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Annexe B. L’analyse d’ECRIS pour cet article

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Bibliographie

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ANNEX B. L’analyse d’ECRIS pour cet article

Conformément à la planification de l’étude, l’atelier de lancement a été organisé autour du canevas ECRIS1. Il s’est déroulé sur 5jours, du 30 septembre au 4 octobre 2019, au LASDEL. Le présent rapport est un compte rendu de l’atelier et des résultats des enquêtes. Il est structuré en trois parties : (1) une brève présentation de la méthodologie du canevas ECRIS; (2) les principaux résultats des enquêtes ; (3) les pistes pour des enquêtes approfondies.

1. Méthodologie du canevas ECRIS

1.1. Le cadre théorique de l’ECRIS

Le cadre théorique de l’ECRIS avait pour but d’amener les participants à s’approprier la problématique de recherche et la méthodologie élaborée pour sa mise en œuvre. Plus précisément, elle a permis de présenter la recherche dans son ensemble (Aïssa Diarra, LASDEL) et de retracer les contours multidimensionnels de l’emploi des jeunes à partir d’expériences de terrains antérieures (Lucia da Corta, ODI).

Les discussions qui ont suivi ces exposés ont mis en évidence plusieurs points permettant aussi bien de préciser certaines notions que d’élargir les perspectives autour de la problématique de l’emploi des jeunes et de leur inclusion sociale: 1) la définition des concepts, notamment pour la notion de «jeune »; 2) l’actualisation des données statistiques et les réglementations en vigueur dans les secteurs liés à l’emploi des jeunes; 3) la prise en compte de la diversité de la situation des jeunes (milieu urbain vs rural, zone d’insécurité, etc.; 4) les nouvelles formes d’auto-emploi; l’influence de l’environnement sur l’accès à l’emploi ; etc.

1.2. Le cadre pratique de l’ECRIS

En amont des enquêtes proprement dites, deux activités ont été réalisées: la préparation de l’ECRIS et l’identification des indicateurs qualitatifs ainsi que celle des groupes stratégiques. La préparation des enquêtes a mobilisé deux chercheurs seniors (A. Diarra et T. Ali Bako) assistés de deux chercheurs juniors (L. Coulibaly et S. Oumarou). La tenue de plusieurs réunions a permis de procéder à un pré-ciblage des sites, d’une part en population, d’autre part parmi les structures publiques et privées, ainsi que les espaces de travail formel et informel. Ce pré-ciblage des sites a abouti à l’établissement d’une liste provisoire des acteurs clés.

1 Enquête collective rapide d’identification des conflits et des groupes stratégiques.

Lors de l’atelier, 16 chercheurs (8 seniors et 8 juniors) ont établi une liste finale des sites d’enquêtes et des groupes stratégiques.

Les chercheurs ont également procédé à l’identification des indicateurs.

Les enquêtes se sont déroulées sur deux jours. Cinq groupes d’enquêteurs ont été constitués, avec comme responsable un chercheur possédant une solide expérience de la méthodologie ECRIS. Chacun des groupes d’enquêteurs s’est vu attribuer 1 groupe stratégique d’acteurs.

2. Principaux résultats des enquêtes réalisées lors de l’ECRIS

La variété des acteurs clés et les principales structures qui gravitent autour de la problématique de l’accès des jeunes à l’emploi et de leur inclusion sociale met en évidence plusieurs facteurs qui influent sur l’accès des jeunes à l’emploi.

2.1. Facteurs liés au cadre politique et institutionnel

En réponse à une pression de la communauté internationale visant à faire de l’entrepreneuriat un levier de développement pour les jeunes, l’État nigérien a formulé une multitude de politiques réparties entre plusieurs ministères. Il faut toutefois noter que cette effervescence de politiques et la multiplicité des acteurs génèrent des problèmes de coordination et de synergie dans les interventions. La création récente, en 2016, du ministère de l’Entrepreneuriat, dont l’un des objectifs est de centraliser les ressources et les actions entreprises, n’a pu résoudre ces problèmes. Ces politiques sont peu soutenues financièrement par l’État, l’essentiel des ressources provenant de l’aide extérieure. En outre, l’évaluation du Programme National de l’Emploi (2008-2012) n’a pas abouti à l’établissement d’une feuille de route actualisée.

