Nouvelles N° 2332

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Jeudi 7 novembre 2019 - N° 2332 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

DU LIBAN AU CHILI, D’HAÏTI EN IRAK…

Le retour des peuples

RÉFORME ASSURANCE CHÔMAGE Des agents Pôle emploi « horrifiés » P.2

« Massacre » contre les chômeurs : organiser la riposte P.3

PCF : Macron tape autant sur les chômeurs que sur les travailleurs P.7


ACTUALITÉ MÉRIGNAC

ASSURANCE-CHÔMAGE

Motion de soutien aux salarié·es de Conforama

Des agents de Pôle emploi « horrifiés » par la réforme

Le groupe communiste a proposé, au conseil municipal de Mérignac le 4 novembre dernier, une motion de soutien aux salarié·es de Conforama qui a été adoptée par 37 élus de la majorité PS, EELV et PCF. Les douze élus de droite qui n’ont pas pris part au vote. Cidessous le texte adopté :

La réforme de l’A ssurancechômage est entrée en vigueur le 1er novembre. 1,3 million de demandeurs d’emploi, dont les plus précaires, verront leurs indemnités baisser dans l’année qui vient. Nolwenn Weiler a rencontré des agents de Pôle emploi qui décryptent le nouveau système et ses conséquences. Ci-dessous des extraits de son article, publié sur le site en ligne Bastamag, le 31 octobre.

« Le plan de restructuration annoncé par les dirigeants du groupe Conforama a pour conséquence la suppression de 1 900 emplois et la fermeture de 32 magasins sur le territoire national. C’est la totalité des employés qui sont concernés par ces mesures. Les salariés du magasin de Mérignac sont de fait, plongés dans l’angoisse et l’incertitude pour leur avenir. D’autant que des baisses de rémunérations sont aussi annoncées, voilà pourquoi les salariés ont procédé à des manifestations et des débrayages en solidarité envers leurs collègues directement concernés par les licenciements. En aucune façon ce plan ne se justifie ! L’argent public du CICE ne doit pas servir aux entreprises qui licencient. L’Etat doit prendre des mesures immédiates et empêcher le drame social qui se déroule dans ce groupe. Le Conseil Municipal dans sa délibération du lundi 4 novembre 2019, affirme son total soutien et toute sa solidarité aux salariés qui traversent des moments particulièrement difficiles. »

9 NOVEMBRE À BORDEAUX

Hommage aux troupes coloniales et ultramarines Le 9 novembre 2019, Mémoires & Partages, en partenariat avec l’Union des Travailleurs Sénégalais de Gironde, le Souvenir Français de Gironde et l’Union Nationale des Combattants de la Gironde, organise une journée d’hommage aux troupes coloniales et ultramarines. Programme : 11h - Hommage solennel : Carré militaire du Cimetière de Bordeaux Nord (111, av. Jean Jaurès, 33520 Bruges - Tram C arrêt La Vache). En présence des autorités civiles, militaires et associations. 14h - 18h : Exposition « FRERES D’AME, héritages croisés de la grande guerre », à la Maison du Sénégal (24, rue Camille Pelletan, 33150 Cenon - Tram A, Station Palmer). Invité exceptionnel : M. Jean-Pierre Mercier, fils de l’infirmière qui a soigné des tirailleurs et auteur d’une cartographie sur les Tirailleurs Sénégalais en Nouvelle-Aquitaine.

PROJECTION-DÉBAT À L’UTOPIA BORDEAUX

Adults in the room de Costa Gavras Le mardi 12 novembre à 20h au cinéma Utopia de Bordeaux, les Rencontres cinématographiques « La classe ouvrière c’est pas du cinema » et les économistes atterrés organisent une projection de Adults in the room de Costa Gavras, suivie d’un débat en présence de Fabien Terrier, journaliste indépendant et Eric Berr, maître de conférences en économie à l’Université de Bordeaux.

« Va où il est impossible d’aller » : la devise de Costa-Gavras (dont il fit le titre de ses mémoires), pourrait être une supplique à son pays natal, la Grèce. Yanis Varoufakis (superbement incarné par Christos Loulis), le héros de l’histoire qui va suivre, aurait également pu la faire sienne. Et c’est ce qui, dans la vie en vrai, au-delà de la nationalité, a sans doute contribué à rassembler les deux hommes : le refus de ployer sous les injonctions des courants hégémonistes. Construit à la façon d’un thriller à suspense, le nouveau film de Costa Gavras nous tient en haleine deux heures durant, sur un sujet qu’on n’aurait jamais soupçonné être si palpitant… (…) Malgré le marasme profond qui envahit le pays, une improbable lueur d’espoir s’est levée, portée par Syriza, le parti de la coalition de gauche. Dans la modeste salle de campagne, en ce mois de janvier 2015, tous se tiennent aux aguets… puis… bondissent de joie ! C’est la victoire ! Très vite Yanis Varoufakis, sans jamais avoir adhéré au parti, sera pourtant nommé Ministre de l’Économie du nouveau gouvernement conduit par Alexis Tsipras. Pas de meilleur choix que ce brillant économiste, doué d’un sens de la répartie redoutable, pour renégocier les conditions de la dette qui asphyxie la république hellénique. À compter de cet instant va se jouer un duel passionnant dans les coulisses des instances de l’Europe, entre David/Yanis, qui a la ténacité d’un Sisyphe, et une armée de Goliath surpuissants qui considèrent que « le système de protection social n’est qu’un rêve communiste ». Mais surtout il lui faudra convaincre la « Troïka » (créée en 2010 et constituée de fonctionnaires de la Commission Européenne, de la BCE, du FMI…) de bien vouloir renégocier les conditions de la dette… Adults in the room, Costa-Gavras - Grèce/France 2019 - 2h07mn - VOSTF - avec Christos Loulis, Alexandros Bourdoumis, Ulrich Tukur, Aurélien Recoing, Valéria Golino… 2 • Les Nouvelles 7 novembre 2019

(…) « Je n’ai jamais vu ça, un tel durcissement, aussi violent, lâche Aurélie, agente dans l’ouest de la France depuis dix ans. On touche les gens au portefeuille, on ne leur laisse plus de solutions. » L’objectif annoncé de la réforme : économiser 3,4 milliards d’ici fin 2021. Tout en mettant au passage un énorme coup de pression sur les demandeurs d’emploi, une nouvelle fois rendus responsables de leur situation. Ces économies drastiques seront entièrement financées par les demandeurs, et plus particulièrement par les plus précaires d’entre eux – en intérim ou en CDD. La première étape démarre ce 1er novembre, avec un durcissement des conditions qui permettent d’ouvrir ses droits à l’assurance-chômage. La seconde débutera le 1er avril 2020, avec une chute brutale du montant des indemnisations. Au total, la moitié des personnes indemnisées – principalement celles qui n’ont pas pu travailler à temps plein pendant au moins un an – verront leurs droits réduits, voire supprimés. Soit 1,3 million de personnes parmi les 2,7 millions qui bénéficient actuellement d’une indemnisation – sur, au total, 6 millions de personnes inscrites au Pôle emploi. « Beaucoup de gens vont aller émarger au RSA »

« Cette réforme est effrayante, confirme Daniel, conseiller Pôle emploi depuis de nombreuses années. Il y aura une chute brutale des montants d’indemnisation pour celles et ceux qui ont des périodes de travail hachées. Beaucoup de gens vont aller émarger au RSA. » Pour le moment, le gouvernement n’a pas évalué l’importance du report vers les minima sociaux pour les personnes qui perdront leurs droits à l’indemnisation. Quand elle a présenté la réforme, en juin 2019, la ministre du Travail Muriel Pénicaud a même promis qu’il s’agissait d’une réforme « contre la précarité ». Le durcissement des conditions d’entrée à Pôle emploi permet d’en douter. À partir du 1er novembre, pour pouvoir s’inscrire comme demandeur d’emploi, il faudra avoir travaillé six mois au lieu de quatre (soit désormais 910 heures, ou 130 jours). Quant à la période de référence, celle sur laquelle l’Unédic se penche pour comptabiliser les heures passées à travailler, elle baisse de 28 à 24 mois. Certaines personnes qui, dans l’ancien système, auraient pu être indemnisées

en ayant travaillé par exemple 6 mois sur les 28 derniers mois, n’auront plus accès à l’assurance-chômage. Auparavant, il fallait avoir travaillé en moyenne un jour sur sept pour ouvrir ses premiers droits. Il faudra désormais avoir travaillé un jour sur quatre ! « Il s’agit d’une quasi-suppression du droit rechargeable »

