dossier pédagogique saison 2012-2013
Wolfgang Amadeus
La
Mozart
Flûte
enchantée
Opéra en deux actes Livret d’Emmanuel Schikaneder Nouvelle production
En deux mots Des luttes de pouvoir et le triomphe de la raison. Des amours naissant et des liaisons. Des parcours initiatiques. Des multitudes d’histoires pour toute une aventure.
Contacts Flora Klein • tél + 33 (0)3 88 75 48 54 • courriel • fklein@onr.fr Hervé Petit • tél + 33 (0)3 88 75 48 79 • courriel • hpetit@onr.fr Opéra national du Rhin • 19 place Broglie BP 80 320 • 67008 Strasbourg Photo www.benoitpelletier-diabolus.fr
a Direction musicale Theodor Guschlbauer
Sarastro Bálint Szabó
Première Dame Anneke Luyten
Mise en scène Mariame Clément
La Reine de la Nuit Susanne Elmark
Deuxième Dame Aline Martin
Décors et costumes Julia Hansen
Tamino Sébastien Droy
Troisième Dame Eve-Maud Hubeaux
Lumières Marion Hewlett
Pamina Olga Pasichnyk
vidéo fettFilm (Momme Hinrichs et Torge Möller)
Papageno Paul Armin Edelmann
Premier Prêtre, 1er Homme armé Mark Van Arsdale
Chœurs de l’OnR Orchestre symphonique de Mulhouse
STRASBOURG
Papagena Gudrun Sidonie Otto Monostatos Adrian Thompson
MULHOUSE
Opéra
La Sinne
ve 7 décembre 20 h di 9 décembre 15 h ma 11 décembre 20 h ma 18 décembre 20 h je 20 décembre 20 h di 23 décembre 15 h
di 6 janvier 15 h ma 8 janvier 20 h je 10 janvier 20 h
Deuxième Prêtre Jean-Gabriel Saint-Martin L’Orateur, 2e Homme armé Raimund Nolte L’Orateur, trois garçons Marie Bécarmin, Claire Cardosi, Anabel Guilmot, Silvia Paysais, Grégoire Suret-Canale, Max Unbekandt Artistes de la Maîtrise de l’OnR Petits Chanteurs de Strasbourg
Rencontre avec Theodor Guschlbauer et Mariame Clément animée par Marc Clémeur Strasbourg, Opéra je 6 décembre 18 h 30 entrée libre
COLMAR Théâtre
di 20 janvier 15 h
Langue : allemand surtitré en français et en allemand Durée approximative : 2 h 45 Conseillé à partir de 12 ans : collège et lycée
Coproduction avec l’Opéra Nice CôTE D’AZUR
argument Acte I Poursuivi par un serpent, Tamino appelle à l’aide. Les trois dames envoyées par la Reine de la Nuit sauvent le jeune homme qui s’est évanoui et se plaisent à le regarder. Il revient à lui et, apercevant Papageno, le croit son sauveur, ce que l’oiseleur se garde bien de démentir. De retour, les trois dames punissent Papageno de sa vantardise. À Tamino, elles remettent le portrait de la fille de leur souveraine, enlevée par le tyran Sarastro. Il s’en éprend aussitôt et n’a plus qu’un seul dessein : sauver Pamina. La reine apparaît alors et lui promet la main de sa fille en échange de sa libération. Papageno accompagnera Tamino. Pour les protéger, une flûte enchantée et un carillon magique leur sont remis. Trois jeunes garçons les guideront. Au royaume de Sarastro, Pamina est sur le point d’échapper à son gardien, le Maure Monostatos. Celui-ci la rattrape mais rencontre aussi Papageno à qui Tamino a fait prendre les devants. Chacun s’effraie à la vue de l’autre et s’enfuit. Papageno revient annoncer à Pamina sa libération prochaine. Entre-temps, guidé par les trois jeunes garçons, Tamino arrive dans l’enceinte du temple de Sarastro et y rencontre un premier envoyé des initiés, qui l’invite à examiner sans préjugés les raisons qui ont amené Sarastro à enlever Pamina. Troublé, Tamino reste seul et tente de trouver Pamina à l’aide du son de la flûte enchantée. Pamina et Papageno sont arrêtés dans leur fuite par Monostatos. Pamina avoue à Sarastro qu’elle voulait fuir parce que « le méchant Maure exigeait l’amour ». Sarastro lui rappelle l’importance de ce séjour dans son domaine, seul moyen de la soustraire à l’influence de sa mère : « Un homme doit guider vos cœurs car sans lui chaque femme a tendance à s’écarter de son champ d’action ». Tamino arrive et rencontre enfin Pamina.
