Jeudi 1er février 2018 - N° 2240 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro
EHPAD ET SOINS À DOMICILE
AU BOUT DU ROULEAU, ELLES EXIGENT RESPECT ET DIGNITÉ PAGE 3
PÉTITION
BORDEAUX MÉTROPOLE
LA CLASSE OUVRIÈRE
Alerte sur la santé
C’est pas du cinéma
Pour des transports modernes et utiles
P.2
P.4-5
P.7
ACTUALITÉ BORDEAUX
COLLÈGE
Les Kurdes dénoncent les crimes d’Erdogan
Goya en danger, bataille autour de la mixité
Environ 150 membres de la communauté kurde de Bordeaux manifestaient samedi contre l’agression de la Turquie à Afrin, où des bombardements auraient fait des dizaines de morts et de blessés, tous civils, parmi lesquels des enfants. Toutes les victimes ne sont d’ailleurs pas kurdes car plusieurs communautés vivent à Afrin. Les Kurdes dénoncent également des « destructions du patrimoine culturel ». Pierre Vignau est intervenu pour apporter le soutien des communistes, rappelant le rôle des Kurdes dans la déroute infligée à Daesh mais aussi pour mettre en place des institutions démocratiques qui promeuvent le progrès social, le féminisme, l’écologie et la paix. La Turquie ouvre ainsi un nouveau chapitre meurtrier de la guerre en Syrie, lourd de conséquence pour tout le Moyen-Orient. Par ailleurs Erdogan poursuit la polarisation, la fragmentation et la radicalisation de la Turquie. Le militant a rappelé la relance de la guerre contre les Kurdes qui a provoqué la destruction de villes, la mort de centaines de personnes et l’exode de 500 000 d’entre eux. Le PCF réaffirme également son soutien au HDP.
LYCÉES, UNIVERSITÉ
Une journée de mobilisation contre la sélection Le 1er février, les syndicats d’enseignants de lycée et d’université (CGT, FO, FSU, Sud), les syndicats d’étudiants (Solidaires, Unef) et des lycéens (SGL, UNL, UNL SD) appelaient à une journée de mobilisation contre la sélection à l’entrée de l’université. Depuis le 15 janvier est ouvert ParcourSup, la nouvelle plateforme d’orientation post-bac, avant même que la réforme n’ait été votée par les parlementaires. Lycéen-ne-s, étudiant-e-s, personnels de l’enseignement secondaire et supérieur affirment que « derrière cette réforme d’apparence technique, mal préparée, imposée à marche forcée après l’échec programmé d’Admission post-bac (APB), se cache la mise en place de la sélection à l’entrée de l’université ». « Les attendus nationaux, déclinés en attendus locaux sont rédigés dans la précipitation et sans consultation réelle des enseignant-e-s concerné-e-s, ni des instances des universités. Ceux-ci vont pourtant être déterminants pour l’accès des bachelier-e-s aux formations post-bac et pour les réorientations des étudiante-s en cours de Licence. Dans de nombreux cas, ils vont bloquer l’accès des jeunes aux filières de leur choix, leur imposer des remises à niveau qui ne sont pas encore connues ou organisées, mais aussi décourager les candidatures, en particulier celles des élèves les plus en difficulté. Dans de nombreux cas, la mise en place de capacités d’accueil, la croissance du nombre de bacheliers et la multiplication des vœux (non hiérarchisés) vont transformer la quasi-totalité des filières ouvertes en filières sélectives ». Or, la sélection « ne favorisera jamais la réussite des jeunes : elle ne fait qu’alléger les finances publiques sur le dos des plus fragiles, favoriser la reproduction sociale par l’école et accentuer la différentiation des universités. » Un rassemblement était prévu à Bordeaux, ce jeudi 1er février, place de la Victoire.
Enseignants, parents d’élèves et riverains étaient en manifestation ce 30 janvier pour défendre le collège Goya et son projet de mixité sociale au cœur de Bordeaux. C’est une bataille assez emblématique du cœur de ville qui s’engage autour du collège Goya. Niché dans l’hyper-centre, à mi-chemin entre Pey-Berland et place de la Victoire, ce petit collège historique du centre-ville voit sa zone de recrutement s’étendre autant dans les belles bâtisses de la rue de Pessac que dans les ruelles pavées d’appartements insalubres de SaintMichel ou de la Victoire. Une situation géographique qui, en plein débat sur la « gentrification » du cœur de Bordeaux, a valu au collège de prendre la tête d’un réseau d’éducation prioritaire et d’accueillir une unité (classe) pour élèves allophones arrivants (UP2A). Une fierté pour l’équipe pédagogique qui bénéficie à
la fois d’une vraie mixité sociale et des moyens pour la faire vivre : effectifs réduits, accompagnement personnalisé des élèves, projets éducatifs financés… Une fierté et des inquiétudes… Car depuis longtemps, le collège souffre d’une « mauvaise réputation » dans le cœur de ville et les demandes de dérogations sont fréquentes… La nouveauté, c’est que depuis deux années au moins, elles sont acceptées ; et que les demandes de dérogations d’élèves souhaitant venir à Goya sont elles refusées… Pire, en 2006, en plein boum démographique bordelais, la direction de l’éducation nationale (DASEN) prenait la responsabilité de fermer une classe de 6e. Et chaque année depuis, c’est une classe par niveau qui disparaît. Résultat, les comptables de l’Éducation nationale (sic) voudraient bien faire des économies d’échelles (re-sic) et l’idée de fusionner Goya avec le collège Alain-Fournier ne paraît
plus saugrenue… Inacceptable pour l’équipe pédagogique de Goya qui a développé des projets et demande la réouverture d’une classe de 6e dès 2018 et porte l’idée de la création d’une section internationale Chinois pour ce collège multiculturel. Leur colère était donc d’autant plus grande lorsqu’ils ont appris les desseins de l’inspection académique pour la rentrée 2018 : perte de l’équivalent de presque deux niveaux en dotations horaires, impasse sur la création de la classe internationale, disparition de la classe d’accueil (UP2A), perte des moyens liés au réseau d’éducation prioritaire (REP). Avec les parents d’élèves, ils en sont à leur troisième manifestation devant le rectorat. Ce 30 janvier, ils étaient devant l’hôtel de ville et ont scandé « Goya en danger, Mixité en danger » ! En passant, ils ont pu apercevoir les banderoles des soignants du service des urgences de Saint-André qui est aussi menacé de fermeture… Une bataille qui dit donc beaucoup du bras de fer qui se joue sur le cœur de Bordeaux. Ville-musée ou ville pour tous ? Les acteurs de Goya veulent croire que les dés ne sont pas encore jetés. Vincent Bordas Pétition pour la réouverture d’une classe de 6e au collège Goya à signer sur change.org
MÉTROPOLE
Alerte sur l’offre de santé à Bordeaux Le conseil de métropole du 26 janvier dernier a passé une nouvelle convention avec l’Agence régionale de santé (ARS) en vue de la mise en place du plan d’action du Contrat local de santé (CLS) pour l’agglomération. L’occasion pour Max Guichard, pour le groupe communiste, de revenir sur l’actualité sociale dans le secteur de la santé et sur les inquiétudes en termes d’offre de soins sur Bordeaux et son agglomération. « Le processus qui va aboutir à un plan d’actions dans le cadre de ce contrat local de santé est très intéressant. Nous en partageons évidemment les principaux axes ; c’est d’ailleurs l’ensemble des politiques transports, nature et urbanisme de la Métropole qui doit être tourné vers ces objectifs de santé publique. Le processus de construction du contrat local de santé ne peut cepen-
dant pas se faire hors sol et notamment sans voir les alertes lancées avec insistance par les professionnels de santé dans l’agglomération. Nous en avons parlé il y a quelques semaines à propos du devenir de l’Hôpital Robert-Picqué. Le projet Bahia ne constitue pas, à nos yeux, la réponse ambitieuse aux besoins d’offres de soins que nécessite la dynamique démographique du Sud de l’agglomération. Depuis, ce sont les personnels du CHU Pellegrin et de l’hôpital Saint- André qui ont tiré la sonnette d’alarme ; ils étaient encore mardi dernier devant l’hôtel de ville pour vous alerter, monsieur Juppé. Dans les deux cas, les revendications mettent en avant un sous-effectif chronique qui empêche les personnels de prendre correctement leurs congés. Dans les deux cas donc, ce sont des personnels (infirmières, aides soignants ou médecins) qui alertent sur leur capacité à rendre un service de qualité.
