Nouvelles N° 2237

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Jeudi 11 janvier 2018 - N° 2237 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

DES VŒUX POUR 2018 :

Et quelques dates et événements, à lire en pages 4 et 5

HÔPITAL ST ANDRÉ

MOBILITÉ

QUAND RISS DESSINE PAPON

La grève s’élargit

Il faut plus que des moyens !

L’administration française se dévoile

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ACTUALITÉ ENTREPRISE TCI-TCB

HÔPITAL SAINT-ANDRÉ

En grève illimitée depuis le 3 janvier

Le préavis de grève s’étend à l’ensemble des services

À l’appel de la CGT FAPT 33, les salariés de l’entreprise TCI – TCB du Groupe TESSI étaient toujours en grève illimitée à 100 % pour TCB et 70 % pour TCI et ce depuis le 3 janvier, une grève reconduite chaque jour en assemblée générale à partir de 8h30 devant l’entreprise au 3 avenue des satellites au Haillan. Lundi, la direction avait d’abord refusé de négocier avec les salariés. Une attitude qualifiée d’irresponsable par la CGT et pénalisant « les clients des banques qui ont confié le traitement des chèques à cette société, notamment les commerçants » Une délégation s’est rendue en mairie du Haillan pour expliquer la situation et un courrier de la CGT a été envoyé à la mairie du Haillan, au président de la CUB, au président du Conseil départemental et au maire de Bordeaux pour demander leur intervention afin que les négociations reprennent. Mardi, les négociations ont repris mais les propositions de la Direction étaient jugées insuffisantes par les grévistes. En matière de salaire : la Direction propose 1 % d’augmentation générale alors que les salariés exigent un rattrapage de 15 années blanches par une augmentation de 100 euros minimum. Une solution semblait être trouvée concernant l’attribution du ticket restaurant pour tous. Les salariés revendiquent également : la prime de participation aux bénéfices, la reconnaissance de l’ancienneté avec la mise en place de grilles indiciaires avec évolution de carrière et l’augmentation de la prime de productivité de 160 à 200 € mensuelle. L’Union départementale appelle à la solidarité financière avec les grévistes. Les dons sont à envoyés à la CGT-FAPT, Bourse du Travail 44 cours Aristide Briand 33000 Bordeaux.

COLLOQUE

Quelle place pour les retraités dans la société ? Neuf organisations syndicales et associations représentatives des retraité-e-s* organisent, depuis près de 4 ans, actions et manifestations pour défendre le pouvoir d’achat des retraités. Dans ce cadre, l’intersyndicale en Gironde a organisé en décembre dernier une conférence débat sur la place des retraités dans la société. Plus de 50 personnes y étaient présentes. L’intervenant, Bernard Ennuyer, est un sociologue reconnu sur la question du vieillissement. Chercheur impertinent et homme de terrain, militant d’une « société pour tous les âges », il défend l’idée selon laquelle la vieillesse, est le résultat d’un parcours social. « On vieillit comme on a vécu » et les inégalités sociales de la vie « en emploi » se retrouvent et s’accroissent, même au moment de la retraite. Les inégalités sociales pèsent lourdement de la naissance jusqu’à la retraite : inégalités entre ouvriers et cadres, entre femmes et hommes. La question du genre est primordiale, la durée de vie en incapacité lourde est double pour les femmes. Les questions que nous n’avons pas réglées durant toute la vie se retrouvent à la vieillesse. Pour l’entreprise, on est vieux à 45 ans. Pourtant la longévité telle qu’on la connaît, existe depuis longtemps. Ce qui a changé c’est qu’ils/elles sont de plus en plus nombreux. Bernard Ennuyer interroge la situation des EHPAD. Tout le monde dit vouloir vieillir « chez soi » mais la notion du chez soi évolue avec l’âge : est-ce que c’est un « chez soi » d’avoir un espace personnel qui devient public ? Il cite comme alternative les nouvelles formes d’habitat coopératif : « Les gens réinventent partout en Europe des formes d’organisations pour être dans l’entraide, la solidarité. S’organiser un peu mieux pour être mieux vivants ». 16 millions de 60 ans et plus et seulement 10% d’entre eux ont des difficultés de vie quotidienne. Environ 1/3 de ces 10% ont des difficultés importantes et bénéficient de l’APA et on ne fait pas assez pour eux. Les statisticiens annoncent 24 millions de retraités en 2060 et cinq fois plus de personnes de 85 ans. Des arguments démographiques bien utiles depuis 3 décennies pour diminuer les retraites et pensions. Nous avons, en France, une vision négative de l’avance en âge. Mais nous avons un système de retraite meilleur que dans tous les autres pays qui subit des attaques depuis plusieurs années, avec des réformes successives qui diminuent les pensions et le pouvoir d’achat des retraités. Les mobilisations ne vont d’ailleurs sûrement pas s’arrêter car les projets de Macron veulent aller vers un système de retraites à points. Les retraités mobilisés croient, eux, à une société solidaire et trouvent dangereux de fixer les retraites en fonction de l’espérance de vie. Les milliards existent dans ce pays pour que les outils comme les hôpitaux et les services publics, de manière générale, bénéficient de moyens pour aider les retraités qui ont de grosses difficultés de santé ou sociales. Les milliards existent pour redonner du pouvoir d’achat aux retraités comme aux actifs au lieu de leur retirer encore 1,7% de CSG ! Fin janvier, ils iront porter au préfet de la Gironde des cartes pétitions adressées au président de la République affirmant leur refus de l’augmentation de la CSG, l’exigence d’une revalorisation des pensions, le juste retour d’une vie de cotisations et le droit de vivre dignement. Ghyslaine Richard * UCR-CGT – UCR FO – CFTC – CFE CGC -SFR FSU – Solidaires retraités –LSR – FGR-FP – Ensemble et solidaires

2 • Les Nouvelles 11 janvier 2018

Médecins, infirmières et aides-soignantes des urgences de l’hôpital Saint-André ont entamé une grève le mercredi 27 décembre pour obtenir des effectifs supplémentaires. 10 jours après, la grève gagnait peu à peu les autres services qui vivent les mêmes difficultés. Malgré la pluie, le piquet de grève est là, vendredi 5 janvier à midi, comme tous les jours de la semaine depuis le 27 décembre, où infirmièr-e-s et aides-soignant-e-s se ont décidé de passer à l’action, soutenus par une intersyndicale CGT-FO-Sud. Fait plus rare : les médecins ont vite - et massivement rejoint le mouvement. Ce service historique, situé en centreville prend en charge 20 000 patients par an, de jour comme de nuit et emploie 44 infirmières et 31 aidessoignantes. « Nous aimons ce que nous faisons et nous ne demandons qu’à le faire au mieux mais pour cela il manque 5 postes d’infirmiers et 2 d’aides-soignants, explique Anne, infirmière. Nous sommes dans le service, nous savons ce qu’il faut pour le faire fonctionner. Ce que nous demandons, c’est le minimum. De manière générale, le CHU ne remplace plus les départs en retraite que par des CDD. On en a eu jusque 26 % dans le service. On n’a pas le temps de les former, ils travaillent dans des conditions déplorables et en

plus n’ont pas les primes alors qu’ils sont obligés de passer de nuit ». Comme dans beaucoup d’hôpitaux, ce manque de personnel désorganise la vie du service : on déshabille le service de nuit pour habiller celui de jour, les heures s’accumulent, on rappelle les personnels pendant leurs congés, etc. « On en est à un point tel que des huissiers se rendent au domicile des personnels pour des assignations ou que des cadres menacent les agent de faire appel à la police pour les faire revenir au travail », affirme Pierre Gaudin de Sud-santé-sociaux qui annonce l’extension du préavis de grève à l’ensemble des services. « Le midi on tient le piquet de grève, on distribue des tracts aux usagers et l’aprèsmidi nous faisons le tour des services pour discuter avec les collègues, raconte Anne. Ils se sont rendus compte qu’ils vivaient les mêmes difficultés que les nôtres dans leurs services. Quelques-uns ont déjà rejoint la grève, nous espérons qu’elle va s’étendre. » Avec plus de 2 000 signatures sur la pétition, les usagers aussi ont marqué leur soutien et leur attachement à ce service de proximité dont bénéficient les riverains, notamment des populations fortement fragilisées sur le plan social. C’est d’ailleurs de cet aspect que les militants communistes du secteur, venu apporter leur soutien aux gré-

vistes, ont longuement discuté avec les syndicalistes. Le service des urgences de Saint-André est sous le coup d’un projet de « déplacement » au sud de Bordeaux… à l’hôpital Haut-Lévêque, en 2021 ! Philippe Vigouroux, le directeur du CHU, avait indiqué que « l’hôpital Saint-André sera à terme dédié à l’ambulatoire ». « On imagine mal une partie de la population bénéficiant de ce service de proximité se rendre jusqu’à Haut-Lévêque », commente Vincent Bordas du PCF. « Et d’autre part, Pellegrin accueille déjà 80 000 personnes par an, renchérit Anne. Ca va être un problème pour les usagers, surtout pour les urgences plus sociales, mais aussi pour Pellegrin qui est déjà saturé. » La disparition des urgences de SaintAndré serait d’autant plus une mauvaise nouvelle pour le centre ville de Bordeaux qu’elle vient s’ajouter à d’autres fermetures de services publics comme les bureaux de Poste ou de la CAF. Même le collège Goya, classé en zone d’éducation prioritaire, semble menacé. Les militants communistes bordelais, mobilisés sur ces questions, entendent intégrer la défense des urgences de Saint-André à leur bataille plus large pour le droit à la ville, notamment par le maintien et le développement des services publics. Christelle Danglot

