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Bonjour à tous pour notre
édition du Menhir de Samain,
Voici notre quatrième et dernière édition de l’année 2015 ! J’espère que vous avez apprécié ces éditions et surtout vous êtes tous les bienvenus pour étoffer l'Echo des tribus avec vos annonces, vos témoignages, contribuer à la Plume du Barde avec photos, dessins, poésies, ainsi que les rubriques Je fabrique moi-même et Sites sacrés dans ma région. Présentez nous vos Clairières, annoncez vos célébrations ou n’hésitez pas à laisser un message si vous êtes en recherche d’autres membres de l’Ordre dans votre région (envoyez moi vos contributions à ).
Redacteurs
Sommaire
Traductrices des textes anglais: Dany Seignabou, Dominique Goedert, LaureAlice Baud, Jody Mohammadioun et Joëlle Lapietra pour l'italien. Le Menhir : Annick Jacq Célébrations : Jean-Jacques Meyfroid Symboles : Dominique Paquot Notre carte du ciel : Myrdhin Dossier archéologie : Annick Jacq/ Jody Mohammadioun Le Monde des plantes sauvages : Florence Laporte FConte celtique et breton : Jody Mohammadioun/Philippe le Maréchal Mise en page et graphisme : Annick Jacq
- Kerzhero (photo de couverture) - Touchstone : Bénédiction des animaux - Traduction : Afagddu (partie II) - Célébration de Samain - La Sombre - Notre ciel pour la fête de Samain - Dossier : Jean-Louis Brunaux et les anciens celtes - Le Dartmoor - La Plume du Barde - La pie qui chante chez les Druides - Archéologie : Silos en Auvergne - Conte breton : Ar Rannou - Les secrets du monde végétal - Sites sacrés dans ma région : Les dolmens de Changé - Les échos des Clairières - Les Clairières de l’OBOD
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Les alignements de Kerzhero
Classés Monuments Historiques en 1862, les 195 mégalithes, situés sur la commune d’Erdeven (56), sont orientés est-ouest. Ces alignements font actuellement 200 m de long sur cinq rangées. Datés de -5 000 à -2 000 avant J.-C., on pouvait en compter alors 1130 sur 11 rangées, et l’ensemble devait faire 2 km de long sur 65 m de large. La construction de la voie ferrée Trinité-Étel au XIXe siècle a coupé les lignes de menhirs à l’ouest. Les blocs enlevés ont été entassés sur le côté ouest. La partie occidentale (une dizaine de files au départ) a été recoupée
en 1877 par la R.D. 781, sans doute au niveau de son enceinte terminale. En 1884, Félix Gaillard signalait à Erdeven 1 100 menhirs debout et 5 000 couchés. A 80 mètres au nord de l’extrémité occidentale des alignements se dresse une file transversale de menhirs, orientée approximativement nord-sud. Elle comporte plusieurs menhirs de très grande taille, les Géants de Kerzhero (la photo de couverture présente l'un d'eux), dont quelques-uns ont été redressés par Félix Gaillard à la fin du XIXe siècle.
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Les Alignements de Kerzhero ont quelque chose de fascinant
: moins fréquentés que les alignements de Carnac, ils ont conservé un certain mystère. Certaines pierres surprendront d’ailleurs par leur forme.
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Benedictions des animaux Benediction du cerf Nous t’apportons la bénédiction du Cerf La bénédiction de la dualité – du masculin et du féminin De la dignité, de la majesté et de la fierté De la douce grâce et de l'humilité.
Nous t’apportons la bénédiction du Cerf Que vous puissiez vous ouvrir à votre vulnérabilité Car seul dans la vulnérabilité, vous trouverez la force. Où vous pourrez apprendre à vous faire confiance Et à ne pas craindre la part de vous encore inconnue.
Nous t’apportons la bénédiction du Cerf La sagesse de savoir quand il faut être indépendant et fort comme un cerf en équilibre avec la sagesse de savoir quand se fondre dans le troupeau pour la protection et le soutien de la communauté.
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Benediction du loup Je t’apporte la bénédiction de la faim Pas timide, ni affligé, Pas « Je suis désolé de vous déranger, je vais attendre dans la file jusqu'à ce que vous ayez le temps »
Mais la faim, le besoin, le désir qui brûle dans vos intestins qui rampe jusqu'à votre gorge pour goutter de vos crocs.
Pour le mystère, la magie, le rêve, de chasser le cerf blanc que vous avez suivi toute votre vie, par les forêts, les cascades, les foyers et les nuits sombres
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Benediction du cochon
Je suis abondance Et abondance j’apporte. J’apporte la richesse sur la terre, car la terre est généreuse, et je suis généreux avec vous.
Je suis curieux, et j'apporte la curiosité, Je veux découvrir toute les choses cachées, racines, graines, insectes et tous les autres petits animaux.
Je suis courageux et j’apporte le courage. Je défends ma vie, mes enfants et mon clan …. et ma nourriture bien sûr.
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L’Histoire d’Afagddu, Quelque
temps après, Creirwy et moi sommes réveillés par un rugissement. Torc n’est pas là. Père l’a appelé encore et encore. « », braille-t-il, « ». Même Mère appelle le chien, mais sa voix se perd dans le vent. Notre gouvernante nous habille, Creirwy et moi ; elle nous enjoint de ne pas rester au milieu et d’aller dans notre chambre. Creirwy prend sa tapisserie. Elle veut que je l’aide à choisir la bonne couleur pour les yeux du loup ; elle veut qu’ils brillent. « », lui dis-je, « ». « » mais je suis déjà en train de descendre les escaliers de pierre.
2eme partie
Un faible aboiement me répond. Je suis le son et il devient plus fort. Je marche à présent sur un terrain plus sec et Torc est proche. A la fin, il est là, pauvre Torc, trempé comme une soupe, transi, prisonnier d’une vigne des marais. La vigne a comme ligoté ses pattes avant et il me faut un moment avant de les dégager ; il est clair que plus il a cherché à s’en débarrasser, plus la prise s’est resserrée. Une fois libéré, il lèche mon visage et s’ébroue en m’éclaboussant. Il tente de marcher mais n’y arrive pas ; alors je le hisse sur mes épaules comme j’ai vu les hommes de Père le faire avec un sanglier mort. Je tiens fermement devant moi les antérieures de Torc tandis que je patauge à travers le lac et suis de nouveau la rive jusqu’au château.
Quelques hommes sont revenus de leurs recherches découragés et peut-être un peu anxieux de la colère de Père. Qui a laissé Torc s’échapper ?
Je
pose doucement Torc au sol et quand Père arrive, le chien se hisse sur ses pattes et clopine douloureusement vers lui. Père court vers son chien : « ».
Cu s’avance Je me dirige vers l’Est du lac. Personne d’autre ne
: «
», « », réplique Père mais, une fois que je lui ai raconté toute l’histoire, il me regarde bien en face pour la première fois : « », dit-il en prenant Torc dans ses bras et, d’une légère inclination de la tête, il me fait signe de le suivre.
semble s’intéresser à cette zone marécageuse. Ils présument tous que Torc s’est enfui. Pourtant, à mes yeux, il est évident que Torc est un chien raisonnable. Il ne fuirait pas, juste comme ça, la chaleur d’un foyer, la venaison rôtie, l’attention affectueuse de mon père. Il est forcément coincé A dater de ce jour, il y a de nombreuses soirées quelque part. Le marais est en train de geler et je agréables autour de l’âtre chaud, avec Père. Cu dois briser la glace pour y avancer en pataugeant. nous raconte de vieilles histoires, et Torc pose sa J’appelle « ». tête sur mes pieds. Et puis, comme le temps se Page 8
réchauffe, les hommes recommencent à parler de guerre. Je contemple les flammes qui racontent leurs histoires à elles et je sens la présence réconfortante de Torc. Ces discussions à propos de la guerre me déconcertent. Un soir, je dis à Père : « ». « », répond-il en me souriant avec indulgence ; j’ai l’impression d’être un petit garçon très stupide. J’attends mon heure et, lorsque la température devient assez élevée pour que nous flânions à travers le jardin qui se bat pour survivre après le long hiver, je demande : « ». Père hausse les épaules : « » et lance un coup d’œil à Cu, qui opine.
dit Cu à Père tandis que nous nous serrons la main, dit Père
Et nous les quittons, Mère sur Ecume Blanche et Creirwy et moi sur des chevaux que Père nous a offerts en cadeaux d’au revoir. nous crie Père.
A la veille du cent-unième jour, nous nous retrou-
vons au cottage près du lac. Gwion a un peu grandi, et Morda semble plus lent qu’il ne l’était, mais leur lui dis-je en montrant du doigt le ciel tâche est près d’être achevée. Je suis résigné à mon avec les nuages de début de printemps qui filent sort. Gwion sort pour attiser le feu une dernière fois. Puis, j’entends Mère hurler et nous courons doucement. dehors. Gwion porte son pouce à la bouche. -
, crie Mère.
dit-il en me tapotant gentiment la tête.
Je fais une pause.
Cu dit : Père se gratte pensivement la joue. nuais-je
Le chaudron éclate en morceaux et déverse son contenu dans le lac Bala ; le lac devient noir et exhale une odeur pestilentielle tandis que l’herbe sous nos pieds tourne au brun, dévastée. Mère s’élance vers Gwion mais il est maintenant doté de pouvoirs et il se change en lièvre. J’ai envie d’applaudir, mais Mère est sur ses talons, usant de son conti- don de change-forme pour se transformer en lévrier noir et le pourchasser. Et ils disparaissent.
Ne sachant que faire, nous retournons chez Père. Peu après, il est temps pour nous de retourner dans A tour de rôle nous laissons notre monture à le Sud. Je ne vois aucune issue, alors je fais triste- Morda, qui est faible. Je me fais du souci pour Gwion. Peut-il échapper à Mère ? Il a l’Awen à ment mes adieux à Père, à Cu et à Torc. présent, mais est-ce que c’est assez fort pour combattre Mère ? Page 9
Lorsque nous arrivons au château, Père et ses « danse. hommes observent le lac sombre et fétide.
» et tout le monde
dit-il et Père vient vers moi et entoure mes épaules de son nous lui racontons ce qui s’est passé tandis qu’il bras : nous conduit à l’intérieur. glousse-t-il. dit-il à Cu puis, se tournant vers moi, il demande : Je secoue la tête négativement. continue Père, comme nous retirons nos manteaux de voyage,
Il soupire profondément :
Cu entre. dit-il. Ses yeux vont de Père jusqu’à moi, puis de nouveau à Père. demande-t-il dit Père,
Cu sourit et m’ébouriffe les cheveux. Il embrasse Creirwy sur la joue : dit-il.
Cette nuit et les jours qui suivent, ce ne sont que fêtes et réjouissances. Je n’ai jamais vu les hommes de Père si heureux. Puis le troisième jour, on entend un bruit de sabots aussi fort et fourni que le tonnerre, de l’autre côté du lac. -
s’exclame Père.
Et il sort dans la cour du château pour accueillir ses voisins. Il tape sur l’épaule d’un vieil homme, Page 10
Samain Samonios, ou Samhain, la fête des calendes d’hi- C’est la fête des Dieux, des Héros et des Hommes. ver, le nouvel an Celtique, est une fête majeure pour les celtes. Elle durait en fait trois jours, l’équivalent du 31 octobre, puis des 1 et 2 novembre. Ce rythme de 3 est partout présent dans le monde celtique. Durant ces trois jours de Samonios, le Voile du Temps est levé. A l’issue de cette période, nous retrouverons le monde ordinaire, mais dans un cycle nouveau qui durera jusqu’au prochain Samonios.
C’est la dernière fête de la Roue de l’année précédente, et la première de la nouvelle Roue. Il y a une mort, puis 3 jours hors du temps, et de nouveau, une nouvelle vie. C’est un temps de non temps. Lorsqu’on vit pleinement ce moment de l’année, rien ne peut être comme avant… puisqu’il n’y a plus d’avant ! Samonios est une sorte de « sas » entre deux vies, chaque année…
Le Christianisme en fera la fête de tous les Saints, la Toussaint. C’est aussi la fête des morts, des disparus, des ancêtres.
Le visage de la Terre, que nos Bardes appelaient le « Visage de la Déesse, » ou encore, le « Manteau de Brigitte », va se transformer. Le sol devient roux, jaune orangé, les couleurs ocre se mêlent aux verts des arbres à ramures persistantes. Les nuits s’allongent, l’air se rafraîchit de jours en jours, la sève continue de descendre dans le tronc des arbres et des tiges. Tout semble mourir… semble…seulement semble…
Citons le regretté Christian Guyonvarc’h :
Samonios porte plusieurs noms
: Samain, Shadowfest, Martinmas, Old Hallowmas, Fête des Esprits, Troisième récolte, Samhuinn, Fêtes des Pommes et, sans oublier, All Hallow’s Eve (Veille de la Toussaint) qui, par déformation phonétique, deviendra… Halloween…
Samain signifie « réunion », « rassemblement ». Les portes de l’autre monde, le « SIDH » des Celtes, vont s’ouvrir. C’est la fin de la période claire, et donc le commencement de la période sombre. Les dernières récoltes sont faites. On engrange la nourriture, on ramène les troupeaux. On ne voit plus à la lumière du soleil mais à la lueur du feu du foyer. C’est un temps béni pour les anciens contes familiaux, chassés hélas de nos foyers par la télévision.
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l’on considère une journée comme une année, Samonios c’est la période entre le coucher et minuit, la période d’endormissement, la nuit de sommeil où les Déesse et les Dieux, les Fées ou les Anges, chacun selon sa tradition, nous enseignent souvent en nous présentant des « leçons » que nous vivront dans la journée.
