Croisements-24-OnR

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Croisements

n° 24 janv. / fév. mars / avril 2016

operanationaldurhin.eu


jusqu’au 15 mai 2016

Avertissement : une partie de l’exposition est déconseillée aux moins de 14 ans

Toutes les activités du Musée Würth France Erstein sont des projets de Würth France S.A.

La chambre rose, 1999, huile sur toile, Collection Würth, Inv. 5862 / Photo : Volker Naumann

Collection Würth et prêts


édito Contacts

« Si la musique nourrit l’amour, jouez encore ! » William Shakespeare, La Nuit des rois

Opéra national du Rhin 19 place Broglie • BP 80320 67008 Strasbourg cedex 8 +33 (0)3 68 98 51 80 opera@onr.fr

Billetterie Strasbourg 0 825 84 14 84 (0,15 € / min) Mulhouse +33 (0)3 89 36 28 28 Colmar  +33 (0)3 89 20 29 02

Directeur de la publication Marc Clémeur Responsable de la rédaction Mélanie Aron Conception graphique et secrétariat de rédaction Flora Klein - OnR Impression Gyss Imprimeur Obernai Journal imprimé à 27 000 exemplaires ISSN : 2103-981X Licences 2-1055775 et 3-1055776 Couverture : photo Nis&For p.3 : photo Klara Beck

Et jouer nous allons, avec toujours plus de ferveur et d’engouement. En se posant tout d’abord la question de l’éternité, avec L’Affaire Makropoulos de Janáček, mis en scène par Robert Carsen. Un voyage avec Emilia Marty, une histoire à rebondissements, entre XVIe et XIXe siècles. Puis nous nous tournerons vers des Dieux et des Hommes, et serons confrontés à l’idée du sacrifice, avec Idomeneo de Mozart, une œuvre majeure du compositeur. Enfin, nous gagnerons en légèreté, avec Rossini et sa Cambiale di matrimonio, avec les chanteurs de notre Opéra Studio : une aventure fraîche et enthousiasmante. Le Ballet quant à lui proposera une relecture vivifiante du chef-d’œuvre de Tchaïkovski, Casse-noisette : une vision savoureuse, pour tous les âges. Pavol Breslik viendra nous interpréter Die schöne Müllerin : ne manquez pas ce ténor d’une sensibilité inégalable. Je tiens à rendre hommage à Marianna Chelkova qui nous a quittés le 4 novembre. Marianna restera dans nos cœurs et dans nos souvenirs. Elle nous manquera. Toutes nos pensées accompagnent ses proches. Marc Clémeur Directeur général

du rhin

opéra d'europe

www.operanationaldurhin.eu



L’Opéra national du Rhin tient à remercier l’ensemble de ses partenaires, entreprises et particuliers, pour leur confiance et leur soutien.

06

mécènes

Banque CIC Est Caisse d’Épargne d’Alsace Cercle Richard Wagner Fondation Orange Galeries Lafayette Groupe Yannick Kraemer Réseau GDS Rive Gauche Nexoffice

Partenaires

Advisa Café de l’Opéra Cave de Turckheim Champagne Nicolas Feuillatte Chez Yvonne Cinéma Odyssée Cinéma Vox CRT Alsace CTS Farrow & Ball Kieffer traiteur Lagoona Le Pont des Vosges Librairie Kléber Musée Würth France Erstein Parcus Wattwiller Weleda

16 06 l'affaire makropoulos L'éternité et un jour

Partenaires médias

Les membres de Fidelio

Association pour le développement de l’OnR

Avec le soutien du ministère de la Culture et de la Communication Direction régionale des affaires culturelles d’Alsace, de la Ville et l'Eurométropole de Strasbourg, des Villes de Mulhouse et Colmar, du Conseil régional d’Alsace et du Conseil départemental du Haut-Rhin.

idomeneo

14

la cambiale di matrimonio

10 Des dieux et des hommes 12 Au nom du père

de gauche à droite : photo alain kaiser, maquette de maria porro, photo Neda Navaee

Culturebox Dernières Nouvelles d’Alsace France 3 Alsace France Bleu Alsace France Musique L’Alsace Le Figaro Libération Mezzo My Mulhouse Qobuz.com Radio Accent 4 Radio FIP Strasbourg Radio Judaïca RTL 2 Szenik.eu The Opera Platform

casse-noisette 16 Down under 18 Cabaret danse 19 récital Pavol Breslik

20 22

concerts apéritifs Tango ! Du baroque au classique Vents d'Est Nostalgie made in Korea Divas

19 22 en bref L'union fait la force ! L'OnR et l'Odyssée 23 jeune public Cendrillon Mercredis découverte 24 mécénat et culture Les Galeries Lafayette s'engagent 25

au revoir marianna

26 eve-maud hubeaux Une rencontre heureuse la presse en parle 28 Penthesilea 28 Le Sacre du printemps 29 Pénélope

31

calendrier


STRASBOURG Opéra

mulhouse La Filature

« L'opéra selon Robert Carsen »

di 7 février 15 h ma 9 février 20 h sa 13 février 20 h ma 16 février 20 h je 18 février 20 h

sa 27 février 20 h

Conférence de Thierry Santurenne Strasbourg, Librairie Kléber sa 6 février 17 h entrée libre


l'éternité et un jour l'affaire makropoulos

Entre 2009 et 2014, l'OnR a présenté un cycle Janácek ˇ mis en scène intégralement par Robert Carsen. Aujourd'hui, nous proposons à notre public de (re)découvrir L'Affaire Makropoulos. Un temps fort de notre saison.

Un compositeur au crépuscule de sa vie

photo alain kaiser

C’est en décembre 1922 que Janáček assiste à une représentation de L’Affaire Makropoulos à Prague et tombe immédiatement sous le charme de la dernière pièce de Karel Čapek. Ce dernier, passionné de science-fiction, a cherché, comme il l’explique dans la préface du texte, à répondre au dramaturge irlandais George Bernard Shaw pour qui la vie éternelle faisait partie des grands rêves de l’humanité. Au contraire, selon l’auteur tchèque, « la longévité [est] un état de fait qui n’a rien d’un idéal et qui n’est d’ailleurs guère désirable ». Mais ce qui pourrait passer pour du pessimisme ne l’empêche pas de se lancer dans une vraie comédie. À la recherche d’un sujet pour un nouvel opéra dont il cherche à assurer l’adaptation du livret, Janáček est certain de trouver l’inspiration avec une thématique aussi riche. Lui-même, ayant près de 70 ans, ne peut que s’interroger sur la vie humaine et son inexorable fin. Non sans difficultés, il obtient l’autorisation d’adapter l’œuvre en septembre 1923 et se met immédiatement au travail. Mais, comme à son habitude, il met plus de deux ans à terminer la partition. L’opéra est créé à Brno un an plus tard, le 18 décembre 1926. Le succès est au rendez-vous. Ce sera le dernier du vivant du compositeur puisqu’il disparaîtra avant la première de son ultime ouvrage, De la maison des morts.

Opéra en trois actes de Leoš Janácek ˇ Livret du compositeur ˇ d’après Karel Capek Créé au Théâtre national de Brno le 18 décembre 1926

Direction musicale Marko Letonja Mise en scène Robert Carsen Réalisation de la mise en scène Laurie Feldman Décors Radu Boruzescu Costumes Miruna Boruzescu Lumières Robert Carsen et Peter Van Praet Dramaturgie Ian Burton Emilia Marty Ángeles Blancas Gulín Albert Gregor Raymond Very Dr Kolenatý Enric Martinez-Castignani Vitek Guy de Mey Krista Sophie Marilley Jaroslav Prus Martin Bárta Janek Enrico Casari Hauk-Šendorf Andreas Jaeggi Le Machiniste Peter Longauer Femme de ménage / Femme de chambre Nadia Bieber Chœurs de l’OnR Direction Sandrine Abello Orchestre philharmonique de Strasbourg © 1926 by Universal Edition A.G. Wien

Coproduction avec le Staatstheater Nürnberg et Il Teatro La Fenice de Venise

l'affaire makropoulos • Croisements • 7



Fascinante Emilia Marty L’Affaire Makropoulos, ou plutôt littéralement « la chose » Makropoulos qui renvoie à l’affaire – ce qu’ont retenu les traductions internationales du titre –, mais également au document que l’héroïne cherche à tout prix à récupérer, est à la croisée de la science-fiction, de l’anticipation et du polar. Si l’action se déroule dans la capitale tchèque des années 1920, elle embrasse une histoire qui commence au XVIe siècle et connaît d’importants rebondissements au milieu du XIXe siècle. Une vraie chronologie à maîtriser ! Lorsque le rideau s’ouvre, le tribunal est sur le point de clore le procès qui oppose les Prus et les Gregor autour de l’héritage immobilier du Baron Ferdinand Josef Prus. Alors que le jugement est en train de donner raison aux héritiers directs, la célèbre cantatrice Emilia Marty semble apporter une information capitale capable de faire changer la décision pour la plus grande joie d’Albert Gregor, au bord de la ruine. Mais on s’aperçoit bientôt qu’Emilia, derrière cette affaire, est surtout intéressée par un document qui se trouve parmi lesdites preuves. Après maintes péripéties et autres « admirateurs-amoureux » empressés auxquels Emilia répond plus ou moins favorablement ou qu’elle cherche à manipuler à dessein, cette dernière finit par avouer son étrange destin. Elle aurait 337 ans, bénéficiant des effets d’un élixir de jouvence confectionné par son père pour l’empereur Rodolphe II de Bohême. Contrairement à ce que pensait le monarque, la potion magique aurait bien fonctionné. Emilia serait alors passée par diverses identités, correspondant toujours aux initiales « E.M. », jusqu’à porter l’enfant naturel du Baron Prus et permettre à sa lignée de prétendre à la possession de la propriété conformément aux dernières volontés du défunt. Mais alors qu’elle est à la recherche coûte que coûte de la formule magique pour prolonger son existence de 300 nouvelles années, la cantatrice finit par déclarer préférer mourir, persuadée qu’une vie éternelle n’a finalement aucun intérêt et que l’existence ne vaut que parce qu’elle se termine un jour. Si l’opéra commence comme dans la pièce, l’atmosphère de comédie laisse peu à peu la place à une tonalité beaucoup plus dramatique. Lorsque le dramaturge choisit la confrontation philosophique à la fin de l’intrigue, posant les différentes solutions quant à l’utilisation de la formule magique, Janáček choisit d’insister sur l’agonie de l’héroïne. Et si l’Emilia de Čapek finit dans un machiavélique éclat de rire, elle s’effondre inanimée dans l’opéra après une poignante confession. Profondément touché par le personnage principal, dont la personnalité se brouille avec celle, réelle, de Kamilla Stösslová qu’il courtise malgré leur grande différence d’âge, Janáček a plus que jamais cherché à « faire en sorte que tout le monde l’aime ». Une musique envoûtante Mais l’opéra baigne surtout dans une écriture musicale inédite chez le compositeur et d’une redoutable modernité. Janáček invente une sorte de « parole chantée » pour suivre au plus près ce qui est raconté sur scène. Pas le temps de s’arrêter pour un air qui stopperait tout à coup l’action. Néanmoins, l’austérité de l’écriture vocale, réduite à son « essentiel », est contre-balancée par une sonorité orchestrale d’une grande richesse. Comme on pouvait s’y attendre, le procédé s’interrompt seulement à la fin de l’ouvrage pour mieux accompagner la chute d’Emilia Marty dans une scène digne de la grande tradition lyrique. Ce rythme implacable produit au bout du compte un opéra fulgurant, qui en à peine 1 h 30 – autre signe de modernité s’il en est à l’heure du cinéma naissant – emporte tout sur son passage.

