Nouvelles N° 2278

Page 1

Jeudi 25 octobre 2018 - N° 2278 - Hebdomadaire - 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX - Prix : 0,80 euro

Élections européennes 2019

LES COMMUNISTES EN CAMPAGNE


ACTUALITÉ BORDEAUX

LAURENT DOUTHE EN CONSEIL DE DISCIPLINE

2 000 retraités dans la rue

« On est là » chantent les cheminot-e-s dont la solidarité et l’unité ne faiblit pas Le maire communiste de Tarnos avait fait le déplacement pour soutenir le contrôleur de Bayonne menacé de licenciement.

Des milliers de retraités ont manifesté jeudi 18 octobre à Bordeaux, comme dans plus de 55 autres villes en France à l’appel de neuf organisations de retraités (CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, FSU, Solidaires, FGR-FP, LSR et UNRPA), contre la hausse de la CSG et pour défendre leur pouvoir d’achat, quand la revalorisation des pensions annoncée pour 2019 et 2020 sera de 0,3 % pour une inflation estimée à 1,7 %. « On ne râle pas, on réclame », scande Ghislaine de la CGT dans le haut-parleur au-dessus de la voiture qui ouvre la marche au cortège du Grand-Théâtre à la Préfecture. « On va aller dire aux représentants du gouvernement ce qu’on pense de leur politique qui consiste à prendre aux pauvres pour donner aux riches », pousuit-elle. Les organisations appellent à une nouvelle journée de mobilisation le 5 novembre. SINISTRÉS DE L’AUDE

La solidarité s’organise avec le Secours populaire « Il n’y a pas de petite ni grande solidarité » est un des slogans du Secours populaire qui s’illustre, une nouvelle fois, dans la solidarité autour des sinistrés de l’Aude. Pour venir en aide aux familles qui ont tout perdu suite aux pluies diluviennes qui se sont abattues sur le Sud de la France, l’association AC2P « Coup de Pouce », de Saint-Louis-de-Monferrand a décidé de se joindre à ce mouvement de solidarité en organisant une collecte, samedi 27 octobre entre 9 h 00 et midi à l’angle du parking de Spar. L’intégralité des dons sera reversée au Secours Populaire Français au profit des sinistrés de l’Aude. C’est aussi la Fondation Carrefour et ses 200 magasins du Sud Ouest et de la région PACA qui se mobilisent en partenariat avec le Secours populaire français. La Fondation Carrefour a débloqué 50 000 euros, les dons permettront de doter en urgence les familles sinistrées d’équipements, de produits d’hygiène, de mobilier, d’électroménager… En complément, plus de 200 magasins Carrefour et Carrefour Market des départements sinistrés et limitrophes organisent une opération de collecte de fonds auprès de leurs clients jusqu’au 28 octobre prochain. Les dons financiers peuvent être versés au Secours populaire français : 95 quai de Paludate, 33800 BORDEAUX - contact@spf33.org - Téléphone: 05 56 92 79 92, précisez « Fonds d’urgence » www.secourspopulaire.fr/33/

le Pacte ferroviaire est à peine sèche que la direction, avec l’aval bienveillant du gouvernement, s’empresse d’appliquer cette réforme néfaste pour le service public ferroviaire, pour les usagers, pour les cheminots. Les annonces de fermetures de gares, de guichets, de dessertes avec leurs lots de suppressions d’emplois se succèdent. Les conséquences de cette reforme sur le travail se font déjà sentir. » Et le cheminot de décrire une dégradation des conditions de travail due à une politique managériale qui réduit les salarié-e-s « à un simple coût qu’il faudrait supprimer ». « C’est le calibrage, la standardisation des comportements,

miers retours des inspecteurs du travail étaient sans appel sur cette méthode mais la direction avait balayé l’avis de ces experts. Pour elle, il ne s’agissait pas d’avoir raison mais de toucher les cheminots au portefeuille afin de les affaiblir. La procédure disciplinaire en cours à l’encontre de Laurent est une suite abjecte. » David Villegas accuse également les ministres et présidents qui, ces dernières années à travers des lois sur le travail, sont « responsables d’avoir Julien Delion responsable de la CGT affaiblit les droits des salariés ». « Vous Cheminots de Bayonne, devant êtes responsable de la dégradation des des centaines de cheminots venus conditions de travail, de notre trade toute la région et vail donc de nos vies, au-delà a d’abord rapvous êtes responsables pelé que ce passage de l’augmentation des en conseil de discirisques psychosociaux, pline n’était qu’une des accidents de traséquence pour Laurent vail, des suicides dans Douthe, contrôleur les entreprises. Vous êtes de Bayonne, accusé coupables d’avoir mond’avoir – lors d’une trer l’exemple en automanifestation en gare risant, contre l’avis de dans le cadre du moul’inspection du travail, vement de grève contre Au micro, Julien Delion, à sa droite Laurent Douthe et David Villegas le licenciement polila réforme ferroviaire – tique de nos camarades bousculé voire agressé d’Air France. » « Monune cadre dirigeante de la SNCF . une stratégie où s’effondre le pouvoir de tesquieu a écrit : une injustice faite à un « On va continuer à se battre et prou- la parole », une évaluation permanente seul est une menace faite à tous. Alors ver que Laurent n’y est pour rien. On des salariés « pas pour produire mais Messieurs Peppy et Bru (directeur de va leur remettre 2012 pétitions de la pour obtenir leur consentement ». région), nous sommes toutes et tous venus région, elles montrent la grande solida- Le représentant syndical accuse la vous dire que quoi qu’il nous en coûte, rité cheminote. » direction de la SNCF de vouloir nous continuerons à porter haut des Pour David Villegas, responsable mettre le couvercle sur le mouvement revendications des salariés et l’exigence régional de la CGT Cheminots, le du printemps et de lancer, pour se d’un service public de qualité. » gouvernement compte sur la retombée faire, « une véritable cavale à l’encontre Une grande émotion a salué ces prises de la tension médiatique pour mettre des cheminots militants syndicaux qui de parole quand les centaines de cheen oeuvre des mesures à l’inverse des se sont fortement engagés dans ce conflit minot-e-s rassemblé-e-s ont entonné promesses qu’il a faites à la popula- historique ». « Déjà pendant le conflit, une chanson écrite pour l’occasion qui tion : un abandon massif des lignes la direction avait fait le choix de voler répète « On est là » devant Laurent, secondaires, le recul généralisé du ses propres salariés en procédant à des visiblement revigoré de cette grande service public… « L’encre de la loi sur retenues abusives et illégales. Les pre- solidarité. Plus de 800 cheminots étaient à nouveau rassemblés dans l’unité, mercredi 17 octobre devant le siège de la direction régionale Sncf à Bordeaux Belcier, pour soutenir Laurent Douthe lors de son passage en conseil de discipline. L’occasion pour la CGT de dénoncer la politique de la direction de la SNCF vis-à-vis des salariés mais aussi du service public.

DIMANCHE 4 NOVEMBRE

Plaidoirie contre le racisme En partenariat avec le barreau de Bordeaux et Darwin, l’association Mémoires & partages, propose une grande plaidoirie contre le racisme, à Darwin écosystème le 4 novembre à partir de 16h, point d’orgue des festivités de célébration du Centenaire Nelson Mandela. Au cours de la soirée, des avocats, des étudiants, des poètes et des militants (dont Vincent Maurin) diront ce qu’il reste en eux du combat de Nel2 • Les Nouvelles 25 octobre 2018

son Mandela, et ce que la lutte contre le racisme signifie, pour eux et pour elles, dans nos sociétés d’aujourd’hui. Ils et elles débattront des questions profondément actuelles suivantes : • Le combat de Nelson Mandela est-il achevé? Que nous reste-t-il encore à faire ? • Les nouvelles formes du racisme en changent-elles le visage ? • Le racisme a-t-il une couleur ? • Le racisme et l’intolérance sont-ils

correctement appréhendés par la justice ? Il y aura de l’éloquence, des discours, de la poésie et du slam… Infos ici : www.memoiresetpartages. com/2018/10/22/contre-le-racismepourquoi-les-citoyens-bordelaisvont-plaider-le-4-novembre/ L’exposition On a tous en nous quelque chose de Madiba, est visible du 23 octobre au 9 novembre au Bistrot de l’Estey, rue Pierre et Marie curie, à Bègles.