Les conditions du « rechargement », qui permet de préserver ses droits si l’on travaille en parallèle de sa période d’indemnisation, sont également durcies. (…) « Jusqu’alors, le fait de travailler lui donnait aussi la possibilité de prolonger, ou de recharger ses droits », explique Catherine, conseillère indemnisation. Un mois travaillé suffisait à recharger ses droits d’autant. « Mais ça, c’est terminé, prévient Catherine. Il faudra désormais un minimum de six mois travaillés pour ouvrir de nouveaux droits. Il s’agit en fait d’une quasi-suppression du droit rechargeable. » Selon l’Unédic, les changements des conditions d’affiliation et du droit au rechargement toucheront environ 710 000 personnes entre novembre 2019 et octobre 2020 [1]. Ceux et celles qui cumulent successivement de courtes périodes de travail seront plus impactés que les autres, puisque peinant davantage à réunir le nombre de jours de travail nécessaires. CDD, intérimaires, mi-temps thérapeutique… les plus fragiles seront en première ligne

Le gros de la saignée se produira à partir d’avril 2020. « Le mode de calcul des indemnités journalières va vraiment se durcir », prévient Catherine. Prenons, par exemple, deux personnes employées en CDD dans une entreprise faisant appel à des renforts provisoires. Les deux perçoivent le même salaire : 1 521 € bruts par mois, soit 50 € par jour. Sur une période d’un an, la première y exerce un CDD de 6 mois en continu. La seconde y travaille également six mois, mais via deux CDD de 3 mois, l’un en début et l’autre en fin d’année. Selon les règles actuelles de calcul, chacune a ensuite droit à une allocation chômage de 940 € par mois pendant six mois – soit 30 € par jour, la période de référence pour calculer les indemnités étant la même que la période travaillée. Avec le nouveau mode de calcul, la personne qui a travaillé en continu conserve son allocation de 30 € par jour. Son indemnité est calculée sur la durée de son contrat. Mais son collègue, avec ses deux CDD, ne percevra que 15 € par jour, soit 470 € par mois. Moitié moins ! Pourquoi ? Parce que la période de référence prise en compte ne sera plus la période travaillée – deux CDD de 6 mois en tout – mais la période sur laquelle s’étalent les contrats, soit une année entière. Pour obtenir l’indemnité journalière, on va donc diviser six mois de revenu par 12 ! (…) « Si une personne est en mi-temps thérapeutique, c’est pareil, ajoute Cathe-

rine. On calcule sur la base du salaire payé. Donc sur un demi-salaire. (…) » Celles et ceux qui subissent les méandres du travail précaire, comme les intérimaires et les personnes qui enchaînent les CDD en attente d’un contrat plus stable, seront les plus touchés, avertissent syndicats et agents de Pôle emploi. Même le très mesuré secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, évoque une « tuerie ». L’Unédic elle-même relève que « la mesure concerne principalement des allocataires ayant une fin de CDD ou de mission d’intérim comme motif de fin de contrat de travail à l’ouverture de droit ». Autrement dit : ce sont les plus précaires qui vont devoir assumer les plus gros efforts financiers, et subir les restrictions les plus pénalisantes sur leur vie. Un milliard d’économie sur le dos des plus précaires

Entrée en vigueur dès le 1er novembre 2019, la mesure de dégressivité concernant les plus hauts salaires commencera à avoir des effets au 1er avril 2020 puisque les allocations seront amputées de 30 % au bout de six mois… Les allocataires concernés – ceux dont les salaires bruts excèdent 4 500 € – représentent 4 % des 2,7 millions de demandeurs d’emplois indemnisés, soit un peu plus de 100 000 personnes. L’Unédic attend de cette mesure 140 millions d’euros d’économies en 2021, contre plus d’un milliard grâce aux coupes dans les indemnités des plus précaires [2]. D’après l’organisme qui gère l’assurance-chômage, sur les douze premiers mois d’application de la réforme, d’avril 2020 à mars 2021, la moitié des 2,7 millions de Français percevant l’assurance-chômage verront leurs revenus diminuer. Pour un tiers d’entre-eux (850 000 personnes), l’indemnité baissera de 22 %, de 905 à 708 €. Pour un demandeur d’emploi sur dix (280 000 personnes), l’allocation diminuera d’un quart, de 897 à 679 €. Enfin, 7 % des chômeurs parmi les plus précaires (190 000 personnes) perdront carrément la moitié de leurs droits au chômage et devront (sur) vivre avec 431 € par mois (au lieu de 868 €) en attendant de décrocher une nouvelle mission d’intérim. (…) D’ailleurs, Pôle emploi prévoit d’embaucher… un millier de CDD pour, selon les syndicalistes, orienter ces chômeurs mal indemnisés vers les « annonces non pourvues de plus de 30 jours », souvent constituées d’emplois pénibles et mal payés. « Nous pensons qu’à terme, les personnes précaires seront orientées vers ces annonces, dit Daniel. Ils auront des indemnités ridicules, voire pas d’indemnités du tout et on va pouvoir leur dire : “Ça tombe bien on a des postes difficiles à pourvoir !” Ce sont les fameux emplois à déficit d’image. » (…) [1] Ces chiffres sont tirés de la note d’impact de l’Unédic sur la réforme de l’assurance chômage publiée en septembre 2019. [2] Note d’impact de l’Unédic sur la réforme de l’assurance chômage, septembre 2019, page 27.


ACTUALITÉ

Editorial

AVIS AUX LECTEURS

La parution des Nouvelles de Bordeaux et du Sud Ouest est suspendue Depuis de nombreuses années nous accumulons des pertes lourdes sur le journal, des pertes auxquelles nous avons fait face longtemps, mais qui nous mettent à ce jour dans l’incapacité de faire fasse au quotidien de la parution d’un journal. Nous avons, au fil du temps, réduit des charges tout en maintenant la qualité de notre journal. Nous sommes arrivés au bout de ce que nous pouvions faire. Les Nouvelles ont accompagné ces cinquante dernières années la vie de notre département. Les mouvements sociaux, les grandes batailles politiques, les échéances électorales, c’est toute cette histoire qui est dans les pages des Nouvelles. Un point de vue communiste assumé et affirmé tout au long des pages et des années. Aujourd’hui la question de la presse écrite se pose en grand dans notre société et, de manière sous-jacente, celle de l’accès démocratique à l’information. Les puissances de l’argent possèdent l’ensemble des grands

medias de ce pays hors service public. Déjà se dessine devant nous un accès à l’information à deux vitesses : l’un à bas coût, de piètre qualité, incarné par « les chaînes d’info » et l’autre une information de qualité réservée à ceux qui en auraient les moyens. Les deux bien sûr dominés par les forces de l’argent. Comme en 1945, nous devons être en capacité d’inventer un nouveau modèle, libéré des puissances financières. Un modèle qui fasse de l’intelligence de chacun.e et de tous, le fil conducteur d’un nouveau projet. Cette question se pose dans la société, elle se pose donc à la presse communiste, elle devient même un défi majeur. Qu’il nous faut relever. La cessation de parution n’est pas une péripétie. D’abord parce qu’elle a des conséquences humaines. Mais aussi parce qu’elle est un mauvais signe pour tous les communistes et les progressistes du département. Le travail effectué par la rédaction permettait d’accéder à des informations qui n’étaient pas traitées ailleurs, où

le point de vue était différent. Dans l’immédiat cette approche éditoriale et politique va manquer dans le paysage girondin. C’est pour cette raison que nous n’abandonnons pas le défi d’une presse régionale communiste. Cette cessation de parution appelle à nous réinventer, à construire un autre chemin. Nous avons commencé à y travailler, et nous souhaitons être en capacité à la rentrée 2020 d’ouvrir une nouvelle page de notre presse. Ce défi c’est le nôtre, ce sera aussi le vôtre demain. Je voudrais finir en ayant une pensée pour les salariés du journal, le professionnalisme dont ils ont fait preuve, pour le comité de rédaction qui a su au fil des numéros enrichir le contenu de celui-ci, enfin pour les bénévoles, les « plieurs » qui ont donné de leur temps pour faire face à l’acheminement du journal. Les Nouvelles c’était aussi une aventure humaine. Frédéric Mellier, directeur du journal

