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NOUVELLE-CALÉDONIE
DANS LE CADRE DU « PLAN D’ACTION DUGONG », UN PROJET EST LANCÉ DANS LES TRIBUS POUR PROTÉGER LA « VACHE MARINE »
Photo ci-dessus : © Charte graphique PAD
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Ceux qui connaissent le dugong savent qu’il ne s’agit ni d’un phoque ni d’un dauphin, et encore moins d’une baleine… Cet étrange animal à l’allure sympathique est aujourd’hui menacé à l’échelle mondiale. En Nouvelle-Calédonie, de nouveaux moyens sont déployés pour mieux connaître et protéger cette espèce emblématique du « Caillou ».
Représentant de l’ordre des siréniens avec son cousin le lamentin, le dugong est un mammifère marin herbivore. Il est surnommé « vache marine » en raison de son appétence pour les herbiers marins. La Nouvelle-Calédonie compterait entre 500 et 700 individus : bien que cette population soit relativement faible, elle est considérée aujourd’hui comme l’une des plus importantes dans le monde après celles de l’Australie et du golfe Arabique. Dans l’outre-mer français, le dugong est également présent à Mayotte, où il subsisterait à ce jour moins d’une dizaine d’individus.
POURQUOI LE DUGONG EST-IL MENACÉ ?
Vulnérable selon l’UICN, le dugong est en régression dans son aire de répartition, qui s’étend de l’Afrique orientale jusqu’au Vanuatu. Il est menacé par les activités humaines et, bien que protégé dans de nombreux pays comme en France, les pêches accidentelles, les collisions avec des engins nautiques ou encore le braconnage exercent une forte pression sur cet animal exclusivement côtier.
L’état de santé de son habitat est également préoccupant : les herbiers marins ne représentent que 0,15 % des fonds marins et ont perdu 10 % de superficie par décennie entre 1970 et 2000. Le dugong, lui, broute jusqu’à 40 kg de plantes par jour pour vivre ! Enfin, malgré une espérance de vie de 50 à 70 ans, l’espèce se renouvelle lentement du fait d’un faible taux de reproduction : une femelle ne donnera naissance qu’à partir de l’âge de 10 ans, à raison d’un petit tous les cinq ans, au mieux. En Nouvelle- Calédonie, les données disponibles suggèrent que la population de dugongs décline et on estime que pour la préserver, aucun dugong ne devrait désormais disparaître de mort non naturelle : chaque dugong compte !
DES ACTIONS EN FAVEUR DU DUGONG EN NOUVELLE-CALÉDONIE
L’enjeu de conservation de l’espèce est encadré depuis 2010 par le « plan d’action dugong », qui se déploie par phases de 6 ans. Coordonné par le Conservatoire d’espaces naturels (CEN) de Nouvelle-Calédonie, ce travail regroupe services de l’État, collectivités, établissements publics, scientifiques et associations afin de lutter contre les menaces anthropiques, renforcer les connaissances et mobiliser les habitants pour soutenir sa préservation.
La deuxième phase du plan d’action, initiée en 2016, est ainsi arrivée à terme en 2021 et cette année a lieu l’élaboration de la phase 3. « Depuis 2016, nous poursuivons les actions de suivis scientifiques avec nos partenaires et avons par ailleurs mis l’accent sur le volet communication avec plusieurs campagnes d’affichages et télévisées », nous indique Anaïs Morlon, assistante de coordination du pôle Patrimoine marin au CEN. De plus, le CEN va initier cette année, en partenariat avec l’IRD et l’Agence de développement de la culture kanak - Centre culturel Tjibaou (ADCK), un tout nouveau projet à dimension anthropologique, dont Anaïs Morlon décrit ici la démarche :
Le dugong revêt en effet une importance culturelle au sein des communautés locales qui le chassaient autrefois en vue des cérémonies coutumières. Malheureusement, malgré les efforts réglementaires et une prise de conscience des communautés traditionnelles qui ont su faire évoluer leurs pratiques, le braconnage persiste. En 2021, 6 échouages ont été recensés sur le « Caillou » dont un animal présentant des traces évidentes de chasse par l’homme.
RESPECTONS LA NATURE, RESPECTONS LA RÉGLEMENTATION
Le dugong est protégé par les Codes de l’environnement des provinces Nord et Sud : il est interdit de capturer, de tuer et de consommer un dugong. Lutter contre le braconnage est une priorité. Ainsi, un effort est demandé à tous les usagers du lagon et chaque infraction doit être signalée. Pour cela, le « 16 », numéro d’urgence du centre de coordination des secours en mer, peut être utilisé pour signaler tout dugong mort ou en détresse. Limiter la dégradation des herbiers est par ailleurs une nécessité pour protéger le dugong. Cela passe par des suivis scientifiques adaptés au contexte local.
Rédaction : Romy Loublier