Nouvelles N° 2173

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Jeudi 20 octobre 2016 - N° 2173 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

22 OCT. // 15H

DEVANT L'APPLE STORE 2 - 4 RUE SAINTE CATHERINE, BORDEAUX

AVEC LA PRÉSENCE D’

OLIVIER DARTIGOLLES

PORTE PAROLE DU PCF


ACTUALITÉ TRANSPORTS

GAUCHE

Pour le maintien de la gratuité !

Le rassemblement se cherche en Gironde

Le prochain conseil de métropole examinera la mise en place d’une tarification sociale dans les transports. Sujet à propos duquel les élus communistes appuieront la revendication des associations de chômeurs pour le maintien de la gratuité des transports pour les demandeurs d’emploi et allocataires de minimas sociaux. Lors du conseil métropolitain du 21 septembre, Lena Beaulieu avait déjà contesté la logique comptable qui consiste à faire payer aux usagers, même modestement, la mise en place du nouveau système de billettique. Un collectif autour d’AC ! et d’autres associations de chômeurs était en cours de constitution avec des actions à venir pour conserver la gratuité pour les plus démunis. « Sans aucune surprise, déclarait la conseillère métropolitaine communiste, je vous annonce que notre groupe ne votera pas cette délibération. Bien évidemment, vous ferez valoir la faible augmentation que représente cette nouvelle technologie dans la billettique de nos transport et, si nous n’étions pas dans une hausse continuelle des tarifs, nous aurions pu nous laisser aller à voter cette hausse. Mais cette nouvelle augmentation est surtout une logique, celle de toujours plus solliciter les usagers des transports, comme le fait l’État pour financer les investissements autoroutiers. L’argument est toujours le même, celui d’augmentations qui seraient quasi indolores pour le portefeuille de nos concitoyens. Mais quand on fait l’addition, il n’en est rien, cela devient même douloureux. Nous refusons cette logique de gestion qui, ici comme au niveau national, ne fait pas la preuve de son efficacité et qui, de surcroit, pénalise les usagers. »

CALAIS

Le démantèlement de la « jungle » validé par la justice Le tribunal administratif de Lille a validé, mardi, le principe d’un démantèlement rapide de la « jungle » de Calais. Le tribunal administratif de Lille a validé, hier, le principe d’un démantèlement rapide de la « jungle » de Calais, rejetant le recours formé par onze associations, qui critiquaient les modalités soutenues par le gouvernement. Dans leur ordonnance, les juges, saisis jeudi en référé-liberté, estiment que cette évacuation « ne méconnaît pas le principe de prohibition des traitements inhumains et dégradants ». D’après la justice, le démantèlement vise précisément à « faire cesser » de tels traitements. Concernant les centres d’accueil et d’orientation (CAO) vers lesquels vont être dirigés les personnes évacuées, le tribunal juge que l’État « n’a pas sous-estimé le nombre de migrants devant (y) être logés ». Enfin, sur le dossier crucial des mineurs isolés, le tribunal souligne que la préfecture s’engage sur « un accompagnement spécifique (…) pour assurer leur mise à l’abri immédiate ». Dans un communiqué, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a pris acte de cette décision qui « conforte le gouvernement dans sa démarche ». Il a reçu, de plus, le soutien de facto de plusieurs associations (Fnars, France Terre d’asile, Emmaüs Solidarité, Secours islamique, Aurore, Coallia, Groupe SOS) qui ont appelé, hier, à une évacuation « avant la période hivernale ». La date du 24 octobre reste la plus probable. Nous reviendrons sur ces questions dans nos prochaines éditions.

SAINT-ANDRÉ-DE-CUBZAC

Mobilisation citoyenne

Les riverains et la coordination cubzaguaise qui s'opposent au projet de parking « 500 camions » organisait un repas citoyen, le dimanche 16 octobre à 12h, chemin de Lombagne, face aux châteaux Capdebronne et Peneture, pour défendre leur cadre de vie. 2 • Les Nouvelles 20 octobre 2016

Forces politiques et citoyens avaient convoqué la presse ce 17 octobre pour présenter la démarche de rassemblement voulue localement pour « une alternative à gauche ». Une démarche qui veut trouver des déclinaisons locales et fixe un objectif : battre la droite, l’extrême-droite et dénoncer le bilan désastreux du gouvernement en place. « Nous ne voulons pas en rester là ! » C’est un peu le refrain qu’entonnaient les participants à la conférence de presse commune réunie ce 17 octobre, dans un bar de Bordeaux-Bastide. Autour de la table, les représentants d’organisations politiques, de collectifs de citoyens et des citoyens partageant le même but : le rassemblement en vue des élections législatives et présidentielle de 2017. « L’essentiel, résume Sylvie Justome, c’est de refuser la résignation à la situation actuelle. » Représentante du mouvement Nouvelle Donne dont elle a rappelé les « bons scores » électoraux, notamment aux élections départementales sur Bordeaux, elle explique : « nous avons participé à beaucoup de mouvements sociaux,

contre la loi Travail, contre l’Etat d’urgence, autour de Nuit Debout,… Maintenant, on veut prolonger tout cela dans le processus électoral. » Lui aussi très impliqué dans le mouvement syndical, l’écrivain Hervé Le Corre s’exprime en tant que « citoyen », « de ceux qui manifestent depuis des années sans apercevoir de débouché politique ». « Comme beaucoup de monde, j’ai été très enthousiasmé par la campagne du Front de gauche en 2012. Aujourd’hui je participe à toutes les initiatives qui visent à retrouver cette unité et cet élan. » Raison pour laquelle il avait signé l’« appel des 100 » lancé en mai dernier pour « favoriser l’irruption citoyenne pour construire l’alternative ». Alternative qui passe par la présidentielle autant que par les législatives : « Avoir un président, c’est bien. Avoir une majorité à l’assemblée élue sur des contenus clairs, c’es encore mieux », précise-t-il. Une philosophie que partageait Bernard Couturier, représentant du mouvement Ensemble !. « Avant le casting, nous voulons écrire le scénario », résumait-il en souriant. Pour Sébastien Laborde et le PCF girondin, il est aussi question de cohérence : « Au niveau national,

Pierre Laurent s’est adressé à toutes les forces de gauche pour que nous avancions ensemble d’abord sur les contenus. C’est ce que nous tentons de reproduire ici et que nous voulons faire circonscription par circonscription. Parce qu’il est urgent de rassembler toutes celles et ceux qui pensent qu’une alternative à gauche est possible. » Conclusion, le tour de table qui réunissait aussi un représentant du mouvement « Notre Primaire » et du courant Démocratie & Socialisme du PS (courant duquel est issu Gérard Filoche) ne porte pas de nom. Comme un mouvement qui se cherche et se construit par la nécessité. « Le bilan de la politique mise en œuvre depuis 4 ans est calamiteux et n’a fait que diviser la gauche. Maintenant, ceux qui affrontent la politique gouvernementale doivent se rassembler pour tenter de battre la droite et l’extrême-droite », lançait Sébastien Laborde. Avec cette feuille de route partagée, le collectif compte bien s’élargir, faire des émules dans tout le département et s’est déjà fixé un rendez-vous le 16 novembre pour une réunion publique à l’Athénée municipal de Bordeaux. Vincent Bordas

GRÈVE DES PERSONNELS DE LA MONNAIE

Pour la réintégration de Stéphane, licencié au retour d’un congé Crédit photo : Xavier Ridon

