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MARTINIQUE

ACQUISITION DU SOMMET DU MORNE LARCHER PAR LE CONSERVATOIRE DU LITTORAL

Photo ci-dessus : le Morne Larcher vu depuis le village de Petite Anse. En arrière-plan, le Rocher du Diamant. © Laurent Juhel | Autrevue

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Relativement protégés par leurs reliefs, les mornes constituent des refuges de biodiversité. Dans le sud-ouest de la Martinique, le Conservatoire du littoral a récemment acquis une nouvelle parcelle située au sommet du Morne Larcher, qui surplombre magnifiquement l’Anse et le Rocher du Diamant.

Dans les langues créoles des Antilles et de l’océan Indien, les mornes désignent des reliefs de forme arrondie, en général des collines. Au sud-ouest de la Martinique, une série de mornes ponctuent le littoral des communes des Anses d’Arlet et du Diamant et l’intérieur de la presqu’île des Trois-Îlets. Ils alternent avec des baies, au fond desquelles des villages sont tournés vers la pêche et le tourisme.

Ces mornes sont remarquables à plusieurs titres :

• Témoins d’une activité volcanique remontant entre 1 et 3 millions d’années, ils sont un livre ouvert sur l’histoire géologique particulièrement riche de la Martinique.

• Sur le plan paysager, leurs profils arrondis typiques de la région et aux formes parfois suggestives – telle « la femme couchée » – représentent des coupures d’urbanisation et confèrent aux baies qu’ils encadrent un caractère isolé et intime qui contribue fortement à leur attractivité touristique. De formations boisées en savanes herbacées maintenues ouvertes par le pâturage, les mornes sont parcourus de sentiers pédestres reliant les villages de la côte et offrant de superbes points de vue sur la mer des Caraïbes.

• Sur le plan écologique, ils présentent des faciès variés de forêts sèches à semi-sèches, fortement raréfiées à l’échelle de l’île. Ils abritent également de nombreuses espèces floristiques rares, dont certaines font l’objet de programmes conduits par le Conservatoire botanique de Martinique.

• Enfin, ils abritent un patrimoine historique, notamment des ouvrages militaires de défense liés à leur place stratégique.

Si jusqu’à présent les mornes sont restés plutôt préservés de l’urbanisation, celle-ci progresse régulièrement en direction des pentes à partir des villages littoraux, depuis les routes départementales qui serpentent à mi-hauteur et depuis les dessertes secondaires en fond de vallées. Les vues sur la mer qu’offrent les mornes sont de plus en plus prisées pour l’installation de résidences touristiques saisonnières.

De 1988 à 2021, le Conservatoire du littoral a acquis 211 hectares sur les mornes du sud-ouest de la Martinique et s’est vu affecter 22 hectares sur les 50 pas géométriques, gérés par la communauté d’agglomération de l’Espace Sud Martinique. Cette protection foncière complète la protection apportée sur la forêt domaniale du littoral par l’ONF. Or elle s’avère insuffisante, que ce soit pour préserver les entités paysagères particulières que sont les mornes, ou pour aménager ou conforter le sentier littoral qui doit suivre les formes du relief et entrer souvent plus à l’intérieur des terres.

C’est pourquoi une animation foncière a été réalisée en 2019 et 2020 auprès de la centaine de propriétaires privés de ces mornes. Elle a débouché sur plusieurs accords de vente et le Conservatoire a ainsi acquis, fin 2021, 19 hectares supplémentaires au sommet du Morne Larcher. Cette parcelle abrite quelques espèces arborées très rares de forêt sèche et offre un point de vue exceptionnel sur l’Anse du Diamant et le rocher du même nom, également protégé par le Conservatoire du littoral depuis 2005.

Rédaction : Alain Brondeau

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