À l’hôpital Saint-André, c’est même le devenir du site qui est en question. Comme pour Robert-Piqué, vous pourrez nous répondre qu’une offre différente sera mise en place. Force est de constater, et c’est ce que l’enquête de Sud-Ouest a récemment mis en évidence, que ce qui est à l’œuvre à l’échelle de l’agglomération, c’est le remplacement de l’offre publique par des structures privées. Au-delà des questions politiques que cela pose, c’est aussi un grand risque sur la permanence des soins qui pèse sur nos populations. Ainsi, la fermeture des urgences de Saint-André aura un impact inévitable sur la saturation déjà grave du service des urgences de Pellegrin. Dans ces conditions et au regard des objectifs de ce Contrat local de santé, il est de notre rôle d’interpeller l’ARS et l’État pour un développement du service public de santé sur notre agglomération. C’est maintenant une question urgente pour nos populations. »
CGT
Journée santé et territoire En vélo ou en voiture, une centaine de manifestants ont participé à la caravane pour la défense de l’Hôpital Robert Picqué, samedi 27 janvier, à Talence, autour de l’hôpital militaire. Hasard de calendrier ou fruit de la mobilisation ? Le rendez-vous attendu avec l’Agence régionale de santé a été fixé à jeudi prochain. Il est relatif à la communication du document du 6 décembre 2016 co-signé par les directions de l’Hôpital Robert Picqué et le Maison de santé privée protestante de Bagatelle, auquel le comité avait demandé l’accès, jusque-là sans succès.
2 • Les Nouvelles 1er février 2018
Le syndicat CGT de l’Hôpital St André CHU de Bordeaux, l’Union départementale CGT de la Gironde et l’Union syndicale CGT Santé action sociale de la Gironde organise une journée Santé et Territoire le lundi 5 février 2018, de 9h à 17h, salle A2 - Hôpital St André - CHU de Bordeaux en présence d’Alexandra
Meynard, membre de la direction Confédérale, Christophe Prudhomme, médecin urgentiste membre de la direction de la Fédération Santé Action Sociale. Au programme des discussions : « l’offre de soins et la souffrance des professionnels dans un contexte de
réformes successives » et « Transformer le travail pour remplir nos missions de services publics et répondre aux besoins d’accès aux soins sur un territoire en mutation. » Contact : cgt.saint-andre@chu-bordeaux.fr
ACTUALITÉ
Editorial
EHPAD ET SOINS À DOMICILE
Au bout du rouleau, elles exigent respect et dignité Assez de souffrance au travail !
D’après les services du ministère, un tiers des personnels des établissements de soins aux personnes âgées étaient en grève, mardi, ainsi que les personnels du soin à domicile. Sept organisations syndicales, l’Association des directeurs au service des personnes âgées, des syndicats et associations de retraités avaient appelé à cette journée de mobilisation inédite où une grande souffrance et un immense ras-le-bol se sont exprimés. Environ 500 personnes étaient rassemblées, mardi à Bordeaux, devant l’hôtel du Département puis devant l’Agence régionale de santé (ARS) alors que se tenaient aussi des piquets de grève dans les EHPAD publics et privés du Médoc, de Sainte-Foy, d’Ambès, de Saint-Savin, SaintMacaire, Langon, La Réole, Cenon, Lormont… C’est incontestablement du jamais vu dans ce secteur où on ne se met pas facilement en grève. Mais cette journée était attendue, tant le niveau de souffrance et de colère des personnels est à son paroxysme. « On n’en peut plus », « on se sent maltraité et maltraitantes », « nos aînés ne méritent pas cela » sont les mots qui reviennent le plus. « Nos aînés ne sont pas soignés comme ils devraient l’être », explique Cécile, aide soignante d’un EHPAD associatif du Bassin d’Arcachon. Elle raconte comment le décalage entre les exigences posées par les lois, les formations, en terme d’éthique, de respect de la dignité des personnes âgées et la réalité du terrain met en souffrance le personnel. « Le manque de temps, poursuit Cécile, nous oblige à faire la toilette d’une personne qui pourrait la faire elle-même avec un accompagnement. Les politiques sont clairs sur ce qu’il faut faire, comment il faut le faire mais ne nous donnent pas les moyens de le mettre en œuvre. On accompagne des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Les structures coûtent très chères aux gens, aux familles mais on a un soignant ou un soignant et demi pour s’occuper de 14 personnes qui ont des troubles du
comportement. Nos directions nous disent qu’elles n’ont pas le choix. Je ne sais pas qui a le pouvoir de changer les choses mais il va falloir faire quelque chose. Nos résidents sont en deuil perpétuel et on a pas le temps de leur parler, pas le temps de leur donner un sourire, pas le temps pour les familles, pour leur dire qu’on comprend leur douleur. Jusqu’ à quand ? Et nous, on a nos vies aussi. J’ai 35 ans, je fais ce métier depuis 6 ans. On travaille avec de l’humain, ça pompe toute notre énergie mais quand on rentre chez nous, il faut bien en trouver encore de l’énergie pour nos proches, pour gérer le quotidien… Et on fait ça pour 1200 euros par mois. On le fait par conviction mais jusqu’où va-t-on nous utiliser ? » Karima, de l’AIDOMI à Bordeaux, est salariée de l’aide à domicile depuis 15 ans, elle craint qu’on ne parle que des EHPAD alors que dans ce secteur aussi, c’est difficile. « Il y a globalement beaucoup d’employés à temps partiel, raconte-t-elle, on est en modulation donc on fait des heures en plus qui ne sont pas payées à la fin du mois mais cumulées au bout d’un an. On a aussi des trous dans les plannings… Bientôt, il faudra qu’on soit disponible de 7h à 21h, le tout pour un salaire au smic, avec des conditions de travail lamentables : on nous fait courir partout, on est épuisé, une collègue a fait une tentative de suicide, il y a eu des agressions sexuelles… On n’en peut plus ». Quand Karima prononce ces derniers mots, des sanglots montent, qu’elle aura bien du mal à ravaler pour pouvoir continuer à témoigner, parce qu’elle est là pour ça, en grève, avec l’espoir d’être enfin entendue. « Aux difficultés propres aux métiers de l’aide à domicile, s’ajoute l’isolement car elles travaillent seules, c’est plus dur », explique Claude Gauzargues, de l’Union syndicale départementale de la santé CGT. « Quant aux EHPAD, c’est devenu l’usine, constate l’aide soignante d’un établissement du Médoc. On est usé par notre métier, il y a des accidents, des arrêts de travail… Et les nouveaux financements (les CPOM) vont encore plus tirer vers le bas. C’est une tarification à la ressource, c’est-à-dire en fonction des
rentrées d’argent des établissements. Les résidents vont voir leur prix de journée augmenter, ça va s’aggraver pour eux qui n’ont déjà pas trop de moyens, mais aussi pour nous car la masse salariale, c’est la variable d’ajustement. Il faut que ça cesse. Agnès Buzyn (ministre de la santé) a annoncé qu’elle augmentait le budget de 50 millions d’euros, c’est 7000 euros par établissement, soit un quart de temps plein. On va aller loin avec ça ! On veut bien plus que ça et aussi un financement de la sécurité sociale pour les personnes âgées. Il faut que le mouvement continue, s’amplifie ». L’intersyndicale qui appelait à cette journée de mobilisation demande l’application du plan de solidarité grand âge : un agent par résident et un meilleur financement des EHPAD publics. La CGT demande aussi l’augmentation des salaires et l’amélioration des conditions de travail dans les établissements et les structures d’aide à la personne. Le PCF qui a apporté son soutien à la journée d’action avance la proposition de la création d’emplois statutaires sur la base d’un-e salarié-e par personne âgée, de paramédicaux, aides soignants, médecins, dans une filière gériatrique. Véronique Stevens, secrétaire du syndicat CGT et Kévin, infirmier aux urgences de l’hôpital Saint-André où la grève se poursuit depuis le 27 décembre, sont venus soutenir le mouvement, dont les revendications convergent avec les leurs. Quelques avancées ont été obtenues depuis le début de la grève comme l’attribution des primes de nuit aux contractuels pour le service des urgences et l’arrêt de l’alternance jour/nuit, avec deux équipes bien séparées. Mais sur les effectifs, c’est toujours le bras de fer, même si la direction a promis une réunion pour étudier les points noirs. La cardiologie qui a rejoint le mouvement attend les réponses de la direction sur ses revendications. Les laboratoires pourraient à leur tour se mettre en grève, ainsi que les ouvriers.