Depuis le lundi 10 octobre, le personnel de la Monnaie à Pessac est en grève pour exiger la réintégration d’un salarié (ouvrier d’État) qui a reçu, le vendredi 7 octobre, la notification de son licenciement considéré comme « totalement abusif » par ses collègues. Mercredi, 18 octobre, les salariés de l’Établissement de Paris se sont mis en grève, à leur tour. Lundi 3 octobre, Stéphane Lalanne, ouvrier de la Monnaie de Pessac, était convoqué par le directeur des ressources humaines en vue d’un licenciement, alors qu’il devait reprendre le travail le jour même, dans le cadre d’un retour de congé sabbatique de 11 mois accordé par la direction. « Le DRH a immédiatement interdit l’accès à l’usine à Stéphane, sans le moindre motif disciplinaire, explique Emmanuel Blayo, délégué syndical CGT… Au dernier moment, la direction lui dit qu’il n’y a plus de poste dans l’entreprise et veut le licencier. Mais jusqu’à 15 jours avant son retour, le poste était

occupé par un intérimaire. » Pour le syndicat, il s’agit d’une « manœuvre de dernière minute » qui se fait « au mépris de la loi et du code du travail ». Quand la direction évoque un « accompagnement » pour l’aider à mieux « rebondir professionnellement », c’est Emmanuel Blayo qui bondit, dénonçant le « cynisme » d’un « haut fonctionnaire qui a la garantie de l’emploi et ne connaîtra jamais le chômage ». D’après la CGT, c’est le parcours atypique du salarié que semble lui reprocher la direction. Stéphane Lalanne devient chimiste à la Monnaie de Paris avec un statut d’ouvrier d’État, après l’obtention d’un concours en 1997. « Il serait trop diplômé pour le poste mais c’est le cas de nombreuses personnes obtenant des concours de la fonction publique. On lui reproche aussi de faire des expériences dans d’autres établissements. Stéphane a travaillé à la Banque centrale européenne pendant 3 ans. Un congé sans solde lui avait été accordé pour cela. Mais au moment du renouvellement, la

direction de Pessac refuse le fait revenir et le rétrograde. De chimiste, il devient ouvrier. Trois ans plus tard, c’est la Banque centrale néerlandaise qui le sollicite, sur la base du travail qu’il avait effectué à la BCE. La direction autorise ce nouveau congé sabbatique et c’est au retour qu’elle le licencie. » La CGT, reçue à Bercy mardi matin, affirme qu’au ministère, on ne comprend pas non plus ce licenciement. Le syndicat espérait donc une intervention de Michel Sapin, ministre de tutelle de l’établissement. Si la solidarité est si forte autour du licenciement de Stéphane, c’est que climat général est déjà très tendu. « Il y a un climat de tension et même de terreur depuis l’arrivée du PDG Christophe Beaux, indique Emmanuel Blayo. Tout est paralysé. Personne n’ose prendre d’initiative tant chaque erreur est sujette à sanction. Tout le monde en a ras-le-bol, à Pessac comme à Paris. Il faut que le ministère mette les hauts-là. Le PDG préfère aller aux prud’hommes et payer mais si ce licenciement se fait, c’est une épée de Damoclès au-dessus de nos têtes. » La fédération départementale des travailleurs de l’État (FNTE-CGT) craint également que ce licenciement crée un précédent qui permette de remettre en cause le statut des 30 000 ouvriers d’État en France qui sont assimilés fonctionnaires. Christelle Danglot


ACTUALITÉ

Editorial

LES 8 DE GOODYEAR

Un procès de portée historique

Vivement la justice fiscale !

Les 19 et 20 octobre, 8 anciens salariés de Goodyear passaient devant la cour d’appel d’Amiens. En première instance, ils ont été condamnés à 9 mois de prison ferme pour une « séquestration » dénuée de violence, alors qu’ils se battaient contre la fermeture de leur usine. Un procès de portée historique. LA CGT a décidé de faire du procès en appel des Goodyear « un temps fort de sa campagne pour les libertés syndicales » et un rassemblement national. Dans un communiqué commun, la Confédération, l’Union départementale de la Somme, la CGT chimie et la CGT Goodyear ont appelé à la « mobilisation » et la « grève » les 19 et 20 octobre. Elles ont pointé la « forte responsabilité » du gouvernement « dans la criminalisation de l’action syndicale » et ont insisté sur la nécessité « d’être le plus nombreux possible devant le tribunal d’Amiens », pour dénoncer des « procédures judiciaires scandaleuses et

indignes d’une démocratie ». L’annonce était tombée comme une bombe le 12 janvier dernier. Huit anciens salariés de Goodyear Amiens (Somme) sont condamnés par le tribunal correctionnel d’Amiens à 24 mois de prison dont 9 fermes, pour avoir retenu deux cadres dirigeants début 2014. En plein conflit social, alors que les 1 143 salariés de l’usine vivaient depuis un an dans l’angoisse d’une fermeture prochaine, le directeur de la production ainsi que son DRH avaient dû passer 30 heures dans les locaux. Mais il n’y a pas eu la moindre violence physique, comme l’a reconnu d’ailleurs le directeur du site. Rarement des salariés défendant leur outil de travail ont été à ce point matraqués. Pour trouver des peines aussi lourdes que celles prononcées à Amiens, il faut remonter à la grande grève des mineurs de 1948, selon l’historien spécialiste des mouvements sociaux Michel Pigenet. La fermeture de l’usine d’Amiens a

laissé 1 143 salariés sur le carreau. À peine 250 auraient réussi à retrouver un emploi, selon les derniers chiffres donnés par la direction de la multinationale. Pierre laurent : « Je demande l’amnistie des militants syndicaux »

« Ce jugement est primordial pour le monde du travail, pour la liberté et la démocratie, pour le droit de défendre son outil de travail et l’emploi. Aujourd’hui, je renouvelle mon soutien, et celui des communistes, aux salariés de Goodyear. Dans ces temps où l’action syndicale est pointée du doigt, il faut défendre l’emploi et les droits des salariés, de ceux qui sont attaqués injustement, criminalisés pour avoir défendu leur emploi. Plus que jamais, nous lutterons contre la criminalisation de l’action syndicale. Je demande l’amnistie des militants syndicaux, ceux de Goodyear, comme ceux d’Air France, également menacés de lourdes condamnations. »

0,005 % D’IMPÔT EN FRANCE POUR APPLE !

Stop à l’évasion fiscale !

22 OCT. // 15H DEVANT L'APPLE STORE 2 - 4 RUE SAINTE CATHERINE, BORDEAUX

AVEC LA PRÉSENCE D’

OLIVIER DARTIGOLLES

PORTE PAROLE DU PCF

« Apple doit payer des impôts à la France ». La fédération de Gironde appelle à un rassemblement devant l’Apple Store de Bordeaux le samedi 22 octobre 2016 à partir de 15h. « Apple est décidément le champion de la fraude fiscale. Les ventes des vingt et un magasins du groupe en

France sont comptabilisées par une autre filiale que Apple France : Apple Retail, enregistrée à Cork en Irlande, où la fiscalité lui est plus favorable. Ce mécanisme permet aujourd’hui à Apple de ne payer que 0,005 % (!) d’impôts en France, quand la plupart des entreprises de notre pays doivent

payer 33 % d’impôts. Il est urgent de mettre fin à un tel scandale. Un scandale mondial, car Apple vient d’être condamné à rembourser 13 milliards d’euros à l’Irlande. Comme le font remarquer les frères Alain et Éric Bocquet, dont le livre Sans domicile fisc vient de paraître*, “ces 13 milliards d’impôts impayés par Apple au peuple irlandais correspondent au financement de vingt hôpitaux à 650 millions d’euros chacun !” » Olivier Dartigolles porte-parole du PCF sera présent lors de ce rassemblement et interviendra au nom du PCF.