photo alain kaiser

Le regard efficace et sobre de Robert Carsen Un tel sujet ne pouvait que passionner Robert Carsen. Avec une évidence qui rejoint également sa propre démarche de metteur en scène, il place toute l’action sur la scène d’un théâtre. Ici, point de relecture obscure à prendre au énième degré, le metteur en scène s’attelle tout simplement à rendre lisible l’intrigue, ce qui est loin d’être chose aisée. Il nous plonge dans l’histoire dès les premières notes de l’ouverture grâce à un habile procédé. Le tout avec l’écrin dont il sait habilement user si l’on en croit la scénographie, les costumes et les lumières d’une rare intelligence et de toute beauté. Son travail a d’ailleurs été salué par de nombreux critiques après la première à l’OnR en mars-avril 2011.

l'affaire makropoulos • Croisements • 9


&

idomeneo

Après deux mises en scène à l’OnR pour l’Opéra Studio, Il Matrimonio segreto (2010 et 2015) et Owen Wingrave (2013), Christophe Gayral se voit confier un nouveau projet cette saison. Remanié du vivant de Mozart, l’ouvrage Idomeneo qui révolutionnait le genre opera seria trouve une nouvelle jeunesse dans cette mise en scène épurée qui va droit à l’essentiel : le rapport entre les croyances et la vie.

Hervé Petit : Quand on a pour mission de mettre en scène Idomeneo, n’a-t-on pas l’impression de s’attaquer à un monstre sacré ? Christophe Gayral : Effectivement, d’autant que je considère Idomeneo comme une œuvre majeure de Mozart. On a malheureusement peu l’occasion d’entendre cet ouvrage car celui-ci est périlleux. Tout d’abord parce que sa dramaturgie est assez complexe, voire bancale : l’œuvre construite en trois actes – dont le dernier, trop étiré – manque selon moi de structure interne. Ensuite, la fable est formidable mais le livret comporte de nombreuses versions et diversions qui l’affaiblissent. Mozart au fil du temps a modifié l’ouvrage en effectuant un nombre important de rajouts ou coupures avec divers airs et récits. Nous avons donc dû faire des choix dans tous ces matériaux afin de resserrer l’ouvrage pour plus de cohérence et de fluidité théâtrale. Dernier point, c’est un ouvrage dans lequel les chœurs sont très présents : ils interprètent différents personnages dans de nombreuses scènes, chantant des ensembles magnifiques égalant au moins ceux de La Flûte enchantée. H.P. : Qui est Idomeneo ? C.G. : Revenant victorieux de dix années de Guerre de Troie, Idomeneo est confronté, sur le chemin du retour, à la malédiction de Neptune. Il incarne le pouvoir quoiqu’il soit selon moi le représentant et la caricature de l’ordre ancien. Malgré son pouvoir, c’est un être sous le joug des superstitions et manipulé

par ses propres peurs et ses angoisses. Faible, il va sans cesse en appeler aux dieux pour qu’ils le guident – d’ailleurs les manifestations de Neptune ne seraient-elles pas nées de la seule imagination d’Idomeneo ? Ainsi, on compte dans le livret un nombre important d’interpellations directes à Neptune. Le malheur l’accable et atteint son paroxysme quand il comprend qu’il doit sacrifier Idamante, son fils, pour sauver son peuple. Il tente d’éloigner celui-ci, mais les dieux, plus malins, vont continuer à le tourmenter. Bloqué dans son dogmatisme, il reste guidé par ses peurs jusqu’au bout sans jamais trouver son libre arbitre. Mais il ne sacrifie pas pour autant son fils parce qu’un amour immense lie les deux protagonistes. H.P. : Et dans la musique, comment cela se traduit-il ? C.G. : Le rôle d’Idamante est très souvent confié à une femme soprano. Pour des raisons de crédibilité, nous avons avec Marc Clémeur, dès le tout début du projet, fait le choix musical de deux ténors pour le père et le fils, deux voix d’hommes pour symboliser l’amour filial et le rapport paternel. H.P. : Précisément, Idamante, quel personnage est-il ? C.G. : Idamante est un jeune adulte qui n’a pas vu son père depuis une décennie, donc au moment de leur rencontre – magnifique scène de la plage – il ne peut le reconnaître. Finalement, lorsqu’ils se reconnaissent l’un l’autre, Idomeneo lui annonce : « Je ne te verrai plus jamais », sans plus d’explication. C’est un moment dramatiquement très fort que cette confrontation, puis de douleur entre ces deux hommes : Idomeneo doit sacrifier son fils, mais puisqu’il l’aime, il le quitte brutalement sans la moindre explication.

STRASBOURG Opéra

mulhouse La Sinne

colmar Théâtre

rencontre

me 16 mars 20 h ve 18 mars 20 h di 20 mars 15 h ma 22 mars 20 h je 24 mars 20 h

ve 8 avril 20 h di 10 avril 15 h

di 17 avril 15 h

avec Hervé Niquet et Christophe Gayral

10 • Croisements • XXXX

Strasbourg, Librairie Kléber ma 15 mars 18 h 30 entrée libre


maquettes des décors de barbara de limburg

nouvelle production

H.P. : Comment se situe Ilia ? C.G. : C’est un personnage cornélien dans la mesure où, prisonnière des Grecs, elle aime malgré tout le fils de son bourreau. Son premier récitatif explique qu’elle est rescapée de la terrible Guerre de Troie, prisonnière et amoureuse du fils du tyran qui a tué toute sa famille, son peuple et qui l’a réduite comme les siens à l’état d’esclave. Il lui faudra trois actes pour reconstruire et assumer son amour pour Idamante. Elle a une vraie pureté en elle et est nantie d’un grand courage. Musicalement aussi on pense à Pamina de La Flûte enchantée. H.P. : Et enfin, Elettra ? C.G. : Elle n’est pas guidée que par l’amour. Dotée d’un fort caractère, c’est une princesse qui a une place libre au palais et qui cache un désir de pouvoir. Elle a des paroles très dures à l’égard de sa concurrente Ilia. Personnage violent, Mozart lui a malgré tout donné un air d’amour d’une grande douceur. H.P. : La Voix apparaît comme un mystère dans cet opéra. Mais qui est La Voix selon vous ? C.G. : Pour en revenir à ce qu’on disait sur l’œuvre et ses modifications, Mozart a écrit quatre rédactions différentes plus ou moins longues pour l’intervention d’un deus ex machina ou de Neptune. Dans notre mise en scène, elle sera incarnée par un personnage bien réel, car selon moi c’est la raison de l’Homme qui parle plutôt qu’un dieu dans le ciel. L’air « Avinto amore » (« L’amour a vaincu ») vient conclure l’opéra. H.P.  : C’est une œuvre de chœurs, disiez-vous, comment mettez-vous cette particularité en exergue ? C.G. : J’ai choisi que le chœur soit la communauté des éclairés, ceux qui guideront la fable, même s’ils incarnent prisonniers, soldats, naufragés, prêtres et le peuple. Ils participeront concrètement tout du long à l’action, à l’élaboration de la pièce et à son développement.

H.P.  : La scénographie étant très épurée, on trouve pourtant une statue, un des seuls éléments figuratifs du spectacle. Quelle signification a-t-elle ? C.G. : Il s’agit de la reproduction en très grand de la statue de Poséidon au Musée d’Athènes. C’est, pour les Romains, Neptune, dieu des mers et des océans, qui dans l’histoire a fait se lever la tempête et menace sans cesse Idomeneo et son peuple. Cette statue apparaît symboliquement, de par sa taille exagérée, comme le catalyseur un peu ridicule des croyances et moteur de la crédulité d’Idomeneo. On retrouvera aussi dans la mise en scène de légères références aux stigmates et symboles appartenant aux différentes religions du monde ; stigmates qui encombrent et conduisent Idomeneo. H.P. : Et votre sentiment général sur l’esprit qui émane de cet ouvrage ? C.G. : En ces moments très troubles et noirs, temps d’intolérance, je vois dans cet opéra issu de la philosophie des Lumières un écho, un message d’espoir : refuser les dogmes religieux et l’obscurantisme. L’homme doit lui-même s’émanciper de ses propres peurs pour trouver son libre arbitre. L’avenir est le triomphe de la raison sur la foi, la lumière contre les « fausses » croyances. Au seuil des différentes épreuves de la fable, Idomeneo et Elettra n’ont pas été capables de s’affranchir de cela. Seuls Idamande et Ilia sont accueillis comme les élus d'un nouveau monde libre.