ACTUALITÉ

Editorial

POUR LA PROTECTION DES TRAVAILLEURS

Deux sénateurs et des livreurs à vélo dans Bordeaux

Pédale et tais-toi, c’est un collectif qui a engagé un tour de France avec les sénateurs communistes Fabien Gay (Seine-Saint-Denis) et Pascal Savoldelli (Val-De-Marne). Le 18 octobre, ils se sont arrêtés à Bordeaux pour sensibiliser et exiger une « véritable protection des travailleurs des plateformes numériques ». Un repas avec Les Coursiers bordelais, d’anciens livreurs des plateformes numériques qui montent une coopérative de livraison, un tour à vélo dans Bordeaux pour rencontrer quelques-uns de leurs premiers clients (restaurateurs, fleuristes, prothésistes dentaires) et les voilà place Lafargue pour un débat improvisé avec des livreurs de différentes plateforme s, de s jeunes communistes, des militants du PCF et des citoyens qui s’arrêtent pour écouter, interpelés par l’écharpe qu’arborent les deux sénateurs communistes. « Alors que les tarifications sont annoncées à l’avance, du jour au lendemain on constate que pour une même distance, on est payé moins », témoigne Thibault. Comme d’autres venus rencontrer les sénateurs, il est livreur à vélo indépendant mais sous contrat avec Deliveroo, en sous-traitance. « Pour Uber, c’est nous qui payons la mise en relation avec le client. Eux ne sont que porteurs d’affaire », explique Nicolas, intarissable sur les pratiques de la plateforme. « On nous dit que nous gagnons plus que le SMIC mais sur une fiche de paie, il ne faut pas regarder que le net à payer », soulignet-il. « Ces plateformes n’organisent pas l’activité, ils organisent la précarité. Avec eux, c’est pédale ou crève », s’insurge Thibault. Les livreurs témoignent aussi de leurs difficultés à mobiliser, à s’organiser. « C’est difficile même pour rédiger un tract, confirme Nicolas, et c’est directement lié au statut. Cet été, avec le syndicat CGT, on a réussi à mobiliser ici

30 personnes sur 110 en activité mais il faudrait une coordination syndicale ville par ville. Car les pressions sont énormes, le contrat peut être rompu du jour au lendemain, les OPS (sorte de contremaîtres – NDLR) infiltrent régulièrement les conversations entre livreurs sur Télégram. » « Tout le monde râle sur les conditions de travail mais tout le monde a un peu de mal à s’organiser, confirme Arthur Hay, l’un des coursiers à l’origine de la création du syndicat CGT en mars 2017. Quand on a fait la grève à Deliveroo, cinq coursiers ont été dégagés. » Pas de contrat de travail

mais un contrat commercial, cela signifie aucune protection pour les travailleurs et donc plus de difficultés à mobiliser pour créer un rapport de force favorable. Pour Pascal Savoldelli « le problème ce n’est pas les plateformes, certaines plateformes coopératives réalisent des choses formidables dans le domaine de la santé, du bénévolat, etc. Le problème c’est qu’elles sont libérales. » « Certains ont compris, poursuit-il, qu’il y avait là un sujet avec lequel on pouvait se faire énormément d’argent. Aujourd’ hui, notre économie, très majoritairement, fonctionne autour de trois principes. Un : j’ai une marchandise, j’ai un rendement, j’ai une valeur ajoutée. Deux : pour avoir ça, j’organise un travail. Trois : ceux qui font ce travail ont plus ou moins une protection sociale. Là, ce qu’on voit avec les témoignages, c’est qu’on va vers une ubérisation de la société où les deux derniers principes volent en éclats. Il n’y a plus d’organisation du travail, les travailleurs sont censés être libres mais libérés aussi de toute protection sociale, vous la prenez ou pas. Pour les parlementaires que

nous sommes c’est là un sujet : quelle protection, quelle sécurité pour vous ? » Jusqu’au mois de juin les sénateurs vont organiser des rencontres dans toutes les grandes villes de France et à Bruxelles pour travailler aussi avec les parlementaires européens et faire évoluer les directives européennes sur ces questions. Ils souhaitent écrire une loi d’ici l’été prochain qui assure un minimum de protection sociale aux travailleurs du numérique. Pour ce faire, ils ont décidé de ne pas se contenter de s’entourer d’experts, « même s’il en faut » affirme Pascal Savoldelli, mais de construire cette loi en prenant en compte les contradictions qui traversent ces travailleurs, notamment ceux qui ne souhaitent pas être salariés et veulent rester « indépendants ». « Il faut réussir à créer un statut qui vous rassemble et donc écouter ceux qui sont dans la chaîne de cette affaire-là », explique le sénateur. « Si on laisse faire cette ubérisation, elle va envahir la société ». « J’ habite une ville de Seine-SaintDenis très populaire où le taux de chômage avoisine les 50 % dans certains quartiers, explique Fabien Gay. Dans ma rue il y a trois chauffeurs Uber qui m’expliquent que c’est la seule possibilité pour eux de travailler sans être victime de discrimination et en se sentant libre. Mais c’est une liberté contrainte, comme vous l’avez montré, il y a un vrai lien de subord in at ion . C e s plateformes sont des spécialistes de l’ évasion fiscale qui ne paient pas un centime d’euro d’ impôt. Il y a donc de l’argent à récupérer pour mieux rémunérer les coursiers. La question de la protection sociale est aussi importante car on peut être libre mais si on a un accident, c’est fini. » « Dans l’hémicycle on est minoritaire, poursuit le sénateur de Seine-SaintDenis à propos de la démarche, alors on a besoin de s’appuyer sur vos colères, vos revendications, vos mobilisations. La question du rassemblement, de la lutte, elle est difficile pour tous les travailleurs en ce moment, même ceux du service public. Revendiquer pour ses droits c’est le plus dur car le Capital divise les travailleurs, cherche toujours à isoler celles et ceux qui défendent les droits. Donc ce que vous faites aujourd’hui, je le salue grandement, parce que ce n’est pas rien et cette forcelà va en entraîner d’autres. » C’est sur cet effet de chaîne que compte les sénateurs et le collectif pour avancer, l’affaire semble bien engagée.

Ensemble construisons notre avenir ! Ma journée de mardi a commencé en assistant impuissant à l’expulsion de deux familles étrangères (L’une Kosovar avec un bébé, l’autre Albanaise avec une jeune fille étudiante) dans le bâtiment où j’habite à Bègles à la Cité Maurice Thorez. Tout cela à quelques jours de la trêve protégeant les locataires des expulsions pendant l’hiver. C’est le cœur serré, plein de colère, que je suis parti au travail et à mes réunions syndicales pour préparer, entre autre, les élections professionnelles de début décembre dans la Fonction publique ! Ces faits illustrent, s’il en était besoin, l’urgence du besoin de solidarité concrète et de l’action politique, syndicale et associative face aux désastres humains auxquels nous sommes confrontés quotidiennement. À cela s’y rajoute les conséquences de plus en plus flagrantes des dérèglements climatiques dus aux ravages du capitalisme, à l’exploitation sans mesure de la nature, et des êtres humains sur notre planète. La situation dans l’Aude est là pour nous le rappeler. La montée en puissance en France, en Europe et dans le Monde de la peste brune, surfant sur la misère matérielle, morale et intellectuelles des peuples, confrontés à la résignation des dirigeants sociaux-démocrates aux thèses libérales et ultralibérales, accompagne la réactivation de figures politiques que l’on croyait reléguées au passé : les tribuns césariens, napoléoniens ou jupitériens de tous bords, et leurs guignol-ries grotesques… Face à toutes ces menaces et sombres perspectives, force est de constater que les acteurs politiques qui se revendiquent encore de gauche, dans notre pays, comme ailleurs en Europe et dans le monde, peinent à se rassembler pour ouvrir des alternatives aux droites radicalisées ou non, et à la peste brune. « Quand les blés sont sous la grêle, Fou qui fait le délicat… » écrivait Aragon*… À quelques semaines de notre congrès, nous avons un rendez-vous historique pour produire, à partir de la base commune une résolution qui rassemble le plus grand nombre possible des communistes, tout en décidant des conditions de la mise en œuvre partagée de ces orientations. Sans me tromper beaucoup, 80 % des textes proposés au vote des communistes convergent. Il reste à clarifier les 20 % restants, et à soumettre à l’intelligence collective et au vote les questions qui soulèvent le plus de débat. Bon congrès à toutes et à tous ! Nous sommes attendus par beaucoup en France, en Europe et dans le Monde ! Oui, je crois, le rendez-vous que nous avons avec l’histoire est extraordinaire ! (*) Dans le poème La rose et le Réséda Mars 1943

Dominique Belougne membre de l’exécutif du PCF 33

Christelle Danglot Les Nouvelles 25 octobre 2018 • 3


ÉLECTIONS EUROPÉENNES : C Les élections européennes auront lieu le 26 mai prochain, c'est-à-dire dans moins de 8 mois. Le Parti communiste a depuis plusieurs mois déjà mis sur pieds une équipe de campagne, un chef de file des communistes, Ian Brossat. Celui-ci a présenté un rapport lors de la séance du 14 octobre du Conseil national du PCF sur le contexte, les enjeux de cette élection ainsi que les orientations de la campagne des communistes… Pour le chef de file, il s’agit d’un scrutin important pour la France et pour l'Europe, ce seront les premières élections depuis l’arrivée de Macron à la Présidence de la République et elles pèseront sur le destin de 500 millions d’Européennes et d’Européens. « Les problématiques européennes sont déjà au cœur des débats, souvent mal posées, mais bien présentes. De fait, le moment que l’Europe traverse n’a rien de banal, ajoute-t-il. Sous la pression des nationalismes, c’est l’existence même de l’UE qui est posée. D'où l'importance pour nous d'avancer nos idées et nos propositions. Le chef de file considère que le PCF a un rôle singulier à jouer en vue du scrutin du 26 mai prochain. Vous trouverez ici quelques morceaux choisis du rapport de Ian Brossat mais aussi des points de vue citoyens sur les thèmes abordés dans la campagne du PCF.

