dossier pédagogique saison 2013-2014
john adams
doctor atomic Création française nouvelle production Opéra en deux actes Livret de Peter Sellars
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à Los Alamos, dans les jours et heures précédant le premier test de la bombe atomique, le quotidien des membres du « Projet Manhattan » et les dilemmes éthiques autour de la création de l’arme nucléaire.
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Contacts
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Flora Klein • tél + 33 (0)3 88 75 48 54 • courriel • fklein@onr.fr Hervé Petit • tél + 33 (0)3 88 75 48 79 • courriel • hpetit@onr.fr Opéra national du Rhin • 19 place Broglie BP 80 320 • 67008 Strasbourg Maquette Etienne Guiol
www.operanationaldurhin.eu
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Direction musicale Mise en scène Décors et costumes Lumières
J. Robert Oppenheimer Edward Teller Robert Wilson Kitty Oppenheimer Pasqualita General Leslie Groves Frank Hubbard Captain James Nolan
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Patrick Davin Lucinda Childs Bruno de Lavenère David Debrinay Dietrich Henschel Robert Bork Marlin Miller Anna Grevelius Jovita Vaskeviciute Peter Sidhom Brian Bannatyne-Scott John Graham-Hall
Chœurs de l’Opéra national du Rhin Orchestre symphonique de Mulhouse Éditions Boosey & Hawkes
STRASBOURG
MULHOUSE
ve 2 mai 20 h di 4 mai 15 h ma 6 mai 20 h ve 9 mai 20 h
sa 17 mai 20 h
opéra
La filature
Langue : anglais surtitré en français et en allemand Durée approximative : 3 h 20 Conseillé à partir de 14 ans : collège et lycée
conférence par Franck Mallet Strasbourg, Opéra me 30 avril 18 h entrée libre
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Doctor Atomic, à l’instar des précédents opéras de John Adams Nixon in China et The Death of Kinghoffer, explore des personnages et personnalités historiques. Il s’attache ici à Julius Robert Oppenheimer, physicien ayant participé au « Projet Manhattan », qui a vu naître et utiliser la bombe atomique aux États-Unis. Attaché au réel, plusieurs des textes présents dans l’opéra ont été adaptés de documents déclassifiés du gouvernement des ÉtatsUnis. Ils reprennent les dialogues entre les scientifiques, les officiels et le personnel militaire impliqués dans le projet.
Acte I Scène 1 : Au laboratoire du « Projet Manhattan », Los Alamos, Nouveau Mexique, juin 1945 Dirigé par le physicien Julius Robert Oppenheimer et le commandant général Leslie Groves, le travail sur la bombe atomique approche de sa phase finale. Depuis la reddition de l’Allemagne, beaucoup de scientifiques remettent en question la nécessité d’utiliser la bombe contre le Japon. Edward Teller et Robert Wilson sont particulièrement troublés par les implications morales et sociales d’un tel acte, et tentent de convaincre les autres d’adresser une pétition au Président Truman. Oppenheimer les sermonne. Il revient tout juste de Washington, et évoque la décision de bombarder des villes japonaises, en particulier les cibles civiles. Scène 2 : La maison d’Oppenheimer, à Los Alamos Oppenheimer répond aux questions inquiètes de sa femme, Kitty, en citant les vers de l’un de ses poètes favoris, Baudelaire. Pendant un bref moment, ils sont transportés dans le climat lourd du poème. Laissée seule, Kitty s’absorbe dans une réflexion à propos des contradictions entre la paix, la guerre et l’amour. Julius Robert Oppenheimer Scène 3 : Le site de test Trinity à Alamogordo, Nouveau Mexique, 15 juillet 1945 La nuit du test de la première bombe atomique. Une tempête se déchaîne sur le site et la bombe est en danger. Déjà partiellement armée et hissée sur une tour, l’orage et la foudre menacent. Le météorologiste Frank Hubbard avertit le général Groves que tenter le test dans ces conditions serait extrêmement dangereux. Le capitaine Nolan, des corps médicaux de l’armée, tente d’expliquer à Groves les propriétés potentiellement mortelles du plutonium et l’empoisonnement aux radiations, qui commencent tout juste à être compris. La panique grandissant, le général renvoie toute l’équipe pour converser seul à seul avec Oppenheimer. Le physicien plaisante avec Groves qui part se reposer. Oppenheimer reste seul face à ses angoisses personnelles. Il se remémore un sonnet de John Donne qui lui a inspiré le nom de Trinity pour le site test : “Batter my heart, three-person’d God”.
Acte II Scène 1 : La maison d’Oppenheimer À 200 kilomètres du site test, Kitty et sa bonne, Pasqualita, regardent le ciel pour y déceler les signes de l’explosion. Pasqualita surveille l’enfant endormi du couple, Katherine. Kitty pense à nouveau à la guerre, à la mort, et à la réincarnation. L’enfant s’éveille, pleure. Pasqualita la réconforte en lui chantant une berceuse. Scène 2 : Le site test, 16 juillet 1945, minuit Tout le personnel a été évacué de la zone d’impact. Wilson et Hubbard sont à la tour où est fixée la bombe et font des mesures de dernière minute demandées par Groves. Tous les deux sont très inquiets de tester la bombe au milieu d’un orage. Au bunker d’observation, les scientifiques discutent de la possibilité d’une réaction en chaîne due à la détonation, qui pourrait détruire l’atmosphère terrestre. Oppenheimer s’élève contre cette idée, la déclarant impossible. La pluie tombant toujours, Groves décide de ne pas tenir compte des avertissements et Oppenheimer ordonne à tous de se tenir prêts pour le test, prévu à 5 h 30.
Scènes 3 et 4 Groves est assailli par la peur d’un sabotage, tandis qu’Oppenheimer est dans un état de grande fatigue nerveuse. Tous attendent, absorbés dans leurs pensées. Les hommes font des paris, tentent de deviner la puissance de la bombe. Oppenheimer part dans de pessimistes prédictions et même Groves n’arrive pas à cacher ses faibles espoirs. Soudain, le ciel est rempli par une vision terrifiante de Vishnu, troublant chacun. À dix minutes de l’explosion, une fusée d’alarme est lancée et une sirène se fait entendre. L’orage s’arrête et le ciel au-dessus de l’aire de détonation est à nouveau clair. Une autre fusée d’alarme part et à soixante secondes de l’explosion on entend le décompte final. La base ressemble à un avant-poste de la mort : des rangées de scientifiques et de membres de l’armée couchés face contre terre dans des fossés peu profond. Aucun mouvement ou signe d’activité, seulement le compte à rebours au travers des haut-parleurs. À moins de quarante-cinq secondes, un ingénieur déclenche le minuteur de la bombe. Détonation moins une seconde. Un silence angoissant et une nouvelle ère qui commence. Vishnu
Premier test de la bombe atomique à Trinity, 10 secondes après la détonation.