Acte II Avant que Tamino puisse épouser Pamina, Sarastro exige qu’il soit purifié par les lois de l’ordre. Tamino accepte immédiatement les épreuves mais Papageno rechigne, n’acceptant qu’après la promesse d’une compagne. Après avoir été mis en garde contre la « perfidie féminine », Tamino et Papageno sont conduits à la première épreuve qui consiste à garder le silence, malgré les tentations des trois dames qui font irruption. Amoureux de Pamina, Monostatos veut l’embrasser pendant son sommeil. La Reine de la Nuit s’interpose, mais exige de Pamina qu’elle tue Sarastro afin d’obtenir le puissant cercle du soleil que son époux a remis aux prêtres et dont elle est privée depuis sa mort. Monostatos, qui a tout entendu, use du chantage pour obtenir l’amour de Pamina. Mais il est interrompu par Sarastro, qui promet à Pamina qu’il ne se vengera pas de sa mère. Monostatos décide donc de se servir de la Reine de la Nuit pour arriver à ses fins. Papageno ne peut pas garder le silence. Une vieille femme apparaît, qui le désire comme époux, puis disparaît. Les trois jeunes garçons apportent de la nourriture aux candidats, ainsi que les instruments enchantés que Sarastro avait confisqués auparavant. Pamina, qui entend la flûte de Tamino, vient jusqu’à lui mais se désespère de son silence. La vieille femme apparaît à nouveau à Papageno mais, lorsqu’elle se métamorphose en jeune Papagena, on la lui enlève aussitôt. Les trois jeunes garçons empêchent Pamina de se suicider et l’assurent de l’amour inchangé de Tamino. Elle décide de parcourir avec lui le chemin difficile du feu et de l’eau, la dernière grande épreuve. Le pouvoir de la flûte les protège des dangers. Désespéré, Papageno erre à la recherche de Papagena et tente lui aussi de se suicider. Les trois jeunes garçons lui rappellent le pouvoir de son carillon pour retrouver Papagena. Monostatos s’est allié à la reine pour renverser le pouvoir de Sarastro. En récompense, la reine promet au Maure la main de sa fille. Toutefois, la supériorité des prêtres triomphe des conspirateurs. Sarastro semble être arrivé à ses fins ; il transmet son pouvoir à Pamina et Tamino.
épreuve
Singspiel
rite initiatique
La genèse de l’œuvre Le 7 mars 1791, Emanuel Schikaneder, acteur et directeur de théâtre, propose à Mozart, son ami et frère en Maçonnerie, de composer un opéra pour son théâtre populaire. Il écrit le livret de La Flûte enchantée à partir de Lulu ou la flûte enchantée, une histoire extraite d’un livre de contes orientaux. Les nombreux remaniements auxquels Mozart a participé expliquent la complexité de l’intrigue. à la manière d’un conte, ce livret comporte des éléments sentimentaux, féériques, de la magie, des mystères égyptiens et des épreuves initiatiques. Il peut se lire à plusieurs niveaux : on peut y voir un conte merveilleux, le récit d’aventures extraordinaires ou encore un opéra initiatique maçonnique. La Flûte enchantée est difficile à mettre en scène car elle tient à la fois du conte merveilleux, de la fable initiatique et de la comédie viennoise. Elle comporte des airs simples et d’autres redoutables de virtuosité, et, déjà à l’époque de Mozart, fait appel à des machineries compliquées, des animaux vivants, des éclairs, du tonnerre, etc.
Un Singspiel La Flûte enchantée est un Singspiel, forme d’opéra populaire à numéros aux dialogues parlés et aux mélodies plutôt faciles à retenir. Mais l’organisation musicale de l’opéra est complexe car elle recèle plusieurs styles dont celui de l’opera seria (airs virtuoses du grand opéra). L’œuvre comporte, en deux actes et treize tableaux, des éléments fantastiques, réalistes et populaires. Le livret de départ est un mélange d’inspirations et de registres divers : pathétique lorsque Pamina se désespère et veut mettre fin à ses jours, comique dans les scènes où Papageno est présent. Le registre épique est également présent lors des airs de la Reine de la Nuit.
La Flûte enchantée, un opéra maçonnique Dernière grande œuvre maçonnique, La Flûte enchantée est créée à Vienne le 30 septembre 1791. En apparence, La Flûte semble être un simple conte de fées. Elle est en réalité une véritable apologie de la Franc-maçonnerie. Tout au long de l’œuvre, les allusions y sont nombreuses : Sarastro incarne le Maître. Entre les 18 initiés, les relations sont marquées par le respect et l’égalité sociale. Tamino commence son parcours dans le domaine nocturne de la Reine de la Nuit et l’achève comme initié aux côtés de Pamina dans le domaine du Soleil, passant ainsi des ténèbres à la lumière, dans le respect du rituel d’initiation franc-maçonnique. Les correspondances entre plusieurs passages du livret et des textes maçonniques publiés à l’époque, tel le chœur des prêtres « O Isis und Osiris » du deuxième acte, sont évidentes. Tamino n’a pas encore affronté la troisième partie des épreuves, la plus difficile ; mais déjà les initiés espèrent que le jeune prince sera bientôt digne d’être admis parmi eux. Le mystérieux chiffre trois, symbole de la révélation divine, joue un rôle majeur aussi bien dans les rites francmaçonniques que dans l’univers du conte de fées. L’ouverture commence sur trois accords puissants. Ce même triple accord résonne dans les paroles de Sarastro lorsqu’il fait l’éloge des trois qualités de Tamino (la vertu, la discrétion et la charité). On rencontre trois jeunes garçons, trois instruments magiques (la flûte, le glockenspiel et la flûte de pan). à l’entrée du royaume de Sarastro, Tamino découvre trois temples et essaye d’entrer trois fois. Enfin et surtout, il subit trois épreuves. Seul écart au rituel franc-maçonnique, la femme a sa place dans l’initiation : Pamina est initiée elle aussi. Mozart a même noté des voix de femmes dans le chœur final des initiés. Pour lui, cette épreuve de l’amour comptait plus que le dogmatisme rigide de l’ordre. C’est dans cette interprétation que réside toute l’humanité de La Flûte.