IAN BROSSAT

Il s’agit, pour nous, d’être le lobby des gens face au lobby de l’argent Ian Brossat a présenté un rapport sur la campagne des communistes aux élections européennes où il dresse le contexte, un bilan, propose des axes de campagne, une stratégie, etc. Extraits.

Le contexte en Europe

« Cette élection s’inscrit dans un contexte marqué par une progression très forte de l’extrême-droite et des forces nationalistes. C’est vrai dans les anciens pays de l’est, comme dans les pays fondateurs de l’Union européenne. Un peu partout en Europe, les nuages s’amoncellent. C’est le cas en Allemagne où l’AFD, scission de la CDU, a emporté 92 sièges avec 12,6 % des voix. Depuis, l’AFD n’a cessé de progresser dans les sondages au point de devancer la CDU. C’est le cas en Autriche où droite et extrême-droite siègent ensemble dans le même gouvernement et où les ministères régaliens ont été confiés à l’extrême-droite. C’est le cas en Pologne, où le Parti ultraconservateur, Droit et Justice (PIS) revenu au pouvoir en 2015, bafoue l’État de droit à tel point que la Commission européenne s’est sentie obligée d’enclencher la procédure d’infraction de l’article 7 des Traités, qui permet de sanctionner un État qui “bafoue” les valeurs de l’UE. (…) Au sein du Parlement européen, qui compte quatre groupes politiques de droite, la porosité entre droite et extrême-droite est manifeste. Il faut rappeler que le parti de Viktor Orban (Hongrie) est membre du PPE au côté de LR et de la CDU.

Le risque que l’extrême-droite soit demain dotée du plus grand groupe au Parlement européen est donc bien réel. Elle s’organise d’ailleurs à dessein. (…) J’en veux pour preuve la récente rencontre entre Mme Le Pen et M. Salvini qui cherchent à constituer, disent-ils, un “Front des libertés”. Curieuse appellation, d’ailleurs, pour des gens qui passent le plus clair de leur temps à prôner l’installation de barbelés partout. Il n’en reste pas moins qu’il n’y a rien de banal à voir la dirigeante de l’extrême-droite française rencontrer ainsi un membre éminent du gouvernement italien, pays fondateur de l’UE. C’est du jamais vu, et ce n’est pas pour nous rassurer. (…) Cette poussée de l’extrême-droite coïncide avec une période de délitement de l’Union européenne, lié à une décrédibilisation des solutions libérales. L’idée que l’Europe est la solution dans une UE qui compte 10 % de travailleurs pauvres en a pris un coup. Pour l’instant, faute de perspective à gauche, faute de capacité à gauche à démontrer que l’Europe pourrait être autre chose que cette machine à fabriquer partout de la régression sociale, c’est l’extrême-droite qui en profite. » En France, comment les forces politiques se préparent à cette échéance ?

« Le contexte, pour résumer, est donc marqué par une extrême-droite à l’offensive, un pouvoir macroniste qui se mobilise pour mettre en scène un tête-à-tête avec l’extrêmedroite, une droite dont la porosité avec l’extrême-droite se fait jour de

4 • Les Nouvelles 25 octobre 2018

manière de plus en plus insistante, une gauche éparpillée. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le risque existe que 2019 soit le remake de 2017. C’est ce que nous voulons éviter. Pour éviter ce scénario, il va falloir engager une grande bataille d’idées. » Orientations de campagne

« Depuis sa naissance, l’Union européenne fonctionne sur un logiciel libéral. Certes, ce n’est pas ainsi qu’elle a été présentée aux peuples d’Europe, si bien que le “rêve” ou du moins “l’idéal européen” a pu faire illusion quelques décennies durant. Il n’en reste pas moins que, de fait, elle a servi d’appui aux politiques libérales. En son nom, avec l’appui des gouvernements de droite ou sociaux libéraux, elle a servi de machine de guerre pour réduire le champ du service public et les dépenses publiques et de bras armé pour mettre en place partout en Europe des politiques visant à accroître la compétitivité des entreprises, c’est à dire en réalité, à diminuer les droits des salariés. » L’Union européenne « ne fait plus rêver personne, sauf peut-être ceux qui ont intérêt à cette politique, soit une infime minorité d’Européens. » Dressons le bilan ! Ils nous promettaient la paix, il y a aujourd’hui la guerre économique sur fond de dumping social et de dumping fiscal entre États de l’Union européenne, et la menace de guerre tout court avec la montée des nationalismes partout sur le continent. L’un des seuls budgets qui augmente d’ailleurs, dans le futur budget européen, ce sont les dépenses militaires (quand celles de la PAC et de la cohésion des territoires, elles, diminuent). Ils nous promettaient la prospérité. Il

y a aujourd’hui la précarité et la pauvreté. L’Union européenne, c’est très exactement 87 millions de pauvres, et 10 % de travailleurs qui vivent en dessous du seuil de pauvreté. Ils nous promettaient la démocratie. Où est la démocratie lorsque quelques multinationales élues par personne dictent leur lois aux gouvernements européens et à la Commission européenne ? 3 promesses, 3 reniements. 1 même origine : le refus de tenir tête aux tenants de la finance. » « Au cœur du mal qui ronge l’Europe, il y a donc la soumission à la Finance, le choix systématique de se laisser dicter les politiques publiques par les marchés financiers. » Quelle Europe ? « Nous sommes la seule force politique de gauche à avoir rejeté tous les traités sans exception qui ont mis en place cette Europe-là. Ce rejet de l’UE libérale, c’est la première chose qu’on doit entendre dans notre discours. Il demeure une question. Dans un contexte où l’UE est discréditée et même interrogée dans son existence même, quelle doit-être notre ambition ? S’agit-il pour nous d’être ceux qui mettent le dernier clou dans le cercueil de cette UE libérale ? Non. Trois fois non. Non d’abord, parce que nous aurions plus à perdre dans une sortie de l’UE qu’à y gagner. L’exemple de la Grande-Bretagne, qui est pourtant l’État le moins intégré dans l’UE, nous en dit long sur les difficultés à défaire ces liens sans risquer un saut dans l’inconnu. Ensuite, parce que sortir de l’UE, ce n’est pas sortir du capitalisme. La Grande-Bretagne ne s’apprête pas à entrer dans le socialisme. Enfin parce que nous vivons à l’ère

des interdépendances. Le retour en arrière n’ouvre donc aucune perspective positive. Il faut en sortir par le haut, autrement dit la transformation positive de l’Union européenne. Je note d’ailleurs que certains États parviennent à mettre en place des politiques progressistes tout en restant membres de l’UE. Je pense au Portugal qui a choisi de mettre à la corbeille les recommandations de la Commission européenne et d’augmenter les salaires, les minima sociaux et les allocations familiales. Je pense à l’Espagne qui prévoit une augmentation de 22 % du SMIC, de 40 % de l’aide aux personnes dépendantes, d’augmenter les impôts des plus riches et de mettre à contribution les transactions financières. » « Il n’y a donc pas d’autre voie, à mes yeux, que celle de la transformation de l’UE, celle du rapport de forces, celle du combat. » « Il s’agit d’en finir avec cette Europe soumise aux lobbys. Il s’agit, pour nous, d’être le lobby des gens face au lobby de l’argent qu’est aujourd’hui l’UE. » Ian Brossat propose 4 axes de campagne : le travail, les services publics (nous reviendront ultérieurement sur ces deux axes), l’argent et les enjeux écologiques (lire ci-contre). Comment transformer l’Union européenne ? En quoi le Parlement européen peut-il être utile à ce combat ? « C’est évidemment une question essentielle, qui renvoie à l’utilité du vote le 26 mai prochain. Souvenons-nous que les Français, lors de l’élection européenne précédente, se sont abstenus à 57 %. Il convient donc de battre en brèche une idée reçue. Non, les pouvoirs du Parlement européen ne sont pas négligeables, loin de là ! » « Le Parlement a récemment débattu d’une directive relative aux conditions de travail des routiers. Son adoption aurait conduit à une dégradation très importante des conditions de travail des routiers, notamment en espaçant encore davantage leurs temps de repos. Adoptée en l’état, elle aurait permis que des routiers puissent travailler 3 semaines sans jours de congés contre deux actuellement. La mobilisation de nos eurodéputés combinée à une mobilisation des salariés de la route a permis d’y faire échec. C’est une belle victoire. C’est aussi une démonstration. Celle que la lutte des classes et que le rapport de forces se jouent aussi au Parlement européen. D’où l’importance d’avoir des députés déterminés à défendre le monde du travail. » La Campagne

Ian Brossat fait état de ce qui a été engagé : mise en place d’une équipe, affiche, site internet, tournée en France et des nouveaux outils à venir avant d’évoquer la liste. « Ensuite, nous continuons à avancer sur la composition de notre liste. Plusieurs fédérations nous ont d’ores et déjà fait remonter des propositions, et je les en remercie. J’insiste sur un point qui me parait essentiel : c’est le monde du travail. Ne perdons jamais de vue que la politique, ça s’incarne.