Opera seria en trois actes de Wolfgang Amadeus Mozart Livret de Giambattista Varesco Créé au Théâtre Cuvilliés à Munich le 29 janvier 1781 Version de Vienne

Direction musicale Hervé Niquet Mise en scène Christophe Gayral Décors Barbara de Limburg Costumes Jean-Jacques Delmotte Lumières Philippe Berthomé Chorégraphie Karine Girard Assistante à la mise en scène Violaine Brébion Idomeneo Maximilian Schmitt Idamante Juan Francisco Gatell Ilia Judith Van Wanroij Elettra Agneta Eichenholz Arbace Diego Godoy-Gutiérrez Gran Sacerdote Emmanuel Franco La Voce Nathanaël Tavernier Chœurs de l’OnR Direction Sandrine Abello Orchestre symphonique de Mulhouse Neue Mozart-Ausgabe, Bärenreiter-Verlag Kassel - Basel - London - New York - Praha


au nom du père

idomeneo

Idomeneo raconte comment un Roi se retrouve à devoir sacrifier son héritier en échange de sa propre vie. Face au désarroi du père qui le conduit à prendre des décisions de moins en moins courageuses, émerge peu à peu la figure du fils prêt à braver tous les dangers et à assumer son destin. Curieuse analogie avec l’émancipation qu’est en train de connaître Mozart.


Du fils prodige… Wolfgang Amadeus Mozart naît en 1756 dans une famille de musiciens. Son père, Leopold, violoniste et vice-maître de chapelle à la cour du prince-archevêque de Salzbourg, le met donc très tôt à la musique pour laquelle il révèle des prédispositions exceptionnelles : avant même de savoir lire et écrire, le jeune garçon est capable de déchiffrer une partition sur plusieurs instruments et même de composer – son père retranscrivant sur le papier ses créations. Celui-ci forme bientôt avec sa sœur Nannerl, de cinq ans son aînée et tout aussi douée, un charmant duo capable d’impressionner son auditoire. Leopold décide donc de prendre en main la carrière de ses deux enfants prodiges en organisant plusieurs voyages afin de les faire connaître partout en Europe et de tisser de précieuses relations. Ils sont ainsi reçus par les têtes couronnées les plus influentes et côtoient de brillants musiciens qui perfectionnent leur éducation musicale. Ce qui n’empêche pas les critiques dont Leopold n’a que faire : le naturaliste anglais Daines Barrington, cherchant ainsi à démontrer en 1765 que Wolfgang n’est qu’un singe savant dont le talent est une supercherie, se casse au final les dents dans sa démonstration face au réel « génie » du petit musicien. Les années passent, les périples se poursuivent, même si les enfants deviennent adolescents et donc un peu moins « adorables ». Qu’importe, au gré de ces rencontres et autres expériences, Wolfgang a acquis un savoir-faire incroyable : il compte bien le mettre à profit pour réussir dans une carrière lyrique qu’il rêve d’embrasser (et à laquelle il se frotte très tôt avec un premier opéra composé à l’âge de 11 ans). Mais voilà, si l’on veut vivre de la musique, mieux vaut être au service d’un Grand. Son père le sait bien, lui qui doit demander des congés sans solde à chaque fois qu’il souhaite faire découvrir l’Europe à sa progéniture et fait d’ailleurs entrer son fils à la cour. Or, en décembre 1771, le prince-archevêque Schrattenbach, plutôt conciliant, décède et laisse place à Colloredo beaucoup plus autoritaire. Les sorties du territoire deviennent difficiles à obtenir et la musique à composer est reléguée aux besoins des offices religieux ; c’en est fini du théâtre. Si Leopold se plie aux nouvelles exigences, Wolfgang n’y est pas prêt : il démissionne à l’été 1777.

photo nis&for

… au fils prodigue ? « Tu dois avant tout, et de toute ton âme, penser à tes parents, sinon ton âme ira au diable », prévient Leopold en février 1778. Wolfgang emporte sa mère dans ses bagages et prend la direction de Paris, à la recherche d’un nouvel employeur. Sur la route, il s’arrête à Mannheim, capitale musicale : il a beau rencontrer les meilleurs artistes du moment, aucune commande d’opéra ne vient pour autant. Le jeune homme y fait néanmoins l’expérience de l’amour avec la cantatrice Aloysia Weber, 18 ans, qui n’est malheureusement pas un parti assez intéressant aux yeux de ses

parents. Le séjour dans la capitale française s’avère encore plus douloureux : fini le temps où Wolfgang ravissait monarques et mécènes par son talent précoce, il est désormais sur le marché comme d’autres illustres concurrents. Comble de malchance, sa mère meurt en juillet 1778. Leopold le presse alors de rentrer, d’autant qu’un poste se libère à Salzbourg et que le princearchevêque est prêt à le reprendre. Wolfgang accepte mais tarde à clore son escapade. Éconduit par Aloysia lors de son nouveau passage à Mannheim, il finit par courber l’échine, totalement déprimé, en janvier 1779.

Sur le chemin de l’émancipation « Si tu continues à bâtir des châteaux en Espagne et si tu n’as en tête que des projets futurs, alors tu négligeras toutes les affaires présentes et indispensables. […] Ta tête est pleine de choses qui te rendent inapte au présent. » Telle est la tonalité du sermon paternel alors qu’il s’apprête à rentrer au bercail. Maître de concert et organiste à la cour, Wolfgang reprend son quotidien « d’artistedomestique » sans plus de conviction. Mais signe que ses velléités d’indépendance n’étaient pas complètement vaines, la commande d’un opéra du prince-électeur de Munich – qui n’est autre que celui de Mannheim – tombe à point nommé. Même Colloredo en est flatté et accepte de laisser partir le jeune artiste. C’est l’occasion rêvée pour prendre un vrai envol. Leopold, resté à Salzbourg, devient le secrétaire d’un Wolfgang prêt à en découdre avec les codes imposés de l’opera seria puisqu’il doit s’attaquer à Idomeneo dont le librettiste Varesco, un compatriote, est demeuré dans la ville natale. La correspondance entre le père et le fils est passionnante : ce dernier est sur le point de produire un chef-d’œuvre dont la liberté créatrice se joue des carcans du passé. Au final, une vraie réussite qui satisfait pleinement la cour munichoise sans pour autant parvenir à s’imposer comme une œuvre populaire tant la démarche est audacieuse. L’œuvre ne sera jamais rejouée du vivant du compositeur si ce n’est dans le cadre d’une représentation privée en 1786 à Vienne. Mais comme Idamante finit par ceindre la couronne du royaume de Crête face à un Idoménée dépassé, Mozart devient véritablement adulte et s’affranchit définitivement de son père. Il retourne certes à Salzbourg mais parvient à s’en faire jeter dehors, en 1781, à coup de « crétin ! » et autre « voyou ! » d’un Colloredo exaspéré. Mozart est décidé à conquérir Vienne : « aujourd’hui commence mon bonheur » lance-t-il plein d’assurance, tel Rastignac. Wolfgang jette aussi son dévolu sur la plus jeune sœur d’Aloysia, Constance, qu’il épouse en août 1782 sans que Leopold ne puisse dire quoi que ce soit. Le couple s’installe dans la capitale autrichienne. C’est le début de la grande aventure. Le père et le fils ne se reverront par la suite que deux fois. Leopold meurt en 1787. Wolfgang le rejoint quatre ans plus tard.

idomeneo • Croisements • 13


la cambiale

di matrimonio

rossini

Joli clin d’œil de Rossini au Mariage secret de Cimarosa, donné par l’Opéra Studio la saison dernière, La Cambiale di matrimonio semble taillée sur mesure pour nos jeunes chanteurs, qui se lancent dans cette nouvelle aventure avec toute la fraîcheur et l’enthousiasme qui les caractérisent.

Coup d’essai, coup de maître

L’Histoire

1810. Le directeur du Théâtre San Mosè de Venise est dans tous ses états : on vient de lui annuler l’un des ouvrages programmés, quelques jours avant le début des représentations. Le maestro Morandi en profite pour lui recommander un jeune compositeur d’à peine dix-huit ans rencontré à Bologne. Pris de court, le directeur accepte de lui confier la composition d’un opéra en un acte, qui sera donné en première partie d’une œuvre de Giuseppe Farinelli. Il n’en fallait pas plus pour lancer la carrière du jeune Rossini : composée en quelques jours à peine, La Cambiale di matrimonio est un succès retentissant qui lance sa brillante carrière. L’œuvre lui ouvre les portes des meilleurs théâtres du nord de l’Italie, et franchit rapidement les frontières de la péninsule.

Alors que son père, Tobia Mill, l’a vendue par contrat à Mr Slook, un riche négociant d’Amérique, la jeune Fanny est mise au courant de la terrible transaction par le comptable de son géniteur, Norton, qui ne cache pas ses sentiments envers Clarina, la femme de chambre de la jeune fille. C’est d’autant plus un choc que Fanny est éprise d’Edoardo Milfort, malheureusement sans le sou. L’exotique acheteur arrive et son sens de la courtoisie est bien loin des attentes européennes. Fanny remet au curieux personnage la lettre de son père et révèle qu’elle est bien l’article mis à la vente. Cependant, sans donner plus de raison et soutenue par son fiancé, elle refuse non seulement cet odieux marché mais menace le naïf client des pires misères s’il s’obstine. Slook, qui croyait l’affaire entendue, ne sait plus que penser. Sa déception ne fait qu’amplifier lorsqu’il apprend par Norton que Fanny serait en réalité « hypothéquée ». Mieux vaut renoncer à un mauvais achat… Mais Mill, furibond, le provoque alors en duel ! Fanny et Edoardo finissent par tout raconter à Slook qui semble totalement dépassé par les événements. Ce dernier, grand seigneur, prend la défense de Fanny et cède sa lettre de change à Edoardo dont il fait même son héritier. Ils vont alors voir Mill pour empêcher que le duel n’ait lieu et obtenir un accord paternel, aidés par Norton et Clarina. Après s’être d’abord emporté, Mill accepte d’autant plus que son gendre a désormais les moyens de ses ambitions. Tous célèbrent l’heureuse union des deux amoureux, une excellente affaire selon les deux négociants.

