2 L’industrialisation en Afrique subsaharienne
technologie à l’échelle internationale ainsi qu’un vecteur de partage de connaissances à l’échelle locale. L’ampleur et la qualité de la croissance de l’emploi dans le secteur manufacturier peuvent donc être générés autant par la croissance des exportations que par l’expansion de la demande intérieure. Ainsi, la capacité des fabricants nationaux à saisir les opportunités offertes par les réseaux de production internationaux et à être compétitifs au sein des chaînes de valeur des marchés nationaux, continentaux et mondiaux déterminera fortement l’intensité et la vitesse de l’industrialisation. En effet, la majorité des activités manufacturières se déploient à travers des chaînes de valeur mondiales (CVM) de sorte que de nombreuses entreprises situées dans différents pays participent désormais au processus de production, depuis la conception du produit et l’achat des matériaux et composants jusqu’à sa livraison aux utilisateurs finaux du marché mondial. Cette fragmentation du processus manufacturier, échelonné sur différents maillons de la chaîne de valeur qui dépassent les frontières nationales, permet aux pays en développement de s’industrialiser. Cette fragmentation a donné à certains pays l’occasion d’entamer leur industrialisation en commençant par se spécialiser dans des tâches à faible valeur ajoutée pour lesquelles ils disposent d’un avantage comparatif au sein d’une CVM spécifique, tout en investissant de façon active dans des activités dont le but final est de générer un avantage comparatif pour des tâches à plus forte valeur ajoutée. Ce contexte offre de nouvelles opportunités dont les décideurs politiques peuvent tirer profit et à partir desquelles ils peuvent établir des stratégies afin d’optimiser l’impact de l’industrialisation dans le cadre des CVM. Cette étude réévalue les perspectives d’industrialisation des pays d’Afrique subsaharienne via leur intégration dans les CVM, tout en examinant le rôle des mesures politiques dans l’amélioration de ces perspectives. L’industrialisation devrait fortement stimuler la croissance de l’emploi en Afrique subsaharienne et présente un potentiel de transformation pour de nombreuses régions du continent. C’est pourquoi il paraît nécessaire de se concentrer sur la création d’un environnement politique adéquat permettant aux pays de s’intégrer aux CVM du secteur manufacturier et ainsi favoriser leur développement industriel. Cependant, les pays de la région n’étant pas toujours en mesure de saisir ces opportunités, deux questions étroitement liées se posent. Tout d’abord, quelles sont les perspectives de gains importants et durables en terme d’emploi et de productivité qui s’offriraient aux pays de la région intégrés à des CVM de l’industrie manufacturière? Ensuite, les politiques industrielles peuvent-elles jouer un rôle permettant d’optimiser ces perspectives – et si oui, lequel ? Pour répondre à ces questions, il convient de les replacer dans le contexte de la quatrième révolution industrielle (qui désigne l’automatisation progressive des activités manufacturières traditionnelles et des pratiques industrielles à l’aide des technologies modernes) et du protectionnisme croissant appliqué par les pays développés.