COMMUNISTES EN CAMPAGNE Nous voulons être la liste du monde du travail. Du monde du travail tel qu’il est aujourd’hui. » « Mesurons ce qu’un tel parti pris de notre part signifie. C’est un contre-pied formidable à ce qu’a fait Macron. Il a mis la haute finance à tous les postes clés. Nous allons envoyer le monde du travail au Parlement européen. (…) Ce travail n’est pas achevé. Il se poursuivra dans les semaines. Lorsqu’il sera abouti, il donnera évidemment lieu à un vote des communistes, comme le prévoient nos statuts. »

« Enfin, la question du rassemblement, à mes yeux, ne doit pas être mise de côté. Il faut porter ce débat en même temps que nous faisons en sorte de gagner en visibilité. J’ai lancé un appel aux forces de gauche qui partagent avec nous la nécessité d’une autre Europe. Au moment où Macron avance avec sa politique antisociale, où l’extrême-droite menace avec sa politique antisociale, personne ne comprendrait que nous ne soyons pas capables de nous retrouver autour d’une table. (…) »

ÉCOLOGIE

La transition écologique est incompatible avec les exigences de rentabilité Ian Brossat, extraits du rapport du 14 octobre « La période est marquée par une double prise de conscience. Celle des dangers liés au réchauffement climatique. Le rapport du GIEC publié lundi dernier témoigne des risques liés à une augmentation des températures au-delà de 1,5°C. Ces conséquences sont multiples : vagues de chaleur, extinctions d’espèces, déstabilisation des calottes polaires, montée des océans sur le long terme… Toute augmentation des températures au-delà de 1,5 °C aggraverait ces impacts sur l’environnement, selon le GIEC. Pour cette raison, ses experts appellent à une réduction des émissions de CO2 de 45 % d’ici 2030. La prise de conscience est là, elle est largement partagée, comme en témoignent les mobilisations. Une deuxième prise de conscience grandit, elle aussi. Celle que la transition écologique est incompatible avec les exigences de rentabilité. L’argent roi, sa soif inextinguible de profit à court terme ne fait pas bon ménage avec les exigences environnementales. Pire, il y contrevient violemment. » « (…) Après une baisse des émissions de CO2 de 1,9 % entre 2005 et 2015, une autre de 0,4 % en 2016, les émissions de CO2 sont reparties à la hausse de 1,9 % en 2017 en Europe. Je souhaite ici présenter l’une de nos propositions pour faire face à cette situation. Celle d’un service public européen de la rénovation énergétique. En France, les logements représentent 25% de la consommation énergétique nationale. Si l’on ajoute les bâtiments tertiaires, on dépasse les 40 %. À l’échelle européenne, le chiffre est similaire : environ 40 % du total. Il est donc essentiel d’amplifier ce travail à l’échelle européenne. L’Europe s’est dotée d’objectifs ambitieux, en avril 2018, avec une directive votée par le Parlement européen : les émissions des bâtiments européens doivent être réduites de 80 à 95 % d’ici à 2050 par rapport à 1990. C’est également un très fort enjeu

économique : en France, le secteur du bâtiment représente 1,5 million d’emplois, dont 1,2 million de salariés, pour un chiffre d’affaires de 150 milliards d’euros. La France peut mettre son savoir-faire au service de ses voisins européens. La transition énergétique européenne est donc une formidable opportunité de relance économique, en même temps qu’un impératif social et écologique. Proposition : l’Europe doit se doter d’un service public de la rénovation énergétique qui permettrait de territorialiser les objectifs pays par pays, région par région, ville par ville, et mettre à disposition des collectivités son expertise et des financements afin de traduire en actes ces objectifs ambitieux. » Ce qu’ils en disent !

« Éviter la catastrophe climatique est nécessaire et possible et peut apporter des cobénéfices substantiels. (…) Avec une transition bien menée, réussir la limitation à + 1,5 °C peut contribuer à réduire la pauvreté et les inégalités, à créer de nouveaux emplois, à développer une économie dont l’objectif est le bien-être général, la qualité de vie et la santé. (…) Que ce soit pour un objectif de 1,5 ou 2°C, toute trajectoire de nos sociétés visant à décarboner l’économie questionne nos modes de consommation, nos choix techniques et nos modes d’organisation de l’espace. (…) Pour relever ce défi, il faut une grande coordination institutionnelle, sociale, culturelle, économique et technologique. » Joël Guiot, directeur de recherche CNRS, dans l’Humanité du 18 octobre 2018. « La Banque centrale européenne a créé plus de 2.500 milliards (d’euros) en moins de trois ans et l’essentiel de ces sommes colossales est allé nourrir la spéculation ». « (…) l’Europe doit d’urgence créer une banque pour le climat (…) L’Europe est née avec L’Union Charbon et Acier. Elle peut renaître avec un Traité Climat et Emploi ». Jean Jouzel climatologue, dans les Échos du 13 octobre.

ROMPRE LA SOUMISSION À LA FINANCE

La maîtrise des moyens financiers Ian Brossat, extraits du rapport du 14 octobre. « (…) Dès lors que le mal qui ronge l’Europe, c’est la soumission à la Finance, il s’agit donc de rompre le cordon ombilical qui unit l’UE à la Finance (…). » « Les deux grandes batailles à mener ; celle de la BCE, celle de l’évasion fiscale. Depuis 10 ans, la Banque Centrale Européenne a versé près de 3 000 milliards d’euros aux banques privées (…) sans la moindre condition d’utilisation de ces fonds, ni contrepartie. » « Ce chiffre (…) dit beaucoup de l’Union européenne telle qu’elle est, soumise aux banques, avare avec la dépense sociale, généreuse avec les banques privées. Il dit aussi tout ce qu’il serait possible de faire (…) s’il était conditionné d’abord au fait que ces mêmes banques privées fassent le choix de financer des projets pourvoyeurs d’emplois et de bons salaires. Nous proposons aussi qu’une partie de cet argent alimente un fonds pour le développement des services publics. » « Parler argent, c’est aussi évoquer la question de l’évasion fiscale : à l’échelle de l’UE, ce sont 1 000 milliards d’euros qui partent en fumée chaque année. Ce sont 2 000 euros volés chaque année à chaque citoyen européen. En France, ce sont 100 milliards par an qui s’évaporent. » (…) « Là aussi, il nous faut mener la bataille contre l’évasion fiscale dans ses deux dimensions. Nous voulons une Europe qui protège. Nous voulons l’harmonisation fiscale par le haut de l’impôt sur les sociétés. »

Ce qu’ils en disent !

L’Assemblée a terminé l’examen du projet de loi relatif à la fraude fiscale. Modeste dans son ambition, le texte propose quelques avancées avec notamment l’aménagement du « verrou de Bercy », mais il introduit dans le même temps une nouvelle procédure dérogatoire pour les entreprises fraudeuses, tandis que l’évasion fiscale reste un angle mort du texte. 19 septembre 2018 : communiqué commun Anticor, ATTAC, CCFDTerre Solidaire, OXFAM, Sherpa, Syndicat de la Magistrature : « L’aménagement du “verrou de Bercy” est un vrai pas en avant : avec les critères inscrits dans la loi, les fraudes les plus graves pourront enfin faire l’objet de poursuites judiciaires. Cependant, la justice ne pourra toujours pas poursuivre de sa propre initiative les cas de fraudes fiscales découverts incidemment à l’occasion d’enquêtes sur d’autres faits, comme c’est le cas pour tous les autres délits. Il est regrettable que les député-e-s aient renoncé à aller jusqu’au bout pour mettre fin à cette exception française », Manon Aubry, porte-parole d’Oxfam France. « Il est déplorable qu’en parallèle de l’ouverture du “verrou de Bercy”, ce projet de loi introduise une nouvelle forme de justice dérogatoire pour les grandes entreprises fraudeuses. Avec l’extension de la convention judiciaire d’intérêt public à la fraude fiscale, elles pourront accepter de payer une amende en échange d’une extinction des poursuites et sans reconnaissance de culpabilité. Ce mécanisme non dissuasif instaure une justice à deux vitesses, qui permettra aux sociétés

Après les scandales de LukLeaks, Panama Papers, voici « Cum Cum » et « Cum ex », le nouveau scandale d’évasion fiscale. Un hold-up à 55,2 milliards d’euros, estiment les 19 médias, dont le Monde, qui ont mené l’enquête. Ici, il n’est question d’aucun paradis fiscal, mais d’éviter de payer une taxe sur les dividendes versés aux actionnaires en profitant des petits arrangements entre pays européens et de la folie financière.

