Jeudi 17 octobre 2019 - N° 2329 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro
LA FRANCE DOIT GARANTIR LA SÉCURITÉ DU PEUPLE KURDE CONTRE ERDOGAN P.2 ET P.6
EN FINIR AVEC L’HUMILIATION DES AESH Une première victoire qui en appelle d’autres
ALIMENTATION
PCF
Manger sain pour tou·tes et pour la planète
Penser la place des femmes dans la ville
P.2
P. 4 et 5
P.7
ACTUALITÉ DIMANCHE 27 OCTOBRE 15H
EN FINIR AVEC L’HUMILIATION DES AESH
75e cérémonie d’hommage aux fusillés de Souge
Une première victoire à Eysines qui en appelle d’autres
Les Familles des Fusillés, l'Association du Souvenir des Fusillés de Souge, Jean Lavie (Secrétaire général de l'Association du Souvenir des Fusillés de Souge), Michèle Vignacq (ANFFMRFA), Roland Boisseau (AFMD), Alain Lagardère (ANCAC), Régis Saphores (ARAC), Stéphane Obé (CGT), Érick Aouizerate (Consistoire Israélite de la Gironde), Alain Reiller (FSU), Martine Dorronsoro (Honneur et Patrie 17), Sarah Bromberg (LICRA Bordeaux et Gironde), Monsieur Sébastien Laborde (PCF) ont l'honneur de vous inviter à la cérémonie annuelle dédiée aux Fusillés de Souge sur les lieux d’exécution à Martignas-sur-Jalle, dimanche 27 octobre 2019 à 15 heures, sous le haut patronage de : Fabienne Buccio, préfète de la Région Nouvelle-Aquitaine, préfète de la Gironde, Éric Poulliat, député de la Gironde, Alain Rousset, président du Conseil Régional de Nouvelle Aquitaine, Jean-Luc Gleyze, président du Conseil départemental de la Gironde, conseiller départemental du canton Sud Gironde, Patrick Bobet, maire du Bouscat, président de Bordeaux Métropole, Nicolas Florian, maire de Bordeaux, vice-président de Bordeaux Métropole, Alain Anziani, maire de Mérignac, Michel Vernejoul, maire de Martignas-sur-Jalle, conseiller métropolitain, Joël Le Cloitre, président de l'Union Départementale des Associations d'Anciens Combattants de Gironde, et des autorités civiles, militaires et religieuses. Cette journée sera placée sous la présidence du Général commandant d'armes, délégué de la place de Bordeaux. Déroulement de la cérémonie :
14h 30 - Accueil des familles, cheminement dans le mémorial, accompagnement musical, accueil des autorités. 14h 45 - Mise en place des porte-drapeaux. 15h 00 - Début de la cérémonie. Cérémonie des couleurs. Allocutions. Appel des morts. Dépôt des gerbes. Hommage aux drapeaux. 16h 00 - Salut - Remerciements aux porte-drapeaux. 16h 15 - Dépôt de gerbes à la 1ère enceinte. 16h 45 - Dépôt de gerbes au monument aux morts de Martignas. Un bus est organisé au départ de l’église de Bègles. Attention : Munissez-vous de l’invitation, en raison du plan Vigipirate, elle vous sera demandée à l’entrée. ÉNERGIE
Tous concernés par le projet “Hercule”
Toutes les fédérations syndicales du secteur de l’énergie appelaient les salariés du secteur à se mobiliser, ce jeudi 17 octobre, contre le projet “Hercule”. En Gironde, les organisations syndicales avaient prévu une grosse opération péage gratuit avec information aux usagers. D’après la ministre de la Transition écologique, ce projet serait le fruit d’une longue « discussion » entre le gouvernement et le président d’EDF, sous ordre du président de la République. C’est loin de satisfaire les organisations syndicales qui demandent où est prise en compte la parole des salarié·es, des usager·es ou encore des élu·es locaux. Quant au fond du dossier, les fédérations syndicales dénoncent un démantèlement des entreprises des Industries de l’Énergie et du Gaz (IEG). 2 • Les Nouvelles 17 octobre 2019
Pour la CGT, cela signifie la baisse de financement des activités sociales et la casse du statut. L’ organisation se réfère à des exemples déjà existants : « Il y a des inégalités de traitement entre les rémunérations, dont le seul but est faire voler en éclats le statut du personnel. Il n’y a pas de hasard, celle qui a détruit le statut des cheminots, quand elle était ministre des Transports, se retrouve être aujourd’hui, la ministre des électriciens et gaziers ? Nous parlons d’Elizabeth Borne ». « Electriciens ou Gaziers, actifs ou retraités, agents ou usagers, pour nos retraites, nos droits, nos conditions de travail, la sécurité et le prix de l’énergie, nous avons tous à perdre à laisser faire les projets Hercule et Neptune ».
Après 2 semaines de grève et une manifestation départementale devant le rectorat de Bordeaux le 9 octobre, les AESH (Accompagnants d’élèves en situation de handicap) l’EREA d’Eysines (Établissement régional d’enseignement adapté) ont obtenu un CDI qui, jusque-là, était refusé à deux de leurs collègues. Une victoire importante et qui en appelle d’autres pour en finir avec la maltraitance et l’humiliation. « Maltraitance », « humiliation », ces mots sont ceux du député communiste Sébastien Jumel à l'occasion de la remise de son rapport d'enquête parlementaire sur l'inclusion des élèves en situation de handicap à Jean-Michel Blanquer, ministre de l'Education nationale et Sophie Cluzel, secrétaire d'Etat en charge des personnes handicapées. Car la colère des AESH ne résonne pas qu’en Gironde. Absence de contrat, retard dans la paye, versement incomplet du salaire, problèmes d’affectation... Lorsqu’elles (ces emplois sont en très grande majorité féminin) entendent le ministre dire que la rentrée s’est bien passée, ça leur reste en travers de la gorge. Alors, fin septembre à l’EREA d’Eysines, appuyées par les représentants de la CGT Éduc’action, elles ont dit « stop ». « On est en grève depuis deux semaines, raconte Marie. La rentrée a été difficile, des collègues sans contrat, pas payés depuis un mois. La mutualisation prévue par la circulaire sur l’école inclusive nous oblige à accompagner plusieurs élèves avec des handicaps différents. Ça nous met dans des situations impossibles. On doit avoir 8 bras, 8 jambes. L’EREA est une école adaptée donc nous sommes 35 AESH, ça a permis de prendre confiance, de donner de l’ampleur au mouvement et d’avoir de l’écho par rapport aux collègues dans le reste du département. Hier, les profs nous ont rejoints sur le piquet de grève ». Ce mercredi 9 octobre après-midi, AESH, enseignants, parents sont rassemblés à l’appel d’une intersyndicale devant le rectorat de Bordeaux.