Mozart et la Franc-maçonnerie Le 14 décembre 1784, Mozart adhère à la Franc-maçonnerie et se fait initier au grade d’Apprenti dans la Loge viennoise de « La Bienfaisance ». Dès le 7 janvier 1785, il est promu Compagnon à la demande de sa loge et avec les cérémonies habituelles par la loge « À la vraie Concorde ». Il est rapidement promu au grade de Maître. Au même moment, son père est admis lui aussi dans la loge « À la Bienfaisance » et franchit très rapidement les trois degrés de la connaissance.
En entrant dans la Franc-maçonnerie, Mozart pénètre dans un monde initiatique, afin de donner à sa vie des forces et un sens nouveaux. Il répond ainsi à une quête spirituelle. Par les échanges et le travail commun, la Franc-maçonnerie veut faire progresser l’humanité, les arts et les sciences. Les œuvres de l’automne 1784 marquent les premières influences de la Franc-maçonnerie sur les compositions de Mozart. Elle marquera les sept dernières années de sa vie. Parmi les œuvres particulièrement imprégnées de symbolisme maçonnique, la cantate Die Maurerfreude K471 est exécutée le 24 avril 1785 à un banquet de Loge à Vienne. On y retrouve déjà l’unité entre l’originalité du style personnel et l’expression sobre et dépouillée de sentiments « spirituels ». La Musique funèbre maçonnique K 477 est exécutée lors d’une tenue de Loge à Vienne à la mémoire de deux frères maçonniques récemment décédés. Loin d’une œuvre de circonstance dédiée à la mort de deux amis, l’œuvre traduit une renaissance à une vie nouvelle, spiritualisée et divine, à l’opposé d’un sentiment de résignation devant la mort.
L’exotisme dans La Flûte enchantée Les indications scéniques présentent Tamino comme un prince japonais, Pamina occupe chez Sarastro une somptueuse chambre égyptienne et la réunion des prêtres (Acte II) se déroule dans une palmeraie. L’Égypte est très proche de l’univers spirituel de la Franc-maçonnerie dans lequel Sethos, roman de Jean Terasson (1731), joue un rôle important. On peut voir en Sethos l’archétype de Sarastro : il est pur, innocent et vaillant, il gouverne avec des prêtres initiés dans un temple de la Sagesse en forme de pyramide. Là aussi un serpent est le symbole du mal. On y retrouve mot pour mot le texte des deux hommes en armure avant la dernière épreuve du feu et de l’eau (« celui qui suit cette route pleine de dangers… »).
Projet de décor pour La Flûte enchantée de Karl Schinkel, d’inspiration égyptienne
Emmanuel Schikaneder, le premier Papageno
Les personnages principaux Sarastro
Grand prêtre des initiés, il est un symbole de l’humanité. Cependant, il possède des esclaves, fait battre Monostatos et enlever de force Pamina… Il prouve néanmoins sa grandeur en s’effaçant devant son jeune rival et en plaçant le jeune couple sous sa protection.
La Reine de la Nuit
Elle apparaît d’abord comme une mère affligée. Mais elle montre un autre visage au deuxième acte : elle veut faire assassiner Sarastro par sa fille, ruiner le royaume du Soleil et prendre le pouvoir. Est-elle intrinsèquement mauvaise ou le malheur la transforme-t-elle en démon vengeur ?
Pamina
L’antithèse de sa mère, personnification de la femme froide, avide de pouvoir. Elle est le personnage féminin le plus tendre et le plus pur de Mozart. Mais, fille de la nuit, elle doit être « purgée » de sa nature première. Innocente, elle devra apprendre que l’amour est aussi désir brutal (Monostatos).
Papageno
Il ne renoncera jamais à son état d’enfance et d’innocence. Son unique initiation est destinée à gagner une compagne. Grâce à lui, l’histoire sublime de La Flûte prend une dimension humaine. Papageno est Mozart : un homme amoureux, jouisseur, joueur.
Des rôles composés sur mesure Papageno
Le rôle fut interprété à sa création par le librettiste Emanuel Schikaneder. Acteur, chanteur, metteur en scène, poète et directeur de théâtre (1751-1812), il rencontre Mozart en 1780. Il a écrit plus d’une cinquantaine de pièces de théâtre et plus d’une quarantaine de livrets d’opéras. Le rôle est donc taillé à sa mesure, dans tous les sens du terme. Il s’inspire d’un autre personnage, le Kasperl, équivalent de Guignol en France, qu’il avait inventé.
Tamino
C’est le ténor Benedikt Schack qui crée le rôle. Le chanteur est également compositeur et flûtiste et c’est lui qui aurait joué de la flûte sur scène.
La Reine de la Nuit
La partition et ses airs célèbres pour soprano colorature est écrite pour la belle-sœur de Mozart, Maria Josepha Weber (1758-1819).