Pour réformer en profondeur le pays sans passer par la case débat, la droite a (re)trouvé mieux que le 49-3 : le gouvernement par ordonnances ! Parce que les syndicats qui la ramènent, les manifs et les grèves, vraiment, c’est trop pour les 7 glorieux candidats de la primaire de la Droite. Au passage Coppé désigne la CGT comme syndicat de l’année, ses militants peuvent apprécier. Sûr que pour revenir aux 39h, à l’âge de la retraite à 65 ans, pour supprimer l’ISF, baisser (encore et toujours plus) les charges des entreprises, exploser nos systèmes de solidarité, la Sécu en première ligne, supprimer 300 000 postes de fonctionnaires, vendre 400 000 logements sociaux… Il vaut mieux ne pas demander l’avis des syndicats. La haine de l’autre distillée chaque jour, à tous propos, pénètre toujours plus en profondeur notre société où des individus mettent le feu à des centres d’accueil, des permanences de solidarité… Ces candidats qui jouent à la surenchère de l’idée la plus réac et font campagne à coup de slogan, sont aussi des incendiaires ; comme l’extrême droite qui détourne la colère populaire du combat à mener contre la Finance sur le racisme et le nationalisme ; comme ce gouvernement qui depuis 5 ans trahit les électeurs et tente de détourner l’attention sur des débats d’identité. Le député Nicolas Sansu dénonçait hier à l’occasion de l’examen du projet de Loi de Finances 2017 l’alignement « inconsidéré » de ce gouvernement « sur les exigences du capital financier portées par les traités européens » et « un transfert inédit de la fiscalité des entreprises vers les ménages ». « Si c’est ici le lieu de l’impuissance publique par rapport aux marchés financiers, il faut le dire », a ironisé le député du groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR). Dans l’Hémicycle, 31 amendements ont été déposés par le groupe GDR afin de « bâtir une nouvelle architecture fiscale » : « réhabiliter l’impôt sur le revenu », situé à 3,5 points de PIB en France quand il monte à 8 dans d’autres pays européens, baisser la TVA, refonder l’ISF, supprimer des niches fiscales et d’exonérations, interdire aux banques françaises d’opérer dans les paradis fiscaux, supprimer le CICE qui coûte 20 milliards d’euros à l’État, refonder l’impôt sur les sociétés de façon progressive selon le chiffre d’affaires et selon les bénéfices… Bref de quoi reprendre la main sur la finance, amener de la justice, du développement, de l’égalité… Alors oui, vivement la gauche, vivement la justice fiscale ! Et en attendant, allons rappeler samedi à Apple qu’il doit payer ses impôts, et rendre aux peuples l’argent qu’il leur vole !

Christelle Danglot Rédactrice des Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest

* Sans domicile fisc, édition Cherche Midi

Les Nouvelles 20 octobre 2016 • 3


LOGEM OFFICES D’HABITAT SOCIAL

Les fers de lance du droit à la ville Texte collectif paru dans l’Humanité du 4 octobre, 2016 Notre pays, et singulièrement la métropole parisienne, subit une crise du logement inédite depuis cinquante ans. Parallèlement, les ­logiques de ségrégation s’imposent et dégradent le quotidien des habitants. Enrayer ces dynamiques et reconstruire du sens et du projet pour la société et pour la ville passe par les offices publics de l’habitat. Exception française, les offices publics ne sont pas les instruments du « logement des pauvres » et le logement social est destiné au plus grand nombre. Bien que remis en cause – frontalement ou insidieusement –, c’est fondamental. Ses normes d’habitat, de confort ne sont pas au rabais. Bien plus qu’ailleurs, les logements sociaux sont suffisamment grands et confortables pour vivre des vies modernes. L’entretien des bâtiments, leur mise aux normes environnementales sont souvent mieux assurés par les bailleurs sociaux. Trop de villes savent les difficultés des « copropriétés de pauvres » ou des constructions pour placements défiscalisés… Les offices publics sont reconnus sur le terrain du logement. Mais ils sont sousutilisés pour leur impact social. Ils permettent pourtant la présence en cœur de ville de familles populaires. La métropole parisienne, une des plus grandes villes au monde, possède près de 25 % de logements sociaux. Cela participe à son fonctionnement et à son rayonnement international. C’est de ce grand mélange que naissent la culture et la créativité, qui sont si nécessaires en ces temps troublés. Il faut donc cesser de faire de l’improbable « tous propriétaires » un horizon. Il faut arrêter de mettre des plafonds aussi rigides qu’absurdes au nombre de logements sociaux par ville et par quartier.

Les offices sont des acteurs importants des projets urbains. Parce qu’ils sont pilotés par des élus et qu’ils intègrent la participation des habitants dans leur conseil d’administration, ils sont des lieux de démocratisation et de retour du politique. Quand un quartier doit se transformer c’est bien souvent l’office public qui, le premier, va investir le t­erritoire, avant les constructeurs traditionnels. Ils sont aussi des contre-feux à la spéculation foncière et immobilière qui abîme nos villes. Le logement public est un levier essentiel d’une politique d’égalité et de cohésion. Pour ces raisons, les offices d’habitat social doivent devenir les fers de lance du droit à la ville. Et d’abord en leur donnant les moyens de leurs missions. Il faut en finir avec la ruineuse politique de défiscalisation. Il faut remettre en question les politiques de surloyers qui ruinent les efforts de mixité sociale au sein des quartiers et des bâtiments. Il faut de nouvelles p­ olitiques foncières : les collectivités qui cèdent des terrains pour construire du logement social doivent être soutenues financièrement ; les baux emphytéotiques doivent se développer ; les domaines doivent cesser d’alimenter la pression foncière en évaluant les terrains toujours plus chers. Parallèlement, les offices doivent évoluer et se doter d’équipes pluridisciplinaires qui leur font souvent défaut. Pour jouer leur rôle, ils doivent se doter d’outils financiers, techniques et légaux partagés. Les offices doivent être soutenus pour remplir leurs missions : un logement pour tous dans des territoires de cohésion et de solidarité. Signataires : Patrice Leclerc, maire de Gennevilliers, Thierry Rosset, directeur général de l’OPH de Vitry-sur-Seine, M ­ onique Eleb, psychologue, sociologue, spécialiste de l’habitat, Catherine Tricot, architecte-urbaniste.

Locataires de Vilogia, photo Sud Ouest, 24 juin 2016 4 • Les Nouvelles 20 octobre 2016

AIDES

Livrets A et LDD pris en compte C’est officiel depuis dimanche, le patrimoine familial notamment les livrets d’épargne sont pris en compte pour le droit à l’APL dès lors qu’il est supérieur à 30 000 euros. Voici les nouvelles conditions pour le droit à l’aide au logement. Le décret-du-12-octobre-2016 relatif à la prise en compte du patrimoine familial dans le calcul de l’APL a été publié au Journal Officiel du dimanche 16 octobre 2016, malgré l’opposition de la CNL, de la CLCV et de nombreuses organisations de défense des locataires et accédants. Sont concernées toutes les demandes d’APL déposées ou qui le seront à effet du 1er octobre 2016. Cette mesure s’ajoute à celles déjà prises en septembre et en août qui restreignent l’accès aux aides au logement. Les mesures prises

- depuis le 1er août, l’APL (aide personnalisée au logement) également l’allocation de logement sociale (ALS) et l’allocation de logement familiale (ALF) sont calculées en fonction des

ressources ainsi que de la composition du foyer et, c’est nouveau, du montant du loyer (ou des mensualités d’emprunt pour les locataires-accédants). Ainsi le montant de ces allocations est diminué lorsque le montant du loyer est compris entre 995 € et 1 171 € en zone 1 (Paris et sa petite couronne), 638 € et 791 € en zone 2 (grandes agglomérations comme Lille, Bordeaux, Marseille, Rennes, Lyon etc.), 598 € et 741 € en zone 3 (toutes les autres communes. Les allocations sont supprimées quand le loyer dépasse 1 171 €, 791 € et 741 € selon la zone. - à effet du 1er octobre, les enfants des familles assujetties à l’ISF (impôt sur la fortune) ne toucheront plus d’aides au logement (APL, ALS et ALF). Par ailleurs il est tenu compte de la valeur du patrimoine familial pour l’attribution de l’APL. Ainsi tous les patrimoines détenant plus de 30 000 euros d’économie (livrets A, épargne logement, développement durable, populaire, indemnité de licenciement, résidence secondaire acquise par héritage etc.) sont pris en compte pour le calcul de l’APL. Toutes les familles sont concernées sauf les bénéficiaires de l’AAH (allocation aux adultes

