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Polynésie française
LE LABEL BIO PASIFIKA SENSIBILISE PRODUCTEURS ET CONSOMMATEURS À L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE
Ci-dessus : l’équipe de Bio Fetia, « l’association qui garantit et fait la promotion des produits agricoles bio du Fenua ».
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Créé en 2008 à l’échelle de l’Océanie, le label Bio Pasifika garantit aux consommateurs des produits agricoles sans pesticides ou engrais. En Polynésie française, c’est le système participatif de garantie (SPG) Bio Fetia qui se charge de labelliser les producteurs qui en font la demande, et de sensibiliser les consommateurs à l’agriculture biologique.
La Norme océanienne d’agriculture biologique (NOAB) a été créée en 2008 par la Communauté du Pacifique Sud. Cette norme régionale – ainsi que le label Bio Pasifika qui en découle – traite de la production et de la transformation de produits biologiques. Elle est adaptée aux contextes particuliers des territoires insulaires océaniens et tient compte des grandes références internationales en matière d’agriculture biologique. La NOAB a été approuvée comme norme de référence pour la Polynésie française en 2011 par le gouvernement local.
La même année, le système participatif de garantie Bio Fetia est né à l’initiative d’un groupe de producteurs animés par le bio. Sa mission : arpenter la Polynésie agricole et labelliser les producteurs qui en font la demande. Pour cela, Bio Fetia forme ses adhérents, des producteurs et des consommateurs, à l’inspection des candidats, selon les critères du label. Association ouverte à tous, le SPG Bio Fetia se consacre également à la sensibilisation des consommateurs sur les marchés communaux bio, les expositions, les foires, les événements culturels et les grandes surfaces.
Pour obtenir ce précieux label, « il est interdit d’utiliser des produits chimiques de synthèse, mais cette garantie va au-delà puisque nous sommes par ailleurs attentifs à la gestion de l’eau, à la présence de biodiversité sur la ferme ou au respect du bien-être animal », explique la directrice du SPG Bio Fetia, Poeti Lo.
Et attention, une fois obtenu, les producteurs sont tenus de conserver la qualité de leurs produits, en tenant à jour « un cahier de culture qui nous permet de vérifier leurs pratiques. Il est déjà arrivé qu’une exploitation perde son label et doive repasser par une période de conversion car elle n’avait pas respecté tous les critères », ajoute Poeti Lo.
Aujourd’hui, on compte plus de 70 fermes labellisées Bio Pasifika sur l’ensemble de la Polynésie française, et le SPG Bio Fetia continue de grossir ses rangs, à la fois d’adhérents et comités locaux.
TÉMOIGNAGES
POETI LO, DIRECTRICE DE BIO FETIA
« Ingénieur agronome de formation, j’ai toujours été sensibilisée à la préservation de l’environnement. Je gère le budget de l’association, la ressource humaine et les relations avec nos partenaires institutionnels. Je m’assure que l’association fonctionne bien et s’améliore en continu. J’accompagne les animateurs dans la gestion des dossiers de certification et dans l’interprétation de la Norme océanienne d’agriculture biologique et je développe des projets pour améliorer la visibilité du bio et accompagner au mieux les producteurs. En 2022, une vingtaine de nouveaux producteurs a obtenu le label Bio Pasifika, ce qui élève le nombre de fermes certifiées à plus de 70. C’est très encourageant pour la filière bio. Les consommateurs sont de plus en plus demandeurs de produits locaux, de qualité et bons pour leur santé.
Chaque année, nous organisons des journées portes ouvertes des fa’a’apu bio et les fermes reçoivent beaucoup de visiteurs. Enfin, pour que Bio Fetia soit garante du label Bio Pasifika, nous avons dû faire une demande de reconnaissance auprès de la Pacific Organic & Ethical Trade Community (POETCom) qui assure la gestion de la NOAB. Chaque année, nous leur remettons un rapport sur notre fonctionnement et les certifications que nous avons octroyées. »
« J’ai étudié au lycée agricole d’Opunohu d’où je suis sorti avec un BTS agricole en poche et où nous avons été sensibilisés à l’agriculture biologique. Mon métier s’inscrit ainsi dans la continuité de mon parcours scolaire. De plus, j’aime beaucoup le contact et l’échange avec les agriculteurs. La principale mission d’un animateur est d’accompagner les producteurs dans la certification biologique de leurs productions. De plus, nous sensibilisons le public à l’agriculture biologique et établissons un lien direct entre les consommateurs et les producteurs. Nous apportons enfin un suivi technique pour améliorer les pratiques culturales des agriculteurs-éleveurs.
Je dirai qu’une partie de la population est vraiment soucieuse de ce qu’elle mange et prête à consacrer une part un peu plus élevée de son revenu dans l’alimentation pour avoir la garantie que ce fruit, ce légume ou cet œuf est sans produits chimiques, sans OGM, respecte la biodiversité et le bien-être animal. Quant aux producteurs, le bio est avant tout une conviction personnelle et il faut que ça vienne du cœur. Toute la profession est soucieuse de la pollution environnementale causée par l’utilisation de produits chimiques, mais c’était le modèle agricole qu’on leur avait enseigné et on ne peut les blâmer pour ça, car ce sont eux qui nourrissent encore en grande partie la population ! Aujourd’hui, ils veulent se convertir au bio et notre rôle est de justement les inciter à le faire pour que le bio devienne la norme. »