas Bartalucci
Aussi loin que remontent les mémoires, le ski de fond a toujours été une affaire de passion dans le Gibloux, en Suisse. Découverte ........................... 80
L'envol descolibris
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SITE NORDIQUE LE GIBLOUX
Clément PARISSE
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ENTRETIEN JEAN GUILLAUME DESPATURE/ SIMON FOURCADE 74 JACQUES QUASTANA 86
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carnet de voyage
SOMMAIRE
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CHRONIQUES ROBIN DUVILLARD 18 MARIE DORIN-HABERT 78 EMMANUEL JONNIER 106
NORDIC MAGAZINE
Cet été, la biathlète jurassienne a passé un mois à Canmore, où elle a partagé le quotidien de l'équipe nationale canadienne ............................ 48
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LE VOYAGE AU CANADA D'ANAÏS BESCOND
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LE TEMPS DES CHAMPIONS Après Arçon en 2015, La Féclaz en septembre dernier a vu le patron du biathlon mondial briller lors des championnats de France d'été. Sans grande surprise, Martin Fourcade a conservé son double titre sprint – poursuite au terme de deux courses gérées à sa main. « J'ai essayé de prendre des risques sur le dernier tir debout, il me manque encore quelques semaines de travail pour réaliser une course pleine », commentait le lauréat du jour salué par un public très nombreux en Savoie. Derrière lui, Jean-Guillaume Béatrix, déjà en argent sur le sprint, récidivait et Quentin Fillon-Maillet s'offrait le bronze du championnat national, tandis que Simon Desthieux s'était emparé du même métal sur le sprint. Chez les dames, Anaïs Chevalier a ouvert son compteur de titre en remportant brillamment le sprint, devant Anaïs Bescond et Marie Dorin-Habert. Lors de la poursuite, la sextuple médaillée des derniers championnats du monde à Oslo a remis les pendules à l'heure, en s'adjugeant la poursuite, bien que très fatiguée. Les sœurs Anaïs et Chloé Chevalier complétaient ce podium. Cette fin d'été, les fondeurs ont aussi remis en jeu leurs couronnes nationales à Autrans. Dans le Vercors, Lucas Chanavat a fait régner sa loi lors du sprint devant ses compères Baptiste Gros et Renaud Jay, alors que Marion Colin fut la plus rapide sur le tour du village. À l’issue de la poursuite en montée, Robin Duvillard a réédité son exploit des Menuires en brillant à la maison, devant le numéro un français Maurice Manificat et le prometteur Valentin Chauvin [lire son portrait page 66]. Chez les dames, Marion Colin a conclu son week-end avec un second titre acquis, devant les Montblanaises Constance Vuillet et Léa Damiani. Photo : Nordic Magazine
Martin Fourcade, double champion de France cet ĂŠtĂŠ, une habitude pour le quintuple vainqueur du gros globe de cristal.
LUKAS BAUER DANS LE JURA Sur les petites routes de FrancheComté, les coureurs du team Pioneer Investments poursuivent leur préparation estivale. En ski-roues de classique ou de skate, à pied sur le Mont Sala, dans les airs à la via ferrata de Morez ou dans une salle de musculation, Lukas Bauer et ses coéquipiers sont accueillis cette semaine au gîte de Marie-Caroline Godin et Alexis Jeannerod, à Bois d'Amont. « Le Jura est parfait pour s'entraîner : Alexis nous a montré de beaux endroits », souriait le Russe Ilia Chernousov, qui partage la vie de la biathlète suisse Selina Gasparin. Alexis Jeannerod, non retenu en équipe de France, a rebondi en proposant sa candidature au Tchèque Bauer... qui l'a retenu dans son team, après une petite semaine test. « J'avais besoin d'émulation pour progresser et je suis ravi de l'ambiance du groupe », témoigne le Pontissalien. Entre Bauer, vainqueur du général de la coupe du monde, deux fois du Tour de ski, multiple médaillé en grands championnats et JO, et Ilya Chernousov, médaillé olympique du 50 km à Sochi, le Français a trouvé de solides références. Qui le lui rendent bien : « Alexis est vraiment très fort », témoigne le Tchèque de 39 ans, à l'origine de la création de ce team voué à jouer les longues distances internationales. « Le problème, c'est qu'en France, les jeunes talents sont très nombreux et les places sont rares. Je serais heureux qu'Alexis se qualifie pour jouer le 15 km classique des mondiaux de Lahti, qui est un aussi un de mes objectifs personnels même si, à mon âge, je ne me fais pas d'illusions. » Mais le patron du groupe ne se trompe pas d'objectifs et vise clairement la Vasaloppet, la Marcialonga, la Birkebeinner : « Disputer une dizaine de grandes courses en classique, avoir de la visibilité dans les médias télé, prendre du plaisir, voilà comment je conçois ce team ». Photo : Nordic Magazine
En stage durant une semaine dans le Jura début septembre, le team Pionner investments a été guidé par le rookie Alexis Jeannerod.
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dlo, dont le siège français est situé à Chavanod, près d’Annecy (74), est le nouveau partenaire et fournisseur officiel des équipes de France de ski nordique (biathlon, ski de fond, combiné nordique, saut). Ce partenariat conclu avec la Fédération française de ski prendra effet dès cet hiver pour une durée de six ans, avec notamment pour perspective les Jeux olympiques de Pyeongchang 2018 en Corée du Sud et ceux de Pékin en 2022. Odlo, qui habille déjà
explique Cédric Georges, manager France de la marque à Nordic Magazine. Odlo prévoit un investissement avoisinant les 15 % du chiffre d'affaires généré. « Ce partenariat a des conséquences financières et prend une part non négligeable du budget sponsoring. Mais il s’inscrit dans un plan de développement ambitieux de la marque portée par un plan média massif et un programme sponsoring fort », annonce le leader du baselayer (première couche technique).
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Les délégués de la Fédération internationale de ski ont décidé, fin septembre, à Zurich, que les bâtons utilisés lors des épreuves en style classique ne devront plus dépasser 83 % de la taille des fondeurs. Par cette mesure, ils entendent venir au secours du pas alternatif menacé par la double poussée [Nordic Magazine n° 16]. La taille du skieur sera mesurée chaussures aux pieds. La fixation de la sangle à la poignée servira de repère.
DÉPART ANNONCÉ POUR PERL
Après la naissance de son fils, Aurore Jean a repris l’entraînement fin février. L’ancienne numéro un française souhaite retrouver son meilleur niveau : « L’objectif sera de réintégrer au plus vite le circuit coupe du monde afin d’y performer avec en ligne de mire les mondiaux de Lahti, en Finlande. Sur du plus long terme, une sélection pour une troisième olympiade sera l’objectif principal. » Hors collectif fédéral et après avoir perdu son contrat avec les Douanes, la Jurassienne participera aux épreuves de sélections en début de saison pour espérer prendre un ticket.
Le Suisse Curdin Perl, 31 ans, a annoncé qu'il mettra fin à sa carrière après les Jeux olympiques de Pyeongchang en 2018. « Je voudrais passer plus de temps à la maison auprès de ma famille. En tant que fondeur, je suis souvent en déplacement, à disputer des courses ou à participer à des camps d’entraînement. Sur le plan professionnel, j’ai des projets dans le domaine des camps pour enfants. Mais il est trop tôt pour dire sous quelle forme ils vont se concrétiser », a précisé celui qui s’apprête à prendre le départ de sa douzième saison en coupe du monde.
ANDREAS MÜNGER
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VIANNEY THIBAUT/AGENCE ZOOM
La FIS au secours du classique
LE RETOUR D'AURORE JEAN
Aurore Jean lors des championnats de France de rollerski à Autrans.
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Pour les nouvelles tenues qui ont dû être élaborées pendant l'été, Odlo est revenu à plus de sobriété, avec un bleu dominant et un noir présent sur les épaules. « Nous avons décidé de travailler au plus près des besoins des athlètes pour fabriquer les produits qui
NORDIC MAGAZINE
La nouvelle combinaison Oldo.
les Suisses depuis six ans, succède à One Way. « La marque Odlo s’est développée entre 2002 et 2010 en s’appuyant sur ce partenariat en France, permettant de crédibiliser notre expertise dans le textile technique, et de connecter la marque au sport “performance” »,
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ODLO
ODLO MU HABILLE L'ÉQUIPE DE FRANCE DE SKI NORDIQUE
répondent le mieux à leurs besoins à l’entraînement et en course », indique M. Georges. Odlo veut aussi profiter de l'audience croissante du nordique dans les médias. La diffusion du biathlon à la télévision sur L'Équipe, avec des audiences records, en plus d'Eurosport, ainsi que les résultats des Français au plus haut niveau n'ont pas échappé à la firme norvégienne. « L’attrait des compétitions rendues accessibles à tous via la TNT et popularisée par des succès internationaux aux JO et championnats du monde est également un avantage indéniable », reconnaît le dirigeant. Ainsi, l'équipementier va-t-il travailler sur des produits France qui permettront aux plus jeunes de courir aux couleurs de leurs icônes. Odlo a pour objectif final de séduire le grand public : « Nous sommes leader sur le sous-vêtement de sport et devons encore convertir beaucoup de sportifs occasionnels ou réguliers qui courent “en coton” ou sont mal équipés par méconnaissance le plus souvent. »
Curdin Perl est papa d’une petite fille d’un an et demi.
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La Transjurassienne aura lieu les 12 et 13 février.
Les nordiques font des bébés...
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Pendant l'été, Julien Robert, entraîneur de l'équipe de France féminine de biathlon, a épousé Charlotte, qui travaille au cabinet dentaire aux Rousses. Tous nos vœux de bonheur*.
CLAP DE FIN POUR ROLAND CLARA
DÉCÈS TRAGIQUE DE QUENTIN BLONDEAU
Après onze ans de présence sur le circuit de la coupe du monde, le fondeur italien Roland Clara, 34 ans, a mis un terme à sa carrière. Spécialiste du style libre il a remporté la montée finale du Tour de ski en 2015, a figuré à onze reprises sur un podium de la coupe du monde.
Le jeune homme, âgé de 25 ans, couvreur l'été et farteur de l'équipe de France de combiné nordique l'hiver, a succombé à ses blessures samedi 8 octobre. Le mercredi précédent, il était tombé d'un échafaudage. Quentin Blondeau était également membre du team Exski.
STANKO GRUDEN/AGENCE ZOOM
GÉRARD LIVENEAU
... et se marient
régional du Haut-Jura et les communautés de communes et communes concernées. Le dossier technique du parcours de repli n° 4 a été finalisé, il sera adressé puis examiné à l’automne par le Conseil national de protection de la nature (CNPN). « Pour un avis que nous espérons tous désormais positif », précise Trans'Organisation qui, désormais est présidée par Pierre-Albert Vandel. Hervé Balland, son prédécesseur, succède à William Trachsel. La direction d'épreuve revient, elle, à Emmanuel Jonnier. « Après l’annulation cette année, insiste Hervé Balland, l’obligation de réussite se dresse devant nous comme un immense défi à relever pour rétablir notre place dans le paysage français et mondial des épreuves populaires nordiques et assurer l’avenir. »
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Le Vosgien Guillaume Lalevée, premier vainqueur du Nordic Classic Tour, et sa compagne Violette Doub ont, eux, accueilli en août un petit Merlin.
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a Transjurassienne aura lieu les 11 et 12 février 2017. Cette trente-neuvième édition marque un tournant dans l'histoire de la plus grande course de ski de fond en France. Déjà, le coordinateur historique, William Trachsel, a tiré sa révérence. Il s'en est allé en retraite alors même qu'il a fallu renoncer à organiser l'épreuve l'hiver dernier. « Oui, c’est décevant de partir après une annulation », a-t-il confié à Nordic Magazine. La faute au manque de neige et à la protection du grand tétras. « Si on ne change rien, c’est la mort de La Transju' dans cinq ans », prévient-il. Surtout que la worldloppet a revu ses exigences à la hausse. Le 25 août dernier, à Saint-Claude, une réunion s'est donc tenue avec, autour de la table, les services de l’État, le Parc naturel
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Sa coéquipière de Pontarlier Anouk Faivre-Picon a officialisé la nouvelle. Avec Mathias Wibault, elle attend à son tour un heureux événement pour le mois de mars.
La Transjurassienne travaille à assurer sa pérennité
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ARNAUD FINISTRE/TRANSORGANISATION
Un petit Lucas est arrivé le 29 septembre à 9 h 30 avec un poids de 3,245 kg et une taille de 46 cm. Il s'agit du premier enfant de la fondeuse Coraline Thomas-Hugue et de son mari Clément.
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Offre valable jusqu’au 15/03/2017 sur présentation de ce bon de réduction. * Valable sur forfait, séance ou entrée unique ne dépassant pas une journée. Offre non cumulable - Nordic-Mag (10-2016).
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Martin Johnsrud Sundby lors de la conférence de presse le 20 juillet à Oslo.
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AFP.COM/AUDUN BRAASTAD
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Renaud Jay rejoint la douane...
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Suite à la fin de contrat de la fondeuse jurassienne Aurore Jean, un poste des douanes a été attribué au sprinter des Ménuires Renaud Jay. Un précieux soutien pour l’athlète actuellement en délicatesse avec ses genoux.
Sundby et Johaug au cœur d'un énorme scandale
... et Baptiste Gros l'armée
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Le meilleur sprinteur tricolore, quatrième du classement général de la coupe du monde, a, lui, été recruté par l'armée. L’Annécien rejoint l’équipe de France militaire de ski. Une superbe récompense quand on se souvient qu’au début de la saison dernière, il ne savait pas encore comment il allait boucler son budget annuel.
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Simon Fourcade dans le calendrier
Le biathlète Simon Fourcade est de nouveau présent dans le calendrier Les Dieux du Stade édité depuis 2001 par les rugbymen du Stade français. Le shooting est signé par Errikos Adreou, un photographe grec. Le biathlète était déjà présent en 2015. Une partie des bénéfices sont reversés à la lutte contre le cancer du sein.
epuis la fin de l'hiver dernier, le ski de fond norvégien a été ravagé par deux importants séismes. Premier acte : fin juillet, Martin Johnsrud Sundby, le dernier vainqueur de la coupe du monde de ski de fond, a été sanctionné par le tribunal arbitral du sport à Lausanne, après signalement de l’Agence Mondiale Antidopage. Le Norvégien a dépassé la dose limite de salbutamol, une substance utilisée dans le traitement de l'asthme, qui se révèle être aussi un dopant. La faute a été jugée « légère », car la prise de ventoline répondait à une « justification médicale ». Elle n'en est pas moins lourdement sanctionnée. Elle prive le numéro un mondial de sa victoire au Tour de Ski en 2015 ainsi qu'à la coupe du monde 2014-2015. S'il a écopé de deux mois de suspension à compter du 11 juillet 2016, ses victoires du 13 décembre 2014 à Davos (Suisse) et du 8 janvier 2015 à Toblach (Italie) ont en effet été annulées. Celles-ci sont respectivement revenues à ses compatriotes Petter Northug Jr (du même coup vainqueur du classement général du Tour de Ski) et Didrik Tonseth. Le Suisse Dario Cologna a, lui, hérité du gros globe de cristal. « Je sais que je n'ai rien fait de mal, s'est défendue la star norvégienne, les larmes aux yeux. Je dois dire qu'il m'est totalement impossible d'admettre ce verdict ». Début septembre, le fondeur a pu retrouver ses coéquipiers en Italie, après quelques jours de vacances passés en famille de l'autre côté des Alpes. Et de prévenir ses adversaires : sa colère a, selon son propre aveu, été un
formidable « carburant » pour s’entraîner ces dernières semaines. Elle pourrait perdurer durant l’hiver. Second acte : le 13 octobre, c’est également en larmes et secouée par des spasmes que Therese Johaug, numéro un mondiale de ski de fond, est apparue à son tour lors d'une conférence de presse retransmise par toutes les télévisions de son pays. Un peu plus tôt, dans la matinée, la fédération nationale rendait publique l’information selon laquelle la double vainqueur en titre de la coupe du monde avait été contrôlée positive à un stéroïde interdit par l’AMA. « Je suis innocente », a plaidé la jeune femme. Et d'ajouter : « Je suis totalement dévastée et bouleversée par cette annonce et très en colère aussi. » Lors d’un stage d’entraînement qui s'est déroulé cet été à Seiser Alm, Therese Johaug a pris des coups de soleil et a été blessée à la lèvre (gerçures et crevasses). Elle se serait alors soignée avec une crème – Trofodermin – qui présenterait des traces du fameux Clostebol. Le Dr Benkisen, alors médecin de l’équipe – qui a aussitôt démissionné pour son erreur de jugement – aurait donné son accord. « Je n’avais aucune raison de croire que la crème était sur la liste des produits interdits », a-t-elle déclaré. En Norvège, Therese Johaug est non seulement une championne adulée, mais également une icône. À l’instar d'un Daehlie, elle a créé sa ligne de vêtements et prend régulièrement la pose pour de nombreux shooting de mode. Bref, cette seconde révélation a été vécue comme un (presque) drame national.
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©SALOMON SA. All Rights Reserved. Photo: Christoffer Sjöström.
SE DÉPASSER, LA SEULE RÈGLE DU JEU
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Les trois premiers rollerskieurs de l'histoire de New York.
L'INSTANTANÉ
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Les Mondiaux à Oberstdorf...
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L’IBU, fédération internationale de biathlon, a attribué les championnats du monde de biathlon de 2020 à Antholz (Italie) et ceux de 2021 à Tyumen (Russie). Pour rappel, en 2017, les Mondiaux se tiendront à Hochfilzen et en 2019 à Östersund.
Naissance du team Bélier C’est une équipe de dix fondeurs et biathlètes du Club des Sports de la Clusaz qui s’est réunie sous cette bannière.
Nouvelle équipe pour Tao Quéméré Sur un vélo, le technicien de l'équipe de France de ski de fond est redoutable. Il a gagné la dernière Etape du Tour et a fini deuxième du Tour de l'Ain cyclo. L'an prochain, le Haut-Alpin va courir pour la réserve du VC Villefranche Beaujolais. Jusqu'ici, l'ancien fondeur âgé de 26 ans était membre du Team Vercors.
OBERHOF DANS LA TOURMENTE
SERAINA BONER REJOINT GEL INTERIM - ROSSIGNOL
Étape majeure de la coupe du monde de biathlon, Oberhof traverse actuellement une zone de grande turbulence. L’association organisatrice a vu, en septembre dernier, son président démissionner. Gerd Siegmund avait pris son poste il y a un an seulement. Le site n'a par ailleurs plus les faveurs de l'IBU. Depuis 1990, 150 millions d’euros de subventions publiques ont été injectés. Mais le retour sur investissement se fait attendre. Pire, en 2015, l'audience a diminué de 30 %. Et l'année dernière, le rendez-vous a dû être annulé faute de neige, générant un déficit financier de quelque 500 000 euros. Oberhof espère malgré tout organiser les championnats du monde en 2023.
Son palmarès est aussi long que le parcours de la Birkebeinerrennet qu’elle a gagnée quatre fois. La Suissesse Seraina Boner rejoint l’équipe Gel Intérim - Rossignol, où évolue déjà son compagnon Toni Livers [lire page 58]. La triple vainqueur du challenge Skis Classics qui affiche aussi trois podiums sur la Vasaloppet et des victoires sur la Marcialonga et la Sgambeda, rejoint par la même occasion l’équipementier isérois. « C’est pour nous une très belle opportunité de renforcer notre équipe féminine », se félicite Simon Caprini, le manager coupe du monde de ski de fond chez Rossignol. « Notre objectif est de remporter la Vasaloppet dans les prochaines années », annonce Guilhem de Lajarte, président de Gel Groupe.
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PLANÈTE NORDIQUE
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... Antholz et Tuymen
Enrique Cubillo vit à New York. Ce qui l'étonne, c'est que dans cette mégapole américaine de 8,5 millions d'habitants, où cohabitent de nombreuses nationalités, il n'y ait personne pour pratiquer... le ski-roues. Aussi, celui qui avait déjà imaginé le spikeboarding [lire Nordic Magazine n° 15], a-t-il décidé de lancer la mode du rollerski à NYC. Chaque samedi, il organise des sorties. La séance débute à 7 heures du matin. Elle débute par un tour de Central Park, avant de s'attaquer aux collines de Harlem. Le coup d'envoi a été donné le 7 octobre. Ils étaient trois pionniers. Jessical Kahkoska, Dan Bowen et Enrique Cubillo espèrent que des Français et des Suisses, en visite outre-Atlantique, viendront les rejoindre.
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2005 avait porté chance aux bleus avec le premier titre mondial décroché par Vincent Vittoz en double-poursuite. Qu’en sera-t-il en 2021 ? Les mondiaux de ski nordique seront de retour dans la station allemande d’Oberstdorf. La nouvelle a été annoncée depuis Cancun au Mexique où la FIS a tenu son congrès annuel.
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ourquoi les sprinteurs sont-ils plus costauds que les distanceurs ? Instinctivement, on pourrait penser que c'est pour développer plus de puissance et aller à des vitesses plus impressionnantes sur un temps plus court. En fait, non ! L'explication est ailleurs... Le ski de fond est un sport à grosse dépense énergétique, où manger est moins dommageable que pour le saut à ski par exemple. Donc, sans surprise, on retrouve ici les gens qui sont tous adeptes de la philosophie du "vivre pour manger" et non du simple "manger pour vivre", pourtant principe de base de la vie. Et parmi ces gens, il y a les fourbes, les
bronches. On pourrait... Oui, mais l'explication est ailleurs ! Comme les drogues sont rarement autorisées dans le sport de haut niveau, et que boire de l'alcool en période de compétition n'aide pas trop, vous pensez bien que, la Ventoline étant autorisée, ils n'allaient pas se gêner ! Oui, mais... pourquoi eux plus que nous ? Ben, faut les comprendre : quand tu habites un pays où il fait nuit le jour pendant quatre mois, puis jour la nuit pendant six mois, où ton équipe nationale de foot ne s'est qualifiée qu'une seule fois à l'Euro, et enfin où la pizza coûte à peu près 25 €, tu as vite tendance à trouver refuge dans la drogue. Pourquoi le fondeur se met-il au trail une fois sa carrière de fondeur
qui ronge nombre de mes prédécesseurs : l'ennui semble évident, le plaisir un peu moins, mais pourquoi pas, ou peut-être est-ce simplement le fait que la compétition est une drogue ? Eh bien non ! L'explication est ailleurs. Comme évoqué plus tôt, le fondeur est un bon vivant, qui fait honneur à la table. Mais, en arrêtant sa carrière, il fait face à un terrible dilemme : continuer à vivre pour manger et devenir gras comme un churro, ou réduire les plaisirs de la table et devenir aussi fade et morose qu'un animal de zoo. C'est là que le fondeur a trouvé sa voie : manger ou déprimer, il faut trailer ! Et donc : ceux qui se mettent à l'ultra-trail, sont ceux qui ont juste envie de se faire ultraplaisir à table. Tout simplement.
