5 minute read

OUTRE-MER grandeur Nature _ Port Réunion

LA RESTAURATION DES « MAISONS DES INGÉNIEURS » : UN PROJET DE « LABORATOIRE DU VIVANT »

PUBLI-COMMUNIQUÉ

Advertisement

Quatre grandes villas implantées au Port Ouest surplombent le bassin portuaire. Inhabitées depuis des années, elles sont inscrites au titre des monuments historiques. L’aménagement de ces biens protégés, de leurs jardins et leurs abords végétalisés est un projet majeur pour le Grand Port maritime de La Réunion (GPMDLR).

Face au bassin principal du Port Ouest, les grandes villas dressent leurs façades en pierre au charme désuet le long de la rue Amiral Bosse, à proximité immédiate de la ville. Appelées aussi « Maisons des Ingénieurs », ces bâtisses d’architecture coloniale entourées de larges varangues et de dépendances présentent un intérêt historique certain, pour avoir été les logements de fonction des ingénieurs ayant construit, entre 1879 et 1886, le port de la Pointe des Galets, dénommé désormais « Port Ouest ».

Les quatre villas inscrites au titre des « monuments historiques » sont tombées en désuétude depuis plusieurs années et font l’objet d’occupations irrégulières ayant causé d’importantes dégradations. Elles composent une unité foncière pour laquelle s’est porté acquéreur le Grand port maritime de La Réunion (GPMDLR) – ou Port Réunion – dont l’actuel siège social se situe à l’arrière.

Le GPMDLR souhaite en effet réhabiliter ces villas historiques, de même que leurs jardins et les espaces de verdure attenants. La restauration et l’aménagement du secteur des grandes villas devra respecter un cahier des charges contraignant afin de restituer le site dans son état initial. Ceci imposera de lourds travaux de rénovation.

Ce projet, au-delà de la perspective de restaurer le plus ancien patrimoine portuaire de la commune, offre au GPMDLR l’opportunité d’implanter son futur siège social sur le site et d’y créer un « Port Center », véritable trait d’union entre la ville et le port.

Dans le cadre du renouvellement de son siège social, le GPMDLR a toujours manifesté sa volonté de rassembler ses différents services dans un lieu unique, contemporain et conforme à l’image de « Port Responsable » affichée dans sa stratégie de développement. Or ces terrains sont porteurs d’une forte histoire portuaire. La réalisation du futur siège contribuera à poursuivre cette histoire et maintiendra l’établissement au cœur de ce lieu patrimonial.

De plus, l’ambition de Port Réunion est de créer une zone attractive accompagnant le projet de la ville du Port les « Portes de l’Océan ». Les grandes villas accueilleront ainsi deux restaurants, un Port Center et un front de mer ouverts au public. Le projet fera connaître l’histoire du port auprès des riverains et du public scolaire, sans oublier les visiteurs et, parmi eux, les croisiéristes. Le Port Center sera également un lieu d’éducation, d’interprétation et d’échanges culturels qui permettra à tous, via les médias des plus traditionnels (gravures et photographies) aux plus récents (casques de réalité virtuelle), de découvrir les multiples facettes du milieu portuaire et marin. Il contribuera à répondre à un besoin croissant d’ouverture citoyenne, et valorisera par ailleurs les retombées du port en termes d’économie et d’emploi à l’échelle du territoire réunionnais.

Elliot Boglio et les agents polyvalents de l’équipe Espaces verts du GPMDLR. | Dans le cadre du projet de restauration des jardins des Maisons des Ingénieurs, une formation des équipes du Service Bord à Quai (SBAQ) du GPMDLR a été engagée pour leur permettre de se familiariser avec des techniques de gestion écologique. Cet apprentissage actif et participatif permet d’aborder les bases d’un entretien respectueux des espaces, en valorisant le recyclage et le milieu en place. S’appuyant ainsi sur le respect du sol, sur la préservation des ressources en eau, de la biodiversité et du patrimoine existant, cette démarche innovante vise à développer un projet d’écrin de nature évolutif dans une démarche expérimentale et pédagogique.

© Priscille Labarrère | GPMDLR

Le non-recours à l’artificialisation des sols guide le travail entrepris dans les jardins et espaces verts aux abords des Grandes Villas. Il s’agit, au rythme de la nature et à l’aide de ses ressources, d’enrichir les sols secs et sableux, pour ensuite replanter. La terre sera par exemple aérée par les racines des futurs arbres, dont certains seront endémiques. Ceux qui doivent être coupés seront recyclés en paillis pour retenir l’eau et la fraîcheur autour des plantations. Cette restauration végétale innovante de trois ans façonnera de beaux et colorés jardins créoles, inspirés de La Réunion lontan, des modèles de culture agroécologique mariant au sein d’un « fouillis organisé » une abondance d’espèces.

Ce lieu a une histoire. Nous avons l’opportunité d’en faire un laboratoire du vivant, avec du temps pour la restauration. C’est un endroit exceptionnel qui ne demande qu’à être réanimé. On va essayer d’emmener un maximum de gens dans ce projet d’avenir, qui a valeur d’exemple

souligne Laurence Brégent, ingénieure paysagiste à l’agence Zone UP Paysage de Saint-Denis.

TÉMOIGNAGE

LUC DANIEL, CONSULTANT EN AMÉNAGEMENTS PAYSAGERS (KLORYS)

Luc Daniel, sous-traitant de la société EVE sur ce projet.

© Stéphanie Castre

J’interviens notamment pour choisir des plantes adaptées. Par exemple, le Chloris gayana est une graminée fréquemment utilisée en semence. Elle forme des prairies d’engrais verts qui vont générer de la biomasse. Les champignons, bactéries et autre microfaune fournissant des éléments nutritifs réapparaissent ici, où plus rien ne poussait. Nous nous évertuons à créer des sols vivants à partir de techniques naturelles. Les solutions fondées sur la nature sont des méthodes plus douces, moins agressives. Cela prend du temps, le travail est beaucoup plus manuel, mais j’aime ce côté expérimental, un peu poétique. Ce chantier est minuteux et atypique. C’est un plaisir d’y participer.

TÉMOIGNAGE

ELLIOT BOGLIO, FORMATEUR TERRAIN EN AGROÉCOLOGIE

Elliot Boglio, prestataire de la société EVE sur ce projet.

© Stéphanie Castre

Notre travail consiste à préparer le terrain, à faire les prémices avant l’installation du jardin. Le sol reste en sommeil pendant l’hiver austral, qui dure en général de mai à octobre à La Réunion. La vie est là, mais pendant ces six mois, elle dort. Notre travail consiste à allonger la période de vitalité, de vigueur de la terre. Pour cela, nous cultivons la matière organique manquante dans les sols, de façon à les enrichir de ressources nutritives, à les rendre plus fertiles. Je suis amené à décider de l’emplacement des plantes et j’ajoute ma touche de semences adaptées aux conditions en bord de mer. Cela permet d’améliorer la structure du sol en vue des futures plantations.

This article is from: