Nouvelles N° 2250

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Jeudi 12 avril 2018 - N° 2250 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

Crédit photo : Leclerc Patrice

19 AVRIL : JOURNÉE DE CONVERGENCE DES LUTTES

« LE TRAIN ET VOUS » Rencontre à la Bourse du travail P.3

GAUCHE ET MOUVEMENT SOCIAL

ÉVASION FISCALE

La bataille de l’opinion est essentielle

En faire une affaire citoyenne

P.4-5

P.7


ACTUALITÉ BACALAN

MUTUALISATION

Les habitants se mobilisent pour des transports de qualité

Bilan d’étape pour une mutualisation à marche forcée Le conseil de métropole a étudié un rapport d’étape de la mutualisation des services qui concerne 15 des 28 communes de l’agglomération. Un bilan forcément critique pour les élu-e-s communistes qui avaient dénoncé un processus à marche forcée. Voici l’intervention de Max Guichard :

Le Collectif Transports Bordeaux Maritime (TBM) né tout récemment sous l’impulsion de l’association Vie & Travail et d’un groupe d’habitants des Bassins à Flot, invitait la presse ce mardi 4 avril pour exposer les attentes des habitants de Bacalan2018 en matière de transports et d’infrastructures de déplacements. Cédric Bayle pour le collectif TBM, Jeannine Broucas, Vincent Maurin et Albert Garcia pour Vie & Travail montent sur le pont pour faire le constat que le quartier est passé de 8 000 à 12 000 habitants en dix ans mais que les services publics n’ont pas suivi. Une marque de fabrique de Bordeaux mais particulièrement pénalisante ici. Des bouchons à Bacalan ! Qui l’eut cru ? C’est pourtant devenu le quotidien du quartier aux heures de pointes car la fréquence des trams n’y est que de… dix minutes. Et comme il n’y a qu’un parc-relais vite saturé, la voiture reste encore le moyen le plus optimum. De quoi revendiquer dès maintenant des infrastructures de mobilité adaptées : fréquences accrues des trams, parc relais en amont, bouclage avec la ligne C, liaison avec une boucle de ceinture (vieille revendication des communistes qui fait de plus en plus son chemin), des pistes cyclables, mise en place d’un Batcub dès Brandenburg. Des équipements utiles pour la santé et l’environnement mais qui feraient également reculer la menace du stationnement payant. Les bacalanais ont l’habitude de se mobiliser ; ils seront donc présents lors du prochain conseil de quartier du 23 avril pour interpeller le nouveau maire adjoint et le faire plancher sur leurs propositions. J.J.B.

« Quand je lis l’édito du Président et celui du 1er vice-président, surtout dans un contexte national de réduction drastique de nos aides et dotations, je pourrais, sur certains points, partager leur satisfecit (trop appuyé à mon goût) mais en se posant cette question essentielle pour le présent et l’avenir : à quel prix ? En effet, c’est quand même bien vite oublier la souffrance subie par nombre de nos agents dans la mise en œuvre de cette mutualisation, faite dans la précipitation et à marche forcée. C’est vite oublier les mouvements sociaux qui s’en sont fait l’écho dans cette

maison, et vite oublier aussi le nombre de cadres municipaux exprimant leurs profondes inquiétudes. Si personne, ici comme dans nos communes, n’a mis en cause le principe de mutualisation, c’est bien encore une fois ses actes de mise en œuvre qui ont posé problème face à la surdité imposée aux propositions construites par nos agents avec leurs organisations syndicales. J’insiste sur cet aspect, pas secondaire à nos yeux, car je ne suis pas sûr qu’il ne subsiste pas encore, fortement même dans certains secteurs de notre établissement, des ilots importants de cette souffrance. Le renforcement du service de psychologues du travail en témoigne. Votre satisfecit n’effacera pas aussi les décisions de privatisation, certes réduites à certains secteurs mais, comme nous l’avons dénoncé, le loup entrant dans la bergerie ne se contente jamais du premier agneau. Se préoccuper de nos agents, du bienêtre dans l’accomplissement de leurs

CERESNA

Une enquête en ligne sur les transports en Nouvelle-Aquitaine

Une pétition mise en place sur le site du collectif a déjà recueilli 1 600 signatures. Elle est accessible sur : www.mesopinions.com/petition/politique/ tram-transports-qualite-vers-bacalan/36284

BORDEAUX - 15 AVRIL

Solidarité avec les Kurdes Le Conseil démocratique kurde de Bordeaux organise une manifestation le 15 avril 2018 à 15h, place de la Bourse, pour demander des nouvelles du leader Abdullah Ocalan, qui est en isolement total depuis 3 ans, et pour condamner l’occupation d’Afrin par l’armée turque et ses alliés djihadistes. « Brisons le silence tous ensemble ! »

BIENVENUE

Conférence participative - La Cimade Marché de Douves à Bordeaux, de 15h à 17h « Comment accueillir mieux lorsqu’on enferme plus ? » Afin de mieux comprendre le projet de loi « asile et immigration », qui prévoit notamment le doublement de la durée maximale de rétention, l’association La Cimade vous propose son éclairage juridique mais également son témoignage sur les conditions d’enfermement des personnes étrangères. La Cimade a pour but de manifester une solidarité active avec les personnes opprimées et exploitées. Elle défend la dignité et les droits des personnes exilées, quelles que soient leurs origines, leurs opinions politiques ou leurs convictions. Chaque année, près de 50 000 personnes sont enfermées dans des centres ou des locaux de rétention administrative (CRA ou LRA), pour moitié dans les départements d’outre-mer. Ces prisons qui ne disent pas leur nom totalisent plus de 2 000 places réparties dans 24 CRA et 26 LRA. La Cimade intervient depuis 1984 dans ces lieux, derrière les barbelés, pour aider les personnes qui y sont enfermées à exercer leurs droits, mais aussi pour témoigner de ce qu’elles y vivent, faire connaître ces lieux invisibles, et demander leur fermeture. L’accompagnement consiste d’abord à apporter un soutien et une écoute aux personnes, et à leur offrir une assistance juridique afin qu’elles puissent exercer des recours. La semaine dernière, des salariés de la Cimade étaient en grève pour protester contre le contenu de la loi « asile et immigration ». www.lacimade.org // entrée gratuite 17h : Vernissage Solidaire, Expositions de la Coursive des Douves « Europe, ouvre-toi », de Teresa Maffeis, Guy Ouillon (ADN), « Dâr Sahraouis » (Les Sahraouis de Bordeaux), « Recherche et sauvetage en haute mer » (SOS Méditerranée), Suivi du concert d’O.P.A. (Orchestre poétique d’avant-guerre)

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missions n’est pas contradictoire avec le fait de se préoccuper des intérêts quotidiens des populations locales. Bien au contraire, c’est avec des agents en pleine sérénité, sécurité physique et morale que nos objectifs publics pourront être atteints. Cette question est bien aujourd’hui nationalement à l’ordre du jour avec les attaques frontales du couple Macron-Philippe que subissent, entre autre, l’ensemble des agents du service public qui viennent d’apporter, avec grande force le 22 mars, l’expression du rejet de ces politiques au seul service de la Finance. Aussi, il nous revient de pouvoir continuer à donner à nos populations, à nos communes et intercommunalités un rôle essentiel de bouclier social. C’est donc bien dans une vision de l’intérêt humain que doit se poursuivre cette mutualisation ayant comme moyen un service public redonnant sens pour une République pleinement citoyenne. »

Le Ceresna (Centre d’études et de recherches économiques et sociales de Nouvelle-Aquitaine) lance une vaste enquête en ligne sur la question des transports en Nouvelle-Aquitaine dans le cadre du travail de recherche lancé début 2017 sur les besoins de mobilités des particuliers et des entreprises ainsi que sur les besoins des salariés du secteur des transports. Après les « États généraux de la filière Bois » et les « Assises de la filière Déchets », le Ceresna* (ex-Ceresa créé dans les années 80 par le Comité régional CGT Aquitaine) s’est lancé dans « Le chantier du Transport en Nouvelle Aquitaine », en février 2017. Sollicité par les cheminots pour travailler notamment l’impact de la loi NOTRe sur le rail, le Ceresna a élargi à l’ensemble des enjeux liés aux transports. Depuis, il a travaillé avec plusieurs partenaires* autour de 2 thématiques : la réponse aux besoins en matière de mobilité, de déplacements et la réponse aux besoins des salariés du transport en termes de conditions de travail, de qualifications et de leur reconnaissance. Mercredi 28 mars, à la Bourse du Travail, Alain Delmas, président, Christian Gerin, administrateur, Bernard Soubaigne, secrétaire et