Le ski de fond expliqué en 4 « pourquoi » ?
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terminée ? Plusieurs raisons semblent pouvoir expliquer facilement cette fâcheuse habitude
C'est bien ça, coach ? Pourquoi la grande majorité des fondeurs n'est-elle pas souple du tout ? Ah ? Ben là, par contre, je n'ai aucune explication.
Robin Duvillard est membre de l’équipe de France de ski de fond et médaillé olympique à Sochi en 2014.
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Pourquoi les Norvégiens sont-ils quasiment tous asthmatiques ? On pourrait se dire que c'est parce qu'il fait globalement plus froid dans leur pays que chez nous et que, de ce fait, les enfants sont exposés très tôt à de nombreux efforts dans le froid, endommageant plus facilement leurs
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distanceurs, qui vont jusqu'à renier un peu leurs principes de temps en temps pour aller plus vite dans les montées. Et ceux qui sont droits dans leurs bottes, les sprinteurs, vivant toute l'année en harmonie avec leur philosophie de vie et qui restent donc, de ce fait, plus gros.
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26 NOVEMBRE 2016
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Les Vosges nordic.fr
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Reconquête nordique
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Considérées comme l'un des berceaux du nordique en France, les Vosges connaissent un intérêt croissant pour les sports d'hiver, après le creux de la vague des années 1990 et 2000. État des lieux. nordic
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Les Vosges, ce sont près de 500 km de pistes damées.
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Cet hiver, ils seront une petite quinzaine de Vosgiens au sein des équipes de France de ski nordique. Voilà belle lurette que les représentants de ce massif, qui s'étend sur sept départements, terre d'origine du premier médaillé mondial français de ski de fond, Jean-Paul Pierrat – c'était sur le 50 km de Lahti en 1978 – n'avaient pas été à pareille fête. Un renouveau qui ne doit rien au hasard. Que ce soit en fond, en saut, en combiné, dans les rangs des équipes comme dans le staff, ils occupent des postes importants : trois entraîneurs des équipes de France sur quatre sont originaires des Vosges. François Faivre tient les manettes du fond tricolore, Jérôme Laheurte celles du combiné nordique et Gérard Colin officie sur les tremplins de saut à ski. « Il y a eu un gros travail réalisé dans les clubs, le « Plan tremplin » lancé en 2005 [ce sont cinq stades qui sont à disposition des sauteurs, été comme hiver, N.D.L.R.] a permis de maintenir les sites de pratique dans des villages et de redonner une dynamique au saut », observe ce dernier. Et de pousser plus loin son analyse : « Les Vosgiens sont un peu différents, dans le sens où notre massif a souffert durant des décennies. Dans nos vallées, rien n'est arrivé tout cuit. Encore aujourd'hui, les petits Vosgiens ne sont pas perçus comme les jeunes Savoyards : notre accent, notre proximité avec l'Allemagne, la culture germanique, tout cela n'est pas pour rien dans ce qu'on fait aujourd'hui. » « Sur ce territoire, on est élevé au biberon du ski de fond, du saut et du biathlon, témoigne François Faivre. Je suis sans doute un meilleur entraîneur que je n'ai été coureur, notamment dans l'implication, dans l'envie de faire passer des choses. J'ai clairement été influencé par les bénévoles rencontrés lors de ma jeunesse : ils m'ont donné le virus de la transmission. » Ce regain d'intérêt s'inscrit dans une histoire faite 21
Chaque été, le Grand Prix de Gérardmer attire des centaines de spectateurs.
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UNE COMPÉTITION DE SAUT DANS LES VOSGES ATTIRE AUSSITÔT CENT BÉNÉVOLES.
de hauts et de bas. L'apothéose, ce sont les années quatre-vingt, durant lesquelles sont organisées quatre coupes du monde de ski de fond à La Bresse. « C'était l'événement du siècle », sourit Odile Munsch, présidente du ski-club chargé de l'organisation de l'édition 1986. Elle n'a rien oublié : « C'était mon premier travail, j'avais 19 ans, raconte-t-elle. On bossait au télex, sans ordinateur ni portable. Un autre temps ! » L'engouement était énorme à l'époque : « On marchait des kilomètres pour rejoindre le site de la compétition. C'était noir de monde. » Une vraie culture de l'organisation est née, qui se vérifiera par la suite avec des événements d'ampleur internationale dans des disciplines variées (coupe du monde de rollerski, de VTT, de trial moto...). « Pour La Bresse, ces coupes du monde ont été un élément moteur et fondateur du développement du ski de fond, avec ensuite la création d'un réseau de pistes désor-
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LE MASSIF DES VOSGES France
Sites nordiques
Moselle
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Vosges Haut-Rhin
Xonrupt Le Valtin Lac Blanc Gérardmer Trois Fours La Bresse Schnepfenried Ventron Markstein Bussang Rouge Gazon
Haute-Saône
Planche de Belles Filles
Ballon d'Alsace
Site accès gratuit Site accès payant
Territoirede-Belfort
LE CHIFFRE
JEAN BECKER
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Nombre de journées skieurs de fond (Source : Nordic France)
mais vecteur de développement touristique plus que de compétition pure », témoigne l'ancien fondeur de l'équipe de France de 1975 à 1988, Philippe Poirot.
PORTE-DRAPEAU VOSGIEN Déjà, Dame Nature n'en fait qu'à sa tête en ce qui concerne l'or blanc : « De la neige était amenée par camions entiers sur la piste pour sécuriser l’événement. Aujourd’hui, l'enneigement artificiel garantit la tenue d'épreuves qui font vivre les structures, perdurer le bénévolat », poursuit Odile Munsch. « Une compétition de saut dans les Vosges attire aussitôt cent bénévoles : une annonce dans le journal et, de suite, les gens se mobilisent, mettent la pelle dans le coffre pour aider. Cette culture du bénévolat persiste », note Gérard Colin, Vosgien jusqu'au bout des ongles. En parallèle, l’Association vosgienne pour le développement du ski de fond a été créée le 2 décembre
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LE PODIUM des sites nordiques
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LA BRESSE
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D'après le montant des redevances en euros, hiver 2015-2016 (Source : Nordic France)
AGENDA n28 janvier 2017 Fête de la neige I Champ du Feu n28-29 janvier 2017 Nordique des Crêtes I Markstein n10 février 2017 Trophée nordique des familles I La Bresse n26 février 2017 La Trace Vosgienne I La Bresse n4 mars 2017 Duathlon des neiges I La Bresse 23
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La Nordique des Crêtes est la course populaire phare du massif des Vosges. La prochaine édition aura lieu le 10 février.
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UNE VINGTAINE DE PORTES
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Le ski dans le massif des Vosges, ce sont près de 500 km de pistes damées, répartis sur une vingtaine de portes d'entrées, entre l'Alsace-Lorraine et la Bourgogne FrancheComté. Ski de fond ou alpin, randonnée nordique, raquettes, chiens de traîneaux, snowscoot, ski joëring ou encore luge, les pratiques sont multiples et adaptées à tous les niveaux. Des portes de Belfort à celles de Strasbourg, les sites comptent quelques renommées nationales dans leurs rangs : le Ballon d'Alsace, la Planche des Belles Filles, qui a accueilli le peloton du Tour de France le 14 juillet 2014, Gérardmer, station touristique très à la mode dès la fin du XIXe siècle, La Bresse, le site référence, Xonrupt, village d'enfance du médaillé mondial Jean-Paul Pierrat, le domaine des Trois Fours, entre le col de la Schlucht et le Hohneck qui domine la vallée du Munster et la Forêt Noire, celui du Champ du Feu, la station du Lac Blanc et, bien sûr, le site du Markstein Grand-Ballon, plus haut point du massif, perché à 1424 m. La liste est aussi longue que les paysages et pistes sont variés entre lacs, tourbières, points de vue et forêts.
••• 1987 à l’initiative du Conseil général des Vosges. Ensuite c'est la génération incarnée par le biathlète Yvon Mougel, porte-drapeau de la délégation tricolore aux Jeux de Sarajevo en 1984, Véronique Claudel, championne olympique en 1992, ou encore les athlètes olympiques Philippe et Christian Poirot ainsi qu'Éric Claudon qui a porté haut l'étendard vosgien. « Je me souviens d'une année, on était 10 ou 11 du ski-club de La Bresse dans les équipes de France entre alpin et nordique, souligne ce dernier, patron du magasin Sports Passion à La Bresse. On savait que si on faisait partie des meilleurs Vosgiens, on serait aussi dans les meilleurs Français. Cette densité s'expliquait simplement : l'hiver, tout le monde était motivé et faisait du ski ! Il n'y avait guère d'autres loisirs. » À la fin du millénaire débutent les années de diète. Mais la filière ne renonce pas ; elle se réorganise avec, par exemple, le pôle espoir interrégional du collège-lycée La Haie Griselle à Gérardmer qui offre la possibilité d'un double
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ter à travers des ateliers nordiques (tir, saut, slalom, sprints...) », acquiesce Annick Vaxelaire.
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VITRINE VOSGIENNE
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Mieux, ils maintiennent le lien avec le grand public. Cet été, plus de 1 500 personnes ont assisté au traditionnel grand prix de saut de la ville de Gérardmer. « Depuis toujours, les Vosgiens se passionnent pour cette culture nordique », assure Gérard Colin. « Le développement du nordique est pris très au sérieux sur notre territoire, en complément de l'alpin et d'une offre quatre saisons. Concrètement, on cherche à fédérer un groupe de travail “filière nordique massif des Vosges”, en parallèle des quatre autres filières touristiques, détaille Christophe Lerouge, chef de projet contrat de destination Massif des Vosges. En 2014, 2015 et 2016, nous avons créé un événement, So nordic, estampillé Massif des Vosges, pour présenter les activités, les sites de pratiqued et les différents acteurs. Avec une belle réussite à la clé ». Le résultat de cet investissement sur le terrain est désormais en « vitrine » de l'équipe nationale, avec le champion de France 2016 Adrien Backscheider, également médaillé avec le relais aux championnats du monde de Falun, les combinés Maxime Laheurte, champion du monde de relais, Antoine Gérard et Nicolas Didier, les sauteurs Paul Brasme et Julia Clair, mais éga-
projet sportif et scolaire aux skieurs nordiques et alpins (lire aussi Nordic Magazine n° 19). Un travail de tous les jours dans les clubs et une implication des collectivités départementales et régionales vont permettre l'émergence d'un vivier retrouvé. « La culture nordique reste bien présente sur notre massif, avec des clubs dynamiques et des athlètes performants dans toutes les disciplines. Les élus locaux continuent à jouer le jeu en portant des projets structurants, comme les tremplins de saut, un stade de ski de fond équipé de canons à neige, une piste de ski-roues et la réfection du stade de biathlon de La Bresse », souligne Annick Vaxelaire, conseillère technique ski au comité régional de ski des Vosges. « Cet esprit nordique transmis par les anciens reste bien présent. Il est cultivé par le mélange des générations, le besoin qu'elles ont de se retrouver autour de manifestations régionales, nationales, voire internationales. La convivialité reste la marque de fabrique de notre massif », ajoute pour sa part Bertrand Bedel, Monsieur nordique. « Les Rencontres nordiques ou la Fête du nordique organisée en mai dernier à Gérardmer servent à recru-
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UNE AFFAIRE DE FAMILLES
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Dans les Vosges, le nordique est souvent une affaire de familles. Des patronymes illustres ont traversé les décennies skis aux pieds. Les Mougel, Poirot, Claudel, Vaxelaire ou encore Claudon sont des noms qui respirent la poudreuse. Dans cette dernière lignée, une passation de flambeau entre générations a eu lieu puisque le papa Éric, ancien champion de biathlon installé à La Bresse où il tient un magasin, a vu son fils Baptiste reprendre le flambeau… en tant que technicien de l'équipe de France de biathlon. Les frères Poirot, dans la lignée de Gilbert, porte-drapeau de la délégation tricolore aux Jeux de Grenoble en 1968, ont, eux, marqué l'histoire du saut à ski vosgien.
Dans les années 80, la coupe du monde de ski de fond fait étape à La Bresse. Un spectacle très populaire. MAGAZINE
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b COLLECTION GASTON CURIEN
lement une relève prête à endosser le costume de sélectionnés olympiques pour Pyeongchang 2018, avec les frères Florent (désormais sous bannière belge), Fabien et Émilien Claude, la fondeuse Delphine Claudel, Lilian Vaxelaire ou encore Théo Rochat. « Le nordique vosgien, c'est aussi les skieurs Adrien Mougel, Bastien Poirrier – les deux premiers skieurs professionnels du team Gel Intérim - Rossignol-, les entraîneurs des équipes de France, les techniciens Guillaume De Nardin et Baptiste Claudon, les entraîneurs des clubs qui font un gros boulot, Jérémy Weibel, vainqueur de la Transju'classic, Igor Cuny et les skieurs du Rollerski Racing Team », liste Adrien Backscheider, qui insiste sur « l'esprit de famille du ski vosgien ». Et d'ajouter : « Plus que dans d'autres comités, le côté humain est très important dans notre territoire. Tout le monde se connaît, on passe du temps avec les jeunes, c'est très important. » « “Back” transpire les Vosges : il ne dit que ce qu'il faut, il ne se tire pas les bretelles. C'est cela le Vosgien type », assure Gérard Colin, qui défend lui aussi un état d'esprit familial : « C'est une richesse qu'on doit entretenir et préserver en étant soi-même. On parle comme on parle, on fait les erreurs qu'on fait, mais à la sauce vosgienne, et on est reconnu pour ça. » La compétition n'est pas le seul révélateur de cette vitalité retrouvée. Les sites (lire par ailleurs) offrent une multitude de terrains de pratique. Révélée au grand public par le Tour de France,
La Planche des Belles Filles profite de cette notoriété pour valoriser un tourisme quatre saisons. « À notre altitude [1 150 m, N.D.L.R.], on optimise l'offre touristique été/hiver, que ce soit en alpin, en nordique ou en randonnée, où l'on s'appuie sur une vraie culture de la pratique en Haute-Saône », explique Karine Tissot, directrice du développement. Seule station du département, La Planche se tourne naturellement vers le Ballon d'Alsace pour offrir un terrain de jeux nordique intéressant. Planté entre les importants bassins de population que sont Belfort, Mulhouse, Colmar, Épinal ou Strasbourg, le massif ne tire pourtant pas de réel bénéfice de cette position géographique pleine de promesses et de potentiel, « la faute à l'absence d'un regroupement ou d'une filière interrégionale organisée », assure Christophe Lerouge. Mais, en coulisses, les choses avancent pour replacer le nordique au cœur des intérêts touristiques d'un massif comparable en plusieurs points à son voisin du Jura. « D'abord sur le volet marketing, nous planchons sur le fairesavoir de nos savoir-faire, nous requalifions nos sites nordiques pour répondre aux attentes actuelles des sportifs, des familles, des débutants ou des personnes à mobilité réduite », ajoute-t-il, convaincu du potentiel à valoriser. Plus que jamais, l'heure de la reconquête est venue. Pwww.massif-des-vosges.com
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Le refuge Millereau
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À la belle saison, Jérémie Millereau, vainqueur de La Transjurassienne en 2015, garde avec ses parents le refuge Agnel, dans le Queyras, entre France et Italie.
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Jérémie Millereau profite du soleil du soir sur la grande terrasse du refuge Agnel. « J'aime les lumières changeantes du Queyras, en été comme en hiver », dit-il.
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Quand il ne dispute pas de course populaire sur les pistes enneigées, vêtu de sa combinaison rouge, le dernier vainqueur de La Transjurassienne prend de la hauteur. Pour le retrouver, il faut s'approcher de la frontière franco-italienne, entre le Piémont et département des Hautes-Alpes, gagner la commune de Molinesen-Queyras, puis rejoindre le refuge Agnel. C'est là qu'à la belle saison, depuis 2007, Jérémie Millereau travaille. Construit en 1973, rénové en grande partie entre 2001 et 2004, le vaste chalet qui appartient à sa famille depuis l'an dernier, affiche une capacité de quatre-vingts couchages. C'est dire s'il y a à faire. « On lance la saison traditionnellement la semaine du Nouvel An par un repas arrosé de bons vins, avec ambiance de fête et feux d'artifice, précise le jeune homme. Ensuite, on rouvre de fin janvier à mi-avril, avant une pause jusqu'à mi-juin. C'est alors que je prends mes quartiers d'été au refuge ». Jusqu'à mi-septembre. Avec ses parents, Agnès et Didier, Jérémie Millereau est donc au four et au moulin pour accueillir les randonneurs de passage. « À 99 %, ce sont des gens qui font le tour du Queyras sur une semaine, le tour du Viso sur trois à six jours, ou le tour du Pain de sucre sur trois jours. C'est un public amoureux des grands espaces », énumère l'athlète, avec son petit accent chantant. Dans cette vallée, les solides brodequins de montagne se posent en majeure partie sur un schiste lustré gris ou bleu, très poussiéreux, des ophiolites ou des basaltes. Le terrain est plutôt cassant.
DE LA NEIGE EN JUILLET
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Perché à 2 580 m d'altitude, tout près de Saint-Véran considérée comme la commune la plus haute d'Europe, le chalet est planté dans ce cadre minéral grandiose. Rien ne pousse sur les pentes voisines, si ce n'est une fine pelouse d'altitude, vite brûlée par le chaud soleil ou broutée par les troupeaux de moutons. Du caillou, rien que du caillou plonge le promeneur dans un univers de haute montagne qui capte la lumière comme nul autre élément. Orientée sud-est, la terrasse est dominée par le majestueux Pain de sucre, un des sommets embléma
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ÊTRE GARDIEN DE REFUGE DEMANDE D'ÊTRE TOUCHE-À-TOUT.
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Ce soir-là, Français, Anglais et Italiens partagent le repas commun terminé par le délicieux brownie maison de Jérémie Millereau.
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À la frontière franco-italienne, le col Agnel offre une vue splendide sur la vallée de Château Ville Vieille. Au fond, les Écrins barrent l'horizon tandis que le refuge dort encore.
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tiques du Queyras, tandis que se dressent, sur le côté sud, le pic de Caramantran, et, à l'ouest, les sommets des Écrins, derrière lesquels le soleil d'été vient se coucher. L'altitude induit des conditions climatiques parfois exceptionnelles : « Le 14 juillet dernier, on a pris 30 cm de neige, témoigne le skieur, membre du team Gel Intérim - Rossignol. En hiver, le blanc est partout, avec plusieurs mètres de neige sur les pentes, le thermomètre affiche souvent – 25 °C et le vent d'est, qui descend d'Italie, est redoutable. En 2009, un retour d'est, le courant d'air qui apporte la neige sur la vallée d'Abriès, a amené près de trois mètres de poudreuse en trente heures ! » Seulement accessible en raquettes, ski de fond et ski de randonnée, le refuge Agnel est aussi une destination pour skieur nordique qui emprunte une piste tracée et entretenue depuis le village de Fontgillarde.
UN ATHLÈTE AU FOURNEAU Avec de telles conditions, le ravitaillement est parfois très compliqué : « En cas de gros temps, quand on ne peut pas utiliser les snowscoots à cause des énormes congères, on charge les sacs à dos et on les monte à ski sur 4 km de côte. Un exercice éreintant ! » La récompense, c'est un calme reposant et une visibilité parfaite pour observer les étoiles. Mais le silence ambiant n'est pas
sans danger. « Les randonneurs hivernaux doivent être équipés d'Arva [appareil de recherche de victimes sous avalanches, N.D.L.R.] et de pelle, car la zone n'est pas sécurisée ». En été, une fois la neige fondue ou dégagée à coups de pelle et de souffleuse, la route du col dessert, via une courte voie carrossable, le refuge Agnel où les propriétaires tiennent à conserver l'esprit convivial des lieux : ici, les gens partagent de grandes tablées. On parle anglais, français ou italien. On se raconte ses belles escapades, ici ou ailleurs. Et le tout dans une ambiance typique. Les chaussures de marche restent d'ailleurs sur le pas de la porte, pour ne pas abîmer le parquet ciré. Puis, les convives profitent des derniers rayons de soleil sur la terrasse, avant de s'attabler devant un jeu d'échecs, de dames ou de tarot. Durant la haute saison estivale, jusqu'à six personnes travaillent au confort des clients. « Être gardien de refuge demande d'être touche-à-tout : tantôt cuisinier et pâtissier, tantôt serveur, comptable ou plombier... Il faut apprendre à se débrouiller avec les moyens du bord », assure le fondeur. Et à cuisiner de grandes quantités. Devant les grandes gamelles posées sur un imposant piano à gaz, dans lesquelles mijote le couscous du soir, Jérémie Millereau prépare ainsi un brownie XXL avec une bonne douzaine d'œufs, trois plaquettes de chocolat et un gros kilo de farine ! À 32 ans, le skieur de Gap-Bayard, vainqueur du Marathon Ski Tour en 2016, affiche déjà une solide expérience en cuisine et portage aux refuges de Chabournéou et Vallonpierre dans le Valgaudemar. Dans un emploi du temps aussi chargé, il doit tout de même dégager quelques heures d'entraînement, au moins deux par jour en été, pour préparer sa saison hivernale. « Mes parents sont arrangeants, mais cela ne durera pas éternellement », reconnaît-il. En attendant, il espère encore briller sur les longues distances internationales. |
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Peter
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Le Peter Pan des tremplins DÉCRYPTAGE
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À 23 ans, il a impressionné le monde du saut à ski ces deux derniers hivers : Peter Prevc est le nouveau phénomène volant. Et ce ne sont ni ses coéquipiers ni ses rivaux qui diront le contraire.
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Le Slovène Peter Prevc est une star. Le numéro un mondial du saut à ski a presque tout gagné l'hiver dernier.
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b STANKO GRUDEN/AGENCE ZOOM
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L'hiver dernier, Peter Prevc a littéralement assommé ses adversaires, avec quinze victoires en coupe du monde.
