Nouvelles N° 2227

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Jeudi 2 novembre 2017 - N° 2227 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

ET 2 G D BU

018

É T I R TÉ USE S U A RE E G DAN UR LA PO TÉ SAN

ST MICHEL ET CENTRE-VILLE

COURSIERS À VÉLO

ESPAGNE

DÉPUTÉS COMMUNISTES

L’expulsion des classes populaires

La dynamique de lutte

La voie du peuple, la seule issue

L’Humain contre la Finance

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ACTUALITÉ FORD BLANQUEFORT

SAINT-MICHEL ET CENTRE-VILLE

Un investissement de 108 millions d’euros… potentiel

Au-delà des polémiques, l’expulsion des classes populaires…

L’étude pour la fabrication d’une nouvelle boîte est concluante pour la direction de Ford Europe, qui conditionne toutefois un investissement de 108 millions d’euros aux conclusions d’une seconde étude.

« On vient de passer plus de deux heures en réunion dans une ambiance feutrée où on nous parle de franchise et de transparence, mais on sort avec une nette impression de flou. » Jean-Marc Chavant de Force Ouvrière à Ford Aquitaine Industrie (FAI) commente ainsi la réunion du lundi 23 octobre avec la direction de Ford Europe, le préfet et les élus locaux. Car les annonces n’ont pas fait florès à la préfecture de Bordeaux. La plus attendue d’entre elles concernait la possibilité de fabriquer une nouvelle boîte de vitesse (8fmid) qui aurait redonné de l’activité à l’usine et ses moins de 9 00 salariés (loin de l’objectif des 1 000 souhaités depuis l’accord quinquennal de 2013). Une étude interne a permis de montrer l’intérêt et la compétitivité du site girondin. La direction de Ford Europe décide, pour fêter cela, de débuter… une seconde étude. Si ça marche, il y aurait un « investissement potentiel de 127 millions de dollars (environ 108 millions d’euros, NDLR) », selon l’élue départementale Christine Bost. Les conclusions de l’étude seront rendues lors du prochain comité de pilotage, en janvier prochain. Mais la CGT redoute l’échéance de la fin de l’accord entre Ford et l’État, en mai 2018. La direction de Ford Europe a bien indiqué que les boîtes de vitesses 6f15 et 6f35 pourront être fabriquées simultanément jusqu’en 2020 selon les syndicalistes CFTC, FO, CFDT et CFE-CGC rencontrés. Mais le volume supplémentaire parait, à les entendre, ridicule : 5000 transmissions supplémentaires par an. « On fait ça en deux semaines », rit l’un des responsables syndicaux. Pour le reste des productions, le Carter Fox s’en va, la production du DCT est vouée à disparaître et TTH est désormais l’œuvre de leur usine voisine Getrag. Pourquoi tant de difficulté à donner de nouvelles productions ? « La direction de Ford Europe évoque la volatilité du marché, notamment européen, avec une baisse importante de la demande par les consommateurs de véhicule diesel au profit de la voiture à essence », a rapporté le préfet Pierre Dartout lors d’une conférence de presse. Bien sûr, cette même direction ne parle ni de ses bénéfices et dividendes, ni des aides publiques touchées. En trois ans, l’usine a reçu 3,8 millions d’euros de CICE (Crédit impôt compétitivité emploi) alors que 200 emplois ont été supprimés. La CGT compte toujours sur la mobilisation des salariés, une assemblée générale était organisée dès le lendemain. avec Rue89 Bordeaux du 23/10/17

BATAILLE CONTRE LA BAISSE DES APL

Les associations invoquent la Constitution Le collectif Vive l’APL poursuit la mobilisation, sur le plan juridique et dans la rue. Le Conseil d’État a, le 27 octobre, en recours en référé, déposé le 11 octobre par 10 organisations* du collectif « Vive l’APL » et plus de 20 requérants individuels afin de suspendre le décret et les arrêtés mettant en place une baisse de cinq euros des APL depuis le 1er octobre. Des deux conditions cumulatives nécessaires pour un référé, le juge a rejeté celle relative au doute sérieux sur la légalité de ces textes. Mais il ne remet pas en question l’urgence : une baisse de 5 € peut avoir des conséquences graves et immédiates pour les bénéficiaires des APL, alors que le gouvernement prétextait le contraire. Il faudra maintenant attendre l’audience du Conseil d’État qui examinera la légalité des textes pour savoir si cette baisse pourra effectivement être remise en cause, ou pas. Cette procédure dure plusieurs mois. En attendant la décision, les associations vont déposer une question prioritaire de constitutionnalité, avec Maître Patrice Spinosi, sur les limites du pouvoir du gouvernement pour décider d’une telle mesure. L’éclairage du Conseil constitutionnel sur ce point est important, pour les associations, et surtout pour les 12 millions de personnes qui bénéficient de l’APL. Le collectif « Vive l’APL » appellait à une veille citoyenne le 2 novembre 2017 à 19 heures à l’Assemblée nationale, pendant les débats publics sur l’article 52 du projet de loi de Finances 2018 qui organise la baisse de 60 à 100 € des APL en HLM. Une journée nationale de mobilisation aura lieu dans toute la France le 9 décembre 2017. *La Confédération générale du logement (CGL), la CLCV (Consommation, logement et cadre de vie), la Confédération nationale du logement (CNL), l’association Droit au logement (DAL), la Fédération des acteurs de la solidarité, la Fondation Abbé Pierre, SNUP Habitat (FSU), le collectif Pas Sans Nous, l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) et l’Union sociale pour l’habitat (USH)

JUGEMENT DE NICOLAS

Condamnation confirmée mais peine diminuée Un an après le premier jugement qui condamnait notre camarade Nicolas pour entrave à la liberté de circulation du tramway et rébellion à agent de la force publique lors de la manifestation du 14 juin 2016 contre la loi El Khomri, le jugement d’appel vient de tomber. Il confirme les délits mais en atténue les conséquences financières en lui infligeant notamment 70h de Travaux d’intérêt généraux et en réduisant les dommages et intérêts pour les deux policiers plaignants et en n’inscrivant pas la sanction au casier judiciaire. La solidarité financière dont il a fait l’objet devrait lui permettre de couvrir ces frais de justice. Ce délibéré est d’autant plus décevant que Nicolas avait eu le sentiment d’être entendu lors de cet appel. Compte tenu de l’engagement citoyen de Nicolas, les 70h de TIG ne sont pas faits pour lui déplaire (en sachant raison garder) ; pour le reste, on évoquera le verre à moitié plein. JJB

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Alors que le débat fait rage autour de la « gentrification » et de ses conséquences dans le centre de Bordeaux, Odile Blein est revenue lors du Conseil de métropole sur le cœur du problème selon elle : l’accès au logement. C’est d’ailleurs à l’occasion de l’exposé du bilan de l’action d’Incité qu’elle a pu faire cette intervention. « Ce bilan de l’action d’Incité a été l’occasion d’un long débat en commission Urbanisme et avant cela, de quelques accrochages en conseil municipal. Je vais pour ma part tenter d’alimenter le débat sans entrer dans la polémique. Depuis plusieurs années déjà, notre groupe a dit le bien qu’il pensait de l’action d’Incité pour résorber des situations d’insalubrité et de mal-logement inacceptables dans le centre de Bordeaux. C’est un travail indispensable qu’il ne s’agit pas de remettre en cause. D’autant qu’il a permis de contenir, pour partie, la pression spéculative sur des quartiers

comme Saint-Michel. Force nous est cependant de constater que cette action est aujourd’hui insuffisante. Certainement parce que les objectifs l’étaient eux-mêmes, notamment en matière de relogement dans le quartier d’origine. De ce point de vue, le débat public sur le quartier Saint-Michel nous paraît assez mal posé. La question n’est pas selon nous de savoir si telle ou telle catégorie de la population a le droit de venir s’installer dans les quartiers populaires. La question posée est bien celle de savoir si les classes populaires pourront continuer d’y vivre ! De ce point de vue, nous notons des phénomènes inquiétants que les politiques publiques, pourtant volontaristes sur la métropole, n’arrivent pas à endiguer. Quand années après années, les prix de l’immobilier continuent de flamber sur notre agglomération, c’est sûrement le signe de l‘attractivité de celle-ci, mais quand les ménages les plus modestes continuent d’être repoussés aux périphéries de la métropole et que les syndicats étudiants relatent des situations de jeunes vivant

dans leur voiture, c’est aussi le résultat d’un certain laisser-faire. Le mot est fort mais nous ne comprenons pas, monsieur le président, l’entêtement d’une partie des élus à ne pas vouloir se saisir de tous les outils à notre disposition pour lutter contre la spéculation immobilière. Nous avons saisi l’outil de régulation face à Airbnb qui, malgré ses dénégations, contribuent à vider le centre-ville d’une partie de ses logements et donc de ses habitants. Nous devons aussi saisir l’outil législatif de l’encadrement des loyers. Ce n’est pas une recette miracle. Pas plus que la régulation des locations Airbnb. Mais c’est la moindre mesure que nous puissions prendre quand le phénomène de spéculation est si fort. C’est une mesure de protection des populations les plus fragiles, des familles, des étudiants. Nous demandons donc, une fois de plus, qu’elle soit sérieusement mise à l’étude sur des périmètres et conditions qui restent à définir. Évidemment, cette mesure doit aussi s’accompagner d’un maintien de l’effort de densification de l’habitat, en respectant le caractère social des logements produits et en respectant la qualité de vie des futurs habitants comme des anciens. Et cela nécessite que le gouvernement revienne sur les décisions absurdes prises, en cette rentrée, dans ce domaine, comme la baisse des APL et les attaques contre les budgets des offices HLM. Voilà, monsieur le président l’intervention que nous voulions répéter ce matin. En espérant être, cette fois, entendus. »

