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Wallis-et-Futuna

UN REGARD AVISÉ SUR LA PÊCHE CÔTIÈRE DANS L’ARCHIPEL

En moins de 20 ans, la pêche côtière à Wallis-et-Futuna a radicalement changé : depuis 2006, le nombre de pêcheurs a fortement diminué, mais les poissons semblent eux aussi moins nombreux et par ailleurs plus petits. L’Observatoire des pêches côtières créé en 2021 dans le cadre du programme PROTEGE nous aide à mieux comprendre cette évolution.

L’Observatoire des pêches côtières (OPC) de Walliset-Futuna, financé par le 11 e Fonds européen de développement et mis en œuvre par la Communauté du Pacifique (CPS), vise à dépasser les simples constats empiriques en fournissant des données scientifiques fiables et des indicateurs précis sur l’état des populations de poissons dans l’archipel.

Les premières études montrent qu’à Wallis, où la ressource est moins sujette à la surpêche en comparaison avec d’autres îles du Pacifique, près de la moitié des espèces évaluées sont néanmoins surexploitées. Ainsi, l’observatoire ambitionne de mieux comprendre l’état de la pêche pour éclairer les décisions des gestionnaires et accompagner les pêcheurs vers une gestion durable des ressources marines.

Seuls 9 % des ménages wallisiens pêchaient et autoconsommaient du poisson frais en 2020, contre 35 % en 2006 (Bouard et al. 2021).
© OPC

INTERVIEW

LOTOLELEI MANUFEKAI, TECHNICIENNE DE PÊCHE À L’OPC DE WALLIS-ET-FUTUNA

Lotolelei Manufekai
• Quelles sont vos missions au sein de l’OPC ?

- L’Observatoire des pêches côtières de Wallis, c’est une équipe de trois personnes : le chef de service, une chargée d’information halieutique et d’appui scientifique, ainsi qu’une technicienne en appui au développement de la filière pêche professionnelle côtière, poste que j’occupe depuis 2019.

Pour ma part, je suis très souvent sur le terrain. Être une enfant du fenua présente l’avantage de faciliter la communication avec les pêcheurs et la population. J’organise régulièrement des réunions thématiques sur des sujets en lien avec l’activité de pêche et la gestion de nos ressources. Au quotidien, j’assure aussi la collecte des données, que ce soit à travers les fiches de pêche ou par les mesures au débarquement

L’OPC mène ses enquêtes au débarquement des pêcheurs : de janvier 2020 à mars 2023, 392 enquêtes ont ainsi été réalisées pour un total de 32 pêcheurs participants et 21 519 poissons mesurés.
© OPC
• Quel regard portez-vous sur l’état de la pêche à Wallis-et-Futuna ?

- Avant la mise en place de l’OPC, la réglementation de la pêche n’était ni connue ni acceptée, et il n’y avait pas de réelle volonté de gestion communautaire. Aujourd’hui, les pêcheurs sont plus impliqués.

Nous travaillons avec un comité de pêche qui réunit les acteurs de la mer et les autorités locales, ce qui permet d’envisager des actions concrètes de restauration de la ressource.

Retour de pêche à Wallis. 
© OPC
Même pratiquée de jour, la chasse sous-marine peut contribuer à la surpêche côtière en raison de son efficacité et d’une pression de pêche sélective sur certaines espèces, qui ne laisse pas le temps aux stocks de poissons de se reconstituer.
© OPC
LA MOITIÉ DES STOCKS DE POISSONS ÉTUDIÉS A DU MAL À SE RENOUVELER. C’EST LE CAS DE CERTAINES ESPÈCES DE POISSONS-PERROQUETS ET CHIRURGIENS, ESSENTIELLES AUX ÉCOSYSTÈMES CORALLIENS ET DONT LE POTENTIEL DE REPRODUCTION EST ALARMANT
L’équipe de l’OPC déploie un effort de communication pour sensibiliser les consommateurs, pêcheurs et commerçants aux problématiques liées à la pêche. 
 © OPC

Nous allons élaborer un plan d’action pour mettre en application la réglementation de la pêche, notamment sur la chasse sous-marine de nuit, qui est encore très pratiquée ici et particulièrement néfaste. Globalement, le suivi de la pêche côtière sur l’archipel reste très récent et assez fragile, car nos moyens humains sont limités. L’enjeu est de maintenir les efforts de suivis annuels pour tendre vers une pêche locale plus durable, mais aussi de former du personnel pour disposer d’experts compétents qui restent sur le territoire.

Le comité de pêches réunit les acteurs de la mer et les autorités telles que l’administration supérieure et la chefferie.
© OPC
Rédaction et interview : Romy Loublier
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