SNCF

Direction et gouvernement, le duo infernal, fossoyeur du rail public Déclaration du PCF du 8 janvier La ministre des transports Élisabeth Born a convoqué, le 8 janvier, le patron de la SNCF pour lui demander des comptes suite à la « succession d’incidents importants et médiatisés » survenus ces dernières semaines dans les gares parisiennes de Montparnasse, Bercy et Saint-Lazare. Il est assez curieux de voir une ministre des transports s’étonner des récents dysfonctionnements de la SNCF tant les différentes politiques menées depuis plus de 20 ans en matière de service public ferroviaire, aussi bien marchandise que voyageur, sont désastreuses. Les derniers chiffres sont éloquents : 2014, suppression de 1432 postes – 2015, 1100 postes – 2016, 1400 postes – 2017, 1200 postes et pour 2018, SNCF Mobilité a déjà annoncé 2000 suppressions d’emplois.

Les suppressions massives d’emplois s’accompagnent d’un manque d’investissement abyssal avec pour conséquence directe un réseau ferré et des installations de sécurité qui ne cessent de se délabrer. L’accident de Brétigny en est le triste exemple. La SNCF est aujourd’hui malade des choix imposés conjointement par direction et gouvernement. Un duo infernal, où le dogme de la rentabilité est érigé en alpha et oméga des politiques ferroviaires. Nous sommes aujourd’hui en droit de demander des comptes, à la SNCF bien sûr, mais aussi aux différents gouvernements. Ceux-ci, tout en votant l’ouverture à la concurrence, ont abandonné toute forme de gouvernance de l’entreprise publique, en laissant les mains-libres à une direction d’entreprise. Les ministres des transports passent, les accidents

et incidents se multiplient mais les fossoyeurs du rail public, Guillaume Pépy en tête, demeurent. D’autres solutions existent. Plutôt que de stigmatiser les cheminots et de pénaliser les usagers, il est temps de mettre fin au dogme libéral qui guide gouvernement et direction dans la gestion de la SNCF. Le PCF demande à ce que l’État français reprenne en intégralité la dette du système ferroviaire, et investisse de façon massive dans la régénération du réseau, les trains de nuits, les TET. Le PCF porte l’idée d’un grand service public ferroviaire du XXIe siècle, au sein d’une entreprise unique et intégrée, qui permette à chacune et chacun de se déplacer quel que soit son lieu de résidence sur le territoire, tout en assurant des conditions de travail décentes pour les cheminot-e-s.


ACTUALITÉ

Editorial

MOBILITÉS :

Il faut plus de moyens pour sortir de la thrombose ! Ensemble œuvrons à de nouveaux possibles ! Si nos conditions de vie se dégradent, cette situation ne crée pas automatiquement le développement des luttes et la recherche d’une issue politique progressiste. Les représentations que l’on se fait du monde et de notre vie pèsent sur nos capacités à inventer un monde nouveau. C’est toute la complexité de la situation dans laquelle nous sommes. Un conseil métropolitain exceptionnel était convoqué ce 21 décembre pour évoquer la contribution de Bordeaux Métropole aux Assises de la mobilité. Une contribution marquée par des avancées vers une meilleure utilisation du réseau ferroviaire d’agglomération mais aussi par l’entêtement sur des voies sans issues comme le grand contournement routier ou les LGV. Le groupe communiste s’est donc abstenu. Explication de vote par Max Guichard : « Ces débats sur les mobilités et sur le logement sont majeurs et ce temps d’échange doit être suivi de prises de décisions. Le droit aux déplacements, dans des conditions correctes, est un droit fondamental qui est aujourd’hui remis en cause tant pour des raisons économiques et sociales, que par des conditions matérielles objectives. Il existe aujourd’hui un véritable danger que des fractures se construisent entre ceux qui vivent au cœur de l’agglomération et ceux qui sont en dehors, entre ceux qui ont les moyens de se déplacer et ceux qui ne les ont pas. Enfin et ce n’est pas secondaire cette question de la mobilité pose fondamentalement celle de notre environnement, de la qualité de l’air bien évidemment, mais aussi du bruit et de la qualité de nos espaces naturels comme urbains. Je ne ferai pas l’affront de dire que rien n’a été fait bien au contraire. Notre établissement a consommé beaucoup de son temps, de son intelligence et d’argent pour répondre à ces enjeux. Nous nous en sommes souvent félicités même si nous avons émis aussi des critiques. La métropole a su au fil du temps diversifier son intervention et mettre en valeur des modes différents, que ce soit la marche à pieds ou le vélo. Ces actions ont donné des résultats probants, comme le montre l’enquête « ménage » partielle. Mais ce n’est pas encore à la hauteur des besoins de notre population. Cette situation nous amène à faire plusieurs constats : - la question de la mobilité ne peut être l’affaire d’une seule collectivité,

et demande des réponses coordonnées. - Les moyens financiers mis à notre disposition sont trop insuffisants. - Nous n’avons sans doute pas su utiliser à plein tous les modes de transport possibles. - La question des mobilités ne relève sans doute pas uniquement des transports mais aussi de l’aménagement du territoire. Ces constats posés, nous pensons que des réponses concrètes peuvent être apportées. En premier lieu nous tenons à dire notre plein soutien à la création d’un syndicat à l’échelle du bassin de mobilité ou du département qui permette de défragmenter les réponses aux besoins de mobilités. Il faut un syndicat qui soit un vrai outil de coopération à l’échelle de notre territoire, associant le plus grand nombre, évitant toute volonté d’hégémonie des uns ou des autres. Je l’ai dit nous manquons de moyens et nous sommes obligés de réfléchir à moyens constants ce qui ne correspond pas aux besoins de nos populations. Des pistes de ressources pérennes sont avancées dans la contribution aux Assises. Certaines ne peuvent pas nous satisfaire, comme lorsque face au désengagement de l’État, vous proposez d’étendre l’emprise des concessionnaires d’autoroutes vers la rocade et de leur offrir la manne financière des péages pour quelques années supplémentaires. D’autres sources de financement peuvent être imaginées : outre une taxe sur les poids lourd qui exonèrerait les transports régionaux, une taxe locale sur les bureaux pourrait être mise en place comme c’est déjà le cas en Ile-de-France. Cela représenterait un vrai supplément pour notre établissement. Un déplafonnement du versement transport nous redonnerait aussi une bouffée d’oxygène. Ces nouvelles ressources pourraient nous permettre d’envisager de nouveau type d’investissements, en appui de subventions de l’état à la hauteur des enjeux qui sont devant nous. Car indéniablement il nous faut passer un nouveau cap, et ce pour

répondre aux besoins immédiats mais aussi aux besoins à venir qui sont tout aussi considérables. Nous avons le devoir de penser notre agglomération autrement, en voyant bien que nous sommes déjà quasiment à 900 000 habitants. Si cela craque aujourd’hui quand serat-il demain ? Le SDODM est une réponse mais loin d’être suffisante. Les barreaux et le grand contournement que vous proposez monsieur le président ne nous conviennent pas car ils nous enfermeraient dans la réponse routière. Nous estimons pour notre part que le fer est plus que jamais la réponse moderne à ces questions. Cela demande des investissements massifs, tant dans les infrastructures que dans le matériel et dans les hommes pour le faire vivre. Cela est vrai autant pour les voyageurs que pour les marchandises. Cela demande d’abord et avant tout de changer les règles du jeu et de faire que le rail cesse d’être désavantagé face à la route, dont les coûts externes ne sont jamais pris en compte. Il nous faut comme nous l’avons demandé à plusieurs reprise redonner toute sa place au fleuve. Nous l’avons fait pour les voyageurs, il faut que nous le fassions pour les marchandises en étant à l’initiative de la reconstruction d’un réseau de bateliers. Nous devons continuer à améliorer notre réseau de bus qui est en souffrance par rapport aux autres modes. Continuer à améliorer les conditions du développement des modes doux même si nous avons fait de nets progrès. Il n’en demeure pas moins que nous devons nous projeter vers l’avant et réfléchir à quel mode nous aurons en 2030. La réponse d’un métro telle qu’elle a été amenée par Gilles Savary récemment dans Sud-Ouest, ne peut nous convenir car elle est trop limitée au centre ville. Aujourd’hui c’est de circulaire dont nous avons besoin. Une première couronne avec la ligne de ceinture qui n’a pas encore la place qu’elle mériterait, mais demain c’est d’une deuxième ceinture dont nous aurons besoin. C’est dans ce sens qu’il nous faut regarder.

