Koralie x Olow

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Koralie, c’est un style insolite fait de lignes et de formes d’un parallélisme impeccable atténuées par des couleurs acidulées. C’est aussi une rêveuse qui crée des icônes majestueuses au métissage astucieux et plein d’espoir. Koralie, c’est un mélange de rigueur, de féminité et d’audace qu’on se plaît à découvrir et redécouvrir…

Lines and forms of impeccable parallelism offset by citrus colours: Koralie is an artist with a most unusual style. She is a dreamer, too, who creates ingeniously hybrid, majestic icons that she has been sticking on town walls for more than ten years now. Koralie, a blend of rigour, femininity and boldness we never tire of looking at.


Bonjour Koralie. Pour commencer, on aimerait revenir sur ton parcours. On a découvert que tu avais une formation en architecture. En quoi cela t’aide-t-il dans la réalisation de tes dessins ?

Hi Koralie! We’d like to look back on your journey. We found out that you studied architecture; how does that help you with your illustrating?

Depuis que je suis enfant, je peins et je dessine ; j’ai toujours voulu faire quelque chose d’artistique. J’ai fait des études d’architecture et d’arts plastiques à la fac’ et j’ai continué en architecture car les études me plaisaient ; les gens que je rencontrais et la façon de travailler aussi. C’était très complet, ça allait de la géométrie à l’art pur. En parallèle de mes études, je faisais des peintures sur toile et dans la rue. Le rapport entre architecture et peinture n’a pas été évident au départ, à part le fait que je faisais des personnages symétriques. Au fur et à mesure que je m’éloignais de l’architecture en tant que métier, je l’intégrais naturellement à mon art.

I’ve been drawing and painting ever since I was a child; I always wanted to do something artistic. I studied architecture and art at uni, and I carried on with architecture because I enjoyed it so much; the people I met and the way of working, too. It was very complete, we would go from geometry to pure art. In parallel with my studies, I used to paint on canvases and in the street. The link between architecture and painting wasn’t obvious to me at first, aside from the fact that I would paint symmetrical characters. As time went on, I realised that I was moving away from architecture as a job, but naturally integrating it into my art.

Tu as commencé par le street art et les graffitis en peignant sur les murs de Montpellier. Quand as-tu décidé que cette activité devait devenir lucrative et légale ?

You started with street art and graffiti, painting on the walls in Montpellier. When did you decide that this activity had to become lucrative and legal?

J’ai toujours traîné un peu dans le milieu urbain car j’aimais beaucoup le skate et tout ce qui est street art un peu ringard du style trompe-l’œil. C’est quand j’ai vécu à Toulouse que j’ai commencé le graffiti, puis quand je suis retournée à Montpellier j’ai fait des peintures toute seule dans la rue. C’est quelque chose qui ne se décide pas, ça vient petit à petit. Les gens prennent un peu le truc à l’envers genre « je décide d’être artiste » et ils essayent de gagner leur vie avec ça avant même d’être artiste. C’est une façon de vivre, il faut d’abord faire et produire et petit à petit les plans arrivent, on te propose des expositions et des collaborations. C’est devenu une évidence tout seul.

I always used to hang out in urban areas because I liked skateboarding and those kinds of cheesy street art styles, like “trompe l’oeil”. I started graffiti when I lived in Toulouse, and I began painting alone in the streets when I went back to Montpellier. It’s not something you decide, it comes gradually. People tend to go about things backwards, saying: “I’ve decided I want to be an artist”, trying to make a living from it, before even being an artist. It’s a way of life, you have to make and produce things first, and then, little by little, opportunities will come your way, exhibitions, collaborations. It just became obvious to me.

Sur ton site web tu te décris comme « symétricophile » et « maniacoharmonic ». On voit que tu te soucis beaucoup de l’harmonie des couleurs et de l’équilibre des formes dans tes dessins. Pourquoi cette idée de perfection t’intéresse-t-elle autant ?

You describe yourself as being a “symetricophile” and “maniacoharmonic” on your website. We can tell you care a lot about colour harmony and balanced forms in your drawings. Why are you so interested in the idea of perfection?

Ces termes « symétricophile » et « maniaco-harmonic » viennent de mon amour pour la psychologie. On a tous des névroses et ça m’amusait de dire que les miennes sont d’avoir ce souci de l’harmonie. J’aime équilibrer au maximum les formes et les couleurs parce que je me suis rendue compte que ce qui rendait heureux c’est cette recherche d’équilibre. J’essaye de mettre ce rapport-là avec mon art et de rendre mes œuvres les plus équilibrées et harmonieuses possibles pour que les gens se sentent bien. J’aime bien mélanger les différentes cultures ; si j’arrive à les mélanger harmonieusement sans choquer les gens mon message est passé. Je pense qu’on peut vivre en harmonie en étant tous différents car on a trouvé un juste équilibre.