Die Zauberflöte à l’Opéra national du Rhin L’ouvrage, depuis la création de l’Opéra du Rhin en 1972, devenu national en 1998, a été donné sous quatre versions différentes lors de six saisons. Saison 1974-1975, reprise en 1975-1976 Direction musicale : Ignace Strasvogel Mise en scène : Peter Rasky Conception scénique, décors et costumes : Jean-Pierre Ponnelle Saison 1978-1979 Direction musicale : Alain Lombard Mise en scène : Louis Ero et Guy Coutance Décors : André Acquart Costumes : Christine Marest
Saison 1990-1991 Direction musicale : Michel Lehmann Mise en scène et lumières : René Terrasson Décors et costumes : Daniel Ogier Saison 2001-2002, reprise en 2004-2005 Direction musicale : Thomas Engelbrock / Jan Willem de Vriend Mise en scène, décors et costumes : Achim Freyer
La Flûte enchantée, OnR, Saison 2004-2005 Photos Alain Kaiser
Liberté, moralité, humanité
La Flûte enchantée selon Mariame Clément, metteur en scène
photo alain kaiser
À 38 ans, Mariame Clément a monté une vingtaine d’opéras et travaille sur les plus grandes scènes lyriques. Pour sa cinquième production à l’OnR, elle relève un défi courageux : offrir un regard neuf sur La Flûte enchantée de Mozart. Avant de monter entre autres Hänsel und Gretel de Humperdinck à l’Opéra national de Paris (avril 2013), Don Pasquale à Glyndebourne (juillet 2013) et Il ritorno d’Ulysse in Patria au Festspielhaus BadenBaden (septembre 2013), Mariame Clément et sa décoratrice attitrée Julia Hansen se lancent dans leur cinquième aventure à l’Opéra national du Rhin, après La Belle Hélène (2006), Werther (2009), Platée (2010) et Der Rosenkavalier (2012). Ultime partition de Mozart composée en 1791 peu avant sa mort, La Flûte enchantée est sans doute l’opéra le plus représenté dans le monde. Écrite suite à la commande d’une œuvre « féérique » de l’acteur Emmanuel Schikaneder, directeur du Theater auf der Wieden à Vienne, l’œuvre fait un triomphe dès sa création, un succès jamais démenti depuis deux siècles.
Un défi courageux pour Mariame Clément : comment revisiter l’opéra le plus joué au monde ?
La Flûte enchantée a en effet la réputation d’être un véritable casse-tête pour les metteurs en scène. L’œuvre est foisonnante tant dans sa musique que dans son livret. Pour Mariame Clément, il s’agit avant tout d’aller au-delà des oppositions, des symétries qui collent à la peau de l’ouvrage (noir/blanc, masculin/féminin, etc.) et de « faire confiance à Mozart » qui, rappelle-t-elle, était très impliqué dans la création du livret. Mariame Clément souhaite conserver le côté foisonnant, disparate, parfois complexe de l’ouvrage et ne pas imposer une vision trop univoque, ni une interprétation trop structurée et linéaire. De par « ses aspects magiques, arbitraires », La Flûte permet de proposer une lecture sur plusieurs niveaux afin d’en révéler toute la poésie. Pour la metteur en scène, il faut être ambitieux avec cet opéra, avec les questions qu’on pose. Certes La Flûte enchantée a un côté féérique. Néanmoins les questions éthiques et morales qu’elle aborde, bien que dépassées aujourd’hui, étaient au XVIIIe siècle des enjeux brûlants et cruciaux : lutter contre l’obscurantisme et la servitude des masses par l’émergence de l’individu, combattre pour un monde meilleur, des êtres humains éclairés, le triomphe de la raison… Il s’agit aujourd’hui de trouver un référent contemporain équivalent, d’élargir et de « transposer » les questions que pose cet opéra. Mariame Clément propose de transformer les questions de morale individuelle soulevées par La Flûte enchantée en enjeux éthiques collectifs d’aujourd’hui, et de replacer la nature et la raison – concepts essentiels pour les Lumières – dans le contexte contemporain. Comment pouvons-nous, devons-nous cohabiter avec la nature ? Comment redonner à la « raison » une connotation positive, dans un temps où la science semble plutôt être devenue un objet de méfiance ? M.B.
Mariame Clément travaille avec sa scénographe, Julia Hansen, depuis sa première mise en scène en 2004. Elle l’a rencontrée à la remise d’un prix dont elle était lauréate et que Julia avait gagné l’année précédente. Depuis, elles développent un vrai parcours artistique et ont monté ensemble pas moins de 18 productions. Julia Hansen, décoratrice et créatrice de costumes pour l’opéra, le théâtre et la danse, nous parle du tandem artistique qu’elle forme avec Mariame Clément et de sa scénographie pour cette nouvelle Flûte enchantée, leur cinquième production à l’OnR.