EXPULSIONS LOCATIVES

Un front de solidarités fait barrage à la violence

Triste semaine à la cité MauriceThorez à Bègles : une expulsion locative à la tour K, une autre à l’entrée G22, simultanément à celle d’une mère albanaise avec son enfant de 8 ans à l’entrée H32. Et l’annonce de l’expulsion de 7 familles albanaises dans les jours prochains, sur la vingtaine qui a été « logée » (par un « réseau » qui faisait payer ses « services ») dans des appartements vides depuis plus de deux ans… La présence chaleureuse de militant·es de la CNL et de la LDH, d’élu·es municipaux du PCF, du PS, de la FI…, de citoyen·nes dont certain·es se réclamant des « gilets jaunes », a permis que la négociation débouche sur une solution par le haut, et éviter

que l’intervention des forces de police, à la demande du bailleur SA Vilogia, via la Préfecture, ne débouche, à la veille de la trêve hivernale, sur une aggravation de la situation de détresse d’un locataire. Parmi les gestes de solidarité : il a pu mettre ses quelques biens à l’abri grâce à l’intervention de responsables de la ville de Bègles et des services sociaux, et obtenir l’assurance d’un relogement très rapide grâce aux conseillers départementaux du canton. Des affaires personnelles de la famille albanaise, sous OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français), ont pu être gardées à l’antenne du SPF à Bègles en attendant une solution de relogement provisoire via la MDSI de Bordeaux qui assure le suivi social, compte tenu de la présence d’un

enfant de 8 ans scolarisé. Le collectif de solidarité continue à demander le maintien dans les appartements des familles migrantes avec bébés et enfants/jeunes scolarisés, qui sont en cours de régularisation. Et de proposer la tenue d’une tableronde, sous l’égide de la Mairie de Bégles, pour accompagner le relogement des familles dans les meilleures conditions. La rénovation des 510 logements de la cité Thorez laisse un peu de temps, mais il faut accélérer la régularisation des papiers de ces familles qui vivent ici depuis 3 à 6 ans. Les enfants, dont beaucoup sont nés en France, sont scolarisés à Bègles ou dans des écoles, collèges, lycées ou universités de la métropole bordelaise, et la plupart des parents travaillent. Ils peuvent payer un loyer. Plutôt que de diligenter les expulsions, même s’il est de la responsabilité de la Préfecture de mettre en œuvre la politique du gouvernement, Mme la Préfète en Gironde peut produire un geste décisif pour l’avenir de ces familles, quelques régularisations ont déjà été acceptées. Plus de 50 % des appartements de la Tour F étaient vacants en juin 2017, et de nombreux autres ailleurs dans la cité, alors que tant de familles – réfugiées ou pas –, sont en attente d’un logement : quelque 700 dossiers de demandes de logement social sur Bègles, plusieurs milliers sur la métropole… Extrait de la lettre ouverte de Dominique Belougne, membre du collectif de solidarité

« Massacre » contre les chômeurs : organiser la riposte

Après la démolition du Code du Travail mise en œuvre dès son arrivée à l’Elysée et à Matignon, le gouvernement Macron-Philippe s’attaque aux droits des privés d’emploi. Le Président des riches a des urgences, elles sont dictées par le MEDEF. Depuis le 1er novembre 2019, les conditions d’accès à l’indemnisation sont réduites. Un comble lorsque l’on sait que seule une infime partie des chômeurs reçoit une indemnité. En 2018, selon les chiffres de l’UNEDIC, sur les 6,3 millions de personnes inscrites à Pôle Emploi, 2,6 millions étaient indemnisées par l’assurance chômage. 50 % d’entre elles reçoivent moins de 860 € par mois. Le rechargement des droits passe de 1 à 6 mois. Encore un coup contre le pouvoir d’achat avec son lot de souffrance et de colère ! Ce n’est pas d’économies sur les maigres allocations des chômeurs dont nous avons besoin mais d’emploi, de pénalisation de la grande finance qui ne connait que la course aux profits et la distribution de dividendes. L’ennemi, ce n’est pas l’allocataire, le chômeur ou le travailleur. L’ennemi, c’est la finance prédatrice et égoïste. Pour s’attaquer à ce fléau structurel, une véritable réflexion sur le travail s’impose. Aller vers un système qui sécurise les personnes, soit dans leur emploi, soit avec un revenu maintenu pour une vraie formation au lieu de passer par la case chômage. De quoi notre société a-t-elle besoin à l’heure des grands bouleversements climatiques et technologiques : d’emplois durables, ancrés sur les capacités créatrices des hommes et des femmes ; une sécurité d’emploi et de formation tout au long de la vie. Pour organiser la riposte à ce « massacre » contre les chômeurs, les associations de privés d’emplois appellent à manifester le 30 novembre et la CGT le 7 décembre. Le PCF sera à leurs côtés pour refuser cette réforme (lire déclaration page 7).

Claude Mellier membre de l’exécutif du PCF 33

Les Nouvelles 7 novembre 2019 • 3


DU LIBAN AU CHILI, D’HAÏTI EN I APPEL À LA FORCE DES PEUPLES

AMÉRIQUE LATINE, MOYEN-ORIENT, ASIE, AFRIQUE, CARAÏBES

L’Amérique Latine au cœur

Le vent de la révolte

Par Fabien Roussel Secrétaire national du PCF, député du Nord « Elles s’ouvriront à nouveau, un jour, les longues avenues, devant les hommes libres qui construiront un monde nouveau. » En regardant ces derniers jours les images des manifestations au Chili, le dernier message du président Allende adressé à son peuple depuis la Moneda bombardée résonne dans ma mémoire. Chili, Équateur, Haïti, Argentine, Colombie, Honduras, Brésil, Costa Rica, partout les peuples se lèvent et leur clameur s’élève, des Andes jusqu’au Rio de la Plata : « Dehors le FMI et les gouvernements corrompus, bas les pattes mister Trump ! » À Cuba ou au Venezuela, d’autres défendent avec leur gouvernement des projets de société fondés sur la justice sociale, la paix, et d’entente, malgré les violentes tentatives d’étouffement conduites par l’impérialisme états-unien et les institutions financières. Les manifestations redessinent le visage de « Nuestra América », l’Amérique de Bolivar et de José Marti, une Amérique indienne, métisse, blanche et noire, en bloc insurgée. Un grand espoir se lève : le Chili chante et danse la cueca face aux militaires. En Amérique latine, 17 millions de femmes et d’hommes, surtout des enfants, vivent dans l’extrême pauvreté. Les politiques d’austérité, les fonds vautours, pillent, rançonnent, tandis que les multinationales font ventre de tout : santé, éducation, transports, eau, électricité, richesses minières. Avec la complicité de gouvernants corrompus. Cela ne suffit pas. Pour faire payer aux plus pauvres la crise, le Fonds monétaire international (FMI) impose de nouveaux tours de vis, tandis que les gouvernants déclarent la guerre aux peuples. À Santiago, Quito, Tegucigalpa, Port-au-Prince, l’armée n’intimide plus. En Uruguay, la rue s’oppose au projet de la droite d’autoriser l’armée à maintenir « l’ordre intérieur ». Dimanche, les électeurs ont placé en tête de l’élection Daniel Martinez, du Front large, qui confirme sa place de première force politique du pays. Les rétropédalages des gouvernants n’éteignent pas la révolte. En Équateur, le gouvernement a annulé les

mesures qui avaient déclenché la marche indigène sur Quito suivie d’une chasse aux militants syndicaux et associatifs. Au Chili, après l’historique mobilisation populaire du 25 octobre, le président Piñera a fait démissionner plusieurs de ses ministres dans une opération de maquillage, envisage la levée de l’état d’urgence et le retrait des militaires actuellement dans les rues. L’arrivée ce lundi d’une mission du comité des droits de l’homme de l’ONU n’est pas étrangère à ces décisions. Au Honduras, les manifestants exigent la destitution du président Hernandez dont le frère, narcotrafiquant, vient d’être jugé à New York. Depuis juin, à Haïti, pays des « morts sans importance », le peuple réclame le départ du président Jovenel dont le clan corrompu a empoché l’aide accordée par le Venezuela. En Argentine, le président Macri a plongé le pays dans une crise ravageuse comparable à celle de 2010. Il vient d’être sévèrement battu par Alberto Fernandez et Cristina Kirchner. En Colombie, « le pays où vit la mort », des centaines de militants sociaux ont été assassinés ces derniers mois. Le président, homme lige des États-Unis dans l’agression contre le Venezuela, a enregistré, dimanche, une nette défaite aux élections régionales et municipales. Les coups d’État « institutionnels » ont de plus en plus de mal à fonctionner. Au Brésil, le complot ourdi pour destituer Dilma Rousseff et jeter Lula en prison est éventé, la plupart de ses instigateurs poursuivis pour corruption. Comme au Venezuela, en Bolivie, la tentative de la droite de contester la réélection du président Evo Morales se heurte à la détermination du mouvement social. « Ils ont les armes mais nous avons la force de nos peuples », a déclaré le président de Cuba, Miguel Diaz Canel, devant les « non-alignés » réunis en Azerbaïdjan. La preuve par Cuba, sur la ligne de front depuis soixante ans, que l’empire nord-américain étrangle chaque jour un peu plus. Chaque semaine, une nouvelle mesure renforce le blocus. Isoler, affamer, désespérer, l’administration Trump ne recule devant rien, ne respecte rien, ni l’ONU, ni les règles de l’OMC, aucun traité international. Les gouvernants européens protestent timidement parfois mais laissent faire. Nous en appelons à la force des peuples, en premier lieu au nôtre, pour faire entendre le souffle de la solidarité.