À l’occasion des élections présidentielles nous avons pu en mesurer une des conséquences. Ce qui a dominé dans les comportements durant les différentes primaires et pendant les élections, c’est la démarche du « dégagisme »… Nous avons vu où cela nous a conduit. Plus que jamais nous devons tirer leçon de ce que nous avons vécu. Non pas pour en rester à la surface des choses et aux apparences, mais au contraire pour aller à la racine des choses, pour construire une radicalité intelligente qui nous aide collectivement à participer à de nouvelles aventures humaines révolutionnaires. Rien n’est écrit d’avance, nulle part, et surtout pas par les hommes providentiels. Ce sont les peuples qui font l’histoire dans un sens comme dans un autre d’ailleurs. C’est pourquoi il est important de bien connaître ce qui participe à structurer pratiques et représentations. Il ne s’agit pas de forcer les peuples, de les contraindre ou de les transformer, de force par la propagande, ou par l’utilisation des méthodes commerciales à l’occasion des campagnes électorales. Il s’agit, au contraire, de libérer l’intelligence créatrice individuelle et collective, de mettre à nu et rendre visibles les possibles. Il s’agit enfin de permettre le déploiement d’initiatives et de luttes sociales, économiques, politiques dans tous les domaines que le système capitaliste et sa logique prédatrice déforment, épuisent, réduisent, exploitent, dominent, empêchent de se développer. Les stages de formation organisés par la Fédération du PCF 33 contribuent à cela. Nos sociétés sont riches d’aspirations et d’expériences qui ne vont pas jusqu’au bout de leurs potentialités, étouffées par la mise en concurrence, la prédation capitaliste, l’élimination de compétences humaines, le gâchis du chômage, la fermeture de services publics… Les révoltes, premiers pas vers l’identification des responsables, sont encore insuffisantes au regard de ces situations. Alors comme l’écrit dans ses vœux Patrick Le Hyarick, directeur de l’Humanité, « Formons pour cette année nouvelle des vœux qui nous obligent toutes et tous : celui de l’unité populaire, dans la riposte sociale et politique, pour que reculent pauvreté et inégalité, et celui d’entendre le silence des armes pour écouter, enfin, le si beau chant du monde. »

Dominique Belougne membre de l’exécutif du PCF 33

Les Nouvelles 11 janvier 2018 • 3


TOUR D’HOR BORDEAUX MÉTROPOLE

TOUR D’HORIZON

L’Arena affiche déjà complet

International : 2018, année de tous les dangers ?

Les fans endeuillés de Johnny Hallyday ont bien failli être les derniers visiteurs musicaux de la patinoire de Bordeaux-Mériadeck. Mais c’est la comédie musicale « Notre Dame de Paris » qui a fait une dernière fois vibrer les entrailles métalliques de la vieille patinoire qui restera patinoire mais, après 35 ans de bons et loyaux services, laissera le rôle de salle de concerts à la nouvelle Arena, à Floirac. Ce nouveau galet blanc posé sur les bords de la rive droite pourra accueillir entre 2500 et 11000 spectateurs et est conçu pour accueillir également des évènements sportifs. C’est en tous cas bel et bien de la musique, celle du groupe britannique Depeche Mode, qui la remplira comme un œuf, pour son inauguration, le 24 janvier prochain. Une ouverture attendue depuis longtemps, comme en témoigne la programmation déjà pléthorique. Dans la catégorie poids lourds

C’était la petite musique de fond des fêtes de fin d’année… Le président des États-Unis comparant la taille de son bouton nucléaire à celui du président Nord-coréen et la distance qui le sépare de son pouce… De toutes évidences, l’année 2018 commence sur des bases aussi inquiétantes que les précédentes avec, sur la scène internationale, des Trump, Poutine, Kim Jong-un, sans oublier Recep Erdogan reçu cette semaine à Paris. Il est d‘ailleurs probable que l’escalade verbale et guerrière de Donald Trump ne s’arrête pas là. Le président mal élu des États-Unis devra en effet affronter en novembre prochain des élections législatives conduisant au renouvèlement total de la Chambre des représentants et d’un tiers du Sénat. Quelques mois avant cette échéance toujours périlleuse pour un président américain, celui-ci semble choisir la stratégie de la diversion, au risque de la guerre. Stratégie dont les Palestiniens font les frais puisque 2018 verra encore les conséquences de la reconnaissance insensée de Jé-

programmés, on peut ainsi citer le chanteur américain Lenny Kravitz, le groupe français Indochine, la troupe canadienne du Cirque du Soleil ou encore les indéboulonnables Aznavour et Sardou. Un succès annoncé donc, sauf si les problèmes de stationnement s’en mêlent… Avant que le pont SimoneVeil ne soit construit, les parkings semblent sous-dimensionnés. Raison pour laquelle certains élus locaux s’étaient retournés vers AuchanBouliac qui dispose d’un gigantesque parking à proximité… Le directeur du supermarché a annoncé la fermeture de son parking aux spectateurs de l’Arena et la facturation à 60€ l’heure de la place, les soirs de spectacles… Ce n’est pas une surprise mais il semble que ce ne soit pas à l’école Mulliez que l’on enseigne le sens de l’intérêt général ! VB.

3 FÉVRIER À PARIS

Un nouveau progrès social pour la France Pour les communistes, il est temps, au contraire de la politique menée par Macron et son gouvernement, d’engager un nouveau progrès social pour la France. « Il s’agit à la fois de prolonger les conquêtes sociales du siècle dernier, qui font toujours la force de notre modèle social, et de construire les nouvelles avancées sociales qui permettront de répondre aux enjeux du XXIe siècle. Nous voulons débattre avec vous des politiques alternatives

à mener dans cinq domaines clés : le travail et l’emploi, l’industrie, les services publics, le logement et l’utilisation de l’argent. Ces cahiers thématiques présentent nos propositions et vous permettent d’apporter votre contribution. Le 3 février prochain, nous organiserons à Paris une restitution des contributions recueillies partout dans le pays lors des États généraux du progrès social. » D’ici là, vous pouvez contribuer sur : progres-social.pcf.fr

rusalem comme capitale d’Israël et de la menace de coupe des aides au développement si l’Autorité palestinienne ne se soumet pas aux injonctions de la « diplomatie » nord-américaine. On ne cherchera pas hélas l’embellie du côté de la Russie où Vladimir Poutine briguera un quatrième mandat présidentiel, en mars prochain. Son principal opposant, Alexeï Navalny, n’a pas été autorisé à se présenter à l’élection et a annoncé qu’il boycotterait un processus qu’il ne considère pas comme « une vraie élection » et où « il n’y aura que Poutine et les candidats qu’il a sélectionnés ». D’autres pays devraient vivre un processus électoral difficile, comme le Mali toujours soumis à la présence des forces djihadistes mais aussi aux dérives monarchiques du président Ibrahim Boubacar Keïta. De même au Cameroun où le président Paul Biya a tardivement confirmé la tenue de l’élection présidentielle cette année, élection à laquelle il pourrait se représenter, après 35 années passées au pouvoir et dans un contexte

de tensions internes très fortes. Reste l’Amérique latine et centrale où plusieurs scrutins seront analysés : au Mexique où le parti de centre-droit tentera de se succéder à lui-même malgré une situation de violences internes et de corruption persistantes. De corruption, il en sera aussi évidemment question au Brésil où l’ancien président Lula voudrait faire revenir la gauche au pouvoir et tenter ainsi de faire oublier les affaires et les deux années de gestion libérale de Michel Temer. Au Venezuela enfin, le Parti socialiste uni du Venezuela (PSUV) part avec l’avantage des élections locales remportées en 2017 mais avec le handicap d’un pays en proie aux tensions permanentes et sous influence médiatique internationale. C’est donc une année également importante pour les gauches au pouvoir sur ce continent qui a porté tant d’espoir à l’aube de ce XXIe siècle.

