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GUYANE
LA RÉSERVE NATURELLE DES NOURAGUES, DÉTERMINÉE À GAGNER DU TERRAIN SUR L’ORPAILLAGE ILLÉGAL
Photo ci-dessus : paysage des Nouragues. © Bernard Gissinger
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Confrontée à une pression fluctuante de l’orpaillage illégal, la Réserve naturelle des Nouraguesa mis en place une nouvelle stratégie de lutte, en couplant ses actions de terrain à des missions scientifiques opérationnelles, pour une meilleure protection du territoire.
Créée en 1995, la deuxième plus grande réserve de France – plus de 105 000 hectares ! – est recouverte de forêt tropicale mature, et recèle une biodiversité riche et remarquable.
La Réserve naturelle des Nouragues, nichée au cœur de la forêt équatoriale, accueille également depuis plus de 35 ans une station de recherche reculée du CNRS qui étudie la forêt tropicale, dans un lieu le plus éloigné possible des activités humaines. Pourtant, malgré sa position isolée, la Réserve est confrontée au fléau de l’orpaillage illégal et à ses conséquences désastreuses sur l’environnement : déforestation, dégradation des sols, pollution des cours d’eau, pêche, braconnage…
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Une illustration de la pollution et de la destruction des écosystèmes causées par l’orpaillage illégal.
© Bernard Gissinger
Pour faire face à cette destruction des écosystèmes, une nouvelle stratégie de lutte contre l’orpaillage illégal a été mise en place en septembre 2021, en partenariat avec les membres du dispositif militaire Harpie et l’ONF, qui est le cogestionnaire de la Réserve avec l’association du GEPOG. Cette stratégie repose d’une part sur des interventions régulières des forces armées sur le terrain, afin d’épuiser les capacités de résilience des orpailleurs clandestins, et d’autre part, sur « l’occupation » des sites récupérés à des fins scientifiques et de gestion.
Les sites abritant des camps d’orpaillage font ainsi l’objet de suivis pour évaluer l’état de dégradation des milieux, mesurer le retour de la biodiversité sur le long terme et initier la réhabilitation de certains secteurs.
Ces opérations de protection et d’amélioration de la connaissance s’accompagnent de nombreux projets de sensibilisation et d’éducation à l’environnement, pour une meilleure intégration de la Réserve dans le tissu socioéconomique local : des partenariats ont été tissés dans la commune de Régina, avec notamment la Maison familiale rurale (formation de jeunes) ou les écoles (gestion d’une aire terrestre éducative), et plusieurs outils pédagogiques ont été développés. Le projet « Coracines » de réhabilitation du camp Arataï, au cœur de la Réserve, permettra par ailleurs l’accueil en pleine nature du public, pour permettre des échanges et un partage des savoirs.
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Un « chantier nature » au camp Arataï, avec les jeunes de la Maison familiale rurale (MFR) des Fleuves de l’Est, basée à Régina. Ce centre propose des formations par alternance en CAP et Bac Pro aux métiers des services à la personne et de l’agriculture.
© Robin Fouchier
Pour Jennifer Devillechabrolle, conservatrice de la Réserve naturelle des Nouragues : « C’est grâce à cette coordination générale, en faisant avancer de concert la lutte contre l’orpaillage, les suivis scientifiques et une politique d’ancrage territorial forte, que nous pourrons faire de la Réserve un véritable outil de protection de l’environnement ».
Pour suivre l’actualité de la Réserve : https://fr-fr.facebook.com/RN.nouragues/
Rédaction : Lucie Labbouz