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Ressources naturelles et participation aux CVM du secteur manufacturier
Disparités entre pays exportateurs de pétrole, pays exportateurs de minerais et de métaux, et pays pauvres en ressources naturelles
Dans le groupe des pays pauvres en ressources naturelles, on constate que les entreprises manufacturières rwandaises, de manière générale, présentent des taux d’intégration plus élevés avec les CVM que les entreprises analogues du Malawi, du Sénégal et de l’Ouganda. Cependant, les liens en amont sont plus forts en Ouganda et au Malawi ; par ailleurs, les liens en amont de l’Ouganda se sont essentiellement développés entre 1995 et 2015, comme le montre le graphique 4.4. En outre, les liens avec les CVM ont augmenté dans certains pays (au Malawi et en Ouganda, par exemple) mais ont baissé dans d’autres (comme au Rwanda et au Sénégal).
Parmi les pays exportateurs de minerais et de métaux, la République démocratique du Congo présente le taux de participation aux CVM le plus élevé en raison de liens en aval particulièrement importants, tandis que l’Afrique du Sud présente le taux d’intégration en amont le plus élevé (graphique 4.5). Si les taux de participation aux CVM sont plus élevés en Zambie qu’au Ghana, les liens en aval sont légèrement plus élevés au Ghana. Par ailleurs, les taux d’intégration en amont et aval ont augmenté au Ghana, en République démocratique du Congo et en Afrique du Sud, tandis qu’en Zambie, ceux-ci sont restés stables (pour les
Graphique 4.4 Liens avec les CVM du secteur manufacturier : pays pauvres en ressources
Intégration dans les CVM (en %) 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 –10 –20 34 44
24 29
Malawi Rwanda
Intégration en amont 2015 ∆ Participation aux CVM 2015–1995 ∆ Intégration en aval 2015–1995 Intégration en aval 2015 ∆ Intégration en amont 2015–1995
Participation aux CVM 2015
Sénégal Ouganda
Source : Abreha et al., 2019. Note : CVM = chaîne de valeur mondiale.
Graphique 4.5 Liens avec les CVM du secteur manufacturier : pays exportateurs de minerais
et de métaux
Intégration dans les CVM (en %) 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 –10 –20 65
27
Congo, Rép. dém. Ghana
Intégration en amont 2015 ∆ Participation aux CVM 2015–1995 ∆ Intégration en aval 2015–1995 Intégration en aval 2015 ∆ Intégration en amont 2015–1995
Participation aux CVM 2015
Source : Abreha et al., 2019. Note : CVM = chaîne de valeur mondiale. 39
31
Afrique du Sud Zambie
liaisons en aval) ou ont décliné (pour l’intégration en amont). Parmi les pays exportateurs de pétrole, si les taux de participation sont plus élevés au Nigeria qu’au Cameroun, ils ont cependant décliné au Nigeria (graphique 4.6). Ainsi, l’augmentation des taux de participation ne s’applique pas à l’ensemble des pays riches en ressources naturelles.
Caractéristiques nationales facilitant l’intégration aux CVM du secteur manufacturier
Les liens avec les CVM du secteur manufacturier sont facilités par le volume et la structure d’une économie, la proximité d’économies plus importantes, les langues et frontières communes, ainsi que les accords commerciaux régionaux et les liens avec les anciennes puissances coloniales.
Les disparités entre les pays appartenant à un même groupe en matière de taux de participation peuvent s’expliquer par certains des facteurs évoqués dans l’annexe 4A. Les taux de participation aux CVM des entreprises locales seront souvent plus élevés lorsqu’il existe des partenaires dans les économies plus importantes, dans les pays voisins, ainsi que dans les pays où il subsiste des liens liés au passé colonial. L’insertion dans les CVM du secteur manufacturier pourra également être favorisée par l’existence d’accords commerciaux régionaux communs. L’éloignement géographique
Graphique 4.6 Liens avec les CVM du secteur manufacturier : pays riches en ressources
pétrolières
Intégration dans les CVM (en %) 70
60
50
40
30
20
10
0
–10
–20 33 59
Cameroun
Intégration en amont 2015 ∆ Participation aux CVM 2015–1995 ∆ Intégration en aval 2015–1995 Intégration en aval 2015 ∆ Intégration en amont 2015–1995
Participation aux CVM 2015
Nigeria
Source : Abreha et al., 2019. Note : CVM = chaîne de valeur mondiale.
vis-à-vis des principaux marchés internationaux constitue un autre facteur important affectant les liens avec les CVM du secteur manufacturier, mais on constate que cela est uniquement le cas pour les pays pauvres en ressources1. Ces facteurs, identifiés comme ayant une influence potentielle sur la participation aux CVM du secteur manufacturier, s’appliquent à la fois aux liens en amont et en aval.