Franck Dole, de la CGT Éduc’action, rappelle les problèmes de cette rentrée, les raisons de la grève et la nécessité d’accorder enfin un vrai statut et un vrai salaire à ces salarié·es dont le travail est, depuis trop longtemps, méprisé par l’administration. Une délégation de l’intersyndicale est reçue en audience par le DRH et le secrétaire général de l’Académie, dans une annexe à Meriadeck. Une manifestation s’improvise pour l’accompagner. Entre deux slogans, pancartes en main, les mots se bousculent pour témoigner d’un quotidien fait de précarité, de petits boulots cumulés pour pouvoir vivre, d’un sentiment d’injustice, d’abandon, d’un manque total de reconnaissance. Stéphanie est AESH depuis 10 ans, dont les 6 premiers en CDD et une augmentation de salaire de 3 euros par an depuis qu’elle est en CDI. « Mais comme beaucoup de gens, lorsque je suis passée d’un contrat aidé à 750 € par mois à un contrat public, j’ai perdu 80 € par mois. » Marceline est en CDD depuis 5 ans : « Une collègue n’a eu que la moitié de son salaire du mois de septembre, on lui a dit qu’elle aurait l’autre moitié le mois prochain », raconte-t-elle. Nathalie a obtenu un CDI dans un collège au bout de 9 ans de précarité, elle gagne 800 € par mois pour un ¾ temps. « J’ai dû me battre pour faire 30h parce qu’avec 20h, ce n’est pas possible de vivre. Ce n’est pas un choix le temps partiel mais J’adore mon métier. J’ai eu de la chance pour le CDI mais certaines ont des coupures qui autorisent l’administration à les faire repartir sur des années de CDD. J’ai des collègues qui n’ont pas été payées. Elles ne peuvent pas manifester car elles sont souvent obligées d’avoir un autre travail à côté. Certaines font 30h payées 20h. » « On est des fantômes » dit Cécile, 11 ans de CDD en primaire et maternelle, 20h semaine pour 629 € par mois. Marianne travaille dans un lycée professionnel privé : « Quand je vais dans la salle des profs, on me demande si je cherche quelqu’un. Là-bas on est considéré comme des femmes de ménage, ils pensent qu’on fait ça parce qu’on a pas le choix mais
nous savons bien que pour les enfants et les parents nous sommes utiles, voire indispensables. Si on ajoute là-dessus le mépris de l’institution, c’est d’une grande violence. » « Chaque établissement ou administration interprète la circulaire sur l’école inclusive comme ça l’arrange, explique encore Catherine Amamou, représentante CGT du personnel à l’EREA. Là, on nous demande d’être mobilisable à tout moment, ailleurs on colle une obligation « d’information » un mercredi après-midi alors que tout le monde sait que les AESH ont souvent un deuxième boulot… »… « Lors de l’audience, les représentants du Rectorat sont bien en peine pour expliquer les cafouillages d’une rentrée qui met de très nombreux AESH en difficulté », raconte la CGT dans son compte-rendu d’audience. « La réforme Blanquer menée au pas de charge malmène également les services administratifs débordés par l’ampleur et la complexité de la tâche ». Mais le mépris ressenti d’être traité comme ça, avec tant de colère et d’amertume par les AESH, doit être pris en compte. Les AESH de l’EREA ont obtenu les CDI qu’elles réclamaient pour deux de leurs collègues. « Cette décision de la rectrice implique le droit à tous ceux, dans la même situation, d’y prétendre aussi, à savoir : 6 années de contrat AVS-AED valent pour l’obtention d’un CDI sans que soit considéré comme une rupture le fait d’avoir poursuivi son travail avec passage en contrat aidé », souligne le syndicat qui veillera à l’application. Une victoire à l’EREA qui permet aux AESH « de reprendre le travail la tête haute ». Au sujet des rémunérations et de la grille d’avancement des CDI, le rectorat annonce, d’après le compterendu de la CGT, « son application rapide et un rattrapage pour tous ceux dont l’entretien professionnel n’y fait pas obstacle ». Localement et nationalement, d’autres mobilisations devraient suivre. C.D.
ACTUALITÉ
Editorial
MOBILISATION
Soutien au Rojava 1 000 manifestants à Bordeaux
Il y avait des drapeaux, une forêt de drapeaux, des Kurdes en majorité, mais aussi ceux de quelques organisations progressistes françaises dont le PCF qui ne pouvait être absent de cette protestation face au crime d’Erdogan (lire page 6). Des femmes aussi, kurdes bien sûr, mais aussi celles engagées dans l’égalité femme/homme venues pour soutenir ces combattantes admirables qui démontrent que la démocratie ne peut aller sans l’émancipation féminine. Il s’agissait de dénoncer l’intervention armée de la Turquie au nord de
la Syrie et l’inaction de la France, de l’Europe et des Etats-Unis. Il s’agissait également d’interpeller les bordelais en leur rappelant que le peuple kurde a été en première ligne pour combattre l’état islamique (DAESH) et que l’agression d’Erdogan pourrait avoir comme conséquence de libérer un nombre conséquent de terroristes. À l’issue de la manifestation, Servane Crussière, au nom du PCF, lisait un communiqué exprimant entre autre que l’organisation « condamne cette criminelle agression et appelle les gouvernements de la France ainsi
que ceux de l’Union Européenne à sanctionner, par tous les moyens, la dictature d’Ankara. Le Conseil de Sécurité de l’ONU doit placer les Kurdes sous protection internationale. Le PCF appelle toutes les forces démocratiques à s’unir et à se rassembler partout où elles le peuvent pour stopper cette invasion et contraindre le tyran R.T. Erdogan à se retirer des territoires illégalement occupés au Kurdistan de Syrie ». J.J.B.
PROJET DE LOI DE FINANCES
Les robins des riches jouent la ruse Pour leur 3e budget, les macronistes ont fait des annonces en trompe-l’œil sur l’impôt et les niches fiscales. Ils prennent aux pauvres pour donner aux riches. Qui sont-ils ? Les membres du gouvernement et les députés de la majorité. Ils ont démarré hier à l’Assemblée nationale l’examen du budget pour 2020. Mais attention, après avoir fait face au mouvement des gilets jaunes l’an passé, les voilà qui jouent les filous. Les macronistes jurent avoir retenu la leçon et promettent que ce budget sera, pour de bon, celui du pouvoir d’achat. Ce serait dans ce but qu’ils veulent faire baisser l’impôt sur le revenu de 5 milliards d’euros. Problème : cette baisse ne bénéficiera pas aux plus modestes, qui ne paient pas cet impôt, et peu aux classes moyennes. Les 22 millions de Français qui touchent moins de 1 230 euros par mois (pour un·e célibataire) n’auront ainsi pas un euro de pouvoir d’achat en plus. Ils subiront par contre de plein fouet ce manque de 5 milliards d’euros qui n’ira plus alimenter les caisses des services publics et de la solidarité nationale. Dans le même temps, ceux qui gagnent, par exemple, plus de 6 500 euros (toujours pour un·e célibataire) paieront moins d’impôts. Les prestations sociales ne seront pas réévaluées
Curieuse façon d’assurer la « justice fiscale ». Surtout quand l’exécutif prévoit de ne pas réévaluer les prestations sociales par rapport à
l’inflation. Pour que ce ne soit pas trop gros – si c’est possible –, un geste a été concédé aux retraités qui ont moins de 2000 euros brut par mois. Leur pension sera indexée sur la hausse du coût de la vie au 1er janvier 2020. Ce qui est logique. Tel ne sera cependant pas le cas de ceux qui sont au-dessus de 2000 euros brut. Sans doute sont-ils trop aisés aux yeux du gouvernement, contrairement à ceux qui détiennent les plus gros patrimoines : des milliards d’euros vont à nouveau leur être offerts en 2020, avec la poursuite de l’impôt sur la fortune immobilière (IFI), en lieu et place de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF). Les gilets jaunes ont eu beau réclamer durant des mois le retour de l’ISF, peine perdue. Emmanuel Macron avait répondu que « c’est une réforme pour produire et pas un cadeau aux plus riches ». Tous les travaux réalisés depuis n’ont pourtant pas permis de montrer que la suppression de l’ISF sert cet objectif. Le dernier rapport du Sénat montre même que les gains réalisés ont été vers la consommation et l’épargne avant d’aller à l’investissement. Entre l’IFI et la flat tax, les 100 assujettis à l’ISF les plus riches ont gagné 1,7 million d’euros chacun avec la fin de cet impôt, en 2018. Ils se sont resservis en 2019, pour un montant non encore évalué, et repasseront donc à table en 2020. La perte annuelle pour les caisses de l’État tourne autour des 3,5 milliards d’euros. Il faut bien les retrouver ailleurs : Bercy veut donc réduire les aides personnalisées au logement