Aujourd’hui, comme jamais, dans le public comme le privé, le monde du travail est confronté à une gestion autoritaire, culpabilisante, destructrice. Dans nos hôpitaux, nos EHPAD, nos structures médico-sociales, jamais les personnels n’ont été confrontés à autant de violence sociale, et de souffrance. Les agents, qu’ils soient soignants, médico-techniques, administratifs, médico-sociaux sont tous placés dans une justification permanente de leurs activités, dans un renoncement à des conditions de travail dignes de leurs missions, dignes d’un travail de qualité, dans des renoncements à des repos mérités. La réduction du pouvoir des salariés, la recherche de leur asservissement atteint des sommets inquiétants traduisant aujourd’hui le malaise général et grandissant observé dans les établissements publics de santé. Malaise, car d’un côté ces salariés ont conscience que quelque chose ne va pas, de l’autre les gestionnaires de ces établissements leur démontrent très habilement que c’est la meilleure et la seule solution, le plus souvent en prétextant le progrès technologique et scientifique. La hiérarchie reste sourde à la souffrance physique et psychologique du personnel malgré les alertes permanentes aux risques d’erreurs ou aux maltraitances et à la mise en danger des patients. Cependant, partout en France, les très nombreuses luttes dans les établissements de santé démontrent que le sentiment d’impuissance peut être dépassé et que la détresse peut se transformer en résistance aux injonctions managériales. Mais il faut aussi dire que toutes ces luttes restent souvent catégorielles, isolées dans un même établissement, elles concernent les conditions de travail, le plus souvent sans lien avec la politique délibérée du gouvernement Macron de dégradation volontaire des services publics laissant la voie libre au privé lucratif. Le 3 février, les états généraux du progrès social ne peuvent-ils pas être l’occasion d’inventer un nouveau langage des luttes en lien avec les mobilisations actuelles, l’occasion d’une convergence, du début d’une réponse collective nationale à la casse de nos services publics ? J’espère que cette expérience partagée des états généraux du progrès social sera un point d’étape vers de nombreuses initiatives dans les fédérations pour lutter contre la politique de Macron et pour des propositions rassembleuses. Notre volonté de construire des alternatives politiques de progrès social du XXIe siècle doit s’exprimer dans notre quotidien, dans nos interventions, dans nos luttes, aussi cherchons, inventons les chantiers nécessaires à des confrontations d’idées avec les autres, dans le respect du commun afin de construire ensemble ces alternatives.
Maryse Montangon membre du comité exécutif du PCF 33 et du Conseil national
Christelle Danglot Les Nouvelles 1er février 2018 • 3
« LA CLASSE OUVRIÈRE, ÉLÉMENTS DE REFLEXION
ENTRETIEN AVEC CLAUDE DARMANTÉ
Peut-on toujours parler de classe ouvrière
Montrer un désir de vivre, de créer, d’imaginer un autre avenir
Le groupe ouvrier a joué un rôle central dans la mise en forme et la représentation des intérêts des classes populaires au cours du XXe siècle avec une figure bien identifiée, tant par ses « ennemis de classe » que par ses alliés. Après 30 ans de désindustrialisation continue et de casse des collectifs constitués, les classes populaires semblent avoir perdu leur fer de lance. Après le textile et les mines touchés dès les années 1950, les grandes restructurations se sont accélérées dans les années 1970. La peur de perdre son emploi s’est généralisée, les ouvriers étant les plus affectés par le chômage. La crise touche surtout les ouvriers spécialisés (OS), ceux de la grande industrie mais aussi ceux de l’industrie légère, du bâtiment et des travaux publics, de la mécanique et du travail des métaux, tandis que la part des manutentionnaires et des ouvriers du transport croît. Ainsi, entre 1982 et 2009, les effectifs des ouvriers de l’industrie ont diminué de plus d’un quart pour les qualifiés et d’un tiers pour les non-qualifiés. À l’inverse, ceux des ouvriers de l’artisanat sont restés relativement constants, tandis que ceux du transport ont augmenté. Dans l’ensemble, les ouvriers travaillent aujourd’hui davantage dans le secteur tertiaire et dans les petites entreprises. Les restructurations industrielles et le chômage de masse ont produit un éclatement du groupe ouvrier, une fragmentation de la classe sous le coup du développement de la précarité. On assiste à une dégradation des conditions d’emploi avec le développement du sous-emploi (à temps partiel, souvent contraint), des contrats courts (CDD, intérim et stages) et d’une déqualification au travail. La parcellisation accrue du travail et la précarité sociale (surtout pour les femmes, les immigrés et les jeunes) ont accru une marginalisation ouvrière. Mais les ouvriers contemporains partagent une même condition : rythmes de travail contraints, instabilité de l’emploi, faiblesse des revenus, pénibilité d’un travail manuel répétitif (nombre élevé 4 • Les Nouvelles 1er février 2018
d’accidents du travail et de maladies professionnelles) et opportunités réduites de promotion. Le groupe ouvrier subit une ségrégation spatiale. Alors que dans les années 1950 et 1960, les sociabilités ouvrières structuraient nombre de quartiers de centre-ville, les ouvriers vivent à présent surtout dans les cités d’habitat collectif des banlieues, les zones pavillonnaires du périurbain, ainsi que dans les espaces ruraux plus reculés. Leur part est particulièrement importante au sein de la population des villages et des bourgs industriels, qui parsèment les campagnes françaises, espaces populaires où les classes dominantes sont peu nombreuses. L’agrégation spatiale des ouvriers a pu favoriser une force de mobilisation dans le passé, avec une domination des ouvriers dans certaines communes. Le lien entre résidence et emploi a éclaté. En outre, ce sont les fractions les moins qualifiées et les plus précaires qui se trouvent reléguées dans les territoires ruraux et les cités HLM. Cette relégation spatiale participe à l’effacement symbolique du groupe. Les ouvriers tendent à disparaître des représentations dominantes dans les années 1980/1990. La « centralité ouvrière » dans les débats politiques et sociétaux s’est estompée. Certes, la classe ouvrière s’est affaiblie numériquement. Notons malgré tout qu’elle représente un actif sur cinq soit 20 % et un homme actif sur trois soit 33 %. Et les dominants combien sont-ils ? Nous venons d’apprendre que 1 % de la population mondiale s’accapare 82 % des richesses produites. Avec la crise du système capitaliste, d’autres classes, couches, groupes (employés, femmes, intellectuels, cadres, paysans, petits entrepreneurs, immigrés…) ont des intérêts de plus en plus communs avec ceux de la classe ouvrière. Les dominés sont de plus en plus nombreux mais toujours autant divisés. La vraie question n’est pas de les guider mais de les rassembler. L’union est toujours un combat. Pierre Bordas avec Métropolitiques et J. Mischi, O. Pasquiers, C. Pottier et N. Renahy
Du 6 au 11 février, se dérouleront à Bordeaux les 15e Rencontres cinématographiques « La classe ouvrière, c’est pas du cinéma », organisées par Espace Marx Aquitaine Bordeaux Gironde et le cinéma l’Utopia. Une dizaine de bénévoles, militants de l’éducation populaire et/ ou cinéphiles, œuvre à cet évènement annuel par goût du partage, de l’échange, de la rencontre… Parmi eux, Claude Darmanté. Spectatrice des premières projections-débats, elle a rejoint l’équipe et nous présente ici ces Rencontres.
Les Nouvelles. Qu’est-ce qui vous a amené à vous lancer dans cette aventure ? Claude Darmanté. L’initiative des rencontres est partie de trois personnes au sein de l’association Espace Marx impliquées dans des mouvements sociaux et/ou politiques qui ont voulu questionner les représentations de la classe ouvrière ou de façon plus générale des travailleurs, de leur travail, leurs luttes, leurs aspirations, leurs conditions de vie… et partager cela largement.
Les Nouvelles. Comment se préparent chaque édition ? Comment choisissez-vous les films ? C.D. Après le bilan des dernières rencontres, nous partageons toutes nos envies. Au début, ce sont des thématiques, des films ou des réalisateurs, puis petit à petit, on décante, on retient les projets que l’on partage, et donc on ne retient pas certains, ce qui donne lieu à des discussions plus ou moins longues. On cherche les films, on réfléchit à celles et ceux qui pourraient enrichir les débats par leurs pratiques sociales, leurs recherches… et on doit renoncer à certains films ou projets qui s’avèrent irréalisables (films inaccessibles, filmographie faible sur certains sujets…) tout cela en équipe, en écoutant les avis extérieurs, tout en restant les programmateurs des rencontres.
Les Nouvelles. À qui s’adressent ces rencontres ? C.D. À tous, bien sûr ! Même si notre faiblesse, c’est le jeune public (nous n’avons proposés que quelques séances jeune public depuis 2004). Notre plaisir, c’est de voir des publics très mélangés, pointus sur le sujet ou venant pour découvrir, férus de cinéma, apportant leur regard critique sur la réalisation, ou néophyte… C’est plus difficile de faire circuler la palabre mais c’est ce que nous essayons de faire en proposant des rencontres cinématographiques et non pas un festival. Nous avons un noyau de fidèles mais les Rencontres attirent de nouveaux publics. Ceux-là sont intéressés par une séance particulière, sont plus volatiles.