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Sur le tremplin de vol de Planica, le Velikanka, la foule est en délire. Dix-huit ans après Primoz Peterka, un Slovène remporte le gros globe de cristal attribué au vainqueur du classement général de la coupe du monde de saut à ski. Cet athlète, c’est Peter Prevc, le Peter Pan des tremplins, 1 m 82 pour 62 kg. À 23 ans, sa technique semble parfaite, il s’envole plus loin que la deuxième étoile, vers le pays des victoires, à l’instar du personnage de Disney. Il est aujourd’hui l’homme à battre, comme le confirme le Français Vincent Descombes-Sevoie : « Quand on porte le maillot jaune quasiment toute une saison, on devient forcément la cible d’une horde de prétendants. » Celui qui a grandi dans un petit village près de Kranj, en Slovénie, première star du saut à ski du XXIe siècle par hasard, a débuté à l'âge de dix ans, bientôt suivi par ses deux frères, Cene et Domen, puis par sa sœur Nika. Seule la plus jeune des filles, Ema, sept ans, n’a pas encore été touchée par le virus.
PREVC LE DOMINATEUR Ce qui étonne d'abord chez Peter Prevc, c'est avec quelle rapidité le jeune homme, regard émeraude et silhouette féline, s’est imposé : « Il est très vite arrivé au sommet », constate le chef de file de l’équipe de France. Après sa première victoire en janvier 2014, à Kulm, le Slovène a en effet engrangé, en deux ans, vingt autres triomphes en coupe du monde, sans compter sa collection de titres en championnats du monde. « C’est cette dernière saison qu’il a vraiment explosé. Il a été plus régulier, plus dominateur, et même, certaines fois, intouchable », déclare le sauteur chamoniard. « Avec une progression constante depuis le début de sa carrière (deuxième à égalité de points au classement général de la coupe du monde en 2015), il a littéralement assommé ses adversaires avec quinze victoires en coupe du monde et le titre de champion du monde de vol à ski », analyse quant à lui Nicolas Jean-Prost, ancien sauteur et consultant pour la chaîne de télévision Eurosport. Un des coéquipiers de Peter Prevc, Jernej Damjan, l’affirme pourtant : son compatriote n’est pas un dieu, ni un
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extraterrestre. « J’ai travaillé avec lui bien avant qu’il n’arrive à ce niveau. C’est juste quelqu’un de normal. Il travaille beaucoup, mais comme tout le monde à ce niveau », assure-t-il. Quelqu’un d'ordinaire donc, mais qui réalise cependant des choses incroyables, comme l’admet le sauteur de Ljubljana : « Ce qu’il fait est étonnant. Je n’ai jamais vu quelqu’un sauter à ce niveau aussi longtemps ! » Robert Treitinger, autrichien et coach de l’équipe de France, approuve : « Prevc donne l’impression que le saut à ski est facile. » Et ils ne croient pas si bien dire ! À chaque compétition, le scénario se répète : Peter Prevc domine le premier saut, avant de mettre KO ses rivaux en manche finale, et ce avec une aisance déconcertante. Si le sauteur verrouille ainsi la compétition, c’est aussi parce qu’il a difficilement digéré d’avoir perdu le gros globe de cristal en 2015 au nombre de victoires, alors qu’il était à égalité de points avec l’Allemand Severin Freund. Aussi l'athlète a-t-il veillé, dès la première épreuve de l’hiver 2015/2016 à Klingenthal, à occuper les premières places. Indétrônable, il a ensuite enchaîné les performances et n’a quitté le top 3 qu'à sept reprises au cours des vingtneuf compétitions inscrites au calendrier de la FIS. Impressionnant. Vincent Descombes-Sevoie, le douanier des Houches, énumère les points forts et points faibles du phénomène slovène. « Il a une régularité, une technique de saut hyperstable et une très grande force mentale. Mais parfois, sa technique est peut-être trop agressive. »
DÉCRYPTAGE D'UN PHÉNOMÈNE En tout cas, ses résultats profitent à ses compatriotes, comme ceux de Martin Fourcade ont des répercussions sur le biathlon tricolore. Il ne fait aucun doute pour Robert Kranjec, champion du monde de vol à ski en 2012, qu’il est important, pour toute l’équipe, que Peter Prevc gagne autant. Jernej Damjan approuve : « Dès lors, notre motivation est plus grande,
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••• on a plus de visibilité, donc plus de sponsors. Et c’est aussi un bon point de comparaison. En ce moment, si on est plus fort que Peter à l’entraînement, on peut tout gagner ! » Avec ce style slovène qu’affectionne tant leur coach, Goran Janus, en poste depuis cinq ans. « Peter Prevc a une position d’élan ultra-agressive vers l’avant, c’est le sauteur le plus aérodynamique du circuit dans la phase de vol. En l'air, on a l’impression qu'il ne bouge pas, mais à chaque mètre qui défile, sa position évolue. Après 60 mètres, son corps et ses skis basculent dans la pente en piqueur, ce qui lui permet d’accélérer et d’accroître la pression sous ses skis. Il va très vite et se pose plus loin que les autres », décrypte Nicolas Jean-Prost.
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UNE STAR EN SLOVÉNIE
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La technique n’explique pas tout. Les athlètes du Triglav l’ont bien compris : dans le saut, le mental est une arme. Robert Treitinger, entraîneur-adjoint de l’équipe de France, est catégorique à ce sujet : « Prevc a une force mentale exceptionnelle, c’est l’une de ses plus grandes qualités. » « Nos coachs ont créé une bonne ambiance », se félicite Robert Kranjec. Or, quand « on vit avec l’équipe plus qu'avec nos familles », comme le rappelle Jernej Damjan, cela a son importance : « C’est ce qui nous rapproche », dit-il. Forcément, quand un des garçons décroche la timbale, les autres laissent exploser leur joie. Combien de fois Peter Prevc n’a-t-il pas été porté en triomphe dans la raquette ? Dans les camps adverses, on s'amuse de cet enthousiasme. Tous ? « Non, pas les Autrichiens. Ni les Allemands, ni les Norvégiens… », rigole Kranjec. « Il y a vraiment un esprit positif », apprécie Peter Prevc qui n'est pas le dernier à blaguer… Hélas, personne n’en saura davantage. Comme l’affirme en souriant Jernej Damjan, « ce qui se passe dans l’équipe reste dans l'équipe. »
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Le champion, jamais avare de compliments, se nourrit également de cette saine émulation. « Jurij Tepes, Robert Kranjec, Jernej Damjan sont très forts et je suis très content que les plus jeunes comme Nejc Dezman et Matjaz Pungertar deviennent aussi bons à leur tour », se félicitet-il. L’équipe de Slovénie en fait d’ailleurs rêver plus d’un. Deuxième de la coupe des nations la saison dernière, les résultats réguliers des Slovènes ont su les faire briller aux yeux des fans du saut à ski. Ne manque à cette équipe qu’un titre en championnats du monde, qu’elle essaiera d’aller chercher à Lahti en février prochain. Son leader en sera l'une des têtes d'affiche, lui qui, déjà, doit faire face aux sollicitations médiatiques. « Il est devenu une star en Slovénie, mais il reste très simple et abordable, » constate Nicolas Jean-Prost. « Je pense que je peux gérer la pression », confiait récemment le principal intéressé. Et d'ajouter : « Il faut juste que je la transforme en motivation et que je travaille d’autant plus dur. » Élu trois fois d’affilée « sportif de l’année » dans son pays, de 2013 à 2015, et décoré de l’ordre du Mérite, celui qui passait son temps dans son enfance à grimper au sommet des arbres ou à faire du parachute, n’a pas fini son ascension vers les étoiles, comme dans le monde de Peter Pan. |
PETER PREVC DONNE L'IMPRESSION QUE LE SAUT À SKI EST FACILE. nordic
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Peter Prevc va très vite et se pose plus loin que les autres.
Mythe et histoire La Maison de l’Absinthe, à Môtiers, met en valeur le patrimoine unique de l’absinthe. Liant de manière novatrice culture, économie et tourisme, ce centre présente l’histoire de la boisson, avec la période mythique de la clandestinité, et ses récentes évolutions. Mais c’est aussi un lieu où se construit l’avenir : promotion de la filière, valorisation touristique ainsi que prospection scientifique, commerciale et culinaire. Entre mythe et réalité, le visiteur découvre les liens profonds et authentiques qui unissent la plante, la boisson, le terroir et l’identité régionale. A travers neuf salles, l’exposition permanente évoque l’histoire et l’épopée de l’absinthe, ses différentes utilisations, son succès, sa diabolisation et son interdiction, puis sa légalisation. Une exposition temporaire renouvelée chaque année, un jardin des plantes et un spectacle audiovisuel complètent cette évocation.
Maison de l’Absinthe Grande Rue 10 2112 Môtiers, Suisse Tél. 0041 (0)32 860 10 00 info@maison-absinthe.ch www.maison-absinthe.ch nordic MAGAZINE
L’expérience de l’absinthe se poursuit dans l’espace de dégustation. Il est également possible de combiner la visite de la Maison de l’Absinthe avec un atelier culinaire ou une visite dans l’une des distilleries du Val-de-Travers.
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Le 28 février 2016, à Almaty, au Kazakhstan, Peter Prevc est certain de remporter le gros globe de cristal. Sur la neige, il laisse exploser sa joie.
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Je ne crains per NORDIC MAGAZINE Comment êtes-vous devenu la star mondiale du saut à ski ? Peter Prevc C’est une combinaison facile : entraîne-toi, écoute, entraîne-toi de nouveau et recommence.
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À vos débuts, aviez-vous un modèle ou une idole en saut qui vous a poussé vers cette discipline jusqu’au plus haut niveau ? Non, pas vraiment en fait…
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... Même pas Primož Peterka, le célèbre sauteur slovène ? Je ne peux pas vraiment dire qu’il a été un modèle. Je ne me souviens d’aucune de ses compétitions avant 2000. Vos deux frères sont aussi des sauteurs à ski. Quelle impression cela vous fait-il de vous entraîner ensemble et de pratiquer le même sport à un si haut niveau ? Cette année, c’est la première fois que je m’entraîne avec Cene. Domen, lui, est encore en équipe junior. Mais quand on est à l’entraînement, on est là pour donner le meilleur de nousmêmes et faire ce que le coach nous demande. Comment gérez-vous votre nouvelle célébrité ?
Quand on devient un bon sportif, ça fait partie du métier. Les gens me reconnaissent, mais je n’ai eu aucune mauvaise expérience avec les fans, donc ça va… Que pensez-vous des nouvelles règles pour les combinaisons, des nouvelles techniques et technologies en saut ? Je pense que le développement de l’équipement et des techniques est un processus normal dans tous les sports. On essaie toujours de s’améliorer où l'on peut pour devenir meilleur. Qui est votre « meilleur ennemi », le rival que vous craignez le plus ? Mon meilleur ennemi ? Celui que je laisse derrière (Rires). Je ne crains personne et je me concentre sur moi et sur mon saut. On a pu voir ces derniers temps des sauteurs comme Gregor Schlierenzauer ou Phillip Sjoeen se battre avec un manque de motivation. Est-ce que cela vous est déjà arrivé ? Je ne sais pas ce qui s'est passé pour eux, donc je n’en dirai rien. En ce qui me concerne, je suis toujours très motivé et impatient de m’entraîner et de me rendre sur les compétitions.
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b TADEUSZ MIECZYNSKI/EXPA/PRESSE SPORTS
sonne Y a-t-il quelque chose que vous n’aimez pas dans le saut ? Quand j’étais plus jeune, je n’aimais pas vraiment marcher jusqu’en haut des tremplins. Mais maintenant, ils ont tous des ascenseurs, alors ce n’est plus un problème ! Quel est votre meilleur souvenir en saut à ski ? Je dirais… Planica en 2016 [où il a officiellement remporté son premier gros globe, N.D.L.R.]. Et le pire ? Le pire ? Je ne m’en souviens pas. Si vous n’étiez pas devenu sauteur à ski, qu’auriez-vous aimé faire ? J’aurais étudié probablement… Si vous deviez vous retrouver seul sur une île déserte, qu’emporteriez-vous ? Un livre. À quoi ressemble une journée parfaite pour vous ? Une journée où je fais ce que j’aime et où je le fais bien. |
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Poneys touch EN COUVERTURE
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Depuis deux ans, les sprinteurs de l'équipe de France font leur révolution. Décomplexés, ambitieux et performants, ils sont désormais craints par l'élite mondiale. C'est qu'ils ont récemment accumulé quelques succès historiques qui laissent à penser que le meilleur est à venir.
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Baptiste Gros, Renaud Jay, Lucas Chanavat (en haut), Clément Arnault, Richard Jouve et Paul Goalabré (en bas).
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la troisième étape du Ski Tour Canada (on en oublierait presque sa deuxième place à Davos). Roddy Darragon, premier français médaillé en ski de fond de l'histoire des Jeux olympiques en remportant une l'argent à Turin, ne fait donc plus figure d'exception. Et pourtant les sprinteurs reviennent de loin. Printemps 2014. Lorsque la Fédération française de ski communique la composition du groupe, il y a comme un malaise. Des athlètes sont nommés, mais point de coach. Jusqu'à ce que Cyril Burdet soit recruté. La première prise de contact se déroule lors d'un stage à Chambéry. « Je leur ai dit qu'on allait bâtir ensemble un projet ambitieux », se rappelle-t-il. Dans sa tête, cela signifie qu'ils doivent arrêter de se complaire dans le ventre mou du classement. Il en est convaincu, la France mérite mieux. « La référence doit rester la victoire, c'est ce vers quoi il faut tendre à chaque départ de course. C'est le sens que l'on donne au sport de haut niveau », explique l'entraîneur, certain d'avoir les ressources humaines pour atteindre cet objectif.
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Dans le bus qui les mène à Planica, les sprinteurs de l'équipe de France tuent le temps comme ils peuvent. Un week-end “full sprint” les attend dans cette vallée du nord-ouest de la Slovènie que connaissent bien les sauteurs à ski, pour s'envoler depuis le Bloudkova Velikanka. Eux resteront les pieds sur terre, ou plutôt sur neige. Mais, alors que défile le paysage, les garçons ont la tête dans les étoiles. Ils consultent leur horoscope. Pour le cancer Baptiste Gros, les astres ne sont pas généreux, mais l'Annécien a la carrure pour défier les dieux. « Pour les capricornes, c'est plutôt bon », se félicite le jeune Valentin Chauvin qui a été convié à cette étape de coupe du monde - une première pour le Jurassien - après ses prouesses de la semaine précédente en OPA (coupe d'Europe). C'était déjà à Planica. On connaît la suite. Quatre marches du podium sur six sont piétinées par des Frenchies. On voit même deux bleus, Baptiste Gros et Richard Jouve, entourer un Federico Pellegrino, futur détenteur du globe de cristal de la spécialité [lire Nordic Magazine n° 19], triomphant. Le lendemain, les hommes de Cyril Burdet, entraîneur emblématique du groupe depuis deux saisons, doublent la mise. C’est au tour des binômes Baptiste Gros/Renaud Jay et Richard Jouve/Valentin Chauvin d'inscrire leur nom dans le top 3 du team sprint. L'hiver dernier, d'autres records sont tombés, jusqu'à la victoire historique décrochée à Québec par Baptiste Gros lors de
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Depuis deux ans, Cyril Burdet entraîne l'équipe de France avec pour objectif les premières places du classement.
PONEYS CONTRE CHEVAUX DE COURSE L'avenir va lui donner raison. En mars dernier, Baptiste Gros a rangé ses skis avec le statut de quatrième meilleur sprinteur mondial. « Si tu prends le départ d'une course pour être juste dans le top 30, ce n'est pas intéressant », acquiesce le chef de file d'une équipe de France qui a réussi sa chrysalidation. Les autres sprinteurs ont eux aussi jeté aux orties leurs complexes et se sont mis en ordre de bataille. « On s'est dit qu'il ne fallait pas avoir de limite, qu'on devait aller au-delà de ce qui avait été fait », résume le Haut-Savoyard. « Que ce soit face à Northug, Hattestad ou aux autres Norvégiens, tout ce dont j'ai envie, c'est d'être devant, affirme à son tour Richard Jouve, à l'aise dans ses skis. À Gatineau, en ouverture du Ski Tour Canada, il a d'ailleurs arraché son troisième podium individuel en coupe du monde, à seulement 21 ans. « Au Blink Festival, il a encore mis à l'amende tous les Norvégiens », complète son camarade Clément Arnault. Tout cela, c'est du petit-lait pour Cyril Burdet qui, au départ, ne pensait pas aller si vite : « J'ai la chance de travailler avec une génération talentueuse qui a bénéficié d'une excellente formation, ils ont tous les ressources internes pour réussir de belles choses au niveau international. Il y a aussi un état d'esprit : ils ont tous compris et adhéré à l'idée selon laquelle, plus un partenaire d'entraînement est fort, plus on arrive soi-même à se transcender. Il y a donc un vrai partage de compétences. » Dans le camp français, le sprint n'appartiendrait donc plus à la longue liste des disciplines individuelles, mais à celle des sports collectifs. Il y a les Experts (qui ont succédé aux Bronzés, aux Barjots et aux Costauds), les Lakers ou encore les Diables rouges, et désormais les Poneys, surnom donné aux sprinteurs par Cyril Gaillard, champion de France de la spécialité en 2014. « Il nous a appelés ainsi parce qu'on était petits, gros et qu'on n'avait pas la caisse », raconte Paul Goalabré. Une description peu flatteuse que ses coéquipiers et lui ont faite leur : « L'autodérision, ça ne fait jamais de mal », assure le fondeur des Hautes-Alpes, avant d'ajouter : « On est des petits poneys, mais on vaut bien des chevaux de course. » L'écurie accumule les trophées, encore récemment aux championnats de France de rollerski à Autrans. « On est tous motivés », explique le victorieux Lucas Chanavat, sourire aux lèvres et regard lumineux comme à son habi
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En août, le Bornandin Lucas Chanavat est devenu champion de France d'été en sprint à Autrans. Paul Goalabré, sur les pistes du stade nordique de Prémanon.
Les sprinteurs s'entraînent sur les routes des Hautes-Combes, dans le Jura.
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Séance kiné pour Clément Arnault avec Mathieu Couillet.
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Janvier 2016, à Planica : l'équipe de France brille tout au long d'un week-end de coupe du monde.
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tude : « Il y a une bonne émulation, on est tous positivement dans l'axe pour atteindre le but qu'on s'est fixé. » À ce titre, la trajectoire du Bornandin est exemplaire. En septembre 2014, il est opéré d’une hernie et d’une sciatique. Contraint à une inactivité totale et prolongée, il enchaîne plusieurs séjours de trois semaines dans des centres de rééducation. Cela ne l'empêche pas, le 22 février dernier, de devenir champion du monde de sprint U23 en Roumanie. « J'ai réussi à tout aligner le Jour J », concède-t-il, avec une sincère humilité. « On veut tous progresser ensemble », enchaîne Renaud Jay. Dans l'équipe, la solidarité est d'ailleurs érigée en dogme. « Quand l'un de nous se sent moins bien, les autres sont présents pour le soutenir », constate l'athlète des Menuires, en délicatesse avec un genou depuis plusieurs mois. « On est toujours là à se parler quand ça va, mais aussi quand ça ne va pas. On se confie. Pour moi, c'est ce qui a fait la différence lors des moments difficiles. Chacun a besoin de chacun », apprécie Clément Arnault qui porte les couleurs du Vercors. Cyril Burdet est garant de cet état d'esprit, mais, pour lui, nul besoin de jouer les gardes-chiourme, car l'entente n’est nullement forcée chez les sprinteurs. « On se connaît dans le ski, mais aussi à côté. Nous sommes un peu comme une famille »,
décrit Baptiste Gros. « Malgré les caractères de chacun », complète, un brin malicieux, Clément Arnault qui s'est invité chez les Poneys après une première partie de carrière passée chez les biathlètes. Il leur est même arrivé de partir en vacances ensemble. Mais aussi de poser les choses sur la table quand le besoin s'en faisait sentir.
ENTRE LABEUR ET RIGOLADE Cette belle cohésion n'empêche pas l'émulation, qui dans cette tribu de compétiteurs acharnés passe par la confrontation. À l'entraînement, on ne rechigne pas à jouer des coudes. Bien au contraire. « Quand on fait des intenses, j'aime bien être devant », s'amuse Baptiste Gros, qui assume son statut de leader dans cette confraternelle bagarre plutôt qu'en infligeant son rythme à ses camarades. De toute manière, le tempo est donné par Cyril Burdet, qui impose à ses troupes intensité du programme et permanence de son perfectionnisme. « On n'a rien sans rien. Il faut passer par des temps de difficulté pour se construire. Dans les zones de confort, on ne peut pas atteindre l'excellence », justifie l'entraîneur qui a la réputation de proposer des contenus d'entraînement dont le corps se rappelle longtemps. À l'exemple du stage commando qui, en mai, a notamment comporté l'ascension du col du Galibier en ski-roues, après une première séquence dédiée à l’haltérophilie.
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Fin juillet, Richard Jouve s’est imposé sur le sprint du Blink Festival, à Sandnes, face à cinq Norvégiens.
« Le plus dur reste néanmoins à faire. Gagner une fois, c'est bien ; il faut maintenant réussir à répéter cela. » Et de citer l'exemple de Martin Fourcade en biathlon. « L'idéal, c'est de tendre vers cette trajectoire », estime le coach. « Tout est à notre portée », enchaîne Baptiste Gros qui, avec Richard Jouve, a été invité à la Champions Race de Tyumen où il a retrouvé les meilleurs biathlètes du monde. Sauf que les Français ne peuvent plus compter sur l'effet de surprise. « Le regard des autres nations a changé. On nous craint davantage », observe Richard Jouve. Exemple : “Speedy” Pellegrino prend soin d'éviter les Français quand il choisit ses adversaires pour les quarts de finale : « Pour nous, c'est un plaisir ! », s'amuse le Briançonnais. « C'est le signe que l'on commence à faire peur », lâche Renaud Jay.
