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1 Effets de l’ancienneté des entreprises sur la croissance de l’emploi

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technologie à l’échelle internationale ainsi qu’un vecteur de partage de connaissances à l’échelle locale. L’ampleur et la qualité de la croissance de l’emploi dans le secteur manufacturier peuvent donc être générés autant par la croissance des exportations que par l’expansion de la demande intérieure. Ainsi, la capacité des fabricants nationaux à saisir les opportunités offertes par les réseaux de production internationaux et à être compétitifs au sein des chaînes de valeur des marchés nationaux, continentaux et mondiaux déterminera fortement l’intensité et la vitesse de l’industrialisation.

En effet, la majorité des activités manufacturières se déploient à travers des chaînes de valeur mondiales (CVM) de sorte que de nombreuses entreprises situées dans différents pays participent désormais au processus de production, depuis la conception du produit et l’achat des matériaux et composants jusqu’à sa livraison aux utilisateurs finaux du marché mondial. Cette fragmentation du processus manufacturier, échelonné sur différents maillons de la chaîne de valeur qui dépassent les frontières nationales, permet aux pays en développement de s’industrialiser. Cette fragmentation a donné à certains pays l’occasion d’entamer leur industrialisation en commençant par se spécialiser dans des tâches à faible valeur ajoutée pour lesquelles ils disposent d’un avantage comparatif au sein d’une CVM spécifique, tout en investissant de façon active dans des activités dont le but final est de générer un avantage comparatif pour des tâches à plus forte valeur ajoutée. Ce contexte offre de nouvelles opportunités dont les décideurs politiques peuvent tirer profit et à partir desquelles ils peuvent établir des stratégies afin d’optimiser l’impact de l’industrialisation dans le cadre des CVM.

Cette étude réévalue les perspectives d’industrialisation des pays d’Afrique subsaharienne via leur intégration dans les CVM, tout en examinant le rôle des mesures politiques dans l’amélioration de ces perspectives. L’industrialisation devrait fortement stimuler la croissance de l’emploi en Afrique subsaharienne et présente un potentiel de transformation pour de nombreuses régions du continent. C’est pourquoi il paraît nécessaire de se concentrer sur la création d’un environnement politique adéquat permettant aux pays de s’intégrer aux CVM du secteur manufacturier et ainsi favoriser leur développement industriel. Cependant, les pays de la région n’étant pas toujours en mesure de saisir ces opportunités, deux questions étroitement liées se posent. Tout d’abord, quelles sont les perspectives de gains importants et durables en terme d’emploi et de productivité qui s’offriraient aux pays de la région intégrés à des CVM de l’industrie manufacturière? Ensuite, les politiques industrielles peuvent-elles jouer un rôle permettant d’optimiser ces perspectives – et si oui, lequel ? Pour répondre à ces questions, il convient de les replacer dans le contexte de la quatrième révolution industrielle (qui désigne l’automatisation progressive des activités manufacturières traditionnelles et des pratiques industrielles à l’aide des technologies modernes) et du protectionnisme croissant appliqué par les pays développés.

Les perspectives d’industrialisation varient forcément d’un pays à l’autre en fonction des ressources naturelles disponibles et du cadre politique de départ. Aussi toute analyse de la région devra-t-elle prendre en compte l’hétérogénéité même de celle-ci. Par ailleurs, ces perspectives doivent être évaluées au niveau national en prenant en compte le contexte des nouvelles technologies numériques, l’évolution des chaînes de valeur mondiales et régionales, ainsi que les répercussions de ces transformations sur les accords commerciaux régionaux et le système commercial international de manière générale.

En dépit de l’importante hétérogénéité des pays du continent, tout tend à indiquer que l’Afrique n’a pas connu de désindustrialisation précoce. Par ailleurs, la création d’emplois dans le secteur manufacturier a été essentiellement stimulée par la création de nouvelles entreprises ainsi que par la croissance des jeunes entreprises comme cela a été observée dans les économies les plus avancées. Cette dynamique est particulièrement apparente lors de la première phase du processus de croissance de l’emploi, lorsque les employeurs bénéficient d’un environnement caractérisé par une « offre de main-d’œuvre illimitée » et peuvent employer toujours plus de travailleurs à des salaires relativement constants. Cependant, en se basant sur les cas spécifiques de certains cas pays, on constate que cette phase de croissance de l’emploi n’est jamais durable, car dans les pays concernés, les salaires ont augmenté au cours des dernières années. En raison de ce phénomène de hausse des salaires, la création d’emplois doit davantage reposer sur une croissance soutenue de la productivité pour rester vigoureuse.

Les analyses des dynamiques de productivité au niveau des entreprises démontrent que le fait de participer au commerce international améliore la productivité et permet de générer des emplois en plus grand nombre et de meilleure qualité, aussi bien dans le secteur manufacturier que dans le reste de l’économie (par le biais des liaisons en amont et en aval). En particulier, l’intégration des entreprises locales dans les CVM facilite le processus d’industrialisation, car le commerce international et l’intégration continentale constituent des débouchés cruciaux pour la production intérieure (exportations), ainsi qu’une source importante d’intrants (importations).

Bien que l’intégration aux CVM se traduisent généralement par la croissance de l’emploi et de la productivité dans le secteur manufacturier, et que les pays se soient industrialisés à travers les chaînes de valeur, les activités actuelles du continent au sein des CVM se font principalement via une intégration en aval. En outre, le degré de participation de chaque pays aux CVM dépend, entre autres facteurs, des ressources naturelles à sa disposition et de sa géographie. Dans les pays riches en ressources naturelles, les réformes politiques qui ciblent tout particulièrement la montée en gamme au sein des CVM peuvent offrir des opportunités d’industrialisation.

Si les politiques visant à favoriser l’industrialisation veulent renforcer l’insertion du pays au sein des chaînes de valeur mondiales, elles doivent d’abord

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