Disparités au niveau de l’intensité, de la croissance et de la direction des liens avec les CVM
Les disparités identifiées entre différents secteurs en matière d’intensité, de croissance et de direction des liens avec les CVM, que ce soit au sein d’un même pays ou au sein d’un groupe de pays, peuvent permettre de déterminer les politiques industrielles destinées à tirer profit des avantages comparatifs en vue de faciliter l’insertion dans les CVM du secteur manufacturier.
En 2015, dans certaines branches telles que l’industrie des aliments et des boissons ainsi que celle des textiles et de l’habillement, les liens avec les CVM étaient sensiblement plus importants dans le groupe des pays pauvres en ressources que dans le groupe de pays de référence. Cette intégration plus importante dans le secteur des aliments et des boissons est la conséquence d’une plus grande proportion de contenu importé dans les exportations du groupe de pays pauvres en ressources pour ce secteur, comme l’indiquent les statistiques
de liens en amont (graphiques 4.7 et 4.8). La part des exportations d’aliments et de boissons dont la finalité était de servir d’intrants pour les exportations du pays de destination vers des tiers était légèrement plus élevée dans les pays de référence, ce qui est la conséquence d’une exportation de produits intermédiaires comparativement moins grande dans les pays pauvres en ressources. Les liens avec les CVM du secteur manufacturier se sont considérablement étiolés dans les sept industries du groupe de pays pauvres en ressources au cours de la période analysée.
Dans les pays qui exportent des minerais et des métaux, les liens avec les secteurs des textiles et de l’habillement, ainsi que du matériel électronique et des machines, étaient plus importants que dans les pays de référence ; les liens en aval étaient plus forts dans le domaine du matériel électronique et des machines car l’industrie exportait davantage de produits intermédiaires en 2015. La part de contenu importé dans les exportations de matériel électronique et de machines, tel que mesuré par les taux d’intégration en amont, était similaire dans les deux groupes de pays. Cependant, dans les pays de référence, on a constaté un étiolement des liens avec les CVM dans les domaines du matériel électronique et des
Graphique 4.7 Liens avec les CVM du secteur manufacturier par secteur économique : pays
de référence
Intégration dans les CVM (en %) 100 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 –10 20 29 75
65 85
49 62
55
–20 Produits alimentaires etboissons boissonsTextiles et vêtements Bois et papier Produits pétroliers, chimiques etminéraux non métalliquesProduits métallurgiquesMatériel électrique et machinesMatériel de transportTous secteurs manufacturiers
Intégration en amont 2015 Intégration en aval 2015 ∆ Participation aux CVM 2015–1995 ∆ Intégration en amont 2015–1995 ∆ Intégration en aval 2015–1995 Participation aux CVM 2015
Source : Abreha et al., 2019. Note : CVM = chaîne de valeur mondiale.
Graphique 4.8 Liens avec les CVM du secteur manufacturier, par industrie : pays pauvres en
ressources naturelles
100
Intégration dans les CVM (en %)
90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 –10 –20 24 36 48
51 58
50 62
37
–30 Produits alimentaireset boissonsTextiles et vêtements Bois et papier Produits pétroliers, chimiqueset minéraux non métalliquesProduits métallurgiquesMatériel électrique et machinesMatériel de transportTous secteurs manufacturiers
Intégration en amont 2015 Intégration en aval 2015 ∆ Participation aux CVM 2015–1995 ∆ Intégration en amont 2015–1995 ∆ Intégration en aval 2015–1995 Participation aux CVM 2015
Source : Abreha et al., 2019. Note : CVM = chaîne de valeur mondiale.
machines en raison d’une diminution des liens en amont, tandis qu’en Afrique subsaharienne, sur la même période, les liens en amont ont augmenté dans ce secteur pour les exportateurs de minerais et de métaux (graphiques 4.7 et 4.9).
Caractéristiques des établissements liés aux CVM
De manière générale, les entreprises qui sont liées aux CVM dans la mesure où elles exportent des produits contenant des biens intermédiaires importés sont des entreprises d’assez grande envergure, comportant plus de 100 employés, en activité depuis au moins cinq ans et financées par des capitaux étrangers ou utilisant des licences technologiques étrangères.
Les entreprises participant aux CVM qui importent des biens intermédiaires pour ensuite les réexporter sont davantage susceptibles d’être détenues par des investisseurs étrangers (ou de bénéficier d’investissements directs étrangers) que les autres entreprises manufacturières, tout particulièrement dans des pays tels que le Kenya, le Sénégal et l’Ouganda dans le groupe de pays pauvres en ressources naturelles ; le Ghana et la Zambie dans le groupe de pays riches en minerais et en métaux ; et le Cameroun et le Nigeria parmi les pays exportateurs de pétrole. C’est également le cas dans les pays de comparaison clés, notamment en Indonésie et
Graphique 4.9 Liens avec les CVM du secteur manufacturier, par industrie : pays
exportateurs de minerais et de métaux
100
Intégration dans les CVM (en %) 90 80 70 60 50 40 30 20 10 0 22 45 45 84
53 71
52 45
–10 Produits alimentaireset boissonsTextiles et vêtements Bois et papierPetroleum, chemical andnon-metallic mineralproductsProduits métallurgiquesMatériel électrique et machinesMatériel de transportTous secteurs manufacturiers Intégration en amont 2015 Intégration en aval 2015 ∆ Participation aux CVM 2015–1995 ∆ Intégration en amont 2015–1995 ∆ Intégration en aval 2015–1995 Participation aux CVM 2015
Source : Abreha et al., 2019. Note : CVM = chaîne de valeur mondiale.