(APL) d’un milliard d’euros en 2020, soit 1 000 euros en moins en moyenne par bénéficiaire. Devant ces efforts répétés réclamés aux plus pauvres, l’exécutif explique que certains messages des gilets jaunes ont été en contrepartie entendus. Notamment sur les niches fiscales. Un premier montant, flatteur, a d’abord été présenté. La somme des niches fiscales devait passer de 99,4 milliards d’euros en 2019 à 90 milliards en 2020. Une baisse de 9,4 milliards d’euros en trompel’œil, puisque 9 milliards sont liés à la transformation du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (Cice) en baisse de cotisations pérenne. La diminution ne sera donc que d’environ 400 millions au final, avec la suppression de 58 « trous noirs fiscaux », selon l’expression du rapporteur général du budget, Joël Giraud (LaREM). Ces trous noirs sont des dispositifs dont les montants et l’utilité sont indéterminés, ce qui empêche d’y inscrire le Cice (dont seuls l’utilité est indéterminée, pour des montants connus et faramineux). Il signe d’ailleurs son retour, cette fois-ci en étant encore davantage gravé dans le marbre, toujours sans aucune condition. Son montant annuel tourne toujours autour des 20 milliards d’euros. Environ 130 milliards ont déjà été versés depuis 2013. Un pognon de dingue, pour un effet infinitésimal sur l’emploi. Aurélien Soucheyre, l’Humanité du 15/10/2019
Pendant qu’on stigmatise, la bête immonde progresse Il y a une semaine, après plusieurs mois de menaces, la nouvelle tombait comme un couperet : Trump décidait de retirer les troupes américaines du nord de la Syrie, ouvrant la voie au massacre des kurdes du Rojava par la Turquie d’Erdogan. Cette décision irresponsable, criminelle, et très critiquée, y compris aux Etats-Unis, a largement été condamnée par la communauté internationale dans les paroles. Mais, à ce jour, les forces armées turques continuent leur progression, tuant hommes, femmes, enfants, civils et militaires, sans véritable obstacle sur leur passage. Les kurdes de Syrie ont pourtant constitué, avec les forces arabes, la principale force armée, alliée de la coalition internationale, pour lutter contre l’Etat Islamique. Les protéger contre l’armée d’Erdogan, allié objectif des groupes terroristes depuis plusieurs années, est un devoir pour la communauté internationale, l’Union Européenne, et notamment la France. Pourtant, malgré tout ce que nous devons aux kurdes, notre gouvernement n’a toujours pas agi concrètement. Dans sa « lutte » contre le terrorisme, il semble, en effet, plus occupé à stigmatiser une partie de notre population du fait de sa religion et à pousser les Françaises-s à la dénonciation de leurs concitoyen·nes. Ces pratiques nous renvoient aux pires heures de notre histoire, à un temps, pas si ancien, où l’Europe, avec la France en tête, stigmatisait une partie de sa population du fait de sa religion et de son apparence, parce qu’elle représentait, soi-disant, un danger pour notre nation. Avec ces discours nauséabonds, le gouvernement ouvre la boîte de Pandore pour tous les fascistes et extrémistes de l’Hexagone. Un élu du Rassemblement National du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté peut ainsi se permettre de prendre violemment à partie, devant son enfant, une femme au seul motif qu’elle porte un voile. Et, plutôt que de condamner fermement le fait de s’en prendre à une femme du fait de son apparence et de sa pratique religieuse, le ministre de l’Éducation déporte, une nouvelle fois, le débat sur le port du voile, au nom de la défense des droits des femmes. La soi-disant défense des droits des femmes légitimerait qu’on agresse une femme du fait de son apparence. Notre soi-disant sécurité justifierait qu’on stigmatise nos concitoyen·nes, même enfants, du fait de leur confession. Et pendant ce temps-là, les combattantes et combattants kurdes, qui prônent et se battent pour une société humaniste, féministe et égalitaire, meurent sans que notre pays ne fasse rien. Pendant que l’imbécile regarde le voile et la barbe, elle/il ne voit pas la bête immonde qui progresse…
M.C. Gonzalez membre de l’exécutif du PCF 33
Les Nouvelles 17 octobre 2019 • 3
SOLIDARITÉ – CIRCUITS COURTS – QUALITÉ – P FRUITS ET LÉGUMES EN CIRCUITS COURTS
Au menu du PCF toute l’année de territoire. Elles permettent de passer de la parole aux actes et ainsi de crédibiliser notre discours, nos propositions. » Le texte souligne l’intérêt de travailler au développement de ces initiatives et des liens qui en découlent dans la durée, afin de faciliter, au travers de batailles incarnées, la mise en mouvement populaire. Et, derrière, en faire aussi une porte d’entrée dans l’engagement politique. Renforcer les réseaux
Au-delà de la vente solidaire de cette fin de semaine, le Parti communiste entend mener de nombreuses initiatives, en Gironde, dans les prochains mois. Vendredi 18 et samedi 19 octobre, cinq communes de la Métropole bordelaise participent à l’opération de vente solidaire de fruits et légumes, menée par le PCF avec les producteurs lot-et-garonnais du Mouvement de Défense des exploitants familiaux (programme ci-dessous). Cette opération est toujours un moment fort du calendrier militant, qui mobilise généralement de nombreux camarades des sections concernées. Les travaux de la commission « Fruits et Légumes » du
Parti communiste de Gironde ont pour objectif de ne pas se limiter à cette action populaire mais de faire vivre tout au long de l’année cette thématique, en l’élargissant. Ces travaux s’inscrivent en effet dans les orientations issues du 38e Congrès du PCF. Le « Manifeste pour un communisme du 21e siècle », enrichi lors du congrès par de multiples amendements, souligne en effet que « les initiatives de solidarité concrète (ventes de fruits et légumes, journées à la mer, aide administrative, en lien avec les organisations qui travaillent dans le même sens…) qui se développent dans les sections et les fédérations participent à démontrer l’originalité de notre organisation et à nous inscrire dans les batailles
A Bègles, Mérignac, Villenave-d’Ornon, Talence et Bordeaux, militants communistes et producteurs lotet-garonnais vont faire vivre, les 18 et 19 octobre, des propositions fortes, en lien avec les populations. Citons en quelques-unes, comme la garantie de vivre dignement de son travail, en augmentant les salaires, en revalorisant les pensions et en assurant une juste rémunération du travail paysan et des salariés agricoles. Il s’agira de promouvoir une agriculture paysanne permettant de garantir à tous une alimentation de qualité, nutritive et gustative et aussi de mettre en avant des outils concrets, comme l’encadrement des marges de la grande distribution par la mise en place d’un coefficient multiplicateur, plusieurs fois proposé
par les parlementaires communistes. Tout au long de l’année, l’objectif est donc aussi de s’investir pleinement sur cette thématique. De nombreuses initiatives existent déjà dans les territoires, en milieu rural comme en milieu urbain (lire ci-contre). De nombreux militants, politiques, associatifs, syndicaux travaillent à la mise en œuvre de solidarités concrètes. Il appartient donc à chacun de les faire connaître, de les accompagner, de les renforcer et de faciliter aussi la mise en réseau. De multiples champs d’actions sont à investir davantage encore, par exemple dans le combat contre les pesticides. La question de la capacité à nourrir la métropole bordelaise avec des produits de qualité et de proximité, est aussi un terrain à investir politiquement. C’est un dossier à fort enjeu en termes d’emploi dans le département et dans les zones limitrophes. Des outils militants
