6 minute read
Polynésie française
LES JEUX OLYMPIQUES DE PARIS 2024, UN COUP DE PROJECTEUR SUR TEAHUPO’O
Le 27 juillet prochain, la légendaire vague de Teahupo’o au large de Tahiti sera au cœur des compétitions olympiques de surf. Cet événement planétaire devrait contribuer à la promotion de la Polynésie française, et au développement touristique de l’archipel.
C’est sur l’un des territoires les plus préservés, que le monde du surf vibrera cet été. Depuis près de 25 ans, la mythique vague de Teahupo’o, presqu’île du sud-est de Tahiti, fait figure de référence pour les surfeurs. Avec ses étendues de sable, sa végétation luxuriante, ses récifs coralliens et ses lagons, la Polynésie française attire près de 280 000 touristes chaque année. Et c’est en 2020, à l’occasion d’un voyage de noces que Célia Couronne est arrivée à l’aéroport de Papeete. « La beauté des paysages, mais aussi la gentillesse et la bienveillance des Polynésiens m’ont tout de suite marquée. C’était un vrai coup de cœur, le voyage d’une vie ». Comme elle, Stéphane Renard a franchi le cap et n’a depuis, plus quitté l’archipel. « Je ne suis pas venu pour la carte postale, car ce n’est pas l’endroit le plus intéressant en termes de rapport qualité/prix, mais plutôt pour l’expérience humaine, la culture singulière et authentique de la Polynésie ».
LE TOURISME, PRINCIPALE FILIÈRE ÉCONOMIQUE ET LEVIER DE DÉVELOPPEMENT
À plus de 15 000 kilomètres de Paris, Teahupo’o ne connaît pas le même succès que Moorea ou BoraBora, îles les plus prisées ici. Et malgré le coup de projecteur, Stéphane Renard en est convaincu, le pic de fréquentation durant les Jeux, n’atteindra pas celui de 2023 et ses 300 000 visiteurs.
« Autour de la zone urbaine, il devrait y avoir un peu plus de fréquentation, mais globalement, on a l’effet inverse, c’est-à-dire qu’un grand nombre de personnes décalent leur séjour, pour ne pas se trouver à Tahiti fin juillet. En revanche, cette compétition devrait renforcer l’imaginaire collectif, le patrimoine et le savoir-faire local. Elle incitera même les gens à aller plus loin ».
En 2019, selon le rapport de l’Institut de la statistique, le tourisme représentait 8 % du PIB local. La clientèle venant principalement de métropole et d’Amérique du Nord. Une aubaine. « C’est à la fois une force et une dépendance. Contrairement à Venise qui connaît un phénomène de surtourisme, la Polynésie est à moins d’un touriste par habitant. L’affrètement est aussi limité », constate Stéphane Renard.
« Sur 78 îles habitées, une trentaine sont touristiques. 90% peuvent encore accueillir le triple du nombre de touristes qu’elles accueillent actuellement. Il y a donc une bonne dynamique de développement. Reste à structurer ces différents territoires pour continuer à augmenter les flux, créer les produits, les commercialisations ou encore les hébergements. Il faut donc les espacer sans les concentrer, au risque de connaître une surfréquentation », assure Stéphane. « En revanche, des structures adaptées au tourisme, c’est quelque chose qu’on peut espérer grâce aux JO », poursuit Hana Chicou, chargée de mission au ministère des Sports et aux Jeux Olympiques.
DES AMÉNAGEMENTS NÉCESSAIRES ET DES CHANTIERS D’ENVERGURE
Les Jeux Olympiques ont aussi permis un certain nombre d’aménagements sur la commune. « On est en période d’ajustement, mais globalement, tout sera prêt pour le jour J ». À savoir la tour des juges et l’agrandissement des marinas, notamment. « Les personnes pourront désormais emprunter la nouvelle passerelle. Cet aménagement remplace le vieux pont, jusqu’alors seul point d’accès. Par-delà la rivière où il n’y a plus de route, les piétons peuvent longer les maisons menant vers la Pointe », explique Bernadette Taputu, présidente du Comité de tourisme de Taiarapu Ouest. « On pouvait découvrir ce coin par la mer, donc ça permet d’avoir un espace plus adapté. Il y a un aménagement en amont de Teahupo’o, parce qu’on ne peut pas non plus saturer cette petite commune. La protection du site naturel reste une priorité. En termes d’accessibilité, ce sera réglementé et très restreint ».
Mais ce petit coin de paradis rencontre un problème de taille : l’absence d’hébergement. Lorsque le pic de fréquentation est élevé et que les arrivées sont massives, la capacité d’accueil des hôtels est minime.
« Les Polynésiens craignent l’arrivée des JO, car l’offre n’est pas suffisante par rapport à la demande », affirme Célia Couronne. « Peut-être faut-il augmenter les capacités des établissements existants et multiplier les types d’hébergements comme les Airbnb par exemple », poursuit Stéphane Renard. « C’est un challenge. On n’a pas toutes les facilités qu’on peut avoir en métropole, que ce soit en termes de mobilité, d’infrastructures, de ressources humaines et financières », avoue Hana Chicou.
DÉVELOPPER L’ATTRAIT ÉCONOMIQUE ET TOURISTIQUE APRÈS LES JEUX
Et pour continuer d’attirer, le gouvernement installera plusieurs fan-zones. « Chaque jour, 600 billets gratuits seront disponibles. Pour accéder à la zone de compétition, trois bateaux transporteront 12 personnes, tirées au sort. En tout, 300 spectateurs pourront chaque jour observer la vague ».
Alors que le président polynésien Moetai Brotherson s’est donné pour objectif de doubler le nombre de visiteurs en Polynésie française d’ici 10 ans, les acteurs touristiques souhaitent à travers l’événement maintenir un héritage. « Plusieurs entreprises se sont créées, le secteur hôtelier est également attendu au tournant », considère Bernadette Taputu. « On ne peut pas vendre des grandes plages de sable blanc, Teahupo’o c’est à la fois un endroit paisible et sauvage. Et puis la nature nous rappelle toujours qu’elle était là avant nous », termine Hana Chicou.