GAGNER UNE FOIS, C'EST BIEN. IL FAUT MAINTENANT RÉUSSIR À RÉPÉTER CELA. nordic
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Sur les réseaux sociaux, les sprinteurs feraient plutôt rire. Photos décalées (mais soigneusement travaillées), autodérision potache, petites taquineries. « On sait bosser quand il faut, déconner quand il faut, car il ne faut pas toujours être trop sérieux », justifie Richard Jouve. En compétition, par contre, finie la rigolade. Jusqu'à la finale, il faut rester concentré, ne pas baisser la garde entre les différentes étapes. Sur la piste, les sprinteurs ont peu de temps pour s'exprimer. Ceux que l'on résume parfois à leurs gros biscotos, sont en réalité des cérébraux, de fins tacticiens toujours prompts à surprendre l'adversaire. « Même si c'est court, même si c'est un effort maximal, le mental joue beaucoup », assure Renaud Jay. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'en cet automne d'année pré-olympique, ils sont gonflés à blocs. Au programme, les coupes du monde qu'ils ne comptent pas négliger, et les Mondiaux de Lahti. La station finlandaise leur a déjà souri. En mars 2015, trois Français avaient disputé la finale du sprint, dont Richard Jouve qui s'était imposé dans le trio de tête. De quoi prétendre à récolter quelques belles médailles début 2017. Et Pyeongchang, l'année suivante ? Bien sûr, les garçons y pensent, avec impatience et gourmandise. « C'est assez loin, mais, sur une carte, c'est à deux doigts », calcule Lucas Chanavat. Cyril Burdet, lui, a la tête pleine des étoiles qui brillent dans les yeux de ses atlhètes quand ceux-ci parlent des Jeux olympiques : « Quand un rêve se réalise, on comprend que ce n'est justement pas que du rêve ». Restera à consulter l'horoscope. Juste pour rire. | 47
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Anaïs
BESCOND Ma carab' au Canada
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Cet été, la biathlète jurassienne a séjourné cinq semaines dans l'Alberta, une province de l'Ouest du Canada, où elle s'est entraînée avec l'équipe nationale locale.
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moment à… Prémanon, à une poignée de kilomètres de chez elle. Pour son périple, Anaïs Bescond a pris pour exemple le biathlète Jean-Guillaume Béatrix. « Il a été une source d’inspiration. Chaque été, il aime partir à la découverte de spots d’entraînement dans le monde entier », développe la biathlète. Cet été, son coéquipier a passé deux semaines à Cheile Gradistei, en Roumanie. « Son côté plus baroudeur se rapprochait de mon état d’esprit », ajoute-t-elle. Pour partir de l’autre côté de l’Atlantique, Anaïs Bescond devait toutefois obtenir l’accord de l’Armée de terre, son employeur. « Il me fallait leur aval pour entamer toutes les démarches. Tout le monde était hyper enthousiaste », se félicite le caporal-chef. Billet en main, skis-roues et dictionnaire bilingue dans les valises, « Nanass » débarquait le 13 juin à Kelowna BC pour un « wine-camp ». Immersion totale avec les Canadiens. Et le programme n’avait rien d’une tournée viticole. « Durant une semaine, nous étions au milieu des vignes et des arbres fruitiers de cette vallée réputée », décrit celle qui a découvert, lors de son séjour, une nouvelle approche du biathlon, « qui n’est pas le sport national là-bas ».
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RECORD DU PAS DE TIR
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b PAM DOYLE
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« Quand je suis arrivée là-bas la première fois, je me suis dit : “C’est trop beau, il faut que je revienne”. » Le coup de foudre entre Anaïs Bescond et le Canada fut immédiat, en février dernier, lorsque la Jurassienne a débarqué en Amérique du Nord pour une manche de la coupe du monde de biathlon. Il fut si intense que la jeune femme de 29 ans y est retourné cet été, durant cinq semaines, pour préparer le prochain hiver. Ponctuée par un titre mondial et deux médailles d’argent sur les hauteurs d’Oslo, la saison 2015-2016 avait été exceptionnelle. Pour tenter de répéter pareilles performances, la Morberande a décidé de casser la routine. Exit les stages avec l'équipe de France, direction le pays à la feuille d’érable, à l’instar de Martin Fourcade qui, l’été dernier, avait décidé de vivre à l’heure norvégienne, et de la Pontissalienne Anouk Faivre-Picon, qui a rejoint les fondeuses américaines en Nouvelle-Zélande [Lire Nordic Magazine n°16]. « J’avais envie de faire des choses nouvelles cette année, confesse-t-elle. J’avais besoin de m'évader. » Grand bien lui a fait ! Pendant qu'en juin, la biathlète découvrait la région de l’Alberta, l’équipe de France s’entraînait au même
Anaïs Bescond a ensuite pris la direction de Canmore. « Les semaines étaient rythmées par des séances de ski-roues, de VTT, de musculation et de tir », énumère-t-elle. La Franc-Comtoise s’est même offert le luxe d’établir un nouveau record sur le pas de tir du Nordic Center de Canmore, avec 542 points obtenus sur 600. « C’est ma grande fierté ! J’ai tiré 30 balles au couché, puis 30 balles au debout. J’ai battu mon record qui était de 534 points. Cela a permis de valider le travail fait, se félicite-t-elle. Des choses se mettent en place, mais c’est un exercice tellement subtil. » Sur place, la Jurassienne faisait l’unanimité sur les pistes et en dehors. « C’était super de l’avoir avec nous, atteste Rosanna Crawford, quatorzième de l’individuel lors des Mondiaux d’Oslo, en mars 2016. Après la coupe du monde à Canmore, nous avons commencé à parler de sa venue ici. » Et d'assurer qu'« Anaïs est une fille positive. Après quelques jours, elle faisait déjà totalement partie de l’équipe. » Même constat pour Andrew Chisholm, un des entraîneurs de l’équipe canadienne. « Anaïs correspond parfaitement à l’état d’esprit insufflé par le groupe. Elle est un parfait équilibre entre concentration et plaisir. » « Elle nous a d'ailleurs fait découvrir quelques nouveaux jeux de société, rajoute le coach. C’est génial, car nous avons toujours besoin de trouver une activité pour nous divertir lorsque nous sommes sur la route en hiver ! » Et si Anaïs Bescond apportait un peu de culture française, elle goûtait, pour sa part, aux traditions ca
LE « CÔTÉ BAROUDEUR » DE JEAN-GUILLAUME BÉATRIX POUR EXEMPLE. nordic
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La vice-championne du monde de l’individuel s'est entraînée au Centre nordique de Canmore, où elle a établi un nouveau record sur le pas de tir. « C’est ma grande fierté ! », se félicite-t-elle. Elle avait découvert le stade en février, à l'occasion d'une étape de la coupe du monde.
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Anaïs Bescond a alterné ski-roues, séances de tir, VTT et musculation.
nadiennes. Au propre comme au figuré ! « Il y a eu des bonnes et des mauvaises surprises gustatives, rigole la native d’Aunaysur-Odon, en Normandie. J’ai évidemment mangé de la poutine, un plat typique canadien composé notamment de frites et de cheddar. C’est curieux comme plat, c’est bon », se souvientelle. Avant d’esquisser un sourire : « Bon, je n’en mangerais pas tous les jours quand même ! » Désormais, il tarde à Anaïs Bescond de proposer à son tour des mets français aux Canadiens « Je leur ai promis de leur apporter du comté, des saucisses de Morteau et du bon vin lorsqu'on se reverra. Et, en échange, j’aurai droit à mon sirop d’érable. J’adore ça ! » Ce long séjour a aussi inspiré les canadiennes. « Nous avons passé un accord avec notre entraîneur. Si quelqu’un de l’équipe ramène une médaille des prochains championnats du monde [du 9 au 19 février 2017 à Hochfilzen, N.D.L.R.], nous irons faire un camp d’entraînement chez Anaïs l’été prochain », prévoit déjà Rosanna Crawford. Après le Canada, Anaïs Bescond n'est pas rentrée directement en France. Elle a rejoint ses camarades de l’équipe nationale en Norvège pour le Blink Festival, où les meilleurs fondeurs et biathlètes étaient présents. « J’avais fait le choix d’enchaîner pour me préserver un peu. Le retour du Canada était très contraignant et il aurait encore fallu rajouter une journée de voyage pour aller en Norvège. Rentrer pour cinq jours, cela ne valait pas le coup », précise celle qui a finalement pris la deuxième place du sprint et la quatrième place de la mass-start. « Avec du recul, je n’aurais peut-être pas dû y participer, reconnaît-elle. Les douleurs sont réapparues. Ma fracture de fatigue survenue la saison passée n’est pas résolue. Mais je n’ai pas de regret. » Après un été nomade, Anaïs Bescond peaufine désormais sa condition physique, à quelques semaines de la reprise de la coupe du monde. « Évidemment, par rapport à l’année dernière, je me sens beaucoup mieux à ce moment de l’année [elle était blessée au pied la saison dernière, N.D.L.R.]. » Et même si l’expérience outre-Atlantique était, de son propre
JE LEUR AI PROMIS DU COMTÉ, DE LA SAUCISSE DE MORTEAU ET DU BON VIN. nordic
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Anaïs Bescond a mis à profit son voyage pour admirer de magnifiques paysages. « J’ai pu découvrir de très beaux endroits. L’un des meilleurs moments a été la balade en canoë sur la Bow River, avec la biathlète Rosanna Crawford et sa famille. C’est une tradition pour elle, elle la fait chaque année avec ses proches. Et puis, j’étais au milieu de la nature, j’ai observé des animaux que l’on ne voit pas en France, c’était génial », se remémore-t-elle.
aveu, très bénéfique, Anaïs Bescond n’envisage pas de reproduire ce type de voyage tous les ans. « Je ne sais pas encore si je repartirai l’année prochaine. Il y aura les Jeux olympiques, les stages seront encore plus importants et je privilégierai évidemment l’équipe de France », prévoit-elle. En attendant Pyeongchang, elle débutera sa saison de coupe du monde à Östersund le 2 décembre prochain. Aucune étape n'est ensuite programmée en Amérique du Nord. « C’est dommage, je serais tout de même bien retournée au Canada. En plus, en début de saison, ils connaissent un enneigement idéal », regrette-t-elle. L’histoire d’amour entre la Jurassienne et le Canada ne fait que commencer. | 53
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de fond, Vous touchez à tout : ski quel sport s Ver . ski ler rol et on biathl } ? ce va votre préféren en numéro C'est toujours le ski de fond pour prépaôté à-c un un. Le rollerski est abine qui car la lier oub s san , ver rer l'hi chambre. ma de n coi est encore dans un r la derpou n itio pét com en tie Je l'ai sor , mais non ma Pré de nière fois aux France enu mon dev est ps tem en ps tem tirer de hobby favori.
au sprint : Qui sont les plus rapides deurs fon les ou rs eu ski ler les rol je dirais e : dir à le fici sprinteurs ? } Dif lisé. On cia spé s plu en s plu de st que c'e s qui ne ide rap s trè urs voit des rollerskie hiver, en ge nei sur t ulta rés de font pas fond. le t tou du pas ent voire ne pratiqu s fondeurs bon s trè de r pou a ers e-v Et vic ski-roues. pas forcément à l'aise sur dess polyvaLe fondeur sera peut-être plu lent.
issez 2e En janvier dernier, vous fin Didier c de l'Envolée nordique ave grand Un s. an 20 de é aîn re Roy, vot re ?} Oui moment dans votre carriè d'équipe. rse cou te cet ore J'ad nt ! vraime s et sur des La disputer avec Didier, sou nt fort. me mo un été a au, d'e trombes
CLÉMENT MAILLER L'INTERVIEW RECTO
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NTRIN (CH) L'AÉROPORT GENÈVE-COI NORDIC MAGAZINE À
re plus, sur Rouler à 60 à l'heure, voi aucoup be e nd ma de es, ou des skis-r e un peu d'engagement. Il faut êtr cipline dis fou pour pratiquer cette que je en compétition ? } C'est ce c les ave t tou sur ut, déb pensais au ël, Romain copains du team, Baptiste No t un peu son qui y, Cun r Igo ou Claudon goût à la fêlés. Mais au final, on prend ucoup de bea a y il te, rou la vitesse. Sur car tout le respect entre les coureurs, e mal en cas fair t peu ça que t monde sai de chute.
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lètes Quel sort réserver aux ath s doivent } Il convaincus de tricherie ? comme être exclus à vie. Un athlète x de Rio Justin Gatlin, qui fait les Jeu fois pour après avoir été chopé deux nes de mo hor et prise de testostérone avoir le croissance, ne devrait plus si la petite aus a y droit de courir. Mais il à base ion cat édi om aut e faute du typ n doit ctio san la le d'Humex pour laquel . née tion être propor
Le spécialiste du ski-roues de Rollerski Racing Team et Gel Intérim - Rossignol se prête au jeu de l'entretien décalé de Nordic Magazine.
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intenant ! Un rêve sportif ? } Plus ma ux de le vie p tro Je ne sais pas si ça fait es dans dire à 26 ans, mais quand tu , des nce Fra le moule de l'équipe de forcément groupes fédéraux, tu rêves e. Puis iqu mp de titre mondial ou oly année avec du recul et après une osphère blanche, j'ai retrouvé une atm signol. - Ros de groupe avec Gel Intérim e du plaisir J'ai surtout envie de prendr demain. pour ne pas avoir de regret 55
TNEMÉLC RELLIAM L'INTERVIEW VERSO
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ntes de skiLes combinaisons moula emballer ? ur po ue tiq pra st roues, c'e regarder me r pou oir } Je n'ai pas de mir de dervu que aît, par il is ma , les fesses ça peut si nc Do ! l ma rière, c'est pas trop . sus des pas che cra ne aider, je
NTRIN (CH) L'AÉROPORT GENÈVE-COI NORDIC MAGAZINE À
skiLa plus grosse gamelle en l sur seu t tou bé tom s sui Je } ? roues rtville : je lbe d'A s prè une voie cyclable t faire une lan vou en et, ail trav du sortais llou et cai un s pri j'ai , séance de vitesse droit. as -br ant l'av sur bé tom l ma je suis le c ave t par le nul J'étais au milieu de pper sto de nt aya ess en g, san bras en s. J'ai dû l'hémorragie avec des feuille ues -ro ski de ure i-he dem faire une tir avec pour aller à l'hosto... et en sor ! ure sut de nts poi es quelqu
une boisSi vous étiez un alcool / ol donc ce lco d'a pas s boi ne son ? } Je café car ça le Pas t. sera une boisson sof ne, étant tisa la de tôt plu ai dir énerve, je bois je que é ntit donné la grosse qua r. chaque jou
able ? } J'ai Un péché mignon inavou me si c'est mê at, col cho le e dir envie de ins, ce mo t l'es très avouable... Ce qui belle une c ave ine câl ste sie serait une fille. ginale Un film ou une bande ori morning od préféré(e) ? } La BO de Go mude in ple pe rou reg England qui is que j'ai siques que j'aime bien. Je cro naître dû rais j'au : que épo loupé mon s plutôt fan dans les années 60, car je sui rs aimé jou tou j'ai , film En k. de vieux roc me si on Sept vies, avec Will Smith, mê sif. res dép fait ça me dit que
emportez Sur une île déserte, vous ue avec siq mu e ell qu quel objet et od que Go vous ? } J'emporte Feeling content, ou é rim dép t soi j'adore : qu'on surtout n, bie rs ce morceau passe toujou l'objet : Et île. te cet sur l seu t si je suis tou ! trer ben, un bateau pour ren
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À 33 ans, le Grison a remporté cet hiver le classement général de la FIS Worldloppet Cup.
Toni Livers
Le Suisse qui a ouvert la voie Discret, simple, travailleur, généreux : Toni Livers est l'un des meilleurs fondeurs longues distances de la planète. Rencontre avec le premier skieur suisse vainqueur en coupe du monde.
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Dans la salle de musculation du centre national d'entraînement de Prémanon, il passe pour le moins inaperçu. Il n'a pas les biscotos d'un Lucas Chanavat, le look stylé d'un Simon Fourcade, mais ces détails ne l'empêchent pas de faire le job consciencieusement. Tee-shirt en coton, short de monsieur tout-le-monde-à-la-plage, Toni Livers, le bonhomme à la chevelure parsemée d'éclairs argentés ne paie pas de mine. Seule sa montre Polar bleue trahit son identité de sportif de haut niveau... Toni Livers fait dans la simplicité. Le fondeur suisse est pourtant une référence de premier plan : « Toni est un perfectionniste, quelqu'un de très généreux qui ne laisse rien au hasard et ne se prend en aucun cas la tête. Pour nous, ath-
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lètes du team, sa simplicité est un vrai avantage », appuie Candide Pralong. Le fondeur valaisan du team Gel Intérim - Rossignol n'est pas seulement séduit par le parcours sportif de son compatriote, il loue également ses qualités humaines : « Il apporte énormément grâce à son expérience. Il nous donne toujours de très bons conseils et nous motive à nous surpasser. Il s'implique à 100 % dans le team et il est pour nous un exemple à suivre », poursuit le jeune homme.
FAITS D'ARMES Bien avant Dario Cologna, devenu en deux olympiades le meilleur fondeur helvète de l'histoire, Toni Livers a ouvert la voie ! Deux faits d'armes particulièrement éloquents illustrent ses glorieuses tablettes : la première victoire individuelle et le premier succès du relais suisse en coupe du monde. La gloire lui tombe dessus à Davos, en 2007, sur un 15 km libre. « Je me souviens de mon dossard 8, d'une piste rapide, d'une forme et de skis optimaux ce 59
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••• jour-là. Après ma course, je me suis changé et, en revenant, j'ai constaté que j'étais toujours devant ! C'était tellement surprenant », se remémore-t-il, en souriant. Mais l'histoire est d'autant plus belle et rare que cette première réussite est partagée avec l'un des meilleurs de l'époque, un certain Vincent Vittoz. « Gagner en coupe du monde est toujours un moment fort, note le skieur de La Clusaz. Partager cette victoire avec Toni, chez lui, devant son public, nous a permis de vivre une superbe remise des prix, dans une grosse ambiance. »
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VICTOIRES HISTORIQUES
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Mais Toni Livers a aussi brillé avec son équipe. En 2010, à La Clusaz, la Suisse gagna le relais. Avec Curdin Perl, Remo Fischer et Dario Cologna, le Grison savoura une précieuse victoire collective : « Être le premier Suisse à remporter une coupe du monde n'est pas franchement important, c'était très fort aussi de gagner avec les copains », assure le cadre suisse du team Gel Intérim - Rossignol. « Il apporte la touche suisse au team avec son sérieux, son amour du chocolat et son accent, s'amuse Pralong. De mon côté, je suis devenu déjà quasiment français à force de traîner avec ce groupe. Plus sérieusement, Toni est plus qu'un leader dans le team, c'est également un coach et un locomotive. »
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3 février 2007 : Toni Livers sur le podium à Davos, avec Vincent Vittoz et Christian Hoffmann.
« Il est capable d'enchaîner les courses l'hiver sans méforme, toujours à la recherche d'un dossard et, le pire, c'est qu'il est toujours performant. À l'entraînement, il est très "pro" dans tout ce qu'il fait, tout est bien réfléchi. On retrouve un peu de ça chez Candide aussi, la petite touche Suisse sûrement. On a l'impression que rien ne le fatigue ! », salue son jeune collègue du team Clément Mailler. « J'aime la qualité dans l'entraînement », agrée l'intéressé. « Toni aime la compétition en enchaînant beaucoup de courses l’hiver, entre la coupe du monde et les longues distances. Il se connaît parfaitement maintenant et donne l’image d’un gros travailleur qui, en tout cas, prend beaucoup de plaisir à pratiquer. Il est un peu dans l’ombre de Dario Cologna, mais a déjà quelques belles lignes à son palmarès, surtout en style libre, son point fort », souligne Vincent Vittoz.
DANS LES CHAMPS « En compétition je ne l’ai pas encore vu faire de mauvais choix, il a l’expérience de la course. On a l’impression que, même lors de compétitions importantes et de très haut niveau, la pression ne l’atteint pas, il paraît toujours décontracté en se présentant au départ ! », ajoute le fondeur vosgien Bastien Poirrier. Derrière son regard bleu profond presque mutin et un sourire jamais feint - « notre “Buitoni” (référence à une des préférences culinaires du Suisse) est l'homme qui sourit le plus sur terre », note Mailler - se cache en effet un amoureux du travail bien fait.
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TONI LIVERS EST UN PEU DANS L'OMBRE DE COLOGNA, MAIS IL A QUELQUES BELLES LIGNES À SON PALMARÈS. Vincent Vittoz
« Ce qu'on veut, il faut aller le chercher ; il faut travailler pour gagner, pour progresser, et tout cela se fait encore plus naturellement si le plaisir est là », souligne l'Helvète qui a été élevé à bonne école. Toni Livers, né il y a 33 ans, dans le petit village de Trun a passé une partie de son enfance... dans les champs et sur un tracteur. Jusqu'à l'âge de 15 ans, il a aidé, tous les étés, avec ses deux sœurs Sereina et Catrina, ses parents à la ferme familiale. « On vivait dans la montagne, on prenait la fourche dans les pentes raides, je descendais à vélo chercher le courrier, avant de remonter pendant une heure... En fait, on était dehors du matin au soir. C'était parfois dur, mais c'était une belle vie. » « Enfants, on accompagnait les parents dans les champs ; eux travaillaient et nous jouions, avant de les aider ensuite une fois un peu plus grands, raconte Catrina, qui réside toujours à Trun. Ce travail a donné une condition physique à Toni qui, depuis tout petit, a toujours été très sérieux et concentré dans ce qu'il faisait. C'est une fierté pour toute la famille ; nous l'accompagnons parfois à Oslo, Falun, Oberstdorf ou Turin, et le regardons souvent à la télé. »
UNE RENCONTRE DÉCISIVE À la maison, on ne parle que le romanche – quatrième langue nationale pratiquée par 60 000 Suisses. Quand l'adolescent qui sillonne les pistes du coin en ski de fond depuis ses huit ans, tente, sur un coup de tête, – et réussit avec un ami - le concours de l'école des Sports, il doit se mettre tardivement à l'allemand ! Cinq années de formation aux côtés de hockeyeurs, de tennismen, de skieurs alpin affinent les qualités du futur champion qui deviendra plus tard garde-frontières. Une rencontre décisive avec Kjetil Olsen, un entraîneur norvégien, a marqué le sportif : « Il m'a amené vers le haut
niveau, m'a fait comprendre que la tête est aussi importante que les jambes », salue l'athlète qui découvrit le circuit de la coupe du monde à Davos en 2003. Treize ans plus tard, Livers compte déjà trois olympiades à son actif : Turin, Vancouver et Sochi. Et ne fait pas une croix sur la passe de quatre à Pyeongchang en 2018. « Plus que les courses du jour J, je retiens surtout les cycles de préparation avec leurs hauts et leurs bas » , observe-t-il, sagement. Cette dernière saison ne va pas le contredire : meilleur Suisse sur la coupe du monde et vainqueur du classement de la FIS Worldloppet Cup, Livers a été étincelant. Le 50 km libre des mondiaux de Lahti et La Transjurassienne qu'il rêve de remporter seront ses prochains objectifs. Une chose est claire, le bonhomme est déterminé : « J'ai vraiment envie de continuer à progresser, à avancer. » |
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2 juin 1983 : Naissance à Trun (Suisse) 2006, 2010, 2014 : Participation aux Jeux olympiques. 3 janvier 2007 : Victoire en coupe du monde à Davos (une première pour la Suisse) 19 décembre 2010 : Victoire en relais 4 x 10 km à La Clusaz (Encore une première pour la Suisse). Hiver 2015-2016 : Vainqueur de la FIS Worldloppet Cup.
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Franck Badiou, lors des championnats de France d'été à La Féclaz.
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Badiou Tir de précision
Nouvel entraîneur de tir de l'équipe de France masculine de biathlon, Franck Badiou possède déjà un long passé d’athlète de haut niveau, de fabricant de carabine et de coach.
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Pour mieux faire connaissance avec Franck Badiou, rien de tel qu’une visite sur son lieu de travail, au Centre national de ski nordique (CNSNMM) de Prémanon. L'endroit ressemble à un atelier d’horloger, à quelques détails près. La présence d’une imposante fraiseuse, de quelques dossards sur les murs ou encore d’un ballon de rugby interpelle. Mais vous n'y trouverez aucune trace de son passé de sportif de haut niveau. Avant de devenir au printemps le nouvel entraîneur de tir de l’équipe de France de biathlon, succédant à Siegfried Mazet [lire Nordic Magazine n° 19], Franck Badiou a pourtant été l’un des meilleurs tireurs mondiaux, au point de décrocher une médaille d’argent aux Jeux olympiques de Barcelone. Mais il n’en dit rien, tandis qu'il travaille sur la crosse de la carabine de Marie Dorin-Habert. C'est en septembre 1981 que Franck Badiou rejoint le club de tir de Villeneuve-Saint-Georges – « J’ai mis mes parents
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devant le fait accompli ». Un club dédié à la pratique olympique du tir. Cette année-là, celui qui est né à Vitry-sur-Seine en 1967 fait la connaissance d'Yves Delnord. Une rencontre déterminante : « C’était le boss de la carabine à la fédération française de tir. Par mimétisme, je me suis formé au travail des crosses de carabines. Une sorte de compagnonnage ». Et les résultats suivent : Badiou devient vice-champion d’Europe, puis vice-champion du monde junior et, en 1986, se fait offrir, pour son baccalauréat, une mortaiseuse à mèches. Entre 1985 et 1993, l’équipe de France accumule les succès. « Il fallait battre les Soviétiques. » Les bleus peuvent compter sur Jean-Pierre Amat, dont la carrière, arrêtée en 2002, est dotée d'un impressionnant palmarès : champion olympique, champion du monde et trois fois champion d’Europe. Après sa médaille olympique en 1992, Franck Badiou devient entraîneur à l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep), à Vincennes. « En 1993, j’ai pris l’encadrement du groupe junior national, avec JeanPierre Amat, et, en 1996, la coordination du pôle France à l’Insep ». Tout en poursuivant sa carrière d’athlète de haut niveau et d’artisan. L'histoire se poursuit en Auvergne, avec le projet d’ouvrir un pôle régional de carabine, puis au Pôle France tir de Strasbourg. « En 2004, je me sentais à l’étroit, jusqu’au jour où Yves Delnord me contacte. La 63
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••• Fédération française de ski cherchait un armurier au Pôle France de Prémanon ». Avec le projet « de développer une ligne de tir thermostatique et un atelier. » En septembre 2005, il déménage pour s’installer dans le Jura. À Prémanon, Franck Badiou découvre le monde du biathlon, aux côtés de Stéphane Bouthiaux, le chef du pôle - « avec lui, j’ai appris le job » - et Johan Gauthier, le responsable du groupe junior. Parce que « le compétiteur se construit avec sa carabine », il décide de prendre les choses en main et, avec Pierre Sanseigne, armurier à Pontarlier, il se répartit la production. Franck Badiou progresse d’abord sur les crosses et le montage du canon. Il travaille ensuite sur le confort. D’abord, grâce à Pascal Bailly-Basin, fournisseur de bois à Morbier, il remplace le noyer et le hêtre, traditionnellement utilisés, par de l’érable, « léger, dense et solide ». Il développe des « crosses poutres », faites d’une base en bois, sur laquelle on fixe les différents appuis en carbone. Plusieurs membres de l’équipe de France, parmi lesquels Florence Baverel ou Raphaël Poirée, et jeunes du Pôle France, à l'exemple de Frédéric Jean, Anaïs Bescond ou encore Marion Blondeau, profitent de ses premières réalisations. Rapidement, une relation de confiance s’installe avec un autre jeune biathlète originaire des Pyrénées, et tout juste arrivé du Vercors [Lire Nordic Magazine n° 5]. « J’ai connu Martin Fourcade en septembre 2007. Nous nous sommes construits ensemble. Il passait beaucoup de temps à l’atelier. J’ai fabriqué la plupart des crosses de Jean-Pierre Amat, dont celle avec laquelle il a tout fait [champion du monde et recordman du monde carabine à 10 mètres] en 1987 et 1988. Martin
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27 juillet 1992, à Bercelone : Franck Badiou, vice-champion olympique 1992 de carabine à 10 m.
l’a su et je pense que c’est ce qui lui a mis la puce à l’oreille ». Au Catalan, Franck Badiou livre sa première carabine lors des championnats de France, à Prémanon, en 2010. Un modèle avec de nombreuses options qui ne sera finalement pas retenu par le biathlète. « Nous étions juste après les Jeux de Vancouver. Il m’a expliqué qu’il était sûr de ses choix. Il m'a ainsi demandé de limiter le nombre de pièces susceptibles de se desserrer en course. » Pour la saison 2011/2012, Martin Fourcade a donc utilisé une carabine avec une crosse sur mesure taillée dans un seul et même bloc. Une pièce en érable. « La saison suivante, j’ai réalisé le mulet, sur lequel il m’a fait modifier l’implantation des chargeurs. Et c’est cette même carabine qu’il utilise aujourd’hui. » La plupart des membres de l’équipe de France concourent avec des carabines modifiées ou construites par Franck Badiou. Toutes sont en érable, à une exception près. Justine Braisaz a souhaité du noyer : « J’ai choisi ce bois pour ses qualités, mais aussi parce que j’aimais la couleur. Après, j’ai laissé Franck faire son job, car il le maîtrise à la perfection », confie la Savoyarde.
APPROCHE PERSONNELLE Au printemps dernier, Franck Badiou reçoit un appel de Stéphane Bouthiaux, le patron des équipes de France de biathlon, qui lui annonce qu’il est pressenti pour reprendre le poste d’entraîneur de tir. « Je ne voyais personne d’autre. Ce choix-là, c’était l’évidence même. Il a une expérience énorme au niveau du tir, c'est un technicien hors pair, minutieux, aussi bien pour l’entraînement que pour l’adaptation de la crosse à chacun. C’est un atout non négligeable », énumère le coach. Comment Franck Badiou envisage-t-il son nouveau rôle ? « L’aspect émotionnel dans notre discipline peut être destructeur et, mon rôle, c’est de démonter cette spirale par le travail, par une perception forte des moyens techniques et des pensées ». Ce qu’explique en d’autres termes Stéphane Bouthiaux : « On ne peut pas parler de préparateur mental, ce n’est pas son approche. Mais Franck sait créer des séances de partage d’expérience, après les séances d’entraînement, au cours desquels chacun donne ses impressions, son ressenti par rapport à un schéma de tir. Ce sont des moments structurants ». « Et il a une approche technique du tir qui nous fait beaucoup avancer. C’est le ressenti au niveau de l’équipe », se félicite Quentin Fillon-Maillet. Depuis sa nomination, Franck Badiou passe beaucoup moins de temps dans son atelier, mais son esprit ne s'en éloigne jamais : « Je bosse actuellement avec Jean-Pierre Amat sur une nouvelle carabine de biathlon ». Mais, chut ! C'est secret. |
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« Valou » Chauvin a commencé par le ski alpin, avant de découvrir le ski de fond où il a déjà réalisé de belles choses. « Au fil des saisons, j'apprends à me connaître », dit-il.
Valentin Chauvin
Foi en son étoile L'hiver dernier, le fondeur jurassien a participé à sa première coupe du monde, au cours de laquelle il a réussi à monter sur le podium.
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Planica, c'est bien connu, doit sa renommée à son tremplin. Au nord-est de la Slovénie, tout proche de la zone où les frontières autrichienne, italienne et slovène se rejoignent, plus de 60 records du monde y ont été établis. L'hiver dernier, ce n'est pourtant pas un sauteur à ski qui y a réussi son envol, mais un fondeur élevé loin de cette vallée. Valentin Chauvin a poussé dans un Haut-Jura discret, entre épicéas et gentianes. À des centaines de kilomètres de là. Le ski de fond n'avait rien d'une évidence pour le jeune homme, bien qu'un grand-oncle côté maternel se soit appelé Jean Mermet (trois participations à des olympiades, dont une quatrième place à Oslo en 1952, et un palmarès long comme un jour sans pain). Le garçon, licencié à Haut-Jura Ski, lui, a un temps préféré l'alpin. Sans exclusivité toutefois : ses infidélités avec d'autres sports étaient légion. Sur son CV, il y a un titre de champion du Jura de tennis de table. « Nous avons des grands-parents sportifs, des
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parents sportifs. Avec nos deux cousins, à chaque fois qu'on se retrouvait, on passait notre temps dehors à faire du sport », raconte son frère Jérémy. « J'ai toujours eu l'esprit de compétition, reconnaît l'intéressé. Quand j'étais petit, je voulais battre mon frère. » Aujourd'hui, il s'est choisi d'autres adversaires plus coriaces. On n'est donc pas là pour rigoler. À Planica, les éclats de rire remplissent malgré tout la chambre que le Franc-Comtois partage avec Richard Jouve, sprinteur de l'équipe de France. Une coupe du monde attend les Français. « On est arrivé deux jours avant la course et, le soir, on a commencé à plaisanter, à dire des “conneries” pour penser à autre chose, et ne pas se prendre la tête. Et ça a été comme ça jusqu'à la veille de la course », se souvient le Genèvremontain. En fait, depuis que son entraîneur Vincent Vittoz lui a annoncé la nouvelle de sa sélection, Valentin Chauvin est tout excité. Lui qui, une semaine plus tôt, déjà à Planica, a terminé deuxième d'un 15 km skate en coupe continentale, endossant du même coup le maillot jaune de leader, va rentrer chez les grands. Il va se frotter à l'élite mondiale de la discipline. « J'allais vivre ce dont j'ai rêvé depuis tout petit », s'enthousiasme-t-il. Même en tant que spectateur, le Jurassien, qui, gamin, se rendait à la médiathèque pour visionner des vidéos de Petter Northug Jr (il n'avait pas internet à la maison), n'a jamais assisté à ce spectacle. Prendre le départ est donc, en soi, déjà une victoire : « Ma saison était réussie, quoi qu'il puisse arriver. » 67
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••• Cela ne l'empêche pas d'être gagné par le stress. Un état qui n'a rien d'habituel chez lui, comme en témoigne Gérard Verguet qui, en tant que coach, a vécu un « parcours extraordinaire avec lui » : « Valentin ne se prend pas la tête, il ne se met pas la pression. » Aussi, Richard Jouve rassure-t-il son camarade : « Je lui ai dit de faire ce qu'il savait faire, que, même si c'était son premier sprint en coupe du monde, il avait de quoi passer la qualification, et qu'au pire, la première fois, c'était pour apprendre. Si le résultat n'était pas là, ce n’était pas grave. » Mais l'enjeu est trop fort. Le matin, le skieur n'est pas bien. Il a pris froid lors de la reconnaissance, dit-il. Il finit dixième de la qualification — « sans regret » — mais se montre « trop gentil » en phases finales, même si le Norvégien Eirik Brandsdal lui a reproché ses gesticulations. « Il manque encore à l’heure actuelle
DE COLOGNA À KROGH
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Valentin Chauvin lors des championnats de France de rollerski à Autrans, en août dernier.
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décrypte Gérard Verguet, fier du parcours accompli par son protégé. Et si Valentin Chauvin n'est pas du genre à exposer ses sentiments au grand jour, son aîné n'a pas oublié ce SMS reçu un jour, dans lequel son « élève » le remerciait de lui avoir « donné envie de faire du ski de fond ». En quelque sorte, le skieur, qui a débuté avec Patrick Bonjour et Jean-Louis Rossero, a grandi à la sauce jurassienne. Ses prédécesseurs — les Jean-Paul Vandel, Pierre Salvi... — avaient appris seuls ce qu'ils répétaient ensuite avec talent sur les pistes ; lui, montre la même volonté dès qu'il chausse les skis. « J'aime faire ce que j'ai envie de faire », admet-il. Et improviser. Ce qui ne l'empêche pas, mine de rien, d'écouter les conseils de ses maîtres. Sébastien Mouchet, entraîneur au comité régional de ski du massif jurassien, et Olivier Michaud, en charge des juniors de l'équipe de France, lui ont inculqué la « gestion de soi en compétition ». « Vincent Vittoz m'a appris la rigueur », glisse celui qui se reconnaît tête en l'air.
d’un peu de vécu. Il lui arrive parfois de se laisser déborder facilement. Il doit encore bosser pour s’affirmer et imposer plus d’autorité », analyse Cyril Burdet, le patron des sprinteurs tricolores. En tout cas, il n'a pas à rougir de son top 30. Surtout qu'un team sprint l'attend, le lendemain. Avec Richard Jouve. « Je ne voulais pas le décevoir », confie Valentin Chauvin. Gêné dans le dernier passage par les Allemands et les Russes, il joue sa partition. Il se rend compte que chaque détail compte dans ce qu'il décrit comme une véritable « guerre », tant la densité est forte. « Il a fait une très bonne demi-finale et une finale que peu de nouveaux entrants sur la coupe du monde auraient pu faire, se félicite son partenaire. Alors, j'ai pris le relais pied au plancher pour qu'athlètes et staff, nous soyons récompensés de la journée. » Le duo décroche la troisième place et rejoint, sur le podium, Baptiste Gros et Renaud Jay, deuxièmes. Historique ! Première participation à une coupe du monde, premier top 3. Sur le moment, Valentin Chauvin ne se rend pas compte de l'exploit accompli. Trop modeste pour bomber le torse. « Dès qu'il a fini avec une course, il passe à la suivante. C'est sa force »,
Ce défaut ne devrait pas freiner l'ambitieux Valentin Chauvin. Le médaillé d'argent lors du relais des championnats du monde juniors dans le Val di fiemme en 2014, a la chance d'être « polyvalent ». Aussi bon en skate qu'en classique, notamment. « Il me fait penser à Dario Cologna. C'est le même genre de skieur », compare Gérard Verguet. L'intéressé penche plutôt du côté de Finn Hågen Krogh, ancien footballeur reconverti au ski de fond : « J'aime son style. » Ou encore de Maurice Manificat : « J'aime sa façon de faire. » « Valentin est un jeune skieur très intéressant car très complet », constate Cyril Burdet qui a noté sa rapidité sur les distances, « notamment classiques, ce qui en fait un potentiel très intéressant pour l’avenir proche. » « Dans le futur, je le vois comme un gars qui pourra jouer sur les deux tableaux, sprint et distance, et réussir un top 5 au général de la coupe du monde », pronostique pour sa part Richard Jouve. « Je prends les choses comme elles viennent », tempère celui qui, dès qu'il le peut, s'en va taper dans un ballon avec ses copains d'enfance. Le prochain hiver, il n'en devra pas moins encore progresser. À la veille d'une saison pré-olympique, ses doutes en sont d'autant plus légitimes : « J'ai peur de faire moins bien ». Ses coéquipiers luttent contre les mêmes appréhensions. Autour de lui, on veut y croire. Parce qu'il est « entre de bonnes mains », assure Gérard Verguet. Et aussi parce qu'il y a beaucoup de belles choses à vivre à ses côtés, comme en témoigne son petit frère : « Ses exploits procurent beaucoup de bonheur dans notre famille, ça nous rassemble. » |
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La Suisse a les sœurs Gasparin, la France Anaïs et Chloé Chevalier. Si l’aînée a gagné sa place en équipe de France et pense déjà aux JO de 2018, la plus jeune doit encore franchir un cap pour s’installer au plus haut niveau.
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& CHEVALIER Anaïs
Chloé
Les sœurs biathlon
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« Disputer un relais ensemble aux JO et, mieux, ramener une médaille, ce serait énorme. On a le droit de rêver ! » : Anaïs Chevalier évoque un sujet sur lequel elle avoue n’avoir guère échangé avec sa sœur. « Ce serait génial que ça se fasse un jour, rebondit Chloé. Il y aura forcément une petite déception si on n’y parvient pas d’ici la fin de notre carrière. » Heureusement, l'histoire ne fait que commencer pour les deux Iséroises, qui ont découvert le ski de fond à l’école primaire de Revel, dans le massif de Belledonne. « Au début, je n’étais pas emballée », se souvient Anaïs. Chloé, pas mieux. « Mais quand on commence à gagner, ça aide », ajoute l’aînée. Elle bascule sur le biathlon après une rencontre décisive avec Thierry Dusserre, le conseiller technique régional, qui effectuait le tour des clubs pour faire découvrir le tir. Direction le lycée ski-études à Villard-de-Lans (38). Chloé ne tarde pas à suivre les traces de sa sœur, plus âgée de 32
mois. « Je faisais de l’athlétisme, beaucoup de cross. Mais le week-end, on accompagnait Anaïs au ski de fond. Et puis, c’est rassurant de faire comme sa sœur, plutôt que d’emprunter un chemin inconnu. » Le schéma se répète pour le biathlon : « J’allais la voir à l’entraînement. J’ai testé et j’ai accroché. » Second billet pour le Vercors. En cadettes, Anaïs remporte le circuit national. « Le déclic. Tout est parti de là. Je me suis dit que j’allais vraiment m’investir dans ce sport. » Des médailles aux Mondiaux jeunes et juniors, et la voilà, en décembre 2013, au départ de sa première coupe du monde à Hochfilzen (Autriche). Elle a 20 ans. « Impressionnant, se remémore-t-elle. Même si j’avais couru en IBU Cup, je débarquais dans une autre dimension. Je me retrouvais aux côtés de filles que je regardais à la télévision trois mois avant. » Une fois dans sa course, la Dauphinoise oublie cependant le contexte et termine 27e du sprint, avec un sans-faute au tir. Des débuts plutôt réussis, qui lui valent une sélection pour les Jeux olympiques de Sochi, en Russie, deux mois plus tard. « En y repensant, je n’ai pas pu en profiter, c’est dommage ! Je venais juste de rentrer dans le grand bain et j’ai été catapultée aux JO. Cela fait bizarre. » Les résultats s’avèrent décevants (47e du sprint, 44e de la poursuite), mais « je ne pense pas que ce soit venu trop vite », analyse-telle. « J’ai l’objectif de 2018 avec la chance d’avoir
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Après avoir été médaillées aux Mondiaux juniors, elles ont découvert la coupe du monde à 20 ans : à deux saisons d’intervalle, le parcours des sœurs Chevalier a emprunté le même chemin.
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••• déjà vécu cet événement. Je sais à quoi m’attendre, c’est un gros avantage ! » Retour à Chloé. Elle remporte à son tour le trophée national en cadettes. « Mais j’étais encore jeune, ce n’est pas vraiment pour le résultat que je prenais le départ des courses. » Plutôt pour l’ambiance. « J’aimais bien le lycée ski-études, c’était plaisant. » Sans projection sur l’avenir. Puis, au fil de résultats probants, « je me suis dit que finalement, j’étais peut-être faite pour ça. » Elle vit son premier temps fort aux JO de la Jeunesse, à Innsbruck, en 2012. « C’était incroyable, l’une de mes plus belles expériences internationales. En plus, on a gagné une médaille en relais. Cela donne envie de revivre des moments comme ça. » Médaillée aux Mondiaux juniors, puis deuxième des cham-
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STANKO GRUDEN/AGENCE ZOOM
En 2014, Anaïs Chevalier a découvert les Jeux olympiques à Sochi, en Russie.
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pionnats d’Europe, Chloé découvre à son tour le circuit mondial en décembre 2015, à Pokljuka (Slovénie). À 20 ans, comme sa sœur. Un moment particulier pour la famille Chevalier puisqu’Anaïs y effectue son retour « après une année galère » et une grosse blessure au dos. « Je me suis emballée à l’entraînement et cela a craqué, explique celle-ci. Mais j’ai pu prouver aux coachs que j’étais revenue à mon niveau. Même si cela n’a pas été facile, c’était une petite victoire. » « Cette première ne s’est pas super bien déroulée, rappelle Chloé, de son côté. C’était mon cinquième week-end de course d’affilée, j’étais fatiguée. Cela reste une bonne expérience. Et c’était rassurant qu’Anaïs soit là… Normalement, les prochaines courses devraient mieux se passer. » Cet été, elles ont suivi de concert la préparation foncière, avec une relation désormais plus sereine que par le passé. « C’était un peu compliqué au début, car elle avait un très bon niveau et la première course où elle m’a battue, je n’ai pas trouvé ça juste », se souvient Anaïs. Christophe, le papa, renchérit : « Cela n’a pas
toujours été très facile à vivre, mais, désormais, elles le font bien, même si elles restent concurrentes. D’être ensemble sur le circuit est un plus, c’est sûr, avec la possibilité de voir quelqu’un en qui on a confiance dans les moments durs. » « On se complète bien, ajoute Anaïs. Nos échanges sont constructifs, car nos points de vue ne sont pas les mêmes. Chloé est une très bonne skieuse, moi je suis plus tireuse. Elle est plus posée que moi, arrive à prendre du recul par rapport aux performances, elle ne reste pas dans la bulle du biathlon. Mais elle manque un peu de confiance en elle et cela lui porte préjudice. » Le papa ajoute que Chloé « possède beaucoup de capacités. Elle arrivera un jour au bout de ses idées. »
ELLES FONT L'ADMIRATION DE LEUR PÈRE Julien Robert, le responsable de l’équipe de France féminine, n’en doute pas non plus : « Il y a encore beaucoup de boulot, mais son profil s’avère très intéressant, avec des capacités physiques supérieures. Elle est très longiligne et manque un peu de puissance pour l’instant. Son tir couché demeure perfectible aussi. On compte toutefois sur elle pour l’avenir. Elle a bien bossé cet été. Même si elle peut évoluer très vite, cela me paraît cependant un peu juste pour les JO en 2018. Car il faut laisser le temps au temps. » Pour Anaïs, par contre, le médaillé des JO de 2002 et de 2006 voit à plus court terme. « Elle a connu une année noire, après les Jeux de Sochi. C’était compliqué, mais cela lui a servi dans sa vie : elle est devenue plus mature, l’échec l’a fait grandir. Ce n’est plus la même qu’en 2014. Elle a davantage les pieds sur terre. Cela a donc été un mal pour un bien. Elle a bien progressé cet été, elle se situe dans une bonne dynamique. C’est quelqu’un de valeur, franche, agréable. Elle fait du bien dans un groupe. » Christophe Chevalier met quant à lui en avant la ténacité de sa fille : « Elle sait où elle veut aller et y met tous les moyens. » Chloé parle aussi de « détermination » concernant sa sœur. Même si ça « peut devenir un défaut, car cela l’amène à être têtue. Sinon, elle est disponible pour les autres, c’est quelqu’un sur qui on peut compter. » Cet hiver, Anaïs ne veut pas se mentir : « J’ai envie d’intégrer le top 30 régulièrement, j’en suis capable. » Chloé, elle, aspire à signer un podium en IBU Cup pour gagner sa place sur une étape de coupe du monde. Voire plus si affinités. Les deux sociétaires du CO Les Sept Laux suscitent en tous les cas l’admiration de leur père. « Elles sont très courageuses, car elles sont rentrées dans la vie active très tôt. Mais c’est leur passion, elles la vivent jusqu’au bout et font tout pour y arriver. » |
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1890 : Armand Guy crée sa distillerie rue des Lavaux à Pontarlier, alors capitale mondiale de l’absinthe (en 1914, elles seront 22 distilleries et produiront 60 000 litres).