Les Assises de l’écologie, en mai 2018, avaient cerné une vingtaine de priorités à mettre en œuvre. Elles constituent une boîte à outils pour faire vivre notre militantisme tout au long de l’année. La campagne des municipales sera aussi l’occasion de mettre en avant ces propositions. Celle de « prendre le pouvoir sur nos
assiettes, et donc sur l’ensemble du processus de la « fourche à la fourchette » (production, transformation, distribution, consommation) ou le développement des circuits courts trouveront bien entendu une forte caisse de résonance lors de l’opération « Fruits et légumes ». Les premiers échanges de la commission ont démontré, au-delà des outils mobilisables, que les richesses militantes et les bonnes volontés ne manquaient pas sur ce sujet. De nombreuses manifestations d’intérêt remontent des sections. Certaines n’ayant pas pu participer à l’opération « Fruits et légumes » devraient organiser des initiatives similaires dans l’année. D’autres proposent d’illustrer les circuits courts en organisant leur repas ou leur Fête de section uniquement avec des produits de proximité. « Mais le plus important, c’est de travailler avant tout les réseaux », constatait récemment un représentant de section. Un des objectifs de la commission sera d’ailleurs de donner à voir la richesse de ce réseau, par le retour d’un marché fermier, en mai prochain, lors de la Fête de l’Huma 33. Olivier Escots, Commission Fruits et légumes du PCF 33
PCF
MÉRIGNAC
Vente solidaire de fruits et légumes
Partage et solidarité grâce aux jardins partagés
Le PCF en Gironde organise les 18 et 19 octobre 2019, dans 5 communes de la métropole (Bordeaux, Bègles, Villenave d’Ornon, Talence, Mérignac) une vente solidaire de fruits et légumes « au juste prix », produits dans le Lot et Garonne, en coopération avec des agriculteurs organisés dans le syndicat MODEF (Mouvement de Défense des Exploitants Familiaux). L’opération est lancée ce vendredi 18 octobre, de 17h45 à 19h, à Mérignac, sur l’un des marchés de vente solidaire, par l’un des dirigeants nationaux de l’organisation syndicale, Raymond Girardi, accompagné d’Olivier Escots, animateur de la commission « Fruits et légumes, circuits courts » au sein du PCF 33, Claude Mellier, vice présidente de la métropole, Joël Girard, adjoint au maire de Mérignac, ainsi que les élu.es et militant.es communistes de Mérignac. Avec cette vente directe du producteur au consommateur, le PCF en Gironde veut contribuer à défendre une juste rémunération du travail des agriculteurs, la qualité des produits et un prix abordable pour les populations, ce que ne permettent pas les marges excessives de la grande distribution et de l’industrie agroalimentaire aujourd’hui. 4 • Les Nouvelles 17 octobre 2019
À Mérignac, dans le cadre de la politique de la ville, dans des quartiers dits « prioritaires », ont été créés en 2017 deux jardins partagés d’environ 200 m2 chacun. Avec le soutien du Conseil citoyen d’Yser-Pont de Madame, de la MJC centre-ville, du bailleur social, de la ville et de l’association Place aux jardins, les habitants des deux résidences ont pu installer des bacs, une cabane à outils, les clôtures, apprendre la biodiversité, le respect des saisons, le compostage, à installer un récupérateur d’eau. Ce jardin fait par les habitants, pour les habitants est un lieu de convivialité pour toutes les générations où petits et grands plantent et sèment
leurs fruits et légumes. Tomates, fraises, salades, herbes aromatiques, haricots verts, choux… poussent grâce à cette volonté d’animer les quartiers, de faire vivre la solidarité et le partage, car ceux qui ont les moyens de s’alimenter sainement laissent volontiers la production à ceux qui en ont le plus besoin. La qualité de ces produits qui poussent au naturel (sans aucun ajout que le compost fabriqué sur place) est appréciée et permet d’éduquer les enfants au goût, au plaisir de cultiver soi-même. Marie-Ange Chaussoy
PROTECTION DE LA SANTÉ ET DE LA PLANÈTE PERMETTRE À TOUS DE MANGER CORRECTEMENT
AGRICULTURE EN GIRONDE
Un engagement à l’AMAP de Bayon
Diversifier les cultures pour répondre aux besoins alimentaires de proximité
La solidarité est un principe fondateur des Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne (AMAP) puisque le consommateur, qui s’engage financièrement à l’avance pour une saison de production, reste solidaire visà-vis du producteur en cas d’aléas climatiques réduisant la récolte. À Bayon, les Amapien·nes ont ajouté la solidarité aux plus démunis. Une AMAP est une forme alternative de consommation et de distribution en circuit court de produits frais, de saison, souvent biologiques ou à minima cultivés de façon raisonnée. Le prix doit être équitable pour les
deux parties. L’objectif est de maintenir et de favoriser une agriculture de proximité, dans une logique socialement équitable, écologiquement saine et économiquement viable. De cet équilibre souhaité, à Bayon, on n’a pas oublié que tout le monde n’avait pas les moyens d’être partie prenante. « L’AMAP a déjà un principe de solidarité, avec les producteurs, en visant à lui assurer un revenu fixe et des prix rémunérateurs. On anticipe sur la récolte et tant pis si elle est mauvaise, c’est un principe accepté par tous. Par exemple, nous n’avons pas eu d’aubergines à cause de la sécheresse, les haricots n’arrivent que maintenant, par contre on continue
à avoir des tomates », explique Caroline Queral, une des responsables de l’Amap de Bayon. Les adhérent·es sont, en quelque sorte, abonné·es à un panier hebdomadaire, voire mensuel pour certains produits. « Ici, nous avons décidé que lorsque quelqu’un ne peut pas récupérer son panier, il est donné au Secours populaire de Blaye. Ça tombe bien, nous distribuons les paniers le lundi soir et le SPF distribue l’alimentation le mardi. Donc le soir je récupère les paniers qui restent et je les amène le mardi matin au Secours populaire », explique Caroline. Là encore, c’est un principe admis par les Amapien·nes. Par ailleurs, elles·ils versent une cotisation solidaire pour compléter l’achat, par la mairie, d’un panier solidaire. « C’est sûr que les produits que trouvent ainsi les familles ne sont pas les mêmes que ceux que nous donnent la grande distribution. La qualité est appréciée, en tout cas par certaines personnes. Pour d’autres, il y aurait un travail d’éducation à faire », précise Caroline. C.D.
CONSOMMATION
Sondage IPSOS-SPF 2018
Plus d’un quart des Français·es trouvent difficile, financièrement, de consommer des fruits et légumes frais tous les jours Chaque année, le Secours populaire français commande à Ipsos un sondage sur la pauvreté. L’an dernier, la publication annuelle du « Baromètre de la pauvreté » était axée sur la précarité alimentaire. Parmi les différents aspects des rapports des Français·es à la pauvreté (perceptions, situations), ont été interrogées les difficultés à se nourrir de manière saine et équilibrée. Sans distinction de revenus, 27% des personnes interrogées y déclarent qu’elles rencontrent des difficultés financières à consommer des
fruits et légumes frais tous les jours. C’est un peu plus d’un quart de la population et si l’on n’interroge que les femmes c’est plus de 30% ! 22% des personnes interrogées (24 % pour les femmes) disent avoir des difficultés financières « à consommer du poisson au moins une fois par semaine », 21% (24% pour les femmes) à se « procurer une alimentation saine » « permettant de faire 3 repas par jour ». Dans la tranche de revenus mensuels compris entre 1200€ et 2000€, on trouve des taux à 39% pour les fruits et légumes, 31% pour le poisson et 35% pour les trois repas par jour. Avec des revenus inférieurs à 1200 €, on passe à 53 %, 46 % et 48 %.
Aux bénévoles de l’association, le sondage n’a probablement pas appris grand chose. Depuis de nombreuses années, l’équilibre alimentaire est une problématique permanente au sein des structures qui distribuent l’aide alimentaire auprès des personnes en situation de pauvreté, de précarité. Avec la prise de conscience de l’impact sur la santé et l’environnement de certains modes de production, la volonté de faire partager aux plus démunis des produits « sains » et « vertueux » n’a pas tardé comme l’explique la responsable de l’AMAP de Bayon (Blayais, 33) et le montre le jardin pédagogique de Loupiac. C.D.