4 • Les Nouvelles 7 novembre 2019

Tribune parue dans l’Humanité du 31/10/2019

« Ils nous ont tant volé qu’ils nous ont même pris notre peur ». Ces mots scandés par les Chiliens incarnent les violences faites aux peuples. C’est l’overdose. En Amérique latine, au Moyen-Orient, en Asie, en Afrique, dans les Caraïbes, ils sont des milliers à exiger de mieux vivre et contestent l’ordre établi par un néolibéralisme débridé. Des peuples aux mains nues se dressent contre l’injustice sociale, la corruption et le despotisme. Le vent de la révolte souffle en Amérique latine, en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie, dans les Caraïbes. Partout, des manifestants par milliers revendiquent de mieux vivre et contestent l’ordre établi à l’abri d’un néolibéralisme sans limites. « El pueblo unido jamas sera vencido » ! Le peuple uni ne sera jamais vaincu ! Le slogan historique jaillit d’un feu de colère dans les rues de Santiago du Chili sous état d’urgence… Il trouve écho dans les mouvements populaires à travers le monde, au Liban, en Irak, en Équateur, en Égypte, en Indonésie, en Colombie, en Algérie, et laisse imaginer comme un appel au ralliement dans une mondialisation de la révolte. Image surréaliste ? Pas si sûr, tant les scénarios se ressemblent, tant sont comparables les ressorts insur-

rectionnels et les régimes ébranlés. Partout, une même constante plus ou moins exacerbée sous le poids de facteurs spécifiques : un contexte social délabré qui laisse des millions d’individus sur le carreau, une corruption gangreneuse dans les sphères dirigeantes et les milieux d’affaires, un totalitarisme d’un autre temps, un pouvoir dictatorial, la défiance à l’égard des systèmes et des dirigeants, dont s’empare notamment l’extrême droite en France et en Italie. (…) L’occident pas à l’abri Chili, Irak, Liban, Algérie, Égypte, où le président Al-Sissi travaille à tuer dans l’œuf toute velléité de soulèvement, mais aussi Bolivie, Équateur, Indonésie… la conjugaison de facteurs politiques et sociaux déclenche, nourrit et entretient des climats insurrectionnels. Partout, en Amérique latine, en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie, dans les Caraïbes, les sociétés sont ainsi sous la menace de guerres internes larvées. Injustices sociales, corruption, autoritarisme, mais pas seulement… l’endettement écrasant, l’échange inégal, le pillage des ressources en font des volcans en sommeil. Un mythe est tombé, la croissance mondiale n’éradique pas la pauvreté, elle ne favorise pas la stabilité politique, n’instaure pas la démocratie d’un bout à l’autre de la planète. Elle assure seulement le

développement du néolibéralisme. Qui donc peut aujourd’hui s’étonner de la multiplication des émeutes à travers le monde ? Les pays occidentaux développés, quant à eux, ne sont pas à l’abri. La poussée gilets jaunes que nul n’attendait dans la classe politique française n’est pas près de s’épuiser. Les inégalités se creusent, elles deviennent explosives. Ce spectre-là hante désormais le grand capital. Ses acteurs et ses théoriciens échafaudent des stratégies de réponse. Le patronat français en fait un thème de réflexion et de débat. Travailleurs pauvres de tous les pays, unissez-vous ! Ce slogan-là pourrait bien donner des sueurs froides aux dirigeants des pays européens. Il n’est pas exclu non plus de voir les millions d’Américains sans abri et privés de soins de santé sortir crier leur désespoir. « Toute la croissance a bénéficié au 1 % au sommet et Trump a empiré les choses. L’espérance de vie a décliné, 30 millions d’individus vont se retrouver sans assurance-santé », rappelle le prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz . « L’inégalité monte, monte, monte. (…) Comment en sommes-nous arrivés là ? Où allonsnous ? Que pouvons-nous faire pour changer de cap ? » s’interroge-t-il dans son dernier ouvrage « Peuple, pouvoir & profits » (éditions les Liens qui libèrent). Comment stopper ce néolibéralisme dévastateur ? est-on tenté d’ajouter. « On est dans une séquence politique où le capitalisme, pour se protéger, exalte ce qu’il y a de plus mauvais, de plus régressif, dans nos sociétés, les réflexes identitaires, les idées d’extrême droite », note pour sa part Marie-Pierre Vieu, députée européenne PCF de 2017 à 2019. La régression nourrit, toujours et de plus belle, la régression… Nadjib Touaibia, L’Humanité Dimanche du 31/10/2019, extrait

MICHEL ROGALSKI :

« Partout, le mépris des peuples par les classes dirigeantes devient insupportable » Les mobilisations concomitantes aux quatre coins de la planète ne sont pas un hasard. Le monde se rétrécit sans que le même mouvement s’opère pour les inégalités, nous dit Michel Rogalski, dans l’Humanité Dimanche du 31 octobre dernier.

Comment analysez-vous le fait que les peuples se soulèvent dans nombre de pays en même temps ? On pourrait dire qu’il y a derrière ces soulèvements l’ombre tutélaire de la mondialisation libérale, qui rétrécit la

planète et qui met en contact direct des situations totalement inégales. Chacun observe tout le monde et prend conscience instantanément des écarts de situations, de niveaux de vie fondamentalement différents. Je pense qu’on ne peut pas rétrécir la planète et en même temps augmenter les inégalités, sinon l’explosion est inévitable. Il faut au contraire assurer une convergence des situations entre les gens. Partout dans le monde, les gens comprennent que leur situation se dégrade, que leurs besoins essentiels : se loger, se nourrir, se soigner, s’éduquer, sont de moins en moins satisfaits, que l’avenir se bouche pour leurs enfants. C’est un désespoir qui

monte dans la population un peu partout.

C’est donc selon vous une sorte de retour de la question sociale ? Oui, dans ces mouvements, ce n’est pas la question de l’identité qui semble mobiliser, même si parfois ça peut arriver dans certains cas. La mondialisation libérale n’a pas pour objectif de développer et de répondre aux besoins essentiels. On assiste plutôt à des modes de privatisation qui altèrent la satisfaction des besoins. Le cas du Chili est frappant : les


RAK… LE RETOUR DES PEUPLES manifestations débutent contre une hausse de prix et puis en viennent à remettre tout de suite en cause des politiques qui se mettent en place à bas bruit depuis des décennies, comme la privatisation de la santé ou de l’éducation.

Dans nombre de pays, c’est le pouvoir lui-même qui est contesté… Il y a à peu près partout quelque chose qui monte qui est un déni de démocratie et de mépris par les classes dirigeantes des souverainetés populaires. Il y a un sentiment d’une dignité qui est bafouée. Les gens ne se sentent plus reconnus, ne se reconnaissent plus dans leur gouvernement et se trouvent de plus en plus dans une situation d’hostilité radicale au système. C’est une crise de la gouvernementalité : partout, les gouver-

nants perdent de leur légitimité. Les conduites des dirigeants sont parfois tellement jugées scandaleuses que les pouvoirs eux-mêmes sont en train de saper un peu partout la légitimité sur laquelle ils sont assis. Nous assistons à une contestation globale des gouvernants et de leur façon de diriger, qui provoque une destruction lente mais certaine des régimes politiques. On le voit y compris dans les pays du Nord. Le pouvoir politique a de moins en moins de légitimité parce que les peuples sentent qu’en réalité c’est un pouvoir économique qui les domine partout. Les gens se disent « on vote, on élit mais de toute façon ce ne sont pas eux qui décident ». C’est la montée des forces économiques appuyées sur des multinationales, sur la finance mondialisée qui aujourd’hui rend ces gouvernements incapables de répondre aux besoins qui s’expriment.