Julien Baudot, chargé de mission, présentaient l’état d’avancement du chantier. 5 territoires ont été sélectionnés, représentatifs des milieux urbains, semi-urbains ou ruraux : Limoges la Châtaigneraie, Niort-La RochelleRochefort, Mérignac, le Médoc et le Sud Aquitaine (des Landes au Pays basque). « Des rencontres sont organisées avec l’ensemble des acteurs dans les territoires, que ce soit des associations, des collectivités, des syndicats, etc. et on réfléchit ensemble à la fois sur les constats et sur les propositions alternatives qui pourraient répondre aux besoins », explique Alain Delmas. Ces travaux seront également alimentés par une étude dédiée de l’Insee, commandée par la Carsat et le Ceresna, qui va permettre d’avoir une vision globale des transports sur les territoires de la Nouvelle Aquitaine, en croisant les métiers et les 5 territoires sélectionnés. « Parmi les premiers résultats qu’on a, poursuit le président, on est quand même à 150 000 emplois dans le secteur des Transports. On va pouvoir maintenant affiner le type de contrat, le statut des salariés, ce qui alimentera les analyses pour faire des propositions sur ces questions ». Le Ceresna a également mis en ligne un questionnaire depuis un mois (https:// fr.surveymonkey.com/r/CERESNA)

qui s’adresse au plus grand nombre et va aider le centre de recherche à croiser les constats des besoins et les réponses à apporter. Trois rapports vont être produits dans le cadre de ces travaux : un sur la ressource et la cartographie des infrastructures, un deuxième plus axé sur les propositions à partir du questionnaire et de l’étude de l’INSEE, le troisième sur la question du financement (qui finance quoi sur notre territoire régional : les ports, les aéroports, le rail… ?) et de la gouvernance. Les résultats de ces travaux seront publiés à l’automne 2018 avec une restitution sur Bordeaux puis dans les territoires. « Pour nous, c’est important de travailler dans les territoires car nous constatons que beaucoup s’y sentent abandonnés. Il y a des peurs liées à la métropolisation. C’est important de faire émerger les besoins de ces populations en zone rurale ». « L’épine dorsale du projet, complète Bernard Soubaigne, c’est le rail. Mais le réseau ferré ne suffit pas, il faut forcément travailler l’intermodalité, la complémentarité entre les modes de transport ». Travailler la complémentarité quand tous parlent de concurrence, mettre autour de la table SNCF et cheminots en plein mouvement social ne fait pas peur au Ceresna qui n’oublie pas que les deux ans de chantier sur la filière bois avaient abouti à la création d’un observatoire social, à la demande des employeurs. C.D. * Nouvelles Aquitaine, Keolis, Carsat, Sncf, A’Urba, Forum Urbain Université de Bordeaux, Préfecture de région et de Gironde, Aract, Unions des CTRC ALPC, Transports OPCA services, Pays d’Aunis Charente Maritime, CGT Aquitaine, CGT Trasnports, Indecosa CGT, BSP Limoges, GAL Châtaigneraie limousine, Aquitaine Cap métiers.


ACTUALITÉ

Editorial

« LE TRAIN ET VOUS »

Un moment d’échange et de solidarité autour de l’avenir du service public de transport ferroviaire

Les cheminots CGT organisaient, vendredi 6 avril au soir, une rencontre publique sur le thème « Le train et vous », accueillie à la Bourse du travail de Bordeaux. Citoyens, usagers, élus et cheminots y étaient conviés à discuter de la réforme de la Sncf et de l’avenir du service public de transport ferroviaire. Olivier Sorce, membre du secrétariat du Secteur fédéral des cheminots Aquitaine Poitou-Charentes, anime la rencontre dans une salle au rez-dechaussée de la Bourse du travail qui ne va pas tarder à se remplir. Séverine Rizzi, responsable du syndicat, est chargée de dresser le contexte de la réforme et l’analyse du syndicat. « La privatisation ne répond en rien aux enjeux de transport et d’écologie », affirme-t-elle. Elle prend l’exemple du fret pour le démontrer : « Très peu de trafic s’est reporté sur les opérateurs privés, certains ont même jeté l’éponge. Le premier effet de la concurrence a été un report sur le routier, premier émetteur de gaz à effet de serre, et la fermeture d’ infrastructures ferroviaires, souvent facteur de désindustrialisation ». « L’ouverture à la concurrence voulue par le gouvernement va accentuer la politique du tout routier en mettant plus de bus dits “Macron” sur les routes, en sponsorisant le covoiturage et ubérisant à tour de bras. La Sncf fait partie du patrimoine culturel des Français, il est donc impensable de réformer ce service public sans une large concertation publique et citoyenne. » C’est dans cet esprit qu’ont été invités pour cette soirée usagers, cheminots, élus politiques, organisations syndicales, associations d’usagers et de consommateurs, partis politiques et médias. Stéphane Le Bot, représentant le collectif d’usagers de la ligne BordeauxLe Verdon en raconte la création récente suite au rapport Spinetta menaçant la ligne et venant confirmer des inquiétudes liées au manque d’investissement (lire page 7). Claude Mellier, vice-présidente de Bordeaux Métropole en charge des transports, membre de la direction du PCF en Gironde réaffirme sa solidarité avec les cheminots et son attachement au service public de transport ferroviaire avant de rappeler comment se posent les questions de transports à la Métropole, qui n’a pas de compétences sur le ferroviaire. Elle fait état de ce qui avance et qui est porté depuis de nombreuses années par les communistes : le syndicat mixte qui se met en place avec la Région, le

Département et la Métropole, l’idée de revitaliser la ligne de ceinture avec une halte au Bouscat, la réouverture de la Médoquine, la nécessité d’intensifier le nombre de trains de TER. Mais Claude Mellier alerte aussi sur ce qui pourrait être une vision « très étroite des besoins de déplacements ». Il ne faudrait pas « voir le TER s’arrêter à Macau quand on va au Verdon ou à Saint-André de Cubzac quand on va à Saint-Mariens ». Et dans la majorité, certains, dont le président lui-même, défendent encore le tout-routier avec la création de barreaux pour relier l’A62 et l’A89. La Vice-présidente de la Métropole finit par rappeler l’importance économique du site d’Hourcade et ses 35 Ha sur Bègles et Villenave d’Ornon, que la Sncf « maintient tout juste en survie ». Elle rappelle les motions de soutien qui ont été obtenues et propose de relancer la demande de table ronde à laquelle Alain Juppé n’a pas répondu. Thomas Portes, pour le collectif national des cheminots communistes, estime que le gouvernement a du mal à justifier sa réforme. Il rappelle que les textes européens permettent de déroger à l’ouverture à la concurrence. D’ailleurs le PCF va demander un retour d’expérience des divers pays qui l’ont appliquée. Frédéric Rauch, économiste atterré, s’attaque à la question de la dette en rappelant que sur la somme de 53 milliards, 2,7 milliards par an sont des intérêts. Cela représente 17,5 milliards entre 2010 et 2017. « C’est vrai que la dette est insoutenable. Si la Sncf emprunte 100 €, 51 € partent à la banque. (…) Cette dette, c’est une rente pour le marché financier et comme l’État garantit l’emprunt, la Sncf obtient toujours de quoi financer ses investissements ». La baisse de la subvention de l’État et le coût de la dette ont renforcé les difficultés. Mais des solutions existent. L’économiste propose que la Caisse de dépôt et consignation rachète la dette à un taux zéro et échelonne les remboursements. Et pour continuer à investir et à développer, notamment pour les trains du quotidien, Frédéric propose d’une part d’augmenter les taxes des entreprises qui profitent du réseau et d’autre part de solliciter la création de monnaie à taux zéro de la Banque centrale européenne. « Celle-ci a injecté 3,4 milliards en 4 ans dans l’économie financière, ça pourrait financer le service public et ça éviterait de faire appel à des solutions qui pèseraient sur la fiscalité des ménages. »

Céline Simon, secrétaire fédérale des cheminots CGT, rappelle que les cheminots et la fédération CGT ont toujours eu des propositions pour le développement du service public ferroviaire, qu’il soit de marchandises ou voyageurs. « Sur l’ouverture à la concurrence, je ne reviens pas sur l’exemple du fret qui est une catastrophe alors que cela pose des questions de santé publique ». Elle explique que des lignes entières vont être confiées à des sociétés privées mais avec des subventions publiques puisque le réseau ferroviaire, comme le réseau routier a besoin de moyens. « Sur le changement de statut de l’entreprise, on nous dit qu’on va réunifier sous statut de Société anonyme. C’est déjà ce qu’on nous promettait en 2014 ! Mais là c’est beaucoup plus pervers puisqu’on nous dit qu’il y a une seule entité, la Sncf, qui chapote avec deux filiales : réseaux et mobilités. Ça ne répond pas aux problèmes rencontrés quant au lien indéfectible entre le rail et la roue. Pour nous, il faut réunifier la Sncf dans une seule et même entreprise. » Sur la question du statut des cheminots, il s’agit pour Céline Simon d’une volonté dogmatique de « se payer les cheminots » qui par leur batailles maintiennent le service public depuis plusieurs années. La responsable CGT Cheminot développe les analyses et propositions du syndicat sur la reprise de la dette, le réinvestissement nécessaire sur le réseau ferré national, la relance du fret et la démocratisation indispensable de la Sncf par la participation des cheminots, des élus et usagers pour que les décisions ne soient plus prises que par des technocrates. Des propositions défendues aussi en intersyndicale et déposées auprès du ministère, sans aucune écoute. C’est Corinne Versigny, secrétaire générale de l’Union départementale qui conclue, avant les questions de la salle, cette riche soirée d’échange. Elle fait état des luttes qui montent dans le public comme dans le privé et indique que le travail pour la convergence commence à porter ses fruits comme on pourra le voir le 19 avril pour la journée de mobilisation interprofessionnelle. Christelle Danglot

La réforme Sncf en débat à l’Assemblée Le gouvernement n’hésite pas à marcher sur les règles en vigueur au Parlement pour accélérer son projet de libéralisation du rail. Alors que les débats s’engageaient à l’Assemblée nationale, plusieurs centaines de cheminots se sont réunis lundi sur l’esplanade des Invalides, à Paris, pour s’opposer à la casse du service public. Ce premier rassemblement annonce une belle manifestation le 19 avril, ont affirmé les participants (l’Humanité du 10/04/2108).