Marie Brault : Concevoir les décors et les costumes d’un des opéras les plus joués au monde représente-t-il un challenge pour vous ? Julia Hansen : Quand on nous a proposé de faire La Flûte enchantée, ma première réaction a été : Super ! Enfin ! La deuxième, plus durable, a été : Oh non, pas ça ! Comment peut-on transposer une œuvre pareille sur scène ? Concevoir cet univers tellement particulier, étranger et fantastique de La Flûte enchantée représentait évidemment un défi, mais on découvre rapidement que cette histoire est composée d’éléments disparates, et qu’il va bien falloir trouver une solution pour les traduire dans l’espace. Une interprétation et une localisation uniques de l’histoire ne sont pas satisfaisantes. Il s’agit en effet de montrer plusieurs aspects, d’ouvrir plusieurs niveaux. Car nous tenons beaucoup à offrir également aux personnages plusieurs espaces de jeu, pour qu’ils ne soient pas entravés par une interprétation réductrice ou trop partiale. M.B. : Quels ont été pour vous les écueils à éviter dans cet opéra, dont on sait combien il est difficile à traiter ? J.H. : Cet opéra est donné tous les ans dans tous les établissements lyriques du monde, on l’a tellement entendu depuis qu’on est enfant qu’on le connaît par cœur et qu’on pourrait en chanter tous les airs. Mais quand on entre vraiment dans le détail et qu’on essaie de percer à jour une histoire sur laquelle on ne s’est pas trop posé de questions, on se rend compte qu’en réalité, on n’y comprend plus rien. Qu’est-ce que ça raconte exactement ? Abstraction faite du « rigolo » Papageno, du sinistre Monostatos, du serpent terrifiant et de l’écrasante Reine de la Nuit qui reste encore si présente en nous depuis notre enfance, il reste encore deux heures d’histoire à appréhender, deux heures d’une histoire qu’il va falloir raconter. Le premier défi consiste à trouver comment y accéder.
M.B. : Pouvez-vous déjà nous livrer quelques indications sur votre travail ? J.H. : Notre première démarche a été de concevoir un ordre « propre » au monde de La Flûte enchantée, une ère de fin des temps ou de nouveau départ qui exige qu’on réinvente la morale. Nous trouvons-nous dans le passé ou dans l’avenir ? Ou encore dans le présent ? Nous jouons avec différents niveaux temporels dans lesquels les personnages se meuvent de façon surprenante. L’apparition soudaine de Tamino prend ainsi une signification plus profonde et nous avons à cœur d’inciter le spectateur à envisager plusieurs possibilités d’interprétation. En même temps, nous ne voulions surtout pas présenter une Flûte enchantée « cérébrale » ; nous voulions aussi jouer avec la vision du monde espiègle, pleine d’humour et d’imagination enfantine de cette œuvre. Pour beaucoup de gens, La Flûte enchantée a été le premier spectacle d’opéra de leur vie, et c’est un souvenir d’enfance qui les a profondément marqués. M.B. : Vous travaillez en équipe avec Mariame Clément depuis longtemps. Comment fonctionne votre tandem artistique ? J.H. : Nous avons déjà plusieurs collaborations à notre actif mais chaque fois, nous repartons à zéro, curieuses de découvrir ce qui va se passer, pour nous et pour notre projet. Le fondement de notre travail est le désir commun d’éclairer une histoire sous tous ses angles, puis de nous attaquer à son noyau. Nous recherchons donc ensemble un accès nouveau, personnel, que nous approfondissons et que nous étoffons. La musique étant évidemment au cœur de notre travail, nous commençons par écouter la musique de l’opéra, d’abord de façon intuitive, puis en l’explorant en profondeur avec le livret et le contexte. Cela nous inspire une foule d’idées que nous décidons ensuite d’un commun accord d’utiliser ou de rejeter. Chacune essaie de s’immerger dans la sphère de réflexion de l’autre, et nous finissons par mettre au point une conception d’ensemble extrêmement détaillée, qui permet, au moment des répétitions, de se concentrer surtout sur les chanteurs. Propos recueillis en septembre 2012 ▪ Traduction Odile Demange
Les décors en cours de construction aux ateliers Les maquettes de Julia Hansen
D’après les maquettes (à gauche) réalisées par Julia Hansen, décoratrice, les équipes techniques confectionnent une maquette en mousse, pour matérialiser les volumes.
Les blocs de polystyrène sont ensuite sculptés, à la tronçonneuse, puis au couteau.
Ces volumes sont recréés en polystyrène pour les motifs (pierre, etc.) et en bois (parce que « praticables », c’est-à-dire que ces surfaces doivent pouvoir supporter des chanteurs).
… les arrondis sont obtenus par chauffage au décapeur thermique.
Le polystyrène est recouvert de fibre de verre fixée avec un enduit pour le solidifier et l’ignifuger (à gauche).
Le matiérage se poursuit par l’application de sciure pour donner un côté granité (à droite). Une autre couche d’enduit fixe la sciure.
Le tout repose bien sûr sur une structure métallique étudiée pour supporter le poids des éléments de décors et des personnes susceptibles d’évoluer dessus.
séquence pédagogique par Laurence Grauwet, professeur chargée de mission DAAC auprès de l’OnR
La composition de l’orchestre ▪ Les bois par deux : flûtes, flûtes piccolo, hautbois, clarinettes, cors de basset*, bassons ▪ Les cuivres : 2 cors, 2 trompettes, 3 trombones ▪ Les percussions : timbales, glockenspiel** ▪ Les cordes : violons, altos, violoncelles, contrebasses Le cor de basset fait partie de la famille des clarinettes, instrument à vent de la famille des bois à anche simple. Basset signifie « petite basse », le cor de basset ayant un son plus grave que la clarinette classique. *
Le glockenspiel est un instrument composé de lames de métal mises en vibration à l’aide d’un maillet ou d’un clavier. En allemand, « glockenspiel » signifie carillon (littéralement « jeu de cloches »), cet instrument étant à l’origine composé de clochettes. L’utilisation de lames métalliques lui donne une sonorité claire rappelant celle d’un carillon. **
Sources Wikipédia
écoute : l’Ouverture ▪ En introduction, trois accords ascendants, tempo lent (ces accords sont utilisés à l’Acte II, qui évoque la cérémonie du temple) ▪ Paliers successifs : entrées en imitation des cordes d’abord, du grave à l’aigu à partir d’un thème vif aux notes répétées, crescendo, tempo rapide, phrasé souvent détaché (staccato), notamment des cordes. Consignes ▪ Chercher des adjectifs pour décrire l’ambiance de cet extrait. Solennelle, imposante, puis dynamique, enjouée. ▪ Quelle famille d’instrument prédomine ? La famille des cordes. ▪ Quel est l’instrument entendu à découvert ? La flûte traversière (clin d’œil à la flûte enchantée) jouant en alternance avec le hautbois. Remarque La structure générale de l’Ouverture comporte trois parties, « ABA’ », suivant le plan de la forme sonate. En fait, le procédé de la symétrie rappelle le goût pour l’équilibre et la clarté de l’art classique au XVIIIe siècle.