Où ces mouvements peuvent-ils mener selon vous ? Ils ne vont pas forcément mettre à bas le système libéral mondialisé mais, probablement dans beaucoup de cas, il y aura des acquis. L’une des nouveautés de ces mouvements, c’est aussi la violence très rapide dont ils font preuve, ce qui fait d’autant plus peur aux gouvernants, qui veulent éviter que la situation ne devienne incontrôlable. Les pouvoirs en place peuvent être contraints de lâcher sur un certain nombre de choses pour tenter de tenir sur l’essentiel. Pour aller plus loin, il y a un problème d’alternative politique et, dans nombre de cas, des difficultés pour ouvrir de nouvelles perspectives et répondre au malaise exprimé par ces mouvements. Propos recueillis par Cédric Clérin

IRAK

Un détournement de 410 milliards d’€ Sur fond de corruption généralisée de la classe politique et de lutte contre l’influence de l’Iran au Moyen-Orient, l’Irak est pris par la même fièvre « dégagiste » que le Liban. Les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre y ont fait plusieurs centaines de morts, et la rue exige le départ de l’ensemble de la classe politique au pouvoir, les gouvernements successifs depuis la chute de Saddam Hussein en 2003 ayant officiellement détourné près de 410 milliards d’euros, soit deux fois le PIB du pays. Épuisée par quarante ans de conflits armés, successivement contre l’Iran, les États-Unis et ses alliés, puis par la guerre civile entre milices chiites et groupes sunnites, la population irakienne, comme au Liban, estime qu’elle n’a plus rien à perdre. C’est dans la province chiite gorgée de pétrole de Bassora que la colère populaire avait éclaté à l’été 2018, sans jamais s’apaiser depuis. On y manifeste pour l’accès à l’eau, aux services de santé, à l’électricité, tandis que les étés caniculaires, avec une chaleur quotidienne de plus de 45 degrés, rendent le pays litté-

ralement invivable pour l’écrasante majorité de la population. Si le gouvernement irakien a réprimé cette contestation, comme la police tire à balles réelles sur les manifestants actuellement mobilisés dans toutes les grandes villes du pays, la méthode ne date pas d’hier. Avant sa chute en 2014 et sa prise par Daech, Mossoul, la grande ville sunnite du nord, voyait ses rassemblements de colère dispersés par les autorités à coups de barils remplis d’explosifs largués depuis des hélicoptères… Une partie de la population avait alors accueilli à bras ouverts les combattants de l’“État islamique” et leur promesse d’un ordre nouveau débarrassé de la corruption, qu’importe qu’il se réalise à l’ombre de la dictature de la charia. Dans un pays où pullulent les armes et les milices et où chaque clan finance sa propre lutte en détournant une rente pétrolière colossale, la demande légitime de la rue du départ de l’ensemble de la classe politique se heurte à la même quadrature du cercle : qui pour la remplacer ? Marc de Miramon, HD du 31/10/2019

« Trop de sang versé. » En Haïti, la rue exige la démission du président Jovenel Moïse, accusé de corruption et d’incompétence. Une contestation qui dure depuis 2018. La jeunesse irakienne, désoeuvrée et sans perspectives, dénonce le chômage et la corruption. La réponse des autorités : une répression qui a fait plus de 200 morts.

LIBAN

« C’est la première fois que je descends dans la rue » Grand dimanche de mobilisation au pays du Cèdre. Les manifestants veulent aller jusqu’au bout. Les revendications s’expriment malgré des tentatives de manipulation sectaire.

tous les Libanais soient unis autour des mêmes revendications. » Unies, elles le sont dans une même joie, celle de se retrouver pour exprimer cette volonté de vivre. (…) Colère face à la corruption

La place des Martyrs, à Beyrouth, semblait hier (dimanche 3 octobre) une fête populaire avec ses allées serpentant autour des tentes dressées là pour l’occasion où, comme une lente coulée de lave, se répandaient des milliers (et des milliers) de personnes. En ce nouveau dimanche de protestation, doublement baptisé « de pression » et « d’unité » au gré des idées qui fusent sur les réseaux sociaux – le partage faisant fonction d’approbation –, drapeaux libanais brandis, des filles finement maquillées, jeans moulants et tee-shirt trop courts pour recouvrir le nombril flanqué d’un piercing, les cheveux au vent, côtoient des jeunes femmes du même âge, voilées avec charme et élégance, sans que cela ne gêne quiconque. « Je n’étais pas politisée et c’est la première fois que je descends dans la rue pour manifester, témoigne l’une d’entre elles. Mais c’est un véritable rêve que

Les revendications proprement sociales, si elles ne sont pas directement visibles, s’expriment chez chacun. Comme un besoin. « Moi je n’ai pas les moyens d’avoir un générateur, alors je passe des longues heures sans électricité. Pour les enfants, c’est difficile », souligne Omar, un quadragénaire venu d’une banlieue de Beyrouth. Et de dénoncer immédiatement : « Non seulement c’est insupportable, mais tout le monde n’est pas dans ce cas. Il y en a qui ont des millions sur leur compte en banque. » (…) On sent, ici et là, la gravité des manifestants, toutes générations confondues qui savent bien, pour autant, que tout n’est pas réglé, même si tous veulent y croire. Ce n’est pas pour rien que, sur l’un des carrefours de la capitale, des manifestants ont érigé une potence avec des « pendus » vêtus de tuniques blanches sur lesquelles

avaient été inscrits : « Sectarisme » et « 1975 », soit l’année du déclenchement de la guerre civile libanaise, interconfessionnelle, qui a si durement marqué cette société et dont l’ombre plane toujours, y compris sur le mouvement de protestation. Car, au-delà de la colère qui s’exprime face à la corruption, à la crise économique, la tentation est grande parmi les partis confessionnels de réactiver les vieux réflexes sectaires alors que le premier ministre, Saad Hariri (qui n’est même plus dominant parmi les sunnites), a démissionné, mardi 29 octobre, entraînant dans sa chute tout le gouvernement, mettant ainsi à mal l’équilibre du pouvoir. Le mirage d’un gouvernement de « technocrates »

« C’est peut-être ce que cherchait Hariri, affirme Walid, enseignant en histoire. Il a profité des manifestations pour tenter de changer la donne dans un gouvernement et un Parlement dominés par le Courant patriotique libre (CPL) du président Aoun et ses alliés, dont le Hezbollah. » Comme en écho à cette réflexion, un groupe

de jeunes gens se disant « apolitiques » et ayant créé une liste « Beyrouth c’est ma ville » lors des dernières élections municipales (réalisant un score non négligeable) organisait, samedi soir, sur la place des Martyrs, un débat. Maazen, l’un des animateurs, expliquait en substance qu’il fallait nommer rapidement un premier ministre et mettre en place un gouvernement de transition composé de technocrates avant l’organisation rapide d’élections. Outre la naïveté de penser que lesdits technocrates seraient sans lien avec toute représentation confessionnelle, il est hasardeux de vouloir écarter les responsables de ce système vérolé, sans garde-fous. Et puis, comme le rappelle Walid, « l’an dernier, ce sont ces mêmes Libanais qui ont élu ces gens qu’ils dénoncent maintenant ».

lui de déclarer : « Les Libanais ont perdu confiance en l’État. Nous devons restaurer cette confiance. (…) Certains essaient de pousser à un affrontement des rues. Ceci ne doit pas se produire. La lutte contre la corruption, l’amélioration de l’économie et la construction d’un État civil demandent l’effort de tous ceux qui ont des revendications légitimes. » Il a appelé « tout le monde à l’union ». Il devrait lancer aujourd’hui des consultations en vue de la nomination d’un premier ministre. (…) Pierre Barbancey, envoyé spécial à Beyrouth pour l’Humanité, 04/10/2019

Les Libanais aspirent à un état civil

Dimanche matin, d’ailleurs, des dizaines de milliers de partisans du président Michel Aoun sont venus lui manifester leur soutien devant le palais de Baabda. L’occasion pour Les Nouvelles 7 novembre 2019 • 5


DU LIBAN AU CHILI, D’HAÏTI EN IRAK… LE RETOUR DES PEUPLES AMÉRIQUE LATINE

Contre le libéralisme, un « basta ! » haut et fort aussi eu recours à l’institution financière internationale, les politiques d’austérité ont fait repartir en flèche la pauvreté (35 %). Le spectre d’une nouvelle banqueroute, après celle de 2001 et son cortège de familles jetées à la rue et d’enfants s’évanouissant de faim, pourrait coûter très cher au président Mauricio Macri, présenté comme le grand perdant de l’élection présidentielle du 27 octobre. (…) Le continent le plus inégalitaire

Santiago, Chili, le 24 octobre. Le slogan « Ce ne sont pas 30 pesos, ce sont ces 30 dernières années » dit toute l’ampleur du ras-le-bol.