Mettre en échec ce dépeçage inacceptable de notre patrimoine social, économique et démocratique Depuis janvier, le climat social a changé. Le gouvernement semble rentrer dans une zone de turbulence. Aucun sondage ne rend réellement compte du haut niveau d’exaspération et de colère souvent rentrée qui parcourent le pays. Des EHPAD aux universités, des hôpitaux aux retraités, des travailleurs « uberisés » aux salariés de Ford, Carrefour et ce mouvement responsable, fort, unitaire, des cheminots, porteur de propositions pour rendre un bon service, quel que soit son lieu de résidence ou sa situation sociale. Ces exemples de mobilisation sont au cœur d’un enjeu de classe, idéologique, ne permettant aucun compromis si nous voulons que résiste un bouclier social pour tous, des richesses à partager et une indépendance nationale dans cette mondialisation où la financiarisation se veut être seule dominante. Au service de cette finance, Macron s’engage dans un sabordage social et démocratique, hier avec le 49-3, aujourd’hui avec les ordonnances. Certes, le combat est dur pour les travailleurs, retraités, sans emploi, migrants mais mesurons que le pouvoir actuel se heurte à une prise de conscience grandissante du fossé entre les sacrifices demandés face à l’immensité des fortunes. Face aux détournements de l’impôt des grandes fortunes organisés par la fraude fiscale, mécanisme expliqué clairement lors du débat à Lormont par Fabien Roussel, député communiste pointant les possibilités de faire sauter le « verrou de Bercy » et l’exigence d’obtenir une véritable liste des pays classés paradis fiscaux. Des espaces existent pour mettre en échec ce dépeçage inacceptable de notre patrimoine social, économique et démocratique. La fébrilité du président Macron en est un signe par ses passages annoncés sur diverses chaînes de télés, véritable tir de barrage contre le débat démocratique. Se dessine dans notre pays l’émergence d’une dynamique populaire consciente de ses intérêts qui s’exprimera lors des journées du 19 avril et du 1er mai. Nous appelons à contribuer à la réussite de ces deux journées très importantes pour le mouvement social, qui peuvent ouvrir d’autres rendez-vous, du type du 5 mai proposé par Jean-Luc Mélenchon. Rendez-vous porteurs de convergences pour les services publics, pour une autre utilisation de l’argent face à une politique qui ne connait que les intérêts de la classe capitaliste. Nous en discuterons ensemble au moment voulu par le mouvement social.

Claude Mellier membre de l’exécutif du PCF 33

Les Nouvelles 12 avril 2018 • 3


ACTUALITÉ

LA GAU

EYSINES

INTERVIEW DE SÉBASTIEN LABORDE, SECRÉTAIRE DÉPARTEMENTAL DU PCF

Mouvement social sur le site Page jaune

« Il faut poursuivre le travail de proximité et d’échange, la bataille de l’opinion est essentielle »

Communiqué des élus communistes Véronique Jusot et Nicolas Ong. « L’ex-filiale de France Télécom s’apprête à tailler dans ses effectifs. La suppression d’un millier d’emplois d’ici à 2019, la fermeture de 14 sites sur 18, l’annonce de 52 suppressions d’emplois sur le site d’Eysines qui compte près 300 salariés est intolérable. Depuis des semaines les représentants des salariés de SoLocal dénoncent un plan de restructuration d’une extrême violence. Un énième épisode dans l’histoire de cette entreprise. Tout commence en 2006, lorsque France Télécom décide de vendre, au fonds d’investissement vautour KKR et à la banque d’affaires Goldman Sachs, ses parts dans l’entreprise, déjà fortement endettée. Un montage financier qui conduit l’entreprise, entre 2006 et 2011, à verser la bagatelle de 4,5 milliards d’euros à ses actionnaires. Cette somme plombe les comptes alors que la mutation du secteur nécessite des investissements importants. Les dettes s’empilent et, fin 2016, l’entreprise est au bord du gouffre.

En distribuant le tiers des actions à ses créanciers, ces derniers ont réduit sa dette à 400 millions d’euros. Un sacrifice que les actionnaires font payer aux salariés… L’égalitarisme de nivellement par le bas, comme justification de l’ouverture à la concurrence des services et entreprises publics comme l’ex «France Télécom» mais aussi La Poste, EDF, GDF Suez, Nexter, DCNS… et aujourd’hui la SNCF, couronne la percée des idées ultralibérales dans notre société depuis le début des années 1980-1990. Très rapidement, l’intersyndicale avait élaboré en mars un accord de méthodologie crédible et responsable, qui devait permettre la mise en œuvre du plan dans des conditions respectueuses des salariés. La seule réponse du directeur : une réaffirmation du cap fixé par SoLocal 2020 et même l’accélération du plan. La Direction a décidé de faire le choix du mépris et du refus d’un vrai dialogue loyal et constructif. Mettons un terme à ce hold-up financier décidé par les actionnaires et les dirigeants ! Élus communistes de la commune d’Eysines, nous soutenons les employés mobilisés, ce jeudi 12 avril à 11h, devant leur entreprise à Eysines. »

TOUJOURS EN GRÈVE

Les facteurs ne désarment pas

Les facteurs en grève rassemblés à la Bourse du Travail, vendredi 6 avril.

Ils en sont à leur cinquième semaine de grève. Face au mépris de leurs directions, locale et régionale, les facteurs maintiennent la pression parce qu’il en va de leurs conditions de vie et de travail. Il en va également du devenir du service public, du service au public. Décidément, la énième réorganisation de la Poste ne passe pas et les facteurs restent mobilisés malgré les conséquences financières qu’ils subissent alors que le métier est mal rémunéré. C’est que l’enjeu est d’importance puisque cette restructuration de la distribution du courrier va marquer une accélération dans les conditions de vie et de travail des facteurs. « Le facteur ne triera plus son courrier préalablement à sa tournée, une équipe le fera à sa place. Ceux qui ne feront que le tri seront sujets aux TMS et les facteurs seront 7 heures dehors par n’importe quel temps » explique Mikael Pineau, secrétaire à la politique 4 • Les Nouvelles 12 avril 2018

revendicative à la FAPT33. Dans les bureaux où cette organisation est déjà en place, les arrêts accidents de travail explosent. « La coupure méridienne de ¾ heures allonge le temps de la distribution jusqu’à 17h. A cela s’ajoute une distribution “pilotée” qui aboutit à ce que du courrier ne soit pas distribué quotidiennement. Les usagers vont donc pâtir de ce nouveau système », selon le syndicaliste. Le volume du courrier diminue certes (peut-être pas autant que l’indique la Poste), mais en contrepartie les lettres recommandées et les petits colis augmentent significativement. Face à ces évolutions, les syndicats font des propositions mais la Direction ne s’y penche même pas dessus. C’est décidemment dans l’air du temps, les cheminots peuvent en témoigner. Mépris donc, que les postiers vont dénoncer jeudi 12 avril devant le siège de la direction régionale à Mériadeck, à 9h30. Jean-Jacques Bordes

Sébastien Laborde à la manifestation nationale des cheminots, le 22 mars à Paris.

Les Nouvelles. Une nouvelle page politique et sociale s’est ouverte avec le conflit des cheminots, celui des Postiers, à la Fac et chez les Ford… Comment analyses-tu cette accélération du mouvement social ? Sébastien Laborde. Depuis janvier le climat a changé, avec la hausse de la CSG pour les retraités, les effets des premières mesures sur la loi travail, les conditions de travail dans les services publics qui se dégradent encore, on semble sortir de la torpeur et de l’attentisme qu’on constatait à l’automne. Depuis un an, le fossé est béant entre les déclarations du gouvernement et les effets de sa politique. De plus en plus de gens considèrent, comme nous, que Macron est le Président des riches et de la Finance. Dans ce moment, le mouvement des cheminots donne de la combativité à de nombreux secteurs en lutte. Et c’est bien de cela dont le monde du travail a besoin, pas simplement de la colère et du ras le bol, mais de la combativité et de l’intelligence collective. La forme du mouvement choisie par les cheminots permet cela. D’abord il s’inscrit dans la durée et permet à d’autres secteurs de construire des mobilisations. Ensuite, le calendrier étant connu, le désagrément est moindre pour les usagers, cela permet d’avoir un véritable dialogue pour convaincre l’opinion publique du bien fondé de ce mouvement et des propositions alternatives pour sortir de la situation actuelle à la SNCF. Enfin, c’est un mouvement unitaire dans l’entreprise et chaque étape est soumise à discussion. Celui ou celle qui a connu un tel mouvement dans sa vie militante sait que la discussion et le débat sont très riches dans ces moments là et que cela prend du temps. Les Nouvelles. Quelle place ont pu prendre les militants du PCF dans ces mouvements ? S.B. Depuis le mois de janvier les communistes ont mobilisé sur la question des trains du quotidien et du fret. À partir de la mi-mars, nous sommes allés à la rencontre des cheminots et des usagers sur la question des réformes en cours. Nous avons distribué des tracts dans toutes les