le livret de peter sellars Peter Sellars, né en 1957, a tout comme John Adams étudié à l’université de Harvard. Encore étudiant, il monte une version en marionnettes du Ring de Wagner, avant de devenir le directeur artistique de la Boston Shakespeare Company. à 26 ans, il est nommé directeur de l’American National Theater à Washington, poste qu’il occupe jusqu’en 1986. Il s’illustre majoritairement dans la mise en scène, participant à plus de cent productions dans les domaines variés du théâtre, de l’opéra et du cinéma. Le livret de Doctor Atomic, qu’il écrit pour John Adams, s’appuie sur l’intertextualité. Celle-ci est définie par Philippe Sollers dans Théories d’ensemble en 1969, où il pose la théorie que « tout texte se situe à la jonction de plusieurs textes, puisqu’il est à la fois la relecture, l’accentuation, la condensation, le déplacement et la profondeur ». Peter Sellars ne se contente pas de vagues références. Au lieu d’écrire les dialogues, il ancre le texte dans le réel et la culture commune, en le construisant comme une mosaïque de citations. Il prend ainsi appui sur des documents historiques qui relatent le développement de la bombe atomique et sur des œuvres littéraires associées aux personnages décrits. Les paroles de Kitty, la femme d’Oppenheimer, sont constituées de poèmes de Muriel Rukeyser, une américaine du même âge que la protagoniste, qui partage certaines idées et croyances avec la vraie Kitty. De même, les propos tenus par Edward Teller sont majoritairement tirés des mémoires du scientifique. Quant au Docteur atomique lui-même, Julius Robert Oppenheimer, Sellars compose pour lui à partir de trois sources connues pour avoir été familières au physicien : le poète anglais du XVIIe siècle John Done, le français du XIXe siècle Charles Baudelaire et le texte de la Bhagavad-Gītā, partie centrale du Mahâbhârata, ouvrage fondamental de l’hindouisme.
extrait du livret d’après Charles Baudelaire, A Hemisphere in Her Hair “Long let me inhale, deeply, the odor of your hair, into a plunge the whole of my face like a thirsty man. Into the water of a spring, and wave it in my fingers like a scented handkerchief, to shake memories into the air. If you could know all that I see! all that I feel ! all that I hear in your hair! My soul floats upon perfumes as the souls of other men float upon music. Your hair contains an entire dream, full of sails and masts; it contains vast seas whose soft monsoons bear me to delightful climates Where space is deeper and bluer, where the atmosphere is perfumed with fruit, with foliage and with human skin. In the ocean of your hair, I see brief visions of a port resounding with melancholy songs, of vigorous men of all nations and ships of all shapes outlining their fine and complicated architectures against an immense sky Where eternal heat languidly quivers… In the glowing fire-grate of your hair, I inhale the odor of tobacco mingled with opium and sugar; In the night of your hair, I see the infinity of tropical azure resplendent; On the downed banks of your hair, I inebriate myself with the mingled odors of tar, of musk and of coconut oil. Long let me bite your heavy, black tresses… It seems to me that I am eating memories”
le poème original Le poème original est inspiré des vers de La Chevelure, inclus dans la partie « Spleen et Idéal » des Fleurs du Mal. Il se retrouve dans Le Spleen de Paris, publié en 1869, sous cette forme : « Laisse-moi respirer longtemps, longtemps, l’odeur de tes cheveux, y plonger tout mon visage, comme un homme altéré dans l’eau d’une source, et les agiter avec ma main comme un mouchoir odorant, pour secouer des souvenirs dans l’air. Si tu pouvais savoir tout ce que je vois ! tout ce que je sens ! tout ce que j’entends dans tes cheveux ! Mon âme voyage sur le parfum comme l’âme des autres hommes sur la musique. Tes cheveux contiennent tout un rêve, plein de voilures et de mâtures ; ils contiennent de grandes mers dont les moussons me portent vers de charmants climats, où l’espace est plus bleu et plus profond, où l’atmosphère est parfumée par les fruits, par les feuilles et par la peau humaine. Dans l’océan de ta chevelure, j’entrevois un port fourmillant de chants mélancoliques, d’hommes vigoureux de toutes nations et de navires de toutes formes découpant leurs architectures fines et compliquées sur un ciel immense où se prélasse l’éternelle chaleur. Dans les caresses de ta chevelure, je retrouve les langueurs des longues heures passées sur un divan, dans la chambre d’un beau navire, bercées par le roulis imperceptible du port, entre les pots de fleurs et les gargoulettes rafraîchissantes. Dans l’ardent foyer de ta chevelure, je respire l’odeur du tabac mêlé à l’opium et au sucre ; dans la nuit de ta chevelure, je vois resplendir l’infini de l’azur tropical ; sur les rivages duvetés de ta chevelure je m’enivre des odeurs combinées du goudron, du musc et de l’huile de coco. Laisse-moi mordre longtemps tes tresses lourdes et noires. Quand je mordille tes cheveux élastiques et rebelles, il me semble que je mange des souvenirs. »
la musique minimaliste Ce courant, dérivé de la musique sérielle, apparaît dans les années 1960 aux États-Unis. Le terme est lui-même emprunté au minimal art, apparu vers 1965. Il naît en réaction aux œuvres d’alors et rejette le lyrisme pour aller vers une primauté de la tonalité. Un seul mot d’ordre : « Less is more ». Il utilise notamment la répétition comme technique de composition, avec la présence de courts motifs rémanents. La structure est épurée, même si les éléments musicaux peuvent être riches, et un mélange des formes est clairement revendiqué. Les représentants de ce mouvement, dont font partie Philip Glass, Steve Reich et Terry Riley, travaillent sur des courts motifs mélodiques, harmoniques ou rythmiques, qui se répètent parfois indéfiniment et où s’insèrent d’infimes variations, audibles par l’auditeur attentif. Nombre d’opéras voient le jour chez ces compositeurs. Ainsi, Steve Reich crée notamment deux vidéos-opéras en 1993 et 2001, The Cave et Three Tales. Philip Glass s’illustre également dans cet art, avec Einstein on the Beach en 1976 et en 1984 avec The CIVIL warS et Akhnaten, opéra en trois actes autour de la figure d’Akhenaton, représenté en 2002 à l’Opéra national du Rhin.
