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Polynésie française
MATA TOHORA, UN RÉSEAU ASSOCIATIF ENGAGÉ POUR LA PROTECTION DES CÉTACÉS
Depuis huit ans, l’association mène des activités à buts scientifique et pédagogique au bénéfice des mammifères marins. Son réseau d’observateurs s’élargit toujours un peu plus dans les cinq archipels, avec des échanges riches d’informations.
Améliorer les connaissances et les transmettre, former, informer, sensibiliser et communiquer, telles sont les missions de l’association Mata Tohora (1) basée à Tahiti, référente pour la protection des cétacés et des échouages en Polynésie française.
(1) Signifie en polynésien « l’œil de la baleine ».
déclare l’océanologue Agnès Benet, fondatrice et directrice de l’association, et par ailleurs représentante de l’Ifrecor dans le territoire.
Grâce à son équipe composée de chercheurs en biologie marine et de vétérinaires, l’association crée des programmes de recherche pour mieux connaître les cétacés, identifier et mesurer les dangers auxquels ils sont confrontés ou qui les menacent, de façon à proposer au gouvernement de la Polynésie française des mesures de protection adaptées.
Malgré la persistance de dérangements volontaires des cétacés liée à la présence de bateaux ou aux mises à l’eau, l’association constate une réelle prise de conscience de la part des usagers. « Nous recevons beaucoup d’appels de personnes à terre ou en mer pour nous informer des dérangements ou tout simplement de la présence des baleines. Cela indique que notre sensibilisation a eu un effet positif sur les mentalités en général et aussi auprès des observateurs en mer, dont certains ont reconnu avoir changé leur façon d’approcher les cétacés pour ne plus les perturber, grâce à nos explications », témoigne la fondatrice de Mata Tohora.
Dans un esprit pluridisciplinaire, Mata Tohora fédère des passionnés de mammifères marins, professionnels ou amateurs, dans les cinq archipels : les bénévoles qui font partie de son réseau sont formés pour intervenir en cas de problèmes (baleines ou dauphins pris dans des filets ou dans des lignes perlières, échouage de cétacés...) et plusieurs activités et événements sont proposés tout au long de l’année : études, stages, conférences, communication grand public et notamment sur l’eau, sensibilisation dans les écoles... Comme le précise Agnès Benet, « une des actions sur laquelle nous avons près de 10 ans de recul est le programme “ C’est Assez ! ” qui consiste à sensibiliser les usagers de la mer aux observations respectueuses, et à continuer la recherche sur les baleines et les dauphins de Polynésie, notamment les études comportementales ».
Avec près de cinq millions de km 2 de surface maritime, la Polynésie française est un des plus grands sanctuaires au monde de mammifères marins. Les animaux y sont protégés notamment de la pêche et de la capture, et les observations réglementées en termes de distances d’approche. Dans le territoire, l’activité de whale watching a débuté en 1992 à Moorea, puis en 1995 à Rurutu, dans les îles Australes. Très rapidement, d’autres opérateurs sont apparus à Tahiti et à Moorea et depuis 2010, le whale watching est en plein essor. Aux professionnels autorisés par la direction de l’Environnement s’ajoutent les plaisanciers, essentiellement à Tahiti et Moorea.
« En 2020, on compte près de 50 opérateurs et plus de 60 bateaux autorisés à exercer le whale watching à but commercial » indique Agnès Benet, qui ajoute : « pendant la saison la plus propice à l’observation des baleines à bosse (photo ci-dessus, NDLR), de juillet à octobre, nous avons pu compter 21 bateaux encerclant une baleine avec son baleineau et 48 personnes dans l’eau entourant les animaux. En effet, en Polynésie française, le nombre de bateaux et de nageurs présents sur zone, ainsi que la durée d’observation des animaux ne sont pas limités par le Code de l’environnement. Ainsi, à Moorea, île sœur de Tahiti dotée de 72 kilomètres de littoral, nous pouvons observer un va-et-vient de bateaux touristiques avec 12 passagers à bord en moyenne, de 6h à 18h, ce qui laisse très peu de moments de tranquillité aux baleines. Le Code de l’environnement ne prévoit pas de temps de quiétude à ce jour, contrairement à la Nouvelle-Calédonie par exemple ».
Le label Mata Tohora a justement intégré ces manques afin de proposer aux touristes écoresponsables la possibilité d’observer les baleines en exerçant le moins possible de pressions sur elles. Le label valorise les opérateurs labellisés qui acceptent ces conditions, certes plus contraignantes, mais indispensables aujourd’hui à la protection des cétacés.
Contact : matatohora@gmail.com
Rédaction : Stéphanie Légeron
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