gares du département et nous avons programmé 6 réunions publiques. Il faut en effet ouvrir des espaces où cheminots, usagers et citoyens se parlent. Il fallait dénoncer les mensonges du gouvernement et la gravité de l’attaque contre le service public que représente le rapport Spinetta et aussi mettre en débat des propositions pour permettre à l’entreprise de se développer et de répondre aux besoins des populations et des territoires. La dimension écologique du développement d’un grand service public ferroviaire n’est pas à négliger dans cette bataille pour convaincre l’opinion publique. Nous avons donc contribué à ce qu’une majorité populaire se dessine pour soutenir le mouvement des cheminots. Et puis, et ce n’est pas un détail, nous faisons vivre en acte la solidarité du monde du travail en proposant notre badge « Mon train j’y tiens » dont tout l’argent récolté ira à la caisse de solidarité des cheminots grévistes. Nous sommes également actifs dans le mouvement des hôpitaux et des Ephad – avec le tour de France des parlementaires communistes –, auprès des postiers, des étudiants et des salariés de Ford. Il y a enfin les questions internationales avec, notamment, les questions palestiniennes et kurdes. Les Nouvelles. On l’a vu, la France Insoumise a, de son côté, appelé à une grande journée de mobilisation le 5 mai prochain. Quel est ton regard sur cette initiative ? S.B. La question qui est posée au mouvement social est celle de son élargissement et de travailler à des convergences entre tous les secteurs en lutte. Ce n’est pas une simple question de calendrier, c’est un débat politique dont il s’agit car s’il faut converger, il faut aussi élargir le champ de la mobilisation. Pour cela, il faut aider à voir les logiques qui sont à l’œuvre et qui dépassent le seul enjeu de la SNCF. Macron et les marchés financiers veulent détricoter tous les acquis de 1945 pour répondre aux besoins de la rentabilité. C’est cela la bataille, à la SNCF comme dans les hôpitaux : les besoins humains contre la rentabilité financière.

Depuis quelques temps, l’idée d’une grande journée de mobilisation au cours d’un week-end, à l’appel des forces politiques et syndicales, est en réflexion. 12 organisations politiques dont le PCF et la FI, mais aussi le NPA et Génération.s ont signé un appel pour défendre et développer les services publics. J’ai pour ma part et au nom du PCF écrit à toutes ces forces en Gironde pour que nous travaillions à des initiatives communes à partir de cette volonté politique de défendre le service public. C’est le service public ferroviaire, mais c’est aussi un plan d’urgence pour l’Hôpital, les Ephad, ce sont des batailles contre les fermetures de classes dans les écoles… D’autres convergences peuvent voir le jour autour des questions des salaires et du pouvoir d’achat, de l’utilisation de l’argent et du poids du coût du Capital sur l’emploi et le progrès social, on le voit à Ford, à Carrefour, mais aussi à La Poste. Donc sur le principe, je n’ai rien contre une grande journée de mobilisation et d’initiative un week-end, bien au contraire je crois que si cela est bien travaillé, c’est de nature à faire franchir une étape au mouvement. Mais cela ne doit pas nous détourner de deux éléments essentiels : contribuer à la réussite des mobilisations déjà décidées par les travailleurs eux mêmes, le 19 avril et le 1er mai. Poursuivre le travail de proximité et d’échange avec la population. La bataille de l’opinion est essentielle. Les Nouvelles. Cela veut-il dire que le PCF y participera ? S.B. J’ai bien lu l’appel et il ne pose pas la question en ces termes, il propose d’en débattre, débattons-en même si il y a des tentatives de refermer ce débat avant même qu’il ait lieu. J’ai deux questions, une de forme, basique, et une autre plus politique et de fond. Je trouve le 5 mai trop rapproché du 1er et il y a un risque de zapper l’un pour l’autre. Si le 19 avril et le 1er mai sont réussis, pourquoi ne pas se donner un peu de temps pour réussir l’initiative suivante ? Et puis, le mot d’ordre me semble léger et conduire à une impasse (faire la fête à Macron). C’est un vrai débat que nous avons, notamment avec la France Insoumise : faut-il personnaliser cette colère ? Cela la rend-elle plus combative et porteuse de sens comme je le disais tout à l’heure ? Quid du cahier revendicatif des cheminots, des postiers, des hospitaliers ? Quid du devenir de l’usine Ford, des salariés de Carrefour ? Il me semble qu’une grande initiative unitaire, construite avec les organisations syndicales serait possible si on travaillait justement à partir des revendications des salariés autour de 3 grandes questions qui permettraient des convergences et qui sont contenues dans l’appel de Ruffin :


UCHE ET LE MOUVEMENT SOCIAL celle du développement des services publics, celle de l’utilisation de l’argent face à une politique de satisfaction des intérêts de la classe capitaliste, et enfin la question démocratique : ce gouvernement n’a pas de majorité populaire pour soutenir sa politique. Les Nouvelles. Avec ces mouvements sociaux et la fête de l’Huma locale qui approche, l’actualité est riche et exigeante. N’y a-t-il pas un risque de « zapper » les débats du congrès dont le processus a commencé ? S.B. Je pense au contraire que le mouvement social est aussi une chance pour nos débats dans la perspective du congrès. En premier lieu parce que rien ne serait pire que de mener ces débats en vase clos, l’actualité nous oblige à confronter à la réalité nos points de vue, nos convictions, parfois même nos partis pris. Je prends un seul exemple, le débat stratégique. Il est de mon point de vue trop centré sur la question des alliances électorales, dont nous devons évidemment discuter mais une stratégie politique ne peut se résumer à cette seule question. Une stratégie, c’est un ensemble d’actions permettant d’atteindre un objectif politique. Nous devons nourrir un haut niveau d’ambition sur l’objectif

à atteindre, dépasser le capitalisme qui conduit l’Humanité à des catastrophes sociales, économiques et écologiques. Sur ça il y a, je crois, une large adhésion dans le parti. Aujourd’hui ce n’est pas la question de la façon dont on va à une élection qui est posée, mais c’est celle de notre intervention en direction du monde du travail. Comment à partir de ce qui bouge faire grandir l’idée qu’il est possible de dépasser la contradiction Capital-Travail dans notre société? Quelles propositions, quelles initia-

tives pour permettre que cette idée s’empare des masses ? Le mouvement social nous oblige à être dans la bataille, dans l’action, et apprécier en même temps son évolution et la portée des gestes politiques que nous produisons. Un premier constat, il me semble nécessaire de hausser encore notre capacité d’action et d’intervention. Une des clés réside dans notre capacité collective à inventer de nouvelles formes d’intervention et d’initiative.

Le trajet Abbeville-Le Tréport est devenu jeudi 5 avril le symbole des lignes menacées par la réforme ferroviaire. Du PCF à Génération.s en passant par la FI, les responsables de gauche s’y sont retrouvés pour dénoncer « la casse des services publics », les mêmes avaient signé une tribune commune à la veille de la manifestation du 22 mars.

Le 5 mai, ils veulent faire « la fête à Macron »

« Le peuple ne nous en voudra pas d’échouer mais il nous en voudra de ne pas avoir essayé. » C’est par ces mots que François Ruffin a inauguré « l’assemblée générale publique » qui s’est tenue mercredi soir à la bourse du travail de Paris. En quelques jours à peine, quelque 1 500 personnes ont répondu à un appel lancé sur les réseaux sociaux. Parmi elles, des militants impliqués dans Nuit debout en 2016, des syndicalistes en lutte, mais aussi des députés insoumis, des représentants du PCF et du NPA, Gérard Filoche (ex-PS) ou encore Julien Coupat. Autre organisateur de la soirée, Frédéric Lordon, qui avait apporté la veille son soutien aux étudiants grévistes de la fac de Tolbiac aux côtés de l’économiste communiste Bernard Friot, a

Mélenchon rêve d’un nouveau Mai 68 Tentant de se défaire des critiques de l’automne dernier, la première assemblée représentative de FI s’est dite, samedi, « au service de ceux qui se battent ». Cinquante ans après, l’ombre de Mai 68 planait samedi du côté du château de Vincennes, dans le sudest de Paris. « La France en tempête est en train de produire d’ores et déjà un Mai 68 perlé ! » a lancé JeanLuc Mélenchon à l’ouverture de la première « assemblée représentative » de la France insoumise, dont les 250 membres étaient à 60 % tirés au sort. Le fondateur de FI avait un message à faire passer : « Nous sommes au service de ceux qui se battent », a-t-il martelé, estimant que la « situation n’est pas la même aujourd’hui que ce qu’elle était en septembre » lorsque FI avait organisé sa propre marche contre la casse du

Code du travail, tension à la clé avec les syndicats. Cette fois, « notre devoir est de respecter la façon avec laquelle ce mouvement se construit », a-t-il jugé. Un message doublé par une déclaration de la même trempe adoptée à main levée par les insoumis en fin de matinée. Le « plein soutien à la grève » y côtoie l’appel à amplifier « les collectes de solidarité », celui à participer aux « marches locales du 14 avril en respectant leur nature », mais aussi à la journée interprofessionnelle du 19 avril comme au 1er Mai. Se défendant d’y être pour quelque chose ou de vouloir se l’approprier, le mouvement y annonce également son soutien à la manifestation du 5 mai prochain, initiée notamment par le député FI François Ruffin. (…) Julia Hamlaoui, l’Humanité du 09/04/2018

PARTI SOCIALISTE

RUFFIN/LORDON

François Ruffin propose une « grande manifestation nationale commune le 5 mai », qui pour réussir doit encore s’articuler avec le mouvement social.