Les Nouvelles. Le préambule de V. Taconet, l’hommage à H. Langlois, la conférence de M. Cadé, sonnent comme une sorte de cri d’alarme sur la conservation de la mémoire cinématographique. C.D. La situation n’est pas plus dramatique qu’avant, même si les projets du gouvernement en matière de conservation des archives méritent notre vigilance. Notre préoccupation nait du fait que beaucoup de films disparaissent par difficulté de conservation ou par manque de diffusion en salles. La conservation des films permet tout autant de porter un regard sur l’Histoire que de se former. Richard Dindo est venu d’un milieu très modeste ; c’est en fréquentant la cinémathèque qu’il s’est formé à la réalisation. En Algérie, par exemple, où les salles ferment les unes après les autres, c’est au travers de cinéclub ou des rencontres de Béjaïa que les jeunes cinéastes peuvent se confronter à des écritures cinématographiques et se former.
Les Nouvelles. Ce sont les 15e rencontres cette année ; leurs donnez-vous un angle particulier en ce 50e anniversaire de mai 68 ?
C.D. La difficulté d’en être aux 15e rencontres, c’est que l’on a déjà abordé certaines thématiques et projeté en 2008 des films emblématiques de Mai 68 (comme Reprise par exemple d’Hervé Le Roux). On a donc décidé d’emprunter d’autres chemins, (d’autant que d’autres, la 3e Porte à Gauche et Moniquini vont aussi faire des propositions dans les semaines qui viennent). Pour l’ouverture le 6 février, on propose de revenir sur l’affaire Langlois, que certains ont nommé le préambule de Mai 68. Quelques jours avant, en collaboration avec l’IHS CGT, nous organisons une journée d’étude le 29 janvier au Musée d’Aquitaine et le film de clôture Ni Olvidon ni Perdon, de Richard Dindo, porte sur la répression violente contre les étudiants mexicains en octobre 1968.
Les Nouvelles. Aujourd’hui, le cinéma fait-il suffisamment de place à la classe ouvrière et au travail ? C.D. Quand les rencontres ont été créées, la place était des plus limitée dans les fictions. Depuis le milieu des années 90, les choses ont fortement évolué et beaucoup de films, fictions ou documentaires, abordent la question du travail, avec une prégnance du chômage, d’une désagrégation sociale… En particulier, sont apparus de jeunes cinéastes ; ils ont peu de moyens mais une grande envie de montrer comment, dans des contextes difficiles, le désir de vivre, de créer, d’imaginer un autre avenir est puissant dans une jeunesse très lucide. Vent Du Nord en est un parfait exemple.
Les Nouvelles. Des films et documentaires que vous nous proposez ne traitent pas du travail ou de la classe ouvrière, mais plutôt de luttes pour l’émancipation : pourquoi ces choix ? C.D. Parce que notre projet n’est pas seulement de représenter le travailleur au travail, mais aussi ses aspirations, ses engagements ou ses égarements, sa vie… Prenons Entrée du personnel ou Dans ma tête un rond point ; on peut entrer dans ces films par les conditions de travail qui sont des plus rudes, des ouvriers des abattoirs, filmés au travail pour l’un, sur le lieu de travail pour l’autre, parlant de leur vie ou de leur travail. Alcaldessa, à travers le portrait d’Ada Colau, aborde de nouvelles formes d’engagement citoyen dans la lutte pour le droit au logement par exemple.
Les Nouvelles. Quels prolongements sont donnés
C’EST PAS DU CINÉMA » aux débats et conférences qui précèdent ou suivent les projections ? C.D. Ce que l’on espère, c’est que les discussions se poursuivent, que la curiosité soit aiguillonnée. L’association propose des rencontres littéraires (à La Machine à Lire notamment) et des « bistrots » mais beaucoup d’autres propositions existent.
des supports pour leur élaboration. L’agence culturelle du Conseil régional (ECLA) accompagne certains films qui ont besoin d’un soutien pour exister ; c’est le cas de Demons in paradise cette année. Le partenariat avec le département Hygiène, Sécurité et Environnement de l’Université de Bordeaux (HSE) permet un dialogue entre le monde étudiant et celui du travail.
Cette année, le Musée d’Aquitaine nous ouvre ses portes pour des conférences-débats qui introduisent les thématiques de la journée. Et bien évidemment, il y a le cinéma Utopia, qu’il n’est plus besoin de présenter. Propos recueillis par Jean-Jacques Bordes
Les Nouvelles. Quel est votre coup de cœur dans ce programme ? C.D. La journée Richard Dindo, ce grand documentariste suisse, avec qui nous conclurons nos rencontres. Mais j’ai aussi grand plaisir à accueillir plusieurs cinéastes qui viennent présenter leur premier long métrage et je suis curieuse de voir si l’on va, ensemble, pouvoir discuter de la Catalogne, des aspirations sociales et politiques, des controverses, des questions, des désaccords, des regards différents…
Programme des 15e Rencontres eRencontRes
15
Que reste-t-il de mai 68 ? Belle affluence ce lundi après-midi au Musée d’Aquitaine pour lancer les 15e Rencontres cinématographiques d’Espace Marx. La place et le rôle des femmes, de la jeunesse ; l’évolution des droits acquis ; les pratiques syndicales ; l’avant, le pendant et l’après Mai 68 : autant de portes d’entrée qui ont suscité des échanges alternant témoignages et réflexions. Les Nouvelles rendront compte plus largement de cette journée d’étude dans un prochain numéro.
C.D. Certains nous aident à populariser les rencontres. D’autres sont
t et Pierre ues Willemon en, 1968 , Jacq
Bonneau
du travail à
der, Saint-Ou l’usine Won
Espaces Marx_Utopia BORDEAUX
NOUVELLE AQUITAINE BORDEAUX GIRONDE
Les Rencontres du matin ont lieu au musée d’Aquitaine, les projections à l’Utopia, présentations des films et débats animés par les invités et un membre de l’équipe des Rencontres. Infos à suivre sur : facebook.com/ rencontrescinespacemarxutopia
18h - Musée d’Aquitaine, conférence La conservation des films, par Michel Cadé, historien, président de l’Institut Jean Vigo, Perpignan.
Un cinéma populaire, sensible aux luttes sociales, politiques, humanistes une place plus grande au travail de mise en scène et en deviennent des documents sur la souffrance des travailleurs, chargés du « sale boulot ». Le productivisme a entraîné les éleveurs dans une course sans fin. Jocelyne Porcher aidera à percevoir la différence de nature entre l’élevage et les systèmes industriels. Guillaume Betton parlera de la relation de l’éleveur à son troupeau et de la nécessaire mise à mort de ses animaux pour qu’il tire son revenu. Le 9 février, seront présentés les œuvres de trois grands cinéastes chinois de la « sixième génération », apparue après Tienanmen et la terrible répression qui a brisé le mouvement démocratique en Chine en 1989 : Jia Zhang-Ke, Wang Bing et Zhao Liang. Faisant le choix de la production indépendante, ces cinéastes profitent, dès la fin des années quatre-vingtdix, de l’arrivée des technologies numériques, qui leur permettent de filmer sans autorisation et ainsi d’échapper au pesant contrôle du comité de censure du Bureau du cinéma. Leur approche du septième art, leurs thématiques et leur style s’écartent nettement des choix de la génération antérieure. Ils montrent avec une extraordinaire acuité les désastres sociaux, humains et aussi environnementaux s’accumulant dans un pays qui ne connaît plus que la dictature du capital.
Le samedi 10 février, 3 films et des débats plongeront les spectateurs dans un voyage au cœur de la catalogne, d’un prolétariat industriel et une paysannerie opprimée d’un village catalan dans l’Espagne de l’immédiate après-guerre, au récit de la journée de référendum pour l’autodétermination du 1er octobre 2017, en passant par la campagne électorale et la victoire d’Ada Colau, maire de Barcelone. La dernière journée des rencontres sera consacrée à Richard Dindo, fils d’ouvrier italien devenu cinéaste de la mémoire. Peintres naïfs ou classiques, photographes, écrivains, infirmières, patients, poètes, philosophes, femmes, société… C’est dans cet apparent éclectisme qu’on été choisis trois de ses films tournés vers l’étranger : le Mexique et 1968, la Palestine et le massacre de Sabra et Chatila, Cuba et la Bolivie et les dernières années du Che à travers ses propres mots. Les recherches minutieuses, le travail rigoureux, avec des voix off, guident le spectateur à travers des images simples, poétiques, dures parfois, qui réveillent son imaginaire… Pour en savoir plus, vous trouverez le livret de présentation complète du programme auprès des partenaires : La Clé des ondes (90.1), Rig, Écla, Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest, Comptines, La Machine à lire, le Musée d’Aquitaine…
Vendredi 9 février : le nouveau cinéma chinois nous regarde
rière se ouvin éma la clas c du 9h30 - Rencontre du matin animée c’est pas La Reprise
Mardi 6 février : ouverture
RENCONTRES CINÉMATOGRAPHIQUES D’ESPACE MARX
Betton.
cinématogRaphiques 20h30 - Demons in paradise, Jude Ratman, documentaire, France, 6/11 février 2017, 1h34, en collaboration avec 2018 l’agence Ecla. Suivi d’un débat avec l’équipe française du film et Antony Goreau-Ponceaud, enseignant à l’Université de Bordeaux.