Rarement donné, ce petit opéra contient en puissance tout ce qui fera la gloire du maître italien : un rythme endiablé, tant dans l’intrigue que dans l’orchestration, des mélodies qu’on retient et que le compositeur n’hésitera d’ailleurs pas à reprendre dans les grandes œuvres lyriques à venir, et bien sûr cette musique ciselée, scintillante, qui est sa signature. L’histoire n’est pas sans rappeler le fameux Mariage secret de Cimarosa, alors célébrissime dans toute l’Europe. Un vieux barbon de père qui voudrait bien renflouer ses caisses en mariant sa fille, cette dernière qui ne l’entend pas de cette oreille, un prétendant aussi débrouillard que désargenté, un imbroglio où tout s’arrange miraculeusement à la fin. En italien, La Cambiale di matrimonio signifie un contrat de mariage, mais c’est aussi une lettre de change : l’intrigue joue sur cette ambiguïté en soulignant la grossièreté d’un mariage si arrangé qu’on en oublierait presque l’objet de la négociation…

14 • Croisements • la cambiale di matrimonio

Une farce étourdissante et rocambolesque, à découvrir sur les scènes de l’OnR du 31 mars au 5 avril, dans une mise en espace signée Jean-Michel Criqui.


tobia mill

en « affa

Concert mis en espace

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La Cambiale di matrimonio Mariage par lettre de change

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Farsa comica da rappresentarsi in musica en un acte de Gioacchino Rossini Livret de Gaetano Rossi Créé le 3 novembre 1810 au Teatro San Moisè de Venise

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FANNY

comptable

femme de chambre

clarina

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edoardo milfort amoureux désargenté

STRASBOURG Opéra

mulhouse La Sinne

colmar Théâtre

je 31 mars 20 h ve 1er avril 20 h

di 3 avril 15 h

ma 5 avril 20 h

Direction musicale Antonino Fogliani Mise en espace Jean-Michel Criqui Tobia Mill Jaroslaw Kitala Fanny Rocío Pérez / Francesca Sorteni Slook Emmanuel Franco Edoardo Milfort Diego Godoy-Gutiérrez / Camille Tresmontant Norton Nathanaël Tavernier Clarina Coline Dutilleul Orchestre philharmonique de Strasbourg

Production de l’Opéra Studio de l’OnR

la cambiale di matrimonio • Croisements • 15


casse -noisette down under

Le Ballet de l'OnR propose une relecture aussi vivifiante que respectueuse de la tradition du chef-d’œuvre de Tchaïkovski, dans une chorégraphie de son directeur Ivan Cavallari.

Du rêve... Casse-noisette est un des ballets mythiques du répertoire chorégraphique dont la musique a été largement réutilisée au cinéma comme à la télévision. Si bien que sans le savoir parfois, nous en connaissons tous au moins quelques notes… L’ouvrage fait partie des dernières pièces du compositeur russe avant qu’une mort prématurée – et quelque peu mystérieuse – ne l’emporte moins d’un an plus tard, en 1893. Tchaïkovski répond alors à une commande du directeur du théâtre Mariinski avec qui il travaille régulièrement : une double soirée composée d’un opéra en un acte – ce sera le sublime Iolantha – suivi d’un ouvrage chorégraphié par le maître de ballet impérial Marius Petipa. Ce dernier est d’ailleurs chargé de coécrire l’argument avec Ivan Aleksandrovitch Vsevolojski, le directeur du théâtre qui se propose également de réaliser les costumes. Tous deux choisissent de s’inspirer de la version d’Alexandre Dumas d’un conte d’Ernst Theodor Amadeus Hoffmann intitulé Casse-noisette et le Roi des souris, publié en 1816. Ce même Hoffmann dont Offenbach, moins de dix ans auparavant, s’était emparé pour composer son unique grand opéra... Et comme d’habitude chez ce poète romantique allemand, l’intrigue baigne dans une atmosphère fantastique. Le soir de Noël, la petite Clara – ou Marie selon les versions – reçoit en cadeau de son oncle, l’étrange Drosselmeyer, un casse-noisette qui a la forme d’un soldat en costume de parade. Mais son frère Fritz le casse de jalousie. Drosselmeyer parvient néanmoins à le réparer. Pendant la nuit, la jeune fille ne peut s’empêcher de venir vérifier l’état de son petit fétiche. Tout à coup, elle entend des souris gratter le plancher, essaie de fuir mais se retrouve retenue par leur groupe hostile. Et, de surcroît, devient aussi petite qu’elles. Comme par magie, le jeune soldat prend tout à coup vie et vient défendre sa protégée en compagnie de son armée. Une véritable bataille éclate jusqu’à ce que le Roi des souris périsse sous les assauts de l’intrépide guerrier. C’est l’heure de la retraite, on emporte le corps inerte du souverain. Et le soldat devient tout à coup prince. Il accompagne Clara/Marie dans un fabuleux voyage qui commence par une promenade au cœur d’une forêt de sapins jusqu’à ce qu’un tourbillon de flocons de neige les emporte et mette fin à la première partie. Lorsque le rideau se

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lève à nouveau, le couple est parvenu au royaume des Délices. Il est accueilli par d’étranges créatures au cours d’un fabuleux repas. Les danses les plus extraordinaires s’enchaînent dans une atmosphère délicieusement exotique. Mais au terme de ce long et merveilleux périple, l’héroïne finit par se réveiller au pied de l’arbre de Noël, son casse-noisette en bois à la main. Cette belle aventure n’était qu’un songe… Pour autant, chez Balanchine, qui en livre une version en 1954 pour le New York City Ballet et lance la tradition de sa représentation pour les fêtes de fin d’année, la jeune fille ne revient pas de son rêve mais s’enfuit avec son « princenoisette » charmant dans un traîneau tiré par des rennes. La réalité a rejoint le rêve comme dans le conte d’Hoffmann. La première a lieu le 18 décembre 1893. Marius Petipa, souffrant, a dû s’adjoindre le concours de son assistant Lev Ivanov pour créer la chorégraphie. Ce n’est pas un échec mais pas un succès pour autant : Modeste, frère du compositeur, qualifie la soirée de « succès d’estime ». L’opéra et le ballet sont retirés de l’affiche après onze représentations. Casse-noisette ne reviendra sur une scène russe qu’après la Première Guerre mondiale ! Si les Ballets Russes en proposent de larges extraits dans leurs tournées internationales, c’est du côté du Nouveau Monde que vient le salut de l’œuvre dont la musique est popularisée dès 1940 avec Fantasia de Walt Disney. William Christensen en livre une version intégrale au sortir de la Deuxième Guerre mondiale mais c’est


bien Balanchine qui l’inscrit définitivement au répertoire des grands ballets. Ainsi se succèdent d’autres relectures portées par John Neumeyer (1971), Rudolf Noureev (1985), Mark Morris (1991), Donald Byrd (1996), Maurice Béjart (1998) ou Jean-Christophe Maillot (1999), pour ne citer que les plus marquantes.

maquettes des décors d'édoardo sanchi et des costumes de maria porro

… à l’éveil Ivan Cavallari a choisi d’apporter sa contribution à une longue tradition de reprises avec une proposition dont il a signé la première version pour le West Australian Ballet en 2012. Le chorégraphe modernise l’histoire en la plaçant au cœur d’un campus à l’heure des nouvelles technologies, entre « selfies » et autres « tchats ». Dans ce contexte, les deux personnages principaux sont des adolescents français venus apprendre l’anglais de l’autre côté de la planète. Loin de l’ambiance hivernale de l’intrigue originale, toute l’histoire se déroule désormais sous la chaude lumière d’un grand soleil, image qui avait fortement marqué le décorateur Edoardo Sanchi lors de ses premiers pas australiens. Le cercle est d’ailleurs l’un des éléments fondamentaux de son procédé scénographique, qui peut avoir aussi une signification métaphorique alors que l’adolescence est le moment du passage de l’enfance à l’âge adulte. Or, c’est bien le cœur du propos d’Ivan Cavallari, pour qui les réseaux sociaux sont des moyens idéaux pour dépasser sa propre timidité. Et s’inventer une personnalité hors-normes alors qu’on ne sait plus trop qui on est réellement à cet âge de la vie. Le jeune garçon replié sur lui-même peut ainsi devenir le valeureux « casse-noisette » et espérer séduire Clara avec ses histoires rocambolesques jusqu’à ce que les deux jeunes amoureux acceptent de se retrouver en chair et en os et de se reconnaître lors du célèbre bal de fin d’année, passage obligé de toute école anglo-saxonne qui se respecte. En choisissant de s’aimer « réellement », les deux héros assument leur maturité. Comme à son habitude, la chorégraphie inventée par Ivan Cavallari est un savoureux mélange entre une danse technique et impressionnante, qui s’inscrit dans la tradition et exige des danseurs un dépassement d’eux-mêmes. Pour parfaire ce qui s’annonce comme un magnifique spectacle, l’Orchestre symphonique de Mulhouse, sous la baguette son directeur Patrick Davin, fait partie de l’aventure afin de faire entendre « en live » la partition de Tchaïkovski. Et comme le veut la musique, la maîtrise de l’OnR vient judicieusement compléter l’équipe.