FRANCE INSOUMISE

appelé à une convergence des luttes « pour que les petits ruisseaux de colère fassent une grosse rivière d’espérance ». Devant une salle pleine à craquer, les deux organisateurs ont proposé la tenue d’une manifestation nationale « unitaire » le samedi 5 mai à Paris, idée déjà avancée sous une autre forme par Jean-Luc Mélenchon. L’objectif  ? « Faire converger les luttes contre Macron et son monde ». Les organisateurs proposent que l’initiative du 5 mai soit débattue dans chaque syndicat, parti de gauche et association et suggèrent la création de « comités locaux du 5 mai ». (…) À gauche, le souci de respecter le calendrier syndical

Si la recherche d’union et de débouchés politiques aux mouvements se fait sentir, la méthode fait encore débat. Beaucoup gardent en tête l’échec de la manifestation, faute

de cadre unitaire, que Jean-Luc Mélenchon avait appelée de ses vœux lors du mouvement contre les ordonnances travail à l’automne dernier. La méthode Ruffin (…) serat-elle plus efficace pour rassembler ? Si le député de la Somme a pris soin de prévenir tous les dirigeants politiques et syndicaux de son initiative, chacun reste prudent, tout en ne fermant pas la porte, soucieux de respecter le calendrier syndical et de ne pas répéter les mêmes erreurs. « Il faut encourager le mouvement social, affirme Pierre Laurent, nous examinerons toutes les propositions qui vont dans ce sens. » Mais pour le secrétaire national du PCF, « il y a d’autres mobilisations à réussir avant, et notamment le 19 avril et le 1er mai ». Même appréciation du côté de Benoît Hamon, qui veut examiner « les conditions pour que ça réussisse » avec une préoccupation similaire de ne pas contourner les syndicats. Quant à lui, Olivier Besancenot (NPA) se dit « chaud bouillant » pour « faire sa fête » à Macron, en demandant toutefois un cadre unitaire. Du côté des syndicats, la CGT, fer de lance du mouvement des cheminots, affirme « être concentrée sur la réussite des mobilisations déjà prévues ». Dans un rapport de forces encore fragile face à Macron, l’enjeu partagé est de travailler des perspectives, mais sans griller les étapes. Cédric Clérin, l’Humanité, 06/04/18

Un congrès de la « renaissance » des ambivalences Le député Olivier Faure a été investi premier secrétaire lors du congrès du PS le week-end dernier. S’il a mis en avant sa volonté de rassembler les socialistes, cela n’a pas suffi à étouffer les dissensions quant au mouvement social. Outre la question européenne qui continue à faire débat au PS, la question sociale a aussi amené des tensions et désaccords au congrès d’Aubervilliers, le week-end dernier. Si les partisans de Maurel et Carvounas appelaient Olivier Faure à éviter un « congrès hors-sol » et à « relever le drapeau social », le premier secrétaire a choisi une pirouette en faisant applaudir « le vrai courage » des agents du service public. Accompagné de quelques mots sur le refus de la remise en cause du statut des cheminots pour défendre la « desserte de tous les territoires, l’investissement dans toutes les lignes et la reprise de la dette ». « Dans nos argumentaires, nous devons être plus clairs. J’entends des socialistes évoquer le bien-fondé d’une réforme de la SNCF, pour s’adapter à

l’ouverture à la concurrence », déplorait quelques jours avant Emmanuel Maurel, qui appelait samedi à éviter « les appréciations nuancées » et, comme Luc Carvounas, à être de toutes les mobilisations.Stéphane Le Foll estime, lui, qu’il ne faut « pas confondre le PS avec une gauche extrêmement contestataire ». « Vous ne pouvez pas libéraliser le rail (sous le dernier quinquennat – NDLR) et ensuite manifester contre la réforme de la SNCF ! » reproche, quant à lui, Philippe Doucet. Nombreux sont ceux qui se sont rappelés qu’il y a quinze ans le PS invitait Bernard Thibault à son congrès de Dijon. Cette fois-ci, des invitations ont été envoyées à des syndicalistes, et elles attendent encore une réponse, assure un socialiste. « Si, à l’avenir, nous ne sommes pas capables de renouer des liens avec les forces syndicales, notre avenir s’écrira en pointillé », souffle l’ex-député de l’aile gauche, Daniel Goldberg. Avec Audrey Loussouarn, l’Humanité du 09/04/2018

NPA

Le retour d’Olivier Besancenot Le porte-parole du NPA fait son grand retour sur les plateaux télé. Chouchou des médias en cette période d’effervescence sociale, il est de toutes les manifestations et ne se cache pas d’espérer une « explosion sociale » qui « ferait le plus grand bien » en ce printemps, en réponse à l’inévitable question sur le rapprochement avec mai 68, 50 ans après. Les mobilisations à la fois dans le

public et le privé, les revendications salariales qui montent sont, pour lui, le signe que le mouvement social passe à une phase offensive même si « on n’en est pas à la révolution » et insiste sur « la convergence » des luttes. L’unité, le rassemblement, c’est à cela qu’il dit vouloir travailler car c’est la seule façon de gagner contre l’arrogance du pouvoir. C.D. Les Nouvelles 12 avril 2018 • 5


INTERNATIONAL AFRIQUE DU SUD

BRÉSIL

Ombre et lumières de Winnie Mandela

En prison, Lula, le « père des pauvres », n’abdique pas

Jusqu’à ses derniers jours, l’ancienne épouse de Nelson Mandela, décédée le 2 avril, aura vécu dans le township de Soweto, symbole de la lutte contre l’apartheid, où elle était restée très populaire. Des leaders de l’ANC, du président Cyril Ramaphosa en passant par le prix Nobel de la paix Desmond Tutu, les Sud-Africains ont massivement rendu hommage à Winnie Mandela, surnommée « mère de la nation » et relais infatigable de son mari pendant les 27 ans de prison de celui-ci. Leur couple ne résistera pas plus aux fêlures personnelles qu’aux

désaccords politiques : Nelson Mandela passe du statut de « terroriste » à celui d’icône mondiale consensuelle, quand Winnie Mandela sombrait, elle, dans des scandales de violences et de corruption, notamment en participant à la torture d’un adolescent de 14 ans soupçonné d’être un informateur. Le couple divorcera en 1996 et Winnie Mandela contestera devant les tribunaux, après la mort de son ex-époux en 2013, le testament dans lequel il ne lui laissait rien. En vain. HD du 5-11/04/18

LANCEURS D’ALERTE

L’Espagne arrête Falciani pour le compte de la Suisse L’informaticien franco-italien, à l’origine de la révélation d’une liste de fraudeurs fiscaux, risque d’être extradé. Rebelote pour Hervé Falciani, le lanceur d’alerte franco-italien à l’origine des SwissLeaks, des fichiers issus de la banque HSBC ayant permis d’identifier au moins 127 000 comptes discrets appartenant à 79 000 fortunes du monde entier. À la demande de la Suisse, où il a été condamné à cinq ans de prison ferme pour « espionnage économique », l’informaticien a été arrêté mercredi soir à Madrid, alors qu’il s’apprêtait à intervenir lors d’une conférence universitaire consacrée à la nécessité, précisément, de protéger les lanceurs d’alerte. « Le paradoxe, c’est que sa chaise est restée », témoigne à l’AFP Carlos Cruzado, président du syndicat espagnol des inspecteurs du fisc (Gestha). Hervé Falciani avait été arrêté une première fois en Espagne en 2012 : il était resté plusieurs mois en prison avant que l’Audience nationale, une des hautes juridictions espagnoles,

refuse son extradition. Dans son arrêt, à l’époque, la justice espagnole avait été extrêmement sévère : elle avait dénoncé des procédés « gravement irréguliers » et décrit Hervé Falciani comme « une personne qui, grâce à sa collaboration, a permis la transmission d’informations à diverses autorités de plusieurs États, dont l’Espagne, sur de nombreuses situations délictueuses ». Hier, l’Audience nationale l’a remis en liberté sous contrôle judiciaire dans l’attente de l’examen d’un mandat d’arrêt émis par la Suisse. Et il ne faut pas exclure que le climat ait changé : au moment où la France d’Emmanuel Macron paraît décidée à adopter une législation sur le secret des affaires qui peut servir à faire inculper les lanceurs d’alerte et gravement entraver la liberté d’informer, l’Espagne réclame, elle, l’extradition de deux dirigeantes indépendantistes catalanes, Marta Rovira et Anna Gabriel, exilées en Suisse. Thomas Lemahieu, l’Humanité, 6/04/2018