handicapés) et les personnes âgées logées en foyer (EHPAD). Le seuil de 30 000 euros est appliqué à la somme de la valeur du patrimoine mobilier financier et de la valeur estimée de l’ensemble du patrimoine immobilier y compris les biens en indivision, à l’exception de la résidence principale et des biens à usage professionnel. Il s’agit de la dernière valeur connue figurant sur les derniers relevés bancaires reçus par le bénéficiaire de l’APL pour le patrimoine financier et la valeur locative figurant sur le dernier avis d’imposition à la taxe d’habitation ou à la taxe foncière reçu par l’allocataire pour le patrimoine immobilier. - depuis le 1er septembre 2016, les impayés de loyer ne privent plus les locataires d’aides au logement à partir du moment où ils sont de bonne foi. Précisons que la loi (décret du 6 juin 2016 d’application de la loi ALUR) entend par impayés de loyers : « toute somme due au bailleur au moins égale à 2 fois le montant mensuel du loyer brut hors charges lorsque l’allocation logement est versée au locataire ou 2 fois le montant mensuel net du loyer hors charge quand l’allocation logement est versée au bailleur. »

CNL : le gouvernement acte l’ « ISF des pauvres » La Confédération nationale du logement (CNL) dénonce la parution du « décret de rabot des APL » et s’inquiète des conséquences directes sur le quotidien des familles, notamment les plus modestes. La CNL appelle l’ensemble de son organisation à interpeller les députés pour s’opposer à la mise en place de cet « ISF des pauvres ». « Le projet de réforme du gouvernement pour réduire, une fois de plus, le nombre d’allocataires de l’APL est entré en vigueur. Cette mesure injuste et dangereuse aura des conséquences directes sur le pouvoir d’achat des ménages, déjà fortement touchés par la crise. Autre conséquence, les détenteurs d’un livret A pourraient être tentés de retirer massivement leurs économies afin de ne pas être pénalisés dans le versement des APL. Cela constitue une menace directe pour la construction de logements sociaux, une partie de leur financement étant issue de la collecte du livret A. » Face au risque de précarisation des ménages concernés, la CNL lance une campagne d’interpellation des députés, via l’ensemble de son organisation, afin qu’ils reviennent sur cette mesure dans le projet de loi de finances 2017. Les habitants sont également vivement invités à signer sa pétition sur Change.org, « APL rabotées, ça suffit ! »

VILOGIA BÈGLES

Un logement digne ? Pour tous ! En écho à leurs interventions auprès de la municipalité et de Vilogia, les élus-es Front de Gauche 1 de Bègles appelaient, dans le journal municipal de septembre, à soutenir la mobilisation des locataires. (extraits) « Le constat s’impose : les Béglais sont toujours confrontés aux problèmes de prix et de qualité, ainsi qu’au manque de logements sociaux [publics, à loyer modéré-NDLR] avec un recul de 2,3 %, de 2013 à 2014 2. Fin 2013/début 2014, le parc locatif, dont la ville était le principal actionnaire [géré par la Saemcib], appartements collectifs et terrains, a été vendu par la majorité municipale aux actionnaires privés de la SA Vilogia 3. Celle-ci s’était engagée à réaliser dans de meilleures conditions les opérations de rénovation, réhabilitation et de relogement. Trois ans après, ce bailleur n’a tou-

jours pas fait la preuve de son efficacité pour résorber le retard d’entretien des cités… De nombreux locataires paient loyer et charges pour un logement insalubre, compromettant leur santé, celle des enfants, comme nous l’avons constaté en juin dernier dans les cités Monmousseau, Maye-de-Bernet, Maurice-Thorez, Terres-Neuvas (…) où les habitants, abandonnés, se sont regroupés pour exiger la remise en état des bâtiments. Nous entendons leur colère et soutenons leur mobilisation qui doit encore grandir. La municipalité doit maintenant s’engager concrètement pour faire respecter leurs droits. En conseil municipal de juillet, notre groupe a de nouveau soulevé cette situation, et notamment la complaisance du comité de suivi municipal vis à vis de Vilogia. La métropole a adopté une programmation ambitieuse de logements locatifs sociaux pour la période 2016-2018. À Bègles des ménages

et personnes aux revenus modestes restent au bord du chemin. Avec eux, nous exigeons la rénovation des cités sans augmentation de loyers et charges, le remboursement des charges excessives par absence d’entretien, la production d’au moins 50% de logements sociaux et très sociaux dans toute construction 4. Nous nous opposons à leur vente dans le contexte actuel de pénurie. Face aux expulsions « silencieuses », la municipalité doit les interdire tant qu’un relogement n’a pas été acté. » 1. Christelle Baudrais, Christine Texier (PCF), Mamadou NIANG (PG) 2. En 2013, Bègles comptait 12 249 logements pour plus de 25000 habitants, dont 7 478 maisons et 4 687 appartements, et 5 945 locataires. 3 296 ménages sont locataires de logements publics HLM, soit 29%. 3. Seul notre groupe FdG avait voté contre, proposant de poursuivre les discussions auprès de bailleurs publics aquitains. 4. PLUS, PLAI, et augmentation de l’aide à la pierre par l’État


MENT SUR BORDEAUX-MÉTROPOLE

Le compte n’y est vraiment pas ! Le conseil de Métropole du 25 septembre a été l’occasion d’un débat sur le bilan du plan local de l’habitat (PLH). Odile Blein a donné l’appréciation du groupe communiste sur ce sujet et rappelé les urgences sociales auxquelles il faut répondre. « Ce bilan offre des éléments d’analyse importants ; je veux saluer le travail conséquent réalisé par les services concernés à qui on demande beaucoup pour améliorer l’action de Bordeaux-Métropole dans le domaine de l’habitat. La synthèse qui en a été faite va dans le même sens qu’un récent rapport au bureau sur l’application de la loi SRU sur l’agglomération : la CUB a fait des efforts conséquents de production de logement social (augmentation du parc de 25 % depuis 2001) mais ceux-ci restent largement insuffisants au regard de la croissance de l’agglomération puisque le pourcentage de logements sociaux n’a au final augmenté que d’1% en

dix ans. Cet effort est de plus assez mal réparti puisque les trois-quarts du parc social de l’agglomération restent concentrés dans un-tiers des communes. Enfin, il ignore une population devenue prépondérante dans le centre de l’agglomération : la jeunesse, qu’elle soit étudiante ou salariée qui reste dans 9 cas sur 10 soumise aux règles du marché immobilier, ce qui ne manque pas d’aggraver les conditions de vie et d’étude. Ce bilan concorde par ailleurs avec les éléments déjà connus et qui tendent à montrer l’exclusion dont les familles modestes sont victimes : le territoire métropolitain est trop cher pour ces familles qui sont contraintes de s’éloigner. Ce phénomène provoque les fractures que l’on a déjà beaucoup décrites sur le plan social, environnemental et politique. En finir avec cette exclusion, c’est se donner comme objectif de répondre au besoin des habitants de la métropole qui, pour 70 % d’entre eux ont des revenus qui les rendent éligibles

T1 : 14 % T4 : 18 % T5 et plus : 3 % T2 : 33 % T3 : 32%

au logement social. C’est pourquoi nous pensons que l’objectif de production de 40 % de logements sociaux dans les constructions nouvelles est un minimum. Et nous retenons l’idée que les opérations 50 000 logements doivent être exemplaires. Il faudra donc aller bien au-delà de la règle des 3 tiers qui s’y applique aujourd’hui. Hélas, le gouvernement ne donne pas de signe tendant à insuffler un changement de cap. Les acteurs du logement social réunis cette fin de semaine à Montpellier ont dit sur tous les tons le scandale que représente le désengagement de l’Etat en la matière. Et la visite du délégué interministériel Thierry Repentin en Aquitaine cet été a laissé un sentiment étrange, particulièrement lorsqu’il semble se satisfaire de l’effort bordelais en matière de logement social alors que, comme le répètent avec raison les élus de gauche au conseil municipal de Bordeaux, la part de logements sociaux y augmente bien trop faiblement au regard des besoins.