1902 : Invention de la liqueur de sapin par Armand Guy.
1921 : Suite à l’interdiction de l’absinthe en
France (1915). Armand et Georges Guy retirent la plante illégale de la recette familiale pour distiller uniquement l’anis vert et créer le Pontarlier-Anis.
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2001 : Suite à la transmission orale du savoir-faire opérée par Pierre Guy, son fils François Guy permet la réhabilitation de l’absinthe. 2007 : Label d’Etat Entreprise du Patrimoine Vivant. 2013 : Lancement du Sapont. Aujourd’hui, la distillerie reste accessible à la visite, comme souhaité par le fondateur. Vous pouvez assister à la distillation traditionnelle dans les alambics en cuivre centenaires et au travail de toute l’équipe de la distillerie.
Distillerie Pierre GUY 49, rue des Lavaux - 25300 PONTARLIER Tél. 03 81 39 04 70 - Fax 03 81 39 59 67 E-mail : contact@pontarlier-anis.com
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REGARDS CROISÉS
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Jean Guillaume Despature, PDG de Somfy, le leader mondial de l'automatisation des ouvertures et fermetures de la maison et du bâtiment, historiquement implanté à Cluses, et Simon Fourcade, biathlète de haut niveau.
Jean Guillaume Despature Simon Fourcade
« Vivre de son sport ne doit pas être une finalité » Le sponsoring privé fait désormais partie intégrante de la vie des sportifs de haut niveau. Avec quelles attentes, quelles limites et quelles motivations de la part des entreprises ?
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e biathlète français Simon Fourcade et Jean Guillaume Despature, PDG de Somfy, débattent de l'importance grandissante du sponsoring privé dans la vie des sportifs de haut niveau.
NORDIC MAGAZINE Simon Fourcade, vous répétez souvent que, sans le soutien précoce de Somfy à vos côtés, vous auriez mis rapidement un terme à votre carrière. Simon Fourcade Oui, clairement ! Je viens d'un massif excentré [Les Pyrénées, N.D.L.R.] et j'ai grandi dans une famille avec des revenus modestes. Au début, je travaillais l'été à la cueillette des pêches dans le Lan-
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guedoc, chez un de mes oncles, pour financer ma saison. En 2003, après mon titre de champion du monde jeunes, mon entraîneur de l'époque, Jean-Pierre Amat, a pris contact avec Jean-Michel Jaud, à la communication
LE MAKING-OF Jean Guillaume Despature, PDG de Somfy, accueille avec le sourire son invité du jour qu'il connaît bien, le biathlète de l'équipe de France, Simon Fourcade. Entre le champion et le chef de cette entreprise mondiale, le courant passe parfaitement. Une fois les dernières nouvelles prises de part et d'autre, direction les ateliers du géant de la domotique pour quelques photos avant un échange franc et constructif, autour du sujet du jour.
chez Somfy qui était déjà partenaire de Raphaël Poirée. Grâce à lui, j'ai pu obtenir une première aide de 3 000 euros, ce qui m'a permis de préparer une saison pleine en 2004, avec deux titres mondiaux juniors et une médaille d'argent à la clef. Ces résultats m'ont aussi ouvert les portes de l'Armée alors que j'étais tout jeune.
Jean Guillaume Despature Avant Raphaël Poirée, on avait déjà sponsorisé Luc Alphand, Adrien Duvillard... On a toujours été assez proche de notre territoire, de nos montagnes et donc du ski. À travers le biathlon, qui associe l'effort à la précision, on a découvert des valeurs dans lesquelles on se retrouvait par rapport à nos métiers et nos 75
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my de succès. La remise en question doit être permanente et continue.
••• produits. Sportifs de haut niveau et entreprise leader mondial dans son domaine : aviez-vous des points communs ?
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SOMFY
Simon Fourcade dans les ateliers de Somfy.
Jean Guillaume Despature On aborde le sponsoring avec une dimension régionale. C'est un moyen de fédérer les salariés, de travailler l'esprit d'entreprise au sein de notre société.
La médiatisation forte du biathlon par rapport aux autres disciplines nordiques a-t-elle joué ? Jean Guillaume Despature Non. Quand on a commencé, Raphaël n'était pas connu. Certes, les exploits des combinés nordiques et des biathlètes dames sacrés aux Jeux olympiques de 1992 avaient mis en lumière le nordique, mais nous ne cherchions pas forcément la médiatisation. Aujourd'hui, le biathlon intéresse les médias, j'ai envie de dire : tant mieux ! On sollicite plutôt les sportifs sur des événements auxquels participent le personnel et des clients. Au printemps dernier, 600 personnes de l'entreprise ont fêté le retour des Mondiaux d'Oslo : c'était extraordinaire. Dans une entreprise, on croit beaucoup à la diffusion de ces valeurs qui font le succès d'un sportif, à savoir le dépassement, la prise de risques, l'opiniâtreté. Cette coopération montre qu'on a tout à gagner ensemble, y compris à travers la reconversion professionnelle des athlètes. Vincent Defrasne [directeur de la fondation Somfy, N.D.L.R.] en est un bel exemple.
Qu'espère un sponsor et que doit offrir en retour un athlète sponsorisé dans une société où la communication est partout, y compris, et surtout sur le Net ?
REGARDS CROISÉS
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Simon Fourcade On doit offrir une exemplarité, on se doit d'être
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Simon Fourcade Il y a beaucoup de similitudes entre ces deux univers. À travers des séminaires, des échanges, des conférences et d'autres temps de partage avec les partenaires, on voit bien qu'on œuvre dans le même sens, à savoir construire un projet solide, une équipe forte et aller vers la réussite. Jean Guillaume Despature Ce discours du goût de la performance et de la compétition, qui est un vrai moteur pour avancer, cette volonté de continuer à progresser, de ne pas être rassasié par les succès, me parle beaucoup. Ton frère Martin l'explique très bien, il a toujours faim
À Oslo, l'hiver dernier, Simon Fourcade porte les couleurs de Somfy.
rêver, qu'il nous permette de nous évader de notre quotidien. L'honnêteté et l'intégrité sont la clef de voûte de notre démarche partenariale, sans même parler du dopage, qui est évidemment
UN SPORTIF DOIT ÊTRE UN MOYEN DE RÊVER PLUS GRAND. Jean Guillaume Desparute, PDG de Somfy irréprochable sur ce qu'on peut transmettre. C'est l'élément essentiel. On doit aussi mettre en valeur la marque et répondre présent quand on est sollicité Jean Guillaume Despature J'attends d'un athlète qu'il nous fasse
un casus belli. Ensuite, en termes de sollicitation, nous réfléchissons à de nouveaux modes d'intervention propres à Somfy, comme notre Somfy Ski Challenge. L'humain et la confiance sont presque plus importants que la stratégie. On est 8 000 salariés à travers
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JEAN GUILLAUME DESPATURE 9 juin 1977 : Naissance à Lille Septembre 2006 : Voyage au Tibet et ascension du Cho Oyu (8 201 m) 18 juin 2008 : Naissance de sa première fille
SIMON FOURCADE
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ALAIN GROSCLAUDE/AGENCE ZOOM
25 avril 1984 : Naissance à Perpignan 1989 : Ses parents s'installent à la montagne Saison 2003-2004 : Deux titres de champions du monde juniors.
le monde. Ce partenariat et les valeurs véhiculées par les sportifs nous aident à entraîner tout le monde dans une même optique.
La statistique a fait grand bruit cet été : la moitié des 450 Français qui ont participé aux JO de Rio vivent avec moins de 500 euros par mois. Que pensez-vous de ce constat alarmant ? Simon Fourcade C'est alarmant, oui et non. Le sport reste, pour moi, avant tout une passion. J'ai la chance d'avoir un niveau, mais surtout de pratiquer un sport qui me permet d'attirer des sponsors et de bien vivre. Mais vivre de son sport ne doit pas être une finalité, selon moi. Si je n'avais pas de partenaires, je continuerais en faisant autre chose à côté. Pouvoir vivre de son sport n'a rien d'une obligation. Je ne conçois pas non plus le financement participatif pour payer la saison d'un athlète ; cela doit rester un outil
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pour des œuvres caritatives, pas pour un objectif personnel. Le sportif fait un choix de vie et, si sa pratique ne lui permet pas de vivre décemment, il doit faire autre chose. Jean Guillaume Despature C'est une question compliquée. Je regrette surtout l'écart financier énorme entre différents sports. Si on peut trouver un moyen pour aider ceux qui en ont besoin, tant mieux ! Mais, en effet, le sport doit rester un plaisir et une passion. Simon Fourcade Le biathlon plaît à de plus en plus de monde, tant mieux pour nous ! Mais je m'inquiète un peu en voyant des jeunes qui n'ont encore rien prouvé sur le circuit décrocher d'importantes aides financières.
Aujourd'hui, sans l'apport de partenaires personnels, les sportifs ne peuvent joindre les deux bouts. Le secteur privé doit désormais jouer un rôle majeur et s'impli-
quer : comment l'y encourager ? Jean Guillaume Despature : Le monde privé doit s'impliquer de plus en plus et sortir de sa propre activité. Les entreprises doivent reprendre leur rôle sociétal délaissé depuis longtemps. Une entreprise n'est pas seulement une machine à gagner de l'argent et à générer de la croissance. Elle doit donner du sens et s'impliquer pour rendre ce qu'elle a la chance d'avoir reçu par ailleurs. Pour que d'autres entreprises s'intéressent au nordique, il faut des résultats au plus haut niveau. Simon Fourcade Si on veut que les entreprises s'investissent dans le sport, synonyme de santé et bien-être, on pourrait aussi imaginer qu'elles bénéficient de quelques avantages pour leur permettre de le faire. On le voit très bien aux États-Unis, où les entreprises financent en très grande partie les équipes fédérales.
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’est la fin de l’été. Le soleil baisse avec les jours, entraînant avec lui motivation et entrain, réveillant les fatigues passagères laissées de côté. Donc c’est le moment de... manger des orties. Oui, l’ortie est une plante qui a mauvaise presse. Normal, elle pique, elle pue et elle pousse partout. Moi, je les accueille à bras ouverts (mais gantés) dans mon jardin, je les cultive et les engraisse à l’azote. Et pour lutter contre ce petit refroidissement mental et physique de début d’automne, voici la recette miracle de la soupe aux orties : S’armer de gants, de ciseaux et d’un peu de courage. Couper les jeunes pousses d’orties et remplir un saladier. Les laver un peu. Les mettre dans une casserole avec deux patates ou autres légumes (moi, je mets du brocoli et des courgettes
si je veux faire une soupe verte. Mais tout est permis !). Saler, poivrer, mettre un bouillon de légumes, si vous voulez. Faire cuire environ une demiheure. Mixer avec un peu d’huile d’olive, mais c’est facultatif, surtout en cette période d’affûtage. Manger. On peut rajouter un peu de pignons de pin dans le bol, ou des champignons d’automne, ou d’autres choses selon les goûts. Le truc bien avec les orties, c’est que ce n’est pas rancunier et que ça repousse inlassablement. On peut aussi les faire en pesto. Ou en tarte. Pourquoi les orties ? Parce qu’elles ont mille propriétés antifatigue, antivirales et tout le tintouin. Mais, en plus, ça a bon goût. J’aurais pu mettre aussi la recette du fondant au chocolat le plus facile à faire et surtout à manger. Qui a également mille propriétés pour le
temps, le rendez-vous est pris ! J’ai donc mis en place le programme « mince-ririe », qui se décline de cette façon : pesée du sac de viande (moi) à jeun et après l’entraînement, eau en abondance, sport en abondance aussi, et surtout, ne jamais ouvrir le garde-manger sans réfléchir. Pour ça, toujours avoir en pensée la montée d’Oberhof ou le sprint final d’Hochfilzen. Côté repas, je vais bien finir par me transformer en légume un de ces jours, puisqu’il paraît « qu’on est ce qu’on mange » (je choisis d’être une carotte ou une pomme). Petit-déjeuner protéiné et gras à base d’œuf, de jambon, de fromage, d’avocat et de noix, mais sans féculents. Déjeuner complet, mais toujours sans sucre rapide, avec un apport en féculent limité, remplacé par des légumes à volonté. Collation pas du tout obligatoire et même si possible à éviter - compo-
moral, et tout, et tout... Mais ça faisait moins pro. Balance, affûtage… parlons-en puisque l’automne fait partie de cette période noire où il faut commencer à penser « montées difficiles skis de fond au pied ». Adieu ô cacao, beurre, sucre et gâteaux. Je vous retrouve au prin-
sée de fruits, noix et chocolat noir. Dîner base végétarienne et légumineuses léger. Le tout en jouant évidemment sur la taille des portions. Tous ces efforts pour être léger au bon moment, en évitant la fatigue. Pas très simple, surtout pour les gourmandes comme moi... Inutile de préciser qu’il s’agit de MON programme « mince-ririe », à ne copier sous aucun prétexte sans avis préalable d’un spécialiste. J’essaie aussi d’amadouer en douce ma balance, en lui faisant miroiter vacances dans les îles, voyage sur la Lune ou concert de Johnny Hallyday... Mais pour le moment, elle reste incorruptible. Du coup, je change de méthode et lui annonce qu’elle ne pourra jamais faire de politique. D’après le slogan « il faut manger cinq fruits et légumes par jour », je me demande l’effet que peuvent avoir 10 fruits et légumes ?
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MARIE DORIN-HABERT
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Le programme mince-ririe
Marie Dorin-Habert, sextuple médaillée lors des Mondiaux de biathlon d'Oslo en 2016, est numéro deux mondiale.
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LA GRUYÈRE
LE GIBLOUX
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Un site plein d'NRGi
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Aussi loin que remontent les mémoires, le ski de fond a toujours été une affaire de passion dans le Gibloux (canton de Fribourg). De passion et de volonté.
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Entamée il y a plus de quarante ans par quelques irréductibles, l’aventure du Gibloux continue aujourd’hui à la sauce locale avec l’équipe de Nordic Région Gibloux (NRGi), une poignée de copains qui ont su contaminer une troupe d’enthousiastes, spécialistes du système D…
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« Bien sûr, nous sommes atypiques, mais tous les petits centres nordiques travaillent comme nous ! » JeanPhilippe Scaiola, bombardé président de Nordic Région Gibloux (NRGi) en octobre 2013, a beau jouer les modestes, il sait bien le chemin parcouru : « Il y avait trois centres à bout de souffle sur ce tout petit secteur et tout allait s’arrêter. Notre beau Gibloux allait être abandonné, ce n’était même pas envisageable. Ce sont les filles qui sont venues me chercher, je suis tombé dans un guet-apens et j’ai accepté. Ici, le site est exceptionnel, avec une vue sur les Préalpes fribourgeoises à couper le souffle. Et quand il y a de la neige, on se croirait en Laponie. »
AH LES FILLES ! Petite précision : à NRGi, les femmes tiennent une place prééminente. Au comité de direction, composé de six personnes, on en trouve quatre, ce qui fait de ce centre le plus féminisé de Romandie, un statut auquel tout le monde tient, en particulier Jean-François Rauber, figure locale et traceur émérite : « C’est Fabienne Morard et Erica Savary qui sont parties les premières, dès 2011, avec un projet personnel un peu fou, pour redynamiser la pratique du ski de fond. Elles se
Le site nordique du Gibloux totalise 23,5 km de pistes.
sont battues et elles ont fait un travail considérable. Quand elles nous ont proposé de créer une association pour lancer un nouveau centre, on a foncé. C’est bien de travailler avec elles. Au moins, les réunions se terminent toujours avec une tarte. C’est motivant ! » Boutade, mais pas que… Ces Walkyries de 44 et 43 ans sont avant
Neuchâtel Doubs
YverdonLes-Bains
Le Gibloux Bulle
Vaud ThononsLes-Bains
Friburg Montreux
Haute-Savoie
tout des travailleuses infatigables qui, un beau jour de l’automne 2011, ont pris le taureau par les cornes, en voyant que les centres locaux, chargés du traçage, battaient de l’aile : « Nous avions le projet de faire de l’initiation avec les écoles, on a proposé de reprendre le traçage, mais les responsables des centres ont refusé. Alors, nous avons lancé notre activité toutes seules ! » Elles louent un chalet, tracent leurs pistes : « Une petite bande suffisait pour l’initiation, mais il fallait faire rentrer de l’argent. Alors, le week-end, nous avons ouvert une petite buvette au Gros Prary. Rien que d’y penser, nos intestins se nouent… » Deux mois épuisants avec des scolaires la journée et des entreprises en soirée. Les samedis et dimanches, soixantedix personnes défilent. Aidées par
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les maris, les enfants et les amis, elles connaissent le succès. La saison suivante, elles repartent de plus belle, avec le soutien de Romandie Ski de Fond (organisme gestionnaire du fond en Romandie). Nouveau succès : 1 200 élèves fréquentent le fun park d’initiation. Les filles changent de chalet et décrochent un prix qui leur permet d’investir dans du matériel. Elles décident alors de créer une association et, le 8 octobre 2013, Nordic Région Gibloux naissait : « Notre objectif, c’était d'animer ce secteur et faire découvrir le ski de fond, en sortant du modèle compétitif. Des dizaines de familles ont découvert qu’elles pouvaient passer un dimanche après-midi agréable en faisant du ski
AVEC VUE SUR LES PRÉALPES
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e Gibloux, comment dire ? Ce n’est pas une haute montagne avec ses 1 204 m, plutôt une chaîne de collines qui marque le début des Préalpes fribourgeoises, à cheval entre les districts de la Glâne, de la Sarine et de la Gruyère. À 30 km de Fribourg et à peu près autant de Vevey, à cinq minutes de Bulle, la capitale de la Gruyère, il est devenu un haut lieu du ski de fond en Suisse romande depuis près de quarante ans. Ici, rien de gigantesque ! Nordic Région Gibloux (NRGi) gère avec inventivité le centre nordique. Les cinq parcours (circuit de Sorens : 2,1 km ; des Prary : 2,2 km ; de Chalet Neuf : 6,8 km ; de Maules : 4,1 km et de la Finlandia : 3,9 km) totalisent 23,5 km dans les deux styles, avec un giratoire où transitent quatre des cinq circuits et, non loin de là, des parcours raquettes (une vieille tradition au Gibloux). L’association vend près de 400 vignettes annuelles aux gens du secteur. Le reste des ressources provient des sponsors. La plupart des circuits se situe entre 900 et 950 m d’altitude, avec une pointe à 1 025 m à Sorens, mais le site attire les pratiquants avant tout parce qu’il est très accesErica Savary sible depuis Bulle, tout proche de l’autoroute A12, et qu’il ne comporte pas moins de six parkings, deux buvettes-location de matériel au Petit Prary et à Chalet Neuf et un restaurant-pizzeria à Sorens. Si l’on ajoute un site internet sympa et des webcams pour les pratiquants, si l’on précise que les circuits empruntent tour à tour des forêts et des prés, avec des vues exceptionnelles sur les Préalpes, et notamment sur le Moléson (2 002 m) d'un côté, et la ville de Gruyères de l’autre, on comprend mieux pourquoi il y a foule les week-ends. Une foule qui vient de plus en plus loin.
dans un environnement de rêve. » En un mois et demi, tout est prêt : emprunt, achat d’une machine, nouvelles pistes, recherche de sponsors, vente de vignettes… Avec, à la clé, une superbe saison !
Pwww.nrgi.ch
C’est vrai, depuis trois ans, l’initiation est l’une des marques de fabrique de NRGi. Des centaines de “gosses” de la région sont venus se faire les jambes sur des pistes tracées chaque jour, de la mi-décembre à la fin du mois de mars, ce qui constitue une forme d’exploit, les 23,5 km de pistes étant orientés sud-ouest. Conscient de la situation délicate du Gibloux, le président Scaiola se donne cinq ans pour faire le point. « Quand nous avons démarré l’association, en 2013, nous repartions de zéro. Beaucoup pensaient qu’on se casserait le nez. Mais la mayonnaise a pris. » Elle a même pris au point de devenir plus épaisse que la double-crème locale. Jacques Murith, 68 ans, ancien compétiteur, fut l’un des créateurs du
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CINQ ANNÉES DÉCISIVES
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MÉLANIE ROUILLER
LES FAMILLES ONT DÉCOUVERT QU'ELLES POUVAIENT PASSER UN APRÈS-MIDI AGRÉABLE.