L’ancien président s’est rendu de lui-même samedi soir à la police brésilienne. Mais l’ex-syndicaliste, largement en tête dans les sondages, ne compte pas abandonner. Les instigateurs du coup d’État de 2016 jubilent. Pourtant, le nouvel épisode dans la cabale judiciaire contre Lula révèle le degré de délabrement de la démocratie au Brésil. Mercredi, la Cour suprême a en effet rejeté le recours d’« habeas corpus préventif » présenté par la défense de l’ex-président de gauche afin de lui éviter la prison tant que tous les recours n’ont pas été épuisés. Les juges n’avaient pas à se prononcer sur le fond de la condamnation en première instance pour « corruption passive » concernant un appartement au bord de la plage offert à Lula en échange de contrats avec l’entreprise pétrolière Petrobas. Une condamnation qui n’a jamais reposé sur des preuves mais sur la confession d’un entrepreneur qui a bénéficié d’une remise de peine. Or, le seul fait avéré est que ni Lula ni l’un de ses proches n’ont profité dudit appartement. Mais qu’importe pourvu que le leader du Parti des travailleurs vacille alors qu’il fait figure de grand favori à l’élection présidentielle prévue en octobre 2018, selon tous les sondages. « Si mon crime est d’avoir ouvert les portes de l’université aux pauvres, aux

Malgré la pluie, un rassemblement a eu lieu à Bordeaux, samedi 7 avril à 15h sur la place de la Victoire à l’appel de Palestine 33 « pour réaffirmer notre solidarité avec le peuple palestinien face au pouvoir sioniste qui ne se donne aucune limite, et pour refuser que l’occupant et l’occupé soient renvoyés dos à dos, comme le font la plupart des médias et les porte-paroles de la diplomatie française ». « La levée du blocus de la Bande de Gaza, l'arrêt de toute colonisation, des destructions de maisons, des confiscations de terre, la fin de l'occupation, la mise en œuvre du droit au retour des réfugiés, la libération des prisonniers politiques et la fin de la détention administrative doivent devenir des exigences des autorités de la France et de l'Union européenne, assorties de sanctions tant qu'elles ne sont pas appliquées »

Les allégations d’attaque chimique visant Douma, dans le secteur de la Ghouta orientale, ont suscité de sévères condamnations de Washington et du Vatican. Après la reprise des raids aériens sur la zone à la suite de l’échec des négociations entre la Russie et les islamistes de Jaych al-Islam, l’ONG Syrian American Medical Society et les casques blancs affirmaient, samedi 7 avril, qu’une attaque aux « gaz toxiques » avait fait 48 morts. Leur communiqué fait aussi état de « plus de 500 cas, la plupart des femmes et des enfants » présentant

Il s’appelait Yasser Mourtaja. Il avait tout juste 30 ans. Il était père d’un enfant d’un an. Il avait fondé une agence indépendante, Ain Media (Ain signifiant « œil » en arabe). Comme la plupart des journalistes palestiniens, il portait un gilet pareballes bleu avec, écrit en gros caractères, le mot « Press ». Il a été tué par un sniper de l’armée israélienne dans le sud de la bande de Gaza, près de la ville de Khan Younès. (…) Selon le syndicat des journalistes palestiniens, cinq reporters ont été blessés vendredi et ils étaient, a-t-il souligné, clairement

6 • Les Nouvelles 12 avril 2018

R. M. l’Humanité, 9/04/2018

Avec l’Humanité des 6 et 9 avril 2018

Le monde laisse les mains libres à Netanyahou

Nouvelles allégations d’attaque chimique dans la Ghouta orientale « les symptômes d’une exposition à un agent chimique » : « difficultés respiratoires », « brûlures de la cornée », « odeur semblable à celle du chlore ». Le régime syrien qualifie ces accusations de « farce » et Moscou a « démenti fermement cette information ». De son côté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), basé à Londres, indiquait hier ne pas être en mesure de confirmer une attaque chimique du régime.

une grève historique, signifiant le début d’une carrière politique unique. Parmi les « companheiros » venus le saluer, Djalma Bom, syndicaliste embastillé à ses côtés en 1980 par les militaires et cofondateur du Parti des travailleurs (PT). Autre symbole fort, la présence dans le cercle rapproché de l’ex-président de Manuela d’Avila, candidate du Parti communiste brésilien (PCdoB) à l’élection présidentielle d’octobre. Lula est loin d’avoir jeté l’éponge et pense encore pouvoir gagner et s’allier à d’autres formations politiques d’ici à octobre. Pour rappel, l’ex-chef de l’État possède aujourd’hui quelque 20 points d’avance dans les intentions de vote sur son suivant immédiat, le député d’extrême droite Jair Bolsonaro. Or, même incarcéré, l’ancien syndicaliste peut encore techniquement s’enregistrer comme candidat à la présidentielle. La justice électorale tranchera in fine sur son éligibilité dans les prochains mois. Le chef d’état brésilien, arrivé au pouvoir par le truchement d’un coup d’état institutionnel aux dépens de Dilma Rousseff, a lui-même échappé à deux mises en examen. Une troisième mise en accusation est attendue prochainement. En attendant, Lula reste confiant, la bataille juridique n’étant pas finie.

GAZA

Le nombre de morts ne cesse d’augmenter à Gaza. Les snipers israéliens visent également les journalistes. Les États auraient les moyens d’imposer des sanctions économiques à Tel-Aviv.

SYRIE

Noirs, qu’ils puissent s’acheter une auto, prendre l’avion… Si c’est cela le crime que j’ai commis, alors je vais demeurer un criminel dans ce pays, parce que je vais faire beaucoup plus encore. » À la sortie de la messe donnée samedi matin en mémoire de son épouse disparue en février 2017, l’ex-président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva n’aura pas offert au gouvernement Temer l’image tant attendue d’un homme défait et isolé avant son incarcération. Accusé sans preuve de « corruption passive », l’ancien président doit théoriquement purger une peine de douze ans de prison. Mais l’ancien chef de l’état du Parti des travailleurs (PT) a d’ores et déjà gagné la bataille de l’image en répondant à son rythme au mandat de dépôt – émis beaucoup plus tôt que prévu jeudi soir – par le juge anticorruption Sergio Moro. Au lieu de vendredi, c’est donc samedi que Lula a décidé d’obéir. Il n’était pas seul à se rendre au poste de police. Au sortir de l’église, des milliers de militants ou simples citoyens étaient venus écouter son dernier discours avant incarcération ; plus tard, des dizaines de milliers d’autres retardaient sa sortie du syndicat des métallos de Sao Bernardo do Campo, dans la banlieue de Sao Paulo, où il passa quelques heures d’intimité avec famille et amis. Il y a quarante ans, en pleine dictature militaire (1964-1985), c’est depuis ces locaux que le futur président dirigea

identifiables à leurs vestes. (…) Le secrétaire général de la Fédération internationale des journalistes (FIJ), Anthony Bellanger, parle « d’assassinat » de Mourtaja et demande dans un tweet « une action urgente des Nations unies ». De son côté, Reporters sans frontières condamne « la réaction disproportionnée des forces israéliennes qui ont blessé et tué plusieurs civils, dont des journalistes » et souhaite « une enquête indépendante et la condamnation des auteurs de ce crime contre la liberté de la presse ». Les syndicats SNJ-CGT, SNJ et CFDT Journalistes dénoncent les tirs visant des journalistes et demandent une commission d’enquête. Il veulent également rencontrer l’ambassadrice d’Israël en France. (…) Trente et un morts en une semaine et près de 2 000 blessés. La

répression israélienne de la marche pacifique des Palestiniens est inhumaine, mais elle ne la stoppera pas. (…) L’impunité et la bienveillance dont font preuve les États du monde à l’égard d’Israël valent un blancseing pour les massacres. La France et l’Union européenne (UE) ont pourtant à leur disposition un arsenal de moyens pour forcer Tel-Aviv à cesser la répression, l’occupation et la colonisation, par notamment la suspension des accords économiques entre l’Union européenne et Israël. La question des sanctions devrait également être soulevée, de même que celle du désinvestissement des entreprises qui participent à la politique coloniale israélienne. Ou encore l’arrêt de toute livraison d’armes à ce pays. Enfin, les citoyens européens peuvent se mobiliser encore plus pour le boycott des produits des colonies, voire, maintenant, des produits israéliens. À cet égard, la criminalisation, en France, de la campagne BDS est une aide apportée au gouvernement d’extrême droite de Netanyahou et Lieberman. Les arrêts de la Cour de cassation d’octobre 2015 devraient être dénoncés par les autorités françaises et la circulaire Alliot-Marie, qui traîne des militants devant les tribunaux, retirée. Pierre Barbancey, l’Humanité, 9/04/2018


PCF ÉVASION FISCALE

TOMBOLA

En faire une affaire citoyenne

Soutenez la Fête de l’Humanité Gironde !