Chorégraphie Ivan Cavallari Musique Piotr Ilitch Tchaïkovski Direction musicale Patrick Davin Décors Edoardo Sanchi Costumes Maria Porro Lumières Jon Buswell Assistante à la chorégraphie Eva Zmekova Ballet de l'OnR Petits Chanteurs de Strasbourg

Maîtrise de l’OnR Direction Luciano Bibiloni Orchestre symphonique de Mulhouse Création en 2012 au West Australian Ballet

Avec le soutien de

fidelio association pour le développement de l'Opéra national du Rhin

MULHOUSE La Filature

STRASBOURG Opéra

COLMAR Théâtre

autour du spectacle

ve 1er avril 20 h sa 2 avril 15 h & 20 h di 3 avril 15 h

lu 11 avril 20 h ma 12 avril 20 h me 13 avril 20 h je 14 avril 20 h ve 15 avril 20 h

ma 26 avril 20 h me 27 avril 20 h

L’université de la danse, Mulhouse, CCN je 10 mars 19 h Coulisses studio, Mulhouse, CCN je 17 mars 18 h Danse à l’université, Strasbourg, Le Portique je 7 avril 18 h 30


Cabaret danse, nom masculin Définition : moment exceptionnel à ne manquer sous aucun prétexte Synonymes : magie, convivialité, instant inoubliable

cabaret danse

strasbourg Salle Ponnelle ve 4 mars 20 h sa 5 mars 20 h di 6 mars 17 h

maquettes de costumes de maria porro

Guide d’utilisation : Installez-vous autour d’une table dans l’ambiance chaleureuse d’un cabaret, petites gourmandises et verre de vin vous sont offerts, vous n’avez plus qu’à vous laisser porter par la magie d’un événement surprenant… Autour d’Ivan Cavallari, artistes invités et danseurs vous révèlent secrets de fabrication et extraits de Casse-noisette, pour découvrir en avant-première cette œuvre phare du répertoire.


récit al

pavol

breslik

photo neda navaee

ténor

Ce rayonnant ténor, au physique de jeune premier, est avant tout chanteur d’opéra. D’abord en troupe au Staatsoper de Berlin, il est invité sur les grandes scènes lyriques internationales, du Metropolitan Opera de New York à l’Opéra de Vienne (Lenski, Nemorino, Alfredo), à Munich (Gennaro de Lucrezia Borgia aux côtés de Gruberova, puis Tamino, Idamante, Nemorino ou Cassio), au Covent Garden de Londres (Ferrando, Lenski ou Tamino) ou encore à Paris, Barcelone et Salzbourg. Depuis 2012, il est membre de l’Opéra de Zurich. Il fascine par sa sensibilité poétique, son timbre brillant et l’étonnante palette de couleurs dont il dispose. Il aime le contact direct avec le public et grâce à son charme et son aisance naturelle il crée, dès l’entrée en scène, un climat d’intimité dont il a le secret : la qualité d’attention et d’écoute des spectateurs s’en ressent nettement. Ce n’est pas son premier récital à l’OnR et on se souvient de son interprétation, en mars 2011, des Dichterliebe, suivis de lieder de Dvořák et Richard Strauss. Le revoici donc avec Franz Schubert dans le cycle Die schöne Müllerin (La Belle Meunière) gravé pour Orfeo en mars 2015. Grâce à son charisme et à sa grande sensibilité musicale, Pavol Breslik semble prédestiné à l’art du récital : « J’aimerais pouvoir montrer ce jeune homme qui termine ses études et entre dans la vie. Il est plein d’énergie et de joie de vivre. Il tombe amoureux et cet amour le rend à la fois heureux et malheureux. À la fin, il meurt. […] Je voudrais raconter cette histoire sans tomber dans l’emphase, car la simplicité est à la base de la musique de Schubert. » dit-il. Il sera accompagné au piano par Amir Katz, un autre passionné de Franz Schubert, dont il connaît parfaitement l’univers. Pavol Breslik a établi avec ce pianiste, rencontré à Berlin voilà cinq ans, une grande relation de confiance et de complicité. Un beau moment en perspective.

amir katz

Piano

STRASBOURG Opéra sa 19 mars 20 h

FRANZ SCHUBERT (1797-1828) Die schöne Müllerin D. 795 (1823) Poèmes de Wilhelm Müller

récital pavol breslik • Croisements • 19


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Tango !

Le tango, cette danse née dans les quartiers populaires de Buenos Aires peuplés de nouveaux immigrants, de descendants d’esclaves et d’ex-paysans venus tenter de faire fortune en ville tire sa richesse de ce métissage. On le danse entre hommes ou avec ces dames. Devenu un véritable culte avant de s’inscrire définitivement dans la culture argentine, le tango et la sensualité qu’il évoque n’a d’égal que la grande nostalgie qui en émane, forcément liée au creuset de son émergence. Retrouvons ces hautes sensations avec un florilège de morceaux dont certains devenus cultes d’Astor Piazzolla. On citera Libertango, mais aussi Adios Nonino. Et si l’envie vous prend de danser, laissez-vous aller !

Philippe Borecek accordéon Urmas Tammik violoncelle

strasbourg Salle Ponnelle sa 23 janvier 11 h

Sandrine Abello piano Tatiana Anlauf soprano

concerts apéritifs En partenariat avec la Cave de Turckheim

du baroque au classique Depuis ces dernières décénnies, la musique baroque retrouve une place de choix parmi les concerts et les saisons lyriques des théâtres. Il faut dire qu’elle offre une riche palette d’émotions, capable de mêler, souvent au cœur d’un même ouvrage, les deux extrêmes que sont tragédie et comédie. Loin des exécutions pompeuses et quelque peu déférentes des premières tentatives de redécouverte, son approche a été profondément renouvelée, notamment par des ensembles qui ont choisi de la jouer sur instruments anciens et avec des techniques inspirées des traités musicologiques de l’époque. Ce récital vous invite à plonger au cœur de ce riche et passionnant répertoire dont plusieurs chefs-d’œuvre restent encore méconnus. En commençant par l’Italie, berceau de la création musicale qui a vu la naissance de l’opéra, pour gagner ensuite l’Allemagne et l’Angleterre et mesurer l’impact que les Méditerranéens ont eu sur les compositions des confrères du Nord. Quand la légèreté de la ligne vocale italienne rencontre le contrepoint germanique… L’occasion d’aborder Haendel, compositeur majeur à l’apogée de cette période. Et comme un témoignage de l’influence profonde et durable de la musique baroque sur la composition occidentale, nous n’hésiterons pas à aborder la période suivante, celle de la musique classique, au gré d’arias, duos et trios imaginés par des maîtres tels que Haydn ou Mozart, à la croisée des deux époques. Ces derniers ont cherché à s’emparer de la tradition afin d’en proposer une relecture moderne et convaincante aux yeux de leurs contemporains. ARTISTES DE L’OPÉRA STUDIO Francesca Sorteni soprano Coline Dutilleul mezzo-soprano Jaroslaw Kitala baryton-basse Tokiko Hosoya piano Martin Gester préparation musicale

strasbourg Salle Bastide sa 27 février 11 h colmar Théâtre ma 1er mars 12 h 30

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vents d'est

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nostalgie made in Korea

En Alsace, ces vents viennent parfois de Sibérie et confèrent à notre hiver sa rudesse. Ne nous fions pas aux aspects météorologiques de ce titre et laissonsnous emporter par la chaleur de son programme. Brahms, Dvořák et Chostakovitch, compositeurs des rives du Yiddishland, nous invitent à savourer les résonnances hébraïques et tsiganes qui peuplent leur musique : mélopée des psaumes ou misère des shtetls pour les Juifs, errance et exaltation de la liberté pour les Tsiganes, nourrissent des imaginaires mélancoliques et colorés, contributeurs maintenus en marge et pourtant déterminants de la culture des peuples d’Europe de l’Est. Avec les Mélodies bibliques et tsiganes d’Antonin Dvořák, De la Poésie populaire juive de Chostakovitch et les Zigeuner Lieder de Brahms transcrits pour mezzo, trois artistes des Chœurs de l’OnR accompagnés par leur pianiste nous feront prendre notre billet pour l’Orient-Express.

Le Chœur de l’OnR a le plaisir de compter, entre autres, des artistes d’origine coréenne. Nous leur avons confié le soin de partager avec nous des chants, récents ou plus anciens, qui font désormais partie du répertoire traditionnel de la Corée. Empreints de nostalgie, ces mélodies nous entraînent dans l’univers poétique de ce lointain pays. Ainsi, par exemple, il est question d’une vieille épitaphe gravée dans le bois, effacée par le temps et envahie par la mousse, tout un symbole des amitiés d’enfance passées. Evoquées aussi, les traces de la fracture de la Corée, ainsi que cette montagne qui change de nom au gré des saisons ou encore le chant du palais Kyeonbok qui date de l’époque de la fin de la dynastie des Chosun. Soo-Ye Suk Kwon soprano Seong-Young Moon ténor

strasbourg Salle Bastide sa 12 mars 11 h

Oguljan Karryeva soprano Yasmina Favre mezzo-soprano

Sang-Bae Choi ténor

Hervé Huyghues Despointes ténor

Young-Min Suk basse

Judith Gauthier piano

Bun-Hee Kim piano

divas photo klara beck

Kyungho Lee ténor

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Sous-titré « Une comédie lyrique et burlesque », le spectacle qui a déjà tourné avec succès plante son décor dans les murs de l’Opéra de Strasbourg. Divas est une rencontre entre opéra et humour. Le concert, très animé, conte l’épopée des trois chanteuses aux tempéraments contrastés et bien trempés, qui passent une audition en vue d’une nouvelle production. Capucine, gamine espiègle, Daphnée, élégante en robe à panier qui s’encanaille et Madame Olga, qui pense ne faire qu’une bouchée des deux autres. Mais voilà qu’elles sont toutes engagées pour un spectacle en trio. Elles ne sont pas au bout de leurs peines : la pianiste est un peu collet monté. Qu’à cela ne tienne, elle les accompagne vaillamment, notamment pour des airs de Mozart, Offenbach, Verdi, Bizet, Bernstein et des extraits de… Sister Act, qui n’en feront pas des bonnes sœurs pour autant !

strasbourg Salle Ponnelle sa 23 avril 11 h

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Sandrine Stöhr-Houdelette soprano Fiona Chaudon soprano Laurence Huncler-ElMoncef mezzo-soprano Claude Sitterlin piano

strasbourg Salle Ponnelle sa 30 avril 11 h

Croisements • 21


Parking Opéra Broglie… Pour un stationnement bien orchestré. photo christian lutz dna

rencontre

L'union fait la force ! Le 19 octobre dernier, à l’invitation de Marc Clémeur, les quatre directeurs des Opéras du Grand Est se sont rencontrés à l’Opéra national du Rhin, anticipant la prochaine réforme territoriale. Malgré les profils et les tailles différentes des quatre institutions, Serge Gaymard, directeur de l’Opéra de Reims, Marc Clémeur, directeur général de l’OnR, Laurent Spielmann, directeur général de l’Opéra national de Lorraine et Paul-Émile Fourny, directeur artistique de l’Opéra-Théâtre de Metz (de gauche à droite sur la photo), ont évoqué, lors de cette première réunion informelle, les possibilités de partenariat à mettre en place en matière de coproductions, mais aussi de formation, de communication et de logistique. Ont suivi des réunions entre directeurs techniques, directeurs administratifs et financiers et directeurs de la communication. Tout un programme !

projection-débat Le roman de marguerite gautier de George Cukor (1936) avec Greta Garbo, Robert Taylor

au Cinéma Odyssée de Strasbourg du 9 décembre au 12 janvier Projection suivie d'un débat le 13 décembre à 17 h 30 Chez Parcus, vous avez la meilleure place.