Dance, chorégraphie Lucinda Childs, musique Philip Glass, Ballet de l’OnR, 2002
C’est dans cette même esthétique minimaliste que Lucinda Childs, metteur en scène de Doctor Atomic, mène son travail autour de la danse. > Plus d’infos : voir sa biographie en fin de dossier
« le projet manhattan » Pour arriver à la fabrication de la bombe atomique et au lancement du « Projet Manhattan » dans les années 1940, il faut d’abord aborder la découverte de la radioactivité. En 1896, Henri Becquerel fait des recherches sur la fluorescence des sels d’uranium. Il s’aperçoit que le matériau émet son propre rayonnement, même sans excitation par la lumière. D’abord baptisée hyperphosphorescence, le terme radioactivité arrive avec Marie Curie, qui reprend les découvertes de Becquerel et étudie dans sa thèse les éléments chimiques à l’origine de cette agitation. Elle s’attarde entre autres sur les propriétés physiques de l’uranium, puis du polonium et du radium – utilisé jusque dans les années 1950 pour rendre les aiguilles de montres fluorescentes –, qu’elle découvre. Première femme à obtenir Gadget, première bombe au plutonium un prix Nobel, elle meurt des suites de sa trop grande exposition aux matériaux radioactifs. à cette époque, les travaux sont lancés et la radioactivité prouvée. Des physiciens tels que Joliot, Kowarski, von Halban, Fermi ou encore Lise Meitner vont rendre la fission possible. Ils travaillent sur la décomposition de l’atome et les réactions nucléaires en chaîne entre l’impact des neutrons et de l’uranium. Ce dernier, comme le plutonium par exemple, est composé d’atomes lourds et peut se diviser lorsqu’il est bombardé de neutrons. Dès lors, une émission plus importante de neutrons se fait et une grande quantité d’énergie est libérée, provoquant des réactions nucléaires en chaîne. Ces découvertes surviennent dans des temps troublés, avec le commencement de la Deuxième Guerre mondiale. Dans ce contexte, les États-Unis, qui ont peur de ce que pourrait faire Hitler avec une telle puissance, choisissent de hâter leurs recherches. Cette décision fait suite à une lettre d’Albert Einstein au président Roosevelt, le scientifique ayant dû récemment émigrer d’Allemagne suite à la montée du fascisme. Il s’oppose fermement au dictateur et convainc le président américain de la possibilité de fabriquer des bombes d’un type nouveau et d’une extrême puissance. Même s’il se retire ensuite de l’affaire, le « Projet Manhattan » est lancé. Il va notamment être rendu possible grâce à la fuite des scientifiques de l’Europe suite aux régimes totalitaires qui s’y instaurent, plusieurs prix Nobel décidant d’émigrer eux-aussi aux États-Unis. C’est au total plus de 130 000 personnes qui travaillent – en connaissant ou non la réelle nature du projet – sur le « Projet Manhattan » pour la construction de cette première bombe atomique. Ils sont dirigés par le général Leslie Groves, constructeur du Pentagone. Celui-ci réunit presque 24 milliards de dollars pour mener à bien le projet. Il nomme Julius Robert Oppenheimer directeur scientifique. Considéré à présent comme le « père » de la bombe atomique, sa nomination surprend à l’époque, puisqu’il est un partisan connu du parti communiste. En 1945, les recherches aboutissent à la construction de trois bombes, deux au plutonium et une à l’uranium. Le premier test de la bombe au plutonium a lieu le 16 juillet 1945 à 5 h 29 sur le site de Trinity. Surnommée « Gadget », elle laisse un cratère de 76 m de diamètre et sa chaleur transforme le sable environnant en verre sur 800 m. Le champignon atomique s’élève à plus de 12 km, faisant ressentir l’onde de choc due à l’explosion jusqu’à 160 km de la détonation. C’est notamment à cette occasion qu’Oppenheimer aurait cité la Bhagavad-Gita, avec ces mots : « Maintenant je suis la mort, le destructeur des mondes ». Les 6 et 9 août, deux bombes résultant de ce projet sont larguées au Japon sur Hiroshima et Nagasaki. Elles font des centaines de milliers de morts. Suite à ces largages, Oppenheimer demande à ce que la bombe atomique soit contrôlée internationalement et montre de l’inquiétude face aux potentiels dangers pour l’humanité. Sa position favorable au communisme va le desservir : écarté par le président Eisenhower en 1953, il sera mis en cause par McCarthy. Openheimer et Groves devant les restes de la tour de Gadget, première bombe atomique testée à Trinity
comment fabriquer une bombe atomique ? Composition de la bombe atomique Le principe de la bombe atomique part de la fission, et plus précisément du bombardement de neutrons – une particule subatomique qui est présente de base et accompagnée de protons dans les noyaux des atomes – sur un matériau fissible type uranium, ou dans le cas de « Gadget », plutonium. En percutant les atomes, les neutrons font se fragmenter leurs noyaux. Ils créent ainsi des photons, deux noyaux plus légers et des neutrons supplémentaires, neutrons qui à leur tour sont projetés et viennent casser d’autres noyaux, participant à une réaction en chaîne. Tous les neutrons ne participent cependant pas à la fission, pouvant induire des réactions différentes, ou s’échapper tout simplement en atteignant la surface du matériau. Pour maintenir une réaction en chaîne correcte, un travail sur le matériau fissible est donc fait. Le nombre possible de fissions augmente en fonction de la masse, mais également de la densité du matériau et de sa composition. Pour atteindre un stade où la matière est critique et où les réactions en chaîne sont possibles, une boule d’uranium 235 pur doit ainsi faire environ cinquante kilogrammes, tandis qu’il n’en faut que dix au plutonium. Pour augmenter encore les réactions et user de moins de matière, un revêtement réflecteur peut aussi être disposé autour de la matière, qui renvoie une partie des neutrons vers elle, augmentant logiquement le nombre d’atomes touchés. Des explosifs chimiques peuvent enfin être utilisés pour comprimer le plutonium ou l’uranium et accroître leur densité. Pour éviter que la fission s’amorce toute seule, les bombes atomiques sont conçues de manière à ce que la matière fissible ne soit pas directement présente en un seul bloc, en la divisant en deux parties ou en lui imprimant la forme d’une boule creuse. Dès lors, les autres composés de la bombe vont aider à son déclenchement et à son efficacité optimale. Deux types de fabrication existent selon que la matière fissible utilisée est l’uranium ou le plutonium, ce dernier nécessitant une plus grande densité pour atteindre son stade critique. La fabrication la plus simple est celle des bombes à uranium. Elle se fait par insertion, sur le principe de la projection d’un bloc de matière fissible contre un autre bloc de même matière. La vue en coupe est la suivante, sur le modèle de « Little Boy », la bombe larguée à Hiroshima :