Libourne redécouvre sa vocation fluviale

mer, un amphithéâtre de 350 places propre à accueillir associations, chercheurs, universitaires, scolaires.

Vincent Bordas

TOURISME

Sur la Garonne Image de synthèse du quai du Priourat à Libourne - Ville de Libourne

FÉVRIER

Les jeux olympiques d’hiver à Pyeongchang Du 9 au 29 février, en République de Corée, vont se tenir les 23e jeux olympiques d’hiver. Ils revêtent un caractère particulier dans le contexte de guerre froide entretenue entre la Corée du Nord et les Etats-Unis d’une part et l’exclusion de la Russie pour cause de dopage organisé d’autre part. La Corée du Nord (comme celle du Sud) n’est certes pas une grande nation olympique d’hiver, mais on ne pourra que se réjouir de l’intention de ses dirigeants d’y envoyer une délégation, des discussions engagées entre les deux pays et du report des manœuvres militaires américanosud coréennes. Comme il ne s’agit que d’un report de ces manœuvres après les jeux, nous ne sommes donc pas à l’abri d’une nouvelle escalade par la suite. 4 • Les Nouvelles 11 janvier 2018

La mobilisation pour la paix ne doit donc pas faiblir. Ces jeux, comme ceux d’été en 2016 à Rio, se dérouleront sans la délégation russe exclue pour dopage organisé. Seuls des athlètes reconnus propres pourront concourir individuellement sous la bannière olympique. Un nouvel épisode exacerbé d’un monde sportif à la dérive où les questions d’argent et de puissance mènent le bal. On connait la devise du Baron P. de Coubertin « l’important, c’est de participer » ; citons-en une autre « L’important dans la vie, ce n’est point le triomphe, mais le combat. L’essentiel n’est pas d’avoir vaincu, mais de s’être bien battu ». Jean-Jacques Bordes

Dimanche 1er avril à Bordeaux

L’Adonia sera le premier paquebot de la saison à accoster à Bordeaux. Une quarantaine d’autres escales sont prévues jusqu’au 11 octobre. Des paquebots aussi à Pauillac

Bordeaux Port Atlantique (BPA) précise son intention d’installer sur les rives situées à proximité de la ville de Pauillac un quai permettant d’accueillir de grands paquebots de croisière, le port de la Lune à Bordeaux ne pouvant accueillir des navires de plus de 225 mètres. Situé entre l’appontement Airbus et la fin des quais, le site devrait comprendre un bâtiment d’accueil, un centre commercial et une zone de stationnement pour 30 bus. Une autre zone un peu plus éloignée pourra contenir 90 à 100 bus. Le projet devrait aboutir en 2020.

L’esplanade de la confluence et un bistrot panoramique ont ouvert début décembre. Un ponton de plaisance s’arrimera dans les prochaines semaines et les quais de l’Isle et de la Dordogne entament la troisième phase de restructuration pour dessiner une grande promenade au fil de l’eau. Vendredi 15 juin à Bacalan

Le promoteur immobilier Norbert Fradin inaugurera son musée de la Mer et de la marine. Le bâtiment a été imaginé par l’architecte Olivier Brochet aux Bassins à flots, tout près de la Cité du vin : 13 000 m2 de plancher dont 10 000 couverts, des jardins suspendus qui s’enroulent autour du bâtiment qui offrira une déambulation autour de maquettes de bateaux (dont certains pourront être mis à l’eau) et d’histoires de

Langon aussi se tourne vers le fleuve

Le chantier en cours vise à refaire le pavage des vieux quais, à définir des voies de promenades, à recomposer des espaces verts et à délimiter une voie de circulation pour les automobilistes et les cyclistes. La ville est dans l’attente de l’implantation d’un ponton pour la réception des croisiéristes. La création d’une guinguette viendrait compléter les aménagements qui pourraient être inaugurés en juin. On a donc pas fini de voir des touristes sur la Garonne, par contre côté transport fluvial de marchandises : RAS. C.D. Avec Sud Ouest du 1er et 4 janvier


RIZON 2018 MÉTROPOLE

JUILLET

Des histoires de ponts

Coupe du monde de football 2018

reproduction rem koolhaas

Juste devant l’Arena, le giga-chantier du pont Simone-Veil, reliant Floirac à Bègles-Bordeaux, battra son plein en 2018, ajoutant aux difficultés d’accès au site. La livraison est prévue en 2020 pour ce franchissement horsnorme : 44 m. de large et 549 m. de long pour une esplanade sur l’eau. En attendant, la circulation promet d’être particulièrement pénible sur

les voies sur Berges, rive gauche, au sud de Bordeaux. De quoi se reconvertir au vélo ou aux transports en commun, pour ceux qui le peuvent…. Plus au nord, le chantier de consolidation du pont de pierre est en cours. C’est à la fin du mois que le comité de pilotage décidera si la fermeture expérimentale du pont depuis août

sera pérennisée. Le pont de la Palombe a été lancé en janvier au-dessus des voies ferrées au sud de la gare Saint-Jean. L’opération connaîtra une étape importante du 6 au 8 mai avec le « lançage » du tablier complet poussé à l’aide de vérins. Pendant cette période, aucun train ne circulera. En 2020, l’ouvrage accessible aux voitures, vélos et piétons reliera Belcier au quartier de la gare, en plein dans le périmètre d’Euratlantique. Enfin, le pont lancé spectaculairement au-dessus de la rocade, en décembre dernier, au niveau de Villenave-d’Ornon, sera mis en service en décembre prochain : il permettra le prolongement de la ligne C du tram, jusqu’au Pont de la Maye. C.D. Avec Sud Ouest du 4 janvier

2018 ? 2019 ? … CALENDES GRECQUES ?

Du 14 juin au 15 juillet, la 21e Coupe du monde de football se déroulera en Russie. 32 pays ont été répartis en 8 groupes. Sur le papier, les groupes les plus difficiles sont ceux de l’Allemagne (groupe F avec le Mexique, la Suède et la Corée du Sud), de la Belgique (groupe G avec l’Angleterre, la Tunisie et Panama), de l’Argentine (groupe D avec l’Islande, la Croatie et le Nigéria) ou celui du Portugal (groupe B avec l’Espagne, l’Iran et le Maroc). Le groupe C de la France

comprend l’Australie, le Danemark et le Pérou. Les grands absents seront les Pays Bas, le Chili, les Etats Unis et l’Italie. Les ¼ de finale auront lieu les 6 et 7 juillet, les ½ finales les 10 et 11 juillet et les finales les 14 (3e place) et 15 juillet. Les premières rencontres pour la France sont programmées les 16/06 contre l’Australie, 21/06 avec le Pérou et le 26/06 face au Danemark. Bien sûr, le monde du football est gangréné par l’argent mais espérons, quand même, y trouver de réelles émotions sportives. P.B.

LES 19 ET 20 MAI

La fête de l’Humanité Gironde C’est annoncé et officiel, la Fête de l’Humanité Gironde aura bien lieu cette année, sur le terrain des Grandes prairies à Villenave d’Ornon. Avec une nouvelle formule

en cours d’élaboration, elle devrait rester un événement populaire où se mélangent culture, politique, débat, confrontation, échange et fraternité.

Où en sont les LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax ? • 29 juin 2017 : annulation de la DUP par le tribunal administratif de Bordeaux,

Envisagé depuis les années 80 puis successivement reporté, ce projet de LGV, dont le coût s’élèverait à 8 milliards d’euros, a été déclaré d’utilité publique en 2016 puis suspendu en 2017 après l’annulation de la déclaration de sa DUP. Un projet contesté pour son coût économique et environnemental.

• avril 2006 : décision de Réseau ferré de France de poursuivre les études,

Chronique digne de Notre Dame des Landes :

• octobre 2014 : ouverture des enquêtes publiques

• décembre 2003 : le comité interministériel d’aménagement et de développement du territoire retient le projet après les premières études préalables,

• janvier 2010 : RFF dévoile le fuseau de 1 000 mètres définissant la quasitotalité des lignes Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Espagne, • mars 2012 : validation par le ministère des Transports,

• 5 juin 2016 : Déclaration d’Utilité Publique (DUP),

• novembre 2017 : A. Juppé et A. Rousset déposent un mémoire au Conseil d’Éat qui repousse l’audience des recours qui devait être fixée en 2018. Les élus communistes de la Métropole ont condamné ce projet qui couterait 8 milliards d’euros pour gagner 50 mn alors qu’une amélioration des voies actuelles permettrait de réduire le temps de parcours d’une demi-heure pour seulement 2 milliards d’euros et de sauvegarder les 4 830 hectares de sols naturels, agricoles et forestiers menacés. Et si l’on consacrait les 6 milliards économisés aux trains du quotidien ?