Horaire des séances : www.cinemaodyssee.com


n o rill d n ce Les contes de fées demeurent des sources infinies d’apprentissage, de réflexion sur soi, sur la société dans laquelle nous vivons, sur notre passé aussi, dont les grandes étapes, heureuses ou dramatiques, ont forgé notre monde. Cendrillon n’échappe pas à ce constat. La metteuse en scène MarieEve Signeyrole nous invite à une relecture inédite, une plongée au cœur d’un Berlin frappé par la Guerre froide, sans fard, ni soulier d’or, ni citrouille. Le conte se lit et se vit à travers les yeux – et le cœur – de deux adolescents hantés par des questionnements propres à leur âge. Une pépite d’humanité sensible et touchante, à découvrir absolument, à Strasbourg et Mulhouse.

Direction musicale Vincent Monteil Mise en scène Marie-Eve Signeyrole Artistes de l'Opéra Studio de l'OnR

photo nis&for

Ensemble orchestral de l’Académie supérieure de musique et du conservatoire

Avec le mécénat de la

Fondation

STRASBOURG CMD sa 9 janvier 20 h di 10 janvier 15 h me 13 janvier 14 h 30 ve 15 janvier 20 h di 17 janvier 15 h MULHOUSE La Sinne sa 30 janvier 20 h di 31 janvier 15 h

mercredis découverte Devenir peintre, magicien des effets spéciaux, danseur de ballet ou encore petit chanteur à la Maîtrise de l’OnR : autant de rêves d’enfants à portée de main. Ces rendez-vous de pratique, pendant lesquels on se plaît à faire « comme si » aux côtés de professionnels de notre maison, permettent aux enfants de percer les secrets de la création de décors, de la chorégraphie d’un ballet ou du quotidien de nos tout jeunes chanteurs. Pour celles et ceux qui seraient tentés par l’aventure, il reste quelques places à l’atelier de Mulhouse. Ne tardez pas ! Tarif unique 6 € Réservations : jeunes@onr.fr

Au cœur des ateliers de décors de l’OnR Atelier peinture Réservé aux 6-9 ans

Atelier effets spéciaux Réservé aux 9-12 ans

STRASBOURG Meinau Ateliers de décors me 3 février 14 h 30 me 20 avril 14 h 30

Pour compléter la venue au spectacle, retrouvez le livre illustré Cendrillon, inspiré du livret de l’opéra. Texte et illustrations Antoine Bouteiller Infos et points de vente : operanationaldurhin.eu

Et bien ! Dansez maintenant... ... à Mulhouse MULHOUSE Studios du Ccn me 9 mars 14 h 30 Réservé aux 8-12 ans

... à Strasbourg STRASBOURG Opéra me 13 avril 14 h 30 Réservé aux 5-8 ans

Chanter comme les pros STRASBOURG Grenier d’abondance me 27 avril 15 h Réservé aux 7-10 ans


mécénat et culture

les galeries Lafayette s'engagent

photo dr

Le rayonnement de l’Opéra ne pourrait être sans les liens qui l’unissent aux différents acteurs du dynamisme de la Région. Les Galeries Lafayette ont choisi de s’associer à l’OnR en devenant mécène, un soutien indispensable nourri d’échanges constants pour une collaboration aussi riche que dynamique.

Quand mécénat rime avec patrimoine

Un enrichissement mutuel

La rencontre entre les deux Maisons s’est développée à partir de la volonté de rapprocher deux institutions qui ont vécu la même histoire, celle de la capitale alsacienne, et partagent une même envie d’échange. Le grand magasin strasbourgeois a un ancrage important dans le patrimoine régional. Conscients de leur rôle dans la Cité, ce sont des employés du magasin qui animent des visites guidées à la découverte de l’histoire et des secrets du bâtiment. Inauguré en 1914 pour être ensuite réquisitionné pendant la guerre, le magasin, longtemps connu sous le nom de Magmod, se développe depuis les années 1920 pour devenir un élément incontournable de la vie strasbourgeoise.

Les deux Maisons partagent, en plus d’un passé commun, des valeurs qui les rassemblent. à la recherche du beau, de l’excellence, toujours dans une optique de partage, les Galeries Lafayette et l’OnR s’unissent autour d’événements tout au long de l’année. L’enseigne prête régulièrement son concours à l’OnR. Ainsi, le modèle sur le visuel qui nous accompagne pendant la saison 2015-2016 a été habillé par les Galeries Lafayette. Nos ouvreuses ont profité des services et des conseils du magasin qui leur a mis à disposition des robes pour la Première de La Traviata. L’OnR accueillera en mars les Galeries Lafayette pour un événement très exceptionnel hors les murs. Les informations sur cette soirée insolite vous seront dévoilées sur les réseaux sociaux. Restez connectés ! Contact entreprises > entreprises@onr.fr > operanationaldurhin.eu

Pour participer aux visites guidées des Galeries Lafayette

(rubrique « soutenir l'Opéra »)

Ces visites d’environ une heure sont proposées gracieusement en français tous les mercredis et vendredis de 10 h à 11 h. Elles sont conduites sous réserve d’un groupe de 5 personnes minimum et de 10 personnes maximum. Renseignements et réservations au Welcome Desk, entrée Kléber au rez-de-chaussée du magasin

24 • Croisements • les galeries lafayette


au revoir marianna Le 4 novembre dernier, nous apprenions avec tristesse le décès de Marianna Chelkova, vice-présidente de l’OnR, des suites d’une longue maladie. Depuis 2008, lorsqu’elle devient adjointe au Maire de Colmar en charge du développement culturel, elle s’est beaucoup impliquée pour notre maison.

Pendant plus de vingt années passées en Alsace, elle a été une fervente spectatrice des productions de l’OnR. Un exemple d’humanité et d’engagement, un exemple de courage et d’integrité. Marianna va nous manquer. Au revoir Marianna, dans nos cœurs vous resterez.

photo yannick bohn

Entière, d’une présence ouverte et chaleureuse, mélomane avertie, curieuse et passionnée, elle aimait l’art, la culture et l’intelligence par-dessus tout. Née en Russie d’une mère pianiste et d’un père mélomane, historienne, musicologue et littéraire de formation, elle est enseignante, traductrice et journaliste, avant de se consacrer à la musique classique et à la production artistique. En 1989, elle est chargée de la recherche et de la documentation avant de collaborer à la programmation artistique du festival de musique de Colmar. En 2008, elle devient adjointe au maire de Colmar en charge du développement culturel et vice-présidente de l’Opéra national du Rhin, puis présidente de 2012 à 2014. Très sensible au renouvellement et au développement des publics, elle a toujours soutenu une politique volontariste en direction des jeunes. Elle s’est également attachée pendant sa Présidence à la question de la captation des productions, convaincue de l’importance de la notoriété médiatique pour la survie du monde lyrique.

Au revoir Marianna • Croisements • 25


eve-maud

hubeaux

portrait

Ancienne élève de l’Opéra Studio de l’OnR, Eve-Maud Hubeaux est une artiste au parcours atypique, au talent et au potentiel d’accomplissement indéniables. « Elle a tout », disent d’elle ceux qui la connaissent. Une rencontre heureuse.

Mélanie Aron : Quel est votre parcours ? Eve-Maud Hubeaux : Plutôt atypique ! Mes parents n’étant pas musiciens et n’envisageant pas du tout une carrière artistique pour leurs enfants, j’ai tout naturellement poursuivi mes études après le baccalauréat obtenu en 2004, l’année de mes 16 ans. J’allais d’abord à l’Université de Lausanne jusqu’au Bachelor en Droit suisse en 2007, puis à l’Université de Savoie avec une Maîtrise en Droit privé français en 2008, un Master Recherche Contrats et Responsabilité civile en 2009, puis une thèse allouée sur le Risque de Développement ouverte en 2009.