1. Ailerons stabilisateurs 2. Queue 3. Entrée d’air 4. Détonateur par pression 5. Conteneur en plomb servant de protection 6. Bras du détonateur 7. Tête du détonateur 8. Explosifs (ici de la cordite) 9. Projectile en uranium 235 10. Cylindre du canon de projection 11. Cible en uranium 235. Le réflecteur à neutrons se trouve à son sommet. 12. Sondes pour l’altimètre 13. Fusibles d’armement de la bombe, insérés peu de temps avant le largage
les bombes au plutonium Les bombes au plutonium fonctionnent sur le principe de l’implosion. La matière fissible y est rassemblée en boule creuse, qui va être comprimée pour augmenter sa densité et atteindre un état supercritique. Pour cela, des explosifs puissants sont disposés tout autour. La détonation de doit être synchronisée pour obtenir une onde de choc des explosions aboutissant simultanément à toute la surface externe du cœur de plutonium, qui se rétracte. Sa densité est ainsi augmentée, ce qui déclenche la réaction de fission nucléaire et donc l’explosion atomique. Si celle-ci est plus délicate à mettre en œuvre, elle est plus rapide et encore plus importante. Quant à la vue en coupe de la bombe du site de test Trinity, construite entre autres par Oppenheimer, et de celle de Nagasaki, elle est approximative, puisque les informations relatives à sa construction sont toujours classifiées. Elle se présenterait ainsi :
1. Fusible 2. Antenne de radar 3. Plaque de batteries pour lancer l’explosion 4. Unité de mise à feu placée près des explosifs 5. Charnière fixant les deux parties de la coque 6. Lentille pentagonale d’explosifs (12 unités) 7. Lentille hexagonale d’explosifs (20 unités) 8. Queue de la bombe en aluminium 9. Enveloppe sphérique 10. Cônes qui contiennent le cœur de la bombe 11. Enveloppe de lentilles explosives 12. Couches de matière fissible 13. Plaque d’instruments (radars, temporisateurs…) 14. Collecteur des tubes des baromètres
effets de la bombe atomique Après l’explosion, la chaleur provenant de la fission fait monter la température de l’air environnant à un million de degrés Celsius. Le nuage de plasma surchauffé qui en résulte se transforme en boule de feu, qui grossit rapidement et monte à une vitesse de quelques centaines de mètres par seconde. Une fois qu’elle s’est suffisamment élevée, au maximum dix secondes après la détonation initiale, elle se refroidit. L’air ambiant, plus frais, exerce une résistance sur cet air ascendant, qui ralentit les bords externes du nuage. Cette résistance différente de l’air en fonction des bords externes ou internes de l’explosion va progressivement provoquer un anneau de fumée puis un champignon nucléaire, de quelques secondes à quelques minutes après la détonation, suivant la puissance de la bombe. Pour une explosion d’une mégatonne, le champignon atteint environ vingt kilomètres d’altitude, puis s’écrase horizontalement sur une distance de trente-cinq kilomètres. Le premier effet auquel sont confrontées les victimes d’une bombe est le grand afflux de photons dégagé par l’explosion, qui en libère 70 à 80 % de l’énergie et qui entraîne pour ceux à proximité des brûlures thermiques au troisième degré. Une bombe de dix mégatonnes peut ainsi provoquer des brûlures dans un rayon de trente kilomètres. Vient ensuite l’onde de choc du souffle de l’explosion, qui détruit les bâtiments alentour et peut entraîne des lésions ou la surdité. Lui fait suite une phase de surpression, causée par l’air qui s’engouffre dans le vide laissé par l’explosion. Elle provoque de forts vents, comparables à ceux d’un ouragan. À ce stade se développent les incendies causés par les déchets enflammés et les problèmes électriques, l’explosion nucléaire provoquant un déplacement fort d’électrons qui détruisent la plupart des circuits électroniques. Enfin viennent les effets à moyen terme pour les victimes. Dues à l’irradiation, des maladies telles que des tumeurs peuvent se développer jusqu’à quarante ans après l’exposition initiale. Source principale : Ouvrage collectif d’Aurélien Croc, Faien Salicis et Loïc Bleibel, Principe et fonctionnement des bombes atomiques (http://sciences.ap2c.com/bombe_atomique.pdf) et « Effects of nuclear Explosions », tiré de la « Nuclear Weapons FAQ » de Carey Sublette (www.nuclearweaponarchive.org)
la bombe dans l’art Dès 1950, la figure de la bombe nucléaire apparaît fortement dans l’art, avec le « mouvement d’art nucléaire » qui se forme en Italie. Composé d’artistes tels qu’Yves Klein, Enrico Baj, Arman ou Piero Manzoni, ils réfléchissent sur les formes picturales de la bombe. Plus politisé, puisqu’il signe là un travail pour le désarmement unilatéral, Andy Warhol va également représenter le champignon nucléaire, dans une série sobrement intitulée Bombe Atomique et adressée au chef du parti travailliste anglais, Hugh Gaitskell, qui refuse ce principe.
Andy Wahrol, Atomic
Ce thème se retrouve également abordé dans des médias, à l’instar du travail mené dans le très vidéo-ludique Braid, développé en 2008 par Jonathan Blow. Par l’emploi d’une trame narrative relevant essentiellement de l’onirique, toute une réflexion est laissée au joueur sur la thématique de la quête du créateur de la bombe repentant après l’explosion. Il n’aura après cela de cesse de revenir sur les moments ayant précédé la création, dans un habile jeu autour de la temporalité, développant en trame de fond une métaphore morale à propos de la bombe. Là encore, comme dans Doctor Atomic, l’image de la femme est présente. Sous couvert d’une personnification de l’entité poursuivie par l’homme/scientifique, la femme incarne la bombe. Fuyante lors des recherches menées par le scientifique, à l’image de la princesse des contes se trouvant toujours dans un autre château que celui qui est assiégé, elle finira par apparaître dans le dernier tableau. Dérobée par le militaire.
John Donne, Holy Sonnets: Batter my heart, three-person’d God, 1610 Poème évoqué à la fin de l’Acte I par Oppenheimer Batter my heart, three-person’d God, for you As yet but knock, breathe, shine, and seek to mend; That I may rise and stand, o’erthrow me, and bend Your force to break, blow, burn, and make me new. I, like an usurp’d town to another due, Labor to admit you, but oh, to no end; Reason, your viceroy in me, me should defend, But is captiv’d, and proves weak or untrue. Yet dearly I love you, and would be lov’d fain, But am betroth’d unto your enemy; Divorce me, untie or break that knot again, Take me to you, imprison me, for I, Except you enthrall me, never shall be free, Nor ever chaste, except you ravish me.