Du Chili, en passant par l’Équateur, ou encore Haïti, de puissantes mobilisations contestent le modèle économique à l’œuvre. Malgré la répression et l’intransigeance d’exécutifs conservateurs, de nouveaux acteurs affichent leur soif de justice sociale et de libertés démocratiques. « Ce ne sont pas 30 pesos, ce sont ces 30 dernières années. » Le slogan des jeunes Chiliens est devenu un cri dans le pays austral. L’augmentation du prix du ticket de métro à Santiago, la seconde hausse en moins d’un an, a été la goutte qui a fait déborder un vase déjà trop plein. Depuis le 17 octobre, à la suite de la première salve répressive ordonnée par le président conservateur et multimilliardaire Sebastian Piñera, les cortèges ne cessent de grossir, en dépit du couvre-feu, de l’état d’exception et des charges policières et militaires. La société chilienne est grosse de frustrations sociales et citoyennes, accumulées depuis plus de quatre décennies, lorsque le dictateur Augusto Pinochet (1973-1990) a fait du Chili le terrain d’expérimentation du néolibéralisme. Une quasi-insurrection en Haïti

La contestation de ce modèle se vérifie ailleurs, dans la région. Début octobre, le chef de l’État équatorien, Lenin Moreno, élu en 2017 à la faveur du

bilan social de la révolution citoyenne de son prédécesseur de gauche Rafael Correa, mais qui a depuis retourné sa veste, a tenté un coup de force. En échange d’un prêt de 3,8 milliards d’euros du FMI conditionné à des mesures d’austérité, les autorités voulaient supprimer, entre autres, les subventions aux carburants. Quito s’est alors embrasée. Des plaines, des montagnes et de l’Amazonie, à l’appel de la puissante confédération des nationalités indigènes de l’Équateur (Conaie), les Indiens ont porté le fer jusque dans la capitale, au point de faire reculer Lenin Moreno. Reléguée en second plan par la surmédiatisation idéologique de la crise politico-économique vénézuélienne, la crise s’est pourtant transformée en quasi-insurrection en Haïti. Depuis la rentrée, le pays est paralysé. La rue exige la démission du président Jovenel Moïse, accusé d’incompétence et de corruption. À l’été 2018 déjà, le premier ministre avait été contraint de démissionner, après d’importantes manifestations contre l’augmentation du prix des combustibles exigée par le FMI. Depuis, la pression populaire n’a pas faibli. On pourrait encore citer les mobilisations des enseignants en Colombie ou encore les cortèges étudiants au Panama, qui réclament davantage de moyens pour le système éducatif public. Quant à l’Argentine, où le gouvernement néolibéral a lui

BOLIVIE

Evo Morales officiellement déclaré vainqueur de l’élection présidentielle Le Tribunal suprême électoral a rendu publics, samedi 2 novembre, les résultats définitifs de l’élection présidentielle bolivienne du 20 octobre. Le candidat socialiste et président sortant, Evo Morales, l’emporte avec 47,08 % des suffrages. Comme il distance de plus de 10 points le candidat de droite arrivé deuxième, Carlos Mesa, avec 36,51 % des voix, selon la loi bolivienne, il n’y aura pas de second tour. Carlos Mesa a, dimanche, exigé un nouveau vote. Lors de la publication des premiers résultats partiels, pu-

bliés dimanche 20 octobre, les zones rurales favorables à Evo Morales n’avaient pas été comptabilisées et moins de 10 points séparaient les candidats. L’opposition avait alors appelé à des manifestations, dont certaines ont pris un tour violent quand il est apparu que Morales l’emporterait dès le premier tour. L’Organisation des États américains réalise un audit du scrutin, à la demande du gouvernement bolivien, et rendra ses conclusions d’ici deux semaines.

6 • Les Nouvelles 7 novembre 2019

L’Amérique latine est le continent le plus inégalitaire au monde. Au Chili, 1 % des familles détiennent 26,5 % des richesses nationales. Le salaire minimum n’excède pas les 380 euros ; 50 % des travailleurs perçoivent un salaire mensuel inférieur ou égal à 505 euros. Le système des retraites par capitalisation mis en place en 1981 par José Piñera, ministre du Travail de Pinochet et frère de l’actuel président, a accentué l’exclusion, la moyenne des pensions étant de 257 euros par mois, selon l’Institut national de statistiques. Les jeunes et les foyers sont surendettés à vie en raison des coûts universitaires faramineux,

conséquences de la marchandisation de l’éducation. Les Haïtiens laissent exploser leur rage : comment survivre avec 2 dollars par jour ? (…) Au Chili, enlèvements et violences sexuelles

En Équateur, le dernier bilan des victimes fait état de 10 morts. Au Chili, on recensait au moins 18 morts le 24 octobre, plus de 2000 arrestations, dont des adolescents, ainsi que des violences sexuelles, des enlèvements. Malgré la posture martiale de ces nations conservatrices, la peur n’étreint plus les nouveaux visages des protestations. « S’il existe une grande diversité sociale des manifestants, les jeunes et les femmes sont une force motrice et mobilisatrice. De manière générale, ces jeunes sont issus des milieux urbains de classes défavorisées ou moyennes, mais très précarisées. L’ émergence de ces acteurs s’accompagne de formes de luttes plus horizontales, plus libertaires, qui prônent la désobéissance civile », estime le chercheur du Cetri. Ces mouvements populaires ferontils vaciller les exécutifs ultralibéraux,

en parvenant à imposer leur soif de changements économiques mais également démocratiques ? « Leur force est également leur fragilité. Leur fluidité, leur rapidité d’intervention, leur volonté de ne pas être captés par des acteurs politiques traditionnels rendent problématique leur inscription dans la durée, soutient Frédéric Thomas. L’enjeu est de passer d’un contre-pouvoir ponctuel à une forme de pouvoir alternatif durable, en créant de nouveaux espaces. Car ce qui est contesté, au-delà des mesures politiques et économiques, c’est la manière même de faire de la politique. » À l’aube du XXI e siècle, après des années de plans d’ajustements structurels dévastateurs du FMI, de pillages des ressources naturelles et d’exploitation humaine humiliante, des soulèvements dans la région avaient porté la gauche au pouvoir, balayant des exécutifs inféodés aux dogmes ultralibéraux et répressifs, incompatibles avec la justice sociale, et une citoyenneté régénérée. Cathy Dos Santos, HD 31/10/2019, extraits

ALGÉRIE

Le peuple de novembre veut une « seconde indépendance »

Pour le 1er novembre, des foules immenses ont envahi les rues. Le mouvement populaire en Algérie rejette le scénario électoral concocté par un système qui joue sa survie. Qu’elle paraît loin, la grisaille du 1er novembre 2018, lorsque des hommes en uniforme faisaient défiler, dans les rues désertées d’Alger, un absurde et gigantesque portrait d’Abdelaziz Bouteflika, l’impotent président alors cloîtré dans sa résidence médicalisée de Zeralda… Dès jeudi soir, pour célébrer le 65e anniversaire du déclenchement de l’insurrection algérienne, une foule immense, joyeuse, vivante, envahissait les rues de la capitale, promettant de conquérir une « seconde indépendance ». Placé depuis le mois de juin sous une pression répressive qui va grandissant, le mouvement populaire renouait le lendemain, pour le 37e vendredi de mobilisation, avec l’élan, la ferveur et l’émotion des premières marches, en février. Candidats issus du sérail

(…) Sur tout le territoire, les mêmes cortèges, interminables, se sont for-

més. Avec, partout, les mêmes mots d’ordre pour dénoncer la corruption et le pillage du pays par les élites politiques et l’oligarchie, exiger « l’ indépendance économique », affirmer la volonté de rupture avec le pouvoir militaire qui dirige de facto l’Algérie depuis la chute d’Abdelaziz Bouteflika. Et surtout, dire « non » au scénario électoral concocté par un système qui joue sa survie. « Makache intikhabat ya el issabate ! » (« Pas de vote avec les gangs ! »), répètent les Algériens au fil des semaines, comme un défi lancé au chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, qui tient pour des « traîtres » ceux qui s’opposent à son coup de force par les urnes. L’élection présidentielle aurat-elle lieu le 12 décembre, après les « reports » d’avril et de juillet ? Samedi, l’Autorité nationale indépendante des élections (Anie) a rendu publique la liste des candidatures validées. Sur les 23 postulants ayant déposé un dossier, cinq, seulement, ont été retenus. Quatre d’entre eux ont déjà exercé des fonctions ministérielles et deux hommes du sérail dominent ce casting : Ali Benflis, déjà candidat en 2004 et 2014, et Abdelmadjid

Tebboune. Tous deux furent chefs de gouvernement sous le règne d’Abdelaziz Bouteflika… C’est, en fait, un boiteux scrutin qui se dessine : le rendez-vous est boycotté par toutes les composantes de l’opposition et les Algériens n’ont aucune confiance dans une administration passée maîtresse dans l’art de la fraude. Ils ne placent aucun espoir dans des urnes verrouillées par un système institutionnel et constitutionnel organisant la confiscation du pouvoir. Même si le processus devait aller jusqu’à son terme, le président qui en sortirait n’aurait donc aucune légitimité, et le pays resterait ingouvernable. En Algérie, tous les ingrédients sont réunis pour une transition démocratique apaisée. Mais les hommes du pouvoir s’accrochent, s’enferrent et répriment la contestation pacifique. Les oukases pleuvent, les arrestations continuent. Hier, à Oran, le tribunal était le théâtre d’une scène terrible : les gendarmes antiémeute y étaient déployés pour tabasser les magistrats en grève contre le sale boulot de répression judiciaire que leur impose le pouvoir. De quoi nourrir encore une colère exprimée avec intelligence, tact et opiniâtreté par les jeunes Algériens. Vendredi, un slogan résumait l’état d’esprit de ce peuple de novembre : « Ôtez vos sales mains de nos lendemains. » Rosa Moussaoui, l’Humanité du 04/11/19