responsables de fraudes d’ampleur d’acheter leur innocence », Laura Rousseau, responsable du pôle flux financiers illicites à Sherpa. « Ce projet de loi ne s’est pas attaqué aux enjeux d’évasion fiscale. La transposition de la “liste noire” européenne des paradis fiscaux n’est qu’une mesure de façade, qui plus est hypocrite, car elle exclut d’office les pays européens, dont certains paradis fiscaux les plus importants comme l’Irlande ou le Luxembourg, tandis que la Namibie rejoindra la liste française. Qui a déjà entendu parler de la Namibie dans les montages d’évasion fiscale ? », Lison Rehbinder, chargée de plaidoyer Financement du développement au CCFD-Terre Solidaire. Mettre au pas la Finance, les banques et les transnationales : « Depuis le déclenchement de la crise de 2008, les banques, les multinationales et ceux qui en profitent n’ont jamais été réellement inquiétés. Aucun gouvernement ni aucune institution n’a réussi à s’opposer durablement à leur superpuissance. Attac se bat depuis sa création pour réduire le pouvoir exorbitant de la Finance. Les idées d’Attac progressent : la majorité des citoyens sont favorables à la taxe sur les transactions financières qui doit bientôt être appliquée en Europe. Attac propose d’aller plus loin en s’attaquant aux banques et aux entreprises transnationales, principaux responsables de la spéculation, la pollution et la casse sociale, etc. afin de mettre la Finance au service de la société. » « Les lobbies de la Finance et des multinationales gardent la main sur les gouvernants pour défendre leurs profits et limiter toutes les mesures de régulation. La crise, économique et financière, est aussi écologique et énergétique. Et la Finance n’y est pas pour rien ! Évasion fiscale des multinationales de l’énergie facilitée par les banques, spéculation sur les matières premières agricoles ou le pétrole, financement de projets climaticides, traduisent l’extrême porosité entre le secteur de l’extraction des ressources naturelles et celui des milieux d’affaires et de la Finance. Les impacts de ces délinquants du climat et délinquants fiscaux sont dramatiques. Mais nous pouvons agir ! La mobilisation citoyenne a déjà permis d’obtenir des victoires. Aujourd’hui, pour aller vers une société sans évasion fiscale, sans spéculation et sans énergie fossile ni fissile, nous devons prendre le contrôle sur l’utilisation de notre argent. » Attac, brochure du 11 septembre 2018

Les Nouvelles 25 octobre 2018 • 5


INTERNATIONAL BRÉSIL

« Je ne veux pas revivre le film de la dictature »

Des Brésiliens vivant en France ont donné de la voix, à Paris, contre le danger fasciste. Craintes et espoir les taraudent, à la veille du second tour de la présidentielle. Des coups d’État, Bea Whitaker en a connu, trop, beaucoup trop. Cette Brésilienne à l’énergie débordante a dû fuir son pays lors de la dictature des militaires de 1964. Elle a d’abord trouvé refuge au Chili, alors gouverné par le socialiste Salvador Allende, qui sera lui aussi renversé en 1973 par des généraux félons emmenés par le sinistre Augusto Pinochet en raison de l’expérience de transformation socio-économique de l’Unité populaire. Après un exil en Italie, elle s’est finalement installée en France. Alors, la seule évocation des 48 % obtenus par Jair Bolsonaro lors du 1er tour de l’élection présidentielle brésilienne est pour Bea Whitaker « un cauchemar ».

La peur de voir leur nation plonger dans un gouffre totalitaire

Ce score fait craindre le pire quant à l’issue du scrutin, le 28 octobre, qui opposera le représentant de l’extrême droite à Fernando Haddad, du Parti des travailleurs (PT, gauche) et désormais candidat d’un front démocrate face au péril fasciste. « On peine à croire que des citoyens, des travailleurs soient électrisés par le discours de Bolsonaro. Ses propos sont médiocres, violents, mensongers, diffamants. Sa campagne est axée sur la peur. La situation est très préoccupante pour les femmes, les Noirs, les homosexuels, les peuples originaires. Toutes ces populations qui subissent déjà des préjugés sont susceptibles de subir des atrocités s’il est élu. Il peut y avoir un bain de sang ! » dénonce cette militante de 74 ans qui agit au sein d’Ensemble ! Comme elle, des milliers de Brésiliens et de Brésiliennes sont mortifiés à l’idée que leur nation d’origine puisse

ASSASSINAT DE JAMAL KHASHOGGI

Mettons un terme à toute complicité avec le régime saoudien Déclaration du Parti communiste français, le 22 octobre 2018. « L’assassinat à Istanbul du journaliste Jamal Khashoggi, homme du sérail saoudien mais opposant au prince héritier Mohammed Ben Salman, soulève la nausée. Il aura fallu 18 jours pour que le régime admette publiquement les faits, tout en tentant de se dégager de toute responsabilité de ce crime abject. Cet événement jette une lumière crue, si cela était encore nécessaire, sur la brutalité d’un régime qui réprime et exécute les dissidents politiques ou religieux, les intellectuels, les militants des droits humains et les féministes, n’hésitant pas à rendre public une liste noire de personnalités à abattre. Cette tyrannie conduit aussi une guerre meurtrière au Yémen, organise le blocus du Qatar, procède à l’enlèvement du premier ministre libanais Saad Hariri et exacerbe, conjointement avec Israël, les tensions avec son rival régional, l’Iran.

En ces temps où les despotes prospèrent, d’Erdogan à Poutine, le cynisme de Donald Trump et la discrétion première des dirigeants français et européens sont éloquents. Obnubilés par leurs alliances stratégiques au mépris des principes et droits humains, et par les juteuses ventes d’armes – pourtant utilisées dans les massacres de civils et répressions – le gouvernement français ne s’est pas distingué ces 15 derniers jours. Tous contribuent à laisser les peuples du Proche et Moyen-Orient aux prises avec les pires violences, injustices et humiliations. Le PCF considère que la suspension des accords militaires avec l’Arabie Saoudite est à l’ordre du jour de même qu’un embargo sur les ventes d’armes. Il s’agit de revoir fondamentalement une action diplomatique en la mettant au service, sous égide multilatérale, de politiques de paix, de désarmement et de développement humain, social, écologique et démocratique au bénéfice des peuples de la région tout entière. »

6 • Les Nouvelles 25 octobre 2018

plonger dans un gouffre totalitaire. L’entreprise de violence est déjà à l’œuvre. Le résultat du Parti sociallibéral (PSL) a exacerbé les abominations de ses soutiens. Les passages à l’acte se comptent par centaines ; ils sont ouvertement sexistes, racistes, homophobes. Les assassinats politiques des années de plomb signent un retour en force avec les meurtres de la conseillère municipale de Rio de Janeiro Marielle Franco, et, plus récemment, du maître de capoeira Moa, à Bahia, « tué de douze coups de couteau » parce qu’il avait déclaré avoir voté pour la gauche. (…) Bea, Nelma, Natalia, Maurico, mais aussi Susana, Ramona, Bia et bien d’autres encore conjuguent appréhensions et espoir. Sur fond de fanfare, ils ont clamé, samedi (20 octobre), à Paris, avec 3 000 autres per-

sonnes, leur refus du fascisme dans leur pays d’origine et dans le monde, à l’initiative des associations Autres Brésils, France Amérique latine, les Amis du Mouvement des sans-terre, Femmes unies contre Bolsonaro et la Ligue des droits de l’homme, soutenues par la gauche, des élus et des parlementaires, des syndicats, des historiens… (…) Le scandale des fake news était sur toutes les lèvres. Il révèle l’ampleur de la duperie de l’extrême droite. À tel point que le Tribunal électoral supérieur et le procureur général ont enfin décidé d’agir en ouvrant une enquête sur ces grands groupes privés économiques qui ont financé l’envoi de propagandes – via l’application WhatsApp, ultra-utilisée au Brésil – anti-Haddad et anti-PT au profit de Jair Bolsonaro, en échange de faveurs

s’il est élu. (…) « Les Brésiliens sont manipulés. Cette élection est un cirque au milieu du carnaval tragique qui se joue en Amérique latine avec le retour en force des gouvernements réactionnaires », estime Lorena Araujo qui, elle aussi, a été contrainte d’abandonner ce pays, il y a trente-cinq ans. (…) « Je ne veux pas revivre le film de la dictature. Un proverbe dit que la profession des Brésiliens est l’espoir. Le peuple apprendra, dans la douleur, mais il apprendra, car la démocratie ne peut que vaincre, même si, pour l’heure, tout n’est que fraude depuis la destitution de la présidente Dilma Rousseff. » Cathy Dos Santos, l’Humanité du 22/10/2018