Boris Vian, La Java des bombes atomiques, 1954 Mon oncle un fameux bricoleur faisait en amateur Des bombes atomiques Sans avoir jamais rien appris c’était un vrai génie Question travaux pratiques Il s’enfermait toute la journée au fond de son atelier Pour faire des expériences Et le soir il rentrait chez nous et nous mettait en transe En nous racontant tout Pour fabriquer une bombe A mes enfants croyez-moi C’est vraiment de la tarte La question du détonateur se résout en un quart d’heure C’est de celles qu’on écarte En ce qui concerne la bombe H c’est pas beaucoup plus vache Mais une chose me tourmente C’est que celles de ma fabrication n’ont qu’un rayon d’action De trois mètres cinquante Y a quelque chose qui cloche là-dedans J’y retourne immédiatement Il a bossé pendant des jours Tâchant avec amour d’améliorer le modèle Quand il déjeunait avec nous Il avalait d’un coup sa soupe au vermicelle On voyait à son air féroce qu’il tombait sur un os Mais on n’osait rien dire Et pis un soir pendant le repas v’là tonton qui soupire Et qui s’écrie comme ça : « à mesure que je deviens vieux je m’en aperçois mieux J’ai le cerveau qui flanche »
Soyons sérieux disons le mot c’est même plus un cerveau C’est comme de la sauce blanche Voilà des mois et des années que j’essaye d’augmenter La portée de ma bombe Et je n’me suis pas rendu compte que la seule chose qui compte C’est l’endroit où c’qu’elle tombe Y a quelque chose qui cloche là-dedans, J’y retourne immédiatement Sachant proche le résultat tous les grands chefs d’état Lui ont rendu visite Il les reçut et s’excusa de ce que sa cagna était aussi petite Mais sitôt qu’ils sont tous entrés il les a enfermés En disant soyez sages Et, quand la bombe a explosé de tous ces personnages Il n’en est rien resté Tonton devant ce résultat ne se dégonfla pas Et joua les andouilles Au Tribunal on l’a traîné et devant les jurés Le voilà qui bafouille : « Messieurs c’est un hasard affreux mais je jure devant Dieu En mon âme et conscience Qu’en détruisant tous ces tordus je suis bien convaincu D’avoir servi la France. » On était dans l’embarras Alors on le condamna et puis on l’amnistia Et le pays reconnaissant L’élu immédiatement
Enola Gay, Orchestral Manœuvres In The Dark, 1980 Enola Gay est le nom de l’avion qui transporte la bombe atomique larguée sur Iroshima. Enola Gay You should have stayed at home yesterday Ah-ha words can’t describe The feeling and the way you lied
Enola Gay It shouldn’t ever have to end this way Ah-ha Enola Gay It shouldn’t fade in our dreams away
These games you play They’re going to end in more than tears some day Ah-ha Enola Gay It shouldn’t ever have to end this way
It’s eight fifteen And that’s the time that it’s always been We got your message on the radio Conditions normal and you’re coming home
It’s eight fifteen And that’s the time that it’s always been We got your message on the radio Conditions normal and you’re coming home
Enola Gay Is mother proud of little boy today Ah-ha this kiss you give It’s never ever going to fade away
Enola Gay Is mother proud of little boy today Ah-ha this kiss you give It’s never going to fade away
Enola Gay, Tu aurais dû rester à la maison hier. Ah-ha, les mots ne peuvent décrire Le sentiment et la manière dont tu as menti.
Enola Gay, Ça ne devrait jamais se terminer de cette façon. Ah-ha Enola Gay, Ça ne devrait pas disparaître de nos rêves.
Ces jeux auxquels tu joues Vont se terminer dans beaucoup de larmes un jour. Ah-ha Enola Gay, Ça ne devrait pas se terminer de cette façon.
Il est 8 h 15, Et c’est l’heure qu’il a toujours été. Nous avons eu ton message sur la radio, Les conditions sont bonnes et tu rentres à la maison.
Il est 8 h 15, Et c’est l’heure qu’il a toujours été. Nous avons eu ton message sur la radio, Les conditions sont bonnes et tu rentres à la maison.
Enola Gay, Maman est fière de son petit garçon aujourd’hui. Ah-ha ce baiser que tu donnes, Il ne s’effacera jamais.
Enola Gay, Maman est fière de son petit garçon aujourd’hui. Ah-ha ce baiser que tu donnes, Il ne s’effacera jamais.
Traduction Henrietta Flusky
1945 année du test de la bombe Histoire
• Largage des deux bombes atomiques Little Boy et Fat Man sur le Japon • Fin de la Seconde Guerre mondiale • Indépendance de la Corée du Nord • Création de l’UNESCO, Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture • En Algérie, massacres de Sétif et Guelma
Sciences
• Création du Commissariat à l’énergie atomique • Invention du four à micro-ondes • Lancement sur le marché des stylos à bille • Invention du lait en poudre par Gail Borden
Beaux-arts
• Réouverture du Musée du Louvre • Joan Miró, Constellations
Littérature
• Louis Aragon, La Diane Française • Léopold Sédar Senghor, Chants d’ombre • Création de la Série Noire aux éditions Gallimard par Marcel Duhamel • Sartre fonde la revue Les Temps Modernes
Musique & Cinéma
• Retour sur scène d’Édith Piaf au théâtre de l’Étoile à Paris • Autant en emporte le vent, de Victor Flemming, sort en France • Jean Cocteau, La Belle et la Bête • Sergei Mikhailovich Eisenstein, Ivan le Terrible
séquence pédagogique par Laurence Grauwet, professeur chargée de mission DAAC auprès de l’OnR
Les personnages et leurs tessitures Robert Oppenheimer
Baryton
Kitty Oppenheimer, sa femme
Mezzo-soprano
Général Leslie Groves
Basse
Edward Teller
Baryton
Robert R. Wilson
Ténor
Jack Hubbard
Baryton
Capitaine James Nolan
Ténor
Pasqualita
Contralto
Les travailleurs de Los Alamos
Chœurs
La composition de l’orchestre Cordes 11 violonistes 1 9 violonistes 2 7 altistes 6 violoncellistes 5 contrebassistes Harmonie 3 flûtistes dont 2 jouant du piccolo 3 hautboïstes dont 1 jouant du cor anglais 3 clarinettistes : le deuxième jouant de la clarinette en Mib, le troisième de la clarinette basse et contrebasse 3 bassonistes dont le troisième jouant du contrebasson 4 cornistes 3 trompettistes, le premier jouant également de la trompette piccolo 3 trombonistes 1 tubiste 1 percussionniste timbales 4 percussionnistes jouant des instruments suivants : Instruments principaux
Chimes, crotales, glockenspiel, tam tam (1 grave, 1 médium), cymbale chinoise suspendue grave, grosse caisse, 2 triangles, gongs accordés, plaque métallique, 2 cymbales suspendues
Instruments secondaires
Cloche d’alarme, cymbales antiques, roto toms accordés, caisse claire, chime « basse », xylophone, gong chinois grave
Acte II, scène 4
Castagnettes, claves, wood blocks
1 harpiste 1 joueur de célesta Sons diffusés, contrôlés par ordinateur
écoute 1 : Ouverture avec chœurs Ouverture structurée en trois moments distincts, jouant sur les contrastes de timbres et d’ambiances sonores présents dans l’ensemble de l’opéra :
1. Introduction constituée de sons enregistrés et diffusés (2’15)
2. Entrée de l’orchestre
Atmosphère sonore « industrielle » évoquant la construction de la bombe.