Fabienne Morard et Erica Savary, chevilles ouvrières de NRGi. 83
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Marie-Jo Jordan
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NRGi a de gros atouts, c’est indéniable, en particulier une collection de bonnes volontés qui permet de faire des miracles et un bataillon de retraités qui ne comptent pas leurs heures : mécanique, charpente, menuiserie, administration, chacun a sa spécialité. Le site est un plaisir pour les yeux, avec cinq circuits entre 950 et 1 025 m d’altitude qui passent, tour à tour, de forêts en étangs, de prés en tourbières. Le tout à dix minutes de l’autoroute qui relie Vevey à Berne, et à cinq minutes de Bulle, chef-lieu de la Gruyère. Mais il a aussi des faiblesses, il lui manque 300 m pour être à l’abri des hivers sans neige et, ici, la météo est surprenante : plus de 100 journées enneigées en 2014, 80 en 2015 et à peine 40 l'hiver dernier. De quoi vous plomber le moral, d’où une réflexion dans l’air sur une éventuelle entente avec d’autres centres voisins comme la Villette ou les Mosses, qui servent déjà de repli pour tous les mordus locaux de fond. Mais ça, c’est encore un avenir qui reste à dessiner.
CARNET DE ROUTE
La Gruyère Tourisme Place des Alpes 26 Case postale 593 CH 1 630 Bulle Tél. : +41 (0)848 424 424 Pwww.la-gruyere.ch
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Ce petit bout de femme déborde d’énergie. Originaire de Vaulruz (Gruyère) où elle vit toujours, célibataire, et polygraphe à Fribourg de profession, Marie-Jo Jordan est tombée dans la marmite du sport quand elle était petite. Ski, vélo, course à pied… elle est de toutes les compétitions, mais ça ne lui suffit pas ! À 46 ans, elle entraîne aussi les gamins au foot et c'est l'un des piliers de l'association : « NRGi est avant tout une équipe de copains, c'était une idée folle cette association, mais si tu n'es pas fou dans la vie... » Et puis, Marie-Jo Jordan est aussi celle qui laisse chaque jour un petit billet sur le site de NRGi. Et ça plaît ! Nordic Région Gibloux cumule 11 200 visites par an, ce qui le place au huitième rang des 43 sites nordiques. Autant dire que Marie-Jo a ses fans : « Je suis heureuse que les gens aient du plaisir à venir lire quelques lignes le matin, c’est une touche de gaieté qui met de l’humour dans le quotidien. L’écriture est une de mes grandes passions. Lorsque l’on vient skier à la pleine lune, on ressent quelque chose de particulier, des émotions. J’ai envie de transmettre ces sensations. Cet endroit est plein de poésie et d’histoire, des gens sont morts ici skis aux pieds. C’est aussi pour ça que je suis dans l’association, il était impossible d’abandonner tout ça ! »
Jean-François Rauber Le traceur fantastique
Gruyérien pur jus, 57 ans, installé à Épagny, marié et père de trois enfants, Jean-François Rauber est aujourd’hui responsable des pistes et traceur pour NRGi. C’est lui qui, avec deux retraités de l’association, prépare, à raison de quatre heures quotidiennes, les pistes qui sillonnent le site : « Les cinq parcours traversent des endroits très différents, avec des plats, des bosses, des zones à l’ombre, dans les bois ou à découvert. Et nous avons une particularité : NRGi est le seul centre à avoir un giratoire aux Gurles, où passent toutes les pistes. Mais le traçage est compliqué, alors on travaille un jour à gauche et un jour à droite. Les gens se sont aperçus qu’on faisait du bon travail, ils viennent ! » Agriculteur toute sa vie, Jean-François a remis, voilà six ans, la ferme à son fils aîné pour devenir fonctionnaire, mais c’est vraiment le ski qui a ponctué son existence : « J’allais skier aux Monts de Riaz. Pour que j’obtienne des résultats en compétition, il aurait fallu que j’aille dans les Grisons, je ne pouvais pas à cause de la ferme. Mais j’ai organisé pendant 29 ans le Grand Prix de la Liberté, une course par équipes qui attirait les meilleurs. Le ski, c’est une passion, j’ai rencontré ma femme sur les pistes, sans quoi je ne me serais jamais marié… »
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TERRE NORDIQUE
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À 10 MINUTES DE L'AUTOROUTE
La muse du site internet
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centre nordique des Monts de Riaz, avec Laurent Haymoz et Franco Piller (il faut dire qu’à l’époque, il y avait une sacrée équipe de compétiteurs, avec notamment les frères Haymoz du SC Riaz). Tout en rendant hommage aux anciens qui ont mis en place le site nordique des Monts de Riaz, il se réjouit de cette continuité. « C’est beaucoup de travail et de défis dans des conditions climatiques difficiles. Pour que ça marche, il faut de la neige en novembre et en décembre pour attirer les compétiteurs, mais c’est de plus en plus rare. »
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Passage en douceur des couleurs automnales vers le blanc hivernal!
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Romandie Ski de Fond www.skidefond.ch 85
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Jacques Quastana
« 50 à 100 000 personnes sont attendues aux Tuffes » En 2020, le stade nordique de Prémanon doit accueillir les épreuves de biathlon, combiné et saut des Jeux olympiques de la jeunesse.
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u 10 au 19 janvier 2020, les Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) seront organisés par la ville de Lausanne. Ils se dérouleront conjointement en Suisse et en France. Sept sites sont concernés, dont le centre nordique des Tuffes, à Prémanon (39). En tant que préfet du Jura, Jacques Quastana, s'est vu confier l'organisation de ce rendez-vous planétaire pour le volet France. Entretien.
NORDIC MAGAZINE Quel rôle va jouer l'État français dans l'organisation des JOJ ? Jacques Quastana L'État français va jouer plusieurs rôles dans l'organisation de l'événement. D'abord, dans
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Jusqu'à mi-octobre, Jacques Quastana était préfet du Jura. Pour la France, l'organisation des JOJ revient au représentant de l'État dans le département.
la candidature de Lausanne 2020 qui a été présentée et défendue à Kuala Lumpur, à la session du CIO, figurait parmi les sept sites, le stade nordique des Tuffes, à Prémanon pour trois des épreuves (saut spécial, combiné nordique, biathlon). Dès l'origine, il s'agissait donc d'une candidature transnationale. Ensuite, le stade nordique des Tuffes est propriété de l'État. Il est partie intégrante du Centre national de ski nordique et de moyenne montagne (CNSNMM), établissement public dépendant du ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports. Enfin, l'État souhaite coordonner l'ensemble des initiatives des acteurs français, pour que nos partenaires suisses puissent dialoguer avec un unique interlocuteur.
Justement, quelles sont les attentes du comité d'organisation helvète ? Ils expriment déjà une première satisfaction, celle, je vous le disais, d'avoir, côté français, un unique interlocuteur. Par une lettre de mission du 8 janvier 2016, le secrétaire d'État aux Sports, Thierry Braillard, m'a chargé d'être, pour la France, le coordonnateur pour l'organisation des JOJ. C'est à ce titre que j'ai des relations suivies et régulières avec le comité d'organisation et les autorités cantonales. En juin, vous avez installé un comité de pilotage. Dans quel but ? Il réunit l'ensemble des acteurs
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français. Le monde sportif est représenté par le Comité olympique, la Fédération française de ski, le CNSNMM... mais aussi par les grands champions que sont Jason Lamy Chappuis, Vincent Gauthier-Manuel, Hervé Balland et Anaïs Bescond. Sont également présents les collectivités territoriales, les institutions d'État — dont l'Éducation nationale et l'administration des forces de sécurité (police, gendarmerie, douane) — et le monde associatif. Dans l'organisation des JOJ, ils vont intervenir aussi bien sur le volet “compétition” que dans la mise en œuvre du programme “culture et éducation”. Cela représente une quarantaine de personnes réparties dans plusieurs groupes de travail aux thématiques différentes. Nous avons aussi recruté un chargé de mission, installé en sous-préfecture de Saint-Claude, dont la fonction essentielle sera de suivre, au quotidien, la mise en place de ce qui est nécessaire pour la réussite des JOJ. Quels sont les investissements nécessaires à l'organisation des trois épreuves programmées sur le massif jurassien ? S'agissant des installations sportives, l'essentiel des modifications va porter sur la modernisation du tremplin, autrement dit sa reconstruction au standard nécessaire pour l'organisation des épreuves (HS 92). C'est notre principal investissement, le pas de tir étant aux normes. Évidemment, nous aurons à gérer
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Le stade nordique des Tuffes a déjà organisé des épreuves internationales.
des modifications périphériques, notamment pour recevoir le public dans les meilleures conditions. Au total, l'ensemble des travaux est estimé à six millions d'euros. Nous avons l'obligation d'être opérationnels en janvier 2020, en réalité d'être opérationnel dès 2019. Il n'existe aucune marge d'improvisation dans l'organisation d'une telle manifestation, nous devons organiser des compétitions qui
LE TREMPLIN DES TUFFES DOIT ÊTRE RECONSTRUIT POUR ÊTRE AUX NORMES.
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serviront en quelque sorte de tests grandeur nature. Connaissant les conditions météorologiques du Haut-Jura, nous prévoyons deux années de travaux. Notre échéance la plus proche consiste donc à lancer le processus avec le choix d'un maître d'œuvre, la commande publique, les permis de construire... La Suisse va-t-elle cofinancer ces travaux ? Ce n'est pas finalisé, mais le principe est acquis : la Suisse participera financièrement à la réalisation des travaux, de même qu'au fonctionnement de la période olympique. Évidemment, l'État français s'engagera de manière significative et les collectivités territoriales nous accompagneront. Les Jeux olympiques de la jeunesse ne comportent pas uniquement un volet sportif. À côté des épreuves sportives, les JOJ s'accompagnent d'une impor-
tante action d'éducation par le sport. L'un des enjeux consiste à mobiliser un grand nombre d'acteurs. À travers tout ce qui existe autour du CNSNMM, nous souhaitons réaliser cette ouverture vers la jeunesse, pas seulement celle qui participe aux compétitions, mais également celle qui vient y assister. Par exemple, nous pourrons nous appuyer sur l'Espace des mondes polaires de Prémanon. Les JOJ, ce sont 2 000 athlètes, 2 000 journalistes... Combien de personnes attendez-vous dans le Jura ? Entre les JOJ d'Innsbruck et ceux de Lillehammer, la fréquentation a progressé. Sur l'ensemble des épreuves norvégiennes, on a comptabilisé 250 000 personnes. L'affluence ne peut qu'augmenter. À Prémanon, je ne serais pas étonné qu'on accueille entre 50 000 et 100 000 personnes sur l'ensemble des sept jours. Il va falloir nous préparer à cela. 87
Robin Duvillard, lors de l'édition 2013.
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LA CLUSAZ AGENDA
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Mobilisation
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Annulée en 2014 faute de neige, l'unique étape française de la coupe du monde de ski de fond est très attendue, à la fois par les organisateurs, les athlètes tricolores et les fans de nordique.
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Cela a beau devenir une habitude, l’excitation reste la même à La Clusaz. Les 17 et 18 décembre prochains, la station hautsavoyarde accueillera, pour la huitième fois de son histoire, l’unique étape française de la coupe du monde de ski de fond. Deux cents athlètes de 25 pays différents sont attendus. Alors, après l’annulation de 2014, faute de neige, l'heure est à la mobilisation générale au pied du col des Aravis, où l'on entend organiser une grande fête. « Pour prendre les devants, nous avons décidé de stocker l’équivalent de 6 000 m3 de neige, ce qui représente environ un tiers de la piste. C’est une assurance. S’il n’y a pas de neige naturelle d’ici la mi-décembre,
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LA COUPE DU MONDE DE LA CLUSAZ Créée en 1987
8e édition Suisse
France
Haute-Savoie La Clusaz Annecy
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meilleurs tricolores LES FRANÇAIS Les par édition À DOMICILE 1987 15/5 km I 34 Dominique Locatelli 36 Isabelle Mancini 2004 15/10 km FT I 2 Vincent Vittoz 20 Karine Philippot Relais I 1 A. Rousselet/C. Perrillat/V. Vittoz/E. Jonnier Relais I 9 A. Storti/E. Bourgeois-Pin/K. Philippot/C. Storti 2006 30/15 km FT MS I 14 Vincent Vittoz 14 Karine Philippot Relais I 6 A. Rousselet/V. Vittoz/JM. Gaillard/E. Jonnier Relais I 10 E. Bourgeois-Pin/K. Philippot/C. Storti/C. Hugue 2008 30/15 km FT MS I 18 Vincent Vittoz 22 Coraline Hugue Relais I 3 JM. Gaillard/V. Vittoz/M. Manificat/E. Jonnier Relai I 8 K. Philippot/C. Bourgeois/C. Hugue/C. Storti 2010 30/15 km FT MS I 18 Benoît-G. Dufourd 22 Laure Barthélémy Relais I 11 M. Manificat/C. Miranda/BG. Dufourd/C. Perrillat Relais I 9 A. Jean/E. Bourgeois-Pin/L. Barthélémy/C. Bourgeois 2013 15/10 km FT MS I 29 Mathias Wibault 26 Aurore Jean Relais I 9 M. Wibault/JM. Gaillard/R. Duvillard/I Perriltat-B. Relais I 5 A. Jean/C. Aymonier/A. Faivre-Picon/C. Hugue
ILS ONT GAGNÉ
M. Bjoergen A. Poltoranin A. Vylegzhanin P. Northug Jr K-S. Steira
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2013
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annulation. La FIS décide d'annuler l'édition 2014 qui doit avoir lieu les 20 et 21 décembre. La neige n'est pas là. C’est finalement Davos qui reprend les épreuves.
LE PODIUM DES NATIONS Nombre 10 de victoires 2
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VIANNEY THIBAUT/STANKO GRUDEN/AGENCE ZOOM
2010-2013
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cela nous fera gagner des jours précieux de production. Et c’est non négligeable, compte tenu les températures que nous avons connues dans la station ces dernières saisons », détaille Stéphane Vittoz, le directeur du club des sports de la Clusaz. Au programme des deux jours, quatre compétitions : un skiathlon le samedi et un relais le dimanche (4 x 5 km pour les femmes et 4 x 7,5 km pour les hommes). Les adeptes du pas alternatif verront, d’ailleurs, leurs habitudes bouleversées sur la piste du plateau de Beauregard. « Nous avons modifié le parcours pour éviter la double poussée, explique l'organisateur. Les boucles ont également été revues, nous avons rajouté une montée qui casse le rythme. » Cette modification est arrivée jusqu’aux oreilles de Maurice Manificat, numéro 2 mondial des distanceurs [lire Nordic Magazine n° 19]. « Déjà que cette étape de la coupe du monde était hardu pour beaucoup d’étrangers, à cause de l’altitude à appréhender [La Clusaz se trouve à 1 500 m, N.D.L.R.], le rajout d’une difficulté rendra l’épreuve encore plus compliquée. » Ce qui n'effraie pas le Suisse Toni Livers : « L’altitude nous convient très bien, à nous les fon
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générale
AGENCE ZOOM
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••• deurs helvètes. Nous avons souvent obtenu de bons résultats à La Clusaz, car nous nous entraînons tout l’hiver à Davos dans des conditions similaires. » L’athlète de 33 ans [lire son portrait page 58] noue d’ailleurs une relation particulière avec la manche hexagonale. « C’est là que j’ai couru ma première coupe du monde à l’étranger en 2004. Je me souviendrai toujours de ce week-end », sourit-il. Il avait participé à l’individuel, puis au relais. « L’équipe de France s’était imposée le dimanche. L’ambiance était incroyable. À la fin de la course, les spectateurs couraient vers la zone d’arrivée. Notre dernier relayeur a dû se frayer un chemin. » Le 19 décembre 2010, lui et ses partenaires Dario Cologna, Remo Fischer et Curdin Perl emmenaient, pour la première fois, le relais suisse sur un podium en coupe du monde. Mieux, ils s’imposaient. « C’était un moment historique pour nous », se souvient-il. Maurice Manificat compte sur cette ambiance qui règne sur le site des Confins pour gagner en énergie. « Forcément, je suis très excité de courir devant le public français. Et puis La Clusaz, c’est une atmosphère particulière. Beaucoup d’athlètes étrangers prennent énormément de plaisir à venir ici. Tous les gamins des écoles viennent nous voir. Tous ces facteurs poussent à se transcender. » Les spectateurs français auront l'occasion de voir en vrai leur équipe nationale qui, la saison dernière, a offert une formidable exposition à la discipline avec ses résultats exceptionnels. « On sent que le sport est en plein essor, dans la foulée du développement du biathlon, relate Stéphane Vittoz. Maurice est le leader de cette belle équipe de France, mais que ce soit sur les épreuves longue distance ou sur le sprint, la France est de plus en plus performante. Nous sentons aussi que des jeunes en U23 sont prêts à prendre le relais. Il y a un gros potentiel. »
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400 BÉNÉVOLES
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Pour mettre en place ce grand barnum, près de 400 bénévoles sont mobilisés. « Au sein de cette formidable épopée, l’aventure humaine est la plus importante et la plus émouvante. Toutes ces personnes sont fabuleuses. Car, si on peut croire que cette organisation devient routinière, à chaque nouvelle édition, il y a un nouveau challenge et ils nous aident tous à la mettre en place », complète Stéphane Vittoz. Chaque jour, 10 000 à 12 000 spectateurs seront attendus dans la station des Alpes. Et malgré la popularité grandissante du ski de fond, l’épreuve de La Clusaz souhaite rester accessible. Les spectateurs n’auront pas besoin d’un ticket pour accéder à la piste. Seule l’entrée aux tribunes sera payante. Une politique qui sera, tout de même, amenée à évoluer au fil des saisons. « Nous organisons des événements qui attirent les meilleurs fondeurs du monde. Cela reste quelque chose d’unique en France, détaille le directeur du club des sports. Le public paie pour aller voir du football, même pour de la troisième division. Alors pourquoi ne pas faire payer ? Cela mettrait un peu de beurre dans les épinards. » Pour Damien Duport, responsable de la communication de La Clusaz, l’événement est une formidable occasion de faire parler de la station. « À travers les directs télévisés diffusés en Allemagne notamment, cela offre une belle visibilité. »
WORLDLOPPET
Chez Louis II de Bavière H
uit épreuves composent le calendrier 2016-2017 de la prochaine FIS Worldloppet Cup. Cette coupe du monde des longues distances débutera en France à La Foulée Blanche le 15 janvier. Une seconde épreuve aura lieu dans l'Hexagone, le 12 février. Il s'agit de La Transjurassienne. Les incontournables Dolomitenlauf, le 22 janvier en Autriche, Marcialonga, une semaine plus tard en Italie, ou encore Engadin Ski Marathon, le 12 mars en Suisse sont au programme. À noter l’arrivée de l’Allemande König Ludwig Lauf. Cette course qui traverse les terres du château de Linderhof, le préféré de Louis II de Bavière, avait été victime d'une mauvaise météo l'hiver dernier. Pas moins de 5 000 coureurs sont attendus dans la région d’Oberammergau. Le 8 avril, l'Ugra Skimarathon, en Russie, fermera le ban. L'hiver dernier, c'est un Suisse, Toni Livers, qui a remporté le
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CRÉDIT PHOTO : NILS LOUNA
classement général. Il avait justement fallu attendre sa victoire à l’Ugraloppet pour assister à son couronnement [Lire pages 58 à 60]. Sur le podium, il était entouré par Bastien Poirrier et Candide Pralong. Après seulement deux hivers d’existence sur le circuit, le team Gel Intérim - Rossignol réussissait à placer trois hommes dans le top 3. Membre du Haute-Savoie Nordic Team, Aurélie Dabudyk a, elle, dominé la coupe du monde des longues distances, devant sa coéquipière, l’Italienne Elisa Brocard. À noter qu'après douze années de mandat, l'Italien Angelo Corradini a quitté la présidence de la Worldloppet. Le Finlandais Juha Viljamaa, responsable du Lahti Ski Club, hôte des prochains championnats du monde de ski nordique, lui succède.
RDV SUR NOTRE SITE INTERNET hsnteam.com rubrique Club des Supporters
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La König Ludwig Lauf est une course longue distance de ski de fond qui se déroule en Allemagne à Oberammergau.
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LES TUFFES
PRÉMANON ÉTAPE 1
PEISEY LA SEIGNE
HÔPITAUX-VIEUX
PEISEY VALLANDRY
COL BAYARD GAP-BAYARD
ÉTAPE 3 2-3-4 DÉCEMBRE Ü Individuel CL 10 - 15 km Ü Individuel FT 5 - 10 - 15 km Ü Sprint CL
ÉTAPE 4
ÉTAPE 2 29 - 30 DÉCEMBRE Ü Skiathlon 5 + 5 km (dames)
21 - 22 JANVIER
11 - 12 FÉVRIER
Ü Skiathlon 5 + 5 km (dames)
7,5 + 7,5 (U18-U20) - 10 + 10 (Seniors) Ü Sprint CL
Ü Individuel 10 - 15 km Ü Poursuite 10 - 15 km
10 + 10 (U18-U20) - 15 + 15 (Seniors) Ü Sprint FT
COUPE DE FRANCE
Samse national tour : des courses à enjeux E
n ski de fond, la coupe de France s'appelle Samse National Tour. Durant l'hiver, elle est prise très au sérieux par les compétiteurs. « C’est la véritable porte d’entrée vers les circuits internationaux », explique Christian Frossard, responsable du développement du ski de fond à la Fédération française de ski. L'an dernier, le vainqueur du classement général chez les hommes, Jean Tiberghien, y est venu gagner, à plusieurs reprises, ses tickets d'entrée en coupe d'Europe. « Mon niveau en OPA n'était pas suffisant pour être sélectionné directement d'une étape à l'autre, et je devais systématiquement passer par la case coupe de France », décrit le fondeur de La Féclaz. Du 2 au 4 décembre, la première étape à Prémanon aura donc de l'importance pour qui voudra briller en OPA à Valdidentro la semaine suivante, et peut-être participer à la coupe du monde de La Clusaz. « C'est surtout les premiers week-ends qu'il faut être en forme », confirme Marion Buillet. La skieuse des Saisies sait qu'« il faut bien se préparer, pour ne pas passer à côté de la sélection. Certaines courses peuvent être décisives pour la suite de la saison. » En 2015, sa victoire à Bessans lui avait ouvert les portes de l'Alpen Cup. Elle était ensuite montée sur le podium à 92
Hochfilzen, puis avait signé plusieurs tops 10 européens. Au moment de prendre le départ, ils seront nombreux à être un peu anxieux. Revêtir le premier dossard de l'hiver n'est pas anodin. « J'ai toujours à cœur de bien réussir l'ouverture du Samse, ça me permet de valider la préparation pendant laquelle on a plus trop de repères par rapport aux autres concurrents », confie Camille Laude, qui a terminé premier des moins de 18 ans. Le 22 janvier, Peisey-Nancroix accueillera la troisième étape avec un skiathlon et un sprint en classique. Celui-ci servira de support aux championnats de France. La Team Poney sera présente au grand complet. « Quand tous les meilleurs prennent le départ, il y a une belle densité, et il est toujours intéressant de bien y figurer », estime Jean Tiberghien. « Les treize épreuves du Samse National Tour constituent autant de séquences de formation des athlètes La FFS et les organisateurs proposent des standards très proches du niveau international, précise Christian Frossard. La formation vaut aussi pour les organisateurs qui trouvent là le moyen d’acquérir davantage de compétences. » Enfin, l'Auvergne aura aussi droit à son temps fort avec la finale, organisée à La Stèle de la Tour d'Auvergne, les 18 et 19 mars. On connaîtra alors le classement individuel et celui par comité. Le circuit national, c’est en effet l’occasion de désigner les meilleurs coureurs français de chaque catégorie, d’établir une hiérarchie. Les clubs devront toutefois patienter jusqu'au samedi 1er avril, avec les championnats de France des clubs, pour être fixés. Plus de 500 compétiteurs sont attendus ce jourlà aux Saisies pour des épreuves de relais. Ambiance garantie !
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CHAPELLE DES BOIS
CHEZ LIADET MOUTHE
LA STÈLE TOUR D'AUVERGNE
FINALE
ÉTAPE 5
18 - 19 MARS
25 - 26 FÉVRIER
Ü Sprint FT Ü Individuel 7,5 - 10 km
Ü Individuel 7,5 - 10 - 15 km Ü Mass-start 10 - 15 - 20 km
COMBINE/SAUT AUTRANS
SAMSE NATIONAL TOUR 1
CHAUX-NEUVE
SAMSE NATIONAL TOUR 2
GÉRARDMER
SAMSE NATIONAL TOUR 3
COURCHEVEL
SAMSE NATIONAL TOUR 4
COURCHEVEL
SAMSE NATIONAL TOUR 5
11-12/12/16 27-28/12/16
7-8/01/17
18-19/02/17 18-19/03/17
Gîte d'étape et de séjour – restaurant ACCUEIL DE GROUPES STAGES SPORTIFS www.maison-montagnon.fr tel : 03.81.69.26.30
LA MAISON DU MONTAGNON
HS 60 / 5 km
HS 118-62-30 / 3-5 km HS 72 / 5 km
HS 96 / 5 km HS 96
(Catégories : U17 - seniors)
BIATHLON BESSANS
SAMSE NATIONAL TOUR 1
LE SAPPEY-EN-CHARTR.
SAMSE NATIONAL TOUR 2
LES CONTAMINES
SAMSE NATIONAL TOUR 3
MONTBENOÎT
SAMSE NATIONAL TOUR 4
MERIBEL
SAMSE NATIONAL TOUR 5
ST-LAURENT-EN-GR.
SAMSE NATIONAL TOUR 6
3-4/12/16 27-28/12/16
6-7-8/01/17
17-18-19/02/17 11-12/03/17
Sprint / Poursuite Sprint / Poursuite
Sprint / Sprint/Mass-start
Super Sprint / Sprint/Individuel Sprint /Mass-start
18-19/03/17 Sprint / Poursuite Championnats de France U19-U21
(Catégorie : U19 - U 21 - Seniors) 28-29 janvier : challenge national U14 à Gérardmer. 11 février : course nationale U19-U21-SE à Hauteville-Lompnes.
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Ski Tour Marathon : les dix épreuves L
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Des championnats de France en trois temps
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Cet hiver, les championnats de France de ski de fond se dérouleront en trois temps : le 22 janvier, le sprint aura pour cadre Peisey-Nancroix (lire par ailleurs). La compétition sera disputée puisque Baptiste Gros, Richard Jouve and Co prendront le départ. Deuxième étape à Bessans : les championnats de France de fin de saison, couplés uniquement avec le biathlon comme cela a été le cas il y a deux ans à La Féclaz, se tiendront du 24 au 26 mars. Chez les fondeurs, trois courses seront au programme : l'individuel libre, le skiathlon et le très disputé relais des comités en style classique. La saison se terminera aux Saisies avec, le samedi 1er avril, les championnats de France des clubs et, le lendemain, les championnats de France de longues distances avec, comme support, l’Étoile des Saisies. Enfin, notons que Chamrousse renouera avec les compétitions nationales en organisant la finale des championnats de France U16 les 11 et 12 mars.
b TRANS'ORGANISATION
e challenge national des courses longues distances débutera le 8 janvier avec le Marathon de Bessans. Il se poursuivra dans le Vercors, le 15 janvier, avec la Foulée blanche et retrouvera, une semaine plus tard, le Marathon de Font d'Urle qui, cette année, a changé de date, puisqu'il passe de fin décembre à fin janvier. Direction les Vosges, le 29 janvier, avec la Nordique des Crêtes, puis La Bornandine, le 5 février, qui intègre le calendrier. Lors du week-end Transjurassienne, ce sera La Transju'Classic, le samedi, qui sera prise en compte. 19 février, cap au sud avec le Marathon de la Clarée, avant une incursion en Auvergne avec le Marathon du Mézenc, dont ce sera la 34e édition aux Estables. Le 5 mars, la Traversée du Massacre est de retour, avant La Savoyarde qui, le 12 mars, servira de juge de paix. Après un remaniement important l'an passé, le règlement n'a guère évolué. Le volume de coureurs admis en première ligne sera plus restreint. À noter que le lien avec la Birkebeiner reste actif. Marion Colin et Olivier Coupat, lauréats en 2016, participeront donc à la mythique course norvégienne. La proclamation du palmarès se fera aux Saisies le 2 avril, en même temps que celle des championnats de France de longues distances. Le circuit 2018 est déjà en préparation. Une certitude, L'Envolée nordique et le le Marathon du Grand Bec feront partie du circuit.
Les meilleurs Suisses attendus à Val Müstair
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es championnats suisses de ski de fond se dérouleront comme chaque année en deux temps. Direction le val Müstair, d'abord les 14 et 15 janvier, puis les 24, 25 et 26
mars. La plus importante série de ski de fond suisse à laquelle participent des athlètes internationaux aura également lieu l’hiver prochain sous le nom du « Swiss Cup powered by BKW ». Les athlètes de Swiss-Ski peuvent se qualifier pour la coupe continentale par le seul biais de ces courses. La Swiss Cup sert surtout de préparation aux compétitions internationales. Elle débutera les 3 et 4 décembre dans le district de Conches qui, du 16 au 18 janvier, accueillera une coupe continentale. Elle se poursuivra dans le Val Müstair les 14 et 15 janvier, à Feutersoey les 4 et 5 février et Campra les 25 et 26 février. Retour dans le Val Müstair les 24, 25 et 26 mars, avant un KO sprint pour bouquet final le 1er avril à Langis. Les championnats suisses de saut et combiné se déroulent du 21 au 23 octobre 2016 à Kandersteg.
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LA BOUTIQUE EN LIGNE SPÉCIALISTE DU SKI DE RANDONNÉE NORDIQUE
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VISMA SKI CLASSICS
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’édition 2016/2017 de la Visma Ski Classics sera composée de treize longues distances, dont cinq font leur apparition dans le calendrier. La caravane prendra le départ le 27 novembre à Pontresina, en Suisse, lors d’un prologue individuel. Cette innovation permettra à chaque athlète de marquer des points. Le week-end suivant, La Sgambeda, à Livigno, en Italie, et ses 35 km marqueront le véritable coup d’envoi, avant que, début janvier, les coureurs ne quittent pour la première fois l'Europe. Ils prendront la direction de la Chine, plus précisément de Changchun, dans le nord du pays, pour disputer la Vasaloppet Chine. Retour en Europe ensuite pour la Kaiser Maximilian Lauf, à Seefeld, en Autriche, qui, l’hiver dernier, avait remplacé la König Ludwig Lauf privée de neige. L’Årefjällsloppet, qui aura lieu le 26 mars, marquait traditionnellement la fin de la Ski Classics. Cette saison, il y aura encore deux nouveaux événements en avril. Le premier sera le 50 km de la Reistadløpet (1er avril), qui traverse les paysages montagneux du nord de la Norvège. Départ Setermoen et arrivée à Bardufoss. Le second se situera en Finlande, où se disputera par conséquent la finale : le 50 km de la Ylläs-Levi dans la station Lappland de Levi (c’est d’ailleurs en plein centre ville que le vainqueur sera sacré) ne passera donc pas inaperçu. Au calendrier, on retrouvera encore la Diagonela à SaintMoritz, en Suisse, la Marcialonga à Toblach-Cortina, en Italie, la Jizerská Padesátka en République tchèque, la Vasaloppet à Mora, en Suède, et la Birkebeiner à Lillehammer.
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Un Tour de ski à Pontarlier C'est officiel : le ski-club de Pontarlier (CSRP) organisera la première édition du Tour de ski de la Ville de Pontarlier du 1er et 4 mars 2017. Trois épreuves très ludiques et spectaculaires seront au programme. Tous les âges seront concernés : de U10 à senior. PInformation : www.csrpontarlier.f ou damientissot.csrp@gmail.com
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RUKA I HS142 Q H RUKA I HS142 H RUKA I SPRINT CL HD RUKA I HS142 H RUKA I GUNDERSEN HS142 I 10 KM H OESTERSUND I RELAIS MIXTE HD OESTERSUND I RELAIS MIXTE SIMPLE HD RUKA I 15 KM CL H I 10 KM CL D RUKA I GUNDERSEN HS142 I 10 KM H
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À DÉFINIR I HS134 H I HS 100 D POKLJUKA I POURSUITE DH DAVOS I 30 KM FT H I 15 KM FT D À DÉFINIR I HS134 H I HS 100 D POKLJUKA I RELAIS DH DAVOS I SPRINT FT HD NOVE MESTO I SPRINT H ENGELBERG I HS137 H NOVE MESTO I SPRINT D ENGELBERG I HS137 H RAMSAU I GUNDERSEN HS96 I 10 KM H NOVE MESTO I POURSUITE DH LA CLUSAZ I SKIATHLON CL/FT HD ENGELBERG I HS137 H RAMSAU I GUNDERSEN HS96 I 10 KM H NOVE MESTO I MASS START DH LA CLUSAZ I RELAIS HD OBERSTDORF I HS137 Q H OBERSTDORF I HS137 H GARMIN PARTEN. I HS140 Q H VAL MUSTAIR I SPRINT FT HD
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WISLA I HS134 H SAPPORO I HS100 D VAL DI FIEMME I GUNDERSEN HS134 I 10 KM H RUHPOLDING I POURSUITE HD TOBLACH I TEAM SPRINT HD ANTHOLZ-ANTERSELVA I INDIVIDUEL H ZAKOPANE I HS140 Q H ZAO I HS106 D ANTHOLZ-ANTERSELVA I INDIVIDUEL D ZAKOPANE I PAR EQUIPE HS140 H ZAO I HS106 D CHAUX-NEUVE I GUNDERSEN HS118 I 10 KM H ANTHOLZ-ANTERSELVA I MASS START D ANTHOLZ-ANTERSELVA I RELAIS H ULRICEHAMN I 15 KM CT H I 10 KM CT D ZAKOPANE I HS140 H CHAUX-NEUVE I GUNDERSEN HS118 I 10 KM H ANTHOLZ-ANTERSELVA I RELAIS D ANTHOLZ-ANTERSELVA I MASS START H ULRICEHAMN I RELAIS HD WILLINGEN I HS145 Q H SEEFELD I GUNDERSEN HS109 I 5 KM H WILLINGEN I PAR EQUIPE HS145 H RASNOV I HS100 D SEEFELD I GUNDERSEN HS109 I 10 KM H FALUN I SPRINT FT HD WILLINGEN I HS145 H RASNOV I HS100 D SEEFELD I GUNDERSEN HS109 I 15 KM H FALUN I MST 30 KM CL H I 15 KM CL D
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Aussi
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En fin de journée, Clément Parisse, sur les Aiguilles de Frey. Le Haut-Savoyard a emprunté la voie de cendre du volcan chilien, le Calbuco.
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Fondeur de l'équipe de France, Clément Parisse est aussi à l'aise dans les parois verticales que sur les skis. Récit d'un mois d'aventure(s) sur les falaises de Patagonie.
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C'est à Puerto Montt que le trio d'aventuriers se regroupe. Quelque part dans le Chili austral. Le bourg, situé dans la région des Lacs, porte d'entrée de la Patagonie chilienne qui commence au niveau de l'estuaire de Reloncaví et s'étend jusqu'au cap Horn, est le point de rendez-vous de trois baroudeurs : Clément Parisse, Lucas Duperrex et Nicolas Bartalucci. Le premier, Mègevan, est membre de l'équipe de France de ski de fond, le second, Chamoniard, étudiant à Grenoble après un passé de skieur au comité du Mont-Blanc, et le troisième, Auvergnat, en formation de guide à l'ENSA. Ce dernier a été recruté… sur Internet. Sur le site du club universitaire d'escalade de Grenoble précisément. « Lucas est resté cinq mois au Pérou pour faire de l'humanitaire et il m'a proposé d'aller grimper pendant un mois en Patagonie. Du coup, on a cherché un équipier pour partager l'aventure… et le poids des sacs », explique Clément Parisse, sourire aux lèvres. Autant à l'aise sur les parois que sur les skis, le vice-champion du monde U23 du 15 km libre retrouve donc ses acolytes dans la province de Llanquihue, début avril 2015, pour profiter d'un climat agréable pour la grimpe. Après une première nuit passée chez un couchsurfeur, histoire de minimiser au maximum les coûts de l'expédition, les trois copains, une fois leurs sacs remplis de dix jours de vivres, consacrent la journée à rechercher d'essentielles bouteilles de gaz adaptables à leurs réchauds occidentaux !
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GRIMPE EN MUSIQUE
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Direction ensuite Cochamo, au Chili, qu'ils rejoignent en levant le pouce le long d'une piste qui contourne par le nord le volcan Calbuco et la réserve nationale Llanquihue. La flore est déjà dépaysante : résineux, ronces, mûriers, mousses qui pendent des arbres, plantes tropicales fleurissent sur le parcours qui les mène, via le spectaculaire sentier des canyons, au refuge de Cochamo.
Comme si les sacs de 40 kg n'étaient pas assez lourds, les randonneurs-grimpeurs ont emporté quelques instruments… de musique. Inspirés par les frères Favresse, des grimpeurs belges de très haut niveau mais un brin déjantés, Clément Parisse a emporté sa guitalélé, Nicolas sa guimbarde et sa whistle, une flûte irlandaise, et Lucas, un mélodica, sorte de piano à vent, ainsi qu'un fer à cheval trouvé lors de la marche d'approche avant d'arriver au camping de la Junta, pour les percussions ! De quoi repousser ses limites, ou tout au moins, « sortir de [sa] zone de confort », dans la bonne humeur. Avant de par-
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tir pour l'Amérique du sud, la joyeuse équipe avait repéré de superbes falaises… sur Google Maps. Le bivouac est installé sous un gros bloc non loin de ces parois tant attendues et redoutées. Tout autour d'eux, des murs de granite, de dalles compactes et lisses les toisent sur près de 1 000 mètres de haut. Vertigineux. Dans le ciel, le vol majestueux des condors et des vautours, et celui, plus rythmé, des colibris inspirent l'équipe qui trouve un nom à la voie qu'ils ouvriront bientôt : « L'envol des colibris ». Le premier jour de grimpe arrive enfin : « Il était temps car
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j'avais besoin de pratique », s'amuse le skieur, qui vient seulement de ranger les skis après de très populaires championnats de France à La Féclaz. Mais deux jours durant, de grosses pluies coincent le groupe sous le bivouac où les dérangeants rats sont piégés avec de la peau de saucisson au fond de bouteilles vides. Le saucisson est d'ailleurs l'apport en viande de repas parfaitement équilibrés : fajitas en masse, fromage, pâtes, riz, soupes lyophilisées et beaucoup de chocolat sont partagés entre les compères qui ont recours à pierre-feuilleciseaux pour l'attribution du rab… 103
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Nicolas, Clément et Lucas prennent la pose sur les Aiguilles de Frey.
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LES TROIS COPAINS PARVIENNENT JUSQU'AU SOMMET DU CERRO NOEMI WALWALUN, À PLUS DE 1 900 M D'ALTITUDE, APRÈS UN EFFORT INTENSE.
Avec le Cerro Noemi Walwalun pour décor, concert improvisé dans l'Anfitéatro, en attendant que les parois sèchent.
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LUCAS DUPERREX
La pêche au coup tentée avec un semblant de canne ne permit d'ailleurs pas de diversifier le contenu de l'assiette. Le lendemain, départ dès potron-minet pour une longue journée d'escalade. L'objectif du périple se dresse devant eux : une voie de 750 m en TD+ avec des passages en 6b et 6c pour les connaisseurs. Équipés de mousquetons, marteaux, pitons, friends, coinceurs, dégaines et autres big bro, les trois copains hissent leur corps et leur matériel via une impressionnante fissure surplombante. Gaz garanti. Ils parviennent jusqu'au sommet du Cerro Noemi Walwalun, à plus de 1 900 m d'altitude, après un effort intense physiquement comme nerveusement. Le casse-croûte pris au bivouac à… minuit recharge les batteries. La bougeotte reprend la troupe qui s'oriente vers Bariloche, en Argentine. Ils font escale dans cette ville de la province de Rio Negro avant de rejoindre la Piedra Parada, un spot réputé pour la douceur de son climat. « Mais, on a eu froid ! » Le décor n'a plus rien à voir : pampa, terrains vallonnés où volent de grosses touffes d'herbe, piste en terre au milieu d'un canyon, mais surtout un rocher beaucoup plus friable, donc plus dangereux pour qui y pose les chaussons.
UN VOLCAN EN ÉRUPTION
Cochamó, sommet du Cerro Noemi Walwalun à l'ouverture de l'envol des colibris.
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Depuis leur camping sauvage installé sous un arbre protecteur de la vallée de Chubut, les grimpeurs se régalent toute la semaine sur les parois. Et en profitent pour composer la musique qui accompagnera le film de leur aventure patagonienne, prochainement présenté dans les festivals de montagne et d'escalade. « C'est un fabuleux souvenir de cette aventure et une manière de donner envie aux gens d'aller au bout de leurs rêves », se réjouit le joueur de guitalélé. L'aventure se termine avec quelques jours sur les aiguilles de Frey, semblables à celles des Aiguilles rouges, mais dans un décor insolite : le volcan Calbuco en éruption envoie des volutes de fumée et nuages de cendres sur toute la région. « L'ambiance était étrange avec beaucoup de vent, ces flocons de cendres et ce décor typique de la Patagonie ». Des images à jamais gravées dans les esprits de ces grimpeurs amoureux de montagne et de musique.
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Clément et Nicolas, au sommet de la Piedra Parada, après avoir fait Sueño lento 6a en TA, 260 m, face Est de la Piedra.
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À Cochamó, marche d'approche pour le camping de la Junta.
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Les dernières heures à la Piedra Parada inspirent Lucas et son mélodica.
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Les garçons progressent dans El sexto elemento.
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Au Canyon de la Buitrera (Piedra Parada), Clément Parisse grimpe dans la Chimenea de los franchutes (la Cheminée des Français).
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armi toutes les savoureuses phrases de Winston Churchill, cette réponse faite à un journaliste reste peut-être la plus célèbre : « Quel est le secret de votre bonne santé ? — Le sport… je ne fais jamais de sport ! » Aujourd’hui, je ne vais pas vous faire l’éloge du sport et de ses bienfaits sur la santé. Plus rien n’est à prouver à ce sujet. On fait même du sport sur prescription médicale. Je ne parle pas du sport de haut niveau qui laisse toujours des séquelles après la carrière (Si vous pouviez me voir enfiler mes
ça a pu être le cas à Rio, il y a des disciplines qui ne m’intéressent pas particulièrement, avec des athlètes que je ne connais pas. Pourtant, en les voyant si investis et « possédés » par leur pratique, j’ai parfois éprouvé un sentiment confus. J'ai été impressionné par le courage et la détermination de ces athlètes, qui consacrent leur vie entière à leur sport. Sans concession. Mais, j'ai aussi été un peu triste et ému de voir que, parfois, tous ces efforts paraissent dérisoires et exagérés, pour une course qui risque d’être oubliée de tous, et ce, assez rapidement. Je me suis demandé ce qui pouvait pousser ces personnes à donner
permettait de me relier à ce qui est important pour moi, un paysage, l’effort pour avancer, une façon de vivre, des gens de caractère, le plaisir du geste. Peut-être que moi aussi, quand je monte une bosse, je veux montrer qui je suis et de quel bois je me chauffe. Et si le sport devenait un peu un symbole de « résistance » ? N’avez-vous jamais songé à montrer qui vous êtes ? Faites-le donc par le sport, ça pourrait marcher… Et pourquoi pas, par le ski nordique… Les premiers flocons sont déjà tombés !
Adieu Quentin…
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autant d’importance à tout cela. Certains plongent dans le sport comme on entre dans les ordres. Plus qu’un rythme de vie, cela devient un idéal. Finalement, je pense comprendre un peu leur façon de pratiquer le sport ; ils n’en font pas pour combler un vide, mais pour affirmer qu’ils sont bien là et prêts à tout pour défendre ce qui leur fait du bien. Et moi, homme des terres du Jura, je commence à envisager la chose… Et si le ski me
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chaussettes le matin, malgré mon jeune âge… enfin… j’ai dit que je ne parlais pas de cela !). Je veux parler du sport au quotidien, de notre activité de loisir, des petits footings du week-end et des grandes sorties à ski de l’hiver. Mais à quoi rime ce sport de nos jours ? Se pourrait-il qu’il représente quelque chose de plus grand que le simple bien-être de notre petite personne ? Ces derniers temps, je me suis gavé de sport : la quinzaine de RolandGarros, suivie du mois d’Euro de foot qui a monopolisé toutes les premières pages de journaux et écrans de télé. Puis, ça a été les trois semaines du Tour de France et, enfin, les JO de Rio ! Je vous accorde que c’est bien fait pour moi, si je tourne en boucle entre France télévisions et Eurosport ! Vous le savez, il y a des sports qui me passionnent et des compétitions qui m’offrent des émotions très intenses. Mais parfois, comme
Emmanuel Jonnier, ancien fondeur français, fait aujourd’hui partie de la “cellule glisse” de l’équipe de France.
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Le sport a beaucoup à nous dire...
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Les valeurs de l'excellence
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faire de
grandes choses Anaïs Bescond biathlète
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