LE 29 JANVIER AU MUSÉE D’AQUITAINE
Les Nouvelles. Un mot sur vos partenaires ?
Les Rencontres s’ouvriront le 6 février sur la conservation des films avec une conférence de Michel Cadé , historien, professeur émérite de l’université de Perpignan, qu’il préside. Il reviendra sur l’histoire remarquable de l’Institut Jean Vigo, passé d’un ciné-club de passionnés à la Cinémathèque euro-régionale de Perpignan, conservant une des collections les plus importantes de France. On pourra voir le film de Jacques Richard sur Henri Langlois. Au-delà du portrait d’un homme, et de ses démêlés en 68, Le Fantôme d’Henri Langlois est une histoire de cinéma et une initiation au septième art pour les jeunes générations. Le 7 février, c’est la jeunesse populaire qui sera sur grand écran. Les trois films de fiction retenus, sont réalisés par des cinéastes jeunes dont le premier long métrage de fiction, remarqué, pense le monde contemporain au-delà des frontières géopolitiques qui divisent et séparent les individus, où la vie humaine pèse bien peu de chose dans la balance monétaire, surtout lorsque l’on est un humble ouvrier. Il ne reste à leurs personnages que leur propre énergie pour tenter de fuir l’ennui, de se réinventer un nouvel horizon… Le jeudi 8 février, deux films enchevêtrent tuerie des bêtes et travail des prolétaires. Entrée du personnel et Dans ma tête un rond-point font
DU 6 AU 11 FÉVRIER 2018
20h30 - Le fantôme d’Henri Langlois, Jacques Richard, documentaire, France, 2004, (version courte) 52 mn, débat avec Michel Cadé. Mercredi 7 février : jeunesse populaire sur grand écran
9h30 - Rencontre du matin animée par Michel Cadé, historien du cinéma.
par Serge Le Péron, réalisateur, projection de son film Le Réveil des ombres, une histoire du nouveau cinéma chinois, 60 min. 14h - Behemoth, Le Dragon noir, Zhao Liang, documentaire, 2015, VOSTF, 1h35. 17h - Le fossé, Wang Bing, fiction, 2010, VOSTF, 1h52. 20h30 - Xia Wu, artisan pickpocket, Jia Zhang-Ke, fiction, 1998, VOSTF, 1h48, présentations et débats avec Serge Le Péron et JeanClaude Cavignac. Samedi 10 février : histoires catalanes
Présentations et débats avec François Caussarieu, spécialiste des questions nationales de l’état espagnol. 14h30 - El primer día de octubre, réalisation-production Directa - Agencia UO, documentaire, Espagne, VOSTF, 40 mn. Suivi d’un débat avec Marie Fauré, du CDR bordelais.
14h - D’acier, Stefano Mordini, fiction, Italie, 2012, 1h35. Suivi d’un débat avec Michel Cadé et Camille Gendrault, maître de conférences à l’Université de Bordeaux.
17h – Alcaldessa, Pau Faus, documentaire, Espagne, VOSTF, 2016, 1h28. Suivi d’un débat en présence du réalisateur et Marc Audì, Université de bordeaux.
17h - Les Bienheureux, Sofia Djama, fiction, Belgique-France-Qatar, 2017, 1h42. Suivi d’un débat avec Michel Cadé et la réalisatrice.
20h30 - Pan negre, Agustì Villaronga, fiction, Espagne, 2011, VOSTF, 1 h 48. Suivi d’un débat avec Joel Miró Lozano, enseignant à l’Université de Bordeaux.
20h30 - Vent du Nord, Walid Mattar, fiction, Tunisie-France, 2017, 1h28. Suivi d’un débat avec Michel Cadé, le réalisateur et la distributrice Léa Belbenoit. Jeudi 8 février : des bêtes, des hommes
9h30 - Rencontre du matin animée par Jocelyne Porcher, sociologue, et Guillaume Betton, éleveur. 14h - Entrée du personnel, Manuela Frésil, documentaire, France, 2011, 59 min. Suivi d’un débat avec Jocelyne Porcher et Guillaume Betton. 17h - Dans ma tête un rond-point, Hassen Ferhan, documentaire, Algérie, 2016, 1h40. Suivi d’un débat avec Jocelyne porcher et Guillaume
Dimanche 11 février : avec richard dindo, cinéaste de la mémoire
Projections en présence du réalisateur Richard Dindo, avec Françoise Escarpit, journaliste. 14 h - Ernesto « Che » Guevara, Le Journal de Bolivie, 1994, 1 h 34. 17 h - Genet à Chatila, 1999, 1 h 38. Suivi d’un débat avec Cécile Renaut, de Palestine33 et André Rosevègue, de l’Union juive française pour la paix. 20h - Ni Olvido, ni Perdon, 2003, 1h30. Les Nouvelles 1er février 2018 • 5
INTERNATIONAL BRÉSIL
ATTENTATS
Peine alourdie pour Lula
Kaboul recouverte de sang par les talibans
Mercredi, la cour d’appel de Porto Alegre a confirmé la condamnation pour corruption passive et blanchiment de l’ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva. C’est un nouveau coup porté à la démocratie. Malgré l’absence de preuves tangibles attestant que Lula aurait reçu un triplex de 300 m2 en échange de l’attribution de marchés publics de la compagnie pétrolière nationale Petrobras, à l’époque où il occupait le palais du Planalto, la peine a été alourdie de neuf à douze ans et un mois de prison. L’ancien ouvrier métallo, dont la popularité ne faiblit pas dans les milieux populaires, pourrait ainsi être empêché de se présenter à la présidentielle d’octobre. À l’issue de la nouvelle bataille judiciaire qui s’engage et pourrait mener jusqu’à
la Cour suprême, l’inéligibilité pourrait être prononcée. La gauche serait ainsi privée de l’actuel favori de l’élection qui avait des chances de battre une nouvelle fois la droite malgré le putsch de Michel Temer en 2016 contre la présidente Dilma Rousseff. À Porto Alegre et Sao Paulo, 120 000 personnes ont défilé pour soutenir l’ancien chef d’État. Les cortèges de ses opposants étaient pour leur part sporadiques malgré les comptes rendus livrés par la presse brésilienne. En rejoignant la manifestation de Sao Paulo, l’ex-président s’est adressé ainsi à la foule : « Lula est sur le banc des accusés, mais c’est le peuple brésilien qui a été condamné. Mandela a été en prison, mais il en est sorti pour devenir président de l’Afrique du Sud. » Lina Sankari, l’Humanité du 26/01/18
CORÉE
Sanctions à Washington, réunification à Pyongyang Exclus de fait du dialogue intercoréen, les États-Unis ont adopté mercredi un nouveau train de sanctions portant sur neuf entités, seize individus et six navires accusés d’aider ou de poursuivre les échanges avec Pyongyang malgré les résolutions des Nations unies. Si les sanctions n’ont jamais prouvé leur efficacité, Washington tente de discréditer les négociations après avoir été mis sur le banc de touche par l’initiative diplomatique de
Kim Jong-un. Dans le même temps, Pyongyang a néanmoins avancé un pion de plus en demandant aux Coréens de la péninsule et en exil d’œuvrer « au contact et à la coopération entre le Nord et le Sud », selon l’agence de presse nord-coréenne KCNA. Cette « percée » vers la réunification doit se faire sans l’aide des autres pays, souligne le communiqué. Les deux Corées considèrent communément qu’en plus d’être responsables de la division de la péninsule, les grandes puissances sont un obstacle à la paix.