PCF RÉFORME DES ALLOCATIONS CHÔMAGE

DIMANCHE 17 NOVEMBRE 2019 À MIDI

Macron tape autant sur les chômeurs que sur les travailleurs

Grand repas républicain avec Cécile Cuckierman à Bègles

Déclaration du PCF du 4/11/2019 « Des cadres aux employés, des jeunes aux vieux, des ouvriers aux profs précaires, la réforme chômage du gouvernement Macron attaque tout le monde du travail et de la création. Il tape autant sur les chômeurs que sur les travailleurs. Pourtant, il protège le grand capital et déresponsabilise les grandes entreprises. La réforme privera en effet d’indemnités chômage des centaines de milliers de salariés en exigeant qu’ils travaillent plus longtemps et sur un laps de temps plus rapproché pour être indemnisés. Elle baissera également de 30 % les allocations des salariés cadres un peu mieux payés que les autres, au bout de 7 mois. Le “rechargement” des droits passe de 1 mois à 6 mois !

En bref, elle va créer de la souffrance sociale, de la colère et ne rien arranger à la situation économique. Encore un coup contre le pouvoir d’achat. Ce n’est pas d’économies sur les maigres allocations des chômeurs dont nous avons besoin, mais d’emplois, de responsabilisation des entreprises, de pénalisation de la grande finance et d’appui aux sans emploi pour une vraie formation et une vie décente. Le PCF exige un vrai bonus-malus clair et général sur les licenciements : il faut faire payer davantage les entreprises qui licencient. Au lieu de cela, le gouvernement crée une usine à gaz pour une taxation riquiqui de certains contrats précaires et dans quelques secteurs. Il y a une hémorragie productive. Il faut mobiliser les banques, à commencer par la BPI, pour une politique industrielle

plaçant l’emploi, sa qualité et sa rémunération en son cœur. À l’inverse, Macron divise la société et la fracture contre l’efficacité économique et contre la justice sociale. L’ennemi, ce n’est pas l’allocataire, le chômeur ou le travailleur. L’ennemi, c’est la finance prédatrice et égoïste. Il faut au contraire aller vers un système qui sécurise les personnes, soit dans leur emploi, soit avec un revenu maintenu pour une vraie formation au lieu de passer par la case chômage. Il faut une sécurité d’emploi et de formation tout au long de la vie. Et pour cela responsabiliser les entreprises et les libérer de l’étau du capital dont les prélèvements pèsent sur elles : pompage de dividendes et d’intérêts versés aux banques. C’est cela l’efficacité moderne. C’est ce qu’exige le véritable nouveau monde qui cherche à advenir, ancré sur les capacités créatives des travailleurs, femmes et hommes, répondant à la révolution informationnelle en cours et aux urgences écologiques. Le PCF s’emploiera à combattre cette réforme, à appuyer les mobilisations en ce sens, syndicales, associatives, ou des gilets jaunes. Il le fait déjà dans les municipalités et collectivités qu’il dirige, ou à la gestion desquelles il participe, en mobilisant tous les leviers possibles pour appuyer le monde du travail. Le vote communiste aux élections municipales sera une voix pour refuser cette logique et la récuser. »

RÉVÉLATIONS DU CANARD ENCHAÎNÉ

Le PCF dénonce une mainmise du politique sur la justice Déclaration du PCF, le 4/11/2019. « Les magistrats ont fait part de leur consternation et leur stupéfaction après la divulgation par le Canard enchainé d’une note confidentielle selon laquelle la Chancellerie envisagerait de maintenir ou supprimer des postes de juges en fonction des résultats électoraux de LREM. Cette note indique en effet que le ministre de la Justice a sollicité une réunion avec l’un des conseillers du Premier ministre et les experts des élections municipales pour connaître

les villes potentielles cibles électorales et de ce fait différer les annonces de la carte judiciaire. Le PCF apporte son soutien total aux magistrats qui dénoncent la mainmise inacceptable du politique sur l’organisation de la justice. Cette nouvelle organisation, menée en catimini, porte gravement atteinte au principe fondamental de l’indépendance de la justice. Le PCF exige que les critères de l’éventuelle réforme de la carte judiciaire soient strictement objectifs et fondés sur les besoins de la

population. L’USM et le SM ont raison d’exiger que tous les projets de suppression fassent l’objet d’un argumentaire détaillé en toute transparence avec les acteurs locaux de la justice au lieu de faire une scandaleuse instrumentation de la justice, à des fins politiques. Les besoins de justice sont importants, il ne saurait être question d’y pallier uniquement en fonction des scores électoraux de la majorité en place. Force est de constater qu’on est bien loin de la République exemplaire que prônait le Président de la République. »

La fédération de la Gironde du PCF invite à participer à son grand repas républicain le dimanche 17 novembre prochain salle Jean Lurçat à Bègles. Ce sera l’occasion d’échanger avec Cécile Cuckierman, porte parole du PCF et sénatrice communiste, sur l’actualité politique nationale et locale. 20 € pour les adultes, 8 € pour les enfants. Réservation possible à la fédération du PCF. Tél. 05 56 91 45 06 // gironde.pcf@gmail.com Les Amis de la Renaissance seront présents avec leur stand de livres, dont de nombreuses nouveautés comme le dernier ouvrage de Lucien Sève ou encore des Pinçon-Charlot, mais aussi :

CONFÉRENCE DE PIERRE DHARRÉVILLE, DÉLÉGUÉ NATIONAL À LA CULTURE DU PCF

« Bâtir une politique culturelle populaire, un enjeu de société » La fédération de la Gironde du PCF reçoit Pierre Dharréville le vendredi 22 novembre 2019, à 18h30 dans ses locaux du 15 rue Furtado à Bordeaux. La convention nationale du PCF pour l’art, la culture et l’éducation populaire s’est tenue les 28 et 29 septembre 2018. Il en est sorti un livre Culture en force (lire dans L’Ormée, 121) qui trace, pour les années à venir, les orientations du PCF en matière de culture et d’éducation populaire. Il se présente également comme une « boîte à outils » utile à la réflexion et à la préparation des projets municipaux pour les élections à venir. Pierre Dharréville, député des Bouches du Rhône, et délégué national à la culture du PCF, viendra nous présenter les travaux de la convention autour du thème : « Bâtir une politique culturelle populaire, un enjeu de société ».

SOUSCRIPTION FÉDÉRALE

Pour faire grandir nos combats communs le PCF compte sur vous !

FLOIRAC

Décès de Michel Broqua

Michel Broqua vient de nous quitter des suites d’une longue maladie.

Michel fût élu de à Floirac de 1977 à 2008. Ouvrier à l’AIA, il avait raté la victoire avec ses colistiers de quelques voix. Il fut un élu reconnu dans sa ville comme à la Communauté Urbaine. Il devint vice-président de la Communauté urbaine en 1995, en charge des déplacements. Consciencieux et travailleur, il obtint le respect de tous les élus, des services et des entreprises qu’il fut amené à rencontrer. Il incarnait cette génération de

communistes qui, issus de la classe ouvrière, surent s’emparer des leviers du pouvoir communal, comme évoluer dans leur vie en accédant à la formation, en suivant des cours du soir au CNAM. La fédération de Gironde du PCF adresse à sa femme et à ses enfants, à son frère, à ses proches ses sincères et fraternelles condoléances.

