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1.2. L’atelierECRIS

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Introduction

Introduction

souvent éloignées des protocoles et règles importés par ces politiques et ces projets.

Les indicateurs quantitatifs ne permettent pas d’appréhender les effets inattendus. • Les analyses des données réalisées par les chercheurs du LASDEL sont toujours ancrées dans le terrain (grounded theory). Le LASDEL ne sépare pas la production des données de leur interprétation, il ne s’enferme dans aucun système théorique préexistant, et privilégie un comparatisme de proximité, permettant des montées progressives en généralité, toujours sensibles aux contextes. • Le LASDEL est une structure collective, où les chercheurs sont habitués à travailler en équipe, en particulier sur des programmes de recherche multi-sites et multichercheurs à visée comparative. C’est dans cette perspective que le LASDEL utilise fréquemment le canevas ECRIS comme phase d’enquête collective initiale précédant les recherches individuelles sur chaque site, qui restent indispensables. • Le LASDEL est une institution de recherche et non un bureau d’études: il négocie les termes de référence de ses programmes, utilise ses propres dispositifs méthodologiques, élabore sur chaque sujet une problématique spécifique. Mais il entend aussi ancrer ses recherches dans des enjeux de société et de développement, et souhaite que ses résultats puissent contribuer à améliorer la qualité des services délivrés et des politiques qui les encadrent. Il engage donc un dialogue permanent avec les institutions publiques au Niger et au Bénin, ainsi qu’avec les partenaires au développement. Le LASDEL développe notamment des programmes de rechercheaction, centrés sur l’identification des innovations internes aux services publics africains.

Dans le cadre de la collaboration avec le CPAN, le LASDEL a, d’une part, organisé et encadré l’enquête collective ECRIS à Niamey suivie des enquêtes sur Zinder et Tahoua et, d’autre part, mené des enquêtes ultérieures afin de contextualiser certains des propos recueillis lors des focus group et histoires de vie pilotés par le CPAN, et d’ouvrir ainsi des pistes non mentionnées dans ces propos.

1.2. L’atelierECRIS

La méthodologie ECRIS est une forme d’enquête collective exploratoire se présentant comme un canevas avec différentes étapes. Ce travail collaboratif permet, d’une part, d’élaborer, d’appliquer et d’affiner un dispositif de recherche et, d’autre part, d’avancer les premières analyses issues des matériaux collectés et d’identifier de nouvelles pistes de recherche. Telle que définie, l’ECRIS peut ressembler, à certains égards, à un «atelier de cadrage», sorte de réunion souvent organisée par des consortiums de chercheurs pour marquer le lancement d’une recherche incluant plusieurs pays et sites d’enquêtes. Elle présente plusieurs différences avec ces réunions dans la mesure où le travail collectif ne se limite pas à améliorer les outils de collecte de données, mais consiste surtout à mener

ensemble des enquêtes de terrain et à en analyser ensemble les résultats. L’ECRIS offre un cadre où la problématique de recherche, jamais close, est alimentée par des débats sur les premières données recueillies. Elle débouche ainsi sur l’élaboration collective d’outils méthodologiques qui permettent d’effectuer des analyses comparatives à partir d’indicateurs qualitatifs communs, et prennent en compte les spécificités contextuelles des sites d’enquête. La pertinence des indicateurs qualitatifs et leur capacité à rendre compte de la réalité étudiée sont régulièrement au centre des discussions des chercheurs. De manière concrète, la réalisation de l’ECRIS comprend trois volets. Il s’agit des volets préparatoire, théorique et pratique.

1. Le volet préparatoire est effectué par 1 ou 2 chercheurs avec quelques assistants de recherche qui sont chargés de se rendre sur les sites d’enquêtes pré-ciblés, d’obtenir les autorisations de recherche auprès des institutions concernées et de repérer quelques groupes stratégiques et enjeux locaux en rapport avec la thématique de recherche.

2. Le volet théorique permet d’expliciter le canevas ECRIS. La problématique ainsi qu’une note préliminaire de méthodologie sont présentées et font l’objet d’un débat entre l’ensemble des participants. Les outils classiques de production des données qualitatives sont revisités à l’aune de la problématique de recherche. Ce deuxième volet est également consacré à un exercice collectif de détermination des groupes stratégiques et d’identification des indicateurs qualitatifs provisoires qui permettront d’orienter les enquêtes.

3. Le volet pratique est celui de la réalisation des enquêtes sur les sites ciblés lors de la phase préparatoire. Ces enquêtes sont menées par tous les participants, organisés en groupes d’enquêteurs. Chacun des groupes d’enquêteurs a la charge d’enquêter auprès d’un ou deux groupes stratégiques. Ces enquêtes peuvent être planifiées sur deux ou trois jours. Concrètement, les matinées sont consacrées aux enquêtes de terrain et les après-midis à la synthèse des matériaux collectés au sein de chaque groupe. Le dernier jour de l’ECRIS est dédié à la rédaction d’une synthèse générale, qui énoncera les premières analyses issues des matériaux produits. Elle sera complétée après des investigations plus poussées et proposera de nouvelles pistes à suivre.

L’atelier ECRIS de la présente recherche s’est déroulé à Niamey avec 16 chercheurs (8 seniors et 8 juniors) sur une variété de sites d’enquêtes ciblant cinq groupes stratégiques :

1. Des acteurs des ONG, associations et syndicats, 2. Des formateurs des secteurs public, privé et associatif,

3. Des membres des communautés: famille, autorités locales administratives et coutumières, jeunes 4. De jeunes employés et leurs employeurs, grands opérateurs nationaux et firmes multinationales, 5. Des cadres institutionnels et PTF (partenaires techniques et financiers).

Les chercheurs ont également procédé à l’identification des indicateurs qualitatifs. Quatre catégories d’indicateurs ont structuré le déroulement des enquêtes: (1) les définitions locales des termesemployés par les acteurs, et leurs perceptions; (2) les stratégies d’accès aux emplois; (3) l’environnement institutionnel et familial; (4) les formations et qualifications.

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