Le caractère populaire du Singspiel écoute : Air de Papageno (Acte I) « Der Vogelfanger bin ich ja » C’est la première apparition du personnage de Papageno : « Je suis l’oiseleur, me voilà, toujours gai, hop là, tralala ! ». Il possède une flûte de pan (motif de flûte), instrument de musique populaire. Au service de La Reine de la Nuit, il accompagne Tamino sur le chemin des épreuves.
Pourquoi la musique de cet extrait nous rappelle-elle une chanson populaire ? ▪ La mélodie est facile à mémoriser car elle dénuée de vocalises et de rythmes compliqués ou de mouvements mélodiques disjoints. ▪ On entend un refrain et des couplets (forme rondo), la musique suit le texte. De ce fait, l’air paraît possible à retenir et à chanter « à l’oreille », comme dans la tradition orale. ▪ Quant à l’accompagnement, les violons jouent la mélodie du baryton. Le motif de flûte retentit plusieurs fois, soutenu par les cors et les hautbois, comme un appel. La métrique de l’ensemble est régulière, on repère facilement le tempo. ▪ Le caractère léger voire espiègle campe le personnage de Papageno. ▪ S’adressant à un public populaire, Mozart a choisi la langue allemande et non italienne. Des dialogues en Anglais apparaissent dans la production de l’Opéra national du Rhin. Remarque : le Singspiel comporte des dialogues parlés.
Les ingrédients d’un conte Une histoire d’amour écoutes : ▪ Air de Tamino “Dies Bildnis ist bezaubernd schön”, Acte I ▪ Air de Pamina “Ach ich fühl’s”, Acte II Comment la musique nous suggère t-elle la jeunesse des personnages ? Les rôles de Tamino et Pamina sont chantés par des voix aux tessitures aiguës : ténor et soprano aux grandes envolées lyriques passionnées. Mise en valeur des voix de solistes ▪ Palette expressive diversifiée liée au phrasé et aux variations d’intensité ▪ écriture vocale virtuose : vocalises, grands intervalles mélodiques et longues notes tenues dans l’aigu difficiles à chanter ▪ Soutien discret de l’accompagnement
Personnages liés à la féérie et la magie écoutes : Air de la Reine de la Nuit “Der Halle Rache kocht in meinem Herzen”, Acte II Air de Sarastro “O Isis und Osiris”, Acte II Contrastes entre les deux extraits
Personnage
La Reine de la Nuit
Sarastro
Voix
Soprano colorature
Basse profonde
Tessiture
Très aiguë, impression de surnaturel
Très grave, spectaculaire
Rôle
Règne sur le royaume de la Nuit, Mère de Pamina Personnage maléfique
Grand Prêtre d’Isis et d’Osiris régnant sur le Royaume de la Lumière et de la Sagesse
Caractère musical
Menaçant et furieux, spectaculaire à la fin
Sage et imposant
Durée
Rythme rapide
Rythme lent
Orchestration
Cordes avec appui des bois
Instruments graves
Accompagnement
Agité (trémolos, « batteries »)
Chœurs, écriture en style choral
écoute : Les trois garçons “Bald prangt, Morgen, den Morgen zu verkünden”, Acte II Rôle, voix
Caractéristiques musicales
Instruments
Génies veillant sur Pamina et Tamino, sopranos
Voix d’enfants en trio
Clarinette, cor de basset, trombone, puis cordes
Le traître, l’exclu écoute : Air de Monostatos, “Alles fühlt der Liebe Freuden”, Acte I Rôle, voix
Caractéristiques musicales
Instruments
Veut embrasser Pamina, endormie Voix de ténor Le traître, l’exclu
Tempo Allegro, intensité Pianissimo, Débit vocal véloce (état d’agitation du personnage)
Flûte piccolo, les violons doublent la voix (redoutable pour le chanteur)
Remarque Les Trois Dames au service de la Reine de la Nuit font partie des personnages liés à la féérie (cadenas infligé à Papageno par exemple).
Les instruments magiques ▪ Carillon magique de Papageno : timbre du glockenspiel ▪ Flûte enchantée de Tamino : timbre de la flûte traversière
écoute : “Schnelle Füsse, rascher Mut” enchaînée à “Das klinget so Herlich”, Acte I Pour échapper à Monostatos, Papageno joue de son carillon magique. Monostatos et ses esclaves dansent, ensorcelés. ▪ Appel de la flûte enchantée de Tamino à laquelle répond la flûte de pan de Papageno, joyeux duo de Papageno et Pamina ▪ Solo de glockenspiel (suivant l’entrée de Monostatos), ponctuation des cordes (Pizzicatos) et des chœurs d’hommes presque chuchotés, impression de boîte à musique, passage scénique un peu comique, de comédie.