PRIVATISATION DE LA COLLECTE

C’est le loup qui rentre dans la bergerie ! C’est à l’occasion d’une délibération autorisant le recours à un agent contractuel, que Max Guichard a pu revenir sur la privatisation programmée de la collecte des déchets dans l’hyper-centre, lors du conseil de métropole du 27 octobre. « Cette délibération s’affranchit d’abord trop rapidement d’une recherche qui devrait être approfondie d’un profil de poste au sein des agents titulaires. Le Code de la fonction publique donne lui-même le temps et les moyens pour que le service concerné recrute un agent titulaire. Cette question, dans son fond et sa forme, est d’autant plus sérieuse qu’elle se situe dans le cadre des circuits de la collecte des déchets ménagers que vous êtes en train, Monsieur le Président, de vouloir commencer à privatiser, notamment sur le quartier historique de Bordeaux. C’est un pan majeur du service public qui se trouverait ainsi démantelé et offert au privé. Même si cette question viendra lors d’une délibération d’un

prochain Conseil de métropole, je ne devance pas l’appel tant ce projet est fortement avancé et, surtout, provoque un grand émoi chez les agents de collecte. Je sais, Monsieur le Président, que vous êtes sur le point d’aboutir à un accord avec certains syndicats. Cela n’enlève rien à l’exigence que j’ai entendue chez ces agents du maintien d’un réel service public sur le territoire. C’est un principe sur lequel nous resterons aussi inflexibles. En effet, Monsieur le Président et peut-être, malheureusement, Monsieur le vice-président aux Ressources humaines, cet essai de privatisation au sein du centre historique de Bordeaux est le loup qui rentre dans la bergerie pour, demain, dévorer l’ensemble du service de la collecte et d’autres services à venir. C’est déjà le cas pour les employés du ménage ou de la sécurité qui ont à souffrir, au sein de nos bâtiments, de cette démarche privative avec un régime social des plus précaires. Ce d’autant que cette voracité du privé aux dépends du service public est dans

l’air du temps, soufflé notamment par la troïka présidentielle SarkozyHollande-Macron. Mais vous, monsieur le Président, qui nous accusez régulièrement d’avoir un discours idéologique donnez-moi, s’il vous plait, la raison non-idéologique, nonpolitique, de cette volonté de mise en cause du service public, notamment quand 80 % des usagers concernés par cette collecte se trouvent satisfaits du service rendu et des problèmes techniques faisant encore réellement problème peuvent trouver solution si vous décidez, enfin, d’écouter et d’entendre les propositions que vous font les agents de la collecte. Enfin, quand on a, comme vous, hélas, une approche comptable du service public, nos expériences ici, tant au niveau des transports que de la gestion de l’eau et de l’assainissement, la gestion privative des parkings montrent, non seulement que le privé n’est pas porteur de miracles mais, par contre, que la gestion publique directe, comme ParCub par exemple, est d’une qualité de gestion et de service largement reconnue. »


ACTUALITÉ

Editorial

DIALOGUE SOCIAL

Formation, chômage à la même sauce que le droit du travail

Peu avant que les nouvelles règles d’indemnisation du chômage entrent en vigueur, pénalisant précaires et séniors, le premier ministre annonçait son plan de « discussion » autour de l’apprentissage et la formation professionnelle. Les nouvelles règles d’indemnisation du chômage entrent en vigueur à partir du 1er novembre. Les perdants seront plus nombreux que les gagnants, à commencer par les « jeunes seniors ». Jusqu’alors, ils entraient dans cette catégorie dès l’âge de 50 ans et bénéficiaient d’une durée d’indemnisation de 36 mois, au lieu de 24. On deviendra désormais « senior » à 55 ans. Selon l’Unedic, 37 000 demandeurs d’emploi perdront cet avantage. Les salariés les plus précaires vont également voir leurs indemnités baisser. L’Unedic indique que ce sera le cas de 810 000 personnes, soit 21 % des

personnes percevant une allocation. 70 000 d’entre elles, les plus mal loties, perdront de 10 % à 30 % de leurs revenus. Pour l’assurance chômage et la formation, Édouard Philippe a détaillé, fin octobre, la feuille de route pour les mois à venir. Et il entend aller très vite. Les discussions autour de l’apprentissage et la formation professionnelle devront être achevées fin janvier. Syndicats et patronat devraient recevoir du gouvernement un document d’orientation pour les informer des propositions et des thèmes à débattre. Il ne devrait pas receler de surprises. La méthode de la feuille de route précise que « le périmètre d’une éventuelle négociation sera précisé dans le document d’orientation »… Toute mention de « négociation » dans le texte reste précédée du qualificatif peu engageant « éventuelle ». Le premier ministre a affiché claire-

ment ses ambitions : « Notre objectif n’est pas de modifier à la marge ou de rafistoler, c’est de transformer profondément les choses. » Ainsi, au sujet de l’assurance-chômage, le but est de la faire « évoluer d’un régime d’assurance à un régime de protection ». Il s’agit de la remise en cause de l’identité paritaire de l’assurance-chômage, abandonnée au profit d’une gestion tripartite avec un pilotage de l’État. La suppression des cotisations salariales à l’assurance-chômage serait remplacée par la hausse de 1,7 point de la CSG. En reléguant la cotisation au second plan, le régime perd son caractère assurantiel. Sans moyens supplémentaires et avec plus de personnes à indemniser (ouverture de droits aux démissionnaires et aux travailleurs indépendants tous les cinq ans), ce sont bien des baisses de droits pour tous qui se profilent. Sur la formation professionnelle, le rapport présenté à la ministre du Travail par Jean Pisani-Ferry préconisait de répondre avant tout aux besoins des employeurs, avec des formations notamment sur les métiers dits en tension, voie déjà suivie par François Hollande avec le succès que l’on connaît sur la courbe du chômage. « Un projet de loi devra être déposé avant le début du printemps 2018 », lequel serait « voté par le Parlement avant la fin de l’été », exige la feuille de route. Car après, annonce déjà le document fourni par Matignon, il faudra « rénover notre système de retraite »…

EN LUTTE

Chez les coursiers à vélo, la dynamique ne se dément pas Le 1er septembre, les coursiers à vélo et leurs syndicats CGT et SUD, étaient reçus par les directions de Deliveroo ; une grande première qui a permis de mettre un pied dans la porte de la négociation. La prochaine rencontre est programmée le 23 novembre. D’ici là, les coursiers ne désarment pas et font œuvre de créativité pour faire reconnaître leur droit fondamental à un travail rémunérateur*. Le 24 octobre dernier, les coursiers bordelais organisaient leur deuxième réunion publique ouverte à tous ceux susceptibles d’enrichir leur mouvement ; celui-ci fait toujours preuve de dynamisme : après la mobilisation européenne des 27 et 28 août dernier et le rassemblement du 27 septembre, les coursiers préparent une rencontre nationale avec leurs homologues de Paris, Lyon, Nantes, Lille et probablement d’autres villes encore si l’on en juge par les nombreuses sollicitations de ceux qui découvrent la réalité des conditions unilatérale-

ment imposées par Deliveroo. Les idées fusent… à la vitesse de leurs vélos : • Une toute nouvelle plateforme coopérative offre désormais, sur Bordeaux, d’autres conditions sociales et économiques dans le sillage de CoopCycle. • Interventions auprès des pouvoirs publics : une délégation était récemment auditionnée par le CESE qui travaille à la sortie d’un rapport sur l’auto-entrepreneuriat. • Structuration du mouvement aux niveaux national et européen. • Réflexion sur les modes de communications avec les coursiers, par nature difficiles à joindre. • Conférences publiques pour aborder les aspects légaux, économiques, politiques et sociologiques de l’ « ubérisation », du statut d’ « auto-entrepreneur » et du métier de coursier. Sur ce dernier point, force est de constater que la prise en compte de ce phénomène par les pouvoirs publics

tarde à se manifester. Le rapport du CESE pointera très certainement les dérives du système et renforcera les revendications de coursiers ; mais il ne sera que consultatif. Le recours au statut d’indépendant pour les coursiers, permettant l’exclusion du travailleur à tout moment et la faible taxation des plateformes qui recherchent l’optimisation fiscale, poussent les auteurs d’une étude publiée le 9 août par le ministère du Travail à interpeller les pouvoirs publics sur le droit social et la nécessité de mettre en place de nouvelles formes de prélèvements obligatoires. Ben chiche ! Jean-Jacques Bordes

Être ensemble, être solidaires

Être ensemble, être solidaires, oui nous en avons tous besoin. Solidaires avec les salariés, les agriculteurs, les enseignants, les chercheurs, les chômeurs, les artisans, les jeunes, les anciens… Tout ce qui fait de notre société une nation forte. Solidarité pour repousser toutes les attaques du gouvernement. Mais solidarité pour prendre le pouvoir sur l’argent, prendre le pouvoir aux riches. Dans le budget 2018, les contributions demandées à la minorité de la population, ceux qui disposent de grandes fortunes, les riches, sont à nouveau abaissées de 4 milliards d’euros, alors que les couches populaires seront ponctionnées de 1,2 milliard de plus, sans compter la baisse des APL et l’augmentation de la CSG, les dépenses utiles des collectivités étant quant à elles amputées de 15 milliards. Les riches appellent cela « la solidarité pour faire avancer la France », et Macron une « cordée ». Cela peut faire sourire mais c’est sur cet écueil que les forces de gauche buttent aujourd’hui. Organiser cette solidarité nécessaire, ce combat commun pour être en mesure, non seulement de stopper, mais d’imposer une politique qui renvoie à tous et non pas à une minorité. Chacun, en effet, n’est pas au même niveau à la fois de mécontentement, mais aussi d’exigences. Faut-il s’en tenir à ce constat qui satisfait les riches ? Ou bien travailler à montrer les liens directs, les causes communes du plus grand nombre, pour les faire converger ? Le week-end dernier les députés communistes ont mis en débat leur proposition de budget 2018. Il est la réponse inverse à celui du gouvernement. Comment contribuer à en faire connaître le contenu et la validité ? Comment les citoyens peuvent-ils s’en emparer sur un ou plusieurs aspects ? Par exemple comment agir ensemble (citoyens et élus locaux) pour imposer la proposition des députés communistes de redonner 10 milliards d’euros aux collectivités locales ? Comment les citoyens majoritairement contre la politique d’E. Macron peuvent-ils faire bouger une ou plusieurs lignes de ce budget ? Les luttes qui se développent dans tous les secteurs ont besoin de lien, de solidarité. Une solidarité basée sur l’Humain d’abord ; celle qui est tout l’inverse de la cordée Macron. C’est tout l’enjeu du combat politique actuel.

Prochaine réunion publique le 14 novembre, au Starfish Pub * Outre le respect et la reconnaissance de la représentation collective, les revendications portent sur une rémunération de 7,50€ la course, un minimum horaire de 15 à 20€ selon l’heure, le gel des recrutements qui exacerbent la concurrence entre coursiers.

Pierre Vignau membre de l’exécutif du PCF 33

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BUDGET 2018 : AUSTÉRITÉ DA FINANCEMENT DE LA SÉCU

Patrick Julou : « Quelques bonnes intentions sous le rouleau compresseur des économies » Le budget de la Sécurité sociale qui était présenté aux députés la semaine dernière est marqué par la fuite en avant dans la restriction des dépenses de soins au nom de la priorité à l’élimination des déficits. Nous avons demandé à Patrick Julou, président de la mutuelle Mutami, de réagir.

NBSO. Quelle analyse faites-vous du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2018 ? Patrick Julou. Ce plan de financement de la Sécurité sociale s’inscrit dans une logique d’austérité. Il faut noter l’importance des économies qui devront être réalisées : quasiment 5,4 milliards dont 4,2 milliards sur la santé et 1,2 sur l’hôpital alors qu’il est déjà « à l’os », complètement exsangue. Dans le même temps le PLFSS reconduit les exonérations de cotisations sociales pour un montant de 40 milliards. Il intègre dans le PLFSS les 20 milliards du CICE auquel il en rajoute 4. Et puis, aucune mesure n’est prise pour lutter contre la fraude patronale qui s’élève quasiment à 20 milliards. Voilà pour le décor. On est bien dans une logique qui vise avant tout à s’inscrire dans cette politique européenne et son fameux dogme des 3 %. NBSO. Donc finalement, rien de neuf ? P.J. C’est quand même la première fois qu’on a un transfert aussi brutal sur les familles avec l’augmentation du forfait hospitalier. Cette dernière année, il n’y a pas eu de mesures de déremboursement brutal ou visible ou de dispositif qui allait piocher directement dans les poches des assurés sociaux. Mais là, avec l’augmentation de 2 euros du forfait hospitalier, on est dans cette logique-là alors qu’on est quand même dans un pays où 30 % de la population renoncent aux soins parce qu’ils ne peuvent pas payer le reste à charge ou ne peuvent pas avancer les frais quand ils sont importants. Chez les jeunes, ce sont quasiment 50 % qui renoncent aux soins. Ce PLFSS contredit par les mesures prises, les bonnes intentions qu’il affiche. Il y a tout un discours sur la prévention, ils veulent expérimenter d’autres formes de paiement des médecins avec la forfaitisation, etc., tout ça on peut le saluer mais ça reste un peu vain au regard du rouleau compresseur que représentent les économies demandées. Il faut rappeler que le PLFSS fixe un objectif d’augmentation de dépenses de santé à 2,3 % alors que l’évolution naturelle des dépenses de santé c’est 15,5 %, ce qui explique les 4 milliards d’économies demandées.

Ce PLFSS va étrangler les hôpitaux, va organiser de nouveaux transferts sur les familles et en plus, la ministre de la Santé annonce qu’elle reporte le tiers-payant généralisé alors que c’est une des premières portes d’accès aux soins pour bien des familles qui ne peuvent pas avancer les soins. Voilà encore un signe contradictoire avec les intentions affichées.

NBSO. Le PLFSS contient-il des mesures qui pourraient avoir des conséquences directes sur les mutuelles et leurs adhérents ? P.J. Le gouvernement avait annoncé qu’il voulait aller vers un reste à charge zéro sur l’optique, le dentaire et l’audioprothèse mais cela paraît vain avec ce qui est annoncé là en terme d’économies. Sur ce reste à charge, avec les Mutuelles de France, nous avons émis quelques conditions dans le cadre d’une négociation. La marge de manœuvre pour que la mutualité intervienne éventuellement, c’est la suppression des taxes auxquelles les mutuelles sont soumises depuis Sarkozy et qui sont quasiment de 14 %, 7 % plus le fonds CMU. C’est quasiment un mois de cotisation. Donc il y a des marges pour améliorer les remboursements mais ça ne peut pas se construire que sur le dos de la complémentaire. Le reste à charge zéro, ne peut être atteint que si l’on augmente les remboursements par la Sécurité sociale – on élargit le périmètre d’intervention de la Sécurité sociale, on revalorise donc les bases de remboursement de l’optique, du dentaire et de l’audioprothèse – et si l’on met en place des tarifs opposables qui permettent de lutter contre les tarifs libres et les dépassement d’honoraires. Tant qu’on ne s’attaquera pas à ces sujets là, on n’y arrivera pas. De nouvelles charges viennent s’ajouter pour les mutuelles. Outre le forfait hospitalier, il y a la convention médicale, négociée fin 2016 et sa montée en charge avec l’augmentation des tarifs de consultations spécialisées à 48 € et pour les maladies graves et très graves à 60 €, forcément le ticket modérateur augmente. De plus, le gouvernement a reculé sur la convention dentaire. La négociation n’avait pas abouti, dans ce cas un règlement arbitral est mis en place par le gouvernement, il portait sur une revalorisation des soins conservateurs et un plafonnement des prothèses. Ce sont des choses plutôt intéressantes mais le gouvernement a décidé de suspendre ce règlement arbitral et retourner aux négociations. Ce n’est pas, non plus, un bon signe de la volonté du gouvernement d’encadrer les tarifs. Voilà autant d’éléments qui viennent bousculer l’économie des mutuelles. Le résultat est qu’aujourd’hui, beau-

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coup de complémentaires santé annoncent des augmentations de tarifs de 4 à 5 %. L’augmentation du forfait hospitalier, à lui seul, représente pas loin d’un point d’augmentation.

NBSO. La Sécurité sociale est-elle menacée ? P.J. Ce qui est certain, c’est qu’on est en train de changer de système en transférant la cotisation sur la CSG. On change ainsi notre modèle social car la cotisation sociale est affectée mais la CSG, si c’est un impôt, n’est pas affectée et rien ne garantit, à l’avenir, quelle continue à financer la Sécurité sociale. À partir du moment où on a étatisé la Sécurité sociale, on l’a confisquée aux salariés. Ce qui a parachevé cela, c’est le plan Juppé. Avec le vote d’une loi de financement par le Parlement et un objectif national des dépenses de santé, on était déjà dans une logique d’étatisation de la Sécurité sociale. Ce ne sont plus les salariés qui gèrent la Sécurité sociale, aujourd’hui c’est l’État. À partir de là, on peut comprendre la logique. Si c’est l’État qui vote un projet de financement de la Sécurité sociale avec un objectif national des dépenses de santé, c’est lui qui va prélever les ressources pour faire fonctionner le système. Alors que

le principe de la Sécurité sociale c’était l’argent des salaires socialisés qui était géré par les travailleurs. C’est bien deux systèmes différents. Il y a une vraie problématique posée autour de la cotisation sociale. On nous dit que la Sécu est en déficit mais en même temps, si on regarde tout ce qui est exemption de cotisation, fraude, etc. on s’aperçoit que le déficit est un peu artificiel. On a les moyens de réduire ce déficit si on récupérait déjà l’argent que les employeurs nous doivent. Ensuite la question qui est posée, c’est celle de la réforme du financement. Il est évident qu’on n’est plus aujourd’hui dans l’économie qu’était celle de 1945. Si on avait des cotisations sur l’ensemble des richesses et non seulement sur la masse salariale, ça permettrait de dégager des ressources importantes. Et puis il y a une vraie bataille cultu-

relle à mener sur comment fonctionne notre système et ce qu’est la solidarité. Par exemple, on entend dire que les retraités ne sont pas solidaires ou que ce sont des enfants gâtés parce qu’ils ne veulent pas faire un effort pour aider les jeunes qui sont en difficultés voire en souffrance et, donc, ils devraient payer plus de cotisation ou de CSG. C’est faire totalement abstraction du fait que ces mêmes retraités, quand ils étaient actifs, payaient les retraites des retraités de leur époque. Ils ont donc déjà largement contribué à la solidarité. Ce ne sont pas les retraités les responsables de l’accroissement de la pauvreté ou des inégalités dans notre pays.

Propos recueillis par Christelle Danglot

Quelques informations par les Mutuelles de France

« La sécurité sociale n’était pas une évidence. Elle a dû s’imposer. Et, dès le premier jour, d’aucuns s’affairèrent pour la remettre en cause. Il y a une raison fondamentale à cela, Ambroise Croizat le disait, nous avions la particularité de confier à la masse des intéressés, la gestion de leur propre institution, de manière que la Sécurité sociale soit le fait, non d’une tutelle paternaliste ou étatiste mais de l’effort conscient des bénéficiaires eux-mêmes. Et c’est bien là tout le sens de la cotisation salariale qui est le salaire pour la vie. Elle est le maillon essentiel de cet adage : de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins. Vous ne l’assumez pas frontalement mais c’est bien cela que vous mettez en cause. » Pierre Dharréville,

député communiste, à l’Assemblée nationale le 24 octobre

Le budget total de la Sécurité sociale se situe aux alentours de 500 milliards d’€ (toutes branches et tous régimes de la Sécurité Sociale). Sur ces 500 milliards d’euros le déficit serait de 2,2 milliards d’euros en 2018 (le plus bas depuis 2001), l’objectif du gouvernement étant d’atteindre l’équilibre en 2020. Ces économies porteront sur les mêmes postes que les années précédentes : - Structuration de l’offre de soins (1,4 milliard), (hôpital et établissements médicosociaux) - Médicaments et dispositifs médicaux (1,4 milliard d’euros) - Pertinence et qualité des actes (335 millions d’euros) - Pertinence et efficience des prescriptions d’arrêts de travail et de transports (240 millions d’euros) - Lutte contre la fraude (90 millions) - Autres mesures (545 millions) où l’on retrouve l’augmentation du forfait hospitalier et l’augmentation de la participation des organismes complémentaires au financement du forfait médecin traitant. L’augmentation de 2 € du forfait hospitalier (2 € en médecine, chirurgie, obstétrique et 1,50 € en psychiatrie) a été confirmée ainsi que son financement par les complémentaires, dans le cadre des « contrats responsables ». Cela représente une dépense supplémentaire de 200 M€ pour les organismes complémentaires dont l’équilibre économique, comme le confirment les études de la DRESS (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques), ne leur permettra pas d’absorber cette nouvelle dépense sans la répercuter sur les cotisations. Ce sont bien les Français qui le financeront ! La facture va être très lourde pour les adhérents car cette nouvelle dépense s’ajoutera aux coûts des revalorisations des consultations des médecins, du forfait patientèle du médecin traitant et de la rémunération des pharmaciens que les mutuelles doivent supporter. C’est en effet au total 400 millions d’euros supplémentaires à l’augmentation tendancielle des dépenses qui devront être mobilisés par les organismes complémentaires en 2018. Enfin, l’augmentation du forfait journalier hospitalier pèsera sur les prestations de la CMU complémentaire, donc sur le financement de celle-ci, qui est intégralement supporté par les organismes complémentaires d’assurance maladie.


ANGEREUSE POUR LA SANTÉ SANTÉ PUBLIQUE

BORDEAUX, PROJET BAHIA

Nouvelle cure d’austérité pour l’hôpital, déjà à bout de souffle

Un vrai débat public, maintenant !

La ministre, Agnès Buzyn, estime qu’« il y a une marge de manœuvre énorme » pour réduire les dépenses à l’hôpital avec le développement de l’ambulatoire, la réduction du nombre d’hospitalisations et « la fermeture de lits qui ne servent à rien »… Pourtant, l’activité hospitalière augmente de 2 % par an en volume et les professionnels de santé ne cessent d’alerter sur les retards de prise en charge et les embouteillages aux urgences, faute de lits. Avec l’ambulatoire, l’objectif est que, en 2022, « sept patients sur dix qui entrent à l’hôpital le matin en sortent le

soir, contre cinq aujourd’hui. » La ministre y voit une « révolution douce » mais qui conduit immanquablement à la poursuite de la suppression de lits. 16 000 l’ont déjà été ces deux dernières années. « Comment croire à la réussite d’un tel projet alors qu’il manque des médecins de ville, que des jeunes de 25 ans ne parviennent pas à trouver de médecins traitants car ces derniers sont surchargés ? Et que des malades soignés à domicile appellent le Samu parce qu’ils ne trouvent pas de médecins disponibles ? Supprimer des lits n’est plus possible », réagit Christophe Prudhomme, méde-

cin urgentiste (CGT) et membre du Haut Conseil pour l’avenir de l’assurance-maladie. Lui considère qu’il faut cesser d’opposer ville et hôpital : « La médecine ambulatoire est la solution pour certains patients mais pas pour tous. Sa généralisation n’est pas sérieuse. La solution passe par le développement des services publics, des centres de santé notamment. » Le député PCF André Chassaigne ne croit pas non plus au « développement de la chirurgie ambulatoire sans l’assurance qu’il existe un véritable réseau entre l’hôpital et la médecine de proximité ».

CENTRE HOSPITALIER DE CADILLAC

Des économies qui mettent en danger personnels et patients Avec la CGT, les agents hospitaliers du Centre hospitalier de Cadillac se sont adressés, au début du mois, à la ministre de la Santé pour dénoncer l’instabilité de la composition des équipes de soin, des arrêts maladie non remplacés, des équipes en effectif minimum voire en dessous du minimum, l’impossibilité de former les nouveaux professionnels. Un environnement stable avec des professionnels en nombre et formés est particulièrement nécessaire en psychiatrie. L’humain est le plateau technique de ce secteur de la médecine. Or, l’instabilité du cadre thérapeutique participe de l’instabilité des patients, particulièrement sensibles à l’environnement. Le délabrement de ce cadre entraine une véritable explosion des situations de violence. Avoir le minimum de moyens conduit à des soins au minimum : les ateliers, les sorties sont supprimés,

l’écoute et les entretiens réduits à la prescription. Des rendez-vous médicaux sont annulés faute de moyens. Le personnel est épuisé physiquement et psychologiquement. Les mesures d’économies prises obligent les agents à travailler dans l’irrespect du cadre légal. Les temps de repos, les amplitudes de travail ne sont pas respectés, la fatigue s’accumule et les arrêts maladie longs et accidents de travail se multiplient. Les agents, épuisés, sont à la merci d’une erreur, d’un accident et s’inquiète d’un risque terrible de retour au Moyen-âge, avec la contention physique qui nécessite le moins de personnel. Dernier sujet de révolte : la suppression du pool de nuit. Le projet « Socle » a regroupé sur la portion centrale toutes les admissions sous contraintes susceptibles de créer des troubles à l’ordre public et représentant un danger certain pour eux-mêmes ou pour autrui. Ces

patients arrivent sans demande de soins. Il faut donc que les équipes travaillent au consentement puis à l’adhésion aux soins avec un risque plus important de comportements d’opposition. Les équipes notent d’ailleurs une augmentation des tensions la nuit avec la mise en place de ce projet « Socle ». Les agents pensent qu’il faut justement renforcer le pool de nuit si on veut éviter un drame comme celui de l’hôpital psychiatrique de Pau en 2005. En effet, toutes les conditions seraient réunies pour que survienne un tel drame : la suroccupation des lits, une concentration en grand nombre de patients en difficultés et potentiellement dangereux, la suppression de l’aide qu’apporte ce pool et l’absence de solution de recours. Il serait, pour eux, irresponsable de ne pas dénoncer cet état de fait. Pierre Bordas

CENTRE HOSPITALIER DU SUD GIRONDE

Le personnel sommé de faire toujours plus, avec toujours moins Projet de privatisation de services, personnel épuisé… Rien ne va plus au CH du Sud Gironde. Lors du CTE (comité technique d’établissement) du 13 octobre, arguant de fin de CDD et de la suppression des contrats aidés, la direction a fait part de sa volonté de privatiser le ménage. Le médecin responsable du service d’hospitalisation à domicile (HAD) dénonce avec vigueur et colère la gestion du Centre hospitalier. Son directeur est accusé de vouloir « saboter et couler » ce service pour le privatiser lui aussi. En réponse à

la hausse d’activité en 2016 qui a rapporté plus de 250 000 €, la direction a supprimé 3 postes d’infirmiers DE pour les remplacer par ½ poste d’aide-soignant. Le personnel est sommé de faire toujours plus avec toujours moins. Dans le cadre de la journée de mobilisation de la fonction publique, les personnels du Centre hospitalier du Sud Gironde (La Réole, Langon, Bazas, Podensac et Monségur) étaient particulièrement mobilisés, à l’appel des syndicats CGT, FO et CNT. Dans un document commun, Annie Pellegrin, secrétaire de Force ou-

vrière, et Jean-Luc Huon secrétaire CGT, énumèrent les raisons du mécontentement : « le non-remplacement systématique des congés maternité ou longue maladie, le non renouvellement des CDD et la suppression des contrats aidés, l’augmentation du temps de travail en 12h, un turnover de plus en plus important et une augmentation de l’absentéisme et des arrêts de travail… ». Les responsables syndicaux pointent « un management délétère entraînant un épuisement professionnel qui a atteint un seuil critique ». Les projets gouvernementaux pour l’hôpital ne vont certainement pas arranger la situation.

La mobilisation se poursuit contre le projet de disparition de l’hôpital militaire Robert Picqué absorbé dans le groupement de coopération sanitaire « Bahia » piloté par la Maison de santé de Bagatelle (établissement privé à but non lucratif). « La coopération qui existe déjà entre ces deux établissements voisins est concevable », explique Patrick Julou, président de la mutuelle Mutami, impliqué dans le comité de défense, « mais elle s’inscrit dans un contexte politique national avec une volonté de supprimer 22 000 lits et d’économiser plus de 4 milliards d’euros sur l’hôpital. » Outre le comité de défense de l’hôpital Robert Picqué qui ne cesse de multiplier les actions (regroupant des citoyens, des professionnels de

santé et plusieurs organisations, des mutuelles dont Mutami, la CGT, le collectif « La santé un droit pour tous »…), une pétition a été relancée pour demander un moratoire et l’ouverture d’un véritable débat public pour le maintien de l’hôpital public sur son site. En effet, le document co-signé le 6 décembre 2016 est maintenu confidentiel malgré de multiples demandes. Le comité a saisi la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA) et la demande des élus, dont le député, reste toujours sans réponse. Dès novembre, une campagne d’affichage public, une manifestation et la poursuite de la pétition sont à l’ordre du jour. Retrouver la pétition sur change.org « Non au démantèlement de l’hôpital et du site Robert Picqué » !

SANTÉ DES ÉTUDIANTS

À l’épreuve du stress et de la précarité. On connaît le mal-être des personnels de santé, moins celui de ceux qui le deviendront, il n’en est pourtant pas moins alarmant sur les conditions dans lesquelles ils apprennent à exercer. Plus largement la prise en charge et le suivi médical des étudiants laissent à désirer. La FNESI (Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers) a récemment publié un rapport sur le mal-être des étudiants en soins infirmiers (ESI). Les données sont édifiantes : sur 14 000 réponses, soit environ 15 % de la totalité des ESI, 52,5 % déclarent que leur santé psychique s’est dégradée depuis leur entrée en formation et 26,2 s’estiment en « mauvaise, voire très mauvaise santé psychologique ». Les étudiants infirmiers ne sont malheureusement pas les seuls à être en proie à ce mal-être. I-share, une étude scientifique inédite de collecte d’informations sur la santé des étudiants, a commencé à livrer certains résultats (plus de 17 000 étudiants ont déjà participé sur le plan national). En concordance avec le rapport de la FNESI, l’étude I-share souligne que parmi les étudiants interrogés, beaucoup sont en mauvaise santé psychique. Lors d’une interview du média « La voix des patients », le professeur Tzourio, neurologue et coordinateur du projet, tire déjà quelques enseignements. Pour lui, « ce ne sont pas nécessairement des maladies mentales, mais des manifestations de stress, d’anxiété, avec parfois des syndromes dépressifs ». Quant à la question des étudiants futurs soignants, les premiers résultats d’I-Share rejoignent les conclusions

de l’étude de la FNESI : « ils sont soumis aux manques de moyens dans les hôpitaux et les dépressions sont bien plus nombreuses qu’ailleurs », selon le professeur. Face à ces constats alarmants, que doit-on conclure ?

Ces informations collectées posent des questions politiques sur la dégradation des conditions d’études. Car il ne faut pas nier que la réussite des étudiants tient majoritairement à leur environnement. Étudier dans de bonnes conditions, c’est acquérir des compétences et réussir son diplôme pour entrer bien armé dans le marché du travail. L’anxiété et le stress, liés à une précarisation grandissante, sont de vrais freins à la réussite étudiante. Comment ne pas faire le lien entre une politique inégale qui fragilise davantage les jeunes et le mal-être physique et psychique qui les frappe ? Le désengagement du gouvernement Philippe se traduisant, entre autres, par la baisse de 5 € des APL et toujours plus de restrictions budgétaires dans les universités, n’a qu’un effet : celui de précariser les jeunes. Alors, face au mal-être des étudiants, quels peuvent être les remèdes à apporter ? Un réinvestissement dans les SUMPPS (Service universitaire de médecine préventive et de promotion de la santé) qui peuvent jouer un rôle dans la détection des symptômes et vers une possible redirection, dans les cas les plus graves, sur un suivi psychologique poussé. Mais ne nous leurrons pas, pour régler avant tout les causes du problème, un réinvestissement budgétaire massif dans l’enseignement supérieur, devient urgemment nécessaire. Sarah Chakrida

Les Nouvelles 2 novembre 2017 • 5


INTERNATIONAL ESPAGNE

CONFÉRENCE DE MICHEL WARSCHAWSKI

La voie du peuple, seule issue face à la crise

Israël, une radicalisation décomplexée

Avec l’application de l’article 155 de la Constitution espagnole, Mariano Rajoy met la main sur les institutions autonomes catalanes les plus importantes. Les indépendantistes n’ont pas su éviter une escalade dont ils risquent de payer la facture à moyen terme. Samedi dernier, la Catalogne s’est réveillée sous tutelle de l’État espagnol, au lendemain d’une journée historique et sous tensions. La veille, le Parlement de Catalogne adopte une résolution déclarant que la région devient un « État indépendant prenant la forme d’une République ». Le Sénat espagnol autorise alors immédiatement le gouvernement de Mariano Rajoy à prendre des mesures de mise sous tutelle de la Catalogne, qui comprennent notamment la destitution de ses dirigeants indépendantistes. Dans les rues, pro et anti indépendantistes se succèdent. Dimanche, ils étaient un million à défiler au cri de « l’Espagne, mon pays ». « Dans ce pari perdant-perdant, sonnent des heures sombres pour la démocratie, écrit Paule Masson dans son édito (l’Humanité) de lundi. (…) D’un dirigeant à l’autre, l’un comme l’autre conservateurs, l’exacerbation des divisions permet de porter le fer sur des revendications identitaires et de détourner le regard d’une crise sociale pourtant plus aiguë que jamais en Espagne. Selon une étude récente, 0,4 % de la population possède désormais la moitié de la richesse du pays. Mariano Rajoy, lui-même empêtré dans un vaste scandale de corruption, est aujourd’ hui assis sur un Everest d’inégalités sociales ». Pierre Laurent : « Pas d’autres issue que les urnes, dans un cadre négocié et apaisé »

« La sortie de crise passe par la suspension de l’application de l’article 155 par le gouvernement espagnol, le rétablissement de la légalité démocratique en Catalogne, la suspension de la déclaration unilatérale d’indépendance et la convocation de nouvelles élections par

la présidence de la Generalitat, pour un processus électoral garantissant les conditions élémentaires d’expression démocratique de toutes les options, a déclaré dimanche le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent. Soutenu par les dirigeants de l’Union européenne, le gouvernement Rajoy, lourdement responsable de la crise par son intransigeance et sa violence, a placé la Catalogne sous tutelle en réponse à une déclaration unilatérale d’indépendance de la Generalitat, ellemême contestée par les organisations progressistes de la gauche catalane et espagnole. (…) Les élections annoncées par Mariano Rajoy pour le 21 décembre sont malheureusement déjà entachées par les violences et les décisions brutales prises au nom de la Constitution par une droite et un chef de gouvernement totalement discrédités et illégitimes. La destitution de Carlos Puidgemont et les mises en cause des principales institutions espagnoles ne font que jeter de l’huile sur le feu. Au delà, cette situation met en évidence un défi crucial : les peuples d’Espagne doivent pouvoir engager un processus de régénération démocratique et de dépassement du cadre actuel de la Constitution de 1978 mise en place après la mort de Franco. » Ada Colau, maire de Barcelone : « Pas en mon nom : ni 155, ni DUI »

« Ceux qui ont été incapables de proposer une solution, incapables d’écouter et de gouverner en faveur de tous, portent un coup à la démocratie (…). Nous sommes une majorité, en Catalogne et en Espagne, à vouloir (…) imposer une solution partagée. Il sera toujours temps de revenir au dialogue, nous ne cesserons de le demander. Maintenant il s’agit de (…) lutter pour préserver la cohésion sociale (…). Nous serons auprès des gens pour que leurs droits ne soient pas attaqués (…). Je serai impliquée dans la construction de nouveaux scénarii d’autogouvernement qui nous donnent davantage de démocratie (…). (…) Pas en mon nom : ni 155, ni DUI. »

6 • Les Nouvelles 2 novembre 2017

Le 22 octobre à Pessac (salle des Éclaireurs), Michel Warschawski 1, journaliste, écrivain, militant anticolonialiste israélien, a donné une conférence intitulée « Israël, une radicalisation décomplexée », à l’invitation de Palestine 33 (AFPS) et de l’Union Juive Française pour la paix Aquitaine. Michel Warschawski place la situation d’Israël et de la Palestine dans un contexte régional et international de régression généralisée où la question palestinienne se marginalise dans un contexte d’effondrement des structures d’État mise en place, il y a 100 ans par les grande puissances de l’époque qui se partageaient la région : La Syrie et le Liban pour la France, l’Irak et la Transjordanie pour la Grande-Bretagne. C’est donc le moment idéal pour Israël d’accélérer son projet de colonisation. « C’est un programme tout à fait officiel, commente Michel Warschawski (…) un projet de long terme, assumé par les différents gouvernements israéliens depuis cinquante ans. » Renforcer le caractère juif d’Israël

Jusque là, Israël se définissait comme un État « juif et démocratique », dans ses textes déclaratifs, les décisions de la Cour suprême qui fixent les droits fondamentaux, les devoirs, la séparation des pouvoirs, etc. C’est déjà antinomique mais, en plus, l’équilibre entre « juif » et « démocratique » est en train de changer et les Palestiniens israéliens en font les frais. I. Warschawski donne deux exemples renforçant le caractère juif d’Israël et légalisant les discriminations entre citoyens juifs et citoyens arabes. Le premier est que la Loi de la Nation 2 affirme que l’État d’Israël est « l’État de la nation juive ». Le deuxième exemple concerne le concept d’allégeance contenu dans la loi. « Ce concept est apparu lors de la campagne électorale, il y a 5 ou 6 ans, du ministre de la Défense, Avigdor Lieberman. Son slogan était “pas d’allégeance, pas de citoyenneté”, exigeant des citoyens Palestiniens de faire allégeance à Israël comme État du peuple juif. (…) Aucun Palestinien d’Israël (…) ne peut reconnaître Israël comme l’État du peuple juif. Moi même je ne le reconnais pas, je veux qu’il soit l’État de ses 7 millions de citoyens et des 5 millions de réfugiés, citoyens potentiels dont la citoyenneté a été suspendue, j’espère provisoirement… Je ne veux pas faire allégeance ». Des gardes-fou

Le conférencier affirme cependant qu’ils existent, dans la société israélienne, « trois gardes-fou, trois institutions qui tentent d’arrêter cette dégringolade ». Aussi surprenant que cela puisse paraître, il s’agit des médias, des instances sécuritaires d’Israël : une partie importante de l’état major (des chefs du Mossad et du Shin beth) et la Cour suprême. Celle-ci agit comme

une cour constitutionnelle : elle définit les droits fondamentaux des citoyens, et élargit ces droits. Comme il essaie de museler la presse, Netayahou entend casser la Cour suprême en lui enlevant ses prérogatives pour en faire une simple cour d’appel, pénale et civile. Pour ce faire, entre autre, Ayelet Shaked, ministre de la Justice, et Netanyahou utilisent quotidiennement un discours populiste contre les élites, les institutions et en particulier contre la Cour suprême. La ministre influe également pour désigner des juges de moins en moins activistes. Pas d’opposition de gauche à ce pouvoir corrompu

Point de forces de gauche pour peser face à cette radicalisation d’Israël et encore moins pour remplacer la droite au pouvoir. Pour le conférencier, la gauche, c’était le Mouvement de la paix « qui a pesé plus ou moins 50 % dans l’opinion israélienne » or celui-ci est mort avec le discrédit d’Ehud Barack qui avait été soutenu par le Mouvement de la paix contre Natanyahou puis avait manigancé l’échec des négociations à camp David en août 2000. « Il n’y a plus aujourd’hui de force de gauche susceptible de remplacer la droite. Mais le personnel de droite va beaucoup changer. Il change déjà en permanence parce qu’il est totalement corrompu ». Le conférencier décrit le pourrissement de la classe politique par la corruption « à tous les niveaux », notamment le dossier pour des centaines de millions de deutschmarks de pots de vin dans l’achat de sousmarins allemands qui « sera l’affaire qui fera certainement tomber le premier ministre qui contre-attaque en accusant la Justice, la Police d’être contre lui, contre le peuple, délégitimisant ainsi complètement les institutions ». Deux bonnes nouvelles

Le militant israélien est quand même venu avec « deux bonnes nouvelles ». La première concerne la présence d’une liste arabe unie aux dernières élections. « C’était la première fois depuis qu’Israël existe ». Avec l’amendement de la loi électorale qui visait à exclure les partis arabes du Parlement, ils n’ont pas eu le choix. « Ils ont fait un bon score, 12 %, et ils ont obtenus 13 élus au Parlement. Mais ce qui est important c’est la dynamique qui s’est créée dans la population arabe. (…) On a vu arriver une nouvelle génération de dirigeants politiques palestiniens, plus jeunes, moins langue de bois, mais, surtout, il y a eu un vrai mouvement populaire où on pouvait enfin dire “nous”. » « Aujourd’hui, c’est la seule opposition au Parlement et là, il y a un enjeu extrêmement passionnant mais difficile. (…) Il est certain que sans cette dimension arabe, il n’y aura pas de mouvement alternatif et de résurrection d’un mouvement de la paix en Israël. Ce qui est un problème car jamais en Israël les Arabes n’ont été la locomotive d’un mouvement. Mais comme il y a un changement de la

réalité israélienne, il faudra qu’il y ait un changement de la mentalité. » La deuxième bonne nouvelle, ce sont les succès de la campagne BDS sur l’opinion publique israélienne. Cet appel lancé par des Palestiniens (ONG, mouvements populaires, mouvements de femmes…) en 2005 a été lancé au monde pour faire pression sur le gouvernement israélien autour de 3 axes : boycott, désinvestissement, sanctions. L’appel a été repris partout, d’abord par des petits groupes de militants qui appelaient à boycotter les oranges dans les supermarché, aujourd’hui c’est le président d’Orange qui a annoncé sa rupture avec Orange Israël, c’est la compagnie des eaux hollandaise qui a rompu son contrat avec la compagnie des eaux israélienne ou encore le désinvestissement de fonds de pension des syndicats scandinaves. « L’impact économique est très très limité car l’économie israélienne repose surtout sur la haute technologie, les armes (…) Mais sur l’opinion publique, notamment les universitaires, les artistes, les intellectuels, c’est omniprésent et comme ce sont des gens qui ont une voix, on l’entend. (…) En plus du mouvement de solidarité qui a toujours existé, aujourd’hui il y a une ligne stratégique qui peut mobiliser le mouvement militant à travers le monde mais, aussi, permet de s’ élargir, de s’adresser à des investisseurs, des banques, des syndicats, des partis politiques… Chacun peut faire son BDS, à son rythme, à sa manière, à ses dimensions. Alors BDSez-vous ! » C.D.

1 - Michel Warchawski est fondateur du Centre d’information alternative (AIC), qui rassemble plusieurs mouvements pacifistes israéliens et organisations palestiniennes. Il fournit aux organisations internationales et aux missions diplomatiques une analyse détaillée de la situation et de ses impacts sur le plan économique et social, ainsi qu’en informant la population. Le Centre d’information alternative a été récompensé en décembre 2012 par le prix des droits de l’homme de la République française. 2 - Elle a été suspendue à l’appel d’organisations démocratiques et de défense des Droits de l’homme mais elle est en cours d’examen par la Cour suprême qui étudie sa constitutionnalité.

CAMPAGNE 2017

Justice pour la palestine Palestine 33 et l’Union juive française pour la paix vous donnent rendez-vous lundi 6 novembre à 20h15 pour une soirée débat au cinéma Utopia à Bordeaux, autour de la projection de Derrière Les Fronts, résistances et résilience en Palestine, de et avec Alexandra Dols, réalisatrice, suivie d’une rencontre avec la psychiatre palestinienne Samah Jabr, principale protagoniste du film.


PCF BUDGET 2018

ARAC PESSAC

« L’Humain d’abord » contre « la finance d’abord »

Hommage à la Stèle des époux Reyraud

Le 23 octobre, les députés PCF ont présenté, lors d’un point presse à l’assemblée nationale, un « contrebudget » afin de prouver que la purge antisociale imposée par le gouvernement n’a rien d’obligatoire (…), que d’autres choix sont possibles. (…) « Le budget du gouvernement est au bonheur des riches. Il est fait par les riches et pour les riches. Aucun gouvernement, même de droite, n’est jamais allé aussi loin. Eux, c’est la finance d’abord. Nous, c’est l’humain d’abord. Notre budget va leur faire beaucoup de mal, car il prouve qu’un autre chemin est possible ! » annonce d’emblée Fabien Roussel, député PCF du Nord. Une taxe sur le chiffre d’affaires des grands groupes

Devançant les arguments de la majorité, les députés communistes se sont même astreints à respecter la règle européenne d’un déficit à 3 % du PIB au maximum, derrière laquelle se réfugie l’exécutif pour imposer l’austérité. « Cette règle n’est qu’un prétexte pour baisser la dépense publique, mettre en concurrence les entreprises et vendre une part de nos services publics au marché. Même en visant un déficit à 0 % du PIB pour 2022, il est inutile de tout sacrifier à l’austérité », précise le parlementaire. Quelle est la recette ? Là où le gouvernement se prive de 8,4 milliards d’euros en cadeaux pour les plus riches, les communistes reprennent tout (3,2 milliards d’euros de suppression de l’ISF*, 1,9 milliard lié au PFU**, 2 milliards de baisse de la taxe sur les transactions financières, 1,2 milliard de baisse du taux de l’impôt sur les sociétés, et 100 millions de suppression de la taxe sur les salaires de plus de 152 000 euros par an). Ils récupèrent également les 4 milliards alloués au renforcement de l’arme nucléaire, et même 28 milliards de plus en supprimant Cice et « niches fiscales inefficaces ». Enfin, ils vont chercher 6 milliards avec une taxe sur le chiffre d’affaires des grands groupes, 5,8 milliards en renforçant la fiscalité sur les dividendes et les revenus financiers, 1,8 milliard avec un impôt sur les géants du numérique, et même 7 milliards grâce à un plan national de lutte contre la fraude et l’évasion fiscales, pensé pour récupérer entre 30 et 40 milliards sur le quinquennat.

Trois priorités : emploi, justice fiscale et pouvoir d’achat

Une cagnotte de 61 milliards d’euros par an est ainsi constituée, ce que refuse le gouvernement au motif que les plus riches et les grandes entreprises sont les mieux placés pour les « réinvestir » dans l’économie réelle. « L’argent coule à flots dans notre pays, mais toujours au profit des mêmes privilégiés, en circuit fermé. Ce n’est plus tenable », répondent les communistes. Ils proposent donc de le prendre et de l’utiliser pour « répondre aux besoins des concitoyens », en visant trois priorités : « Emploi, justice fiscale et pouvoir d’achat. » 8 milliards en soutien aux TPE, PME, à l’artisanat et à l’industrie, avec des engagements en contrepartie, loin du chèque en blanc du Cice. « Nous voulons épargner les entreprises qui investissent et embauchent, et taxer celles qui spéculent », développe Fabien Roussel. Partant du constat que la dépense publique permet à la fois de créer des services, mais aussi de soutenir l’activité économique et l’emploi, les députés PCF proposent un plan de 10 milliards d’euros pour les collectivités locales sur cinq ans, là où le gouvernement veut leur retirer 13 milliards. Cette option permettrait de transformer les emplois aidés en emplois pérennes, plutôt que de les supprimer. Ils souhaitent aussi investir 2,5 milliards dans le logement social, là où l’exécutif veut retirer 1,8 milliard de crédits, en plus de baisser les APL. Pas moins de 28 milliards d’euros dans ce contre-budget sont consacrés à faire baisser la TVA à 19 % et celle sur les produits de première nécessité en dessous de 5 % (en visant à terme 0 %). Le rétablissement de la demipart des veuves et des veufs est aussi de la partie ainsi qu’un rehaussement des pensions de retraite à 1 000 euros au minimum, tout en annulant la hausse de la CSG. Le point d’indice des fonctionnaires est augmenté avec 2 milliards et 5 autres viennent soutenir l’école, tandis que 10 sur cinq ans sont consacrés à l’agriculture, l’environnement et les transports. Enfin, 6,5 milliards sont fléchés vers la santé et la Sécurité sociale, là où le gouvernement veut casser cette « propriété commune », selon Pierre Dharréville, en retirer 4,2 milliards de budget, en plus d’augmenter le

forfait hospitalier. En outre, les communistes défendent aussi une échelle des salaires de 1 à 20 en entreprise et une hausse du Smic. Richard Ferrand réfute que son budget soit pour les plus riches

« On le voit bien, une autre voie est possible, insiste le député PCF Jean-Paul Dufrègne, au lieu de quoi le gouvernement signe un chèque en blanc aux plus riches et à l’économie spéculative. » Même constat du côté de la France insoumise, qui présentera à son tour un contre-budget, le 2 novembre. « Pas une fois le capitalisme ne s’est régulé, gendarmé, sans être contraint par la puissance publique », a insisté hier Éric Coquerel. Le mouvement (…) devrait proposer la création d’un impôt universel et la mise en place de 14 tranches d’imposition (le PCF en propose 9). L’impôt serait ici payé symboliquement dès le premier euro de revenu, puis de plus en plus élevé, proportionnellement aux richesses, là où le gouvernement veut casser cette progressivité puisque seuls les plus fortunés pourront accéder au plus bas des taux, situé à 12,8 %. (…) Autant de critiques, à gauche, qui n’ont pas ému Richard Ferrand, président du groupe LREM, lors de son premier point presse à l’Assemblée. (…) « Ce que nous voulons, c’est que notre pays soit plus attractif pour les investissements privés. (…). Notre budget est un budget pour l’investissement et pour le pouvoir d’achat. Tout ce que l’on fait, c’est pour augmenter le salaire net. Pour muscler la feuille de paie et alléger la feuille d’impôt », a-t-il ajouté. Pourtant, augmenter le salaire net et augmenter le pouvoir d’achat sont deux choses différentes, surtout quand on prend d’une main ce que l’on donne de l’autre. « Quand on fait la somme de toutes les mesures antisociales, des cotisations sociales amputées, des tarifs qui vont augmenter pour la santé, le logement, la vie de tous les jours avec la purge contre les collectivités, le compte n’y est pas. C’est même l’inverse », accusent les députés PCF. D’après l’article d’Aurélien Soucheyre, l’Humanité du 25/10/17

Dimanche 22 octobre, à Pessac Formanoir, Alain Ardiley, président de la section ARAC de Pessac, a rendu hommage aux patriotes résistants dont Gaston Reyraud, arrêté le 21 janvier 1940, par la police de Vichy et interné au 24, quai de Bacalan à Bordeaux, puis au camp de Mérignac (Gironde). Fusillé, le 24 octobre 1941, à 54 ans, comme les 255 autres victimes des nazis au camp militaire de Souge. 2017, est le 76e anniversaire de la 1re fusillade massive, le 24 octobre 1941, dont faisait partie Gaston Reyraud. Ce sont les Allemands qui fixent la liste des sacrifiés, détenus soit à Mérignac Beaudésert, soit au Fort du Hâ, mais sur proposition de la police de Vichy. Ainsi, détenus à l’origine pour délit d’opinion, parfois supposé, internés sans charge réelle, sans être condamné, ils ont été fusillés. Remarquons également le choix des Allemands d’intégrer autour d’une majorité de communistes, des gaullistes et un jeune connu pour son appartenance à la jeunesse socialiste et ce afin d’atteindre toutes les Résistances. Renée Reyraud s’est, elle aussi, engagée dans la Résistance en 1941, en entrant au Front national (organisation de résistance, fondée par le parti communiste) et dans le groupe « Bourgeois ». Renée Reyraud, arrêtée à son tour, le 23 juillet 1943, est internée au fort du Hâ puis à Romainville et déportée politique à Ravensbrück dont elle ne sort qu’au printemps 1945, rentrant en France, le 24 mai 1945. L’idéologie d’exclusion, de rejet de l’autre (juif, communiste, résistant, homosexuel, handicapé, tzigane…) par la violence notamment, a sous-tendu tous les actes de la barbarie nazie souvent aidée par la collaboration vichyste. Aujourd’hui certains débats et certaines attitudes, de stigmatisation de l’étranger, du chrétien, du juif encore, du musulman, de celui qui est différent, doivent nous alerter. Honorer les fusillés et les déportés, c’est susciter aujourd’hui la réflexion sur le risque réel de retomber dans la pensée mortifère que si les choses vont mal, c’est la faute d’un autre. Non, nous ne les oublions pas. Fiers de cette France des droits de l’Homme que nos aïeux nous ont légué avec courage, honneur et dignité, souvenons-nous toujours de leur sacrifice et veillons toujours à incarner et à transmettre ce courage à nos enfants et petits-enfants. C’est se souvenir, toujours, que les régimes ou les personnes qui ne respectent pas les libertés individuelles et collectives sont un danger pour l’humanité. Tel est le fondement de l’action de notre association, fondement qui unifie, dans leurs différences, nos adhérents.

Réveillon de la St Sylvestre Menu à 58 €

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toasts, apéritif maison soupe de l’océan, 6 huîtres (blanc entre Deux-Mers) foie gras de canard avec gelée de vin blanc Monbazillac lamproie au moelleux trou de l’Huma, cotillons tournedos de bœuf et ses cèpes vin rouge et rosé, salade, fromage champagne, café, dessert glacé soupe à l’oignon à 6h

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ORGANISÉ PAR LA SOCIÉTÉ DES LECTRICES & LECTEURS DE L’HUMANITÉ DES CANTONS DE COUTRAS & GUITRES

* Impôt de solidarité sur la fortune **Prélèvement forfaitaire unique

SOUSCRIPTION ESPACE LIVRES

Regards croisés sur la petite Espagne à Bordeaux Jeudi 9 novembre 2017 à 18h30 L’Espace livres, en lien avec la librairie La Renaissance, vous invite à la fédération PCF 33, 15 rue Furtado, Bordeaux - à rencontrer : Simone Gélin, auteure de polars dont le roman L’affaire Jane de Boy vient de recevoir le prix de l’Embouchure 2017 à Toulouse Polars du Sud, Marion Duclos, auteure de bandes dessinées qui vient de publier Ernesto. Vous pouvez nous contacter : livrerenaissancepcf33@orange.fr

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soitil, contribuera effica- cement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 70 000 euros.