• 22 juillet 2016 : recours déposé contre la DUP par P. Hurmic,

JJB

OUTRE-MER

En novembre, la Nouvelle Caledonie votera… Quel statut pour la Nouvelle Calédonie ? C’est la question qui sera au cœur du référendum convoqué selon toutes probabilités au mois de novembre prochain dans l’archipel d’Océanie. Un référendum qui vient conclure un processus entamé en 1988 avec les accords de Matignon et prolongé avec ceux de Nouméa en 1998. Un processus qui n’a pourtant rien de simple, comme le rappelait au Sénat, l’élue communiste Eliane Assassi : « Il faut se rappeler que le gouvernement collégial calédonien a connu trois mois de paralysie totale (en 2015), et que, au terme de ces

trois mois, l’exécutif n’avait pu être constitué qu’avec l’appui d’une partie des indépendantistes. » La sénatrice communiste s’était donc félicitée du compromis trouvé sur la composition des listes électorales qui faisait débat. « Tous les ingrédients d’une nouvelle crise étaient réunis, d’autant que la situation politique du territoire était instable, tendue et confuse », insistait Eliane Assassi quand la question de la date d’installation sur l’archipel faisait question pour prétendre à inscription. En visite au mois de décembre, le premier ministre Edouard Phi-

lippe semble avoir confirmé les engagements de l’État français sur ce point. Restent à définir les aspects concrets de ce référendum et notamment celle de la formulation de la question posée. Prévoyant déjà des contestations possibles, Edouard Philippe n’a pas écarté le recours à des observateurs de l’ONU. Pour ce qui est de l’opinion des électeurs concernés, 54 % des sondés d’une enquête réalisée en mai 2017 (par l’Institut I-Scope pour la chaîne TV Caledonia) se prononçaient contre une indépendance pleine. Et 21,4 % étaient encore indécis…

14, 15, 16 SEPTEMBRE

La Fête de l’Humanité à La Courneuve La fête accueillera, cette année, Suprême NTM et les pass 3 jours étaient déjà proposés à la vente pendant les fêtes de fin d’année. Avec 550 000 personnes, l’édition 2017 a été un grand succès dans un contexte politique pourtant difficile auquel cet événement, unique en Europe, a répondu par son dynamisme et son ouverture, la qualité des propositions culturelles et des débats. Le nouveau système d’enregistre-

ment des bons de soutien au journal donnant droit à l’entrée sur la Fête a bien fonctionné, ne donnant lieu qu’à très peu de réclamations à l’entrée de la Fête. Il sera donc probablement renouvelé

Les Nouvelles 11 janvier 2018 • 5


INTERNATIONAL IRAN

Nouveau revers des États-Unis au Conseil de sécurité de l’ONU

Réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU, vendredi 5 janvier, à New York, sur la situation en Iran. Washington en a été pour ses frais avec ses commentaires ironiques.

Washington a tenté d’instrumentaliser les manifestations populaires et de faire pression sur l’instance des Nations unies pour contrer Téhéran. Échec sur toute la ligne (guerrière). Décidément, les réunions des Nations unies réussissent de moins en moins aux États-Unis. Alors que les manifestations étaient en cours en Iran, Washington demandait une réunion du Conseil de sécurité de

l’ONU. « En 2018, nous ne resterons pas silencieux », se justifiait Nikki Haley, la terrible ambassadrice américaine pour qui « le régime iranien bafoue les droits de son peuple » et dont elle connaît la revendication première. « Le message de ce peuple, c’est cessez de soutenir le terrorisme », a-t-elle lancé avec ce même aplomb qui lui avait permis de menacer les pays votant contre les intérêts des États-Unis lors d’un précédent vote, consacré à Jérusalem !

JUSTICE

Là encore Washington en a été pour ses frais avec des commentaires ironiques comme celui de ce diplomate qui a toutefois requis l’anonymat – comme quoi la liberté d’expression n’est pas à défendre seulement dans les rues de Téhéran : « Si on doit faire des réunions à chaque fois qu’il y a des manifestations dans un pays… » Il faut dire que la manœuvre américaine était assez grossière. « C’est à l’Iran de régler ses propres problèmes », a asséné l’ambassadeur russe à l’ONU, Vassily Nebenzia, en évoquant « une situation interne (qui) est en train de se normaliser » et en accusant Washington de « gaspiller l’énergie du Conseil ». Le diplomate russe a parlé de « prétextes fantaisistes » pour la tenue de cette session, en évoquant une « ingérence dans les affaires intérieures iraniennes ». La Russie a été soutenue au Conseil par notamment la Bolivie, l’Éthiopie ou la Guinée équatoriale. Il ne faut « pas saper l’autorité du Conseil alors que son unité est cruciale », a souligné l’ambassadeur éthiopien, Tekeda Alemu. « La situation iranienne ne menace pas la stabilité régionale », a rebondi l’ambassadeur adjoint chinois à l’ONU, Wu Haiteo. (…) Le Royaume-Uni est bien venu au secours des États-Unis mais la

France s’est montrée plus prudente. Plus tôt dans la semaine, Emmanuel Macron avait plaidé la modération et mis en garde contre un risque de « guerre » si les discours belliqueux venus des États-Unis, d’Israël ou d’Arabie saoudite se poursuivent. Vendredi, l’ambassadeur français à l’ONU, François Delattre, a souligné qu’il fallait observer de la « vigilance » pour la liberté d’expression en Iran. Mais il ne faut « pas d’instrumentalisation » de la situation iranienne « de l’étranger ». Une approche partagée par la Suède et le Pérou. « Le Conseil de sécurité a rejeté la tentative flagrante des États-Unis de le détourner de son mandat, s’est félicité le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif. La majorité du Conseil a souligné la nécessité d’appliquer complètement l’accord nucléaire (conclu entre l’Iran et les grandes puissances en 2015) et de s’abstenir de s’ingérer dans les affaires intérieures des autres pays. Une autre gaffe de politique étrangère de l’administration Trump. » De fait, Washington semble n’avoir qu’un objectif, auquel travaille le Congrès : dénoncer l’accord sur le dossier nucléaire et décider de mesures punitives contre l’Iran. Ainsi, les États-Unis ont imposé, jeudi, de nouvelles sanc-

tions contre des groupes industriels iraniens soupçonnés de participer au programme de missiles balistiques de Téhéran. Une manière de penser les choses qui ne vise pas que l’Iran, mais s’inscrit totalement dans la nouvelle stratégie en cours au Moyen-Orient. Les grands axes en sont : rapprochement entre Israël et un certain nombre de pays arabes, particulièrement l’Arabie saoudite, pour affronter l’ennemi commun qu’est l’Iran ; dénonciation de l’accord sur le nucléaire iranien, offre de garanties à Israël en reconnaissant Jérusalem comme sa capitale, enfin tordre le bras des Palestiniens qui s’acharnent à faire de la résistance. Le nouveau revers des États-Unis à l’ONU acquiert une signification politique plus profonde encore. Plus stratégique pour la suite. Pierre Barbancey, l’Humanité du 08/01/2018