Pour autant, la musique a toujours été présente dans ma vie avec le piano dès mon plus jeune âge, puis le Conservatoire de Lausanne en chant entre 2001 et 2009. Mon entrée au Conservatoire a d’ailleurs été des plus originales ! Je n’avais que 13 ans et n’avais jamais chanté de répertoire lyrique. Cependant, j’avais pour habitude de m’accompagner au piano pour des chants gospels ou sur des poèmes récités. L’audition d’entrée avait lieu par hasard le jour où j’étais venue pour m’y inscrire ! J’ai donc présenté les pièces qui se trouvaient sur le haut de la pile de partitions sur mon piano :


photo vera markus

O Happy Day  ! et des chants en yiddish. Et comme à mon habitude, je m’étais moi-même accompagnée au piano. Malgré cette audition peu orthodoxe, elle a ouvert la voie à une très belle collaboration de 8 ans avec mon professeur Hiroko Kawamichi. Pendant les premières années au Conservatoire, je n’avais jamais envisagé d’en faire mon métier. C’est lors de mes deux années à l’Université de Savoie que les choses se sont accélérées grâce au statut d’Artiste de Haut Niveau. Cette distinction académique me permettait de poursuivre ma formation musicale en parallèle de mes études de droit. Grâce à ces aménagements, j’ai pu partir en tournée au Japon avec l’Opéra de Lausanne, donner des concerts à l’étranger et présenter des auditions et concours tout au long de l’année, même en période d’examens ! C’est ainsi que j’ai eu la chance de rencontrer en 2008 Bertrand de Billy et Edita Gruberova lors d’un concours en hommage à Marcello Viotti, puis Béatrice Uria-Monzon en tournée au Japon. Ces différentes rencontres ont été déterminantes car ils nous ont convaincus, mes parents et moi, que j’avais le potentiel nécessaire pour envisager une vie d’artiste. C’est même Béatrice Uria-Monzon qui m’a convaincue de me présenter aux « Jeunes Voix du Rhin ». C’est ainsi qu’à mon retour je m’inscrivais à l’audition de l’Opéra national du Rhin. J’ai eu le grand honneur d’être choisie par Marc Clémeur, directeur général, et Vincent Monteil, directeur de l’opéra studio, pour intégrer la prestigieuse formation à 20 ans seulement. Ce fut le réel tournant entre ma vie de juriste et celle de chanteuse. M.A. : Comment avez-vous vécu vos années à l’Opéra Studio ? E.-M.H. : Ces deux années ont été absolument déterminantes ! D’une part, l’OS m’a apporté le complément de formation dont j’avais besoin au travers des différentes masterclass proposées, des cours de langues, de théâtre et de coaching corporel, mais aussi le suivi quotidien avec les chefs de chant. D’autre part, il m’a offert la possibilité de m’exprimer sur scène, autrement dit d’acquérir de l’expérience et de la visibilité, deux choses absolument essentielles pour lancer une carrière. Ainsi, par exemple, dès la fin de ma première année, j’ai commencé à collaborer avec un agent qui avait pu me voir sur scène dans les différentes productions de la saison. Jamais je n’aurais imaginé avoir un agent – qui est toujours mon agent aujourd’hui –  quelques mois seulement après mon entrée à l’OS ! C’est aussi grâce aux auditions organisées au sein de l’Opéra Studio et aux relations avec différents intervenants que j’ai fait mes débuts à l’Opéra de Francfort à 22 ans dans Die Walküre, à l’Opéra d’Avignon l’année suivante dans Le Nozze di Figaro ou à l’Opéra national de Montpellier en 2012 dans Elektra. Tous ces rôles m’ont apporté beaucoup de joie, mais m’ont aussi obligée à choisir définitivement entre le droit et la musique, car il était devenu impossible de poursuivre ma thèse en parallèle. Enfin et surtout, l’OS m’a enrichie de relations humaines. Tout d’abord par le contact privilégié avec le public, mais aussi au travers des rapports avec mes anciens camarades qui sont devenus mes amis, et les rencontres avec des professionnels

exceptionnels comme la chef de chant Cordelia Huberti avec qui j’apprends aujourd’hui l’essentiel de mes rôles ou la soprano Françoise Pollet avec qui je continue à travailler ma technique vocale et l’interprétation à Lyon. Elles sont aujourd’hui, en plus de mon agent, mes conseillères les plus précieuses. M.A. : Quels sont vos grands projets pour la saison 15-16 ? E.-M.H. : Cette seconde partie de saison 15-16 sera essentiellement francophone avec deux belles prises de rôles : Carmen et Ursule. Je ferai mes débuts en Carmen cet hiver avec 16 représentations * dans le très bel Opéra Art Nouveau de Klagenfurt en Autriche. Puis j’aurai le plaisir de retourner à La Monnaie de Bruxelles pour incarner Ursule dans Béatrice et Bénédict au sein d’une très belle distribution francophone au printemps 2016 **. Je serai de retour en Alsace le 5 mai 2016 au PMC pour le concert d’ouverture de l’Assemblée mondiale des Cercles Richard Wagner avec l’Orchestre symphonique de Mulhouse, sous la direction de Patrick Davin. M.A. : Quel est le spectacle le plus marquant de votre carrière en tant qu’interprète ? E.-M.H. : Je suis convaincue qu’un artiste forge sa personnalité au gré de ses expériences et de ses rencontres. Je ne pourrai donc me limiter à une seule production. Certaines m’ont marquée car la collaboration avec le metteur en scène a été désastreuse, d’autres parce que la scénographie était d’une grande beauté, d’autres encore car mes collègues étaient extraordinaires ou que le rôle m’avait particulièrement plu ! Mais s’il ne fallait en citer que deux, je retiendrais d’une part Trauernacht (création théâtrale basée sur des cantates de Bach) au Festival d’Aix-en-Provence en 2014. Cette création a été particulièrement riche, tant d’un point de vue musical avec les connaissances et l’exigence de Raphaël Pichon, que dans le travail scénique avec Katie Mitchell (mouvements décortiqués et ralentis à l’extrême, travail dans une quasi pénombre tout la journée, etc.). De plus, l’articulation des pièces autour de la mort du père ne vous laisse pas indemne ! J’évoquerais aussi la création mondiale Penthesilea de Pascal Dusapin en 2015 à La Monnaie et à l’OnR. Beaucoup d’émotions, car c’était pour moi un rêve de chanter sa musique, alors que dire de la créer ! M.A. : Quels sont les rôles qui vous font rêver pour le futur ? E.-M.H. : Avec ma première Carmen cette saison à tout juste 27 ans, je suis déjà comblée car c’est un des rôles mythiques de mezzo ! Pour l’avenir proche, ce sont Brangäne et Eboli qui se profilent et je m’en réjouis. Mais dans un avenir plus lointain, il est difficile de me projeter car, étant encore jeune pour une voix dramatique, celle-ci peut évoluer aussi bien vers le grave, ce qui m’ouvrirait la voie à Erda ou Azucena, ou évoluer vers l’aigu, ce qui me conduirait par exemple à Brünhilde. Dans l’immédiat, j’aimerais encore chanter Rossini ou Offenbach, mais aussi faire plus de musique baroque en scène car cette musique me touche tout particulièrement. Ce foisonnement de possibilités représente bien la richesse de notre métier : on ne cesse jamais de changer, d’approfondir, de progresser et les surprises sont souvent au rendez-vous !

* 12, 15, 17, 19, 29, 31 décembre 2015, 2, 8, 13, 15, 20, 24, 30 janvier et 13, 17, 20 février 2016 ** 24, 25, 26, 29, 30 mars et 1, 2, 3, 5, 6 avril 2016

eve-maud hubeaux • Croisements • 27


LA PRESSE EN PARLE... Natascha Petrinsky en Penthesilea et Georg Nigl en Achille vont jusqu’à l’extrême de ce qu’il est possible d’imaginer : une prestation grandiose, tant vocale que scénique.

penthesilea

Dagmar Gilcher

L’opéra de Dusapin s’écoute, se vit plutôt, comme un voyage profond et mystérieux dans les paysages mentaux de Penthésilée. Un voyage qui culminera dans l’horreur. […] Berlinde de Bruyckere entre en accord parfait avec la musique de Pascal Dusapin et offre ainsi aux chanteurs et au chœur un univers qui les englobe et dilate le sens de l’œuvre. Laurence Liban

Pascal Dusapin est un virtuose de l’orchestration, un Wolfgang Rihm français, et sa musique fait l’effet d’une drogue. L’OPS, sous la direction de Franck Ollu, est exemplaire à tous les points de vue. Georg Rudiger

Natascha Petrinsky s’impose dans un rôle-titre exigeant. Au même niveau d’excellence, on placera Eve-Maud Hubeaux, qui ne devrait pas longtemps rester cantonnée aux rôles secondaires où elle a fait ses premiers pas.

Belle. Redoutable. Magistrale. Trois définitions que l’on peut attribuer à la mezzo Natascha Petrinsky qui donne sa voix, mais aussi ses tripes, son corps, son énergie au rôle de Penthésilée. Anne Suply

Avec l’usage des lumières sublimes de Jean Kalmann, de la vidéo de Mirjam Devriendt et les décors superbes de la plasticienne Berlinde de Bruyckere, le metteur en scène Pierre Audi parvient à faire exister le cauchemar monstrueux de Penthesilea, à faire vivre ses personnages inexplicables et obscurs et leur inconscient ravageur. Christine DUCQ

Depuis quand, au fait, n’avait-on pas pu assister à une naissance d’opéra aussi éruptive, aussi émotionnellement tellurique, et surtout balayant avec autant d’assurance les postures et les postiches du petit monde de la création contemporaine ? Laurent Barthel

Laurent Bury

Fulgurances noires mais belles. Dans ce spectacle, le noir domine, certes, mais tout contribue à en faire une pierre blanche solide et brillante dans le paysage lyrique d’aujourd’hui. Frédéric Menu

Le compositeur affiche sa sensibilité dans un large registre expressif pour cette histoire d’une société barbare dont des événements actuels peuvent encore être un écho. Marc Munch

Avec la scénographie de la plasticienne Berlinde de Bruyckere, Pierre Audi signe une mise en scène saisissante où s’exerce l’âpreté d’un monde éminemment sombre, régi par la guerre des corps et une violence quasi bestiale entre les êtres. Michèle Tosi

le sacre du printemps

Un magnifique printemps. Le Sacre demeure un défi que le chorégraphe relève avec brio. Des premières notes au final, on est happé par la sarabande des danseurs, la fougue et la précision de leurs gestes. Rien ne distrait le spectateur de la danse. claudine Studer-Carrot

Des soirées mémorables dans la désormais longue histoire du Ballet du Rhin : portés par l’inexorable musique de Stravinsky, ses danseurs donnent l’image d’une compagnie habitée par une énergie nouvelle et une perfection gestuelle qui la haussent au plus haut niveau. Jacqueline Thuilleux