au Vietnam. Ces établissements sont davantage susceptibles que d’autres d’exercer sous une licence technologique étrangère dans des pays comme l’Ouganda pour le groupe de pays pauvres en ressources naturelles, l’Afrique du Sud dans le groupe de pays riches en minerai et en métaux, ou le Cameroun et le Nigeria pour les pays exportateurs de pétrole – ce qui est également le cas du Vietnam.
Comparaison entre les établissements d’Afrique subsaharienne et les établissements des pays de référence
Il existe des entreprises présentant des liens en amont et en aval dans chaque groupe de pays d’Afrique subsaharienne et dans chaque secteur économique ; celles-ci peuvent être comparées à leurs homologues des pays de référence.
Dans le secteur des textiles et de l’habillement, les établissements ont tendance à exporter des produits comportant du contenu importé – à l’instar des entreprises manufacturières du secteur du textile et de l’habillement situées dans les quatre pays de comparaison. Cela est particulièrement apparent au Kenya et au Sénégal (groupe de pays pauvres en ressources naturelles). Dans l’industrie des produits métalliques, les entreprises sont liées aux CVM à la fois en amont et en aval, ce qui signifie qu’elles exportent des produits comportant du contenu importé. C’est le cas de pays comme
le Kenya (pays pauvre en ressources naturelles), le Cameroun (pays exportateur de pétrole), ainsi que le Ghana, l’Afrique du Sud et la Zambie (pays exportateurs de minerais et de métaux). Dans les CVM du secteur manufacturier liées aux industries des produits chimiques et des produits miniers non métalliques, les entreprises de Côte d’Ivoire et du Kenya (pays pauvres en ressources naturelles), du Ghana, de l’Afrique du Sud et de la Zambie (pays exportateurs de minerais et de métaux) et du Cameroun (pays exportateur de pétrole) fabriquent des produits destinés à l’exportation en utilisant des biens intermédiaires importés. Dans les pays comparatifs, il n’existe pas d’entreprises présentant ce profil pour les industries de produits métallurgiques et les industries de produits chimiques et miniers non métalliques. En revanche, les entreprises vietnamiennes de l’industrie du matériel de transport disposent de liens en amont et en aval avec les CVM du secteur manufacturier, de même que les entreprises indonésiennes de l’industrie du matériel électronique et des machines. En Afrique subsaharienne, il n’existe pas d’entreprises appartenant à ces deux industries qui exportent des produits comportant du contenu importé. Trois grandes caractéristiques peuvent être dégagées concernant les liens de l’Afrique subsaharienne avec les CVM du secteur manufacturier. Tout d’abord, les économies riches en ressources naturelles, du fait de l’exportation de produits bruts, présentent des liens en aval plus importants. Ensuite, les pays pauvres en ressources présentent quant à eux des liens en amont plus importants. Enfin, si les taux de participation sont en augmentation dans les pays riches en minerais et en métaux, ils ont sensiblement baissé dans les pays pauvres en ressources et parmi les pays exportateurs de pétrole. Cependant, les disparités constatées en matière de taux de participation aux CVM au sein des groupes de pays indiquent qu’il existe d’excellentes perspectives d’industrialisation au sein de chaque groupe pour des pays spécifiques.
Caractéristiques des entreprises exclusivement importatrices ou exclusivement exportatrices
Les entreprises participant aux CVM qui se consacrent exclusivement soit à l’importation, soit à l’exportation, représentent en général des structures de taille moyenne employant au moins 20 employés, relativement récentes et davantage susceptibles de bénéficier de capitaux étrangers ou de disposer de licences technologiques étrangères.
Le fait d’exercer sous le régime d’une licence technologique étrangère, ainsi que la présence de capitaux étrangers, sont deux facteurs importants qui influent sur la participation aux CVM du secteur manufacturier. Par ailleurs, les jeunes entreprises de taille moyenne insérées dans des CVM sont susceptibles de présenter des liens soit en amont, soit en aval, mais pas nécessairement ces deux types de liens à la fois. Ainsi, les politiques favorisant l’activité des multinationales au sein de la région doivent permettre de faciliter l’intégration des entreprises au sein des CVM du secteur manufacturier.
Les entreprises d’Afrique subsaharienne présentant des liens en amont ou en aval au sein de ces CVM et qui sont susceptibles de bénéficier de capitaux