Sur le plan symbolique et initiatique, Samonios est
Résumons Samonios par ce beau passage écrit par Marie des Bois :
le moment de laisser ce qui ne sert plus, de nous préparer à de nouveaux commencements. Nous acceptons la mort de tout ce qui est matériel. Nous respectons ceux qui nous ont précédés, nos ancêtres, nos disparus. Il était de coutume (et certains le font toujours) de disposer une assiette supplémentaire à la table du repas du soir du 31 octobre en mémoire de nos défunts. Ceux-ci venaient alors partager le repas avec les vivants.
Une bougie laissée allumée toute la nuit est également une façon d’honorer la mémoire des disparus. De nos jours, on allume une veilleuse sur les tombes au cimetière, ou on dépose le traditionnel chrysanthème sur le marbre du tombeau. Mais les celtes savaient que l’esprit de leurs ancêtres n’était pas figé au fond d’une tombe, mais vivait sur un autre plan d’existence, tout auprès d’eux.
Samonios,
c’est la mort apparente, la mort à soi-même. Le passé est aboli. Seule compte maintenant la germination d’un nouveau cycle en soi. C’est le moment privilégié pour se remémorer tout ce que nos aïeux ont pu nous apporter pour nous construire car, sans eux, nous n’existerions pas. Samonios n’est pas une fête triste, c’est une grande fête d’espérance, espoir de toute l’humanité, fête de tous les hommes.
La période qui sépare Samonios du solstice d’hiver, Alban Arthan, est une période de « repos actif ». Il fait froid, il fait sombre, mais au fond de nous-mêmes la petite veilleuse est toujours allumée et ne demande qu’à se réactiver. C’est un bon moment pour se reposer, mais aussi pour élaborer ses « plans d’action » pour toute cette année nouvelle : résolutions personnelles, plan de traçage des futures plantations du potager et du jardin, etc. Si Page 12
Ioan
Samain : la Sombre Ce numéro du Menhir coïncide avec le «
Il y a une précaution à prendre avant de continuer
Nous savons que la pensée celtique distinguait deux saisons, deux périodes « polaires » imprimant leurs résonances dans le monde des phénomènes. Ici une période pour l’activité, là une période pour le repos ; ici une période lumineuse, là une période sombre. Ici la Vie, la croissance, là la décroissance et la Mort. A chacune de ces périodes sont associées des mythes, des panthéons et donc des usages et des rites.
à explorer le mythe : c’est celle qui consiste à éliminer toute forme de sexisme, lorsque l’on féminise la période sombre. Ce serait un contresens que de considérer que les Druides assimilent Hiver / Mal à Femme. D’une part parce que même si l’on parle de mauvaise saison, l’hiver ne se confond pas avec le « mal » et, d’autre part, parce que les divinités féminines expriment des fonctions essentielles liées à la Nature même du manifeste et que par définition leur action à toujours du sens.
passage du gué » entre période claire et période sombre.
Il m’a été proposé de développer le thème « la Sombre ». À nouveau, puisque nous abordons la période sombre de l’année, le thème est bien choisi. La Sombre, c’est d’abord comme nous l’avons dit, la saison sombre qui mène à l’hiver. Il n’est qu’à constater sous nos latitudes, le déclin du jour, l’arrivée du froid, l’endormissement progressif de la végétation et, d’une manière générale, le retour vers les dynamiques centripètes.
Le Druidisme est lié à la Terre, aux manifestations sensibles de la Vie, aux rythmes du Cosmos. C’est une religion païenne, vivante, vibrante. Aussi lorsque la Lumière décline, que le Soleil semble réduire sa course sur le champ de l’horizon, que la Nature elle-même semble se retirer en son sein, que l’abondance et le confort de l’été laissent la place aux difficultés vitales, l’Homo religiosus a sans doute eu besoin de comprendre et de relier ce qu’il voyait à l’influence des Dieux. Selon les régions, les dialectes, les divinités en résonance avec cette période sombre ont été nommées de différentes manières. La Vieille , la Sombre, la Cailleach (sorcière), Morrigan, Kerridwen, Beira : La Femme hiver, Fraue Holle sous le régime germanique.
Ces réserves entendues, nous pouvons constater qu’effectivement, dans les pratiques habituelles, nous désignons « la » sombre et non « le » sombre. Nous devrons donc explorer ce qu’est ce féminin évoqué ici. Les divinités ou personnifications divines féminines sont très souvent liées à l’expression manifeste du divin. C’est la nature en œuvre, dans ses œuvres. Ce ne sont pas des divinités mineures, tout au contraire. Ce sont des « Reines », des Grandes Reines (Mor-rigan ), elles engendrent le Monde et l’accueillent dans la Tombe. Elles sont « psychopompes », passeuses, naviguant entre les Mondes pour transporter les âmes ou en recevoir les messages prophétiques. Elles sont Mort et Vie, soit Mort/Vie si l’on admet qu’il n’y a pas de discontinuité entre ces deux états, mais bien une transition, un passage, une transformation. Ce qui meurt ici, naît dans l’Autre Monde ou de l’Autre coté. Et ce qui meurt de l’Autre coté, naît ici. Ces divinités sont donc à la fois Mères et Tombes.
Ce
qui peut sembler paradoxal, nous laisserait entendre qu’elles sont des divinités liées aux passa-
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ges, aux gués, aux changements d’apparence. Ceci se retrouve dans certains mythes : ainsi Morrigan se lave périodiquement aux Eaux d’une rivière, un pied sur chaque rive. On la retrouve aussi présente sous forme d’anguille dans le gué où se bat Cuchulain. Toujours ambivalente, elle est à la fois une amoureuse jalouse, une protectrice, une séductrice ou, au contraire, une ensorceleuse maléfique. On la retrouve aussi sous la forme d’une lavandière, lavant un linge ensanglanté sur les berges d’une rivière. Le mythe concernant la Cailleach Beira évoque cette image en écho. La vieille femme lave son plaid dans une rivière, et quand le plaid est devenu blanc à force d’être frotté, la neige tombe et recouvre le pays d’Ecosse. Que peut-on dire de cela ? Laver quelque chose, c’est le débarrasser de ce qui est inutile, sale, encombrant, néfaste. Ainsi, une des premières fonction de la « Sombre » serait de nous débarrasser, de nous nettoyer de ce qui est inutile pour laisser place à la virginité, à la page blanche de l’hiver.
A nouveau le modèle naturel ne nous montre pas autre chose. La Nature se débarrasse des feuilles mortes de l’automne. Elle en nettoie les arbres, les retourne vers la Terre où, là, elles vont se décomposer et se transformer en nourriture potentielle pour de nouvelles vies. L’hiver n’est pas cette mort définitive, l’absence du projet de Vie, mais c’est le Nadir du souffle, l’expiration naturelle des cycles de Vie qui, dès lors, pourront renaître, comme l’inspiration naît après chaque expiration. Nous retrouverons ce rapport divinité / hiver dans le mythe de Fraue Holle qui, dit-on, provoque la neige en secouant (nettoyant) sa literie de plumes.
Premières
interprétations, liées au cycle des saisons. Il en est d’autres liées au cycle de la Lumière et dans ses rapports avec notre psychologie. Notre horizon diurne est celui qui est balisé par la conscience dite « de veille ». La soir, la nuit, lorsque nous dormons, nous rêvons... parfois. Et nos rêves nous parlent d’un autre Monde. Nous dirons qu’ils sont les messages d’un inconscient qui, dès lors, n’est plus absence de conscience mais conscience différente. Par analogie, ce monde du rêve nous est souvent présenté comme obscur parce qu’il est lié
à la nuit et à l’absence d’expression maîtrisée qui caractérise l’espace diurne. La « Sombre » est donc, aussi, la conscience nocturne, le monde du rêve, les forces ambigües mais fécondes de l’inconscient. Et d’une manière générale, toute forme de conscience intériorisée qui porterait non plus sur la réalisation d’objectifs temporels (l’avoir), mais sur la réalisation d’un Etre en Soi.
Les Morrigan, Bodb, Nemaid, Macha... sont des Divinités inquiétantes. Leurs noms évoquent les batailles, la mort, la guerre, la fin des choses. Elle sont corneilles (animaux charognards), frénésie et fureur . Mais l’étymologie nous dit aussi « Grandes Reines », ou « Née de la Mer », Grande Plaine... Nous sommes à nouveau dans l’ambiguïté sous entendue par le nom. La Grande Plaine peut être un champ de Blé ou un champ de bataille. Macha, Marateresos, Mag Tured... Vie, Mort, toute chose naît de la Terre, de la Grande Reine, toute vie s’y déroule, puis tout y retourne.
Il y a une autre ambiguïté qui entoure la « Sombre ». En effet, si elle est généralement représentée sous la forme d’une Femme mûre, si ce n’est d’une Vieille Femme, le mythe nous décrit aussi une Jeune Femme séduisante, sûre d’elle-même, amante passionnée qui déteste que l’on se refuse à Elle. Cuchulain paiera cher son mépris à son égard. De ce point de vue-là elle peut être comprise comme une force instinctive, profonde, génésique qui, lorsqu’elle n’est pas entendue, est méprisée, rejetée, peut constituer un poison redoutable dans la vie d’une personne.
Un autre aspect de la « Sombre » est Ceridwen. C’est une Divinité qui présente des aspects sombres et qui, dans le mythe, se présente sous une forme « courroucée » lorsqu’elle poursuit Gwyon, l’un et l’autre changeant de forme jusqu’à ce qu’Elle parvienne à le dévorer avant de lui donner une nouvelle naissance sous une autre forme. Se déroule ici un processus de transformation mort/renaissance qui révèle une dimension initiatique. L’humble Gwyon, qui a reçu quelques gouttes du breuvage d’inspiration, se transforme, meurt et renaît pour devenir Taliesin. Ce mythe décline de façon symbolique le processus de transformation
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que nous voyons se dérouler dans les cycles de la Nature. Nous pouvons considérer alors la « Sombre » sous son aspect d’initiatrice, celle qui pousse à la transformation et qui, dès lors que nous acceptons le passage en son sein, nous amène à nous réaliser ou à réaliser une destinée. La « Sombre » est en lien avec le destin, la destinée, la prophétie.
Mère de toute chose elle en est aussi le sépulcre. Nous pourrions d’ailleurs rapprocher la triple Morrigan des trois Moires hélléniques. Elle accueille la vie, influe sur le destin, bienveillante ou féroce selon le respect qu’on lui accorde. Elle se nourrit également de la Mort, substance d’une autre Vie. Maîtresse du destin elle prophétise. Et ce qu’elle prophétise n’est pas toujours du plus heureux. Mais peut être est-ce une façon de désigner la bonne issue, la bonne attitude.
La «
Sombre « est donc une figure ambigüe, complexe. Ce n’est pas la Reine des Fantômes, figure d’Halloween qui effraie les enfants, c’est avant tout la Mère Terrible et Bienveillante à la fois – Jeune et Vieille à la fois. La passeuse, l’initiatrice qui nous aide et parfois nous pousse à accomplir notre destin. Notre nature fait que nous n’évoluons que sous la pression de la nécessité. La Sombre est là pour nous aider à franchir le cap. Elle nous invite à nous débarrasser de nos obstacles, de nos inerties, de nos illusions.
Ce «
négatif » que nous projetons sur Elle peut aussi être traduit comme une façon bienveillante de conduire ses enfants vers leur accomplissement et à faire germer les grains de potentiel.
La Grande Reine accompagne le passage de l’Etre au non Etre, mais accompagne aussi le chemin inverse. Elle préside à la Mort, au retour aux Origines, prélude à la re-naissance sous une forme meilleure. Elle est libératrice, aimante, dévorante, possessive. Paradoxale et puissante, puissante et paradoxale.
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Samain degres symboliques Pour une celebration le 31 Octobre 2015 a 19h
Le Soleil est à 7° en scorpion : Belen, le pied sur Jupiter à 16° en vierge :
Dans un beau cottage, une bêche, retournant la terre et faisant miroiter au Taranis fait sa vendange tardive le long de la façade. soleil un torque qu'il vient de déterrer .
° de fortune
° de satisfaction Saturne
à 3° du sagittaire : Bran, nimbé de La lune à 2° du cancer : Un chien bien nourri rayons fluidiques lui prolongeant les mains, étend défend un os contre deux efflanqués . Devant un les bras dans une geste de protection sur deux homme indécis, Eskia marche avec nonchalance : groupes antagonistes;
° de possetion inerte
° de longanimite
Mercure à 26° de la balance :
Lug, revêtu d'une Uranus à 17° du bélier : Borvo se promène dans côte de mailles, épée au poing, s'avance au secours un sentier des oghams à la mains. Passant entre les d'un homme seulement armé d'un bâton et qui branches et les feuilles d'une aulnaie, les rayons du veut combattre une tarasque rugissante : soleil illuminent son visage.
° de victoire
° de passivite intelligente
Vénus à 20° de la vierge : Sirona contemple du Neptune à 7° des Poissons :. Manawyddan abLlîr haut d'une haie vigneuse deux hommes en duel.
° de combat
tient à la main un beau poisson qu'il vient de pêcher :
° de gastronomie
Mars à 22° de la vierge : Une femme demie-nue, Pluton à 13° du capricorne : A côté d'une herse, cheveux au vent danse en se penchant vers une Béli, debout, tient dans la main un serpent dressé pièce d'eau en sachant qu'Esus la regarde. qu'il excite et qui siffle avec fureur.