Alors que l’actualité fait résonner la souffrance des agriculteurs, nous avons interviewé Dominique Techer, secrétaire départemental de la confédération paysanne. La viticulture représente, en Gironde, la moitié des surfaces agricoles, difficile donc de parler agriculture sans parler de vin. Viticulteur bio en Pomerol justement, Dominique Techer connaît bien le secteur. Le cinéma, des documentaires, les manifestations récentes mettent en avant colère et souffrance chez les agriculteurs. Dans ce tableau sombre, Dominique Techer relève une bonne nouvelle : « Nous sommes de plus en plus nombreux à vouloir acheter des produits issus d’une agriculture saine pour les humains et pour la planète ». Cela implique, comme l’expliquent le PCF et le Modef, de développer les circuits courts, respecter des prix rémunérateurs pour les producteurs, encadrer les marges de la grande distribution, etc. « On a ramé des années, rappelle le responsable de la Confédération paysanne, mais aujourd’hui la pression sociale est tellement forte sur la question des produits phytosanitaires que même les producteurs les plus résistants sont obligés de prendre en compte les exigences des consommateurs. J’ai 68 ans maintenant, j’ai connu une période, avant, où ce qui était produit n’était pas bio mais l’était. Ça a changé il y a 30 ans. L’eau, l’air, la terre n’appartenaient qu’aux agriculteurs, à la FNSEA. Sous Sarkozy, le Grenelle de l’environnement c’était du pipeau mais ça a eu le mérite de mettre sur le devant de la scène la question des pesticides et autres. Aujourd’hui, dans la production bio, il y a des taux de croissance à 15-20 %, c’est des niveaux de type fonds de pension ! C’est pour ça qu’ils se ruent tous dessus. La demande est extraordinaire, à côté de ça le prestige, dans la viticulture par exemple, ne vaut plus rien. Il y a une évolution culturelle qu’aucune propagande ne pourra inverser. Le problème c’est maintenant de rendre accessible des produits de qualité à tou·tes » Lorsqu’on évoque avec lui la souffrance des producteurs, Dominique Techer nous assure qu’en Gironde, ils vivent « de sales moments depuis longtemps », « il n’y a qu’à suivre les cours du Bordeaux pour se rendre compte ». « Il y a eu une forte baisse en 2010-2011, que la demande chinoise a provisoirement caché. Aujourd’hui on peut parler de récession même si ce n’est pas officiel ». Il évoque une dégradation considérable du prestige des métiers de la vigne, un effondrement des promotions dans les lycées agricoles. « À part pour les 200-300 plus grands crus, c’est la misère. Les propriétés vivent à crédit sur caution du foncier, quand il vaut encore quelque chose. Les ventes ont baissé de 30% depuis 1
an. Certains ne savaient pas où ils allaient mettre leur récolte 2019 car ils n’ont pas vendu celle de l’année précédente, alors la souffrance est là aussi, même si on en parle moins. » Pour le viticulteur, il y a dans le vin aussi une illusion de l’industrialisation mais le résultat c’est la dégradation des produits quand les consommateurs, eux, sont à la recherche de terroir, du lien entre le travail d’un·e vigneron·ne, une terre et un produit. « Je vous mets au défi de reconnaître un Bordeaux quand il a été thermovinifié, c’est-à-dire passé dans une cuve à 90° puis refroidi à 30°, comme il n’y a plus rien de vivant, on y ajoute des levures, des compléments… et des copeaux pour le goût ». De la colère de ceux qui manifestaient récemment, il partage aussi celle qui concerne la distorsion de concurrence, « quand en Allemagne ou en Espagne on a quasiment des esclaves payés 300 euros par mois pour faire le boulot », et des contrôles. Il y a aussi la question des revenus : « Même si l’on s’en sort mieux en agriculture bio, aujourd’hui, ce n’est pas rémunérateur ». Et celle des Zones non traitées : « Les produits utilisés, on peut les retrouver à 4 km de l’endroit où ils ont été vaporisés. Ça n’a aucun sens d’établir un périmètre. Ce qu’il faut, c’est arrêter d’utiliser des produits dangereux ». Mais les agriculteurs « sont les otages de la FNSEA qui est l’un des plus grands vendeurs de pesticides à travers ses coopératives », regrette-t-il. Pour Dominique Techer, l’avenir c’est « consommer moins mais mieux », résoudre vraiment les problèmes environnementaux, la cohabitation avec les riverains, les écoles, etc., car « c’est indispensable pour restaurer l’image de la production » et l’arrêt de l’utilisation des CMR (NDLR – produits reconnus comme étant dangereux pour la santé). Pour assurer une retraite à la génération du babyboom, « il faut permettre une diversification agricole ». Il y aurait 20 à 30 000 ha de vignes en trop dans notre département alors que, par ailleurs, la ville de Bordeaux ne possède qu’une journée d’autonomie alimentaire. « Il faut aller vers une diversification qui réponde à ces besoins alimentaires en réorientant complètement l’agriculture. Car le bio ne règle pas tout. Il faut développer une agriculture paysanne, avec des populations qui restent dans les campagnes. Le président de la chambre d’agriculture évoquait le problème de la qualification des ouvriers pour aller sur des exploitations de plus en plus grosses. Je pense, au contraire, qu’il faut des petites unités où l’on connaît très bien le terrain, pour pouvoir s’adapter car, avec les bouleversements climatiques en cours et à venir, c’est indispensable ». C.D.
Les Nouvelles 17 octobre 2019 • 5
INTERNATIONAL CATALOGNE
OFFENSIVE TURQUE EN SYRIE
La justice a la main lourde
Des prisonniers islamistes ont profité du chaos pour s’enfuir
Douze dirigeants indépendantistes catalans ont été condamnés au total à plus de cent quatre ans de prison. Une réponse répressive à la crise politique ouverte par le référendum d’octobre 2017. Cent quatre années et six mois, au total, dans les geôles espagnoles pour avoir, sans rechercher de consensus général, tenté de mettre sur pied la république catalane… C’est l’aboutissement de la gestion exclusivement judiciaire et répressive, mais si peu politique, de la crise ouverte par le mouvement indépendantiste qui, disposant d’une majorité au Parlement régional et donc régnant à la Generalitat, a poussé la confrontation avec Madrid jusqu’à organiser, le 1er octobre 2017, un référendum d’autodétermination, en dehors du cadre constitutionnel espagnol, puis à adopter une déclaration unilatérale d’indépendance de la Catalogne, le 27 octobre de la même année. Selon ses organisateurs, 2,4 millions d’élec-
teurs, soit plus de 40 % du corps électoral, avaient participé au scrutin et 90 % d’entre eux s’étaient prononcés en faveur du oui à l’indépendance. À Barcelone et dans toute la Catalogne, la nouvelle de ces condamnations a fait l’effet d’une bombe. Des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue, à l’appel des partis, des syndicats et des associations indépendantistes, mais également d’une plateforme baptisée « Tsunami démocratique ». Dans un concert de déclarations vat-en-guerre, quelques voix tracent des chemins pour sortir la Catalogne et l’Espagne de l’impasse de la répression. C’est le cas d’Ada Colau, la maire de Barcelone, qui n’est ni avec les indépendantistes catalans ni avec les nationalistes espagnols : « Nous sommes aujourd’hui confrontés à la pire version de la judiciarisation de la politique, avec la cruauté », dénoncet-elle, en exprimant sa solidarité avec les condamnés et leurs familles.
ODIEUX ATTENTAT À HALLE
Un signal d’alerte Déclaration du PCF le 11 octobre « Mercredi 9 octobre, à Halle, en Allemagne, un homme appartenant à la mouvance néo-nazie a assassiné deux personnes, avec l’intention de « commettre un massacre » dans une synagogue avant de se retourner contre un restaurant turc. Cet attentat, commis le jour de Yom Kippour, est clairement motivé par le négationnisme et l’antisémitisme de son auteur. (...) Cet attentat odieux est un signal d’alerte face à la montée de l’influence de l’extrême-droite et de l’antisémitisme, à l’heure où un parti d’incendiaires, porteur d’une politique et d’une méthode d’ex-
trême-droite, renforce son emprise dans la plupart des Parlements en Allemagne. (...) Des réseaux structurés vont jusqu’à tenter d’infiltrer l’appareil d’État. Dans cette situation extrêmement grave, la lutte contre l’antisémitisme, contre toutes les manifestations de racisme et de haine, et la lutte contre l’extrême-droite, est au cœur du combat communiste, de la gauche et de tous les démocrates. Elle nécessite le front le plus large des forces progressistes pour apporter les réponses politiques, économiques et sociales nécessaires, pour combattre l’extrême-droite et le terreau sur lequel elle prospère. »
EQUATEUR
Victoire de la contestation indigène L’exécutif annule la suppression des subventions au carburant. Les retraites et le Code du travail pourraient constituer de nouveaux fronts. Aux scènes d’affrontements avec la police a succédé la liesse. Dimanche soir, des milliers d’Équatoriens ont conflué dans le centre de la capitale, Quito, afin de célébrer le recul du gouvernement sur la suppression des subventions au carburant et, par là même, la fin de la crise qui a paralysé le pays douze jours durant. Le mouvement d’opposition a, toutefois, payé un lourd tribut : 1 340 blessés et 1 152 arrestations sont à dénombrer. Jaime Varga, le président de la Confédération des nationalités indigènes (Conaie), a fustigé une « violence démesurée contre le peuple et un terrorisme d’État », et demande désormais la démission des ministres de l’Intérieur et de la Défense. Cette victoire sur le plan d’ajustement structurel négocié avec le Fonds monétaire international (FMI) en
échange d’un prêt de 4,2 milliards de dollars pose la question de la poursuite des politiques ultralibérales du président Lenin Moreno, qui a définitivement rompu avec la Révolution citoyenne, le mouvement de son mentor et prédécesseur à la présidence, Rafael Correa. « Cela n’a jamais été mon intention d’affecter les secteurs les plus démunis (…), les plus pauvres », a-t-il justifié à l’issue des négociations. Contrecoup logique du décret 883, les prix du carburant ont grimpé jusqu’à 123 %. Reste la question toujours non résolue, et contenue dans le plan du FMI, de la baisse de 20 % des salaires dans la fonction publique, de la réforme du système de retraites et de la flexibilisation du Code du travail. La contestation, qui a déjà poussé le président Moreno à transférer le siège du gouvernement à Guayaquil, la capitale économique, à décréter un couvre-feu et à placer Quito sous contrôle militaire, pourrait trouver là un nouveau souffle.