Le voyage initiatique et les références maçonniques Cet opéra peut être perçu comme le parcours initiatique d’un apprenti, les épreuves traversées par Tamino et Pamina (par exemple le vœu de silence) rappellent les cérémonies maçonniques. Les passages de l’obscurité à la lumière, de l’ignorance à la connaissance caractérisent entre autres l’initiation maçonnique.
écoute : Chœurs “Wir wandelten durch Feuersgluten”, Acte II Deux hommes armés qui gardent la porte du temple ont annoncé les épreuves à Tamino. Pamina est arrivée avec la flûte enchantée pour se joindre à lui. Elle et Tamino qui s’aide de sa flûte enchantée sortent vaiqueurs des épreuves de l’eau et du feu.
Déroulement musical 1°
Solo de flûte, accords de cuivres et timbales dans une intensité Piano (cheminement des héros)
2°
Duo Pamina et Tamino, cordes
3°
Reprise 1° et 2°
4°
Chœurs rythmés et triomphaux accompagnés par l’orchestre, intensité Forte
Remarque Pour les francs-maçons, la clarinette, le cor de basset et le trombone sont symboliques, en référence à leur colonne d’air (colonnes du temple). Note Dans une démarche pédagogique liant musique et cinéma : ▪ Amadeus, la Flûte enchantée d’lngmar Bergman ▪ La Flûte enchantée de Kenneth Brannagh qui situe l’argument pendant la première guerre mondiale (dossier pédagogique très documenté sur Internet)
biographies Theodor Guschlbauer, Direction musicale Né à Vienne, Theodor Guschlbauer effectue sa formation de chef d’orchestre auprès de Hans Swarowsky, Lovro von Matacic et Herbert von Karajan. Ses premiers engagements le conduisent au Volksoper de Vienne et au Landestheater de Salzbourg. Directeur de la musique de l’Opéra de Lyon de 1969 à 1975, puis Directeur général de la musique à Linz jusqu’à 1983, il prend la direction musicale et artistique de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg en 1983 et celle de l’Orchestre philharmonique de Rhénanie-Palatinat en 1997. Parallèlement, il dirige les plus grands orchestres européens – Wiener Philharmoniker, Orchestre de la Radio bavaroise, Deutsche Symphonie Orchester Berlin, l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig, Orchestre de Paris, Orchestre de la Suisse romande, Orchestre de La Scala de Milan, Orchestre de la Santa Cecilia à Rome, Orchestre de la RAI de Turin, London Symphony Orchestra, Philharmonia Orchestra, Israël Philharmonic et est un invité privilégié des formations nipponnes. Il est régulièrement invité par les prestigieux festivals de Salzbourg, Aix-en-Provence, Orange, Vérone, Lucerne, Montreux, Prague, celui de Flandre et par le Maggio Musicale Fiorentino et le festival de Bregenz. Il a dirigé aux opéras de Vienne, Hambourg, Munich, Cologne, Zurich, Paris-Bastille, Genève, Bruxelles et Lisbonne. Il compte à son actif plus de soixante enregistrements parmi lesquels plusieurs ont été couronnés par un Grand Prix du Disque. Il a dirigé de nombreuses productions à l’OnR et récemment Idomeneo (2007). La Fondation Goethe de Bâle lui a décerné le Prix Mozart. Il a reçu la Croix d’honneur autrichienne des Sciences et des arts, le Prix de la Fondation Alsace. Il a été nommé Chevalier de la Légion d’honneur.
Mariame Clément, Mise en scène Née à Paris, Mariame Clément suit des études de lettres et d’histoire de l’art à l’École Normale Supérieure. Puis elle vit six ans à Berlin où elle effectue ses premiers stages de mise en scène à la Staatsoper Unter den Linden. En 2003, elle remporte le troisième prix au Concours européen de la mise en scène pour Hans Heiling de Marschner. Elle signe sa première mise en scène en 2004 avec Il Signor Bruschino / Gianni Schicchi à Lausanne. Depuis, elle a mis en scène Le Voyage à Reims à Bern, Oviedo et Tel-Aviv, Guillaume Tell de Grétry à Bienne-Soleure, Albert Herring à Lübeck, Pirame et Thisbé de Rebel et Francœur à Nantes, Le Comte Ory à l’Opéra d’Athènes, L’Enlèvement au sérail à Braunschweig ainsi que Rigoletto à Nancy, La Traviata, Le Barbier de Séville et La Bohème à Bern. En 2010, elle met en scène Il Barbiere di Siviglia à Tel Aviv et Giasone à l’Opéra de Flandre. En 2001, elle met en scène Castor et Pollux de Rameau au Theater an der Wien de Vienne, Faust à Graz, Il Viaggio a Reims à Anvers, Don Pasquale au festival de Glyndebourne, La Bohème à Limoges. Parmi ses projets figurent Agrippina à Anvers et à Oviedo, Le Nozze di Figaro à Dortmund, Hänsel und Gretel à l’Opéra de Paris, Platée à Nuremberg et Il Ritorno d’Ulisse in Patria à Baden-Baden. À l’Opéra national du Rhin, elle a mis en scène La Belle Hélène en 2006, Werther en 2009, Platée en 2010 et Der Rosenkavalier en 2012.