UNION EUROPÉENNE

L’accord sur le Brexit bute sur l’Irlande du Nord

Plusieurs centaines de milliers de Britanniques ont défilé dans les rues de Londres, samedi, pour réclamer un second référendum sur la sortie de l’Union européenne. Empêtrée dans les négociations avec les autres chefs d’État européens, Theresa May joue la montre, espérant tordre le bras des autres à la dernière minute et arracher des concessions qui permettraient à son pays de partir avec le beurre et l’argent du beurre : la première ministre conservatrice tente d’obtenir un accord maintenant les positions centrales de l’industrie financière de la City dans l’UE et garantissant un accès aux marchés pour les entreprises, tout en verrouillant les frontières pour les individus…

Les dirigeants européens n’ont pas trouvé de compromis avec la première ministre Theresa May sur les modalités de sortie du Royaume-Uni de l’UE. Le dîner des chefs d’État et de gouvernement de l’Union européenne (UE) n’aura pas duré, mercredi, jusque tard dans la nuit. Les VingtHuit ont fort vite constaté qu’il n’y aurait pas d’accord dans l’immédiat sur le Brexit. Ce qui a laissé du temps libre aux dirigeants luxembourgeois, français, belge et allemand – Xavier Bettel, Emmanuel Macron, Charles Michel et Angela Merkel–, qui ont pu, une fois n’est pas coutume, aller boire une bière sur la grand-place de Bruxelles. Il n’y aura donc pas de sommet, en novembre comme prévu, pour finaliser un accord entre Bruxelles et Londres. « Je n’ai pas constaté de nouveautés majeures », a déploré le président du Parlement européen, le berlusconien Antonio Tajani. Quant à Emmanuel Macron, il a signifié qu’« on a la volonté collective d’avancer, mais nous n’y sommes pas encore ». C’était pourtant le gouvernement britannique de Theresa May qui avait

fixé, à la mi-octobre, la date butoir pour arriver à un accord. Des discussions qui se poursuivraient jusqu’à mi-décembre

On parle désormais de discussions qui se poursuivraient jusqu’à la mi-décembre. Et ce, alors que le Royaume-Uni doit sortir de la communauté européenne dès mars 2019, à la suite du référendum sur le Brexit en 2016. En amont du sommet, le Français Michel Barnier, qui a été confirmé dans ses fonctions de négociateur en chef pour l’UE, avait fait la proposition d’une extension de la période transitoire après la sortie de l’UE. Jusqu’ici, Londres devait bénéficier d’un accès au marché unique jusqu’en 2020. Ce délai pourrait être porté jusqu’à la fin 2021, pour permettre la poursuite des négociations sur un accord commercial. Theresa May semble être ouverte à cette solution, tout en espérant qu’elle ne soit pas utilisée. En effet, au Royaume-Uni, et singulièrement au sein du Parti conservateur de Theresa May, la bataille fait rage entre partisans d’un Brexit dur

et d’un Brexit négocié. Les premiers estiment que la meilleure des solutions serait un retrait pur et simple de l’UE, sans signature d’aucun accord. Une perspective qui n’est plus une vue de l’esprit. « Nous avons ce soir demandé à la Commission de travailler avec encore plus de vigueur sur le scénario du “no deal”. Ce n’est pas que nous nous attendons à ce que cela arrive, mais nous devons être préparés », a informé Mark Rutte, le premier ministre des Pays-Bas, jeudi soir. Plusieurs pays, dont la France, ont déjà commencé à travailler à des décrets et des lois pour se préparer à cette hypothèse, qui conduirait à la restauration de contrôles douaniers pour les marchandises en provenance du Royaume-Uni. Inclure l’Irlande du Nord dans un « filet de sécurité »

Selon la chancelière Angela Merkel, l’accord est prêt « à 90 % ». Si les négociations butent, c’est sur l’épineuse question de l’Irlande du Nord. Un problème qui ne sera pas résolu par une extension de la période transitoire. L’idée des Européens est d’inclure l’Irlande du Nord, actuellement sous souveraineté britannique, dans un « filet de sécurité ». En d’autres mots : l’Irlande du Nord resterait dans le marché unique. Cela permettrait d’éviter de réinstaller une frontière physique entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande, dans le but de sauver les accords de paix de Pâques, signés en 1998. La fin de la frontière a permis un développement de l’Irlande du Nord. Et à la faveur du Brexit, croît en République d’Irlande l’espoir que les comtés du Nord rejoignent, à terme, la République. Gaël De Santis, l’Humanité du 19/10/2018


PCF PCF GIRONDE

CONGRÈS DES JEUNES COMMUNISTES

Résolution du conseil départemental

Appel à souscription

Après le vote des communistes sur le texte servant de base commune à leur congrès, la direction du Parti communiste en Gironde réunissait un Comité départemental élargi, le 17 octobre, afin d’aborder la suite du déroulement du congrès mais aussi les prochaines échéances électorales et la situation politique. Nous publions ci-dessous la résolution adoptée à l’issue de cette réunion. « Les communistes ont choisi pour base commune de discussion le texte Pour un manifeste du Parti Communiste du XXIe siècle en vue de notre 38e congrès. C’est désormais le texte commun à tous les adhérents à partir duquel nous devons mener nos travaux, congrès de sections, congrès départemental et congrès national du 23 au 25 novembre 2018. Nous saluons l’engagement des centaines d’adhérentes et d’adhérents qui ont participé aux réunions de cellules ou de sections et au scrutin des 4, 5 et 6 octobre dernier. L’engagement des communistes dans les travaux du congrès est un atout pour la réussite de notre congrès. La situation sociale et politique de notre pays, la crise du Capitalisme, la crise écologique, la crise sociale et politique, les évolutions dans le monde du travail, dans la société nous obligent à approfondir nos débats. Nous formulons 4 grands principes qui pourraient guider notre travail pour réussir notre congrès, et mener

à bien nos travaux en formulant des choix clairs qui donnent à voir une ambition politique renouvelée pour notre Parti, pour la France et l’Europe. 1 - Nous devons respecter le choix des communistes et veiller à ce que l’ensemble des questions posées soient traitées dans les instances dont nous nous sommes dotés, la commission du texte, la commission de transparence des débats et celle des candidatures, les congrès de sections et le congrès départemental. 2 - Nous devons veiller à la transparence de nos débats et à ce que toutes les questions soient soumises au débat des communistes : orientations, rôle et composition de nos directions. 3 - Les communistes girondins peuvent se rassembler autour du texte du Manifeste pour un Parti communiste du XXIe siècle en répondant aux questions suivantes : Quel bilan de la période passée ? Quelle stratégie politique ? Quel rôle de nos directions et notamment du Conseil National, mais aussi fédéral et de sections. Quelle conception de la démocratie face à la dictature de la finance ? Nous devons également poursuivre nos travaux sur l’analyse de la société, celle des mouvements et de ses transformations, des obstacles et des leviers qui existent dans la société d’aujourd’hui pour sa transformation. Enfin quelles transformations de notre Parti ? Quelles expérimentations nous mettons en œuvre jusqu’à notre

prochain congrès pour des modifications statutaires ? Ce sont des axes sur lesquels nous pouvons organiser le débat des communistes. 4 - Nous ne faisons pas un congrès pour nous même, mais pour ouvrir une perspective de changement réel dans notre pays. C’est cette ambition qui doit nous guider dans nos travaux. Une chose nous rassemble, nous avons la conviction que les conditions du dépassement du Capitalisme existent et que cette question se pose à l’échelle d’une vie humaine. Nous avons la conviction qu’il faut construire une alternative aux politiques d’austérité et notamment à la majorité présidentielle actuelle. Nous pensons que la lutte des classes est et reste le moteur du changement réel et que nous devons travailler à l’élévation du niveau de conscience du salariat dans sa diversité, son unification et son rassemblement autour de la conquête d’avancées sociales, écologiques et démocratiques, afin notamment de contester le mode de développement, de production et d’échange actuel. C’est à partir de ces 4 grands principes que nous construirons le rassemblement des communistes autour de choix clairs, ambitieux qui donnent à voir quel rôle nouveau peut jouer notre Parti dans la société française. Nous appelons donc l’ensemble des communistes à participer, contribuer, s’exprimer dans le cadre des congrès de sections sur l’ensemble des questions qui se posent à nous. »