° d’art sensuel
° d’esprit critique Myrdhin
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Jean-Louis Brunaux et les anciens Celtes Lorsqu’il commence à publier, à la fin du siècle dernier, Jean-Louis Brunaux semble intéressant à plus d’un titre : il est à la fois archéologue et historien des Gaules ; en réalité, il est très peu question d’archéologie, dans ses livres. L’auteur admet, d’ailleurs, que sa pratique de l’archéologie est seulement pour lui « (…) »(1). Ce spécialiste des Gaulois, affectionné par les média, raconte dans Les Celtes : Histoire d’un mythe une histoire qui, brusquement, ne ressemble plus du tout aux chapitres précédents.
(3)
Dans Les Gaulois, sa carte de l’Europe celtique inclut la Bretagne, l’Irlande et la Germanie jusqu’au Danube. Même s’il peut, éventuellement, s’agacer qu’on délaisse le terme de Gaulois au profit de celui de Celtes, c’est le temps où Brunaux se range aux théories communément admises par ses collègues, historiens ou archéologues :
; c’est le temps où il vante par les linguisJusque-là, en effet, tout le monde semble d’accord : les Gaulois font partie des Celtes. Comme l’expli- tes et se réfère même à Dumézil et à la recherche en mythologie comparée. Mais, si on lit entre les que Christian Goudineau : lignes, on distingue déjà des réserves :
Guerre des Gaules (4)
A cette définition purement géographique du mot Celtique et à une définition chronologique (en gros : Hallstatt et le deuxième âge du fer), l’auteur ajoute un questionnement obstiné et dérangeant (2) sur les critères ethniques - ceux qu’on qualifie de Et jusqu’en 2005, Jean-Louis Brunaux, dont Gou- Celtes appartiennent-ils vraiment à une même dineau a été le directeur de thèse, paraît bien sur la ethnie ? - mais rien qui fasse référence, comme on pourrait s’y attendre, à une « civilisation celtique ». même longueur d’onde :
Puis,
dans ses deux derniers ouvrages, coup de théâtre ! Les Gaulois ne font soudain plus partie des Celtes ; ce sont, affirme-t-il, les Celtes qui font Page 17
partie des Gaulois, les seuls Celtes étant strictement les habitants de la Gaule Celtique, l’une des trois Gaules que décrit César. Jean-Louis Brunaux est conscient que sa nouvelle position sur la question l’isole :
(6) D’ailleurs, peut-on vraiment considérer comme digne de foi un homme qui prétend descendre d’une déesse ?
L’histoire des Celtes commence avec une légende (5)
Il s’appuie naturellement beaucoup sur les textes grecs et latins qu’il cite tantôt à l’appui de sa thèse, tantôt - lorsqu‘il n’est pas d’accord avec eux - pour en disqualifier les auteurs les uns après les autres : ils sont, au choix, incompétents ou peu consciencieux, ils travaillent non pas de première mais de deuxième ou troisième main, interprètent mal des textes antérieurs… Comme ceux qu’il critique ainsi sont les mêmes qu’il citait précédemment à l’appui de ses thèses, le lecteur garde l’impression désagréable qu’aucun témoignage n’étant fiable, ce n’était peut-être pas la peine d’en citer autant.
Seuls
s’en tirent avec les honneurs Poséidonios d’Apamée et César. A ma connaissance, tout le monde respecte le premier, qui a effectué un voyage en Gaule intérieure et témoigne donc d’une réalité qu’il a directement observée. Le seul problème avec Poséidonios, c’est que ses ouvrages ont disparu et qu’il ne nous reste de lui que les fragments ou les résumés de son œuvre que mentionnent d’autres auteurs classiques. Ce qui est loin d’être insignifiant, pour autant… Quant à César, La Guerre des Gaules est clairement un livre dont il est le héros, écrit à l’attention du Sénat : c’est un habile propagandiste. En outre, comme l’admet Jean-Louis Brunaux, sa présence en Gaule n’a pas pour objet une mission d’étude, et les informations qu’il donne sur le pays sont probablement empruntées à la description de Poséidonios qui date déjà de plusieurs décennies. Par son manque d’objectivité et par ce décalage temporel, le témoignage de César nous égare autant qu’il nous renseigne. Probablement inspiré de Poséidonios, son prologue n’est pas un modèle de clarté :
de la fin du premier âge du fer que rapporte Hésiode à propos des Hyperboréens (que les Grecs n’appellent pas encore Celtes) : vivant aux confins occidentaux, ils adoreraient un dieu surnommé l’Apollon hyperboréen au sanctuaire duquel de jeunes vierges iraient porter des offrandes dans une île, ce dont Brunaux croit pouvoir déduire que, depuis le début, l’affaire est mal engagée, le mythe est au cœur de la Celtique comme le ver dans le fruit. Cependant, d’une part, il s’agit d’un récit grec et d’autre part, si l’on se souvient bien, les Grecs se prétendaient enfants de dieux et de héros ; quant à Rome, Enée fuyant Troie, Romulus et Remus… tout cela relativise largement l’argument !
Le géographe grec Ephore de Cymé décrit la Celtique comme occupant tout l’ouest, la Grèce étant au centre du monde ; à l’est sont les Indiens, au Sud les Ethiopiens et au Nord, les Scythes : il y a, nous dit l’auteur, deux groupes d’historiens et de géographes : ceux qui évoquent une vaste Celtique et ceux qui se limitent aux Gaules, voire à la Gaule celtique. Brunaux dédaigne la première thèse qui lui paraît erronée et orientée. D’après lui, la Celtique aurait donc pour limites, au sud la Méditerranée, à l’ouest l’Atlantique, à l’est le Rhône ou les Alpes et, au nord… au nord, les choses se gâtent : Poséidonios reste flou, n’ayant pas poussé son voyage en Gaule intérieure plus loin que le Languedoc et la vallée de la Garonne ; Strabon dit la Loire ; César dit la Seine ; Pythéas pousse jusqu’à Ouessant ; en effet, lors de son voyage, il remonte bien la côte atlantique mais doit dériver vers l’île de Wight et ne peut donc rien dire de la Manche (7). Nombreux sont les auteurs dont les propos, quant à la limite Nord, sont imprécis : rares sont ceux qui ont effectué le tour de la Celtique.
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Brunaux
part, logiquement, d’une Celtique qui commence au littoral méditerranéen lorsque les Phocéens, qui fondent le comptoir de Massilia autour de -600, rencontrent leurs premiers Celtes puis, passant en revue les auteurs classiques, dessine et redessine convulsivement ce territoire à la frontière septentrionale fluctuante. Il l’étend à la Gaule entière car c’est ce que font plusieurs auteurs latins, y accepte les peuples dits mixtes, Celtibères ou Celto-Ligures, admet que des Gaulois Belges sont passés en Bretagne et que sur l’autre rive du Rhin vivaient aussi des Belges puis, lorsqu’on croit avoir suivi l’évolution de ses positions, finit en resserrant, comme dans les toutes premières pages, la Celtique à la Gaule celtique qui, depuis que Rome a conquis la Cisalpine et la Province transalpine, lui semble bien se réduire à la seule Gaule centrale. Car, d’après lui, c’est bien Rome qui donne ses limites à la Celtique et, en appelant Gaulois ceux que les Grecs nommaient Celtes, c’est Rome qui annonce la disparition des Celtes ! Si Caton utilise le terme Celtae - et cette forme, selon l’auteur, (8), César ne mentionne qu’une fois ces Celtae, et le terme, précise Brunaux
(9).
Ensuite, dans toute La Guerre des Gaules, il n’est plus question de Celtes. C’est un test infaillible pour Jean-Louis Brunaux : ce que César n’écrit pas n’existe pas.
(10)
Les appellations diverses que leur donnent leurs voisins : Celtes, Gaulois, Galates, ajoutent à l’impression de confusion que ressent le lecteur, étourdi par tant de complexité. C’est l’effet souhaité. En réalité, les Grecs les ont nommés Celtes (Keltoï). Les Romains, pour une raison assez opaque, ont décidé de les appeler Gaulois (Galli) :
(11)
Puis, ils ont élargi l’appellation à l’ensemble des Gaules. Du coup, lorsque les Grecs ont vu déferler en Macédoine, au Nord de la Grèce et jusqu’en Anatolie, des guerriers gaulois bien moins courtois que les Celtes philhellènes auxquels ils étaient accoutumés, ils les ont baptisés Galates, puis ont étendu l’usage de ce terme aux Gaulois, en alternance avec celui de Celtes ; il était logique que la Grèce, dont l’influence déclinait, aligne sa terminologie sur celle de Rome, puissance montante. Pausanias écrit :
Ptolémée et Artemidore d’Ephèse qualifient ainsi les Gaules dans leur ensemble de « Celto-Galatie », alors que le sens de ce terme n’est pas forcément très différent de celui de Gaule celtique. Brunaux interprète la diversité de ces appellations comme le signe que les Celtes doutaient de leur identité, ce qui paraît tout à fait inapproprié, puisque c’était leurs voisins, grecs ou romains, qui les utilisaient.
L’auteur a aussi recours à la curieuse formule - qui signifierait que les Gaulois ne sont pas des Celtes, ce qui ne correspond ni à l’opinion commune (les Gaulois sont des Celtes), ni à celle, particulière, de Brunaux (les Celtes sont des Gaulois). C’est un procédé qui, sans doute, vise à épaissir le flou artistique dont il souhaite entourer son sujet.
Autres procédés qui confèrent une impression de confusion, d’ambigüité et d’imprécision : les nombreuses contradictions (non seulement d’un ouvrage à l’autre mais à l’intérieur de ce même livre : par exemple, lorsque les premiers autochtones se présentent aux Phocéens comme « Celtes », JeanLouis Brunaux traduit le terme par
(13) ou Page 19
, mais, à la fin du livre, il donne
à Celtique le sens de (14) ; de même, les Armoricains sont présentés tantôt comme des Belges, tantôt comme des Celtes, tantôt comme des Celtes côté Océan et des Belges côté Manche) ; les redites et les redondances (le même passage de Tolkien est cité pas moins de quatre fois dans l’ouvrage et les trois parties composant la Gaule selon Poséidonios ou César sont si souvent énumérées que cela tourne à l’incantation) ; les approximations : dire que César est intervenu en Gaule parce que LES Gaulois l’en ont prié, par exemple. DES gaulois (les Eduens, en l’occurrence) l’ont prié d’intervenir contre l’incursion helvète qui les menaçait. Ils ne l’ont pas prié d’envahir les Gaules ! Mais, pour Brunaux, il est très clair qu’à cette époque et depuis un moment, les Gaules étaient mûres pour devenir romaines…
Il
ne nie pas cependant la résistance générale qu’opposent à Rome les Gaules (dont, bien sûr, les Eduens font partie !), ni même les révoltes incessantes qui se succédent pendant l’occupation romaine :
(18); pour ce faire, Strabon «
» (19). Disons plus simplement que, sur ce point, Brunaux n’est pas d’accord avec Strabon.
Lui
qui parlait dans Les Druides des « » (20), déclare maintenant que
« »(21).
A propos de l’article de Françoise Le Roux (historienne des religions) dans l’Histoire des religions de la Pléiade, il déclare : «
» (22)
Cette mauvaise foi peut éventuellement s’assortir (15) mais peut considérer ailleurs qu’il n’y a plus rien de gaulois dans ce qu’on nomme « gallo-romain » et énumérer, en les commentant avec complaisance, tous les bienfaits de la colonisation romaine.
d’un soupçon de paranoïa :
Il
égratigne tous les chercheurs qu’il accuse de manquer de neutralité :
(23). On se demande bien pour quels motifs Ephore aurait tenté de nous induire en erreur...
Le (16)
Il est pourtant difficile de considérer que Brunaux, de son côté, est impartial, tant il apparaît prosterné devant le monde gréco-romain, agenouillé devant César, mais suis-je bien objective ? En tous cas, il ne manque pas de mauvaise foi : Si Strabon, « » (17) « », c’est «
ton du livre est, naturellement, polémique, puisqu’il s’agit de descendre en flammes à peu près tous les archéologues, historiens, linguistes et mythologues de la seconde moitié du XXe siècle jusqu’à nos jours. Mais il tourne parfois à l’aigre, et l’on se prend à regretter que l’auteur qui, après avoir longtemps tenu le même discours que ses adversaires d’aujourd’hui, a radicalement changé d’avis, ne nous explique pas tout bonnement les raisons de son revirement. Ce serait plus élégant, plus pédagogique et plus convaincant.
Le reproche principal que j’adresserais à Brunaux c’est que, trop souvent, on cherche en vain d’où il
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tire ces informations qu’il présente comme irréfutables ; sur quoi se base-t-il ? Sur des découvertes archéologiques qui bouleverseraient l’état de nos connaissances ? Pas du tout. Sur des textes classiques non exploités ? Pas davantage ! Sur son intime conviction et sur l’intime relation qu’il semble entretenir avec les auteurs classiques et les personnages historiques de l’Antiquité : il peut nous expliquer leurs faits et gestes, leurs moindres pensées et arrière-pensées, leurs motivations secrètes, avec une aisance… surnaturelle ! Il a un sens certain du .
Le fait que l’Histoire me passionne ne fait pas de moi une historienne, et je ne suis pas davantage spécialiste de l’archéologie ; mais je sais que ni l’une ni l’autre ne sont des sciences exactes. Je n’ai pas les compétences nécessaires pour juger de la pertinence des thèses très personnelles de JeanLouis Brunaux. Qui sait ? Même s’il semble seul contre tous aujourd’hui, il n’est pas impossible que demain ce soit sa définition de la Celtique qui l’emporte, du moins pour un temps. Georges Dumézil, Françoise Leroux et Christian Guyonvarc’h sont morts ; Venceslas Kruta et Christian Goudineau ont plus de soixante-quinze ans. Et Brunaux, lui-même, ne doit pas être loin de la retraite… Peutêtre que certaines conceptions qui ont prévalu depuis l’après-guerre et qui nous paraissent indiscutables parce que notre génération les a toujours connues vont évoluer (par exemple, ce rejet des nationalismes exacerbés qui a détourné les historiens de l’étude des Germains ou des Gaulois et les a ouverts à l’Europe celtique dans son ensemble).
