André Faber
ÉCONOMIE Réforme
Réforme économique Des résultats inégaux Comment les pouvoirs publics peuvent-ils améliorer le niveau de vie ? Une question pertinente pour de nombreux pays, dans un contexte économique plutôt instable.
E
n 2005, l’OCDE a lancé un nouveau rapport annuel, Objectif croissance, pour évaluer les progrès réalisés au niveau des réformes visant à l’amélioration de la performance économique et du bienêtre. Selon la dernière édition, publiée en mars, les pays ont bien progressé durant l’année écoulée en prenant des mesures dans presque deux tiers des domaines que le rapport de 2007 jugeait prioritaires, leur action ayant été particulièrement fructueuse dans l’éducation. Mais dans d’autres domaines, les progrès ne sont pas suffisants, notamment pour les réformes du marché du travail : 40 % seulement des pays membres pour lesquels ce domaine était jugé prioritaire ont pris de nouvelles mesures. Selon ce dernier rapport, l’effort de réforme dans les pays de l’OCDE est deux fois moins soutenu dans le domaine de l’emploi que dans celui de l’éducation. Le rapport souligne que ces résultats inégaux se sont inscrits dans le contexte d’une activité économique dynamique, qui a pu avoir le double effet d’assurer des conditions propices à la réforme, tout en atténuant le caractère d’urgence des réformes. Objectif croissance 2008 dresse le bilan, pour l’année écoulée, de la mise en œuvre par les pays membres des recommandations pour accélérer la croissance formulées dans
le rapport 2007. Les cinq chapitres spéciaux du rapport 2008 couvrent les principaux domaines de la politique structurelle : différences dans le nombre d’heures travaillées, efficience de l’enseignement primaire et secondaire, investissement dans l’enseignement supérieur, influence de la géographie sur la performance économique, échanges de services. Plusieurs pays ont pris des mesures pour accroître leur productivité, notamment en assouplissant les réglementations qui freinent la concurrence dans le secteur de l’énergie, en réformant leur secteur public pour le rendre plus efficient, en facilitant l’investissement étranger et en améliorant la structure de leur fiscalité. Mais les progrès sont moins impressionnants dans des domaines plus délicats comme la réglementation du marché du travail, où, par exemple, il n’y a guère eu d’efforts pour réformer la législation protectrice de l’emploi là où elle était considérée comme trop rigoureuse. Objectif croissance attire l’attention sur la durée annuelle du travail, supérieure de 15 % environ aux États-Unis à celle enregistrée en Europe, ce qui est dû à la fois à un nombre annuel de jours travaillés plus élevé et à une durée hebdomadaire moyenne du travail plus longue aux ÉtatsUnis (voir page 24). Ce dernier phénomène
reflète la différence du nombres d’heures travaillées par les femmes dans les deux régions, les taux marginaux d’imposition européens plus élevés expliquant en grande partie la plus faible durée du travail des salariées européennes. Les données recueillies pour ce rapport montrent qu’une diminution à la marge de 10 points des taux de l’impôt sur le revenu des personnes physiques ou des cotisations de sécurité sociale accroîtrait de 3,5 % la durée hebdomadaire de travail des Européennes. En plus de la politique économique, les facteurs géographiques influent eux aussi sur le niveau de vie et la croissance, et le rapport indique que les pays les plus éloignés des centres d’activité économique commercent moins. Les pays européens ont la situation la plus centrale, alors que l’éloignement de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande est l’un des facteurs expliquant un revenu par habitant relativement plus faible. Les effets potentiels de ce facteur sont importants : l’isolement de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande pourrait réduire le PIB par habitant jusqu’à 10 %, tandis que l’effet bénéfique d’une localisation favorable pourrait représenter jusqu’à 6 % du PIB dans le cas de la Belgique et des Pays-Bas. La concurrence est également importante pour les échanges de services. Le rapport
L’Observateur de l’OCDE
Nº 266 Mars 2008
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