POUVOIR D’ACHAT

Les Français passent encore à la caisse Les députés communistes ont déposé une cinquantaine d’amendements sur le Budget 2019, pour défendre des enjeux prioritaires : le pouvoir d’achat, la justice sociale et l’environnement. Ci-dessous leur analyse et propositions. Le gouvernement est englué dans un bonneteau fiscal totalement illisible sur le plan économique : un peu moins de taxe d’habitation par ici, davantage de CSG par là, des cotisations sociales supprimées là, le tout saupoudré de taxes renforcées. Mais les effets concrets de cette politique d’un autre temps se font sentir dans le quotidien de nos concitoyens. Ils l’observent partout : sur le montant de leurs pensions, sur leurs fiches de paie, sur le prix des mutuelles, à la pompe ! Au mieux, bénéficieront-ils d’une hausse de pouvoir d’achat qu’ils perdront ailleurs, en services publics dégradés, en inégalités renforcées, en qualité de vie altérée. Au pire, ils subiront une dégradation inacceptable de leurs conditions de vie. Le quasi gel des prestations sociales viendra pénaliser lourdement les plus fragiles. Ainsi, les cartes ont été volontairement brouillées pour dissimuler un projet politique qui organise un vaste trans-

fert de richesses dans notre pays. Un projet qui fait des riches et des grands groupes les vrais assistés de notre République. À cet égard, une étude publiée mioctobre par l’Institut des Politiques publiques montre que le pouvoir d’achat des 0,1 % les plus riches va progresser de 86 000 euros par an, en moyenne. Pas de bonneteau fiscal pour ces derniers. Cette même étude désigne aussi les grands perdants de cette politique : les 20 % des ménages français les plus modestes connaitront une baisse conséquente de leur revenu disponible. Sans ambiguïté et à rebours des choix d’une majorité qui s’adressent à une minorité de privilégiés, les parlementaires communistes proposent des mesures fortes qui viendront augmenter le pouvoir d’achat de l’immense majorité de nos concitoyens. Ces propositions s’attaquent à la vie chère qui pénalise les plus fragiles. Face au capital, le travail doit retrouver toute sa valeur. Il doit être rémunéré correctement, dans le secteur privé et dans la fonction publique. Les retraités, variable d’ajustement budgétaire de ce gouvernement, doivent retrouver la place qui leur est due dans notre société.

Les propositions des députés communistes

Stop à la vie chère : baisser la TVA de 20 à 19 % ; appliquer un taux de TVA réduit à 5,5 % à certains bien du quotidien ; taxer plus lourdement les logements vacants pour influer sur la pénurie en zone tendue ; maintenir l’abattement fiscal de 1960 pour les ultramarins afin de compenser le coût de la vie ; augmenter le taux d’avance de 60 à 70 % pour les crédits d’impôts et compenser les problèmes de trésorerie liés à la mise en place du prélèvement à la source. Valoriser le travail : augmenter le Smic de 7 % pendant 4 ans pour faire passer de 1 150 à 1 500 € net par mois ; augmenter le point d’indice des fonctionnaires (coup de pouce de 2 milliards d’euros pour 2019) ; limiter les écarts de salaire dans l’entreprise. Financer la solidarité : revaloriser les pensions et éradiquer les pensions inférieures au seuil de pauvreté ; revaloriser les APL, allocations familiales et le RSA ; rétablir la demi-part supplémentaire pour les personnes vivant seules (« demi part de veufs et veuves ») ; rétablir l’exonération d’impôt sur les majoration de retraite ou de pension pour charges de famille (supprimée en 2014) ; supprimer la taxe CASA.

Les 13, 14, 15 et 16 décembre prochains aura lieu le 42e congrès du Mouvement des Jeunes Communistes de France. À cette occasion, ainsi que le 20 octobre et lors de leur congrès départemental du 15 et 16 novembre à Bordeaux, les jeunes communiste ont la tâche de repenser leurs objectifs, leurs actions, leur organisation ainsi que leurs statuts, afin de rester un mouvement de jeunesse, communiste, féministe et révolutionnaire, efficace sur le terrain comme dans ses revendications et dans ses idées. Grâce à de nombreuses adhésions depuis septembre, 7 militants de Gironde pourront être mandatés pour participer au Congrès national. Mais le mandat étant fixé à 150 euros par délégué, ce sont 1 050 euros qui devront être versés. Les jeunes communistes comptent donc sur la solidarité des sections du PCF pour les aider à financer les mandats. Toute souscription personnelle est également la bienvenue. Contact : MJCF Gironde – 15-17 rue Furtado, 33000 Bordeaux jeunes.communistes33@gmail.com PRÉSIDENT DES RICHES, AN II

L’injustice fiscale comme projet Pour les députés communistes, le projet de budget 2019 constitue l’an II du « Président des riches ». Leurs analyse et propositions pour la justice fiscale ci-dessous. Contrairement à ce que les gouvernements successifs ressassent depuis 30 ans, le problème n’est pas le coût du travail mais bien celui du capital. La France n’est-elle pas l’incontestable champion du monde de la distribution de dividendes ? Cette captation des richesses par une infime minorité est insupportable. C’est pourtant le sens de la politique menée par l’exécutif et sa majorité, illustrée par la suppression de l’ISF et l’instauration de la flaxtax à 30 % sur les revenus de l’épargne. Le projet de budget pour 2019 constitue l’an II du « Président des riches » que nous dénoncions l’an dernier. Le cumul du CICE et de la suppression de cotisations sociales patronales coûtera ainsi 40 milliards d’euros (l’équivalent de 1,8 points de PIB). Jusqu’à quand va-t-on continuer à déverser ce « pognon de dingue », sans condition, sans ciblage, sans fléchage et donc sans efficacité ? Ces montants montrent que notre pays dispose des marges de manœuvre budgétaires pour mener une autre politique. Pour cela, les richesses doivent être mieux réparties à la source. Mais l’outil fiscal doit également garantir la cohésion sociale, économique et territoriale. Il doit aussi être modernisé face aux enjeux de note temps : la financiarisation, la transition écologique, la souveraineté face aux multinationales, la lutte contre l’évasion fiscale et les fractures territoriales. Clé de voûte des propositions des parlementaires communistes : la progressivité de l’impôt, qui doit être préservée et renforcée. Justice fiscale : renforcer la progressivité de l’impôt en établissant un barème sur neuf tranches ; rétablir et renforcer l’ISF ; supprimer la flat tax instaurée en 2018 ; supprimer le « Pacte Dutreil » qui permet la transmission d’entreprises à des conditions beaucoup trop permissives ; augmenter les moyens des collectivités afin qu’elles renforcent les services publics de proximité. Stopper la financiarisation : consolider la TTF en augmentant son taux (0,3 à 0,5 %) et en élargissant son assiette notamment aux opérations infrajournalières ; réduire pour le calcul de l’impôt sur le revenu, le niveau de l’abattement proportionnel sur le montant des dividendes perçus : de 40 % à 20 % ; supprimer la niche « Copé » qui permet la taxation à taux réduit des plus-value à long terme provenant de cession de titres de participation. Un impôt moderne : mettre en place un impôt du XXIe siècle, calculé sur la base des profits réalisés au niveau mondial et au prorata des ventes réalisées en France par rapport aux ventes réalisées dans le monde ; supprimer le CICE dés cette année et le transformer en dispositif conditionné à des engagements en matière d’emploi et d’investissements ; mettre en place un impôt sur les sociétés progressif, allant de 15 à 33,3 % pour soutenir les TPE et PME ; refondre le crédit d’impôt recherche pour financer effectivement la recherche.

SOUSCRIPTION

Tout versement par chèque ouvre droit à une réduction fiscale de 66% du montant versé. (chèque à l’ordre de ADF PCF 33). Les ressources financières du Parti communiste sont transparentes. Votre don, aussi modeste soit-il, contribuera efficacement à la démocratie, à l’expression et la prise d’initiative du Parti communiste. Cet ensemble sont les éléments majeurs pour continuer notre combat dans l’ambition d’une gauche forte et alternative. Les versements sont à envoyer à la fédération de Gironde du PCF - 15 rue Furtado - 33800 Bordeaux, à l’ordre de l’ADF PCF 33

Les Nouvelles 25 octobre 2018 • 7


CULTURE - MÉMOIRE - SOLIDARITÉ PROJECTION DÉBAT

MARTIGNAS

Razan, une trace du papillon

Cérémonie du souvenir des fusillés de Souge

La section du PCF du Bassin d’Arcachon-Val de Leyre accueillera, en partenariat avec Palestine 33, la projection du film documentaire Razan, une trace du papillon (30 min), suivie d’un débat en présence des parents de Razan et du réalisateur gazaoui Lyad ALASTTAL, le dimanche 28 octobre 2018 à 18 h, salle des tennis, rue de la Verrerie à Biganos (entrée libre). Razan el-Najjar, jeune infirmière palestinienne de 21 ans, a été mortellement touchée d’une balle explosive tirée par un sniper de l’armée israélienne le 1er juin 2018, lors de la Grande marche du retour, sur la bordure orientale de Khan Younès, dans le sud de la Bande de Gaza. Secouriste, elle portait une veste avec

le logo des services sanitaires. Le documentaire du réalisateur gazaoui est un témoignage sur la jeune femme, sa famille, ses voisins, et les Marches du retour qui se tiennent tous les vendredis dans la Bande de Gaza depuis le 30 mars 2018. (Plus d’informations sur le site : www.france-palestine.org/ Tournee-francaise-du-film-documentaire-Razan-une-trace-du-papillon) Une projection-débat est aussi proposée par Palestine33-AFPS : - le dimanche 28 octobre à 10h à l’Utopia Bordeaux - le lundi 29 octobre à Libourne, salle du Verdet (12 rue de Toussaint) à partir de 19 h (tournée Le Temps de la Palestine, Palestine33-AFPS et UJFP-Union juive française pour la paix-Aquitaine)