Les faiblesses que je pointe ne visent pas à déconseiller la lecture de ce livre de Jean-Louis Brunaux, ni des précédents, ni de celui qui vient de paraître : l’Univers des Gaulois, dont le texte n’apportera pas grand-chose à ceux qui ont lu Les Druides et Les Celtes mais qui est accompagné (enfin !) de nombreuses illustrations. Il y a dans Les Celtes plusieurs points positifs. D’abord, l’ouvrage fournit une sérieuse bibliographie classique, ce qui est n’est pas à négliger. Il permet aussi de rappeler que la Celtique antique commence au littoral méditerranéen alors que nombreux sont nos concitoyens qui n’associent l’adjectif « celtique » qu’à la Bretagne et ignorent les sites d’Entremont ou de Roquepertu-
se près de Marseille, d’Ostrum (Hyères), de Glanon (Saint Rémy) etc.
Jean-Louis Brunaux souligne à juste titre que le fait de trouver quelques objets celtiques dans telle ou telle région d’Europe centrale ne signifie pas pour autant que c’était une terre celtisée : il peut s’agir d’échanges commerciaux ou de quelques épées laissées par des Gaulois venus guerroyer.
Il n’a pas tort non plus de noter que les auteurs classiques ont principalement parlé des Gaulois – et des Bretons - et que les spécificités qu’ils relèvent dans les régions étudiées ne peuvent pas nécessairement être étendues à tout le continent européen (procédé qui, pour l’auteur, revient à ) ; si l’on pense aux têtes coupées, à la royauté celtique, au druidisme, par exemple, rien n’atteste qu’ils aient existé partout. Rien, non plus, ne vient prouver le contraire.
De
même, il est compréhensible que l’auteur s’interroge sur la méthode qui
(24), si elle ne prend pas en compte le fait que ce sont des espaces géographiques différents, des histoires distinctes et séparées par plusieurs siècles. Mais, Jean-Louis Brunaux pêche par excès inverse, lorsqu’il semble n’établir aucun lien entre le Lug gaulois et le Lugh irlandais, entre l’Ogmios gaulois et l’Oghma irlandais… Dans Les Gaulois, il rappelait pourtant que, si cette mythologie gauloise qu’au début de notre ère le philosophe Lucius Annaeus Cornutus dit aussi riche que la mythologie grecque est perdue pour nous, (25)
Je n’ai rien contre les empêcheurs de penser en rond. Mes objections portent surtout sur la méthode. Le titre du livre est explicite : Les Celtes : Histoire d’un mythe. Partant de ce postulat, l’auteur va tenter une démonstration peu convaincante. D’abord il réduit la Celtique à une peau de chagrin. On ne peut s’empêcher de se demander pourquoi,
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durant deux cents pages, il pinaille ainsi sur la frontière septentrionale. Peut-être parce que, si seule la Gaule celtique est celte, alors les Gaulois belges ne sont pas celtes. Et les Germains, qui sont de la même famille que les Belges, non plus. Si l’on n’envisage pas de vagues celtiques successives depuis le Bronze final sur la France, l’Espagne, l’Angleterre… mais qu’on s’arrête aux mouvements de Belges vers la Bretagne aux IVe et IIIe siècles avant notre ère (rapportés par César dans La Guerre des Gaules), alors les Bretons ne sont pas celtes. Les langues galloise, écossaise et irlandaise ne sont pas celtiques ; elles seraient plutôt « galatiques », propose Brunaux : issues du gaulois. Et le breton armoricain, qui ne vient pas directement du gaulois mais du cornique suite aux migrations des V-VIIe siècles, ne l’est sans doute pas non plus. Dans un festival interceltique, Jean-Louis Brunaux ne voit probablement que des imposteurs !
Les Cimbres et les Teutons, qu’il définissait comme Celtes naguère, ne le sont plus dans ses derniers ouvrages. Donc, le chaudron de Gundestrup, celtique dans Les Gaulois (26), ne l’est plus. Hallstatt est une civilisation du premier âge du fer, point ! Plus question de ceux que d’ordinaire on appelle - et que Jean-Louis Brunaux appelait il y a encore quelques années - « princes celtes » (27). La Tène, les Oppida ne sont plus celtiques et coetera. Cela fait du vide ! Mais ce n’est pas suffisant : l’enjeu est de déréaliser les Celtes. Voici un florilège des « Celtes mythiques » selon Brunaux, bien représentatif des qualités revendiquées par l’auteur : objectivité, esprit rationnel, sens critique, rigueur scientifique : (NDA : celle qu’indiquait Poséidonios, repris par César, Strabon… ; cette division sur laquelle Brunaux se base depuis le début du livre pour limiter la Celtique à la Gaule celtique !) (28)
Autrement
dit, non seulement les Grecs et les Romains, dès l’instant où ils commencent à les mentionner, ne cessent de mythifier les Celtes, mais les Celtes eux-mêmes, en se présentant comme Celtes (donc approximativement, d’après l’auteur, comme « partenaires » ou « commerçants ») s’inscrivent déjà dans le mythe. Là, on doit convenir qu’on est loin de l’Histoire ! On est passé dans le registre fantastique ; on pourrait, en suivant la même trame, décliner toute une collection : Les Thraces, Les Scythes avec le même sous-titre : Histoire d’un mythe. Mais Brunaux n’a en tête que les Celtes, ces (31), qui résistent à toute forme de rationalisation parce qu’ils satisfont notre besoin
(32)
On dirait que ne pas reconnaître la suprématie de la civilisation gréco-latine est un péché d’orgueil, capital : l’équivalent du Non serviam biblique ! Brunaux a clairement un problème avec les Celtes, qu’il finit pas dévoiler au cours de la seconde moitié du livre, mais cela fera l’objet, si vous le voulez bien, d’un autre article ! Dominique Goedert
(29) Page 22
Bibliographie sélective de Jean-Louis Brunaux Guerre et religion en Gaule : essai d’anthropologie celtique (thèse HDR).- Errance, 2004 Nos ancêtre les Celtes et les Gaulois in la Nouvelle Revue de l’Histoire NRH No 21. Nov/Dec 2005 Les Gaulois - Belles Lettres, 2005. Abrégé G en notes Les Druides : des philosophes chez les barbares - Seuil, 2006.-Abrégé D en notes Faut-il dire Celtes ou Gaulois ? in Dossier « Gaulois, qui étais tu ? Pour la science No 61 Oct/Déc 2008 Une spiritualité inverse de celle des Romains in Telerama HS Les Gaulois : une passion magique, Oct 2011 Les Celtes : histoire d’un mythe. Belin, 2014 . Abrégé C en notes L’univers spirituel des Gaulois : art, religion et philosophie. Archéologie nouvelle, 2015 La Gaule : une redécouverte. Documentation photographique. Histoire, Mai-Juin 2015
Notes : C p.326 ; :Christian Goudineau in l’Histoire : les Gaulois : des barbares très civilisés. Décembre 2003 ; :JLB in NRH No21,2005 ; : Pour la Science No61,2008 ; :C p.18 On parle d’Histoire quand celle-ci s’accompagne de témoignages écrits. La Protohistoire est la période qui sépare la Préhistoire de l’Antiquité, pour des peuples qui ne s’expriment pas eux-mêmes par écrit (par ex. les Celtes) mais sont mentionnés dans les textes d’autres peuples (grecs et romains). ; : C p.131 ; :C p.123 ; :C p.29 ; C p.34:; :C p.117 ; :C p.120 ; :C p.133 ; :C p.98 ; :C p.162 ; : G p.54 ; :C p.172 ; : C p.143 ; :C p.116 ; :C p.143 ; :D p.199 ; : C p.122 ; : C p. 278 ; :C p.145 ; :D p.93 ; : G p.205 et 207 ; :G p.205 ; : NRH op.cit. ; :C p.157 ; :C p. 283 ; :C p.11 ; :C p. 284 ; :C p.333
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Dartmoor où les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être
Un peu de geographie...
Un “
”, soit une lande, est un espace naturel déboisé, généralement en relief, qui n’est pas, ou qui n’est plus, utilisable pour la culture. Sur ce terrain pauvre, seuls poussent de la bruyère, divers graminées, voire des ajoncs. Souvent sur socle granitique (c’est le cas de Dartmoor), la mince couche de terre qui le recouvre est acide, trop acide pour la majorité des espèces végétales. Ils sont forcément peu peuplés, mais des animaux de ferme, notamment les moutons, ainsi que les célèbres petits Dartmoor poneys dans le cas qui nous intéresse, qui vivent toute la belle saison en liberté, savent se contenter de ce qu’ils y trouvent à paître. La grande Bretagne compte un nombre certain de ces espaces, dont Exmoor et ceux du Yorkshire.
Situé dans le comté de Devon, au sudouest de l’Angleterre, Dartmoor tire son nom de la rivière Dart et de ses tributaires le East Dart et le West Dart qui se confondent à Dartmeet, d’où la rivière poursuit son cours au sud-est, quittant le moor pour finir par se jeter dans la Manche à Dartmouth.
Grâce à l’influence maritime, le climat de Dartmoor est modéré et le secteur copieusement arrosé (jusqu’à 2000 mm par an). Surtout en hauteur on trouve des tourbières où domine la sphaigne. En effet, la pluviosité, en conjonction avec un socle peu ou pas drainant, font que l’eau stagne et se recouvre de végétation tout en donnant l’illusion d’être de la terre ferme. Aussi ces zones possèdent-elles la triste réputation d’engloutir humains et bestiaux égarés sans laisser de trace.
Certains jours, plongé dans le brouillard, voire des nuages bas, si l’on regarde au sud, vers Plymouth, on aperçoit au loin la mer qui étincelle sous un soleil radieux (suivant le même perspectif, à condition d’être doté d’une vue vraiment, vraiment exceptionnelle, on devinerait en face les granites roses à Perros-Guirec). Page 24
Dartmoor recouvre une superficie de 954 km².
Le “tor” de High Willhays, dans le nord de la zone, cumule à une altitude à 621 m. Ces “tors”, ou pitons de granite gris qui par places affleurent dans le paysage, sont une des caractéristiques notables de ce lieu. De loin, on croirait deviner les tours et les bastions de quelque château fort en ruines.
Ces terres présentent d’emblée un aspect âpre et inhospitalier, extra-terrestre même. Pourtant, celui ou celle amené à les aborder ne tardera pas à céder à l’enchantement qu’ils dégagent, comme à leurs mystères et leurs beautés cachés. En somme, une nature affranchie des entraves que les hommes s’obstinent à lui imposer. Il en a été ainsi pour les auteurs britanniques du romantisme au sens large, recouvrant globalement les dernières décennies du 18° et la moitié du 19° siècle, et où la nature retrouvait sa place légitime après le rigorisme logique et philosophique des Lumières. La nature – son caractère insaisissable – fuyant à l’instant même où on croit la tenir, a su retrouver la place qui lui revenait de droit, hors des règles et de toute contrainte des hommes et de l’inflexibilité de leur logiques échafaudés à plaisir. Ceux-là y ont trouvé un cadre qui convenait aux trames romantiques qui naissaient de leur inspiration, comme l’auraient fait sans doute aussi un Châteaubriand, un Rousseau, ou bien autres si le sort les avait fait naître outre-manche.
Prenons en exemple A. Conan Doyle, qui n’a pas hésité à le choisir comme cadre pour un de ses plus célèbres enquêtes de Sherlock Holmes, le Chien des Baskervilles, un manoir devenu de nos jours un hôtel de charme sous le nom de Prince Hall, et l’allée d’arbres pluri-centenaires qui y conduit.
Puis de la prehistoire...
D’après les constructions qui nous sont restées, nous savons que Dartmoor a été largement occupé depuis le Néolithique final et durant tout l’âge du bronze. Ce sont, en outre les très nombreux monuments mégalithiques parsemant le paysage qui nous instruisent, et d’autres structures plus modestes, mais non moins intéressantes, ainsi que le mobilier associé. Tout comme en Bretagne, et pour la même raison, les ossements ne résistent que très peu de temps à l’acidité du milieu, ainsi que sur toute une grande partie de l’Angleterre (exception faite de quelques corps momifiés préservés dans des tourbières).
À cette époque, cette lande a dû présenter une allure bien autre que celle qu’on lui connaît aujourd’hui. Des systèmes de découpage du terrain en champs ou propriétés, matérialise par des murets, ou “reaves” attestent d’une agriculture florissante capable de nourrir une population relativement importante. Leur habitat subsiste encore sous forme de fondations circulaires de tailles variables allant d’environ 2 à 10 m, devant correspondre à des habitats individuels à collectifs (voire des structures à vocation autre que le logement). Page 25
Une
autre industrie qui est avérée dès cette période et qui s’est poursuivi jusqu’au 18° siècle est l’extraction de l’étain. Le minerai de ce métal essentiel, la cassitérite, est présent dans divers endroits, déposé dans des veines hydrothermales. Extrait d’abord en surface, il a par la suite été recherché en profondeur. Matière rare et très prisée, c’était une composante clef pour la fabrication du bronze, base de la technologie de l’époque faite de cuivre additionné d’étain à titre de durcisseur.
On
dénombre actuellement à Dartmoor non moins de 15 cercles de pierres mégalithiques, ou cromlechs, dont la plupart furent répertoriés depuis bien longtemps. Or, cette année a été découvert un nouveau, le Sittaford stone cercle, large de 34 m. La vocation rituelle du site semble avérée grâce notamment aux traces de feu sous les pierres, actuellement renversées. En outre, une datation au carbone 14 a pu être effectuée, livrant une date de 2000 av. J.-C.
