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© Rotary Club de Grande-Terre pointe des Châteaux

SOLIDARITÉ POUR SAINT-VINCENT ET QUALITÉ DE L’AIR EN GUADELOUPE

Dans la Caraïbe, les regards sont tournés depuis le 9 avril vers l’île de Saint-Vincent, où le volcan la Soufrière est entré en éruption durant plusieurs semaines. Après 40 ans d’inactivité, les explosions à répétitions ont eu des conséquences catastrophiques pour les habitants de l’île. Des craintes de répercussions sur la qualité de l’air en Guadeloupe ont émergé à la suite de l’annonce mi-avril d’un indice ATMO dans le rouge par l’association Gwad’air, un phénomène lié à une brume de sable mais sans lien avec les éruptions de Saint-Vincent. La Guadeloupe reste mobilisée pour venir en aide aux Vincentais.

DES OPÉRATIONS DE SOLIDARITÉ

Dans le nord de l’île principale de Saint-Vincent-et-les-Grenadines, les nombreuses explosions de la Soufrière ont entraîné un important dépôt de cendres et menacent gravement le secteur agricole. Sur cette zone « rouge » de proximité directe, soit un bon quart de l’île, la plupart des récoltes ont été détruites et les animaux d’élevage et domestiques sont menacés par la toxicité des résidus, le manque d’eau et de nourriture. Dans la précipitation des évacuations, les éleveurs ont dû dans un premier temps abandonner leurs troupeaux afin de se réfugier plus au sud.

Les Caraïbéens se mobilisent pour leur venir en aide : convois de denrées alimentaires pour animaux, outils et matériel qui permettront de leur reconstruire des abris...

« Aux côtés du réseau CaribVET, de l’AVPLG, de Vétérinaire pour tous, de l’Inrae et du Cirad, les Rotary Clubs de Guadeloupe et de Martinique ont décidé de venir en aide aux filières animales à Saint-Vincent et aux Grenadines. Cette opération orchestrée avec l’association Coreca va ainsi consister à acheminer début juin quatre conteneurs, soit environ 60 tonnes de marchandises. Ceci est rendu possible grâce à GMA, CMA CGM et au transitaire Safir et melon, que nous remercions de leur précieuse contribution. la cagnotte en ligne continue sur https://dons-rotary-st-vincent. mystrikingly.com », rappelle Pascal l’Étang, vice-président du rotary Club de Grande-Terre pointe des Châteaux.

Le ministre de l’Agriculture de Saint-Vincent-et-les-Grenadines Saboto Caesar, a déclaré :

L’agriculture, la pêche, les infrastructures routières et autres se retrouvent en situation de catastrophe. Les problèmes auxquels nous sommes confrontés affectent notre sécurité alimentaire et notre souveraineté. Les prix, l’accessibilité, la disponibilité des produits alimentaires sont menacés.

Les Nations Unies ont lancé un appel de fonds de 29,2 millions de dollars pour soutenir le pays.

LA BRUME DE SABLE AUX ANTILLES

Thierry Jimonet, chef du centre Météo-France de Guadeloupe, présente devant les caméras de Guadeloupe La 1ère la modélisation des deux phénomènes distincts : en bas à gauche, le panache de cendres propulsé depuis Saint-Vincent vers le nord-ouest ; sur la partie droite, les moutons de sables du Sahara arrivant du sud-est vers les Antilles.

Phénomène survenu en parallèle de ces événements volcaniques à Saint-Vincent mais indépendant, la Guadeloupe a connu mi-avril un épisode de brume de sable entraînant une importante dégradation de la qualité de l’air. Ces brumes arrivent du sud-est de l’archipel (les cendres volcaniques de Saint-Vincent ont, elles, été propulsées vers le nord-ouest de l’île sinistrée). Les phénomènes de brumes de sable sont fréquents entre mars et octobre et sont liés à l’apport de poussières venues du Sahara. Lorsque le seuil dit d’information et de recommandation est atteint, comme ce fut le cas les 16 et 17 avril derniers, le niveau de pollution dans l’atmosphère présente un risque immédiat pour la santé, même pour une exposition de courte durée. Des recommandations sanitaires sont alors émises ainsi que des mesures pour la réduction des émissions d’origines anthropiques qui amplifient le phénomène.

Rédaction : Romy Loublier

La plage de la Saline en Guadeloupe

© thomathzac23 | stock.adobe.com

UN INTÉRESSANT RETOUR D’EXPÉRIENCE EN GUADELOUPE SUR LA GESTION DES SARGASSES DE LA PLAGE DE LA SALINE

En Guadeloupe, le choix a été fait de ne pas procéder à l’évacuation des sargasses échouées sur la plage de la Saline. Sans nier les conséquences sanitaires, économiques et écologiques des échouages massifs de sargasses aux Antilles, ni prétendre pouvoir généraliser ce retour d’expérience, ce dernier montre que le non-interventionnisme peut parfois s’avérer pertinent dans certaines situations (1).

(1) À distance suffisante notamment des zones habitées ou des infrastructures touristiques.