LSR

La saison 18/19 s’annonce bien remplie Loisirs Solidarité des Retraités de la Gironde a fait sa rentrée officielle le 13 septembre en réunissant les adhérents à la Bourse du Travail de Bordeaux, Ce fut l’occasion de présenter les diverses activités de la saison 2018 /2019. Fin septembre, une trentaine d’amis est partie une semaine pour découvrir l’ALSACE autour d’Obernai, ce voyage a permis à 10 d’entre eux de profiter du dispositif ANCV « séniors en vacances ». Les activités régulières ont repris, à savoir : - Tous les lundis, hors vacances scolaires, à 10h30, les cours d’espagnol, animée par une professeure diplômée. - Tous les vendredis de 15h à 16h, des séances de Taïchi permettent d’améliorer notre santé, de favoriser le relâchement, une meilleure coordination et un meilleur maintien. - Une fois par mois alternent les ateliers informatiques et le traitement de la photo numérique (6 novembre) de 10h à 16h et les cours de l’Histoire du Cinéma (13 novembre), animés par Françoise Sourbé. La première rencontre de l’année a eu lieu le 16 octobre à 10h à la salle CEUD de la Bourse du Travail, Pour la troisième année consécutive, après avoir découvert les débuts du cinéma des frères Lumière, puis la créativité et l’humour de Georges Méliès et Max

Linder, nous aborderons un nouveau chapitre de cette histoire autour de Charlie Chaplin. - Une fois par mois le jeudi après-midi (15 novembre) Francis éduque nos palais en nous apprenant à déguster le vin d’ici et d’ailleurs, en complément il proposera cette année de découvrir les travaux de la vigne, une belle façon de nous faire découvrir le métier qu’il a pratiqué. - Le samedi tous les 15 jours, un groupe pratique la marche nordique dans les parcs autour de Bordeaux, le 3 et 17 novembre à Gradignan ; le 1er et le 15 décembre à Lormont. - Le mercredi 14 novembre à 10h30 se poursuivra le CLUB DE CONVERSATION in English, animé par Evelyne qui va tenter de nous faire (re) découvrir la langue de Shakespeare, - Un nouveau rallye découverte est prévu soit le 27 soit le 30 novembre selon les conditions météo du moment, Jean-Louis nous proposera la découverte du quartier des Chartrons. LSR propose aussi de nombreuses autres activités plus ponctuelles : visites d’exposition, voyages, (un séjour raquettes du 3 au 8 février 2019 et un séjour en pension complète à Super Besse pour 250 €)… Plus d’information sur le site : loisirssolidarite-retraites33.e-monsite.com. Ou sur demande par mail : lsr33@ outlook.fr ou par téléphone auprès de Monique Escorne : 06 43 41 50 48

Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest S.A.S. au capital de 37 000 euros Associés (à parts égales) : L. Chollon, F. Mellier, S. Laborde, M. Lavallée Directeur de la publication : Frédéric Mellier Abonnement 1 an : 25 euros. Abonnement de soutien : 40 euros Rédaction, composition, impression : S.A.S. Les Nouvelles de Bordeaux et du Sud-Ouest 15, rue Furtado - 33800 BORDEAUX Tél. 05 56 91 45 06 - Fax 05 56 92 61 01 - Annonces légales : annonces@nbso.fr Comptabilité : compta@nbso.fr - Redaction/Proposition d’article : redaction@nbso.fr @nvlbx Les nouvelles de bordeaux nbso.fr Commission paritaire de presse : 0123 C 85932

8 • Les Nouvelles 25 octobre 2018

Dimanche 21 octobre, Jean Lavie, au nom de l’Association du souvenir des fusillés de Souge, a remercié, pour leur présence, les autorités civiles et militaires, les familles et les citoyens qui perpétuent le souvenir des fusillé de Souge. En voici une synthèse. Les 256 patriotes-résistants étaient d’une extrême diversité d’origines géographiques, sociales, de métiers, d’appartenances aux divers groupes de résistance, d’âge, d’idées. Communistes, socialistes, gaullistes, citoyens sans parti, chrétiens, juifs, francsmaçons, jeunes, moins jeunes, ajusteurs ou armateur, agriculteurs ou militaires, médecins, philosophe ou ouvriers ont lutté avec un objectif commun, celui de bouter hors de nos frontières l’envahisseur et de préserver nos libertés. Ils pouvaient être concurrents, adversaires, ne pas choisir le même mode de résistance, penser que l’autre avait tort. Imaginant un monde futur différent, ils ont su s’unir, face à l’ennemi, difficilement parfois, dans le Conseil National de la Résistance notamment. Ils ont su dégager les axes majeurs de reconstruction d’une société progressiste, faite de conceptions républicaines, de garanties, de droits, de démocratie, qui restent modernes pour peu que nous sachions les conjuguer dans le monde et l’Europe d’aujourd’hui. Qui étaient les 27 fusillés d’origines étrangères ? Israël Leizer Karp fuit sa Pologne natale, vit quelques années en Belgique, se fait renvoyer en Pologne,

revient aussitôt en Belgique avant de se fixer à Martignas. Louis Gustave Rochemont, né en Haïti, fils d’un marin, vit à Bègles, est un militant communiste. Vicente Gonzalez-Angulo, et Lucio Vallina sont des communistes actifs dans les FTP. Jean Rodriguez fait le lien entre les organisations espagnoles et le PCF. Tous trois sont espagnols. Stanislas Ryps, polonais, vit à Nantes. Au nom du groupe de Résistance Hévin-Barreau-Bouvier, il accom-

pagne un pilote de la Royal Air Force vers les Pyrénées. Jacques Palacin, espagnol, membre d’Honneur et Patrie de Charente Maritime, reçoit des parachutages à Saint-Just et organise le transport des armes. Prévenu à temps lors des arrestations du groupe, il se cache, mais revient voir sa femme et ses enfants. Guisto Carioni, Giuseppe Montanari et Werter Saïelli, italiens antifascistes sont engagés dans de nombreux sabotages initiés par le groupe FTP Bourgois, groupe M.O.I section des italiens autour du Vigean. Ils organisent aussi un attentat contre un officier des renseignements italiens à Bordeaux. Eugène Strauss (Allemand) et Martin Wittemberg (Hongrois), réfugiés

Le 21 octobre au matin, un hommage a aussi été rendu à Gaston et Renée Reyraud, communistes et résistants, lui, fusillé au camp de Souge, elle, arrêtée, déportée, survivante, sera conseillère municipale de Pessac et première femme députée de la Gironde. Dépots de gerbes de l'ARAC, du PCF et de la municipalité de Pessac.

en Dordogne, arrêtés avec tous les hommes du village de Saint Michel de Double, figurent sur la liste des israélites. « Les six soviétiques », Gregori Balonowski, Michaël Erefeew, Michaël Gembajev, Gregori Gorobzov, Vassili Iltschinko et Gregori Stupakov, enrôlés de force dans l’armée allemande ont fomenté une rébellion dans leur cantonnement à Soulac. Les frères Garcia, Dionisio et Casimiro, d’origine espagnole, sont engagés dans le groupe-franc Marc, chargés des transports d’armes et de sabotages de voies ferrées. Alphonse Fellmann, allemand d’origine, réfugié d’abord à Colmar, appartient au maquis de Vignes-Oudides en Médoc. Il monte la garde lors de l’attaque du maquis de Liard par les Allemands et la milice. René Moretto, italien, circule à vélo près de la Ferme de Richemont lors de l’attaque des Allemands et de la milice le 14 juillet 1944 et est arrêté. Il est homologué soldat FFI maquis de Saucats. Leandro Virgil est espagnol né à Gijon, nous ne savons rien de son action. Enfin quatre sont des fusillés du Train Fantôme. Deux étaient espagnols : José Figueras-Alemada et Joseph Uchsera, combattants républicains, enfermés au Vernet après la guerre d’Espagne puis à Toulouse. Emilio Périn, lui, est italien et engagé dans l’Armée Secrète. Litman Nadler est roumain. Appelé docteur Madeleine car il est étudiant en médecine à Toulouse, il est inscrit sur la liste des victimes du Mouvement de Libération Nationale. Comme pour les victimes de nationalité française, nous retrouvons la même grande diversité : géographique, d’âge, mais aussi d’engagement dans les diverses formes et mouvements de résistance, et la même volonté de se battre pour préserver les droits humains fondamentaux. Dans l’immédiat après-guerre beaucoup n’ont pas été reconnus « Mort pour la France ». Notre association a l’intention de demander cette reconnaissance et nous savons pouvoir compter sur l’aide de chacun d’entre vous pour obtenir cet ultime hommage. Merci.


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.