Une liste noire réduite à peau de chagrin
Les ministres des Finances de l’Union européenne se vautrent décidément dans le ridicule. Quelques semaines après avoir publié une liste noire des paradis fiscaux, ils ont définitivement discrédité leur très modeste initiative hier matin. Déjà, le document initial n’y faisait pas figurer un certain nombre d’Etats qui sont incontestablement des paradis fiscaux, comme le Qatar, Singapour ou les îles de l’ex-Empire britannique. Il écartait également des pays européens comme l’Irlande, les Pays-Bas, le Luxembourg et Malte, qui mettent à la disposition des grandes fortunes ou des multinationales les mécanismes clés de l’évasion fiscale. Au bout du compte, la liste noire publiée contenait 17 pays. Hier, le Conseil des ministres des Finances européens (Ecofin) a décidé de la réduire encore de moitié en retirant 6 • Les Nouvelles 1er février 2018
Les vidéos et les photos sont terribles. Des femmes et des hommes titubant, le visage recouvert de sang, des cadavres qui jonchent le sol, des voitures en pièces. L’apocalypse ! Les Afghans sont également ébranlés parce que la rue où s’est produite l’explosion de l’ambulance piégée est l’une des plus gardées de Kaboul : de nombreuses institutions et représentations étrangères y siègent ; on y trouve des bureaux du ministère de l’Intérieur et du chef de la police de la capitale. L’attentat, l’un des pires à frapper Kaboul ces dernières années, est le troisième d’ampleur en huit jours en Afghanistan après l’attaque de l’hôtel Intercontinental, le 20 janvier, et
celle de l’ONG Save The Children à Jalalabad (Est), mercredi 24. Une journée chômée à Kaboul « pour s’occuper des blessés »
La présidence a décrété, dimanche, une « journée de deuil national » et annoncé une journée chômée à Kaboul lundi « pour s’occuper des blessés ». Le chef du NDS a annoncé l’arrestation de cinq personnes dans l’enquête sur l’attaque de l’hôtel et affirmé qu’une « sixième est passée de l’autre côté de la frontière », dans une allusion au Pakistan, accusé d’abriter et même d’entretenir les talibans et le réseau terroriste Haqqani, qui leur est affilié. « Combien de temps encore le peuple afghan devra-t-il supporter cette violence inhumaine ? » a demandé le pape François au lendemain de l’attentat, se joignant aux condamnations internationales qu’a suscitées cet attentat. La question vaut effectivement d’être posée, dix-sept ans après le déclenchement de l’offensive américaine soutenue par l’ensemble des pays
Avec Pierre Barbancey, l’Humanité du 29/01/18
AGRESSION DE LA TURQUIE
Les Kurdes ne comptent que sur eux-mêmes
PARADIS FISCAUX
Les ministres européens se ridiculisent en divisant par deux le nombre de paradis fiscaux, un mois à peine après la publication de leur document.
La capitale afghane a connu 3 attentats en huit jours. Celui du samedi 27 janvier est le plus dur avec un premier bilan qui annonçait 103 morts et 235 blessés. La force des émules du mollah Omar marque l’échec de la stratégie guerrière des Occidentaux depuis dix-sept ans.
occidentaux. Une offensive qui a, certes, chassé les talibans du pouvoir en Afghanistan, où ils régnaient par la terreur. Mais une offensive qui a ouvert une nouvelle plaie dans le pays, qui se ferme d’autant moins que les multiples combinaisons politiques n’ont abouti à rien. Pis, depuis quelque temps maintenant, le pouvoir central ne rayonne même plus sur l’ensemble du territoire alors que les talibans progressent. C’est bien la stratégie d’ensemble qui devrait être repensée, loin des tweets et des déclarations à l’emporte-pièce d’un Donald Trump. On peut se demander si ce dernier attentat ne trouve pas sa source dans les récentes menaces américaines de tarir toutes les aides au Pakistan, considéré comme le mauvais élève de la lutte contre le terrorisme. On sait comment les services de renseignements pakistanais, l’ISI, manipulent et financent un certain nombre de groupes dans la région. Kaboul paie au prix fort ce bras de fer. Le président américain peut bien appeler à une « action décisive » contre les talibans. Tant que les Afghans seront confrontés à la pauvreté et à la corruption, tant que les millions de dollars d’aide internationale continueront à remplir les poches de certains, voire revenir à leurs donateurs initiaux, aucune opération militaire ne sera victorieuse. Dixsept ans et des dizaines de milliers de morts après, il serait temps de le reconnaître.
huit états, dont le Panama, la Corée du Sud, les émirats arabes unis et la Tunisie. Tout en refusant de faire la lumière sur les engagements pris par ces pays ! Ce qui prend totalement à contre-pied les exigences de transparence et de justice sociale, renforcées à chaque révélation sur l’ampleur systémique de l’évasion fiscale… Mais Bruno Le Maire, le ministre français des Finances, veut y voir une preuve que « la pression européenne porte ses fruits ». Ironie de l’histoire, ce sont les Suisses, vexés comme des poux de devoir voisiner sur l’autre liste, la grise, avec le Panama, qui démontent le mieux cette grossière esbroufe : « La vitesse à laquelle la liste de l’UE est révisée montre bien son côté beaucoup plus politique que technique ; l’absence de pays de l’UE en son sein témoigne aussi de la partialité de ceux qui l’établissent », conteste le directeur de l’Association de banques privées suisses, Jan Langlo, dans les colonnes du quotidien 24 Heures. Thomas Lemahieu, l’Humanité du 24/01/2018
armées, mais ce ne sont pas les YPG qui sont visés par les bombardements, ce sont les habitants. Et il n’y a pas que des Kurdes qui habitent à Afrin, c’est une ville très cosmopolite. Il y a des Arabes, des Syriens, des Arméniens, et différentes religions s’y côtoient. Beaucoup de gens sont venus se réfugier dans la région d’Afrin suite aux guerres qui ensanglantent le Moyen-Orient depuis des années. Ce qu’ils recherchent, c’est (…) Hassan est originaire d’un la protection des Kurdes, et ce qu’ils village proche d’Afrin, situé à la fron- veulent, c’est simplement vivre en tière avec la Turquie. Aujourd’hui liberté. » installé en Allemagne, il est venu mardi à Strasbourg participer à la La députée de Dyarbakir Feleknas manifestation, pour demander au Uce, qui est elle-même kurde yézidie, Conseil de l’Europe de réagir contre le confirme : la population d’Afrin l’agression turque contre Afrin. En et de ses environs est une mosaïque contact régulier avec ses trois sœurs de communautés, de langues et et ses parents restés au village, il de religions différentes : « on parle témoigne : « Les gens de ma famille d’Afrin et des Kurdes mais ce n’est m’expliquent qu’ils ont peur tous les pas qu’une communauté qui est visée. jours, les enfants notamment sont très Il y a des Yézidis comme moi, mais affectés. Ils me disent que les miliciens aussi des Alevis et d’autres minorités kurdes des YPG (Unités de protec- ethniques. (…) » tion du peuple, ndlr ) les protègent, Quand on demande aux Kurdes sur mais contre les bombardements de qui ils peuvent compter pour tenter l’aviation, ils n’ont pas de solution. » de stopper l’agression de la Turquie Selon Hassan, (…) ce sont bien les contre Afrin, ils répondent invariacivils qui sont d’abord la cible de blement : d’abord, sur nous-mêmes. l’aviation turque. « J’insiste là-des- Car, nul n’est dupe : si Erdogan a pu sus », explique-t-il, « les Turcs disent déclencher son attaque contre Afrin, qu’ils veulent s’en prendre aux milices alors que l’espace aérien de ce terriDéputés et représentants politiques des mouvements kurdes se mobilisent en Europe pour dénoncer les bombardements ordonnés par Erdogan contre la ville d’Afrin en Syrie. Ils ont manifesté la demaine dernière à Strasbourg pour réclamer le soutien du Conseil de l’Europe.