Un mot pour finir sur un sujet d’actualité, celui des réfugiés que notre pays s’est enfin décidé à accueillir un peu plus décemment. Il n’en reste pas moins que le sort fait aux presque 200 demandeurs d’asile Sarahouis qui survivent toujours à l’ombre de la passerelle Eiffel est indigne. Et la timide solution proposée à Pessac ne peut être suffisante. Force est de constater que notre agglomération peine à répondre à l’urgence. D’après les chiffres évoqués dans ce bilan du PLH, plus de 2 000 migrants avaient composé le 115 en 2013. Si

on en croit ce rapport, les demandes d’hébergement d’urgence avaient progressé de 71 % entre 2012 et 2013 mais une sur deux était restée sans réponse. Ce n’est pas à la hauteur d’une agglomération que nous voulons tous accueillante. C’est, monsieur le Président, le sens de l’appel que avaient lancé dès le mois de juin la Ligue des droits de l’Homme, l’ASTI, RESF et Médecins du Monde. Nous soutenons tout à fait leur intervention et vous demandons de prendre des mesures dans ce sens. »

Le Bouscat

Une opération loin d’être irréprochable Odile Blein a porté un jugement assez sévère lors du dernier conseil de Métropole, concernant l’immense opération en cœur de ville du Bouscat. Une intervention qui prenait appui sur la campagne “On fait quoi ? On attend quoi ?”, lancée par la fondation Abbé Pierre. « Nous ne pouvons que regretter que des opérations d’une telle qualité ne soient pas vraiment irréprochables en matière sociale. En effet, nous avons bien noté que 150 logements sociaux du secteur seront réhabilités et nous nous en félicitons. Mais nous constatons surtout que seuls 27 % des logements nouvellement construits seront des logements sociaux contre près de 60 % de logements aux prix d’un marché de l’immobilier encore en proie à la spéculation. C’est-à-dire les proportions inverses de ce qui conviendrait pour être en adéquation avec les revenus des ménages habitant l’agglomération. Une fois encore, nous nous retrouvons pour notre part dans l’interpellation de la fondation Abbé Pierre qui bat le “rappel” sur le thème “On fait quoi ? On attend quoi ?”. Soyons clairs, Bordeaux Métropole n’attend pas et fait des choses. Mais c’est encore très en-deçà des besoins sociaux. Voilà pourquoi nous continuons d’exiger que les proportions de logements sociaux soient bien plus élevées dans les grandes opérations comme celle-là. Et pourquoi aussi nous réitérons la demande que l’agglomération bordelaise se porte candidate à l’expérimentation de l’encadrement des loyers. Mesure à propos de laquelle les promoteurs immobiliers n’ont pas manqué de produire des études peu flatteuses. Nous pensons pour notre part qu’avec une politique publique volontariste et d’accompagnement fort, elle ne peut que remettre au pas un marché qui contribue aujourd’hui à appauvrir et exclure. »

Infographies extraites de Photographie de la demande et des attributions en logement locatif social - Février 2016 - Données 2015 pour la Gironde. Étude réalisée par l’observatoire de l’habitat de l’a-urba (co-piloté par Bordeaux Métropole, le conseil départemental de la Gironde, la DDTM de la Gironde, le conseil régional d’Aquitaine et le Sysdau) avec la Conférence Départementale des organismes sociaux pour l’habitat de Gironde, à partir des données issues du Système National d’Enregistrement de la demande (SNE).

Les Nouvelles 20 octobre 2016 • 5


INTERNATIONAL ONU

COALITION CONTRE DAECH

Un nouveau secrétaire général L’offensive sur Mossoul est lancée attentif aux réfugiés progressent en direction de villages Antonio Guterres a été désigné la semaine dernière secrétaire général de l’ONU par l’Assemblée générale. Ancien président de l’Internationale socialiste, ex-premier ministre du Portugal, il était jusqu’en 2005 haut-commissaire aux réfugiés. Le prochain secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) aura au moins une cause à cœur : la défense des réfugiés. Jeudi, l’Assemblée générale a nommé Antonio Guterres pour succéder à Ban Kimoon. Il prendra ses fonctions le 1er janvier. C’est déjà un fin connaisseur de la machine onusienne. Et pour cause, il a assumé de 2005 à 2015 la fonction de haut-commissaire aux réfugiés des Nations unies, un poste où il a pu travailler avec les autres agences. Et où il a pu être apprécié par certaines ONG. Celles-ci avaient d’ailleurs salué sa future désignation quand, le 6 octobre dernier, le Conseil de sécurité a décidé à l’unanimité de proposer son nom à l’Assemblée générale. Lors de son précédent mandat, il a permis au Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) d’exercer ses fonctions d’accueil, dans les pays

limitrophes des conflits, notamment en restructurant l’institution afin de permettre le déploiement des personnels sur le terrain. Il est intervenu dans le débat public, notamment européen, afin que « l’opinion européenne devienne favorable à l’accueil des réfugiés ». De même, il a, à plusieurs reprises, réclamé une relocalisation des migrants tant au niveau européen que mondial. Antonio Guterres n’est devenu un acteur international et diplomatique qu’après un passage sur la scène politique nationale portugaise, où son parcours a été moins progressiste. Venu des mouvements catholiques, il a été un militant socialiste. Il devient secrétaire du Parti socialiste en 1992. De 1995 à 2002, il a été premier ministre de son pays, menant des réformes néolibérales. En 1998, lors du référendum visant à légaliser le droit à l’interruption volontaire de grossesse, du fait des convictions conservatrices d’Antonio Guterres sur le sujet, le Parti socialiste portugais ne fait pas campagne, trahissant les féministes. De 1999 à 2005, il prend la tête de l’Internationale socialiste, à l’époque où les différentes formations progressistes européennes évoluent vers le social-libéralisme.

GRÈCE

36 députés européens plaident pour un allègement de la dette Trente-six députés européens socialistes, verts et de gauche, dont treize Français, ont plaidé en faveur d’un allègement rapide de la dette grecque dans une lettre ouverte au commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici. « De toute urgence, la Grèce doit sortir du cercle vicieux de la récession et de la déflation » où elle est engluée depuis six ans, souligne ce texte. Les signataires sont des députés au Parlement européen de dix pays de l’UE. « Tout retard supplémentaire en ce qui concerne l’ouverture de discussions concrètes et concluantes sur l’allégement de la dette pourrait avoir des résultats dévastateurs sur l’économie grecque », mettent-ils en garde. Invoquant un « consensus parmi les économistes reconnus au sujet du caractère non soutenable de la dette grecque », ils rappellent que ce dossier est au centre d’une dispute entre les deux bailleurs de fond du pays

surendetté, le FMI qui appelle à un allègement rapide et important et la zone euro qui traîne les pieds sous pression allemande. « L’incertitude qui résulte de ces différends entrave la reprise grecque », jugent-ils, appelant à la mise au point, d’ici fin 2016, « d’une feuille de route claire pour l’allégement de la dette grecque », qui caracole à près de 180 % du PIB. À l’issue de la dernière réunion le 10 octobre des ministres européens des Finances, Pierre Moscovici avait souligné qu’il espérait obtenir, « d’ici la fin de l’année, un accord global » sur la marche du redressement financier grec qui permettra d’« aborder la question de la dette ». Mais le geste substantiel réclamé par la Grèce en échange de ses efforts pour se conformer aux demandes de ses créanciers pour plus d’austérité et de libéralisation de l’économie se heurte à l’intransigeance de l’Allemagne, qui renvoie un règlement de fond après les élections qu’elle organisera fin 2017.