Those terms “symetricophile” and “maniac-harmonic” stem from my love of psychology. We all have neurosis and I found it funny to say mine was this concern I have for harmony. I like to balance forms and colours as much as I possibly can, because I realised what makes people happy is that quest for balance. I try to mimic that in my art, rendering my pieces as balanced and harmonic as possible so that people feel good when looking at them. I like mixing different cultures; if I manage to mix them harmoniously enough so that people aren’t shocked, then my message has been passed on. I think we can live in harmony, even if we’re different, because we have managed to find the right balance.

Tu maîtrises plusieurs procédés artistiques que ce soit le collage, l’acrylique, la peinture à l’huile ou le graphisme. Comment mélangestu toutes ces techniques dans ton travail ?

You master many artistic processes, whether it be collage, acrylic or oil painting, or graphic design. How do you mix all these techniques together in your work?

En fait, j’ai un message assez défini et j’utilise n’importe quelle technique qui va ensuite pouvoir approfondir ce message. Tout est une question d’équilibre encore une fois : j’ai autant besoin de l’ordinateur pour faire mes petites symétries et répétitions que de faire des fresques perchée à dix mètres de haut sur une nacelle toute petite à 9h du mat’ quand il fait 4°. Je fais aussi beaucoup de collaborations pour me sociabiliser.

I actually have quite a defined message and I use any technique that will then help to increase its meaning. It’s all about balance, once again: I need my computer to create my little symmetries and repetitions just as much as I need to paint my frescos perched 10 metres high up on a tiny nacelle at 9 in the morning when it’s 4 degrees outside. I also collaborate quite a lot, which helps with my socialising.

Certaines de tes illustrations avec les geishas et matriochkas rappellent forcément le Japon mais il y a toujours quelques clins d’œil aux autres cultures. Comment tes voyages influencent-ils ton trait ?

A few of your illustrations, with the geishas and matriochkas, obviously remind us of Japan, but there are always allusions to other cultures in your work. How do your travels influence your art?

Quand on me demande ce qui m’inspire, ce sont les voyages. Au départ, mon univers était très japonisant car je suis un enfant de la génération manga : ça m’a beaucoup influencé. En premier lieu, j’ai fait ce lien entre les filles des mangas hyper extraverties et extravagantes et les geishas avec leur univers très conventionnel. Je les appelle les « geishtas » car c’est ce mélange entre les geishas japonaises et les matriochkas russes qui symbolise l’introduction de nouvelles cultures dans mon travail. Dans ce même personnage, j’ai commencé à introduire des ponchos mexicains, des coiffures de MarieAntoinette, etc. pour en faire un personnage hybride. J’ai introduit cette idée multiculturelle dans mes architectures aussi. Quand je suis revenue de mon voyage au Vietnâm, j’ai fait un mélange d’édifices religieux qui combinaient une mosquée, une église et des temples bouddhistes. J’en ai fait un nouvel édifice sans que ça choque.

When people ask what influences me, I always say travel. My world was inspired by Japan a lot in the beginning because I’m a manga generation kid: they were a big influence. At first, I made the connection between the really extroverted and extravagant manga girls, and the very conventional geishas. I call them “geishkas”, because they’re a mix between the Japanese geishas and the Russian matriochkas that symbolises the introduction of new cultures in my work. I then began introducing Mexican ponchos, Marie-Antoinette hairstyles, etc. to create a hybrid character. I introduced this multicultural idea into my architecture as well. When I got back from my trip to Vietnam, I mixed religious buildings, combining a mosque with a church and a Buddhist temple. I made a brand new edifice without it being shocking.

On sait que tu as beaucoup voyagé en Asie. Peux-tu nous parler d’un souvenir ou d’une anecdote qui t’a particulièrement marquée sur ce continent ? Ce qui me marque le plus en Asie ce sont les sourires. En Thaïlande et au Vietnâm les gens sourient et c’est un truc que j’adore. Je pense qu’on sauve beaucoup de choses avec le sourire. Une fois, on était dans un marché où ça grouillait de monde à Bangkok, il y a eu une musique, tout le monde s’est arrêté de marcher, tout le monde s’est levé et plus personne ne bougeait. On n’a pas compris pourquoi, ce n’était pas le genre de trucs écrits dans les guides… En fait, apparemment tous les jours ou tous les lundis à 18h dans tous les lieux publics tout le monde s’arrête. C’est très impressionnant, c’est comme une minute de silence.

We know that you have travelled to Asia a lot. Can you tell us about a memory or a story from there that particularly left its mark on you? What amazes me most in Asia is all the smiling. People smile a lot in Thailand and Vietnam and I love it. I find we can save many things with a smile. Once, we were at an extremely busy market in Bangkok, when music started playing; everybody stopped walking, everyone got up, and no one moved. We couldn’t understand why, none of that stuff was written in our guidebook. Apparently, everyday or every Monday at 6pm, in every single public place, everybody just stops. It’s incredibly impressive, like a minute of silence.


On te sent très intéressée par le monde de la mode. Tu as monté ta propre marque de vêtements Métroplastique en 2005. Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer dans l’aventure ?

We feel that you’re very interested in the world of fashion. You launched your own brand Métroplastique in 2005. What made you want to go down that route?