toire syrien est sous le contrôle de la Russie, c’est que Moscou a donné son aval. Pourtant, selon Fayik Yagizay, le représentant du HDP auprès des institutions européennes, la Russie, pas plus que les États-Unis, ne peuvent être complètement d’accord avec l’invasion du nord de la Syrie par les Turcs. « Bien sûr, » expliquet-il, « on ne peut pas faire confiance aux grandes puissances, elles agissent toujours en fonction de leurs intérêts. Mais ni les Russes, ni les Américains n’ont envie de perdre le contact avec les Kurdes. On ne pense pas qu’ils ont envie d’abandonner complètement les Kurdes, ils représentent une force de stabilité dans la région. » (…) L’Europe, dans cette agression menée par un pays membre du Conseil de l’Europe, et censée à ce titre en partager les valeurs, aura encore une fois, brillé par son silence. L’attaque contre Afrin a pourtant permis au régime d’Erdogan de donner quelques tours de vis supplémentaires dans les droits démocratiques et la liberté d’expression. (…) Avec J.J. Régibier, l’Humanité du 24/01/2018
PCF ÉTATS GÉNÉRAUX DU PROGRÈS SOCIAL
PCF SUD GIRONDE
Agiter et faire converger les luttes
Réunion et remise des timbres
La rencontre nationale de ce 3 février à Paris, à l’initiative du PCF, doit rassembler les acteurs de luttes dans les départements, représentants syndicaux et associatifs, dans des ateliers thématiques et en plénière. Le sens de l’initiative est d’opposer à la politique actuelle une société de progrès social et écologique. Ainsi, l’atelier consacré à l’industrie s’appuiera sur le travail des régions, comme en Isère où « après la chimie ou la papeterie, c’est l’hydraulique qui est menacé » selon Annie David, secrétaire départementale du PCF. Trois ateliers départementaux donnent la parole aux salariés, notamment de General Electric et des syndicalistes débattront des propositions du PCF et diront ce qu’ils attendent des partis. En Seine-Saint-Denis, des anciens collègues des GE Hydro (ex-Alstom Énergie), les Alstom de la branche transports, appelés à fusionner avec Siemens, débattront avec Fabien Roussel, député communiste en charge du dossier à l’Assemblée. Côté services publics, le secteur de la santé est en ébullition sur tout le territoire, comme en Essonne, où un collectif de défense de l’hôpital, dans lequel les communistes sont très impliqués, a déjà fait signer 30 000 personnes contre la disparition de trois hôpitaux qui doivent laisser la
place à un grand établissement. Les acteurs de ces luttes locales seront présents le 3 février à Paris pour en rendre compte. Dans l’Aube, ce sont les usagers et des professionnels de la santé qui se battent contre un « forfait administratif » de 9 euros - illégal - à tous les patients et un forfait « ambulatoire » de 30 euros, imposés dans trois cliniques de l’agglomération troyenne. « C’est une illustration de ce que deviendrait la Sécurité sociale si on la laissait aux mains de libéraux », dénonce Jean-Pierre Cornevin, animateur du PCF, qui se réjouit des états généraux « pour alerter et réagir partout ». Une directrice de mutuelle y sera présente pour témoigner. Parmi les multiples initiatives locales, la sauvegarde du bureau de poste des Aydes à Saran (Loiret), le maintien du logement public à Bobigny (93) ou encore la lutte pour l’avenir du site de Vallourec en Hautes-Pyrénées… toutes doivent converger lors de la rencontre nationale. Pour la Gironde, ce sera sur les questions du logement, de l’hôpital public et des transports.
terrain à partir des réalités locales. Pour Igor Zamichiei, coordinateur pour le PCF des états généraux, « sur des sujets clés, comme les ruptures conventionnelles collectives, les salariés vont être confrontés maintenant à la violence de la politique de Macron. C’est à partir de ça et en travaillant collectivement un projet d’avenir que l’on construira la riposte ». Ateliers de 9h à 12h
Industrie, à Paris au siège du PCF Services publics et protection sociale, à Ivry-sur-Seine Logement, à Saint-Denis Plénière de 14h à 17h
Un nouveau progrès social pour la France, à Montreuil
Toutes les informations sur : progres-social.pcf.fr
Sur quoi cette journée du 3 février peut-elle déboucher ?
L’objectif est de concevoir une adresse politique à partir des débats pour continuer à alimenter une dynamique de luttes dans les territoires et d’aider tout au long de l’année à la tenue de débats et d’initiatives de
PÉTITION TRANSPORT
Pour le progrès social, engageons une autre logique pour des transports modernes et utiles STOP aux bouchons ! Les camions sur les trains et péniches Des transports collectifs publics efficaces et ponctuels sur l’ensemble du territoire. Chaque jour, la rocade bordelaise et les principaux axes routiers en direction de la Metropole sont bouchés. Avec l’argent public, on développe surtout la route ! Il est temps de changer de logique en développant des alternatives au tout camion et à la voiture. Des solutions existent :
- mettre les camions sur des trains, des péniches ou des bateaux ; - développer et rénover les lignes TER en améliorant leur cadencement, et en doublant les voies uniques ; - rouvrir des lignes comme Blaye Saint-Mariens, ou des gares comme Talence-Médoquine, gare de Cauderan… ; - inventer de nouveaux modes de transport : tram-train vers Lacanau et autour du Bassin d’Arcachon ; - développer et boucler la ligne de ceinture ferroviaire de la Métropole ; - sortir les bus des bouchons avec des lignes de bus en site propre ; - instaurer des tarifs accessibles à tous en allant vers la gratuité des transports collectifs.
La prochaine réunion de section qui se tiendra à Fargues, salle du temps libre mercredi 7 février 18h. À l’ordre du jour : la remise des timbres, remise des cartes, et discussion sur le parti, sa démarche, ses actions. CONSEIL DÉPARTEMENTAL DU PCF
Des chantiers d’action et de réflexion Réunie le 24 janvier, la direction du PCF en Gironde ouvre des chantiers de réflexion et d’action. Sur la situation internationale dans son introduction au débat, Sébastien Laborde soulignait notamment les dangers que soulèvent les agressions de la Turquie en direction des Kurdes et leurs institutions démocratiques d’une part, et d’autre part l’accélération de la répression israélienne sur les forces de résistance palestinienne, la poursuite de la colonisation du territoire. Ces évènements amènent le PCF à renforcer ses échanges et exprimer la disponibilité des communistes dans le combat pour la solidarité avec le peuple kurde, pour réaffirmer ses propositions et son soutien aux Palestiniens. Pour le PCF, le cap à « faire front contre Macron » tout en travaillant à la refondation du parti pour inventer et construire l’avenir, est une urgence absolue mais qui ne part pas de rien avec des mobilisations multiples qui se développent localement et nationalement. En Gironde, le mouvement féministe retrouve comme partout dans le pays de la vigueur et le PCF veut en être partie prenante. Des luttes émergent également sur le plan social, dans les hôpitaux, les EHPAD, ou encore les transports, avec la journée d’action des cheminots le 8 février prochain. C’est aussi le droit au logement et le droit à la ville dont plusieurs sections se sont emparés dans le cadre des « États généraux pour le progrès social » du 3 février. En lien avec le travail des commissions thématiques, des outils sont mis à disposition des communistes, reprenant des propositions et l’action des parlementaires communistes : tract sur l’hôpital public, flyer en direction des usagers des TER et des transports publics, et de leurs salariés, et une pétition pour relancer le frêt ferroviaire, le transport de voyageurs par le train et les transports publics accessibles à tous (voir pétition ci-contre). En parallèle, les sections se réunissent sur les thématiques du congrès afin de mettre le maximum de camarades en situation d’intervenir, dans le débat et dans l’action, pour mettre en mouvement un parti communiste de ce temps. Dans l’agenda : - 9-10 février et 10 mars : Formation de base à destination des militants - 1er mars : Cogitations communistes sur les classes populaires et le rapport du PCF aux catégories populaires, avec Fanny Chartier, sociologue, membre de la rédaction de Cause Commune, la revue d’action politique du PCF. ÉCONOMIE
Une centaine de communistes se ressourcent au marxisme La commission économique du PCF n’en n’avait pas fait une grande publicité, visant une assistance modeste. La soif de comprendre l’état du Monde et la recherche de solutions transformatrices opérationnelles ont alimenté le bouche à oreille. Résultat, ce sont une centaine de communistes qui se sont pressés place du Colonel Fabien ce weekend pluvieux de fin janvier pour entendre et débattre avec F. Boccara, C. Mills, Y. Dimicoli et D. Durand. Malgré sa disparition encore récente, Paul Boccara était toujours présent, au travers de ses travaux sur l’apport de Marx avec sa théorie de la suraccumulation/dévalorisation du capital. Nous vivons une crise systémique caractérisée par l’interconnexion des économies, la financiarisation de la course aux profits, la révolution informationnelle, les enjeux écologiques, les enjeux de civilisation. Il n’est alors pas inutile de marquer une pause (le temps d’un weekend, n’exagérons rien), de revenir aux fondamentaux et de s’interroger sur nos outils théoriques. Ils ne manquent pas et l’on peut penser que les travaux des économistes communistes ne sont pas connus à la hauteur de leur pertinence. Donner un contenu démocratique à la Banque centrale européenne (BCE) pour qu’elle finance les investissements socialement utiles, c’est possible dès maintenant, même avec son statut (ce qui ne serait qu’une étape vers une transformation profonde du système de financements). Apprécier le contenu transformateur de notre proposition de Sécurité emploi ou formation (SEF) et engager la bataille pour gripper la machine infernale de l’exploitation et du chômage. Remettre sur la table le débat sur de nouveaux critères de gestion. De beaux sujets à démultiplier lors des Cogitations militantes à venir. J.J.B.
SOUSCRIPTION
Nom, prénom : Adresse : E-mail : Signature : À renvoyer à : PCF 33, 15 rue furtado, 33800 BORDEAUX
Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soitil, contribuera effica- cement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 70 000 euros.