CATALOGNE

Salah Hamouri oublié par l’Élysée On prend les mêmes et on recommence ? L’avocat franco-palestinien, en détention en Israël depuis le 23 août, a été transféré dimanche 31 décembre dans une prison de sinistre réputation. Et Macron est aux abonnés absents. Emprisonné jusqu’à présent dans une prison du Néguev, l’avocat francopalestinien Salah Hamouri a été transféré le dimanche 31 décembre dans la prison de Megiddo, de sinistre réputation, au sud-est d’Haïfa. Selon l’association palestinienne des droits de l’homme et de défense des prisonniers Addameer, il s’agirait rien de moins que d’une « punition ». L’information de son transfert a été confirmée indirectement par le Comité international de la CroixRouge (CICR) en charge des visites aux prisonniers palestiniens et qui a annoncé que la famille de Salah ne pourrait le voir le 1er janvier, la rencontre étant annulée. Il y a deux semaines environ, des hommes – peut-être des services de renseignements – ont fait irruption dans la cellule de Salah Hamouri avec, dans leurs mains, un exemplaire de l’Humanité. On sait que, par l’intermédiaire de ses avocats, nous avions publié une interview de Salah Hamouri le 30 novembre. Ces agents ont alors indiqué à Salah Hamouri qu’il allait être placé à l’isolement. Une forme de punition 6 • Les Nouvelles 11 janvier 2018

régulièrement utilisée par les autorités israéliennes contre les détenus palestiniens, mesure particulièrement inhumaine. Les représentants des prisonniers sont alors intervenus auprès de l’administration pénitentiaire pour empêcher l’application de cette décision. Mais, ce dimanche matin, les renseignements israéliens sont revenus à la charge en annonçant à Salah Hamouri son transfert à la prison de Megiddo où il pouvait très bien se retrouver à l’isolement. Contacté par l’Humanité concernant le sort de Salah Hamouri, le service de presse de l’Élysée n’a pas répondu. La question est simple : le président de la République française intervient-il personnellement auprès des autorités israéliennes, et plus particulièrement de Benyamin Netanyahou, pour exiger la libération de notre compatriote, comme le lui demandent des dizaines de parlementaires nationaux et européens et tout autant de conseils municipaux dans l’Hexagone ? Emmanuel Macron, qui a le verbe haut s’agissant d’autres pays, est silencieux sur ce dossier. Or, la diplomatie discrète a ses limites. Il a maintenant le devoir d’informer les Français : oui ou non intervient-il ? Avec P.B., l’Humanité du 2/01/2018

Les Catalans étaient appelés aux urnes jeudi 21 décembre 2017 pour des élections régionales anticipées après l’activation de l’article 155 de la Constitution par le gouvernement espagnol. Avec une participation record de 81,94 %, le camp indépendantiste a remporté le plus de sièges au Parlement même si le parti unioniste de centre-droit, Ciudadanos, arrive en tête en nombre de voix. Mariano Rajoy, le très conservateur Président du gouvernement espagnol, comptait sur ces élections pour enterrer l’indépendantisme catalan. Malheureusement pour lui, c’est raté ! En effet, le parlement dissous et son Président, Carles Puidgdemont, destitué après la déclaration unilatérale d’indépendance jugée illégale par la justice espagnole, les Catalans ont décidé d’accorder une majorité en nombre de sièges aux partis indépendantistes. Ainsi, Carles Puidgdemont, en exil à Bruxelles, a gagné 34 sièges tandis que le parti indépendantiste de gauche de son ex-vice-président, Oriol Junqueras, détenu en Espagne pour sédition, rébellion et détournement de fonds publics, en remporte 32. Enfin Podemos en obtient 8 et le parti d’extrême-gauche antisystème

(la CUP) est en net recul avec 4 sièges contre 10 auparavant. Toutefois cette majorité au Parlement ne sera possible qu’après une alliance entre ces formations politiques car en nombre de voix la majorité est acquise par les partis unionistes (52,42 %) avec en tête Ciudadanos, le parti de centre-droit qui gagne 37 sièges. Un succès jamais égalé par ce parti fondé il y a 11 ans et qui repose essentiellement sur le rejet de l’indépendantisme. Le Parti Socialiste Catalan en obtient 17 et le Parti Populaire arrive dernier avec un score historiquement bas ne remportant que trois sièges contre 11 lors de la précédente mandature. Un véritable désaveu exprimé contre la politique répressive de Mariano Rajoy. Dans ce scrutin proportionnel, 70 sièges reviennent donc aux indépendantistes et 65 aux unionistes (68 étant la majorité absolue). Un résultat semblable aux élections de 2015. Mais le contexte, lui, a pourtant bel et bien changé. Carles Puidgdemont semble être le seul en capacité de (re)devenir le Président de la Generalitat de Catalunya, à ceci près que son retour sur le sol espagnol le conduirait immédiatement à la case prison. Quant à Oriol Junqueras, ce dernier est d’ores et déjà incarcéré en Espagne. Inès Arrimadas, la leader de Ciudadanos en Catalogne, ne pourra

techniquement pas non plus devenir la Présidente de la région. Avec une participation électorale de 81 %, Madrid ne pourra plus fermer les yeux sur la nouvelle victoire des indépendantistes. Se mettre autour de la table pour arriver à des négociations sérieuses sur l’avenir de la Catalogne semble être la seule solution à adopter pour tenter de sortir de la crise. Depuis la Belgique, Carles Puidgdemont a, quant à lui, annoncé qu’il reviendra en Espagne s’il est investi président et demande à la Commission européenne d’écouter cette nouvelle majorité du parlement catalan. De plus, il s’est dit disposé à rencontrer Mariano Rajoy, offre que ce dernier a rejeté depuis le palais de la Moncloa : « La seule personne avec qui je dois m’asseoir, c’est avec madame Arrimadas qui a gagné les élections. » Ce dialogue de sourds risque de peser lourd sur l’économie catalane et ne va faire qu’accentuer la division qui existe déjà au sein de cette communauté autonome qui semble se diriger tout droit vers une longue période d’incertitudes. Léonard Fromont, humanite.fr du 27/12/2017


PCF PESSAC La fédération de Gironde du PCF vous adresse ses meilleurs vœux pour 2018.

Vœux de la fédération de Gironde du PCF

Logement : un droit humain fondamental menacé Dans le cadre des États-généraux pour le progrès social, les communistes de Pessac proposent une réunion publique sur le thème du logement et plus particulièrement du logement social :

VENDREDI 19 JANVIER 2018 À PARTIR DE 18H30

samedi 13 janvier à 10 h, salle municipale de Saige 2, allée des Mimosa.

15-17 rue Furtado, à Bordeaux

PCF BORDEAUX BACALAN

Meilleurs vœux 2018… La terre fleurira !

2018

Les militants communistes de Bacalan ont le plaisir de vous convier :

L’agenda des communistes Le samedi 18 novembre, les animateurs et animatrices de section du Parti communiste français, réunis en assemblée, ont travaillé à l’ordre du jour, la méthode et la date du congrès extraordinaire du PCF en 2018. L’objectif immédiat des communistes pour 2018 est d’intensifier, dans tous les domaines, la contestation de la politique du pouvoir Macron et de construire, dans les luttes, les bases d’une politique alternative. Par ailleurs, ils travailleront à la préparation de leur congrès extraordinaire. Jusqu’en mai, sur la base d’un bilan de la période écoulée, ils ouvrent 4 grands thèmes de travail et d’action : - les luttes et le combat communiste ; - sa démarche de transformation et de rassemblement ; - les transformations de son organisation ; - les élections européennes. Les luttes et le combat communiste :

- États généraux du progrès

social avec une première étape le 3 février à Paris. - Campagne pour une nouvelle industrialisation, notamment à Alstom. - Campagne nationale pour les communes et l’égalité des territoires dans la République : • appel de Grigny • rencontres Niemeyer le 29 janvier • colloque sur la réforme constitutionnelle le 5 mars - Campagne nationale pour les droits des femmes et contre les violences. - 3e états généraux du numérique les 9 et 10 mars. - La lutte contre le racisme avec une journée d’étude au printemps. - Assises communistes pour l’écologie en mai. - La lutte pour la paix avec la préparation des mobilisations nationales du 22 septembre et du centenaire de la fin de la première Guerre mondiale. - Convention pour l’Art, la Culture et l’Éducation populaire les 29 et 30 septembre.

Jeudi 18 janvier à 18h, salle Pierre Tachou, 44 rue Joseph Brunet

Parallèlement les communistes français auront à produire un document d’analyse sur l’état de la société française, notamment sur les conditions de la lutte des classes et une proposition d’orientation de la démarche stratégique de transformation et de rassemblement du PCF, sur la base de la période écoulée et des enjeux de la période nouvelle. Ils définiront également les transformations nécessaires à leur organisation. Sur les élections européennes de 2019, il s’agit de définir le sens de la campagne et le type de listes qui pourrait être construit. Ce travail pourrait déboucher sur un Conseil national élargi les 24 et 25 mars qui pourrait décider, notamment d’un calendrier d’élaboration et de validation des listes. Un projet de base commune sera soumis à l’adoption d’un Conseil national les 2 et 3 juin. L’adoption de la base commune déclenchera la phase statutaire (vote sur la base commune par les adhérents du 4 au 6 octobre, congrès locaux et départementaux) de préparation du congrès national qui se tiendra les 23, 24 et 25 novembre 2018.

VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

« Adhérer ne suffit pas à devenir féministe » Suite à la publication de l’article du Monde daté des 7 et 8 janvier sur plusieurs cas de violences sexuelles au sein des jeunesses communistes et du PCF, Camille Lainé (MJCF) et Pierre Laurent (PCF) appellent , dans les colonnes de l’Humanité de lundi, le mouvement communiste à mener un travail de fond. (…) Les témoignages cités par le Monde ont été recueillis, dans leur grande majorité, à la suite de la vague #balancetonporc sur les réseaux sociaux. « Des comportements inacceptables se sont aussi déroulés lors de nos événements nationaux », explique à l’Humanité Camille Lainé, secrétaire générale des Jeunesses communistes. (…) Elle annonce aujourd’hui un grand débat lors du prochain Conseil national, des formations systématisées auprès des jeunes militants et l’intervention de militants du Collectif national pour le droit des femmes visant à aider les cadres du mouvement à mieux accompagner les victimes. « Certains ont pu croire que, parce qu’on se disait communistes, on était automatiquement féministes. C’est faux. Nos jeunes militants et

notre organisation vivent dans une société patriarcale, et n’échappent pas à certaines contradictions. Adhérer ne suffit pas à devenir progressiste sur ces questions-là, c’est aussi à nous de mener ce travail. » Tolérance zéro

Pierre Laurent, secrétaire général du PCF, affiche la même fermeté. « Parce que nous sommes une organisation féministe, par humanité et respect pour celles qui peuvent être victimes, nous avons le devoir de mener ce combat dans nos organisations elles-mêmes. » « Face au harcèlement sexiste et sexuel, c’est tolérance zéro ! » prévient-il dans un communiqué cosigné par Laurence Cohen et Hélène Bidard, coresponsables des droits des femmes et du féminisme. (…) Le 18 novembre dernier, bien avant les révélations dans la presse, une brochure de prévention contre les violences faites aux femmes a été distribuée aux animatrices et animateurs de sections. (…) « Il y a une démarche d’accompagnement des victimes à améliorer et à amplifier, dans le Parti comme au niveau national, souligne aussi Pierre Laurent.

Si nous avons très vite réagi dès que ces témoignages ont été portés à notre connaissance, il est difficile de mener à bien un accompagnement juridique et psychologique nécessaire dans ce genre de situation », explique-t-il, regrettant qu’une seule agression ait donné lieu à une plainte. Raison pour laquelle une équipe de référents nationaux formés à ces problématiques sera mise en place et bénéficiera d’une adresse mail spécifique. La formation sur le droit des femmes devrait être systématisée, appuie Laurence Cohen. « On ne peut pas lutter pour une société de l’émancipation humaine si on ne met pas en avant le fait que chaque être humain doit être l’égal de l’autre. On ne peut avoir la prétention de transformer la société, y compris sur le plan social, si on ne prend pas conscience que le capitalisme et le patriarcat sont deux systèmes d’oppression qui se nourrissent mutuellement mais qui ne se confondent pas. » Or, cet aspect de l’exploitation, dans sa double dimension, beaucoup de militants « ne l’ont pas encore appréhendé ». Par Pierre Duquesne, l’Humanité du 08/01/2018

Interventions d’Olivier Escots, secrétaire de la cellule PCF de Bacalan et Vincent Maurin, conseiller municipal de 2001 à 2014 19h : Apéritif- Buffet* 20h30 : Diffusion du film de Ciné Archives A terre fleurira d’Henri Aisner, 1954, fiction de 63 minutes en noir et blanc, réalisée à l’occasion des 50 ans du journal l’Humanité. Évocation fictionnelle du rôle et de l’histoire de l’Humanité à l’occasion de son 50e anniversaire. Renseignements au 07 86 59 96 35 - pcfbacalan@orange.fr * s’inscrire svp - participation libre

BASSIN D’ARCACHON ET DU VAL DE L’EYRE

Réunion de rentrée Samedi, 20 janvier 2018, La Section Bassin d’Arcachon et du Val de l’Eyre organise sa traditionnelle réunion de rentrée de la nouvelle année et de remise de cartes, à partir de 10h30, 61 bis avenue de la Libération à Biganos.

PCF NORD MÉDOC

Présentation des vœux Vœux des communistes médocains, le samedi 27 janvier à 16h, à Castelnau Médoc (ancienne salle des fêtes).

Carnet BÈGLES. Les communistes de Bègles ont eu la tristesse d’apprendre le décès de leur camarade Jean Simone, le 30 décembre, des suites d’une longue maladie. Adhérent du PCF depuis 1952, dont il aura été un infatigable militant jusqu’au bout, tout comme à la CGT et au Secours Populaire, dont il a participé à fonder la fédération girondine en 1965, il était aussi un fidèle vendeur de l’Humanité et animateur de la vie du parti dans son quartier. « Jean était de tous les combats, rappelle le secrétaire de la section PCF de Bègles, Vincent Boivinet. À 90 ans, lui qui a vécu de nombreuses heures d’histoire de notre parti ne vivait pas dans la nostalgie, il était résolument tourné vers l’avenir ». Un dernier hommage lui a été rendu le mercredi 10 janvier au crématorium de Mérignac, par ses nombreux camarades et amis. Enfant de l’assistance publique, originaire du Puy-de-Dôme, c’est dans le journal La Terre que lisait sa famille d’accueil que Jean découvre une publicité pour une formation de moniteur agricole au Maroc. Il intègre la deuxième année, au pair, qui le mènera à la recherche fin 1951 à l’Institut national pour la recherche agronomique (INRA). Il y fera toute sa carrière, s’y engagera sur le plan syndical puis politique. N’oubliant pas d’où il vient c’est aussi là qu’il engagera ses premières collectes pour venir en aide aux enfants de l’Assistance publique de son département, pour l’aide alimentaire en direction des personnes âgées, les colonies des enfants, la solidarité internationale aussi avec, à l’époque, le soutien au peuple vietnamien contre l’agression américaine, puis celui aux démocrates chiliens contre le dictateur Pinochet… Jean était très connu pour la pugnacité dont il faisait preuve dans les collectes. « Si tu n’aides pas les gens en difficultés, ils ne prendront jamais conscience de leur responsabilité citoyenne, politique », disait-il. Et il en a éveillé des consciences, tout au long de cette vie de conviction et de partage. La fédération de la Gironde adresse à ses enfants, sa famille, ses proches, ses nombreux camarades et amis, ses sincères condoléances.

SOUSCRIPTION ILS ONT DONNÉ 2 050 euros : M. BERNAGAUD Jean-Pierre, Moulon ; M. DOMINIQUE Joël, Castillon-la-Bataille ; Mme BRUZAU Françoise, Gradignan ; M. GARCIA Henri, Bassens ; Mme BELRAIN Lucie, Bruges ; M. DESCHAMPS Michel, Pessac ; Mme BEAUFORT LANCELIN, Catherine, Cenon ; M. DANEY Claude, St-Maixant ; Mme AMIRAULT Nicole, Bègles ; M. DUBERTRAND Michel, Bordeaux ; M. IGLESIAS Christian, Loupes

Les Nouvelles 11 janvier 2018 • 7


CULTURE & SOLIDARITÉ

NOUVELLES IDÉES REÇUES

HISTOIRE

Riss dessine Papon et l’administration française se dévoile Bonnafond pour résister et donner un autre rôle à la France. Cet ouvrage est donc une trace indispensable d’un procès qui ne solda pas les comptes mais qui permit de reconnaître, 50 ans après la Libération, le rôle de l’administration française dans la déportation et donc l’extermination des juifs et dans la répression de la Résistance. VB.