C’est cela Stephan Thoss, un chorégraphe qui utilise le corps, comme une note de musique. On suit les danseurs, on finit essoufflés comme eux. On sursaute comme eux à chaque changement de rythme de cette musique exceptionnelle d’intensité dramatique. Isabelle Glorifet

Son Sacre (de S. Thoss) offre une nouvelle lecture qui a plus à voir avec la simple musicalité de l’œuvre. Ici les danseurs sont des instruments au service de la musique de Stravinsky. La vingtaine d’interprètes sur scène semble réagir aux moindres accords. Philippe Noisette


pénélope

Un décor époustouflant : de magnifiques architectures concentriques ajourées tournantes, qui construisent à vue des perspectives constamment renouvelées. Tout en noir, comme d’habitude, baigné de brume, somptueusement éclairé : rien que cet environnement-là mérite le déplacement. Laurent Barthel

La version scénique d’Olivier Py à Strasbourg a prouvé qu’il est possible de mettre en scène ce non-opéra où le statisme contemplatif remplace la tension dramatique. Christian Merlin

Olivier Py a ici renouvelé avec intelligence la tradition française de la tragédie lyrique en unité de danse et de théâtre musical. Jan Brachmann

Cette œuvre admirable réapparaît à l’OnR grâce à son directeur, Marc Clémeur, dans des conditions théâtrales et musicales extrêmement favorables. Sophie Bourdais

La direction musicale de Patrick Davin, la mise en scène noire d’Olivier Py et la distribution équilibrée valent le déplacement. Philippe Venturini

La soprano italienne, sans jamais forcer sa voix, s’exprime avec puissance, une Pénélope fière et majestueuse. Georg Rüdiger

Anna Caterina Antonacci prête à Pénélope sa superbe voix moirée, conduite avec une magnifique maîtrise, et servie par une diction irréprochable. Emmanuel Andrieu

Antonacci possède sans conteste la beauté et l’aura tragique de la première femme fidèle de l’histoire de l’opéra […] L’engagement de l’artiste force le respect. Marie-Aude Roux

Anna Caterina Antonacci et Marc Laho sont si justes d’engagement et de présence scénique, si intenses d’éloquence vocale […]. On admire leur intelligence musicale : ils chantent toujours juste d’intonation et d’expression. Gérard Condé

Anna Caterina Antonacci montre une nouvelle fois sa parfaite adéquation au rôle : déclamation superbe, fierté des accents, voix sombre et pleine, jeu intériorisé, elle est la Pénélope rêvée.

photos monika rittershaus (penthesilea), jean-Luc tanghe (le sacre), klara beck (pénélope)

François Lesueur

Une œuvre rare et qui touche au chef-d’œuvre, une présentation scénique soignée, une distribution de qualité internationale : l’Opéra national du Rhin a incontestablement réussi la résurrection de Pénélope de Fauré. Michel Thomé

On admire la clarté du timbre et la belle projection de la voix de Marc Laho. La vieille nourrice Euryclée, interprétée par la contralto Élodie Méchain, apparaît tout à fait convaincante. Sonia Hossein-Pour

Chez Weitz la beauté plastique ne tourne pas à vide mais demeure l’un des moteurs de la dramaturgie. Michel Parouty

La soprano Anna Caterina Antonacci s’empare avec vaillance de cette partie relayée par les douceurs de Marc Laho en Ulysse convaincant. Leur duo de la fin du deuxième acte en est le sommet. Franck Giroud

Des prétendants se détachent l’Eurymaque brutal et plutôt maniéré d’Edwin Crossley-Mercer et l’Antinoüs suave de Martial Defontaine. L’ensemble des servantes est sans reproches ainsi que les Chœurs. Patrick Davin dirige l’OSM avec grand soin dans cette belle partition puissante aux couleurs chaudes et aux aspects parfois chambristes. Erna Metdepenninghen

Il y a des choses qu’il vaut mieux ne pas rater. Dans Pénélope c’est un château fantasmagorique extraordinaire qu’Olivier Py et son scénographe Pierre-André Weitz présentent sur la scène de l’OnR. Guillaume Tion

À l’instar des productions récentes du Roi Arthus et d’Ariane et Barbe-Bleue, l’OnR réussit la redécouverte d’œuvres rares, grâce ici à la mise en scène poétique et suggestive d’Olivier Py. Rolf Fath

Anna Caterina Antonacci dans sa simple robe noire habite le splendide (et techniquement prodigieux) dispositif aux rouages et emboîtages quasi leibniziens inventé par Pierre-André Weitz pour cette élégie du Temps Suspendu avec une autorité, une évidence et une légitimité suprêmes. André Tubeuf

Comme toujours Olivier Py met au défi les équipes techniques de l’OnR, qui ont une nouvelle fois fait des miracles avec l’incroyable décor de cette production. Anne Suply

Patrick Davin avec son OSM tisse cette musique vivement et souplement, le son est clair, retenu, peut-être trop par moments, avec une attention manifeste à l’équilibre entre la fosse et le plateau. Philippe Carbonne

L’OSM trouve dans la direction efficace et enlevée de Patrick Davin le moyen d’exposer de belles qualités d’ensemble dans la petite harmonie et la force sensible des interventions solistes, cuivres en tête. David Verdier

Anna Caterina Antonacci incarne une Pénélope théâtralement crédible et d’un grand tempérament dramatique. Stefano Nardelli


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NOUVEAUX AVANTAGES ! Poser le pied sur la scène avant le lever de rideau Suivre une représentation en loge d’apparat Vivre une représentation dans les coulisses Et plus encore...

Informations - Adhésions : operanationaldurhin.eu (rubrique Soutenir l’Opéra) • +33 (0)3 68 98 75 34 • fidelio@onr.fr

L’Opéra à votre table !

dînerS Sur Scène 26, 27 et 28 mai 2016 19h15 - Strasbourg, Opéra

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Ma 05  Danse à l'université Shakespeare Strasbourg US Je 07  All we love about Shakespeare Strasbourg Opéra Filature Ve 08  La Traviata Mulhouse Ve 08  All we love about Shakespeare Strasbourg Opéra CMD Sa 09  Cendrillon Strasbourg Sa 09  All we love about Shakespeare Strasbourg Opéra Filature Di 10  La Traviata Mulhouse Di 10  All we love about Shakespeare Strasbourg Opéra CMD Di 10  Cendrillon Strasbourg CMD Me 13  Cendrillon Strasbourg CMD Ve 15  Cendrillon Strasbourg Colmar Théâtre Sa 16  All we love about Shakespeare CMD Di 17  Cendrillon Strasbourg Colmar Théâtre Di 17  All we love about Shakespeare Sa 23  Tango ! Strasbourg Opéra Sa 30  Cendrillon Mulhouse Sinne Di 31  Cendrillon Mulhouse Sinne

FéVRIER

Sa 06  Conférence Makropoulos Strasbourg Kléber Di 07  L'Affaire Makropoulos Strasbourg Opéra Ma 09  L'Affaire Makropoulos Strasbourg Opéra Sa 13  L'Affaire Makropoulos Strasbourg Opéra Ma 16  L'Affaire Makropoulos Strasbourg Opéra Je 18  L'Affaire Makropoulos Strasbourg Opéra Sa 27  Du baroque au classique Strasbourg Opéra Filature Sa 27  L'Affaire Makropoulos Mulhouse

MARS

Ma 01  Du baroque au classique Colmar Théâtre Ve 04  Cabaret danse Strasbourg Opéra Sa 05  Cabaret danse Strasbourg Opéra Di 06  Cabaret danse Strasbourg Opéra Ccn Je 10  Université de la danse Casse-noisette Mulhouse Sa 12  Vents d'Est Strasbourg Opéra Kléber Ma 15  Rencontre Idomeneo Strasbourg Me 16  Idomeneo Strasbourg Opéra Ccn Je 17  Coulisses studio Casse-noisette Mulhouse Ve 18  Idomeneo Strasbourg Opéra Sa 19  Récital Pavol Breslik Strasbourg Opéra Di 20  Idomeneo Strasbourg Opéra Ma 22  Idomeneo Strasbourg Opéra Je 24  Idomeneo Strasbourg Opéra Filature Ma 29  Répétition publique Casse-noisette Mulhouse Je 31  La Cambiale di matrimonio Strasbourg Opéra

AVRIL

Ve 01  La Cambiale di matrimonio Strasbourg Opéra Filature Ve 01  Casse-noisette Mulhouse Filature Sa 02  Casse-noisette Mulhouse Di 03  La Cambiale di matrimonio Mulhouse Sinne Filature Di 03  Casse-noisette Mulhouse Colmar Théâtre Ma 05  La Cambiale di matrimonio Je 07  Danse à l'université Casse-noisette Strasbourg US Ve 08  Idomeneo Mulhouse Sinne Di 10  Idomeneo Mulhouse Sinne Lu 11  Casse-noisette Strasbourg Opéra Ma 12  Casse-noisette Strasbourg Opéra Me 13  Casse-noisette Strasbourg Opéra Je 14  Casse-noisette Strasbourg Opéra Ve 15  Casse-noisette Strasbourg Opéra Colmar Théâtre Di 17  Idomeneo Strasbourg Opéra Sa 23  Nostalgie made in Korea Colmar Théâtre Ma 26  Casse-noisette Colmar Théâtre Me 27  Casse-noisette Sa 30  Divas Strasbourg Opéra

18 h 30 20 h 20 h 20 h 20 h 15 h & 20 h 15 h 15 h 15 h 14 h 30 20 h 20 h 15 h 15 h 11 h 20 h 15 h 17 h 15 h 20 h 20 h 20 h 20 h 11 h 20 h

calendrier

JANVIER

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Opéra Danse Récitals Jeune public Concerts & concerts apéritifs

CCN : Centre chorégraphique national, 38 Passage du Théâtre, Mulhouse Kléber : Librairie Kléber, Salle Blanche, 1 rue des Francs-Bourgeois, Strasbourg US : Université de Strasbourg, Le Portique, 14 rue René Descartes, Strasbourg Informations communiquées sous réserve de modifications



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