Merrivale – une histoire de decouverte et d’amour
C’est une chose de prendre connaissance d’un lieu, de savoir de quoi il est fait, physiquement et his toriquement... et c’est bien autre chose quand il prend place dans votre vie, dont il change impercep tiblement le cours, tissant une trame d’imbrications dont les prolongements se ramifiant dans l’espace et dans le temps restent insaisissables. Et le lieu devient un fond de scène, se faisant la plupart de temps discret, mais parfois s’imposant à votre conscience à l’improviste, un rappel à l’ordre peut-être. Ce qui ne fut qu’un symbole inscrit sur une carte pour signaler un point d’intérêt, un but vers lequel le voyage tend, s’installe en fin de compte durablement.
Le
site préhistorique de Merrivale, sous l’égide du English Heritage, organisme public indépendant chargé de la gestion du patrimoine historique d’Angleterre, se déploie en flanc de colline au-dessus du village du même nom le long de la route B3357 reliant Tavistock, au pied de la lande à l’ouest, à Dartmeet, non loin de la frontière est de Dartmoor. Lors de notre première visite en 1993 et ignorant tout de la région, seul le sigle de l’administration a attiré mon attention sur ce lieu, mais de toute façon nous comptions nous héberger dans les environs.
Par curiosité, nous avons voulu voir de quoi il s’agissait, d’autant plus qu’on voyait des gens en contrebas qui déambulaient. Jouxtant la route est un petit parking et, derrière, un petit enclos bien carré aux murs en pierre hauts d’un petit mètre avec un accès encadré côté route et un autre juste en face. Rien d’emblée n’indique la fonction de cette construction. En ressortant, on se trouve devant un ru qui descend tranquillement la côte vers le village au fond de la vallée qui a donné son nom au site – son eau limpide et peu profonde courant sur un lit de pierres multicolores. Une petite passerelle permet de le Page 26
franchir à pieds secs, mais personnellement, à la belle saison, je préfère me déchausser et suivre son cours les pieds nus.
L’essentiel du site se déploie plus bas et intègre le ru dans son milieu.
Les structures présentes sont variées. Il y a, en premier lieu, deux doubles alignements de pierres de taille généralement inférieure à 1 m orientés est-ouest. L’écartement au sein de chaque alignement est de d’ordre du mètre. Le premier, celui du nord, est long de 182 m, et celui du sud, plus long (263 m), s’étend plus loin sur la lande. Une pierre de chant marque la limite de ces deux structures. Posé à mi-chemin environ sur cette deuxième allée se trouve un , soit une structure de pierres en coffre susceptible d’accueillir un corps en chien de fusil et dont la dalle de couverture a disparu. Il s’entoure d’un tumulus peu élevé bordé de pierres, couchées à présent.
Plus au sud, dans un deuxième
dont la dalle massive fut brisée par un cultivateur, furent trouvés un grattoir en silex et plusieurs éclats de même matière, ainsi qu’une pierre à affûter (le métal). Cette association des technologies nous interpelle, passant allègrement de l’âge de pierre à celui des métaux... De cette structure part vers le sud et perpendiculaire aux doubles allées, une rangée unique de pierres sur quelque 40 m. Encore plus à l’ouest on trouve un petit cromlech fait de 11 pierres et présentant un diamètre de 18 m.
Non loin de celui-ci se dresse un menhir haut de 3,8 m – en guise de point final en somme, ou de point sur le “i”.
Situées entre cette succession de monuments et la route, les fondations d’un important ensemble de constructions, quoiqu’arasés, restent bien visibles. Elles datent de l’Âge du Bronze et ont dû sans aucun doute abriter les bâtisseurs, comme les utilisateurs de ce complexe ambitieux, aidés sûrement par les populations des terres environnantes.
Quand j’ai découvert ce site pour la première fois, je n’étais pas encore dans le Druidisme, ignorant même qu’il aurait survécu jusqu’à l’époque moderne. En revanche, l’archéologie et des trouvailles personnelles locales m’avaient lancée résolument dans la recherche d’une spiritualité correspondant à ceux qui avaient créé et utilisé les pièces devenues miennes à présent. Mon couteau en silex (néolithique), trouvé au hasard d’une promenade au-dessus de mon village, a sonné comme un appel venu de loin, de très Page 27
loin, un talisman en quelque sorte. Selon toute vraisemblance, la dernière main à l’avoir touché était la main de celui – ou de celle – qui l’utilisait, qui le conservait précieusement sur soi, qui peut-être même l’avait fabriqué.
Longtemps, et allant jusqu’au temps récents, le couteau était effectivement un objet très personnel, souvent un outil un peu à tout faire (et je ne parle pas des couteaux suis ses), et dont on ne se séparait jamais. Avec cette lame tendrement serrée dans la paume de ma main, à sentir sa sur face soyeuse, presque tiède, je me suis mise de plus en plus à songer à cette personne dont j’étais, à son insu, l’héritière. Son rebord bien tranchant soigneusement retouché par petits éclats vaut bien nos couteaux en inox pour son tranchant. Et j’ai eu l’impression d’être de plus en plus reliée à cet inconnu, redevable même ; je voulais aller à sa rencontre, entendu sur le plan spirituel, mais comment faire ?
Je me suis recueillie sur le site où il avait été trouvé et y ai trouvé bien d’autres silex, ainsi que des tessons de terre cuite de même époque. C’était l’approche osmose. J’ai aussi tenté de me renseigner sur ce qu’on pouvait deviner sur les pratiques religieuses de l’époque, soit l’approche recherche. Et j’ai surtout lancé un appel, en disant que je voulais comprendre et respecter, et me laisser guider dans la bonne direction. Rassurez-vous, je n’ai ni entendu des voix, ni reçu des visions. Par contre, j’ai commencé “par hasard” à “tomber” sur des éléments, sur des lectures, qui m’ont amenée à mon orientation actuelle.
Quel rapport, me direz-vous, tout ceci peut-il avoir avec le site de Merrivale (comme d’ailleurs ceux d’Avebury, de l’Uffington Horse, et bien d’autres) ? Et je vous répondrai sans hésiter “énormément”. Durant les années qui ont suivi, ce lieu est devenu un point de mire. Sur les dix ans qui ont suivi, nous y sommes revenus trois fois (1995, 1999, et 2003) – en chair et en os. Je l’ai connu au printemps et en été : sous le soleil de juillet, des jours où les nuages, chassés par le vent, dessinaient sur la lande des ombres fuyantes, noyé dans le brouillard épais où difficilement on retrouve son chemin, même sous des giboulées d’un printemps tardant à s’installer et où le vent âpre vous glace le visage.
Mais par l’esprit, je ne saurais les compter.
Entre temps, j’ai “plaqué” sur le lieu – sur l’image que j’en conserve – des pratiques et des parcours bien personnels. Entre temps aussi, j’ai découvert le Paganisme moderne, m’en suis nourrie, et finalement, en 1997, ai choisi de rejoindre l’OBOD (choix que je n’ai jamais regretté, vous vous en doutez).
Combien de fois ai-je franchi le ru en trois pas bien mesurés, sentant sous mes pieds le bord nord, le fond de l’eau, et le bord sud, pratique classique pour passer d’un monde vers l’autre. J’ai poursuivi mon chemin au sud en remontant sur la colline en face pour rejoindre une route en terre qui la contourne et continue sans doute à monter. Celle-ci existe réellement, mais je n’ai pas eu l’occasion de la poursuivre loin dans le monde physique. Mais, dans ma vision, elle mène en hauteur vers un lieu creusé partiellement dans la roche, lieu à la fois de soutien et de questionnement, un vestibule de tri et des parcours à accomplir au-delà, selon les cas.
J’ai été aussi me recroqueviller dans le
à rechercher conseil et réconfort dans le ventre de la terre, doucement bercée, mais ceci j’ai pu le faire aussi dans le monde physique quand le site était désert.
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Enfin l’occasion m’a été donnée de me réunir avec mes ancêtres, rangés la nuit en cercle sur la lande autour d’un grand feu. Je sais que j’y suis conviée pour en être acceptée. Il y en a de toutes les sortes (ce qui est bien normal, tellement nos origines remontent loin et largement ramifiées). Je reconnais forcément des Druides à leur habit et des chamans, mais aussi des guerriers (et des guerrières) de toute époque, des artisans de tous métiers : meuniers, tisserands, forgerons, fermiers, matelots, de belles dames du Moyen Âge, une femme simple berçant son enfant au sein... Je rentre dans le cercle et j’embrasse chacun à son tour, je touche ses vêtements et je le regarde dans les yeux. Tout ceci se passe en silence, à part le crépitement du feu, mais ce silence est lourd de sens, et le message passe sans la langue que je ne comprendrais pas de toute façon. J’entends parfois une parole, que je ne comprends pas évidemment, mais c’est probablement le nom de la personne. L’important c’est qu’à chaque fois je me sens accueillie, acceptée et soutenue. En bouclant mon cercle, j’arrive enfin auprès d’une femme brune, toute petite et habillée de peausseries. Elle est assise et me fait signe de m’approcher. Je me mets par terre et pose ma tête dans son giron. Elle sent la mousse, humide et agréable. Elle se met à me parler tout doucement, mais plutôt que des vocables, ce sont les sons susurrés de la forêt : bruissements des arbres, pas dans les feuilles sèches, lourdes gouttes de pluie, troncs que le vent fait craquer, sifflement des oiseaux. Et, bercée ainsi, je finit par m’en dormir.
La part de illusion dans l’aspect de ce site est la suivante, comme j’ai pu l’apprendre des personnes locales. Le quadrilatère par ou on rentre, qu’on aurait pu supposer être les restes d’un fanum (si on avait été en Gaule) et où viennent paître des moutons, n’était autre chose que l’école du village en activité jusqu’à la guerre. Et quant au ru, son cours avait été aménagé pour amener de l’eau potable jusqu’au village à partir d’une source vers le sommet de la colline (je crois comprendre qu’elle passe sous la route pour suivre son chemin en descendant la lande. J’imagine qu’il a dû être délicatement dirigé pour passer sans dégâts entre les deux allées de pierre. Et moi qui avais cru que c’était l’artère central de ce site d’exception, (mais à présent il l’est devenu.)
Grimspound – ou faut-il faire confiance min ?
un che-
On accède au site en empruntant depuis Postbridge la route B3212 vers Moreton hampstead pendant près de 6,5 km jusqu’au carrefour de Challacombe Cross, où on tourne à droite en direction de Widecombe In The Moor. Au bout de 1,7 km se trouve une petite aire de stationnement aménagé sur la droite et qui dessert le site (sachant qu’on conduit à gauche !). Un chemin piéton (réputé très clair, mais pas tant que ça –voir plus loin) monte en direction de Grimspound, qu’on perçoit depuis la route.
Fouillée
au 19° siècle avec les moyens et les techniques de l’époque, cette installation daté d’environ 1300 av. J.-C., soit du Bronze moyen, recouvre une superficie de quelque 1,6 hectares et se trouve à une altitude de quelque 450 m. Le site, qui tire son nom de Grim vraisemblablement du dieux Anglo-Saxon de la guerre, est enclos d’un mur quasi circulaire dont la largeur d’origine est estimée à près de 3 m fait de blocs de granite avec un remplissage central de gravats. Primitivement, ce mur était coupé par une entrée unique au sud-est pavée de pierre plates et comportant des restes de marches. À une époque récente, deux autres ouvertures en position globalement est et ouest ont été aménagées par les ouvriers des mines d’étain pour disposer d’un chemin direct. Page 29
Dans l’enceinte on identifie actuellement 24 huttes, toutes de forme circulaire ; certaines pourraient être des reconstructions ou comporter des modifications apportées par les archéologues fin 19° siècle. Elles sont regroupées majoritairement dans le sud et dans le centre de l’enclos. On sait que dans le nord, le terrain était plus humide. Il est possible aussi que les parties qui semblent inoccupées aient pu contenir des structures en bois, ne laissant plus de trace. Il a pu y avoir aussi des espaces cultivées et des enclos à bestiaux.
Lors
de la fouille, treize des structures ont révélé des éléments indiquant qu’elles avaient été habitées : on y trouvait notamment une pierre de foyer et des fosses pour la cuisson des aliments, ainsi qu’une estrade surélevée ayant pu servir de support à une literie. Deux des huttes étaient munies d’une entrée en “L” avec des murs paravents (sage précaution). Une analyse des cendres a permis d’établir que les habitants utilisaient comme combustibles du frêne, du chêne, du saule et de la tourbe. Quant aux structures plus frustes, sans équipement, on peut supposer qu’elles avaient vocation de lieux de stockage. On remarque au sud-ouest, adossés à l’enceinte, des ébauches de structures plus grandes dont on devine difficilement la fonction.
Il est certain que de nouvelles fouilles tirant profit des technologies de pointe en la matière viendraient sans aucun doute lever sérieusement le voile sur cette occupation humaine. L’archéologie, hélas, toujours en quête d’un financement !
Ce n’est qu’en 2003 que j’ai eu connaissance de l’existence de ce site.
On se doutait, et l’avenir en a apporté la preuve, que nos séjours en Angleterre allaient s’espacer pour le moins. La suite nous a donné raison. Pour des raisons variées. C’était l’époque de Beltaine et on était logés près de Two Bridges, pas très loin de Merrivale. Le temps s’était sérieusement dégradé. Nous nous sommes réveillés sous les giboulées portées par un vent fort. À ne pas mettre le nez dehors. Et pourtant, il le fallait bien, et le restant aussi. Après un court adieu à Merrivale, ou même avec des cirés (des vrais, des Barbours ancien cru) c’était difficilement praticable, nous avons repris la route vers le nord-est, par Postbridge, suivant l’itinéraire décrite plus haut. Nous sommes passés à côté d’un petit cercle à l’orée d’un bois, dans lequel les directions étaient encore décorées par des bouquets de Beltaine.