6 • Les Nouvelles 17 octobre 2019
L’offensive turque se poursuivait en début de semaine, malgré le courage des Forces démocratiques syriennes. Des dizaines de civils ont été tués, et des milliers sont chassés par les combats, alors que des prisonniers islamistes profitaient du chaos pour s’enfuir. L’offensive déclenchée par la Turquie – permise de facto par le retrait des troupes américaines de ces zones –faisaient toujours rage dans le nord de la Syrie, en début de semaine, et se concentraient sur une bande allant des villes de Ras al-Aïn à Tall Abyad, tenues par les forces kurdes. En quelques jours, 36 villages auraient été repris aux Kurdes malgré leur forte résistance. Ainsi, sur le front de Ras al-Aïn, plus à l’est, malgré les bombardements aériens et le déluge d’obus déversés par l’artillerie turque, les forces kurdes ont fait reculer les militaires turcs, et les combats se poursuivaient. Les FDS n’ont eu de cesse d’avertir que l’assaut turc risquait d’entraîner une résurgence de l’organisation dite de l’« État islamique » (EI), qui profiterait d’un contrôle de sécurité très réduit avec le redéploiement des forces kurdes pour combattre les Turcs et leurs supplétifs syriens. Elles parlent d’une activation des cellules djihadistes. C’est ce qui ce qui semble s’être passé, à la faveur de bombardements près des prisons où étaient enfermés les djihadistes et des camps qui hébergaient leurs familles. Quelque 12 000 combattants de l’EI, des Syriens, des Irakiens mais aussi 2 500 à 3 000 étrangers originaires de 54 pays, sont détenus dans les prisons sous contrôle des Kurdes. Les camps de déplacés accueillent quelque 12 000 étrangers, 8 000 enfants et 4 000 femmes. Vendredi 11 octobre, cinq djihadistes
de l’EI se seraient échappés d’une prison après des raids aériens turcs ayant visé ses environs. Dans la nuit de vendredi à samedi, une voiture piégée a explosé près d’une prison qui abrite des djihadistes dans la ville de Hassaké. Dimanche, « 785 (proches) de membres étrangers de l’EI ont fui le camp d’Aïn Issa », a indiqué l’administration kurde. « Ils ont attaqué les gardes et ouvert les portes. » Une partie des gardiens du camp s’étaient retirés pour aller épauler les forces kurdes combattant les supplétifs syriens à 10 km de là. Une catastrophe humanitaire est en cours. Selon l’ONU, « des déplacements significatifs continuent d’être rapportés autour de Tall Abyad et de Ras Al-Aïn », avec des « estimations dépassant les 130 000 personnes ». Ces déplacés étaient installés dans des écoles transformées en abris dans des zones épargnées jusque-là par les violences. Au moins neuf civils, dont une responsable d’un parti politique, ont été exécutés, samedi 12 octobre, en Syrie par les supplétifs de l’armée turque, membres de groupes djihadistes, au sud de la ville frontalière de Tall Abyad. Parmi ces neuf civils, Hevrin Khalaf, membre de la direction du Conseil démocratique syrien (CDS) et secrétaire générale du parti Avenir de la Syrie. Elle avait 35 ans. « Elle a été sortie de sa voiture (…) et exécutée par les mercenaires soutenus par la Turquie, sur la route entre Qamichli et Manbij », a expliqué, dans un communiqué, le Conseil démocratique syrien. En cinq jours, 104 combattants kurdes, ainsi que 52 civils avaient perdu la vie. Il apparaît clairement qu’Ankara cherche à installer une administration qui serait entièrement à ses ordres. On parle de 6 000 personnes qui auraient
déjà été installées dans les maisons abandonnées par les civils fuyant les combats. Une volonté renforcée par l’inaction des États qui, au-delà des déclarations et de quelques mesures comme la suspension de ventes d’armes (lire ci-dessosu), sont bien incapables de forcer Erdogan à suspendre l’opération. Le scénario vécu lors de l’offensive israélienne au Liban Sud, à l’été 2006, semble se répéter : des protestations qui s’éternisent le temps que le sale boulot soit terminé. N’est-ce pas ce que révèlent les déclarations de la porte-parole du gouvernement français, Sibeth Ndiaye, qui souhaitait, hier, sur France 3 « que la Turquie (…) termine au plus vite l’intervention qu’elle a commencée, que nous avons évidemment condamnée ». Pas de quoi impressionner outre mesure le président turc, qui a lancé : « Depuis que nous avons lancé notre opération, nous faisons face à des menaces de sanctions économiques ou d’embargos sur les armes. Ceux qui pensent pouvoir nous contraindre à reculer avec ces menaces se trompent. » Adulés lors de leur victoire à Kobané, les Kurdes sont maintenant abandonnés. L’an dernier, ils avaient amorcé des pourparlers avec le pouvoir syrien sur l’avenir de leurs régions. Ils proposaient pourtant à l’armée syrienne et son allié russe de se déployer sur la frontière. Mais ces négociations sont restées sans suite. Il est à craindre que Damas ne profite de l’affaiblissement de l’administration mise en place par le Conseil démocratique syrien pour tenter de reprendre la main sur cette région sans avoir à négocier une quelconque autonomie réclamée par les Kurdes, allant jusqu’à les qualifier de « traîtres » pour leur alliance avec Washington. D’ailleurs, l’un des principaux contentieux est l’avenir des FDS. Dans un éditorial, le rédacteur en chef du quotidien syrien Al-Watan, Waddah Abd Rabbo, a affirmé que les Kurdes devraient dissoudre leurs milices dans le cadre d’un éventuel rapprochement avec Damas « afin de lutter ensemble contre l’incursion turque ». Pierre Barbancey, l’Humanité du 14/10/2019
Jeu de dupes sur la suspension des ventes d’armes La diplomatie est parfois le règne des faux-semblants. En annonçant la suspension de ses projets de vente d’armes à la Turquie, à la suite de l’intervention au Kurdistan syrien, la France ne donne que l’apparence des sanctions. Ainsi, tous les contrats en cours concernant du matériel de guerre devraient rester valables. Depuis 2009, et malgré la livraison avérée d’armes par les services secrets turcs (MIT) aux djihadistes de l’« État islamique », les entreprises françaises déclarent avoir reçu l’équivalent de 594,5 millions d’euros de prises de commandes d’Ankara, soit 0,7 % du total des commandes de cette période. En revanche, le ministère de la Défense ne précise pas le type et le volume d’armes livré. Les Pays-Bas, la Norvège et la Finlande, qui avaient
récemment approuvé la vente de véhicules aériens sans pilote à la Turquie, ont annoncé des mesures similaires. « la Finlande n’exporte pas de matériel militaire vers des pays en guerre ou qui violent les droits humains », a fait savoir le ministre finlandais de la Défense, Antti Kaikkonen, qui indique, lui, que les licences précédemment approuvées sont en cours d’examen. Lundi, le Conseil des affaires étrangères de l’Union européenne se réunissait afin de coordonner une approche commune vis-à-vis de l’offensive turque. Paris demande également une assemblée de la coalition en Irak et en Syrie, formée en 2014 par vingt pays dont la Turquie, afin d’« évoquer la poursuite des efforts dans ce contexte ».
PCF DIMANCHE 17 NOVEMBRE 2019 À MIDI
BORDEAUX : UN QUARTIER, UN THÈME
Grand repas républicain avec Cécile Cuckierman à Bègles Un samedi sur les transports La fédération de la Gironde du PCF invite à participer à son grand repas républicain le dimanche 17 novembre prochain salle Jean Lurçat à Bègles.
Ce sera l’occasion d’échanger avec Cécile Cuckierman, sénatrice communiste, sur l’actualité politique nationale et locale. 20 € pour les adultes, 8 € pour les enfants.
Réservation possible à la fédération du PCF. Tel : 05 56 91 45 06 gironde.pcf@gmail. com
RENCONTRE-FORMATION AVEC HÉLÈNE BIDARD
Quelle place des femmes dans la ville ? les Discriminations). Elle fait partie des sociologues avec lesquel·les la ville de Paris travaille beaucoup sur les questions de genre dans l’espace public. Nous sommes venus les chercher à Bordeaux car il n’y en a quasiment pas ailleurs, la recherche sur ces questions en est à ses balbutiements. Johanna Dagorn, par exemple, a mené des enquêtes sociologiques sur le harcèlement de rue, les violences sexistes et les discriminations de genre dans l’espace public, notamment sur le campus universitaire.
