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Nouvelle-Calédonie

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Terre Outre-mer

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RETOUR SUR LE PREMIER FORUM NÉO-CALÉDONIEN DE L’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE

Malgré leur insignifiante contribution – 0,03 % – aux émissions mondiales de carbone, les îles du Pacifique sont en première ligne face au réchauffement climatique. En Nouvelle-Calédonie, des mesures d’atténuation sont entreprises, mais sans action internationale, l’adaptation demeure inévitable. Un sujet au cœur du tout premier forum dédié.

Pas moins de 400 personnes se rassemblaient le 18 avril dernier à Dumbéa afin de se pencher sur un enjeu central pour le caillou : l’adaptation au changement climatique. Lors de ce premier forum dédié au sujet et lancé par le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, l’objectif était de faire un état des lieux global de la situation et de proposer des solutions. Au centre de l’intention : le collectif. Car bien que des initiatives locales aient d’ores et déjà émergé, la priorité à ce stade est de structurer et de coordonner les actions à l’échelle du territoire. « Le but est de se concerter tous ensemble pour que chacun soit au courant des projets des uns des autres afin de les coordonner, d’éviter les effets doublons, de s’assurer que les petites initiatives qui ont un intérêt pour l’ensemble de la Calédonie puissent être diffusées », a précisé Jérémie Katidjo Monnier, membre du gouvernement.

© Dominique Delor
VERS UNE STRATÉGIE D’ADAPTATION POUR LE TERRITOIRE

En amont du forum, une large consultation citoyenne en ligne et des ateliers préparatoires réunissaient 300 contributeurs de tous horizons – dont enseignants et élèves – qui ont généré 2 500 idées d’actions réparties en 13 thématiques. Actuellement, des experts locaux examinent et hiérarchisent ces suggestions en vue de rédiger une stratégie concrète et réaliste d’adaptation pour la Nouvelle-Calédonie.

Le forum a abouti à la création d’un comité calédonien du changement climatique pour assurer la pérennité de la démarche et réviser chaque année la future stratégie, en collaboration avec toutes les parties prenantes. Le gouvernement envisage aussi une mesure symbolique : déclarer l’urgence climatique et étendre cette initiative aux côtés des pays voisins.

DES ACTIONS CONCRÈTES À OUVÉA

Dans la Province des Îles Loyauté, Ouvéa, un atoll émergeant des eaux depuis la ride des Loyauté, est menacé par les risques de submersion marine en raison du réchauffement climatique. Le point culminant de la petite île : 46 mètres ! Pour faire face au recul du trait de côte, des actions locales sont engagées comme l’enrochement et la replantation de palétuviers.

Également, l’identification des zones à risques et des zones sécurisées permet d’envisager la construction de routes secondaires et le déplacement des habitations vers l’intérieur des terres.

Les autorités ont même initié des discussions avec les tribus de la côte est de la Grande Terre dans le but d’identifier d’éventuels lieux de refuge pour les tribus d’Ouvéa. Une solution qui supposerait de garantir la continuité culturelle des tribus, pour lesquelles l’attachement au lieu de vie est central.

POURQUOI RÉDIGER UNE STRATÉGIE ?

La future stratégie néo-calédonienne d’adaptation au changement climatique permettra de :

• créer des synergies pour ne pas disperser les forces ;

• concentrer les investissements économiques de la Nouvelle-Calédonie dans la bonne direction ;

• répondre, de manière cohérente pour le territoire, aux programmes de financement régionaux, internationaux et européens.

L’analyse du recul du trait de côte à Ouvéa présentée lors du Forum calédonien du changement climatique.
© Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie

TÉMOIGNAGE

MYRIAM VENDÉ-LECLERC, COORDINATRICE À L’OBSERVATOIRE DU LITTORAL DE NOUVELLE-CALÉDONIE

Myriam Vendé-Leclerc

« L’Observatoire du Littoral de Nouvelle-Calédonie (OBLIC) est un dispositif du Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie visant à surveiller le littoral et à prévenir les risques liés au changement climatique. Depuis 10 ans, nous avons déployé un réseau d’observation couvrant 35 îlots et 17 sites côtiers. Les données recueillies nous permettent de suivre les évolutions à long terme et de mieux comprendre les mécanismes modifiant le littoral. Ces connaissances nous aident aussi à évaluer l’impact du changement climatique à l’échelle de l’ensemble du territoire.

Les informations fournies par l’OBLIC s’avèrent tout particulièrement utiles aux collectivités locales, leur permettant de prendre des décisions stratégiques pour la gestion du littoral et de proposer des mesures face aux risques côtiers. Ainsi, nous accompagnons tous les acteurs publics dans l’élaboration de stratégies d’adaptation au changement climatique, comme celle actuellement portée par le Gouvernement de la Nouvelle-Calédonie ».

Rédaction : Romy Loublier
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