Julia Hansen, Décors et costumes Née à Hambourg, Julia Hansen est décoratrice et créatrice de costumes pour l’opéra, le théâtre et la danse. Elle a travaillé entre autres à Bern, Cologne, Freiburg, Hambourg, Helsinki, Lausanne, Londres, Nancy, Nantes, Oviedo, Tel-Aviv, Vienne. En 2001, son projet de mise en scène, costumes et décors pour Fidelio remporte le 1er prix du Concours Européen de mise en scène d’opéra. Depuis 2004, elle développe une collaboration artistique étroite avec Mariame Clément. Elle a récemment signé les décors et les costumes pour Pirame et Thisbé (Francœur et Rebel) à Nantes, Le Nozze di Figaro à Cologne, Elegie für junge Liebende (Henze) à Lübeck, Il Barbiere di Siviglia et La Bohème à Bern, Oviedo et Tel-Aviv, L’Enlèvement au Sérail à Braunschweig, Rigoletto à Nancy et Giasone de Cavalli à Anvers. En 2001, elle met en scène Castor et Pollux de Rameau au Theater an der Wien, Faust à Graz, Il Viaggio a Reims à Anvers, Don Pasquale au festival de Glyndebourne, La Bohème à Limoges. Parmi ses projets figurent Agrippina à Anvers et à Oviedo, Le Nozze di Figaro à Dortmund, Hänsel und Gretel à l’Opéra de Paris, Don Pasquale à Glyndebourne, Il ritorno di Ulisse in Patria à Baden-Baden et au Théâtre des Champs-Élysées ainsi qu’une création de Philippe Hurel sur un livret de Tanguy Viel au Capitole de Toulouse. À l’OnR, elle a signé les décors et costumes de La Belle Hélène en 2006, Werther en 2009, Platée en 2010 et Der Rosenkavalier en 2012.
s Salzbourg, 27 janvier 1756 – Vienne, 5 décembre 1791 Formé par son père Leopold, Mozart s’instruit au contact de Jean Sébastien Bach, prenant également quelques conseils auprès de Padre Martini à Bologne. Bien qu’élevé au sein de l’opéra italien, il débute avec un drame sacré allemand, Die Schuldigkeit des ersten Gebotes (1767), puis compose son premier opera buffa, La Finta semplice (1768). Ses diverses expériences dans le domaine lyrique le conduisent logiquement vers l’opera seria lors de ses voyages en Italie : en 1770, il donne avec succès Mitridate, re di Ponto. Les ébauches successives de Zaïde (1779) et de Thamos laissent présager les drames de la maturité et démontrent sa volonté de penser allemand : « Je suis pris de fièvre à l’idée que je pourrais écrire le véritable opéra allemand », écrit-il à son père. Concluant d’abord ses diverses expériences, il donne Idomeneo, re di Creta en 1781, opera seria de structure inhabituelle. Malgré son succès, Mozart s’engage alors dans une nouvelle direction, imposant, sous le couvert d’anecdotes diverses, une vision philosophique personnelle du monde contemporain. Établi à Vienne à partir de 1783, il donne ses lettres de noblesses au Singspiel allemand avec Die Entführung aus dem Serail en 1782. Il y mêle la vocalité italienne et la prosodie germanique. Il rencontre alors l’écrivain Da Ponte, qui devient son librettiste. À ses côtés, avec Le Nozze di Figaro, il commence sa « trilogie italienne ». Il en exclut les problèmes politiques, que la censure n’aurait pas laissé passer, préférant exploiter la revendication sociale. Avec Don Giovanni en 1787, il introduit le surnaturel dans l’opera buffa et s’identifie au héros. Puis, d’un œil à la fois amer et tendre, il envisage avec Cosi fan tutte la dissolution de la société. Plus encore que dans Don Juan, l’orchestre trahit l’inconscient des personnages, dont les propos ne traduisent que l’aspect extérieur imposé par la société. En 1791, il compose son dernier opéra, La Flûte enchantée.
Wolfgang Amadeus
▪ Des airs emprunts de simplicité ou de la plus grande virtuosité ▪ Des voix solistes aux tessitures extrêmes correspondant aux caractères des personnages ▪ L’ouverture de Die Zauberflöte et ses repères ▪ Le Singspiel ▪ Les œuvres de Mozart et le classicisme
Histoire
▪ Arts et pouvoir : Mozart, compositeur de la cour de Vienne ▪ La philosophie des Lumières ▪ La Déclaration des droits de l’Homme ▪ Qu’est-ce que la Franc-maçonnerie ?
Arts du spectacle vivant
▪ Le spectacle d’opéra à Vienne au XVIIIe siècle : le théâtre populaire et le théâtre de la cour
Arts du quotidien
▪ L’évolution des techniques : les machineries et les « effets spéciaux » à l’opéra
Arts du langage
▪ Au premier degré : un conte merveilleux pour enfants ▪ Les personnages et l’idéal des Lumières ▪ Un récit d’initiation parsemé d’épreuves ▪ Un livret élaboré à partir de contes orientaux ▪ Des aventures extraordinaires
… et pourquoi pas en mathématiques
▪ La symbolique des nombres dans Die Zauberflöte
Arts du visuel
▪ La symétrie et l’art classique
prolongements pédagogiques
Arts du son