Lettre et signataires à télécharger sur :

www.humanite.fr 6 • Les Nouvelles 20 octobre 2016

Les forces irakiennes ont lancé ce lundi l’offensive pour reprendre la ville de Mossoul, capitale dans la zone de Daech. Si l’issue de la bataille fait peu de doutes, l’après reste très incertain, principalement du fait des nombreuses forces étrangères en présence. Et les 1,5 million d’habitants de Mossoul vivent dans cette angoisse. L’ONU a d’ailleurs exprimé sa « préoccupation », rappelant que « les familles sont exposées à un risque extrême d’être prises entre deux feux ». D’autant plus que les djihadistes ne rechignent pas à utiliser des civils comme boucliers humains…

internationale très élargie suit. « Nous sommes confiants que nos partenaires irakiens vaincront notre ennemi commun et libèreront Mossoul et le reste de l’Irak de la haine et de la brutalité du groupe État islamique », a exprimé le secrétaire américain à la Défense, Ashton Carter. Les Américains, Français, Britanniques et sans doute des monarchies du Golfe ont amplement bombardé la ville dimanche pour préparer l’offensive. Les troupes au sol devraient, dans un premier temps, se borner à encercler la ville, avant le début de violents combats de rues… Près de 4 000 djihadistes seraient dans Mossoul, lourdement armés.

Avant l’annonce nocturne du lancement de l’opération, l’armée irakienne avait indiqué avoir largué par les airs des dizaines de milliers de tracts sur Mossoul, dont certains donnant des consignes de sécurité aux habitants en prévision de l’offensive. La bataille a été depuis lancée, comme prévu, par une allocution officielle prononcée en pleine nuit à la télévision par le Premier ministre irakien Haider al-Abadi. « Le temps de la victoire est venu et les opérations pour libérer Mossoul ont commencé », a déclaré le Premier ministre. Les troupes irakiennes sont parties en première ligne et la coalition

Peur sur la ville

Mossoul est la deuxième ville du pays, située dans le Nord sur les bords du fleuve Tigre et peuplée majoritairement de musulmans sunnites. C’est d’ici qu’Abou Bakr al-Baghdadi, avait publiquement proclamé un « califat » sur des territoires en Irak et en Syrie entre 2014 et 2015. Pour le pouvoir irakien, il est fondamental que seules l’armée et la police irakiennes entrent dans Mossoul. C’est pourquoi les combats pourraient durer plusieurs semaines. Car outre la coalition occidentale, plusieurs camps sont autour de la ville. Les peshmergas sont là. Plusieurs milliers de combattants kurdes irakiens

tenus par Daech à l’est de Mossoul. Lundi matin, ils ont commencé à déployer des pièces d’artillerie sur les collines environnant la ville. Selon le commandement général des forces kurdes, la progression des Kurdes a été coordonnée avec les forces irakiennes fédérales qui progressent par le sud de Mossoul. Des soldats turcs sont aussi présents, officiellement pour apporter leur soutien. La raison première est qu’Erdogan, après avoir longtemps aidé Daech, refuse que les kurdes puisse profiter du siège de Mossoul d’une quelconque manière. L’Iran et des milices kurdes sont également sur place. Et des débordements sur les populations civiles de la ville sunnite sont redoutés.

Le risque d’une grave crise humanitaire

« Il existe une règle informelle selon laquelle aucune institution ne peut faire face à un mouvement de population de plus de 150 000 personnes à la fois », explique Lise Grande, coordinatrice humanitaire de l’ONU pour l’Irak. Avec 1,5 million de civils au cœur de la bataille, « nous allons littéralement vers la plus grande opération humanitaire dans le monde en 2016 », redoute l’ONU. Les civils fuyant Mossoul ne pouvant probablement rien apporter avec eux, les produits de première nécessité comme la nourriture, l’eau ou les vêtements devront leur être fournis. Le Haut commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR) espère pouvoir disposer de 11 camps d’ici la fin de l’année avec une capacité de 120 000 personnes, tandis que les autorités irakiennes pensent pouvoir en accueillir 150 000 dans d’autres camps. Cela risque d’être terriblement insuffisant car, selon l’ONU, un million de personnes pourraient être déplacées en quelques semaines. humanite.fr, lundi 17 octobre 2016

YÉMEN

Les États-Unis entrent dans la danse Plusieurs missiles ont été tirés samedi en direction de trois navires de guerre américains en mer Rouge, au large du Yémen. Plusieurs missiles ont été tirés, samedi 15 octobre, en direction de trois navires de guerre américains en mer Rouge, au large du Yémen. Ces tirs, sans dégâts ni victimes selon Washington, seraient le fait des rebelles chiites houthistes, soutenus par l’Iran. Mercredi, ces derniers avaient été l’objet de frappes

ciblées de l’armée américaine, qui se gardait toutefois de confirmer un engagement de ses forces au Yémen aux côtés de la coalition sunnite, menée par l’Arabie saoudite. Trois stations radars avaient alors été détruites dans la région contrôlée par les houthistes. Si les États-Unis fournissaient déjà la majeure partie des bombes et des drones à l’armée saoudienne, Washington était également impliqué dans le partage de renseignements et le ravitaillement des avions de combat saoudiens. Cette participation indirecte,

doublée des frappes de la semaine dernière, confirme l’engagement grandissant de Washington dans ce conflit. La coalition a en outre reconnu avoir commis une bavure en frappant il y a une semaine une veillée funéraire à Sanaa, faisant 140 morts. Au total, la guerre au Yémen a fait au moins 6 885 morts, 35 022 blessés, et déplacé quelque 3 millions de personnes depuis l’intervention de la coalition arabe en mars 2015, selon l’Organisation mondiale de la santé.


PCF

Après la restitution de la grande consultation citoyenne, « Que demande le peuple ? », le PCF a lancé une pétition qui s’adresse à l’ensemble des forces qui à gauche combattent la politique du gouvernement. Dans le même temps Pierre Laurent a écrit aux candidats et responsables politiques d’EELV, à Jean-Luc Mélenchon, à l’aile gauche du PS, aux forces du Front de gauche ainsi qu’au NPA afin que des rencontres aient lieu pour déterminer les conditions

d’une candidature unique des forces qui affrontent l’austérité. 5 jours après, près de 7 000 signatures de cette pétition ont déjà été recueillies sur internet. Les communistes sont invités à signer cette pétition à leur tour et à la diffuser très largement autour d’eux, soit par mail (lien de la pétition à télécharger : gironde.pcf.fr/92634), soit au travers d’une version papier (ci-dessous ou disponible à la Fédération du PCF 33). Ces pétitions sont à retourner au siège de la fédération (15, rue Furtado, 33800 Bordeaux).

Il s’agit de la proposer à signer et faire signer, très largement, aux adhérents du Parti, aux forces du FDG, aux militants syndicalistes et associatifs, à des élus, des citoyennes et citoyens qui refusent de voir triompher la droite et le FN aux prochaines élections, et veulent voir émerger un mouvement à vocation majoritaire pour porter au pouvoir une politique alternative. Cette pétition s’inscrit dans la même volonté politique de donner la parole aux hommes et femmes de gauche qui aujourd’hui sont désemparés et démobilisés. L’organisation dans les territoires de réunions publiques, Etats généraux pour définir avec les citoyens de quel député de gauche nous avons besoin, participent également de cette ambition. Sébastien Laborde, secrétaire départemental du PCF Gironde

PÉTITION DU PCF

Adressée aux candidat-e-s de la gauche d'alternative à la politique du gouvernement Il est temps d’arrêter la dispersion et la division de celles et ceux qui à gauche veulent vraiment proposer une alternative à la droite déchaînée, au FN menaçant et à la politique du quinquennat Hollande. Pour une France digne de son histoire, de ses valeurs humanistes. Pour gouverner sans trahir, sans se soumettre à la finance et au Medef. Un-e seul-e candidat-e et la victoire devient possible. Nous appelons tous les candidat-e-s de la gauche d'alternative à la politique du gouvernement à se rassembler pour construire une nouvelle majorité politique à gauche autour d'un ou d'une seule d'entre eux à l'élection présidentielle. Nom/Prénom : Adresse : Mail :

Tél :

Signature : À renvoyer au 15 rue furtado, 33800 BORDEAUX.