Localisé à l’est de la commune du Gosier entre Pointe Canot et la Pointe du Petit Havre, le site de la Saline trouve son caractère remarquable par la présence de l’une des plus vastes zones humides de la Grande-Terre. Cette mangrove captive d’une vingtaine d’hectares, renfermée par un cordon sableux, joue un rôle important dans le maintien de la qualité des eaux littorales et dans l’accueil de l’avifaune.

Également apprécié par la population pour sa longue plage de sable blanc et les eaux turquoise de son lagon, le site est utilisé pour des activités récréatives et nautiques. Le cordon sableux est coiffé d’une végétation pionnière qui durant des années, a été durement impactée par une fréquentation anarchique : piétinement de la végétation, coupe de bois, feux au sol… Cette réduction du couvert végétal a fragilisé cet espace qui, de par sa morphologie de dépression littorale, constitue déjà une zone fortement exposée à l’érosion et aux surcotes marines en cas d’aléas majeurs, comme les tempêtes et houles cycloniques.

Les premières arrivées massives de sargasses sur le site datent de 2011. Sa position de baie exposée aux courants marins en fait un lieu propice à l’échouage de radeaux dérivant le long de la côte Atlantique. En dépit d’un environnement immédiat peu urbanisé, les autorités ont alors opté pour le ramassage des algues afin de préserver les usagers et les populations riveraines des quelques lotissements avoisinants, de la gêne olfactive provoquée par les émanations d’hydrogène sulfuré (H2S).

Compte tenu de l’importance des échouages ne permettant pas une collecte manuelle, les premières interventions ont été réalisées à l’aide d’engins lourds de BTP. Ce matériel s’est avéré inadapté aux enjeux du milieu : prélèvements importants de sable, compactage du substrat, piétinement de la végétation, modification de la topographie du cordon… Le séchage par l’étalement des algues ramassées en arrière-plage tel que recommandé par la DEAL, n’a pu être envisagé du fait du boisement de l’arrière-plage.

Une partie des algues a ainsi été mise en tas en lisière de mangrove ou encore étalée sur la zone de stationnement et le chemin d’accès, qui ont été réquisitionnés temporairement en zones d’épandage, mais dont les surfaces étaient très insuffisantes.

Face aux enjeux écologiques importants en matière de recul du trait de côte, de la configuration du site ne permettant pas une mise en œuvre des recommandations des autorités, et enfin de l’absence de site alternatif d’épandage, le Conservatoire du littoral et la commune du Gosier gestionnaire du site, ont entrepris en 2017 de mettre fin temporairement aux interventions de ramassages des algues. Un arrêté municipal a été pris pour y interdire les activités de baignade et nautiques. en parallèle, les ramassages se sont poursuivis sur les autres sites balnéaires de la commune afin de réorienter les usagers vers ceux-ci.

La même année, à la suite du passage du cyclone Maria, la plage a subi un important recul du trait de côte et une destruction de sa végétation causés par la houle cyclonique. Les premières sargasses viendront s’échouer sur le sable quelques mois plus tard, pour former des tas épais en bordure de plage venant bloquer la remontée d’algues supplémentaires et limiter le départ du sable en le protégeant des vagues. En effet, au fur et à mesure des échouages, les algues les plus éloignées de l’eau perdent de leur volume et, mélangées au sable, forment peu à peu un tapis épais et spongieux (agglomérat) qui une fois séché, façonne un substrat fixe et enrichi en matière organique qui rentre dans la composition du cordon. Ainsi, durant les trois années qui suivront, la plage préservée de l’érosion marine par les échouages d’algues, se réengraissera pour former en 2020 une accrétion de sédiments de plus d’une dizaine de mètres de large. Aujourd’hui, sur le site, le substrat enrichi par la décomposition des algues favorise une recolonisation ponctuelle de la végétation pionnière, d’une part, par le développement des strates rampantes et herbacées présentes et, d’autre part, par la germination d’une partie du stock de graines contenue dans les radeaux de sargasses.

L’expérience du non-interventionnisme sur les échouages de sargasses, complétée par une diminution de la fréquentation du site, a finalement permis au cordon sableux de la Saline de se régénérer et ainsi de renforcer sa fonction de protection de la mangrove captive, dont l’équilibre pourrait être fortement menacé par le recul du trait de côte engendré par les changements climatiques.

Selon Alain Brondeau, délégué Outre-mer au Conservatoire du littoral :

Il est possible que les “explosions” récentes de sargasses aux Antilles soient liées au réchauffement climatique, c’est en tout cas une hypothèse scientifique. D’un autre côté, ces échouages peuvent aider à limiter un autre effet du changement climatique, qui est l’érosion du trait de côte, comme une sorte de mécanisme de “ régulation naturelle ”...

La plage de la Saline photographiée en mai 2018.

© Conservatoire du littoral

La plage de la Saline photographiée en septembre 2020. Cette image et la précédente montrent qu’en l’absence d’enlèvement de sargasses au cours de cette période, le site ne s’est pas détérioré, au contraire : on y observe même une progression du trait de côte et une revégétalisation du haut de plage.

© Conservatoire du littoral

Rédaction : Didier Lambert, chargé de mission Aménagement et gestion à l’antenne de Guadeloupe du Conservatoire du littoral.

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