Hélène Bidard, membre de la direction nationale du PCF et adjointe au maire de Paris en charge des questions d’égalité femmes-hommes, de la lutte contre les discriminations et pour les droits humains était à Bordeaux le vendredi 11 octobre pour échanger avec des acteurs locaux et partager son expertise et ses convictions. En soirée, les militant·es communistes étaient notamment invité·es, à l’approche des élections municipales, à réfléchir à la place des femmes dans la ville. Nous l’avons rencontrée entre deux rendezvous… Les Nouvelles. Pourrais-tu nous parler de ton parcours et de ton engagement ?
Hélène Bidard. J’ai commencé à militer en 2005 à l’Union des étudiants communistes. Après un cursus à Sciences Po, j’ai travaillé à la mairie de La Courneuve où j’ai rencontré Muguette Jacquin, féministe et députée communiste. Nous étions voisines de bureau. J’étais sans doute déjà sensible à ces questions d’égalité mais elle m’a beaucoup inspirée. Aujourd’hui, j’ai donc ce mandat d’adjointe à la mairie de Paris et dans le parti, je fais ce qu’a fait Laurence Cohen pendant plus de 10 ans, sauf que maintenant, on est plus écouté. LN. L’effet #metoo* ?
H.B. C’est certain. Cette thématique a toujours été là au PCF. La commission nationale « Féminisme » du parti communiste regroupe 450 personnes. Nous sommes plusieurs élues communistes à avoir ce mandat, notamment dans les 3 plus gros départements, et nous travaillons pas mal en réseau. Mais, globalement, depuis #metoo et dans le cadre de
la préparation du dernier congrès national, nous sommes beaucoup plus sollicitées, sur la question des violences faites aux femmes mais pas seulement. On nous sollicite sur la place du féminisme en France et dans le monde, sur ce qui est en train de se passer. Lorsque l’on a demandé aux personnes qui ont rejoint le PCF à la fête de l’Humanité, cette année, les raisons de leur adhésion, les positions féministes du PCF sont venues juste après les positions écologistes. Les nouveaux adhérents sont très sensibles à ces grandes problématiques. Il va donc falloir faire évoluer nos pratiques. Dans une réunion, par exemple, pour favoriser la parole des femmes, personne n’est contre mais c’est toujours une femme qui propose d’aller dans ce sens et souvent, dans la pratique, ça crée des crispations. LN. Peux-tu nous parler de tes échanges dans la journée ?
H.B. Bien sûr. Accompagnée de M.C. Gonzalez, de la direction du PCF en Gironde, j’ai rencontré, ce matin, Jérôme Mendiela, le président de Fraveillance car cette association a des projets sur Paris. Fraveillance est une initiative citoyenne qui recrée du lien social entre familles monoparentales, notamment en facilitant l’accès au logement. Pour répondre aux difficultés, particulières, rencontrées par les femmes isolées avec enfants, ils ont créé les Maisons des Monoparents, dont une vient d’ouvrir à Floirac. C’est une forme d’habitat partagé pour lequel l’association fait la médiation locative. Et le midi, nous avons échangé avec Johanna Dagorn, sociologue du Laboratoire Cultures – Éducation – Sociétés (LACES) et co-directrice des cahiers de la LCD (Lutte contre
LN. Ça fait partie des questions qui vont être discutées ce soir avec les militants ?
H.B. En effet. Car lorsque l’espace public est pensé par et pour les hommes, il n’est pas pensé pour tous, et surtout, pas pour toutes. La ville de Paris a édité un guide référentiel de « bonnes pratiques » à destination des professionnels de l’architecture et de l’urbanisme. Il est le résultat d’une recherche action qui a impliqué des professionnel·les, des chercheur·euses — dont les Bordelaises Édith Maruéjouls et Marie-Christine Bernard-Holm — des associations, des citoyen·nes. Le rapport à l’espace, aux distances, les pratiques culturelles, la sécurité ne sont pas les mêmes en fonction du genre. De nombreuses observations nous l’ont confirmé et nous ont amené à imposer la prise en compte du genre comme critère obligatoire et éliminatoire dans les appels d’offre pour la rénovation de grandes places à Paris. Nous mettons en place ces formations sur la place des femmes dans la ville car il faut que ces questions d’égalité, de lutte contre les discriminations, de respect des droits humains fassent partie des programmes aux municipales. À Paris, par exemple, nous nous fixons comme objectif de couvrir 100 % des demandes de places en crèches d’ici 2026, entre crèches municipales, associatives et d’entreprises. Nous n’en sommes déjà pas loin car un gros travail a été fait sur la dernière mandature. Mais bien sûr, dans d’autres villes, cela peut poser débat par rapport aux investissements nécessaires. Propos recueillis par C.D. * Campagne sur les réseaux sociaux qui a invité les femmes à témoigner des agressions sexuelles et sexistes qu’elles subissent.
La question des mobilités est un sujet récurrent qui empoisonne le quotidien des habitants de la Métropole. La voiture est encore un moyen omniprésent pour se déplacer car l’offre de transports en commun est en retard vis-àvis des besoins, besoins marqués notamment par l’éclatement des lieux domicile/travail. Tout en travaillant au rassemblement des forces de gauche et écologistes, comme ce fut le cas avec une participation active au Forum pour l’Alternance à Bordeaux du 28 septembre, les communistes bordelais ont engagé un cycle de rencontres avec les habitants pour échanger avec eux sur les thèmes qui seront centraux lors des prochaines municipales. Ce samedi 12 octobre, c’était au tour des transports en allant au-devant des habitants du Grand Parc, quartier excentré de la ville, pour qui la question des déplacements est un sujet central de préoccupation. Un chevalet, une table, du papier et des stylos, tout le matériel nécessaire pour solliciter l’avis des gens de passage. Au hitparade des revendications : la fréquence des trams et des bus, l’accessibilité des bus, les navettes électriques pour sillonner
le quartier et desservir les centres d’intérêt, l’utilisation du fleuve, penser aux personnes âgées, penser à l’écologie en permettant de délaisser la voiture, la réfection des trottoirs, la gratuité des vélos, gratuité des transports pour les jeunes et les personnes âgées,… Au travers de ces échanges, deux certitudes se sont dégagées : • La question des déplacements, que l’on soit salarié ou retraité, est une préoccupation quotidienne ; nul responsable politique ne peut proposer de solution sans comprendre ce qu’est concrètement la vie des gens : lieux de travail éloignés, horaires éclatés, personnes isolées, à mobilité réduite, … • Donner la parole aux habitants, c’est leur offrir l’opportunité d’avoir une écoute à leurs difficultés, à leurs attentes. On ne perd pas de temps à cela. Prochaine étape du tour des quartiers : samedi 19 aux Aubiers avec la vente solidaire de fruits & légumes, l’occasion d’aborder la nécessité de développer les circuits courts. J.J.B.
ILS ONT DONNÉ 360 euros : Mme NOUQUERET Yvonne, Bruges ; Mme CLAVÉ Catherine, Cenon ; M. VIGNEAU Pierre, Floirac ; Mme GUILIATO Mireille, Mérignac ; M. CAZENAVE Pierre, Mérignac ; M. GAI Christian, Yvrac.
SOUSCRIPTION FÉDÉRALE
Pour faire grandir nos combats communs le PCF compte sur vous !
Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33
Les Nouvelles 17 octobre 2019 • 7
CULTURE & SOLIDARITÉ
NOUVELLES IDÉES REÇUES
SOLIDARITÉ AVEC GAZA
Des perspectives de coopérations dans le domaine médical
Salam et Ibrahim Kashan étaient en Sud Gironde du 16 au 30 septembre dernier. A l’invitation du Collectif Solidarité Al Qarara, ils ont pu sortir de Gaza. Le Collectif Solidarité Al Qarara a depuis 20 ans noué un vrai partenariat avec l’association pour le Développement Humain d’Al Qarara que préside Ibrahim Kashan et dont Salam devrait prendre la suite ; et des liens forts d’amitié lient aujourd’hui les deux associations. Ce voyage a été l’occasion pour Ibrahim et Salam d’informer sur la terrible situation vécue par les Gazaouis
et d’échanger sur les projets en cours et à venir notamment le développement d’actions éducatives et sociales dans les écoles avec l’aide financière du Collectif. De Saint Pierre d’Aurillac à Fargues en passant par Talence, Bordeaux, le Pyla, Uzeste ou encore Bazas, Saint Macaire et La Réole, ils ont sensibilisé des girondins, et les ont convaincus du bien-fondé de leurs projets et de la nécessité de participer à construire, avec eux, une vie meilleure à Gaza. Salam Khashan, fille d'Ibrahim, est médecin et travaille à Gaza. Grâce aux rencontres avec plusieurs méde-
cins dans différentes structures et services du Sud-Gironde et suite à un échange Skype très prometteur entre les médecins de Gaza et la médecin de Saint Pierre d’Aurillac, des perspectives de coopérations pourraient s’ouvrir pour aider à la structuration du système de santé et à la formation continue des médecins de famille à Gaza. Deux semaines pleines de merveilleux moments de fraternité, de convivialité, d’humanité. Ibrahim et Salam repartent chez eux avec la certitude que des hommes et des femmes ici pensent à eux et qu’ils sont soutenus dans leur combat, en attendant d’aller leur témoigner notre amitié et notre solidarité dans la ville d’Al Qarara. Collectif Solidarité Alqarara http://www.alqarara.fr collectifalqarara@gmail.com Mairie de St Pierre d'Aurillac 124, av de la Libération 33490 St Pierre d'Aurillac 05 56 63 30 27
HOMMAGE AUX MARTYRS DE L’AÉRONAUTIQUE
Un adieu à Jo Durou Samedi 12 octobre après-midi, un hommage aux victimes de la Seconde guerre mondiale dans l’aéronautique, devant la stèle qui leur est consacrée, a rassemblé près de 170 personnes, dont le maire de Mérignac, les autorités militaires, député, syndicats, ... L'association pour la mémoire des Martyrs de l'aéronautique honore, chaque année, les nombreux travailleurs des entreprises aéronautiques tombés lors de l'occupation nazie (39/45). Cette association, très active, se bat pour la mémoire de ces martyrs, et pour que cela ne puisse se reproduire. Elle rassemble notamment de nombreux salariés, ex-salariés et syndicats de ces entreprises aéronautiques.
CHRONIQUE
Le Président de l'association, Patrick Gratchoff (ex-salarié de Dassault en retraite), après son allocution, a tenu à rendre hommage à Georges DUROU qui était adhérent depuis la création de l’Association. « Si vous me le permettez, je souhaiterais rendre un modeste hommage à notre ami et camarade qui nous a quittés le 13 Juillet 2019. Je vous parle bien sûr de Georges DUROU, « Jo ». Il est des hommes qui vous marquent quand vous croisez leur chemin, et quand vous avez la chance qu’ils vous accompagnent pour vous permettre de trouver votre voie. J’ai eu cette chance avec Jo. Quand cela vous arrive, vous ne mesurez pas toujours, sinon sur le tard, l’apport irremplaçable du parcours
Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932
8 • Les Nouvelles 17 octobre 2019
de cet homme, non pas comme un modèle mais comme une référence. C’était un homme qui valorisait les qualités de chacun et vous tirait vers le haut pour vous permettre de vous dépasser quand vous pensiez ne pas être en capacité d’atteindre certains objectifs. Jo, c’était la modestie, la générosité, la tolérance, la conviction. Jo, qui avant sa déportation, avait connu le camp de Beaudésert où il a côtoyé certains fusillés de la SNCASO, était l’un des tous premiers adhérents de notre association pour la Mémoire des Martyrs de l’Aéronautique, dont il avait soutenu la création. Jo présidait toutes nos cérémonies jusqu’à ce que sa santé ne le permette plus. (…) »
par Gérard Loustalet Sens www.nir-33.fr « Une vieille saleté de notre vieille politique »
Le « nouveau monde » macronien est décidément déjà bien moisi. Comme le politicien le plus trivial de l’ « ancien monde », Macron, en difficulté politique, s’en remet à la diversion la plus habituelle et la plus odieuse : l’immigration. On nous dit qu’il faut contrer Le Pen et le Rassemblement national. Il s’agirait donc d’une visée électoraliste sans foi ni loi. Pour piquer les électeurs du RN, il faudrait reprendre son programme. Cette reddition sans principe est scandaleuse. Et c’est aberrant. C’est Gribouille-Macron se jetant à l’eau pour ne pas être mouillé par la pluie. C’est stupide. C’est ignoble et... c’est illusoire ! Selon une étude de la Paris School of Economics et de Sciences Po, rapportée par le Monde (08.10.2019), « insister sur la thématique migratoire augmente le vote en faveur de l’extrême-droite quelles que soient les informations dont les électeurs disposent par ailleurs ». Cécile Alduy, politologue et spécialiste de sémantique, précise : « Lorsqu’un président de la République -Macron ou Sarkozy avant lui- parle de « problèmes migratoires » ou « d’attractivité trop forte » de la France pour les réfugiés ou pointe des « abus » dans l’AME, il légitime au plus haut niveau de l’Etat une construction idéologique du monde ». Or il se trouve que cette construction est celle de Le Pen. L’astuce grossière de l’extrême-droite consiste à faire passer un discours idéologique entièrement fabriqué pour le constat d’une réalité objective. Ce qui fait que des personnes qui ne croisent jamais le moindre immigré sont convaincues qu’ils sont « trop nombreux ». Et voilà comment Macron légitime les obsessions lepénistes ! Le plus révoltant est que toutes les enquêtes d’opinion indiquent que l’immigration est loin d’être la préoccupation principale des Français qui se soucient davantage des retraites, du chômage, du logement, etc. Même si, résultat d’une propagande éhontée, ils ont tendance à surestimer le nombre d’immigrés dans la population. Selon le démographe François Héran, en 2007, les personnes interrogées estimaient en moyenne le pourcentage d’immigrés à 29% de la population, ce qui ferait un chiffre absurde de 17 millions d’immigrés pour 60 millions d’habitants. En réalité, ils étaient 10%, soit 6 millions (Le temps des immigrés. Essai sur le destin de la population française, Seuil, 2007, p.9). Cette propagande joue sur les affects les plus infâmes, en particulier la xénophobie. Il y a 7,55 milliards d’humains dans le monde, la France en compte 66 millions, soit moins de 1% ! Ce qui veut dire qu’il y a plus de 99% d’étrangers dans le monde. Et ils sont partout. C’est terrifiant ! Ce qui est indigne dans l’affaire, c’est la manière dont Macron rejette sur les classes populaires, en feignant de compatir, le poids du racisme. Comme dit Claude Askolovitch, dans un excellent texte sur son blog de slate.fr, Macron en instrumentalisant l’immigration « exhume une vieille saleté de notre vieille politique » et « ce n’est pas être populaire que d’attribuer aux immigrés les maux d’une société. C’est être fasciste ». C’est toujours le même mépris de classe qui impute aux classes populaires les « passions » les plus basses, racisme coutumier et haine ordinaire. Elles « subiraient » l’immigration, ne la supporteraient plus et voteraient mal tandis que les bourgeois seraient « à l’abri » — comme d’une calamité — et exonérés de dispositions racistes. Décidément, lorsqu’il veut faire croire qu’il s’intéresse au peuple, Macron n’y arrive pas. Ainsi que le remarque encore Claude Askolovitch, « tout dans ce raisonnement est laid. Tout au surplus est faux ». Les « bons sentiments » des bourgeois pour les immigrés sont une fable saugrenue, chez eux la répulsion pour les pauvres est en réalité redoublée dans celle de pauvres qui sont en plus des immigrés. Les immigrés sont partie intégrante des classes populaires que Macron veut décrire incultes et craintives. Des formes de solidarité subsistent. Le soi-disant « communautarisme » n’est qu’un épouvantail fallacieux : les mariages inter-ethniques sont bien plus nombreux que les mariages intraethniques, ce sont les « mariages mixtes » dont Zemmour fait commerce de s’effrayer. Comme les immigrations précédentes, les immigrations d’aujourd’hui ont bien vocation à s’inclure dans la société française, avec leurs spécificités, leurs singularités, leurs pratiques, rejoignant ce que Gérard Noiriel, historien de l’immigration, appelle le « creuset français ». La France a toujours eu besoin de travailleurs immigrés. A la veille de la Première Guerre mondiale, par exemple, dans les mines de fer de Lorraine, les trois-quarts des mineurs de fond étaient étrangers...