Le 6 avril dernier à Lormont, la fédération de la Gironde du PCF organisait une conférence sur l’évasion fiscale avec Fabien Roussel, député communiste du Nord, Eric Vernier, Docteur ès sciences de gestion, spécialiste du blanchiment d’argent, de la fraude fiscale et les paradis fiscaux, et Michel Dorémus, représentant de CCFD-Terre Solidaire en Gironde. Sébastien Laborde, secrétaire de la fédération de la Gironde du Parti communiste a introduit le débat auquel ont participé une centaine de personnes et a présenté les différents intervenants avant de leur passer la parole. Michel Dorémus, représentant de CCFD-Terre Solidaire en Gironde a expliqué comment cette association catholique créée en 1961 pour s’attaquer à la faim dans le monde s’est retrouvée à combattre l’évasion fiscale. « Si on pouvait simplement récupérer 20 % de ce qui s’évade dans les paradis fiscaux, on peut techniquement parlant résoudre la faim dans le monde qui touche encore 11 % de la population mondiale et même la malnutrition », affirme-t-il. Face à ce constat, le CCFD a développé une expertise sur les paradis fiscaux sur laquelle elle travaille avec Attac, Oxfam, etc., et mène un véritable travail de lobbying. L’association organisera, en novembre, un grand forum sur la question de l’impôt. Fabien Roussel, député communiste du Nord depuis les dernières élections législatives, a en quelque sorte repris le flambeau du combat contre l’évasion fiscale engagé au Sénat et à l’Assemblée par Éric et Alain Bocquet (auteurs de Sans domicile fisc). « Les paradis fiscaux coûtent à la France entre 60 et 80 milliards d’euros, rappelle-t-il, parce que des personnes riches ou des entreprises font le choix d’aller mettre leur argent, leurs bénéfices, dans des zones offshores, des pays où on ne paie pas ou peu d’impôts. Le déficit de la France, au nom duquel on nous demande de se serrer la ceinture, au nom duquel le gouvernement demande aux retraités d’accepter une hausse de la CSG, ce fameux déficit au nom duquel on demande d’ouvrir à la concurrence la SNCF, etc., ce déficit

est de 73 milliards d’euros. On fait rentrer l’argent de l’ évasion fiscale, il n’y a plus de déficit ». En Europe, c’est 1 000 milliards d’euros qui manquent, 100 milliards d’euros pour les pays en développement – car les entreprises y pillent les richesses mais n’y paient pas leurs impôts –, c’est énorme. Fabien Roussel ne manque pas d’exemples et d’arguments pour montrer le système qui permet aux plus riches, avec des armées d’avocats fiscalistes souvent formés à Bercy, d’échapper à l’impôt. Et à Bercy, justement, il n’y a toujours pas de plainte contre les fraudeurs, on « transige ». Ainsi quand Bernard Arnault, par un savant montage, achète un yacht hors de prix sur lequel il ne paiera aucun impôt, ce ne seront « que » quelques dizaines de millions d’euros qui seront récupérés au cours d’un redressement. Mais pour redresser, il faut des fonctionnaires, or 3 200 postes ont été supprimés. L’optimisation fiscale, c’est utiliser des moyens légaux ou les failles du système pour échapper à l’impôt. Le député souligne « le travail remarquable des journalistes qui ont épluchés 13 millions de documents », révélant ainsi les Paradise papers. Il insiste sur le fait que pour combattre l’évasion et l’optimisation fiscale, il faut une liste crédible et transparente des paradis fiscaux, ce qui n’est le cas ni en France, ni en Europe, et il faut de vraies sanctions en levant le « verrou de Bercy ». Plus largement, ce sont les questions de l’impôt et du consentement à l’impôt qu’il faut poser, estime le parlementaire. « Il y a une tendance mondiale à baisser les taux d’imposition. C’est comme si les paradis fiscaux étaient le but à atteindre. Les ÉtatsUnis viennent de baisser les impôts sur les bénéfices de 35 à 20 %. Macron vient de décider que ça passera de 33 à 25 %. Partout on baisse les impôts en disant qu’on va attirer les entreprises. Jusqu’où on va aller ? S’il n’y a plus d’impôt, c’est la mort des États ». « À vouloir courir au moins disant, au moins d’impôt, on risque d’avoir une civilisation au rabais, conclue Fabien Roussel. C’est bien sûr contre cela que nous devons nous élever. Vivre ensemble nécessite la contribution

juste de chacun pour construire un monde plus juste, plus humain, plus fraternel ». Éric Vernier travaille depuis 20 ans sur les questions de fraude fiscale. Si l’intervention est concise et structurée, on sent qu’il pourrait en parler pendant des heures. Il démarre en indiquant que le crime organisé dans le monde représente un PIB de 2 000 milliards de dollars, autant que le PIB de la France ou de toute l’Afrique réunie. Or, si le crime perdure, c’est grâce au blanchiment d’argent et aux paradis fiscaux. « Comme il y a de plus en plus de lutte contre le crime, de plus en plus de lois, il faut rendre l’argent du crime légal, ça passe par les sociétés offshores. 1 500 milliards de dollars sont blanchis par an, c’est forcément de l’argent qu’on croise. Si on y ajoute les 5 000 milliards de l’argent gris (délits d’initiés, évasion fiscale, commissions d’intermédiaires sur les contrats export, abus de biens sociaux…), c’est presque 7 000 milliards de dollars par an qui proviennent des délits et des crimes et atterrissent dans des sociétés légales, à l’actionnariat mafieux. » Milliardaires et barons de la drogue : même combat. C’est une des révélations des Panama papers, sur lesquels a travaillé Éric Vernier avec des journalistes belges et français. « C’est le système économique mondial, ça concerne aussi bien des footballeurs que des trafiquants albanais de migrants. » « Quand on donne 1 € d’aide au développement en Afrique, 8 à 10 € sortent du continent via les réseaux mafieux. Au Ghana, 70 % du PIB échappe au pays. Total pille les sols mais ne développe rien puisque l’argent part dans des paradis fiscaux. C’est un cocktail qui fait crever des millions de personnes dans le monde. » Plus largement, échapper à l’impôt devient un sport national avec les PME et même les artisans qui se domicilient à Londres, sans parler des particuliers… Pour lui, on peut parler de répartition juste de l’impôt si on ne s’attaque pas d’abord à l’assiette, c’est-à-dire à faire payer tout le monde. Le chercheur insiste aussi sur la nécessité d’établir une liste des paradis fiscaux, c’est le rôle des élus et des instances internationales, et cela passe par une définition juste. Si des questions comme la nécessité de lever « le verrou de Bercy » avance chez les élus de tous bords, Fabien Roussel expliquera dans le débat que sur le reste, on retrouve un clivage droite-gauche avec une droite qui met des freins au nom de la sacrosainte « liberté d’entreprendre ». Éric Vernier en appelle à la mobilisation citoyenne. Un contre sommet de Davos aura lieu dans le Nord de la France en mars 2019 sur la finance éthique et la responsabilité citoyenne.

La Fête de l’Humanité Gironde se déroulera, cette année, les samedi 19 et dimanche 20 mai 2018. Pour soutenir l’événement, la Tombola et sa vente militante sont de retour. Les carnets de 5 tickets à 2 € chacun (donc 10 € le carnet) sont disponibles à la fédération du PCF (15 rue Furtado à Bordeaux) et auprès des militants communistes. En achetant un carnet votre entrée sur la fête est offerte. Téléviseur, tablette, des « box week-end » et de nombreux lots solidaires sont à gagner ! RENCONTRE PUBLIQUE À LESPARRE

Quelle politique de transport en Médoc ? Vendredi 27 avril à 19h Salle François Mitterrand Lesparre Médoc. Quel avenir pour la ligne TER Bordeaux - Le Verdon ? Développer un tram-train vers les communes du littoral et de Lacanau ? Quelle politique de transport de marchandise ? Fret ferroviaire et fret maritime et fluvial ? Quel réseau routier sécurisé en médoc ? Rencontre publique avec : Olivier Dartigolles, porte parole national du PCF, Jean Jacques Corsan, conseiller régional de Nouvelle Aquitaine, Stéphane Le Bot, secrétaire section médoc du PCF, élu à Cussac Fort Médoc, David Plages, CGT Cheminots de Bordeaux gare et Jérémy Barbedette, secrétaire CGT des Dockers de Bordeaux-Le Verdon, des membres du Collectif des Usagers Bordeaux-Le Verdon. « La ligne 33 Bordeaux Le Verdon souffre d’un abandon depuis plusieurs années. Aujourd’hui, les usagers doivent subir d’importants ralentissements, mais aussi de nombreux trains supprimés ou en retard en raison de la vétusté du matériel et des infrastructures, notamment la caténaire. La ligne 33 c’est aussi des gares qui ferment (comme Caudéran début janvier) ou qui réduisent leur amplitude d’horaires d’ouverture (9h-12h à Margaux en dehors des circulations de ter quotidien), des gares saisonnières comme Soulac qui ne sera ouverte que l’été ! Aujourd’hui suite à la publication du rapport Spinetta remis au gouvernement, la ligne TER Bordeaux Le Verdon est clairement menacée entre Macau et Le Verdon, jugée trop coûteuse, pas assez rentable donc inutile et le rapport invite à prendre le bus ou du covoiturage, jugé moins onéreux! Certains parlent d’abandonner l’électrification de la ligne à partir de Macau et nous font miroiter du matériel innovant à hydrogène pour ne pas nous parler de bus tout de suite… Sncf Réseau a annoncé qu’elle ne financerait plus les lignes les plus dégradées comme la nôtre (lignes classée UIC 7-9 selon le classement SNCF), alors qui financera notre ligne aux infrastructures si dégradées après tant d’années sans entretien ? L’État n’en veut plus et la région aura-t-elle les moyens et la volonté d’investir dans ces infrastructures ? Enfin, le contexte d’ouverture à la concurrence des lignes TER qui s’annonce est inquiétant pour notre ligne qui n’intéressera aucun opérateur privé et qui devra donc être soutenue par les pouvoirs publics. Alors que la France s’est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre, est-il sérieux de condamner un mode de transport qui, si on y met les moyens, est concurrentiel au “tout voiture” ? Nous exigeons, une plus grande fiabilité, de la ponctualité et des temps de trajets plus courts, notamment pour ceux habitant au nord de la ligne. La priorité est donc aux investissements ferroviaires et pas aux fermetures de lignes. Quelle politique de transport de marchandise ? Fret ferroviaire, maritime et fluvial ? Le port du Verdon géré par des opérateurs privés qui se battent devant les tribunaux, ça donne un port fermé ! Quelles perspectives pour ce port stratégique, qui est un atout majeur pour un transport marchandise plus écologique et moins sur les routes ? »

SOUSCRIPTION

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soitil, contribuera effica- cement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. La fédération de la Gironde du PCF, lance une souscription afin de mener nos prochaines échéances politiques, notre objectif est de 70 000 euros.