2.2. Facteurs liés aux jeunes

Au moins trois éléments interviennent en tant que facteurs personnels déterminants dans l’accès des jeunes à l’emploi : la confiance, l’engagement personnel, et enfin la formation et l’apprentissage.

La confiance, qui devrait être un atout, est apparue comme faisant défaut aux jeunes, ce qui transparaît dans leur attitude. Il s’agit à la fois d’un manque de confiance en soi et d’un manque de confiance en les politiques et institutions de l’État. Ces deux manques se mêlent dans les attitudes, menant les jeunes à être fermés à toute opportunité provenant des institutions.

L’engagement personnel, qui n’exclut pas forcément le manque de confiance, s’est révélé comme un facteur déterminant pour les processus d’accès à l’emploi.

La formation professionnelle et l’apprentissage peuvent être recherchés de manière active par les jeunes aussi bien dans le secteur formel que dans le secteur de l’informel. L’objectif visé par les centres de formation à divers métiers est de les doter de compétences professionnelles et d’améliorer leur employabilité. Si de bons résultats sont parfois enregistrés, on observe cependant des taux d’abandon élevés en raison: i) du mariage qui met souvent un terme à la formation des jeunes filles;ii)des frais de formation, qui peuvent s’élever à 15000FCFA, et des cotisations hebdomadaires pour l’achat de petit matériel. Ces dépenses sont parfois au-dessus des moyens de certaines familles.

L’apprentissage relève plutôt du secteur de l’informel où nous distinguons deux circuits: l’un lié aux espaces d’apprentissage de métiers tels ceux de garagiste, menuisier, coiffeuse, l’autre est lié au contexte d’apprentissage, à l’image du marché de Katako, une «université à ciel ouvert» pour de nombreux jeunes qui viennent y saisir des opportunités d’apprentissage et d’emploi.

2.3. Facteurs sociaux

Bien souvent, les circuits d’apprentissage ne sont accessibles aux jeunes que lorsqu’ils font partie de réseaux sociaux où les positions des acteurs, la dynamique des interactions entre eux, les stratégies qu’ils mobilisent face aux opportunités et aux contraintes par les jeux de pouvoir, d’influence et d’entraide, façonnent en grande partie les parcours d’accès à l’emploi. Toutefois, si les réseaux sociaux favorisent l’accès à l’emploi, ils peuvent à l’inverse avoir un impact négatif pour les jeunes qui en sont exclus. Le ciblage des jeunes devant bénéficier d’un renforcement de leurs capacités grâce à des programmes spécifiques se limite bien souvent au périmètre des réseaux fermés. Par conséquent, certains jeunes bénéficient de plusieurs soutiens successifs. Cette situation met en évidence les stratégies mobilisées pour capter la rente des programmes de promotion de l’entrepreneuriat.

L’appartenance familiale des jeunes est également un facteur déterminant dans les stratégies d’accès à l’emploi. La famille est d’autant plus riche en capital social et économique que le jeune a plus de chances d’obtenir des opportunités d’emploi, et inversement. Mais le lien entre le «facteur famille » et l’accès des jeunes à l’emploi renvoie à des situations très variées et parfois complexes.

3. Pistes pour des enquêtes approfondies

3.1. Une série de typologies à compléter, stabiliser et documenter

 La définition de la catégorie «jeune » ne permet pas d’aboutir à une homogénéité et une stabilité de la démarche, du fait de sa nature multidimensionnelle. Il existe plusieurs profils de jeunes qu’il faut mettre en évidence pour saisir tout l’éventail des situations, des stratégies et des enjeux qui leur sont associés.

 Il en est de même pour les catégories « métier», «emploi », et «employeur».

3.2. Examiner l’accès des jeunes à l’emploi et la notion de justice sociale.

3.3. L’apprentissage de type Katako existe-t-il dans les deux régions?

3.4. Migration: source de déviance oude professionnalisation?

3.5. Interroger la notion de honte dans le parcours des jeunes

3.6. Documenter la manière dont les jeunes perçoivent l’entrepreneuriat et les programmesinstitutionnels (État et ONGI)

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