Les Nouvelles 2 novembre 2017 • 7


CHRONIQUE

CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

LES « AMIS DE L’ORMÉE »

par Gérard Loustalet Sens

À chœur ouvert

L’argent sans foi ni loi

Début septembre, les choristes des « Amis de L’Ormée » ont démarré fort : ils n’avaient que quelques répétitions pour mettre au point leur prestation du 21 octobre dans le cadre des « Trois Jours » de l’association bacalanaise « Vie et Travail ». Au cours de cette journée ont alterné débats et moments culturels autour du thème Résistance et mémoire et d’un événement peu connu et unique en France : la révolte des patriotes internés à la Centrale d’Eysses 1. Mission remplie. Entre autres chants de cette période tragique, les choristes ont fait rayonner les paroles d’espoir de Debout, chant composé en détention par les résistants, recréé en février dernier à Eysses même, et interprété en polyphonie cette fois-ci grâce à une harmonisation de notre ami Lionel David. Une première, donc, et une première aussi pour notre nouvelle cheffe de chœur Anila Abazi. D’origine albanaise, Anila a dirigé le chœur de l’opéra de Tirana avant d’exercer en Italie puis

en Gironde où elle a accompagné groupes et solistes. Conformément à son fonctionnement biennal, la chorale était engagée au printemps dernier dans ses concerts de musique classique. Elle entame à présent un autre parcours qui la conduira jusqu’au Cabaret dont les dates sont déjà fixées 27 et 28 avril 2018. Le thème retenu n’est pas banal : « La femme est l’avenir de l’homme » ! Si la femme a été souvent « ciblée », peu de chants s’attachent à combattre les clichés traditionnels et les dominations bien réelles que les femmes ont subies et continuent de subir. Une dizaine de chants sont prévus ; on devrait y trouver bien sûr l’Hymne des femmes, Lily, Angela… Mais il n’y aura pas que des chants militants et peut-être qu’au milieu, on fera un clin d’œil aux hommes… pour changer ! Ce sont les choristes qui décideront avec leur cheffe du programme définitif car dans ce groupe vocal, populaire et citoyen, on joue toujours

collectif… et solidaire ! C’est vrai des choix … comme des répétitions… comme des outils mis à disposition : fichiers audio, MP3, enregistrements… Tout est fait pour que, quel que soit son niveau, chaque amateur de chant choral puisse y prendre place. De même, la cotisation reste modique pour éviter tout obstacle financier. Un nouveau cycle d’apprentissage commence ; le moment idéal pour se lancer et venir renforcer la chorale des Amis de L’Ormée. JJC Renseignements pratiques : Répétition : chaque mercredi de 20h à 22h à l’école de musique de Floirac, 21 rue Voltaire (non loin de Dravemont le terminus de la ligne A du tramway). Contact et renseignements au 06 32 40 74 10 1 - Association Nationale pour la Mémoire des Résistants emprisonnés à Eysses et déportés à Dachau : www.eysses.fr

TNBA LE 7 NOVEMBRE

Débat public avec Marie-José Mondzain « À force de vouloir tout dire pour avoir été mis à toutes les sauces, les mots ne veulent plus rien dire ». Marie-José Mondzain, philosophe. En partenariat avec la Librairie Mollat et l’Université Bordeaux Montaigne. Rencontre modérée par Francis Lippa. Mardi 7 novembre 2017 / TnBA Grande salle Vitez - 19h Entrée libre et gratuite, réservation indispensable : billetterie@tnba.org - 05 56 33 36 80 Philosophe et écrivain, directrice

émérite au CNRS, spécialiste de l’iconoclasme, Marie-José Mondzain, s’investit dans les affaires de la cité, en dépit des frontières naturelles ou artificielles. De l’UEC (Union des étudiants communistes) dans les années 1960 à l’analyse du 11 septembre 2001, en passant par la défense de la liberté contre les nationalismes en Europe, elle tente de faire face. Aujourd’hui, elle appelle à lutter contre la confiscation des mots, des images et du temps dans un livre argumenté. Un ouvrage de combat qui propose une réflexion sur la question des images et de l’imaginaire. La philosophe y dénonce par

exemple la manipulation des mots et des images par ceux qui gouvernent, contribuant à confisquer la parole des gouvernés et à délégitimer toute forme de « radicalité » dans l’action politique. Derniers livres parus : L’image peutelle tuer ? (Bayard Culture, 2015), Confiscation : des mots, des images et du temps (Les Liens qui libèrent, 2017) ANNONCES LÉGALES TRANSFERT DE SIEGE SOCIAL

GFDI 8 – MERIGNAC SCI au capital de 1 980 € Siège social : 16 rue Nicéphore Niepce 69800 Saint Priest 502 290 240 RCS de Lyon

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0118 C 85932

8 • Les Nouvelles 2 novembre 2017

L’AGE du 20/10/2017 a décidé de transférer le siège social de la société 46 Avenue de la Grange Noire, 33700 Mérignac à compter du 20/10/2017 et de modifier l’article 4 des statuts. Objet social : Acquisition, construction, mise en valeur, gestion, administration et exploitation par bail, location, sous location ou autrement des biens immobiliers qui seront apportés à la société, construits ou acquis par elle au cours de la vie sociale. Durée : expire le 28/01/2017 Radiation au RCS de Lyon et ré immatriculation au RCS de Bordeaux Pour avis,

Voici donc une nouvelle manifestation de la haute tenue intellectuelle de la « philosophie » macronienne : figurezvous que ceux qui veulent « taxer les riches », c’est rien que des « jaloux » ! C’est sûr que pour sortir une sornette aussi défraîchie que le capitalisme lui-même, il faut avoir appris par cœur toute l’oeuvre philosophique de Paul Ricoeur ! Halte à la « jalousie française qui consiste à dire : il y a des riches (ou « des gens qui réussissent », selon les versions), taxons-les, nous nous porterons mieux ». Ce serait même une « passion triste » bien française… Il est vrai qu’on voit mal en effet le chômeur en fin de droits danser joyeusement devant le buffet en clamant son amour des milliardaires. Un jaloux, un envieux, un fainéant ! Il ferait mieux de « créer son entreprise », à l’image de ceux qui « prennent des risques », entreprennent, tirent tout le monde vers le haut selon la nouvelle fable d’un macronisme en mal de crédibilité. C’est la métaphore débile du « premier de cordée », tentative de créer un imaginaire d’une confondante niaiserie fondé sur un individualisme obtus et terriblement daté. Des individus, d’élite évidemment, entraîneraient par leur dynamisme, leur intelligence, leur « goût du risque », leur « talent », etc. l’ensemble de la société, fainéants et jaloux compris ! Ce conte à dormir debout doit bien faire rire dans les chaumières du 16e arrondissement et autres territoires perdus de l’impôt sur le revenu. Il y a quand même quelque chose d’étonnant dans cette obsession si ouvertement affichée de Macron d’ assister sans pudeur ni précaution des riches qui en ont si peu besoin, dans cette phobie de taxes qui pourraient les toucher… Il y a certes le dogme libéral selon lequel moins le riche paie d’impôts, plus il investit dans la production… C’est évidemment une foutaise. Contrairement à la pieuse légende libérale, les riches n’aiment pas particulièrement les placements à risque pour leur précieux capitaux, ils privilégient les épargnes de « père de famille » , les rentes tranquilles et les paradis fiscaux, ce que permet bien aujourd’hui le développement des marchés financiers avec la multitude de ce qu’on appelle les produits dérivés. Macron connaît bien ce système… Le seul moyen pour contraindre les riches à la redistribution, c’est l’impôt, et tout « premiers de cordée » qu’ils soient, ils n’en veulent pas. L’autre argument pour justifier les baisses d’impôt des riches est parfaitement honteux car n’étant qu’une scandaleuse complaisance pour l’incivisme et les illégalismes des nantis. Il s’agirait d’inciter les « exilés fiscaux » à « rentrer en France » ! Autrement dit, il faudrait appâter cette catégorie d’individus sans foi ni loi dont la seule préoccupation est de protéger et de faire fructifier sans risque ni contrainte leur cher pognon à l’abri des regards et de toute exigence sociale… Des individus dépourvus du moindre sens civique, indignes du titre de citoyen français et qui, comme disait Danton des aristocrates, les « émigrés », fuyant la Révolution, emportent la patrie à la semelle de leurs souliers… Il faudrait faire risette à des tricheurs, récompenser le cynisme et cela au nom d’un « impératif de compétitivité fiscale » dont « l’efficacité économique » reste à prouver et qui est de toute façon moralement et civiquement inacceptable. En tout cas, ces gens ne suscitent pas la jalousie, non, mais le mépris ! Et il y a des idéologues pour plaider la cause des nantis et vanter la « sagesse de l’argent » ! M. Pascal Bruckner, que l’on dit philosophe, par exemple, s’est donné la noble mission de défendre les riches, ces damnés de la terre, injustement malmenés, offensés, humiliés, reclus dans leurs modestes hôtels particuliers… Il nous avait déjà alerté, proclamant pompeusement, en 2013 : « la richesse n’est pas un crime ». Astuce rhétorique qui consiste à attribuer une assertion douteuse à un contradicteur pour facilement réfuter son argumentation. La richesse n’est peut-être pas un crime mais les moyens d’y parvenir sont souvent criminels, en tout cas peu reluisants car généralement fondés sur l’exploitation de l’homme par l’homme. M. Bruckner vient donc de célébrer « la sagesse de l’argent » ! Démonstration laborieuse faite d’obscurités prétentieuses (« l’argent est une promesse qui cherche une sagesse ». Ah bon?) ; de platitudes compassées (« il est sage d’avoir de l’argent, il est sage de s’interroger sur lui ». Certes !) ; de calembours futiles (« bien penser, c’est aussi apprendre à bien dépenser ». Ou à s’en dispenser !). Affligeant !


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