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33 ILS ONT DONNÉ 2 042 euros : M. BAILANGER Stéphane, Mérignac ; Section Nord Gironde ; M. PEDEBOSCQ Henri, Cenon ; M. BULOT Gabriel, Gradignan ; M. DUPOUY J-Michel, Bègles ; M. NICOLEAU Yves, Bordeaux ; M. BOIVINET Vincent, Bègles ; Mme TEXIER Christine, Bègles ; M. et Mme BORDES Jean-Jacques, Bordeaux ; M. et Mme LAVALLÉE Yvan, Lanton ; M. GORCE Pierre, Talence ; Mme BORDACHAR Claire, St-Denis-de-Pile

Sébastien Laborde Les Nouvelles 7 novembre 2019 • 7


CULTURE & SOLIDARITÉ Si nos vamos a ir juntos… Que sea a la Chingada

Performance qui joue avec le temps pour nous rappeler que rien n’a vraiment changé depuis un siècle dans le regard sur le corps et le genre, ce que Michel Foucault appelait la bio politique. Sur scène, Frida Kahlo, une femme considérée comme une féministe sans l’être, une femme de fort tempérament qui parle et se meurt dans le monde politique des années 30. Un amour destructif, un amour confisqué et accepté de la

part d’un homme qui lui disait qu’elle n’avait pas d’importance. Une relation pleine de douleurs, d’émotions, de souffrances, d’humiliations mais aussi de transgressions sociales et morales, que l’imagination populaire appelle amour. Dans une cantina, des personnages surréalistes partagent la vie de Frida et dansent avec elle, comme la mort qui l’a, en permanence, accompagnée… Sexualité, bisexualité, transsexualité, communisme et bontés d’une Frida sui generis et anti-iconique, soumise et obsédée par un macho mexicain. Une œuvre au goût de mezcal… Guillermo Navarro Hernandez fait partie de la première génération diplômée du Foro Teatro Contem-

poraneo dirigé par Ludwik Margules (1991-1994). Il travaille avec le théâtre du Versant (Biarritz), avec Adama Traoré au Mali (Théâtre des réalités à Bamako) et a participé à des co-productions avec le Maroc, la France, le Mali, le Togo, Haïti, l’Espagne, la Belgique. Depuis 2004, il enseigne au Centre national des Arts (CENART), à Mexico. Il fait partie du collectif HYDRA (trans-philosophie scénique-performances) intégré par des philosophes, des créateurs de théâtre et des performers, ainsi que de l’Association mexicaine de recherche théâtrale. * 26 rue de la République à Bègles, tram C arrêt Musard, réservations et renseignements au 06 77 05 74 64

13 AU 24 NOVEMBRE

L’usage du monde ! esprit de découvertes, de partage d’enthousiasmes, nous vous convions à la rencontre d’écrivains d’ailleurs et d’ici qui ne se résignent pas : elles et ils nous racontent des histoires d’amour et de luttes, de dignité et de paix reconquises. » Martine Laval, conseillère littéraire Programme

La 16e édition de Lettres du monde a pour titre L’usage du monde ! et rassemblera une vingtaine d’invités – auteurs étrangers et français, traducteurs, éditeurs – pour un programme de rendez-vous littéraires dans les médiathèques, bibliothèques, librairies, établissements scolaires et universitaires de trente-cinq villes de la région Nouvelle-Aquitaine. « Notre belle planète bleue serait-elle en train de perdre la boule ? Crise sociale, racisme, homophobie, écologie bafouée,

inégalités flagrantes… violences et guerres rythment notre quotidien. Que faisons-nous de notre monde ? Que faisons-nous de nous-mêmes ? Face à ce déluge d’incertitudes, de peurs, de repli sur soi, de cynisme rampant, le festival Lettres du monde réaffirme son engagement : dire haut et fort que la littérature peut nous sauver, nous donner le goût de l’autre, le goût du bonheur. Écrire et lire, deux mots pour une même aventure : vaincre notre désarroi, notre solitude. Les livres sont des appels d’air, mieux, des chants de liberté. Ils sont là pour réenchanter la vie, lui donner sens. Dans un joyeux

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

8 • Les Nouvelles 7 novembre 2019

BORDS DE SCÈNES par Michel Richard

PUCÉAR ET LE THEÂTRE DU LEVAIN

Pucéar et le Théâtre du Levain présentent, en version bilingue : si nous devons partir ensemble, que ce soit au diable ! De Guillermo Navarro, dimanche 24 novembre à 18h30 au Théâtre du Levain*.

CHRONIQUE

Mercredi 13 novembre 20h30 : Concert-Lecture Alain Damasio & Palo Alto, Les Furtifs, Rocher Palmer à Cenon Jeudi 14 nov. 18h : Rencontre avec Sylvie Germain, à la médiathèque Gérard Castagnéra de Talence Jeudi 14 nov. 18h30 - Rencontre avec Giancarlo de Cataldo à la médiathèque de Cestas Vendredi 15 nov. 18h30 : Soirée d’ouverture - Lettres du monde, station Ausone, Mollat, Bordeaux Samedi 16 nov. 11 h : Rencontre avec G. de Cataldo, bibliothèque Jean de la Ville de M. Rencontre avec Sylvie Germain à la Bibliothèque de Bassens. Rencontre avec Liao Yiwu à la librairie Folie en tête, La Réole. Rencontre avec Patrick Chamoiseau à la médiathèque Jean Degoul, Bordeaux. Rencontre avec Tommy Orange à la Bibliothèque du Grand Parc Samedi 16 nov. 16 h : Rencontre avec Liao Yiwu - Rencontre avec Patrick Chamoiseau Forum des Arts et de la Culture, Bordeaux. Rencontre avec Sylvie Germain à la médiathèque M270 à Floirac. Rencontre avec Tommy Orange à la médiathèque Léopold S.Senghor, Saint-Médard-en-Jalles Samedi 16 nov. 18 h30 : Rencontre avec Giancarlo De Cataldo, Mediathèque Jean Vautrin de Gradignan Dimanche 17 nov. 11 h30 : Rencontre avec Sylvie Germain & Kaouther Adimi, librairie Machine à Lire, Bordeaux. Rencontre avec Tommy Orange, librairie Le Passeur, Bordeaux. Dimanche 17 nov. 15h : Rencontre avec Patrick Chamoiseau, librairie MAL, Bordeaux

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Evidences* Lui : T’y crois-toi ?! L’autre : Soyons clairs, ce verbe me fait toujours peur. Croire… il y a pas… il y a un côté à accepter d’être aveugle. Lui : Non. Ecoute. Ce que je veux dire. Toujours on est, en ce moment, à prévoir le pire. Il faut que l’on cesse ce jeu dans lequel on se fait entrainer. L’autre : « Entrainer »…Ah, ce verbe ! … Qui ne signifie rien d’autre que la mise en place d’un fonctionnement où par la répétition opiniâtre de quelque-chose on obtient, de toutes les façons, un résultat… quel qu’il soit ! Lui : Tu me saoules ! L’autre : Parlons, alors. Lui : Je t’écoute. L’autre : Pardon, c’est toi qui as commencé, si tu te souviens, en me demandant : T’y crois-toi ?! Lui : On arrête ! L’autre : Alors commence ! Lui : J’en peux plus ! Je vais te dire tous ces films, ces romans, ces articles, émissions de radio… et d’autres trucs du même acabit avec la fin du monde – la fin d’un monde… tous remplis de bonnes intentions… À la fin, c’est comme s’ils bavaient d’arguments sirupeux gobés tant ils sont sucrés… pour en arriver à une seule chose… nous faire rentrer dans notre tête un simple argument rendu incontestable, incontournable et donc, en fin de compte, institué : Le pire est là ! C’est la faute de chacune et chacun d’entre nous ! L’autre : Tu es aussi banal que tout ce que tu dénonces. T’en rends-tu compte ? En gros tu nous accuses de gober… Bien et alors ? Trop facile. « Ils » gobent, consomment, se comportent comme des bovins… au moins ça te dédouane ! Lui : Pas si je dis : Ouvrons les yeux ! Comprenons comment fonctionne un système ! Démontons-le ! Plaçons-le là où est la place de chacun ! Mettons-nous les mains dans le cambouis !… L’autre : Tu oublies peut-être que l’« autre »… il… veut pas… Le… « il »… y veut pas mettre les mains… à la pâte. Lui : Oh, ça va ! Si tu te retrouves dans un monde où tu ne respires plus, si l’eau que tu bois est polluée ou encore qu’il n’y en a plus… si manger devient une quête de chaque instant pas comme une obsession mais comme une nécessité… ton « il » se sentira concerné… sans coup férir, je te dis ! L’autre : En gros, finalement, tu n’as que des menaces comme argument ! Lui : Mais, nom d’un chien, c’est nous tous qui sommes menacés… L’autre : Tu ne nous apprends rien ! Lui : Ne s’agit pas d’apprendre mais de comprendre. L’autre : Parce que tu crois que nous n’avons pas compris !? Lui : Donc !? L’autre : Compris que les causes viennent de l’intérêt ! Lui : L’intérêt, promeut les riches ou met en valeur toutes les diversités. L’autre : D’où cette question : Qui met en place soit des lois imposées soit des propositions à réfléchir. ? Qui ? Lui : Dingue ça ! Nous cherchons la même chose… L’autre : À savoir ? Lui : Réfléchir. Envoyer des signaux. S’échanger tous nos savoirs puisque tous nous comprenons. Osons-nous le dire …Non, non pas une interrogation ! Une affirmation. Tout est une question de volonté politique ! L’autre : Je me range. Lui : Où ? L’autre : À tes côtés * « Place ta chaise face à l’horizon et traverse les murs avec moi » (Georges Castera poète haïtien)


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