20 ans après l’issue du procès Papon, le dessinateur Riss fait reparaître un ouvrage complet et utile qui retrace dans le détail ce procès historique pour la mise en cause de l’administration française dans la déportation des juifs. Conseiller la lecture d’une œuvre de Riss est hélas devenu un exercice périlleux. Rescapé de l’attentat qui a décimé une partie de la rédaction de Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015 à Paris, le dessinateur a succédé à Charb à la tête de l’hebdomadaire. Sûrement moins talentueux et moins politique que le dessinateur habitué de l’Huma, Riss s’est depuis embourbé dans des polémiques avec une partie de la gauche antiraciste. C’est ainsi qu’on a lu avec désolation ses échanges avec la direction de Mediapart, Edwy Plenel. L’ouvrage réédité par ses soins relatant le procès de Maurice Papon est pourtant bel et bien un indispensable. Plongé dans ce procès hors normes, d’octobre 1997 à avril 1998, le dessinateur de Charlie Hebdo relate tout des paroles et des silences qui parcoururent la salle d’audience des assises de Gironde. Dans sa préface, l’historien Laurent Joly indique que ce fut le « premier et le seul procès d’un fonctionnaire de Vichy pour crime contre l’humanité ». Les traits de Riss et les paroles rapportées en donnent toute la dimension. La droite française y est d’abord dessinée, celle qui des années durant avait offert à Papon les ors de la République et ses honneurs. Non contents de minimiser son rôle dans la répression des manifestations anticoloniales et notamment celle qui se termina tragiquement au métro Charonne, les Raymond Barre, Pierre Messmer et Maurice Druon se succédèrent au procès pour dédouaner Papon de ses responsabilités dans l’administration de Vichy, voir pour minimiser le rôle de l’administration française dans la

déportation et l’extermination des juifs de France. Riss dessine avec précision ces visages éhontés, comme il dépeint les mines déterminées des avocats de Papon (maîtres Vuillemin et Varaut) qui ne reculèrent devant rien pour défendre leurs clients. Mais Riss griffonne aussi les contradictions d’avocats des parties civiles qui, par la voix d’Arno Klarsfeld mirent en péril l’issue du procès en s’en prenant à l’histoire familiale du président de la cour. Et puis le crayon retrace au fil des jours – et il n’a pas dû en rater beaucoup – les visages fatigués, humiliés mais déterminés des témoins : victimes, familles de victimes, venus dire comment l’administration de la préfecture de Gironde avait, à petite et grande échelle, contribué à la déportation de près de 1 600 juifs vers Drancy entre 1942 et 1944. On y voit notamment les grands gestes d’Henry Chassaing qui dénonce Papon et le secrétaire général de la préfecture, tous deux nommés par « Laval, le roi des collaborateurs » ! Surtout, Riss décrit sur 150 pages le visage sur de son fait de ce haut fonctionnaire qui avait passé jusquelà tous les obstacles, se permet des outrances et considère que la délivrance de listes de juifs à déporter relevait alors de la « petite administration quotidienne ». Devant les enfants du docteur Schinazi, Papon explique aussi qu’ayant été déporté à Dachau et non à Auschwitz, « les motifs de sa déportation étaient (peut-être) d’ordre politique », ce qui semble à ses yeux plus justifié… On le comprend, c’est donc bien une page complexe de l’histoire de France qui s’écrit sous le crayon du dessinateur de Charlie Hebdo. Une page dans laquelle la classe politique française n’avait pas finit de laver son linge sale ni celui de l’administration. Mais une page dans laquelle il se trouva aussi des Henry Chassaing, des Michel Slitinsky, des Germaine

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0118 C 85932

8 • Les Nouvelles 11 janvier 2018

CHRONIQUE

« Le procès Papon, un fonctionnaire de Vichy au service de la Shoah », Riss, éditions Les Échappés – Charlie Hebdo.

ÉPIPHANIE 2018

3e édition de la galette solidaire Version moderne de la tradition de la part du pauvre, elle réunit plus de 80 artisans boulangers français autour d’une série de 5 fèves exclusives représentant les actions du Secours populaire. Ils reverseront une partie de leur recette au Secours populaire afin d’aider les plus démunis. Jusqu’à la fin du mois de janvier, la boulangerie Maylina à Villenave-d’ Ornon participe à cette opération de solidarité pour la 1re fois. Elle s’engage à reverser 1 € par galette des rois vendue. « La solidarité est dans l’âme de notre établissement. L’état d’esprit de cette opération nous plaît et nos clients ont conscience de faire un beau geste », expliquent Emilie et Jonathan aux commandes de Maylina depuis aout 2016. 12 AU 30 JANVIER 2018

Le mémorial des tirailleurs naufragés Exposition documentaire sur la plus grande catastrophe maritime française. Le 12 janvier 1920, 192 tirailleurs sénégalais sombraient dans le naufrage du « Titanic oublié » au large de la Nouvelle- Aquitaine. Inauguration le 12 janvier 2018 à 18h, dans le Hall de l’Hôtel de Région Nouvelle-Aquitaine.

par Gérard Loustalet Sens

Le mélenchonisme : un « label » ! Il arrive à J.L. Mélenchon de se réclamer du matérialisme historique. Il n’ignore pas non plus la lutte des classes mais il en apparaît assez embarrassé. Délaissant l’approche sociologique, la structure de classes de la société disparaît dans un discours prophético-planétaire quelque peu emphatique. La lutte des classes se réduit alors à une contradiction simpliste entre ce qu’il appelle l’oligarchie et ce qu’il désigne comme le peuple quand ce n’est pas l’obscure distinction qu’il emprunte à la philosophe Chantal Mouffe entre un « Eux » et un « Nous », formulation qui peut s’appliquer à tous les cas, même les plus nauséeux du genre « Eux » les immigrés et « Nous » les « Français de souche » ! Par ailleurs, il faut reconnaître qu’un essai comme L’Ere du peuple ne manque pas d’ambition théorique même s’il paraît parfois un peu court : parler d’anthropocène et d’homo urbanus ne produit pas forcément une analyse authentiquement scientifique. Cela étant, il faut bien ajouter que la pratique politique du mélenchonisme ne se distingue pas particulièrement par un excès de subtilité. Que dire de cette stratégie rudimentaire du « dégagisme » sinon que c’est vraiment le degré zéro de l’action politique ! Comme s’il suffisait de remplacer un personnel politique perverti par un autre vertueux pour changer la société. C’est une vision typiquement socialdémocrate. Comme si ce n’était pas au processus inverse qu’il fallait s’attaquer ! Précisons également comme autre filiation, que, en France, ce fantasme du « dégagisme » a une histoire : c’est une notion fascisante. C’était le cri de ralliement des émeutiers d’extrême-droite de février 1934 et celui de Poujade puis du CID-UNATI dans les années 70. Quant aux desseins hégémoniques de la France insoumise, ils sont euphémisés d’une façon curieuse. Répondant sur son blog (02.11.2016) au compte-rendu de son débat avec Chantal Mouffe (21 .10.2016) paru dans l’Humanité (31.10.2016), compte-rendu qu’il juge d’ailleurs aimable, J.L. Mélenchon précisait que « la France insoumise n’est pas un parti comme les autres, c’est un label commun pour une action commune ». Un « label » ! C’est-à-dire une marque comportant un cahier des charges afin de garantir l’origine et la qualité du produit. Avec le label FI, devinez qui va contrôler la conformité au cahier des charges ? Qui va accorder son agrément à l’utilisation du label ? C’est un peu gros mais ce n’est pas une plaisanterie, les insoumis corses s’en sont aperçus. On sait que J.L.Mélenchon affecte de s’inspirer des thèmes politiques latino-américains et sa démarche ne manque pas de traits communs avec ce que fut l’expérience péroniste : populisme au- delà de la droite et de la gauche, hégémonisme, autoritarisme, culte du chef, idéologie interclassiste… Cette dernière est ainsi apparue en fin de campagne présidentielle avec l’utilisation de la niaise expression « les gens », recyclée de Robert Hue, c’est dire, et qui est la négation même de la lutte des classes. On notera que Inigo Errejon, de Podemos, revendique également cette appellation, « les gens », alors que Chantal Mouffe est plus que réservée : « les gens (comme vous les appelez) ne sont pas par nature dans l’opposition à la caste », dit-elle à Errejon (Construire un peuple, Editions du Cerf, 2017, p.201). Errejon, lui, voit se créer une « situation de latino- américanisation politique » (p.148), sauf que la notion de populisme qu’il défend, telle qu’elle a été réactivée par Ernesto Laclau -qui est argentin-, relève d’une tradition politique latino-américaine qui n’a rien d’un modèle et dont la transposition en Europe paraît assez saugrenue… Ainsi, le peuple, ce serait « les gens ». Etonnante pauvreté théorique où l’objet peuple, privé de l’analyse marxiste, s’avère dépourvu de consistance si bien qu’il paraît plus aisé de le définir par ce qu’il n’est pas. On l’oppose habituellement à l’élite ou aux élites, voire aux élites intellectuelles dont quelques tartuffes déplorent régulièrement l’éloignement du peuple (Jacques Julliard, La faute aux élites, Gallimard, 1997). J.L. Mélenchon ne parle pas d’élite mais d’oligarchie, substantif martelé à longueur de pages comme contrepoint à un peuple qu’il affirme comme une « réalité sociologique » – l’ére du peuple se substituant à l’ére de la classe – qu’il postule davantage qu’il n’en démontre l’existence. Quant au mot oligarchie, gouvernement d’un petit nombre, il n’informe pas sur la nature d’un pouvoir qu’on ne saurait réduire au « capitalisme financiarisé », même éloquemment dénoncé par J.L. Mélenchon. (A suivre).


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