J’ai toujours été attirée par l’apparence et la haute-couture. On s’est lancé làdedans car on nous demandait pourquoi on ne faisait pas de tee-shirts avec nos illustrations. On a eu un très gros succès dès le départ avec le prix du Ministère de la Jeunesse et des Sports et un stand au Who’s Next. Avec tout ça, on s’est rendu compte que ce n’était pas notre milieu et qu’on s’éloignait de notre façon de penser. Il y avait vraiment trop de contraintes qui faisaient qu’on ne pouvait pas s’exprimer librement. On s’est recentré sur notre art et aujourd’hui c’est moi qui m’en occupe essentiellement ; je me suis concentrée sur des produits dérivés de papeterie, de print et des choses qui me permettaient de mieux m’exprimer que le stylisme qui est trop contraignant. C’est cinq boulots en un.

I have always been interested in appearance and haute couture. We decided to do it because people kept asking us why we didn’t put our illustrations on t-shirts. We were incredibly successful right from the start, with the Ministère de la Jeunesse et des Sports Award, and a stall at the Who’s Next tradeshow. We soon realised, though, that it wasn’t really our milieu and that we were moving away from our way of thinking. There really were too many constraints that meant we wouldn’t express ourselves freely. We refocused on our art, and nowadays I’m the one who mainly looks after it; I focused on derived products like stationary, prints things that meant it was easier to express myself than fashion design, which is too binding. It’s five jobs wrapped up in one.

En quoi ta collaboration avec OLOW correspond-elle à ta vision artistique ?

How does your collaboration with OLOW match with your artistic vision?

Quand je fais des collaborations il faut que ce soit un univers qui me parle et qui me ressemble. Il faut un feeling avec les gens avec lesquels je vais collaborer et que ce soit une proposition sérieuse. Pour ma collab’ avec Olow, j’ai bien accroché avec Mathieu et Valentin. Ça me rappelle quand j’ai commencé Métroplastique, ça s’est fait assez naturellement. Récemment, tu as fait une installation la façade du Pavillon des Canaux pour l’ONG Care. Comment as-tu vécu cette expérience ?

When I do collaborations, the other’s world has to speak to me and be very much like mine. There has to be a mutual feeling with the people I’m going to collaborate with, and it has to be a serious proposition. I really connected with Mathieu and Valentin for my collab with OLOW. It reminded me of when I started Métroplastique, it happened really quite naturally.

CARE m’a proposé de participer et j’ai accepté car c’était sur le thème de l’écologie, un sujet qui m’a toujours touchée. J’ai accepté seulement si je trouvais une idée qui en vaille la peine car à ce moment-là j’étais overbookée. J’ai trouvé cette idée de tapisserie avec des illustrations qui représentent le climat et les causes et conséquences des problèmes climatiques sur la population. Les gens devaient être attirés par cette maison pour s’approcher et essayer de comprendre les illustrations pour ensuite aller chercher les réponses auprès de l’asso’. Ça dure jusqu’à la COP21.

CARE offered I participate and I accepted, because their chosen theme, ecology, has always been important to me. I accepted only if I could find a worthwhile idea because I was overbooked at the time. I came up with the idea of a tapestry with climate illustrations, with the causes and consequences of climate change on the world population. People had to feel attracted to the house to then move in closer, try to understand the illustrations, and then go and find out the answers inside. It’ll last until the COP21, the United Nations conference on climate change.

Tu as déjà fait énormément d’expo en France et aux États-Unis. Les prochaines villes à accueillir tes illustrations sont pour ton projet Color Tour, c’est ça ?

You have already done many exhibitions in France and the United States. Where will your next one be?

C’est ça. Je prépare la signature d’un carnet de dessins. J’ai une dizaine de villes en France dont Lyon, Nîmes, Montpellier, Toulouse, Aix-en-Provence, Nantes, Paris, Bordeaux et Marseille.

That’s right. I’m organising signings for my book of drawings. I’ll be in a dozen towns around France including Lyon, Nîmes, Montpellier, Toulouse, Aix-en-Provence, Nantes, Paris, Bordeaux and Marseille.

Dernière question mais pas des moindres, quelle est ta définition du Paradis ?

One last question: what is your definition of Paradise?

Vu que je ne suis pas croyante, je dirais que le Paradis est sur Terre. Je crois que ma définition du Paradis, c’est ma vie. J’ai le mari que je veux, j’ai des beaux enfants, je fais le métier que je veux… Le Paradis ça voudrait dire qu’il existe un endroit super, impossible à atteindre et surtout pas quand tu es en vie. Pour moi, c’est horrible de croire au Paradis. Avoir une idée du Paradis, c’est l’Enfer !

You recently redecorated the Pavillon des Canaux façade for the CARE NGO. How was that experience for you?

Seeing as I’m not a believer, I’d say Paradise is on Earth. I think that my definition of Paradise is my life. I have the husband I’ve always wanted, beautiful children, and my dream job. Paradise would mean the existence of a great place, impossible to reach and definitely not when you’re alive. For me, it’s horrible to believe in Paradise. Having an idea of Paradise is Hell!




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