PCF MÉRIGNAC

SECTIONS DU PCF

Inacceptable Les élus communistes et Républicains s’associent à la population pour exiger la non-fermeture des bureaux de poste et refuser la réduction des horaires d’ouverture. Ils demandent au maire d’intervenir auprès de la Direction départementale de La Poste pour annuler ces décisions. « Le service public postal n’est plus ce qu’il était » dénoncent-ils dans un tract et une lettre ouverte au maire socialiste Alain Anziani. Les communistes joignant leurs forces à un collectif citoyen mérignacais, ils en étaient à plus de 1 300 signatures d’une pétition il y a 5 jours. Dans leur tract ils rappellent que La Poste est « devenue société anonyme en mars 2010, malgré une votation citoyenne qui avait montré l’opposition massive de la population à cette privatisation » et dénoncent une stratégie du groupe La Poste « à l’encontre des intérêts des usagers, comme de ceux des personnels ». Ils font le constat de « restructurations en cascade, fermetures de bureau, réductions des horaires d’ouverture, recours massif aux automates, une réduction du réseau postal dans le pays », et argument : « La Poste a bénéficié en 2015 de 350 millions du CICE, ce levier pour l’emploi aux dires du gouvernement », qui n’ont

Assemblées des communistes pourtant « pas empêché la suppression de 7 200 emplois en 2015 ». À Mérignac, ces choix se manifestent par la fermeture du bureau de Chemin-Long, de Montesquieu : le bureau serait repris par Carrefour Market. Pour le Burck : modification du statut. À Capeyron : réduction des horaires d’ouverture de 42h à 40h, fermeture à 17h30 au lieu de 18h. Mondésir : modification du statut. Arlac : réduction des heures d’ouverture de 9h au lieu de 8h30. Ce réseau est dominé par les « partenariats » avec pour l’une, un commerçant prenant le relais du bureau, pour un autre la grande surface du quartier, Carrefour Market. Ils interrogent : « Où est le service public répondant à l’attente de la population avec du personnel formé, qualifié pour accueillir les personnes âgées pour retirer leurs retraites, les recommandés ? Pour les commerçants et tous les professionnels qui déposent leurs chèques et envoient en nombre le courrier ? Pour les plus jeunes et tous ceux qui attendent le versement des allocations, le RSA ? » Ajoutant : « Avec cette logique, La Poste se débarrasse de certains bureaux pour les mettre entre les mains de certains commerçants dont l’activité est tout autre. À chacun son métier ! » Cette mobilisation qui enfle rejoint d’abord l’aspiration des citoyens au

développement des services publics comme le relèvent les résultats de la grande consultation citoyenne. Elle rejoint également celle des communistes de Villenave d’Ornon sur la disparition progressive d’un ensemble de services publics de proximité (Poste, hôpital, sécurité sociale, trésorerie, caf, carsat, etc.) et les batailles menées depuis longtemps dans les zones rurales par des collectifs de défense des services publics face à la désertification organisée. À vos pétitions ! Bureaux de Poste touchés par les restructurations avant fin 2016. Un tiers des effectifs supprimés (240 000 à 80 000 en 2 ans tout confondu). St Médard-en-Jalles Galerie marchande Leclerc (fin de bail) Eysines Migron ou Grand Caillou (en discussion – menaces sur L’un ou l’autre) Canéjan (fermeture) Gensac Ste Foy (définitif) Castets-en-Dorthe (définitif) Cerons - Martillac Transformation (agence communale ou autre) Bordeaux Cauderan Bel Air Bordeaux Wilson Blaye - St Christoly (Relais) St Aubin de Blaye (fermeture des agences)

Des assemblées générales des adhérents-tes de la Gironde se tiennent avant le conférence nationale du 5 novembre prochain. Bègles, vendredi 21 octobre, 18h30, au local de section, 12 rue du Prêche Rives de Dordogne, lundi 24 octobre Nord Gironde, Jeudi 27 octobre, 18h, salle de la Dauge à St-André-de-Cubzac Nord Médoc, Vendredi 28 octobre, 18h, salle de la mairie à Listrac Mérignac, Jeudi 27 octobre Deux-Rives, vendredi 4 novembre

Souscription

Ils ont donné un total de 1 092,63 €

Section Nord Médoc ; M. LAMAISON Cyprien, Le Bouscat ; M. GAI Christian, Yvrac

Je verse ……………………………… € (ma remise d’impôt sera de 66% de ce montant) Nom-Prénom ……………………………………………… Adresse …………………………………………………… ……………………………………………………………… Chèque à l’ordre de ADF PCF 33 Retournez à PCF - 15, rue Furtado - 33800 Bordeaux

Les dons sont limités à 7 500 € par personne Les versements ouvrent un droit à déduction de 66% du don dans la limite de 20% des revenus nets imposables. Ainsi, un don de 100 € permettra une réduction d’impôt de 66 €

DÉBATS ÉLECTIONS 2017

Appel à contribution Afin de faire partager les débats qui animent le parti communiste au sujet des élections 2017 et des propositions sur lesquelles les adhérents vont être amenés à voter, nous vous invitons à nous faire parvenir vos contributions individuelles, dans une mesure de 1 500 signes à transmettre au plus tard le 25 octobre. En fonction du nombre de retours, de la place et pour l’équilibre entre les différents points de vue, la rédaction des Nouvelles sera amenée à sélectionner et/ou synthétiser. Par contre, l’intégralité des textes sera publiée sur le site gironde.pcf.fr Les Nouvelles 20 octobre 2016 • 7


CULTURE & SOLIDARITÉ CASTILLON

ASSOCIATION DU SOUVENIR DES FUSILLÉS DE SOUGE

Invitation au devoir de mémoire Une nouvelle exposition pour agir contre l’oubli L’ARAC, association républicaine d’anciens combattants et victimes de guerre, le PCF section rives de la Dordogne, l’Association du souvenir des fusillés de Souge vous convie : le vendredi 21 octobre 2016, à 17h au monument aux morts devant la mairie de Castillon à nous souvenir de Camille Maumey, un enfant du pays, tombé sous les balles de la soldatesque nazie comme 50 de ces

camarades, le 24 octobre 1941 et d’Alain Domecq, fils de fonctionnaires de Castillon, fusillé pour faits d’acte de résistance, le 26 janvier 1944. Cette cérémonie dédiée à tous les résistants morts pour la France sera suivie d’un vin d’honneur offert par la municipalité. Francette Agostini

NORD-OUEST DE LA MÉTROPOLE

Quel avenir pour le cinéma dans le Médoc ? Les élus communistes d’Eysines, Véronique Jusot et Nicolas Ong, de Bruges, Lucie Belrain et Gérard Aynie, de Blanquefort, Jacques Padie, et du Bouscat, Patrick Alvarez, soutiennent les maires qui ont déposé un recours gracieux auprès de la Commission nationale d’aménagement commercial. « Les pouvoirs publics doivent en premier lieu garantir l’existence d’un réseau diversifié, de proximité et de qualité, déclarent-ils. Cette offre peut évoluer, mais la création de nouvelle salle et équipement cinématographique doit en premier lieu répondre à des préoccupations culturelles et sociales et non servir de faire valoir à une zone commerciale.