Atmosphère explosive, sous tension
Sons bruités et instrumentaux travaillés en studio, bribes d’une chanson américaine diffusée à la radio pendant la guerre
Orchestration éclatante aux registres larges : cuivres, timbales comme une sentence (rythme régulier, irrégulier puis en contretemps), tuba (notes tenues), diversité des modes de jeux (sul ponticello des cordes, sourdines pour les cuivres par exemple)
• Intensité fortissimo, accentuation très marquée, phrasé diversifié à la fin, glissando et accélération rythmique
• intervalles et langage musical dissonants, notes pivots, installation de lignes rythmiques répétitives
3. Entrée des chœurs : We believe that matter can be neither created nor destroyed but only altered in form Atmosphère angoissante, temps suspendu • Chœurs mixtes en polyphonie : sopranos et altos (divisés en quatre lignes mélodiques), ténors, basses • écriture orchestrale : rythmes obstinés des cordes graves, harpes et célesta ; bois et cuivres en notes étirées, percussions métalliques (plaque métallique, gongs, tam tam, chimes)
Chant narratif, « figé » par les répétitions (mots, rythmes, hauteurs), minimaliste, intensité ff malgré un decrescendo à la fin)
Consignes • Combien de parties différentes repérez-vous ? • à quoi vous font penser le glissando et l’accélération rythmique (sons diffusés de la première partie) ? Aux avions bombardiers et au largage de la bombe. • Quelles percussions entendez-vous ? Quel est le rôle de la timbale ? • Quels rôles interprètent les choristes ? écoute comparée Arcana de Varèse pour écouter les cuivres, la masse orchestrale, l’énergie sonore.
Acte I écoute 2 : écoutes fragmentées, scène 1 Notions à aborder • Dialogues entre les chanteurs solistes (rôles d’Oppenheimer, Teller et Wilson) : écriture vocale souvent syllabique mettant le texte en valeur. • Structuration du temps : rythme de l’action fonctionnant sur l’alternance de temps lisse et de temps pulsé par des motifs et rythmes récurrents. • Les variations de timbre, de densité (solistes, chœurs, orchestre) suivant l’action dramatique.
> Chœurs The end of June, Enjeux et historique du projet Manhattan
The end of June 1945 finds us expecting from day to day to hear of the explosion of the first atomic bomb devised by man. All the problems are believed to have been solved at least well enough to make a bomb practicable…
En cette fin de Juin 1945 nous nous attendons d’un jour à l’autre à entendre parler de l’explosion de la première bombe atomique conçue par l’homme. Tous les problèmes paraissent résolus, au moins suffisamment pour rendre possible la fabrication de la bombe...
Diction des choristes presque mécanique accentuant l’aspect narratif, mouvements incessants des cordes, ponctuation des cuivres, bois et percussions, célesta, motifs récurrents.
> Chanteurs solistes, dialogue de Teller et d’ Oppenheimer concernant une conférence de Robert Wilson sur « The gadget » : timbre grave du baryton (Teller) contrastant avec celui du ténor (Oppenheimer).
> Oppenheimer : lecture de la lettre de Leo Szilard I received a letter of my friend Leo Szillard : écriture orchestrale de plus en plus tendue.
• Clarinette basse, harpe, cordes d’abord en battements (doubles croches), contretemps des violons (pizzicato), cors, trombones et crescendo avant la réaction de Wilson (ténor). • Orchestration de plus en plus variée, solos de vents, timbales, trémolos des cordes, élargissement des hauteurs (tuba, trompettes, flûtes, hautbois, chime) jusqu’au passage de la pétition.
> Oppenheimer, « The gadget’division », utilisation de la bombe sur une cible principale et des cibles secondaires : • Motif des clarinettes, progression de plus en plus dramatique. • Chœurs énumérant les noms des villes japonaises bombardées : percussions (rythme régulier puis syncopé de la timbale, roulements de grosse caisse, tam tam, cymbales suspendues)
Consignes • Quelles sont les tessitures des voix de solistes et le caractère de chaque rôle ? • Comment John Adams crée-t-il musicalement un climat de tension progressive ? En employant des accords dissonants, des crescendos stressants, en élargissant petit à petit les hauteurs et l’instrumentation (percussions en dernier notamment), par l’installation d’un rythme régulier puis syncopé des timbales que nous retrouverons au cours de l’opéra. écoute comparée Le Sacre du printemps de Stravinski à écouter pour l’écriture des cordes.
écoute 3 : Kitty, Am I in your light ?, scène 2 (extrait) Consignes Orchestration, intensité, nuance pp, violoncelles, harpe, violons, clarinettes, flûte piccolo. Caractère du chant ? Doux, tendre, couleurs quasiment impressionnistes (lignes vocales et orchestration). Remarque Oppenheimer répond à Kitty par le poème de Baudelaire (page 5 du dossier pédagogique). L’accompagnement est caractérisé par les contrastes de hauteur, de timbre (célesta, piccolo, clarinette basse) et par les répétitions inquiétantes de motifs rythmiques.
écoute 4 : Orchestre seul, début de la scène 3 jusqu’à la cellule rythmique Contexte Nuit du test, sur le site de Trinity. La bombe, bientôt armée, risque d’être endommagée par la foudre : pression du général Groves sur Oppenheimer. Repérer La musique pulsée et instable à prédominance rythmique, les gongs (coups réguliers).
écoute 5 : Oppenheimer, Batter my heart (première partie du sonnet) Extrait du chant, élaboré à partir du sonnet n°14 de John Donne qui a inspiré le nom de Trinity :
Batter my heart, three-person’d God, for, you As yet but knock, breathe, knock, breathe, knock, breathe shine, and seek to mend; Batter my heart, three-person’d God; That I may rise and stand, o’erthrow me, and bend Your force to break, blow, break, blow, break, Blow, burn and make me new.
Frappes-moi le cœur Ô Dieu triple Car déjà tu frappes, respires, frappes, respires Frappes, respires, brilles et cherches à corriger ; Frappe-moi le cœur, Ô Dieu triple Que je puisse m’élever, tenir debout Vaincre et plier devant ta force Qui me brise, souffle… brûle et me faire renaître.