Les Nouvelles 1er février 2018 • 7
CULTURE & SOLIDARITÉ 3 AU 24 FÉVRIER 2018
Le premier « Black History Month » à Bordeaux et en France 17h, conférences – Jean-Louis SagotDuvauroux, écrivain, « Histoire et actualité de la Charte du Mande », Maha Abdelhamid, chercheure et initiatrice du Mouvement des noirs en Tunisie, « La mobilisation des noirs Tunisiens contre le racisme anti-noirs après la Révolution de 2011. » Lancé par Mémoires & Partages, le premier Black History Month arrive en France, en l’occurrence à Bordeaux en ce mois de février. Né aux USA en 1926 pour mettre à l’honneur et partager les expériences sociales, artistiques, culturelles et politiques ayant pour objet la culture d’inspiration africaine, repris au Québec, en Allemagne et à Paris, le Black History Month a porté les graines du mouvement des droits civiques et pour l’égalité. Le Black History Month est célébré chaque année en février pour rendre hommage aux générations d’Afro-occidentaux qui ont combattu contre le racisme pour acquérir les droits civiques et gagner une pleine citoyenneté. La colonisation, la décolonisation, les flux migratoires, les relations internationales, les luttes contemporaines contre l’exploitation et pour la liberté, les héritages artistiques et culturels, le Black History Month, se veut être aussi l’opportunité de donner à réfléchir global, à se situer dans le Tout-Monde. Une contribution à la crise du modèle d’intégration républicain, pour une réforme de ce modèle dans le sens de l’acceptation et de la valorisation de la diversité culturelle. De nombreux événements rythmeront ce mois et permettront de naviguer à travers l’histoire, la politique, la culture et le lead des diasporas africaines.
Programme black history month bordeaux 2018
Samedi 3 février 14h, Abolition générale, Conseil départemental de la Gironde, amphi Robert Badinter, 83 Cours du Maréchal Juin. 14h, accueil des élus, personnalités et du public 14h30, projection : Liberté provisoire (10 mn), film réalisé à l’occasion du bicentenaire de la première abolition de l’esclavage. 14h45, cérémonie officielle du 224e anniversaire de la première abolition de l’esclavage. Discours du président de Mémoires & Partages et des élus. Dépôt de Gerbe 15h, remise du « Trophée Mémoires Partagées » à Halimata Fofana, en récompense de son combat contre les violences faites aux femmes africaines. 15h15, conférence inaugurale avec Pap Ndiaye, historien, SciencesPo Paris, « Le sens du Black History Month, hier, aujourd’hui, là-bas, ici », et Halimata Fofana, écrivaine, « Excision et Identité », animée par Karfa Sira Diallo. 17h, cocktail de l’amitié, offert par Mémoires & Partages. Vendredi 9 février 17h, la charte des droits humains du mande (en 1236 Empire du Mali) - La Grande Poste, 7 rue du Palais Gallien.
LA LIBRAIRIE SOLIDAIRE
Des livres pour tous, à la portée de tous Pour le Secours populaire, l’accès à la culture est partie intégrante de l’action humanitaire, l’accès au livre, à la littérature, à la connaissance doit être donné à tout-e-s. Cette année est aussi celle du 550e anniversaire de Guttenberg, inventeur de l’imprimerie. C’est donc aussi pour lui rendre hommage que l’association ouvre ses réserves de livres au public : Samedi 3 février 2018 de 9h30 à 18h30, 27 rue du recteur Thamin à Bordeaux, centre commercial de la Benauge (ancien centre les impôts) parking gratuit. 3 000 ouvrages de toutes natures
et de tous formats seront présentés contre un participation modique (30 cts à 1 €, outre les 500 livres pour collectionneurs et chineurs) : romans classiques et contemporains, arts et vie, politique et société, histoire, technologies, philosophie, anthologies, romans graphiques, parutions anciennes, littérature étrangère, sciences et médecine, livres d’art, gastronomie, bandes dessinées, vie pratique et bricolage, livre pour enfants, dictionnaires, essais, grands éditeurs, ésotérisme, livres de poches, collections club, œuvres complètes, tourisme, grands formats, guides pratiques, Nobel.
Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932
8 • Les Nouvelles 1er février 2018
19h, projection-débat Les portes de l’égalité, de Daouda Diakhaté, en présence du réalisateur. 20h30, Solos : Naho Da Piedade « Le Bal des faux-culs », Chantal Loïal « On t’appelle Vénus », danse africaine, afrodécalé avec Sylvain Tahi. Exposition, Gilles Koné, Body painting 22h, Dj set avec Jacques de Kalakuta À suivre :
Vendredi 16 février, Harlem renaissance, hall administratif du Rocher de Palmer à Cenon. Jeudi 22 février, Porter les voix du cinema, à l’Utopia. Vendredi 23 février, Négritudes d’aujourd’hui au Théâtre de l’INOX Samedi 24 février, sport dignité liberté. Toutes les manifestations sont « prix libre et nécessaire ».
URGENCE INONDATIONS
Appel à la solidarité Le Secours populaire français appelle aux dons financiers pour venir en aide aux enfants et aux familles démunies qui ont tout perdu dans les inondations qui frappent plusieurs départements de France. Face à ces événements, celles et ceux déjà en situation de précarité ou avec de faibles ressources s’en sortent difficilement. Les bénévoles du SPF sont aux côtés des personnes sinistrées pour aider au nettoyage et prodiguer des produits de première nécessité comme de l’eau potable, des matelas, des couvertures, des bottes, des raclettes, des vêtements, des bâches, des absorbeurs d’humidité, des kits de nettoyage, etc. Par exemple, en Seine-et-Marne, la fédération est en contact avec plusieurs mairies et organise une distribution de couvertures et de vêtements chauds. L’association met également en place un accompagnement moral et juridique, des laveries, et prévoit des équipements en électroménager. Toutes les bonnes volontés (donateurs, bénévoles, enfants « copain du Monde », partenaires, entreprises et personnalités) sont invitées à se mobiliser. Les dons financiers peuvent être envoyés au Secours populaire français, 9/11, rue Froissart BP 3303 - 75 123 Paris Cedex 03, préciser « Fonds d’urgence », ou sur : secourspopulaire.fr Le SPF appelle également aux dons par sms : envoyer DON5 ou DON10 au 9 22 22 pour verser 5 ou 10€.
CHRONIQUE par Jeanne R.M.
« Dans la brume » Elle est née tard ce soir-là, à l’acmé glissant et délicieux de ce solstice, ce temps de froid qui laisse sa place à la chaleur de l’été. Les tam-tams au loin, annoncent la splendeur et la richesse humaine, comme sa déchéance dans l’ingratitude. Au milieu de ses siens, dans ces arbres aux frondaisons larges, ruisselantes, dans les brumes du soir africain, au sud du fleuve, elle sourit. Sa famille depuis la nuit des temps, ses racines ancestrales, ses feuilles nourrissantes. Quant d’autres souhaitent le cri d’ouverture des poumons, le cri de vie, de caractère, elle, calme, ouvre ses toutes petites paupières dans l’obscurité bienfaisante, cherchant le contact visuel avec sa mère et ses seins. Elle plonge longuement ses yeux dans le regard qui la sauvera. À cet instant elle définit durablement sa majesté, ses capacités futures à la coopération et à la coordination de son groupe. L’origine de notre monde, cette terre centrale et maternelle, la profondeur de notre humanité utérine. Elle vient d’arriver toute fripée de son eau intérieure. Elle est notre espoir, d’un jour y arriver au meilleur. Elle comprend, ressent très tôt, le corps chavirant de sa mère. Elle l’a perdra si elle n’y met pas du sien. Ce corps maternel si chaud si doux à l’intérieur devenait soudain étranger. Il est là puis disparait et revient. Un corps en pointillé, une attention discontinue. Alors elle câline cette mère au plus fort de la tempête, la prend dans ses bras. La colère se transforme en tendresse, son petit corps collé à elle. Toutes ces émotions difficiles à surmonter, quand le moment se dégrade, que l’orgueil ramasse tout et écrase l’intelligence et la rationalité, elle vient au contact et apaise les tensions. Elle a compris que les petits ne peuvent rien d’autre contre cette force destructrice du lien. Le pot est de fer, elle le transforme en plumes. Elle peut, de sa toute petite taille, de son peu de vocabulaire changer le monde et sa violence. Elle est ma fille, humaine, et partage presque tout son patrimoine génétique avec les singes bonobo, pan paniscus. Elle et moi possédons comme eux cette capacité à éteindre les grands brasiers de l’âme, à modifier, métamorphoser l’énergie de l’insupportable en une construction belle et pacifique. De ses bras, dans ses bras j’apprends à me détendre, à me laisser aller au bonheur de l’avoir rencontré.
49 jours, carnets d’une faiseuse d’anges et
Eva Humana est, Les petites nouvelles de Jeanne R.M
14€
19€
Disponibles à la fédération de Gironde du PCF 15 rue furtado 33800 BORDEAUX