Christelle Danglot Les Nouvelles 12 avril 2018 • 7


CHRONIQUE

CULTURE & SOLIDARITÉ FLOIRAC

par Jeanne R.M.

Inauguration d’une rue Pierre Kaldor

La ville de Floirac et le comité local du Secours populaire français inaugure une rue Pierre Kaldor, le samedi 14 avril 2018, à 10h30. À cette occasion, un hommage sera rendu à ce grand résistant qui relança le Secours populaire français après la sombre période de l’occupation. Avocat , héros de la Résistance*, Pierre Kaldor a été le premier dirigeant national du Secours Populaire Fran-

çais, de 1944 à 1947. Enfermé à la prison de Chalons sur Saône, il réussit une spectaculaire évasion début 1943. Pendant la bataille pour la Libération, on le retrouve avec d’autres confrères occupant le Ministère et le Palais de Justice de Paris. La capitale et la France libérées , il poursuit son œuvre et consacre l’essentiel de son temps à réorganiser le Secours Populaire Français où il demeurera toujours membre de la direction nationale. En

tant qu’avocat il défendra les victimes d’atteintes aux droits de l’Homme, en France et à travers le monde. Raymond Lagardère qui eut l’occasion de recevoir à Saint Symphorien Pierre Kaldor, venu apporter le soutien du SPF fin 1945 aux victimes d’un incendie qui avait endeuillé la commune, sera présent ainsi que le fils François Kaldor, le président du SPF Julien Lauprêtre, des représentants des directions nationales et régionales, l’ancienne députée-maire Conchita Lacuey, le maire Jean-Claude Puyobrau… La cérémonie sera suivie d’un apéritif offert par la mairie à la M270, Maison des savoirs partagés, 11 avenue Pierre Curie à Floirac. * Chevalier de la Légion d’Honneur, Croix de guerre avec citation, Croix du combattant volontaire de la Résistance, Prix des Droits de l’Homme en Allemagne, membre du Comité d’Honneur Ernst Thaelmann.

SALAH HAMOURI

Il y a urgence !

Face à l’indifférence anesthésiante de notre gouvernement, des comités de soutien pour la libération de l’avocat franco-palestinien Salah Hamouri se constituent et s’organisent. À peine créé, Salah Hamouri 33700 a rassemblé, le 29 mars dernier, de nombreux participants autour d’un débat animé notamment par Palestine33 et l’UJFP (Union Juive française pour la Paix), avec la participation du PCF de Mérignac. Arrêté le 23 août 2017 à son domicile de Jérusalem-Est, Salah Hamouri croupit dans les geôles israéliennes sans aucune inculpation, ni procès, et surtout sans perspective de libération. Insidieusement, les autorités israéliennes utilisent de manière arbitraire

la détention administrative dans les territoires annexés depuis 1967. Cette procédure d’intimidation est devenue l’outil efficace pour légitimer l’oppression et les arrestations sans motif. Aucune possibilité de recours ou de contestation n’existe, puisque ni le prisonnier et ses avocats n’ont accès aux éléments du dossier. Les demandes de sa famille d’intervention politique pour obtenir sa libération sont à ce jour restées lettre morte. Salah Hamouri est loin d’être un cas isolé ! Nombreux sont les palestiniens à subir un sort semblable : sur une population estimée à 5 millions d’habitants, près de 17 % d’entre eux ont déjà été arrêtés ou détenus par les forces israéliennes depuis 1967. On compte plus de 6 000 prisonniers politiques, dont 900 en détention administrative. Depuis 2000, la jus-

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

8 • Les Nouvelles 12 avril 2018

tice militaire israélienne a interrogé 8 000 enfants. 300 mineurs sont encore emprisonnés, dont la jeune Ahed Tamimi poursuivie pour avoir frappé un soldat en Cisjordanie. Combien de temps durera l’impunité des autorités israéliennes ? Impunité à coloniser, à annexer, à asphyxier et à opprimer tout un peuple? Aujourd’hui, le monde assiste passivement au conflit colonial le plus long de son histoire, imposant massivement « un régime d’apartheid » aux Palestiniens. La barbarie n’a plus de limite : pour exemple le lourd bilan du 30 mars dernier, lors de la marche pacifique pour le retour à Gaza : 16 palestiniens ont été massacrés et près de 1 400 blessés recensés. Nos grandes puissances ont beau condamner et dénoncer l’usage disproportionné de la force, elles sont autant complices en mettant en place des accords économiques et militaires avec Israël, mais également en neutralisant par le droit de véto, les résolutions de son organisation mondiale, l’ONU, sensée maintenir la paix ; affichant de plus en plus son inefficacité d’intervention et de réaction. Face à ce gouvernement israélien qui viole quotidiennement le droit international et les conventions de Genève, la résignation collective ne doit pas être le maitre mot, bien au contraire ! Soyons solidaires avec BDS « Boycott, désinvestissement et sanctions », mais également en exigeant collectivement la libération de Salah Hamouri. Salah Hamouri 33700 prépare un programme d’actions destiné à faire entendre plus fortement la voix de ses soutiens. Rejoignez nous, car il y a urgence ! K.M.

« Je suis née dans ma maison » Elle est belle, elle est grande. Majestueuse. Mon Versailles à moi, à toi, à nous tous. J’y suis née, entourée des meilleures et pour le meilleur. Ma maison, celle de ma mère, de mes grand-mères, sera celle de mes filles, des tiennes. Depuis des générations nous y naissons en sécurité, nous donnons la vie à nos petits, les mains expertes pour nous guider et nous soutenir dans ce moment si particulier devenant si intime. Tu travaillais dans cette belle demeure, tu accompagnais les femmes jours et nuits, tes mains sur leur ventre. Tu comptais les contractions avec elles, oxygène parfois, forceps quelquefois et le moins possible de césariennes. Les aiguilles à tricoter ne serviraient plus, bientôt, enfin. Ces corps qui donnaient la vie sans la reprendre, tu y prenais soin de ton expérience acquise auprès des anciens. Tu m’y as fait naître un jour brumeux de révolution. Un jour sans train, sans facteur, un jour sans électricité, sans pont. Un jour de lumière de printemps, à pieds dans les rues et sous les pavés, tu le savais, il y avait ce sable. Les étudiants n’étudiaient plus, les enseignants effaçaient les tableaux noirs, les métallos cueillaient les fleurs des rues, les fermiers debout sur la fonte. J’y suis née et ne l’ai jamais quittée, ma maison. Tu m’apprenais à grandir et à tenir ce qui deviendrait mes outils de travail. Entre tes collègues sages-femmes et aides-soignantes, entre le premier et le deuxième étage, je regardais les femmes, la vie, leurs choix, les bébés. Je m’abreuvais de ta science, j’assimilais auprès de tous. L’équipe entière, tout un village pour me voir grandir, cultivant le jardin de la République. J’ai sauté sur vos genoux, dormi dans vos bras les nuits de tes gardes, mangé au réfectoire, veillé dans le calme du service endormi. J’ai dessiné pour les plus vieux, mes bonhommes patates, mes maisons carrées, collés sur leur table de nuit, chanté et fredonné pour te faire patienter. Et tu m’as accueillie. Entre tes hauts murs, tes couloirs longs, infiniment protecteurs. Tu me donnais ce travail que mes ancêtres faisaient couler dans mes veines, le soin des autres, le soin des femmes, des enfants, des plus vieux, des plus malades, le soin de tous ceux qui en avaient besoin, sans distinction, jamais. Enceinte qui abrite, frontières ouvertes aux vents et à l’espoir de lutter contre la maladie, tu m’appris à accueillir tous les humains. Ils venaient de près et de loin, ils te savaient la plus compétente pour les aider. J’y suis née, j’y ai donné la vie, vécu les plus beaux jours d’attente et de partage, et ma vie contribuera à te garder en vie, ma maison natale, ma Maternité, mon Service public. Coordination Nationale de défense des maternités et hôpitaux publics

« Non aux fermetures des Hôpitaux et Maternités de proximité »

49 jours, carnets d’une faiseuse d’anges et

Eva Humana est, Les petites nouvelles de Jeanne R.M

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Disponibles à la fédération de Gironde du PCF 15 rue furtado 33800 BORDEAUX


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