• Interlude • Reprise du texte
Consignes • Lire le texte à haute voix en variant le débit vocal, l’accentuation, l’intensité pour faire vivre la musicalité du poème. • écoute de l’extrait musical : comment John Adams a-t-il renforcé les émotions du sonnet par la musique ? En s’appuyant sur les répétitions, les énumérations et le rythme du sonnet initial ; en composant des phrases mélodiques lyriques, amples, tonales, sur un tempo lent ; en accompagnant le chant par les couleurs sombres de l’orchestre, cordes graves, trombones, cors, bassons, absence des percussions. • Comment le personnage d’Oppenheimer se dévoile-il dans cet extrait ? Plus humain, seul face à ses doutes. • Décrire l’interlude orchestral avant la reprise du chant. Tempo rapide, fortissimo, orchestration marquée par les timbales, trompettes, cordes agitées… l’armement de la bombe continue ! > Mêmes caractéristiques concernant le postlude qui clôt le sonnet et l’Acte I.
Acte II écoute 6 : début de la scène 1 Kitty et Pasqualita scrutent le ciel pour voir l’explosion. Kitty écoute la radio pendant que Pasqualita s’occupe du bébé. Monologue de Kitty, chanson sur la guerre, la mort, la résurrection. A. Sons contrôlés par ordinateur
Bribes de radio et de moteurs de voitures avec de fortes interférences orageuses.
B. Prélude orchestral et chant de Kitty
éclats soudains de l’orchestre, solos de petite trompette, ff, pluie sur the Sangree de la montagne de Cristo qui s’intensifie petit à petit : musique descriptive et cristalline décrivant les gouttes d’eau, lignes de trompette, violons pizzicato puis solo planant de Kitty.
Consigne Déroulement, plan du début de l’Acte II. Remarques Après le monologue de Kitty : • Correspondant aux ajustements de la bombe : cuivres graves et sons enregistrés de l’orage qui gronde, accumulation d’instruments, trémolos des cordes, effet de masse progressif, crescendo et montée vers l’aigu. • Berceuse de Pasqualita : chant presque mélismatique, vocalises, mise en valeur du timbre de la cantatrice (contralto), célesta, cordes.
écoute 7 : Scène 3, Count down (compte à rebours), première partie (jusqu’à l’entrée du soliste) Repérer • L’effroi : « Ah » chœurs de femmes et d’hommes : vocalises, entrées successives au départ, tessitures larges, valeurs longues, mouvements de cordes véloces (doubles croches), tempo agitato très staccato, dessins mélodiques en mouvements contraires, parfois contrapunctiques. • Juste avant le chant de Groves : accord mineur dramatique, éclats de trompettes et de trombones au départ avec sourdines et interventions éparses de bois, cordes Col legno (cordes frappées par l’archet), puis bois rejoignant les cordes avec des rythmes différents, timbales, cors, puis tuba. à retenir Suite de la scène pendant le chant des solistes : de nouveau le rythme comme un cœur qui bat, solo émouvant de Pasqualita qui chante comme un oracle « Les morts sont en marche », temps arrêté, juxtaposition des sons acoustiques et électroacoustiques apportant une richesse timbrique et un effet de spatialisation, l’orchestration de moins en moins dense en ponctuation oppressante. écoute comparée Lux Aeterna de Ligeti pour le traitement vocal et l’écriture. Consignes Dessin ou graphisme de ce passage selon les différentes couches sonores, l’intensité, modes de jeux, rythmes.
écoute 8 : Chœurs At the Sight of This (Vision de Vishnu dans le ciel) Chant composé à partir du sonnet n°14 de John Donne qui a inspiré le nom de Trinity. Pratique musicale
• Comme un refrain avec ajouts progressifs de texte, écriture rythmique dynamique. • Impression chaotique : intervalles distendus des cordes, bassons, contrebasson, les quatre cors en contretemps, percussions (gongs chinois, tam tam). • écriture vocale sur « O » rythmique, en decrescendo, pouvant donner lieu à des jeux vocaux. • Fin du chœur, phrase descendante (valeurs rythmiques plus longues) :
When I see you, Vischnu, omnipresent, flam-eyes starring, All my peace is gone, is troubled.
Quand je te vois, Vishnou, omniprésent, ton regard perçant, Je ne connais plus la paix.
• Decrescendo et écriture syncopée des voix sur « O ». Ce chœur se termine par un solo de clarinette basse. Projet musical Jeux vocaux polyrythmiques inspirés de la fin du chœur précédent.
écoute 9 : Scène 4, Count down (compte à rebours), deuxième partie • Attente de l’essai : temps suspendu, sirène, aucun mouvement, compte à rebours des hauts-parleurs, fréquences graves, passages orchestraux dramatiques fortissimo. • Procédé d’accumulation et d’accélération : accélération non écrite rythmiquement, battue par le chef d’orchestre (de 68 jusqu’à noire égale 200), écriture répétitive et minimaliste, chœurs sur « Ah ». • Décompte de la pendule : célesta accompagné par la harpe et deux gongs. Consignes En visionnant un extrait de la scène (DVD) sans le volume du son, sonoriser l’action en créant une atmosphère liée aux images (bruitages vocaux, instrumentaux ou autres).
biographies Patrick Davin, Direction musicale Né à Huy (Belgique), ancien élève de Pierre Boulez et de Peter Eötvös, il assure la création mondiale d’œuvres de nombreux compositeurs tels Philippe Boesmans, Vinko Globokar, Murray Schafer, Colin Nancarrow, Henri Pousseur, Charles Chaynes (Cecilia à Monte-Carlo), Bruno Mantovani et James Dillon. Il a été premier chef invité de l’Opéra de Marseille et directeur de la musique de l’Opéra royal de Wallonie. Ses trois domaines de prédilection comprennent l’opéra, la création contemporaine et la musique française des XIXe et XXe siècles. Il a dirigé notamment La Damnation de Faust et Louise à l’Opéra national de Paris, Reigen au Châtelet, Samson et Dalila, Arabella, Pelléas et Mélisande et Le Roi d’Ys de Lalo à Liège, Madama Butterfly, Die Walküre, Fidelio et Dialogues des carmélites à Marseille et Mefistofele à Montpellier, La Muette de Portici à l’Opéra-Comique ainsi que la création mondiale de House of Sleeping Beauties de Kris Defoort à La Monnaie. Il vient de diriger la dernière création de Philippe Boesmans La Dispute à la Monnaie de Bruxelles. Il prendra ses fonctions de directeur musical de l’Orchestre symphonique de Mulhouse à partir de la saison 2013-2014.
