Dossier spécial
ENVIRONNEMENT
REUTERS/Philippe Laurenson
Priorités
Quatre feux rouges Parmi les menaces environnementales actuelles, quatre requièrent une action urgente : le changement climatique ; la perte de biodiversité ; la rareté de l’eau ; les impacts sanitaires de la pollution. Voici des messages clés examinés dans l’édition 2008 des Perspectives de l’environnement de l’OCDE.
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CHANGEMENT CLIMATIQUE Les signes tangibles d’un changement climatique sont omniprésents, perturbant le milieu physique, l’écologie de la planète et les conditions socio-économiques. Pourtant, en stabilisant les concentrations atmosphériques, la hausse à long terme des températures moyennes mondiales pourrait être limitée à 2-3°C, au lieu des 4-6°C prévus par le scénario de « politiques inchangées » de l’OCDE.
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L’Observateur de l’OCDE
Cette hypothèse serait gérable à condition d’employer des instruments économiques affectant un « prix » au carbone, comme les taxes et l’échange de droits d’émission, et de les compléter par des normes appropriées, une promotion de l’éco-innovation et des stratégies sectorielles. Selon les Perspectives de l’environnement de l’OCDE, ce type de mesures, mises en place dès maintenant pour tous les principaux émetteurs (pays et secteurs) permettraient une action ambitieuse et abordable face au changement climatique. À l’horizon 2050, les émissions mondiales pourraient ainsi être réduites d’environ 40 % par rapport à 2000, et il n’en coûterait en moyenne que 0,1 point de PIB par an. Pour les pays de l’OCDE, c’est d’abord une question de volonté politique et d’ambition écologique. Les progrès des pays en développement doivent quant à eux être encouragés par l’investissement, le transfert technologique et la coopération pour le développement. Il faut s’assurer dès maintenant que toutes les nouvelles infrastructures énergétiques et les bâtiments sont respectueux de l’environnement, notamment dans les pays émergents dont la croissance est rapide. Des mécanismes de partage des coûts avec les pays pauvres, qui ne peuvent payer le prix des réductions d’émissions, doivent être trouvés.
l Commencer dès aujourd’hui à réduire les Mesures envisageables
émissions mondiales de gaz à effet de serre. l Pour que les coûts d’intervention restent faibles, créer les conditions nécessaires à la participation de tous les principaux pays émetteurs aux efforts d’atténuation prévus par le dispositif post-2012 qui prendra le relais du Protocole de Kyoto. l Élaborer des mesures pour affecter un « prix » mondial au carbone, pour stimuler la recherche, le développement de technologies respectueuses du climat et de systèmes énergétiques propres, ainsi que pour inciter consommateurs et entreprises à modifier leurs comportements. l Renforcer les structures et les stratégies nationales pour mieux coordonner l’atténuation du changement climatique et l’adaptation à ses effets dans des domaines comme l’énergie, les transports, les déchets, l’occupation des sols et l’agriculture. l Améliorer la coopération des États avec les acteurs non gouvernementaux (y compris les entreprises) en matière d’atténuation et d’adaptation. Les conséquences de l’inaction 50 % d’émissions mondiales en plus entre 2005 et 2050, avec une hausse des
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températures, une instabilité accrue du climat, une élévation du niveau des mers et des menaces pour la sécurité de l’homme et de l’économie.
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STRESS HYDRIQUE On estime que d’ici à 2030, 3,9 milliards de personnes, soit près de la moitié de la population mondiale, vivront dans des régions soumises à un fort stress hydrique, principalement dans les pays non membres de l’OCDE. Cela représente un milliard de personnes de plus qu’aujourd’hui. Plus de 5 milliards d’humains (67 % de la population mondiale) devraient manquer d’un raccordement au réseau d’assainissement public en 2030, d’où un accroissement de la pollution de l’eau. La pollution azotée d’origine agricole et industrielle causera des dégradations des eaux côtières.
En 2030, un cinquième de la surface terrestre sera soumis à un risque d’érosion hydrique, soit une hausse de plus d’un tiers, ce qui fragilisera l’agriculture. Beaucoup de pays de l’OCDE ont réduit leur consommation d’eau totale et par habitant. Ce découplage entre la consommation et la croissance économique et démographique montre que de bonnes politiques peuvent aboutir. Dans les pays pauvres, des efforts bien plus importants devront être menés pour atteindre l’Objectif du millénaire pour le développement (OMD) de réduire de moitié la part de la population mondiale privée d’accès à l’eau et à l’assainissement. Un financement supplémentaire de 10 à 30 milliards de dollars par an y contribuerait, soit un faible montant comparé aux 380 milliards annuels de subventions agricoles dans les pays de l’OCDE ; l’agriculture étant de loin le premier utilisateur (75 % du total) et pollueur d’eau. Mesures envisageables l Mettre en place des cadres pour assurer les financements nécessaires aux pays en développement pour construire et exploiter des infrastructures de distribution d’eau et d’assainissement, et aux pays de l’OCDE pour moderniser les leurs. l S’attaquer à la pollution de l’eau par les engrais issus notamment de l’agriculture, des dépôts atmosphériques et des eaux usées urbaines, dans tous les pays. l Rapprocher le prix de l’eau payé par le secteur agricole du coût environnemental total de cette utilisation ; réduire les subventions