Nous avons fini par atteindre l’aire de parking.
De loin, le site était visible, étalé en contrebas entre les Tors de Hookney, à l’ouest, et de Hameldown à l’est. Même si les giboulées avaient fini par passer en pluie, c’était une pluie glaciale portée par un vent qui ne l’était pas moins. Mais j’étais bien décidée à ne pas me laisser abattre et, bien emmitouflée, j’ai fini par emprunter, seule, le chemin désigné. Il semblait aller tout droit dans le sens voulu. Au départ et pendant un certain temps, j’apercevais le site au loin, mais peu à peu des arbres ont fini par cacher la vue. J’ai continué donc, en grimpant, faisant confiance au chemin et ne voyant toujours rien pour m’orienter. J’étais un peu surprise de constater qu’il virait peu à peu à gauche (alors que j’aurais pensé qu’il aurait dû aller à droite), mais il était hors de question de déclarer forfait. Cependant, étant arrivée bien haut à la fin, j’ai dû me rendre à l’évidence que ce chemin-là n’était décidément pas le bon (le réalisme prenant le pas sur l’entêtement). Il ne me restait plus qu’à renoncer et reprendre la direction de la voiture. Dépitée, j’ai donc fait volteface et, quelques pas plus Page 30
loin, ô merveille, voici que j’aperçois ma destination étalée en flanc de colline, l’autre colline, celle de droite. Éclairée, de surcroît d’un timide rayon de soleil frayant son chemin non sans mal entre les nuages. Faisant fi, dès lors, des chemins, j’en choisis le mien toute seule, et tout droit, vers le but de mes efforts. Bientôt, me voilà entrée par le porte du sud-ouest (pas celle d’origine, mais cela je l’ignorais) et déambulant parmi les pierres, entrant dans certaines huttes, pour ressortir finalement par la porte du nord-est et suivre l’extérieur de l’enceinte, passant devant la porte d’origine pour rejoindre un chemin, sûrement un vrai cette fois-ci, qui me remettrait sur la route, ce qui fut fait en peu de temps.
Je m’interroge encore sur la morale de cette histoire, si tant est qu’elle en a une.
Visiblement, tous les chemins, comme chacun sait, ne mènent pas (ou du moins plus) à Rome, encore heureux. Et ce qui semble être la voie de la facilité ne l’est pas forcément. Essayons peut-être “Per aspera ad astra”, cela me paraît pas mal, car les vrais buts doivent être mérités. Ceci dit, il faut persister certes, mais il arrive bien un moment où un changement de stratégie s’impose. Cher lecteur, je vous en laisse juge.
E Quand je me suis mise à traduire le poème de Nuinn ci-après, il y a bien des années, avec d’autres de ses œuvres réunis dans un recueil et dont certains son venus illustrer les gwersi de l’Ordre, j’ai fais d’emblée le rapport avec Dartmoor. Ce va et vient entre les pierres, les éléments, les animaux, les énergies fauves, ici présentés en plein soleil, en plein été, puis, enfin, le cycle arthurien, ne laissait planer aucun doute quant au lieu concerné. Ceci dit, et en raison de son titre, il est venu à propos illustrer le livret OBOD sur Glastonbury, un des hauts lieux de l’Ordre, et son célèbre Tor.
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Tors La terre se fait air et le rocher, soleil peau de la terre fleurie mauve et jaune sommets et sentiers à lions que la verdure cerne : sculptures du vent au-dessus de la lande, et la lisière épaisse d’arbres trapus avec les ruisseaux se faufilant. Nos promontoires sont toujours des bêtes accroupies protégeant les seins charnus de terre exubérante : tigres féroces du nord, chats sauvages du vent ou éléphants de la tempête aux jambes multiples, doux chevaux vigilants reniflant la bourrasque, hauteurs rocheuses esquissant des créatures La terre se fait air, par le vent fouettée Et les ponettes que le vent engrosse, mettent bas des poulains chevelus. Des éléphants veillent dans les buttes rocheuses, des chats sauvages y feulent. Le tigre du nord et le lion couchants restent pourtant aux aguets … Ils guettent le renouveau du temps le retour d’Arthur, la force qui explose de sa cachette et flagelle la peau des impies : attente de la Lumière souveraine que nul n’éclaire, que l’homme n’a pas façonnée. La roche s’étire cherchant le feu du soleil récurée par le vent sans fin étanchée à la racine par l’eau. Mais vient l’éclair qui sillonne d’est en ouest qui frappe où il veut. En vérité a-t-il détruit : mais où il a frappé le Graal s’est fait.
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Collines Les collines sont creuses°. C’est la chute des rois. Moi, je vis dans la tranquillité.
Les pièces de brocard sont exposées Et l’on voit les corps s’entrechoquer. Même les chevaux ne comprennent pas. Mais, ce sont les batailles d’alliance.
Déjà, le jour s’allonge et les pierres grandissent. Près du village, il y a des cassures d’opale. Le forgeron termine son chef d’œuvre. Une sphère de magie naturelle Qui permet de voir au loin.
Écoute le bruissement des aigles Qui filent dans les airs. Écoute mon animal. Entre dans le Bois sacré.
° Damh the Bard
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Jour de Pluie Jour de pluie ! Pour le barde diplomate, la chasse aux Trolls à commencé…
La douceur des âmes-mies, est son refuge dans la beauté amène des bois et du petit sentier, délicatement emprunté.
L’âme se régénère et se réanime, L’Ère de la Paix et de la Clémence est ouverte et dédoublée, comme jamais !
Sous l’écorce de Yama et le lierre de Yami, fleurissent des coeurs, qui vibrent tous en choeur !
Chasseur,
Je connais ta valeur,
met une fleur à ton fusil, et dépose au bout du tronçon, ta machine à taillader !
nul besoin d’être un Narcisse, pour le voir et le ça voir !
Si tu veux voir haut,
Dépose ici les armes de la prédation,
inutile de couper la branche, sur laquelle tu désires t’asseoir, et étant si avide de paysage !
nourris-toi seulement du merveilleux don, d’ouvrir ton coeur à tous les êtres animés et inanimés, hors de ton rêve d’avenir…
Certes, ton horizon en sera dégagé, mais tu demeureras sur une souche balafrée, pareil à un mort-vivant et indigne d’empathie, pour notre Mère la Terre, que tu soulèves à tes pieds !
Tu verras alors la ‘Fleur de ton Âme’, s’offrir à l’épanouissement printanier, là même, sous les gros nuages grisonnants, d’un jour de pluie, versant ses eaux bénies !
P.L.M~Saorsa Aum ∞ Barde Kaerijin Page 34
Memoire oubliee J’ai vu le soleil rouge, irradiant le désert. Et le scarabée bleu priant le Dieu solaire.
J’ai vu les grandes plaines, de neige immaculée. Et le loup blanc, la nuit, à la lune invoquer.
J’ai vu la source claire, jaillir du fond des temps, Et le saumon doré remonter le courant.
J’ai vu la forêt sombre, et les épais taillis Tressaillir à l’appel du bel oiseau de nuit.
J’ai vu les grottes sombres, aux entrailles de la Terre, Où l’homme des premiers temps, esquisse la Déesse Mère.
J’ai vu les pierres levées, les dolmens érigés, Les tombeaux oubliés, les temples dévastés.
La mémoire a gravé les stèles de mon cœur, Les souvenirs enfouis, les moments de bonheur
Et mes yeux ont gardé les paroles de mes sœurs Les prières, les sourires, et leurs joies et leurs peurs.
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Les Trois Pierres du bon heurt Trois galets blancs, Ronds comme un œuf, Lisses et doux comme le sein d'une jeune fille... Trois pierres roulées dans le lit du temps, dans la vague des siècles ; Trois galets poncés au polissoir de la pensée...
L'un pour naître ; L'autre pour vivre Et le troisième pour mourir en dignité...
Trois pierres noires Arrondies par la paume millénaire des nuits ; L'une pour mourir en paix, L'autre pour vivre «noblement», L'autre pour renaître en conscience d'être...
Trois galets, trois pierres, D'obscurité et de lumière, Frappées les unes contre les autres, Alternativement, Afin que de leurs heurts naisse, dans le cœur, l'entendement...
Le Bon Frappeur Fait sonner, en son rythme, le Chant Qui pervibre en accord avec le tambour de l'Univers...
Chant pour le soleil et pour la lune... Chant pour le ciel et pour la terre... Chant pour la vie éclose comme une fleur...
Pour chaque chant offert, Une étincelle jaillit qui donne flammes à la vie....
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La Mere de Terre
La femme était assise au dessus de la Terre Qui venait de sortir de son sexe brûlant. Elle était pourtant jeune et pâle et solitaire On voyait ses cheveux qui flottaient dans le vent. La tête vers le bas et le dos arrondi Ses mains par les côtés tenant la sphère en place Dans la pénombre douce et calme de la nuit Elles tournaient ainsi toutes deux dans l’espace.
Je les voyais passer, silencieuses, paisibles, Ne sachant pourtant pas quel serait l’avenir Mais goûtant le présent, le visage impassible, Et la douceur du temps qui, comme un long soupir Les laissait enlacées encore quelques temps Et vivre pleinement cette complicité Qui ne peut exister qu’entre mère et enfant. Et moi de repartir... et elles de passer...
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Le temps qu'il fait Quel temps fait-il chez vous ? Êtes-vous dans le doux ? Dans la pluie ? Dans le vent ? Dans le chaud des amants ? Êtes-vous dans le Nord ? Racontez-moi encore Car, ça fait si longtemps... Ce silence surprend... Quel temps fait-il chez vous ? Êtes-vous dans le doux ? Un temps d'obscurité ? Ou un temps de clarté ? Est-ce un moment béni ? Ou un temps de soucis Où tout tourne à l'envers ? Êtes-vous en hiver ? Pourquoi avez-vous froid ? Le feu ne prend-il pas ? Êtes-vous en danger ? À combien de degrés De chute du bonheur S'arrête votre coeur ? Quel temps fait-il ici ? (coeur) Avez-vous des ennuis ? Vous voilà donc blessé. Vos ailes sont cassées La tempête a fait rage... Il n'y a plus de pages Où coucher vos sanglots Vos larmes dans les flots Se sont toutes noyées Vos chimères... broyées... Je vois mieux d'un seul coup Le temps qu'il fait chez vous Vous êtes dans le noir. Page 38
Je sais qu'il se fait tard Mais il est temps encore... Parlez-moi de la Mort. Qu'avez-vous donc perdu ? Déposez votre mue Cette peau de tristesse. Bien sûr que le temps presse Suspendons-le pourtant ! Arrêtons le cadran Le temps de cette offrande. Nous sommes une bande À vous accompagner... À vous encourager... Voilà... tout doux... c'est ça... Maintenant venez-là !
Vous respirez encore ? Concentrez-vous plus fort Ça palpite et ça bat Vous n'entendez donc pas ? Le sang est de retour ! Il a fait le grand tour C'est vrai que par moments Il a pris tout son temps ! Dites-lui ! Dites-lui votre peur, Votre colère, vos pleurs Criez votre folie L'angoisse de vos nuits Qui n'étaient pourtant là Que pour guider vos pas...
Vous voilà plus léger Tout nu, tout chaviré... J'aperçois une étoile Dans vos yeux et le voile Se lève doucement... Serait-ce le bon temps ? On dirait que la roue A emporté la boue Qui collait vos chevilles... Petit feu de brindilles ! Page 39
Quel temps fait-il chez vous ? Fait-il enfin plus doux ? Avez-vous les bons vents Et les rires flottants ?
Le Sud Ă vos semelles ? Il vous pousse des ailes ??? Racontez-moi encore Redites-le plus fort ! Racontez-moi encore Redites-le... Plus Fort !!!
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Ma Bretagne De par ma mère, je suis Breton et fier de mes origines. Terre si belle, pauvre Bretagne, qu’avons-nous fait de toi, toi qui est si belle quand fleurit les hortensias.
Souillée de toutes parts et de tous temps, ta faune s’en est allée, les pleures de l'océan, je n’entends plus que ça. Bretagne, ô ma Bretagne, pardonne-moi.
De tous temps, en long, en large, j’ai parcouru ta contrée si belle, mais sans jamais y connaître tous tes recoins cachés.
Souvent je suis parti, mais toujours je suis revenu. Pourtant, un jour, je m’en irai. Sur la barque de l’Ankou, j’embarquerai, et vers l’île d'Avalon je naviguerai. Là-bas, je retrouverai les époques ancestrales et j’y rencontrerai les vrais hommes d’antan. Je retrouverai le temps d’où je viens, ce temps qui n’est qu’imagination, illusion, le temps hors du temps.
Il est loisible de renaître jadis comme dans l’avenir. Ce qui est sûr, c’est que l’on garde sa lignée, qui est une longue chaîne refermée sur elle-même.
Là-bas auprès des Bardes, j’apprendrai les chansons, les poèmes, le chant de l’Awen, Auprès des Vates, je connaîtrai le chant des arbres, le Hoyo, je vénérerai les divinités, Enfin, auprès des Druides, je découvrirai toute cette belle philosophie de la Mère-Terre. Dans les plaines d’Avallon, j’irai offrir aux Dieux et Déesses le gui et l'hydromel sacré et épier dans le vent les prophéties étranges des Trépassés.
Ma leçon alors bien apprise, vers les hommes je reviendrai, et je leur chanterai une chanson nouvelle, celle de l’espérance qu’ils ont oubliée.
Pour tout l’or du monde je ne quitterai ma Bretagne, ma douce et tendre région, même si mon cœur bien souvent demeure malheureux.
Ainsi, ma Bretagne nous rendrons à ta terre la plus grande de ses richesses
: de nouvelles générations d’hommes et de femmes qui reprendront leur héritage.
Bretagne, ô ma Bretagne, qu’avons-nous fait de toi
? Ton cœur est plein de larmes. …..Pardonne-moi......
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Roue de l’annee
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Les aventures de la pie qui chante chez le Druides
Ce récit est né d’un RAZ LE BOL qui portera, je Je contactai alors divers druides sur le sol français, le souhaite, des fruits de fécondité et de vitalité appropriés. “ ”
Episode numéro 1
: (il y aura une série… qui pourrait faire l'objet d'un feuilleton en BD par exemple, et j'en appelle à vous tous, qui avez maintes aventures du même cru à raconter.)
Chers amis et Aspirants à un druidisme francophone ouvert, chaleureux, et constructif…
Dans
ce texte je vais tenter de résumer mon cheminement dans le druidisme francophone hors OBOD. Et d’user d’un maximum de tact, mais aussi… de discernement et, s’il est possible, à travers mes larmes, d’un brin d'humour, cette manifestation de “La Politesse du Désespoir”.
Ma première rencontre avec le druidisme fut grâce à la rencontre avec la Clairière d'Orléans de l’époque. (il y a bien longtemps). Je participai pour la première fois au rituel du Solstice d'été.
Ce fut suite à ce rituel, rondement mené, et très sérieusement construit, que je m’inscrivis au cours (après une deuxième visite, à Glastonbury, celle là, lors de la rencontre OBOD du solstice d’Hiver) ou j’eus le plaisir de rencontrer des personnes de grande qualité morale et d'une immense érudition, doublée d’une non moins immense modestie….
Je participai ensuite à un camp d’été de l’OBOD Angleterre, ou, inquiets au début, les membres de ma famille m'accompagnèrent … (la secte ?) pour repartir une semaine après avec des étoiles dans les yeux et un espoir retrouvé envers le genre humain.
persuadée de ne rencontrer, comme au sein de l’OBOD anglophone* que joie du partage, de l’échange d’enseignements, de l’entraide, et de la loyauté… au service de la Nature et de la Vie.
Je participai donc, durant plus de deux ans et demi, aux travaux d’une clairière très éloignée de chez moi (il n’y avait en effet RIEN par chez nous) ce qui nous contraignait à parcourir 700 km pour chaque rituel…
APRES AVOIR RITUALISE AVEC, TENU LA MAIN, PROMIS FIDELITE ET AMITIE, PARTAGE AGAPES, FRATERNELLES ET CHANSONS, , je me fis jeter dehors au bout de deux ans et demi sous un prétexte fallacieux, basé sur de fausses accusations, pour lesquelles, malgré tout mon désir de réconciliation, je me heurtai au mur de l’incompréhension et de rejet…
Mes excuses les plus plates, pour une faute que je n'avais pas commise, n’y furent même pas reçues. Je téléphonai aux uns, puis aux autres, j’envoyai un petit mot gentil demandant une réponse, rien n’y fit.
J’en conclus que la première personne qui avait réagi, très violemment et très émotionnellement, avait réussi à entrainer les autres et en faisant les pires suppositions sur mon attitude.
Je rencontrai BIEN PLUS TARD le druide responsable de cette clairière avec qui j’eus à co-animer un
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mariage druidique, ... Certes il m’avait pour m’assurer de son amitié, mais monta-t-il au créneau pour défendre ses valeurs, nos valeurs, celles des triades bardiques, qui pourtant, sont très claires à ce sujet ?
pour me dire en moi-même : et bien, ils sont bornés, très bornés tout de même, et surtout, ils ne veulent QUE RESTER ENTRE EUX, à la manière d’un club de pêche, mais ils ne le disent pas, donc, je ne leur enverrai plus personne !
Mais
surtout, surtout, dans mon désir de bien faire, j’avais bêtement contribué à la cruelle déception d’un autre aspirant... La prochaine fois, je préviendrai. Point de médisance, mais de la prudence. Beaucoup de prudence.
Et l’étude de la psychologie de base me semble nécessaire à quiconque veut progresser en spiritualité….
Seul les Dieux le savent. Me remettant encore en
question quelque peu suite à cet incident, je me dis que, sans doute, je n'avais pas été assez diplomate. Et décidai donc de faire amende honorable en envoyant un aspirant en druidisme de la région voisine avide de connaissances traditionnelles, faire un tour dans ladite clairière, en lui disant bien: dis leur bien que tu viens de ma part...
Attention
Bien
C’est d’ailleurs pour pallier à ces difficultés qu’existe le cours d’OVATE de l’OBOD.
sur, même dix ans après, pas la moindre réponse... mais restons calmes : peut-être n’avait-il pas transmis l’information ? Je lâchai donc l’affaire, continuant mon chemin… Pour recevoir deux ans après, ses larmes et son désarroi téléphoniques, car lui aussi sur des prétextes fallacieux équivalents, se trouva vertement congédié...
ALORS
donc voilà: , et n’avais point eu assez de discernement
: que ce soit en druidisme, en wicca, ou en chamanisme, on trouve de belles lumières, des êtres sincères et ancrés dans une pratique constructive, respectueuse, écologique, mais aussi… beaucoup d’ombre, et d’ombres vraiment noires… beaucoup d’avidité… “Il y a les mages noirs, les mages blancs, et les faux mages blancs”. Il y a Gandalf et des Radagast, et il y a des Saroumanes…
Je ne suis qu'un être humain avec ses défauts sans nul doute, une trop grande sensibilité, recherchant une fraternité, une cohésion, une pratique du bien commun, de l'avancement de la guérison des êtres et de la biosphère toute entière. MAIS
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N’est ce pas ce à quoi, quelque part, nous aspirons tous ? Sans nous tirer les uns les autres dans les pattes ? Ou bien ai-je placé la barre trop haut ?
Il ne sera ici question, ni de médire, ni de calomnier, ni de trahir quiconque : simplement de poser à travers des exemples concrets au cours desquels nous éviterons de salir quiconque, en ne citant aucun nom, aucun lieu, mais en faisant simplement le récit de nos aventures, les bases d’un enseignement de Communication Non Violente le plus lumineux possible. Je lance la bouteille à la mer…
A vos plumes, amis de cœur, pour le bien de tous les êtres.
AWEN
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Silos a grains en Auvergne Les archéologues ont mis au jour sur le plateau de » Corent, un site qui accueillait toute une batterie de silos à grain, conçus par les Arvernes, entre 750 et « 450 avant notre ère ou entre 150 et 50 avant notre », s’enthousiasme l’archéoère, quand l’oppidum occupait 50 hectares et ac- logue. Creusées dans un environnement presque cueillait plusieurs milliers d’habitants. totalement imperméable à l’eau et à l’air, les fosses étaient remplies à ras bord de grains de blé ou d’orge, puis hermétiquement obturées. Une fois que la légère fermentation de céréales avait consommé ce qu’il restait d’oxygène, la conservation était garantie plusieurs mois, voire plusieurs années. Des restes de charbon sur les bords des silos semblent indiquer que ceux-ci ont été stérilisés au feu trois ou quatre fois afin d’être réutilisés.
Ces
fouilles livrent de surcroît des révélations étonnantes sur la façon dont les Gaulois étaient « capables de maîtriser leur environnement naturel. Les chercheurs se demandent en effet si ces derniers n’avaient pas asséché volontairement le lac relate Matthieu Poux, profes- pour en utiliser le fond argileux. seur d’archéologie à l’université Lyon II Savoir si les grains emmagasinés dans les silos correspondent aux restes de galettes trouvés dans les cuisines de la ville gauloise : voilà le genre d’énigme que l’équipe pluridisciplinaire espère bien résoudre. ».
Jamais, il n’aurait pensé alors faire une telle découverte ! Le sol où se situait le lac cache en son sein les vestiges d’un nombre, jamais encore observé dans le monde celte, de silos à grain. «
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Ar rannou
- La serie du Druide et de l’enfant la chair de l’homme), dont le quatrième pied est invisible. Le Bateleur, le magicien, qui exécute son tour, domine les trois pieds de la table, les trois* règnes du monde visible (animal, végétal, minéral), comme il domine ses forces spirituelles. Dans les traditions galloises, Merlin fit présent d’une pierre qui aiguisait les épées des braves en une seule passe et réduisait en poussière celle des lâches.
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Selon La Villemarqué, les « quatre pierres à aiguiser » que le poète armoricain lui prête se réduisent à une seule dans les traditions galloises, qui les mettent au nombre des treize talismans dont Merlin fit présent aux Bretons. « Cette pierre, disentelles, vint en héritage à Tudno Tedgled, fils de Jud-Hael, chef armoricain. Il suffisait d’y passer légèrement les épées des braves pour qu’elles coupassent même l’acier ; mais, loin d’aiguiser celles des lâches, elle les réduisait en poussière. De plus, quiconque était blessé par la lame qu’elle avait aiguisée mourait subitement.
D Selon La Villemarqué, les
cinq zones de la terre connues des anciens bardes, comme les Selon notre étude, ce sont les 4 Éléments symboli- étaient trois parties du monde. Un poème attribué à Taliésés par 4 pierres, 4 point cardinaux, 4 saisons, 4 sin, et qui présente plusieurs points d’analogie avec fêtes solaires et lunaires. Le quatre est le carré, mais le chant armoricain, offre la preuve de ce fait « La aussi la croix. Le destin. terre, dit-il, a cinq zones et se divise en trois parties : la première est l’Asie ; la seconde, l’Afrique ; la Qui sont les braves ? Les initiés qui vont devoir combattre ? Qui sont les héros qui vont posséder troisième, l’Europe. les épées magiques ? Selon notre étude, le symbole du Cinq représente Aiguiser les épées des braves peut-être pris comme les cinq doigts, les cinq sens, le cinq est le nombre aiguiser un esprit tranchant. Les 4 pierres devien- de l’homme. Mais aussi quatre éléments plus draient alors les 4 verbes de l’initié. « Le Bateleur l’éther, le relieur, la cinquième essence (Quintesnous livre ainsi les maîtres mots de tout initié : sence). C’est aussi le pentagramme, l'étoile à 5 vouloir, oser, savoir, se taire. Tous ces éléments branches. sont disposés sur une table couleur chair (comme Page 47
Zones terrestres : 5 continents, selon un poème de Taliésin, « La Terre se divise en 5 zones et se divise en 3 parties : la première est l’Asie ; la seconde, l’Afrique ; la troisième l’Europe. » Cinq âges : or/argent/cuivre/bronze/fer selon les « » d’Hésiode. L’âge d’or : Quand les hommes et les dieux furent nés ensemble, d’abord les célestes habitants de l’Olympe créèrent l’âge d'or pour les mortels doués de la parole. Sous le règne de Saturne qui commandait dans le ciel, les mortels vivaient comme les dieux, ils étaient libres d’inquiétudes, de travaux et de souffrances ; la cruelle vieillesse ne les affligeait point ; leurs pieds et leurs mains conservaient sans cesse la même vigueur, et loin de tous les maux, ils se réjouissaient au milieu des festins, riches en fruits délicieux et chers aux bienheureux Immortels. Ils mouraient comme enchaînés par un doux sommeil. Tous les biens naissaient autour d’eux. La terre fertile produisait d’elle-même d’abondants trésors ; libres et paisibles, ils partageaient leurs richesses avec une foule de vertueux amis. Quand la terre eut renfermé dans son sein cette première génération, ces hommes, appelés les génies terrestres, devinrent les protecteurs et les gardiens tutélaires des mortels : ils observent leurs bonnes ou leurs mauvaises actions, et, enveloppés d’un nuage, parcourent toute la terre en répandant la richesse : telle est la royale prérogative qu’ils ont obtenue. L’âge d’argent : Ensuite les habitants de l’Olympe produisirent une seconde race bien inférieure à la première, l’âge d’argent, qui ne ressemblait à l’âge d'or ni pour la force du corps ni pour l’intelligence. Nourri par les soins de sa mère, l’enfant, toujours inepte, croissait, durant cent ans, dans la maison natale. Parvenu au terme de la puberté et de l’adolescence, il ne vivait qu’un petit nombre d’années, accablé de ces douleurs, triste fruit de sa stupidité, car alors les hommes ne pouvaient s’abstenir de l’injustice ; ils ne voulaient pas adorer les dieux ni leur offrir des sacrifices sur leurs pieux autels, comme doivent le faire les mortels divisés par tribus. Bientôt Jupiter, fils de Saturne, les anéantit, courroucé de ce qu’ils refusaient leurs hommages aux dieux habitants de l’Olympe. Quand la terre eut dans son sein renfermé leurs dépouilles, on les nomma les mortels
bienheureux ; ces génies terrestres n’occupent que le second rang, mais le respect accompagne aussi leur mémoire. L’âge d’airain : Le père des dieux créa une troisième génération d’hommes doués de la parole, l’âge d'airain, qui ne ressemblait en rien à l’âge d’argent. Robustes comme le frêne, ces hommes, violents et terribles, ne se plaisaient qu’aux injures et aux sanglants travaux de Mars ; ils ne se nourrissaient pas des fruits de la terre, et leur cœur impitoyable avait la dureté de l’acier. Leur force était immense, indomptable, et des bras invincibles s’allongeaient de leurs épaules sur leurs membres nerveux. Ils portaient des armes d’airain ; l’airain composait leurs maisons ; ils ne travaillaient que l'airain, car le fer noir n’existait pas encore. Égorgés par leurs propres mains, ils descendirent dans la ténébreuse demeure du froid Pluton sans laisser un nom après eux. Malgré leur force redoutable, la sombre Mort les saisit et ils quittèrent la brillante lumière du soleil. L’âge des Héros : Quand la terre eut aussi renfermé leur dépouille dans son sein, Jupiter, fils de Saturne, créa sur cette terre fertile une quatrième race plus juste et plus vertueuse, la céleste race de ces Héros, que l’âge précédent nomma les demi-dieux dans l’immense univers. La guerre fatale et les combats meurtriers les moissonnèrent tous, les uns lorsque, devant Thèbes aux sept portes, sur la terre de Cadmus, ils se disputèrent les troupeaux d’Oedipe ; les autres lorsque, franchissant sur leurs navires la vaste étendue de la mer, armés pour Hélène aux beaux cheveux, ils parvinrent jusqu'à Troie, où la mort les enveloppa de ses ombres. Le puissant fils de Saturne, leur donnant une nourriture et une demeure différentes de celles des autres hommes, les plaça aux confins de la terre. Ces Héros fortunés, exempts de toute inquiétude, habitent les îles des bienheureux par delà l’océan aux gouffres profonds, et trois fois par an la terre féconde leur prodigue des fruits brillants et délicieux. L’âge de fer : Plût aux dieux que je ne vécusse pas au milieu de la cinquième génération ! Que ne suis-je mort avant ! Que ne puis-je naître après ! C’est l’âge de fer qui
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règne maintenant. Les hommes ne cesseront ni de travailler et de souffrir pendant le jour ni de se corrompre pendant la nuit ; les dieux leur enverront de terribles calamités. Toutefois quelques biens se mêleront à tant de maux. Jupiter détruira celte race d’hommes doués de la parole lorsque presque dès leur naissance leurs cheveux blanchiront. Le père ne sera plus uni à son fils, ni le fils à son père, ni l’hôte à son hôte, ni l’ami à son ami ; le frère, comme auparavant, ne sera plus chéri de son frère ; les enfants mépriseront la vieillesse de leurs parents. Les cruels ! Ils les accableront d’injurieux reproches sans redouter la vengeance divine. Dans leur coupable brutalité, ils ne rendront pas à leurs pères les soins que leur enfance aura reçus : l’un ravagera la cité de l’autre ; on ne respectera ni la foi des serments, ni la justice, ni la vertu ; on honorera de préférence l’homme vicieux et insolent ; l’équité et la pudeur ne seront plus en usage ; le méchant outragera le mortel vertueux par des discours pleins d’astuce auxquels il joindra le parjure. L’Envie au visage odieux, ce monstre qui répand la calomnie et se réjouit du mal, poursuivra sans relâche les hommes infortunés. Alors, promptes à fuir la terre immense pour l’Olympe, la Pudeur et Némésis, enveloppant leurs corps gracieux de leurs robes blanches, s’envoleront vers les célestes tribus et abandonneront les humains ; il ne restera plus aux mortels que les chagrins dévorants, et leurs maux seront irrémédiables.