Lucinda Childs, Mise en scène Elle entame sa carrière de chorégraphe et interprète en 1963 en tant que membre original du Judson Dance Theater à New York. Elle fonde sa propre compagnie en 1973, collabore avec Robert Wilson et Philip Glass sur Einstein on the Beach en 1976, en tant que danseuse et chorégraphe. Elle a remonté, en 2012, à Montpellier, Einstein on the Beach de Philipp Glass avec Bob Wilson et participe à ses spectacles : Maladie de la Mort, I Was Sitting on my Patio This Guy Appeared I Thought I Was Hallucinating, Quartett de Heiner Müller, et White Raven. Depuis 1979, elle collabore avec nombre de compositeurs et designers, dont John Adams et Frank Gehry, sur une série de spectacles de grande envergure et notamment Doctor Atomic en 2005. Elle chorégraphie Dance en 1979 sur une musique de Philip Glass et un décor/ film de Sol LeWitt. Dance entre au répertoire du Ballet du Rhin dès 2002. Depuis 1981, Lucinda Childs reçoit de nombreuses commandes de compagnies de ballet et d’opéra des États-Unis et d’Europe : Tempo Vicino pour le Ballet de Marseille en 2009, Oceana pour le Ballet de Nice en 2011, Orfeo ed Euridice à Los Angeles, Zaïde de Mozart à la Monnaie de Bruxelles (repris à l’OnR en 1995). Elle signe aussi les chorégraphies de Salomé, Don Carlo et Macbeth (mis en scène par Luc Bondy) et de Parsifal (mis en scène par Roland Aeschlimann à Genève). À partir de 1999, elle entame une étroite et régulière collaboration avec l’OnR avec Chamber Symphony suivi de Dance en 2002, Le Mandarin merveilleux en 2004, Songs from Before de Max Richter, ainsi qu’un diptyque Stravinsky : Le Rossignol et Œdipus Rex en 2009 et Farnace en 2012.
John Adams, Compositeur John Adams est l’un des compositeurs les plus admirés et les plus souvent joués d’Amérique. Son œuvre symphonique et ses opéras s’imposent parmi les compositions contemporaines par la profondeur de l’expression, l’éclat des sonorités et la nature profondément humaniste des thèmes. Ces vingt-cinq dernières années, sa musique a joué un rôle décisif en éloignant l’esthétique musicale contemporaine d’un modernisme académique pour lui donner un langage plus grandiose et plus expressif, très caractéristique de son environnement, le Nouveau Monde. Originaire de Nouvelle Angleterre, ses premières œuvres sont jouées alors qu’il est encore adolescent. Après avoir obtenu deux diplômes, il quitte Harvard pour la Californie du Nord en 1971 et depuis cette époque, il vit aux environs de San Francisco. Il enseigne pendant dix ans au conservatoire de musique de cette ville avant de devenir compositeur en résidence à l’Orchestre symphonique de San Francisco (1982-1985) avec lequel il crée les programmes, controversés mais couronnés de succès, New and Unusual Music. Certaines œuvres pour orchestre, étapes importantes pour Adams, furent écrites pour et créées par l’Orchestre symphonique de San Francisco, dont Harmonium (1980-1981), Grand Pianola Music (1982), Harmonielehre (1984-1985) et El Dorado (1991). En 1985, il entame avec Alice Goodman et Peter Sellars une collaboration qui a donné naissance à Nixon in China (1984-1987) et The Death of Klinghoffer (1990-1991). Suivent : I Was Looking At The Ceiling And Then I Saw The Sky (1995), El Niño (1999-2000) et Doctor Atomic (2005). Son opéra A Flowering Tree, inspiré de La Flûte enchantée de Mozart, est créé à Vienne en 2006. Il compose aussi l’oratorio The Gospel According to the Other Mary (2012) et de nombreuses œuvres orchestrales, pour chœurs et ensemble notamment Shaker Loops pour cordes, The Dharma at Big Sur (inspirée des écrits de Jack Kerouac), Doctor Atomic Symphony (22’ inspirée de l’opéra éponyme). Également chef d’orchestre, il dirige des concerts avec les principaux orchestres américains et européens comprenant ses propres compositions ainsi que des œuvres de Beethoven, Mozart, Ives, Carter, Zappa, Glass et Ellington.
Peter Sellars, Librettiste Originaire de Pittsburg, le metteur en scène américain Peter Sellars est diplômé de l’université d’Harvard où il imagine très jeune une production d’Antoine et Cléopâtre de Shakespeare dans une piscine et un Ring pour marionnettes. Le ton est donné : tant au théâtre qu’à l’opéra, il ne conçoit pas de mise en scène qui ne soit directement reliée aux enjeux majeurs du monde moderne. On se souvient de sa trilogie Mozart/Da Ponte, présentée dans les années 1980 : Don Giovanni à Harlem, Cosi fan tutte à Cape Cod et Les Noces de Figaro dans la Trump Tower. Derrière ces transpositions, marques répétées de son style, Peter Sellars radiographie les tensions et les rapports humains avec un mélange de nervosité et de lyrisme qui passent par une direction d’acteurs méticuleuse et une gestuelle qui fleure le maniérisme new age à mesure que son style gagne en abstraction (L’Amour de loin de Saariaho, Salzbourg, 2000 ; Tristan et Isolde à l’Opéra-Bastille avec Bill Viola en 2005). Collaborateur privilégié de John Adams, il a signé les livrets et les mises en scène de toutes les créations mondiales des œuvres scéniques du compositeur américain : Nixon in China (Houston, 1987), The Death of Klinghoffer (Bruxelles, 1991), El Niño (Paris, 2000), Doctor Atomic (San Francisco, 2005) et A Flowering Tree (Vienne, 2006). Sa mise en scène de Theodora d’Haendel, créée au festival de Glyndebourne, a été présentée à l’Opéra national du Rhin en 2004.
prolongements pédagogiques
140 58 Arts du langage
94 244
Ce
Pu 148 57
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La
• Textes de Baudelaire, John Donne et Muriel Rukeyser, 94 spirituel hindou (Bhaggavad Gita) poème • Un opéra en anglais 244 • Analogies 1 avec le mythe de Faust • Thème 0de l’autodestruction du genre humain ou une cetaine vision de l’apocalypse • Le Mythe de Frankenstein, ou la créature qui se retourne contre son créateur
n
93 41
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Arts du son 94 • Portraits des rôles principaux 140 musicaux 38
N
• Rythmes 54 prégnants et mélodies faciles à identifier • Langage musical inspiré par de nombreux courants musicaux • La gestion du temps : le compte à rebours du deuxième acte • John Adams, un compositeur contemporain • Chansons La java des bombes atomiques (Boris Vian), Y avait une ville (Claude Nougaro), etc.
Arts du visuel
Br
3 10 n
U
• « Doctor Atomic », un titre qui évoque les films de science fiction des années 1940 85 • Sérigraphie d’Andy Wharhol, La 35Bombe atomique
Histoire
7 -10 n
238 92
• Le projet Manhattan et la première bombe atomique durant la Seconde Guerre mondiale, l’essai Trinity • Doctor Atomic, un sujet d’opéra engagé, orienté vers le pacifisme
Arts du spectacle vivant
• Peter Sellars, metteur en scène d’avant-garde
Sciences physiques (histoire des sciences)
• Robert Oppenheimer • De la découverte de la radioactivité à la bombe atomique