Les multiplex, ce sont des sortes de supermarchés du cinéma qui écrasent tout là où ils s’installent, avec une programmation univoque aux mains des gros distributeurs. Nous sommes opposés à toute ouverture supplémentaire de multiplex et à l’extension du multiplexe au Pian-Médoc. Cette extension favorisera la fragilisation de tous les cinémas de proximité du Médoc et du quadrant Nord Ouest de l’agglomération Bordelaise. Il contribuerait à dévitaliser les centres villes tout en augmentant le flux de déplacement. Le cinéma de proximité et de quartier permet une accession à la culture pour tous, il appartient à ce public. Il doit être préservé de la toute puissance des logiques financières. »

PHOTOGRAPHIES

La longue route des combattants marocains

« En passant près de la place Jean Moulin (cela ne s’ invente pas) au volant de ma voiture, j’ai pu observer silencieusement des personnes âgées alignées les uns à côtés des autres en oblique au milieu de la place, ils semblaient attendre quelque chose… Ils ne ressemblaient pas à des SDF ni à quoi que ce soit de connu de ma part… L’image de ces personnes apparemment âgées, assez insolite est restée gravée dans ma mémoire… Des Anciens combattants marocains ; ils attendaient qu’une association carita-

tive vienne leur servir un repas en plein hiver dans le froid ! » Voici la genèse du travail de Loïc Le Loët qui est exposé jusqu’au 29 octobre au 1er étage de la bibliothèque de Bordeaux-Mériadeck. Une belle galerie de portraits d’hommes blessés, usés mais droits sur leurs jambes. Collaborateur régulier de l’Humanité, Loïc Le Loët porte un regard humain et engagé pour ce travail réalisé avec le concours du réseau aquitain pour l’histoire et la mémoire de l’Immigration (RAHMI).

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0118 C 85932

8 • Les Nouvelles 20 octobre 2016

En marge et en appui de l’hommage rendu chaque année, depuis 1944, aux fusillés de Souge, l’Association du Souvenir 1 propose une nouvelle exposition 2 qui, au-delà d’un visuel rénové, entend faire vivre son objectif : « savoir, pour vivre ensemble ». Nous nous sommes rendus au bureau de l’Association pour en savoir plus ; il y avait là Dominique, Andrée, Claude, Pierre et Jean préparant les prochaines initiatives de l’Association tout en faisant vivre leurs propres souvenirs et recherches. En peu de temps, ils nous font toucher du doigt l’ampleur de leurs recherches documentaires et la profondeur des réflexions qui motivent leur engagement.

NBSO : Que raconte l’exposition sur Les 256 de Souge ? En 21 panneaux, l’exposition interpelle le visiteur en l’invitant à agir contre l’oubli pour s’intéresser à l’avenir. Elle retrace le contexte historique, dans lequel 256 hommes et femmes ont perdu la vie sous les balles de l’occupant, et se propose de rendre plus proches de nous ces victimes de la barbarie. Avec elle, les noms ont des visages. Cette exposition n’est pas nouvelle, mais elle avait besoin d’intégrer de nouveaux éléments issus de nos recherches. Elle sera complétée par un nouveau dépliant. L’Association la tient à la disposition des collèges, mairies, CE et tous ceux qui souhaitent la présenter.

NBSO : Comment est née votre association ? Dès 1944 est créé un Comité à l’initiative du PCF, de la CGT et des associations mémorielles d’anciens combattants et résistants. Il est élargi lors du procès Papon à la LICRA, le Consistoire israélite, la FSU et l’ANCAC puis en 2014 à l’AFMD, au groupe Honneur et Patrie de Charente Maritime et au Corps Franc Marc Nouhaux. Ayant pris le statut d’association pour s’inscrire dans la durée, cette dernière ne cesse de vouloir s’élargir pour être représentative de la grande diversité des fusillés. Si de 40 à 42, on compte de nombreux communistes et des syndicalistes CGT parmi les fusillés, mais aussi des gaullistes ou autres patriotes ; par la suite se sont ajoutés des hommes issus de toutes les composantes de la Résistance.

NBSO : Quelle importance revêt cette commémoration en 2016 ? Chaque année, nous entrons dans l’Histoire de ces heures sombres sous un angle différent. L’an passé dans l’intervention de l’association, le thème était celui de l’engagement des étrangers contre le fascisme en France à travers l’exemple de ceux qui ont été fusillés à Souge. La période 39-45 était caractérisée par une idéologie du rejet de l’autre, qu’il soit communiste, juif, tsigane, homosexuel, etc. Savoir cela, c’est donner des outils aujourd’hui à la population pour qu’elle comprenne à quelles aberrations cela a conduit. Par exemple, l’arbitraire nazi qui pouvait toucher n’importe qui et sa propagande contre le « terrorisme » conduisait à la défiance envers son voisin. Des familles ont ainsi vécu l’ostracisme. Il est important de comprendre à quel point le peuple français était perdu à l’époque. N’y a-t-il pas là une quelconque identité, par certains aspects (les émigrés par exemple), avec la période que nous vivons ?

NBSO : Qu’attendez-vous encore des recherches que vous menez ? Il est important de faire comprendre que ces martyrs étaient des êtres humains comme vous et moi, car cela permet de s’identifier à eux et de les rendre contemporains. Nous nous attachons à retracer le parcours qui les ont amenés à être fusillés ; or si nous avons pu collecter 93 % d’actes de naissance, pour certains nous ne connaissons même pas leur date de naissance, pour d’autres l’état civil est erroné ou nous n’avons aucune connaissance de leurs liens familiaux. Par ailleurs, certaines familles ont connu tardivement le passé résistant de leurs parents ou grands-parents. Il est moins difficile d’identifier les militants communistes locaux car on trouve des traces de leur engagement mais les Allemands qualifiaient de communistes tous ceux qui s’opposaient à eux ; là, il est moins facile de faire la part des choses, d’où l’intérêt de travailler avec les familles. Nous allons régulièrement consulter les archives à Caen pour en repartir à chaque fois avec de nouveaux éléments. Les interrogatoires de police sont également des sources d’informations, mais il nous faut les

confronter à d’autres pour en cerner la réalité. Nous nous attachons également à contextualiser la trajectoire des fusillés et à mieux connaître leurs activités de Résistance et l’histoire des différents mouvements. Par exemple, l’histoire des FTP en Gironde reste à écrire.

NBSO : Comment faites-vous vivre cette richesse documentaire ? L’activité de l’Association ne se limite pas à l’hommage rendu aux fusillés à Souge ou à la Bourse du Travail ; nous avons publié un livre 3 en 2014, nous répondons aux sollicitations des enseignants, nous participons au Rallye citoyen organisé chaque année par l’armée et l’Éducation Nationale. Nous organisons des visites au camp de Souge. Nous actualisons régulièrement notre site internet. Nous proposons également une exposition disponible à la demande. Propos recueillis par Jean-Jacques Bordes

1 - Nous ne saurions trop vous recommander la visite du site web de l’Association : fusillés-souge.asso.fr 2 - L’exposition sera visible sur le site de la cérémonie le dimanche 23 octobre puis à la Maison des Associations de Mérignac du 25/10 au 4/11 au soir 3 - Les 256 de Souge aux Éditions Le Bord de l’Eau

ANNONCES LÉGALES AVIS DE CONSTITUTION Il a été décidé de constituer une société dont les caractéristiques sont les suivantes : Dénomination : LES PLATANES II Forme : SASU Siège social : 105 Boulevard Georges Pompidou 33000 BORDEAUX Objet social : Bar, restaurant. Capital : 5 000 € Durée : 99 ans Président : M. RICAUD Jean-Paul, demeurant 4 place des Catalpas 33380 Marcheprime La société sera immatriculée au greffe du Tribunal de Commerce de Bordeaux Pour avis,

Il a été décidé de constituer une société dont les caractéristiques sont les suivantes : Dénomination : Taxi Bernard Forme : EURL Siège social : 7 impasse du Teinturier 33610 Canejan Objet social : Transport de personnes Capital : 3 000 € Durée : 99 ans Président : M. Bernard Motouo Toulou demeurant 7 impasse du Teinturier 33610 Canejan La société sera immatriculée au RCS de Bordeaux Pour avis,


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