Selon La Villemarqué, les
jouaient un grand rôle dans la sorcellerie du moyen âge. Quiconque voulait faire tomber son ennemi en langueur fabriquait une petite figure de cette espèce et la donnait à une jeune fille, qui la portait emmaillotée durant neuf mois dans son giron ; les neuf mois révolus, un mauvais prêtre baptisait l’enfant, à la clarté de la lune, dans l’eau courante d’un moulin. On lui écrivait au front le nom de la personne qu’on voulait faire mourir, au dos le mot , et le sortilège ne manquait jamais d’opérer. Il fut pratiqué par le comte d’Étampes, aidé d’un moine noir, contre le comte de Charolais, en 1463, et fait le sujet de plusieurs anciennes ballades bretonnes.
Selon notre étude, le symbole du Six représente l’hexagramme, le Sceau de Salomon. Les statuettes de cire : les dagydes font référence à la magie. Ils jouaient un grand rôle dans la sorcellerie du moyen âge. Quiconque voulait faire tomber son ennemi en langueur fabriquait une figurine de cette espèce, le donnait à une jeune fille qui la portait emmaillotée pendant 9 mois dans son giron. Puis, un mauvais prêtre baptisait l’enfant à la clarté de la lune dans l’eau courante d’un moulin. On lui écrivait sur le front le nom de la personne que l’on voulait faire mourir et au dos le mot Bélial, et le sortilège ne manquait jamais d’aboutir.
Les 5 Rochers sur notre sœur, pourraient représen- Les 6 plantes seraient le sélage, la jusquiame, le samolus, la verveine, le gui. Mais dans les poèmes ter les 5 royaumes de l’Irlande. Cambriens, on nomme aussi la primevère et le trèfle à l’exclusion du gui, qui servait à d’autres usages. Le reste de cette série du six fait sans nul doute référence à Taliésin.
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D Dianann A suivre …
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Les secrets du Monde Vegetal ... Et si les plantes étaient dotées de perceptions extra-sensorielles... En
effet, malgré leur apparence inanimée, les plantes bougent constamment, se tournent, se plient, frémissent. Sur un rythme différent du nôtre, elles ne sont que mouvements et réagissent au monde qui les entoure, qu’il soit matériel ou énergétique…
On sait aujourd’hui que les plantes réagissent à la
d’appliquer le même principe sur sa plante, voici quelques exemples des réactions qu’il a pu observer ce jour : * Il ébouillante une feuille : faible réaction de la plante sur le graphique. * Il pense simplement à brûler une feuille avec des électrodes : à l’instant même de la pensée, une réaction importante apparaît sur le tracé ! * Il va chercher les allumettes et observe à son retour une nouvelle réaction sur le tracé... * Il brûle la feuille : faible réaction. * Il fait semblant de vouloir en brûler une autre : aucune réaction.
musique. On peut également constater que lorsqu’une plante grimpante a besoin d’un tuteur, elle se dirige vers celui qui est le plus proche. Si l’on enlève le tuteur pour le déplacer en dehors du contact de la plante, elle en retrouve le chemin en moins d’une heure. De même, si l’on met des obstacles entre eux, elle les contournera et rejoindra A la suite de ces découvertes étonnantes, il installe un véritable laboratoire et multiplie ses expériences son objectif. sur d’autres variétés de plantes : toutes semblaient A partir de 1966, des études confirmèrent à ceux réagir de la même manière, comme si elles dispoqui l’avaient pressenti depuis longtemps que les saient d’une perception extra sensorielle. De plus, plantes sont douées d’une perception extra senso- des réactions identiques ont été observées en utilirielle. Tout commença avec Cleve Backster, spécia- sant une feuille ou un simple morceau de celle-ci, liste américain des détections de mensonges, qui voire même une feuille déchiquetée. travaillait en collaboration avec la police et enseignait sa technique à des agents du monde entier. Il D’autres réactions furent observées par la suite : * Quand un chien ou une personne hostile entre eût un jour l’idée de brancher une électrode du détecteur sur une feuille d’une de ses plantes, une dans la pièce, la plante réagit... * La plante reconnaît parmi d’autres une persondracena. ne qui lui a fait du mal précédemment ! Un détecteur de mensonges est un appareil conçu * Les plantes de Cleve Backster réagissent à ses pour répondre à toute image mentale ou émotion intentions et à ses pensées, qu’il se trouve dans la en la transcrivant par une oscillation sur un graphi- même pièce, dans une pièce voisine ou dans la rue ! * Alors qu’il est en conférence à l’extérieur, une que. Chez un être humain, les oscillations les plus franches sont obtenues quand l’individu se sent de ses plantes restée à domicile réagit au moment menacé dans son bien-être. Cleve Backster décide précis où il projette sa photo... Page 50
* A distance et quand il se trouve au milieu de milliers d’autres personnes, les plantes dont il s’occupe régulièrement réagissent à toutes ses émotions, à la seconde près. * Isolées dans des cages de Faraday, elles mêmes enfermées dans du plomb, les plantes réagissent exactement de la même façon...
Au fil de ses expériences, il en conclut que non seulement les plantes peuvent souffrir et éprouver des émotions, mais sont dotées de mémoire et de capacités télépathiques. De là à imaginer qu’elles pourraient absorber une partie des émotions qui nous encombrent….
Et si la plante était, elle aussi, la meilleure amie de l’homme ?
Tarte aux legumes et l’ortie
Puree
l’Ortie
Ingrédients pour 4 personnes ·- 6 grosses pommes de terre ·- 1 saladier d'orties ·- 2 cuillères à soupe de crème fraîche ou de soja ·- Lait tiède (lait végétal possible)
Ingrédients - Pâte brisée - 2 carottes - 2 poireaux - 1 saladier de têtes d’orties - 1 œuf - 1 grand verre de lait - 1 cuillère de crème fraîche ou crème de soja - Sel, noix de muscade, poivre . Gruyère râpé
Préparation ·- Faire cuire les pommes de terre à la vapeur ·- Prendre les jeunes pousses d'orties ·- Les faire cuire dans de l’eau salée pendant 1/2 heure ·- Écraser les pommes de terre, rajouter la crème ·- Égoutter et mixer les orties avec un peu de lait et les ajouter aux pommes de terre. ·- Ajouter du lait jusqu'à ce que la purée soit homogène
Préparation ·- Faire cuire les poireaux, les mixer ·- Râper les carottes crues ·- Mélanger avec l’œuf battu, le lait, la crème et les épices ·- Verser dans la pâte étalée dans un moule à tarte ·- Saupoudrer de gruyère râpé Cuisson Faire cuire à feu moyen environ 30 minutes
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Les Dolmens de Change Invitation à tous ceux qui affectionnent les “grandes pierres”, correspondant je pense à un bon pourcentage des Carnutes et autres sympathisants—
Le projet très ambitieux de valorisation de ce site mégalithique comportant quatre monuments identifiés datant du Néolithique moyen, le plus important de l’Eure-&-Loir, vient d’être mené à bien. Pendant le weekend du 19 et 20 septembre, correspondant à la journée du patrimoine (et à l’équinoxe), notre association, le Comité d’Étude, de Documentation et de Sauvegarde de la Nature (CEDSN que j’ai l’honneur de présider), qui a piloté le projet et à qui la garde du site a été confié, a organisé la cérémonie d’ouverture publique du tout nouveau musée. Désormais, la visite du site et du musée sera organisée sur demande. Les intéressés peuvent me contacter sur RobinsWood@aol.com.
Rendez-vous sur notre site web à http://www.megalithesdechange.fr/ pour de plus amples informations et une visite virtuelle du site.
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Dicts du Druide Cadoc
Dicton breton
Avant de parler, considère : Premièrement ce que tu dis.
Quand l’eau dégoutte de la corne du boeuf, Il est temps de semer le froment.
Secondement pourquoi tu le dis. Troisièmement à qui tu le dis. Quatrièmement de qui tu le dis. Cinquièmement ce qui résultera de ce que tu dis
Triades
Sixièmement quel bien proviendra de ce que tu dis. Septièmement qui écoute ce que tu dis.
Trois choses qu’on ne saurait opposer : Mets tes paroles sur le bout de ton doigt avant de les dire, et tourne-les de ces sept manières avant de les exprimer, et alors aucun mal ne viendra jamais de tes paroles.
la nature, la nécessité, et la décomposition.
Les mots Les mots peuvent-ils avoir des ailes ? Peuvent-ils scintiller dans l'air comme des papillons ? Peuvent-ils nous emporter, captifs, dans un autre monde ? Peuvent-ils ouvrir les ultimes chambres secrètes de nos âmes ?
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Sites sacres
Pendant le camp international de l'OBOD, en Allemagne en 2015, la proposition de faire un inventaire des sites celtiques les plus importants de l' Europe continentale a été faite, puisque les Celtes vivaient dans toute l'Europe et pas seulement sur les îles britanniques. Dans les vieux monuments et objets il pourrait y avoir encore beaucoup de connaissances cachées…
Même
si nous ne comprenons pas tout ce qui est dans les monuments, ils pourraient être une merveilleuse destination pour les vacances, et peut-être y rencontrerions nous des membres de l'OBOD continental ?
Le premier objectif est de faire une liste la plus longue possible. Suivra ensuite une élection des sites les plus intéressants, importants, beaux .... Ces sites seront décrits plus substantiellement et seront inclus dans les cours comme héritage de la tradition celtique européenne.
Alors s'il vous plaît envoyez nous vos contributions concernant vos sites préférés. Liens avec les membres OBOD francophones
Nous offrons aux membres de Obod (édition française) la possibilité de placer un lien pour leur site Web sur le site international (continental) de OBOD intitulé: www.druiden.info Il est pour les membres seulement et gratuit, si il est sur leur site, ils font également mention du lien vers www.druiden.info. Si vous ne souhaitez pas mentionner ce lien, alors le coût publicitaire sera de 30 euros / an. Si, en revanche vous souhaitez mettre ce lien en place, voici l'adresse : http://www.druiden.info/linksubscription.html
Ne pas oublier
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Le Souffle de l’Ourse
Les Et oiles d’ Artio Calendrie r de
Calendrier des célébrations en forêt de Mormal (59) Samain
Samonio
Alban Arthan
Alban Ar than
Lou e l a g Bu r des Calendrie
s
s célébrati
ons en A lsace :
La Clairiere des Carnutes
ns célébratio
Calendrier des célébrations
Samain h le Gi nivelz
Samain (78)
aux Prés de Garnes
Alban Arthan aux Prés de Garnes (78)
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Les Etoiles d’Artio
Clairiere des Carnutes
Le Souffle de l’ourse
Bugale Lou
Carnutes - Breizh
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