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Dossier pédagogique

Saison 2015-2016

MOZART

IDOMENEO NOUVELLE PRODUCTION

En deux mots Idomeneo, roi de Crète, se retrouve dans une violente tempête alors qu’il rentre de la guerre de Troie. Pour l’épargner, le Dieu de la Mer, Neptune, lui fait promettre de sacrifier le premier humain qu’il verra en touchant la terre ferme. Or, c’est son propre fils Idamante qui court à sa rencontre...

Contacts Flora Klein • tél + 33 (0)3 68 98 75 21 • courriel • fklein@onr.fr Hervé Petit • tél + 33 (0)3 68 98 75 23 • courriel • hpetit@onr.fr Opéra national du Rhin • 19 place Broglie BP 80 320 • 67008 Strasbourg Photo Nis & For

operanationaldurhin.eu


NOUVELLE PRODUCTION Opera seria en trois actes de Wolfgang Amadeus Mozart Livret de Giambattista Varesco Créé au Théâtre Cuvilliés à Munich le 29 janvier 1781 Version de Vienne STRASBOURG Opéra me 16 mars 20 h ve 18 mars 20 h di 20 mars 15 h ma 22 mars 20 h je 24 mars 20 h

Direction musicale Hervé Niquet Mise en scène Christophe Gayral Décors Barbara de Limburg Costumes Jean-Jacques Delmotte Lumières Philippe Berthomé Mouvements Karine Girard

MULHOUSE La Sinne ve 8 avril 20 h di 10 avril 15 h

Idomeneo Maximilian Schmitt Idamante Juan Francisco Gatell Ilia Judith Van Wanroij Elettra Agneta Eichenholz Gran Sacerdote Emmanuel Franco La Voce Nathanaël Tavernier

COLMAR Théâtre di 17 avril 15 h Rencontre avec Hervé Niquet et Christophe Gayral Strasbourg, Librairie Kléber ma 15 mars 18 h 30 entrée libre

Chœurs de l’Opéra national du Rhin Orchestre symphonique de Mulhouse Neue Mozart-Ausgabe, Bärenreiter-Verlag Kassel - Basel - London - New York - Praha

Langue : italien surtitré en français et en allemand Durée approximative : 2h30 Conseillé à partir de 12 ans : collège et lycée


Argument Acte I Suite à la chute de Troie, le retour d’Idoménée en Crète est imminent après avoir guerroyé pendant des années loin de sa patrie aux côtés des Grecs. Son fils Idamante, resté au pays, est aimé avec passion par la fille d’Agamemnon, Électre, qui a trouvé refuge en Crète après l’assassinat de sa mère par son frère Oreste. Idamante, loin d’être attiré par elle, éprouve en revanche de vifs sentiments pour la princesse troyenne Ilia qu’Idoménée a envoyée sur l’île avec d’autres captifs. Mais cette dernière est partagée entre son amour naissant pour le prince « ennemi » et la peine qu’elle éprouve pour sa patrie dévastée. Ainsi repousse-t-elle tout d’abord Idamante même si ce dernier a décidé de libérer les Troyens pour célébrer le retour de son père. Alors que tous saluent la paix retrouvée entre les deux peuples, Arbace, un confident du roi, annonce qu’Idoménée et les siens ont péri lors d’une tempête en mer. Fou de douleur, Idamante court vers la grève tandis qu’Électre, ayant saisi les sentiments du prince pour Ilia, se jure de prendre sa revanche sur sa rivale. Dans leur combat contre la mer déchaînée, les naufragés implorent la grâce des dieux. La tempête se calme soudainement, Idoménée, sain et sauf, arrive au seuil de sa patrie. Mais il doit exécuter la promesse qu’il a faite à Neptune de lui sacrifier le premier mortel qu’il rencontrerait sur la terre ferme en échange de sa vie sauve. Or, c’est Idamante qui s’approche sans que son père ne le reconnaisse immédiatement. Comprenant qu’il devra sacrifier son propre fils, Idoménée, épouvanté, se détourne de lui puis se sauve. Idamante en reste cloué d’étonnement. Le peuple accourt pour saluer les heureux survivants et remercier les dieux.

Acte II Pour sauver son fils, Idoménée décide, sur le conseil d’Arbace qu’il a mis dans la confidence, de l’envoyer hors de Crète le temps de calmer la colère de Neptune. Il accompagnera Électre à Argos et l’assistera dans la reconquête du trône paternel. Ilia, qui a tout entendu, pousse Idamante dans les bras de sa rivale mais ce dernier refuse catégoriquement. Apaisée, elle prie Idoménée de l’accepter comme sa fille. Celui-ci comprend sans mal que c’est par amour pour son fils et se désole davantage de la malédiction divine. Seule Électre jubile devant la décision d’Idoménée car elle espère gagner le cœur d’Idamante sur le chemin de sa patrie. Elle se dirige vers le port. Le chœur des guerriers et des marins annonce le départ imminent. Idoménée, Idamante et Électre le ressentent chacun à leur façon. Mais au moment où ces derniers veulent monter à bord, une tempête se lève et laisse sortir un monstre de la mer. Le peuple effrayé se disperse tandis qu’Idoménée cherche à s’offrir en seule victime de la vengeance du dieu.

Acte III Ilia hésite toujours à céder à son amour pour Idamante. Ce dernier lui rend visite et l’informe qu’il part combattre le monstre au péril de sa vie. Elle ne peut alors plus cacher ses sentiments et tous deux s’enlacent tendrement. Mais ils sont interrompus par Électre et Idoménée qui pressent sans plus de raisons le jeune homme de partir au plus tôt. Idamante déclare que cet exil le tuera alors qu’Ilia ne veut plus le quitter, Électre pense à sa revanche et Idoménée s’effondre de désespoir. Arbace apporte d’autres mauvaises nouvelles : le Grand Prêtre et le peuple exigent que le roi calme la colère de Neptune. Resté seul, Arbace supplie les dieux d’épargner Idoménée et Idamante. Sous la pression de l’autorité du Grand Prêtre, Idoménée avoue enfin que seul le sacrifice de son fils Idamante pourra satisfaire le dieu. Une douloureuse tristesse s’empare du peuple. La cérémonie du sacrifice débute par une marche des prêtres. Avec eux, Idoménée prie une dernière fois Neptune pour qu’il lui rende grâce. Au loin, un chœur d’acclamation annonce l’arrivée d’Idamante qui a tué le monstre. Il apprend à son tour toute la vérité et s’apprête à mourir pour satisfaire le dieu de la mer. Mais, au moment même où Idoménée se décide à porter le coup fatal, Ilia s’interpose et s’offre elle-même en sacrifice. Dans le trouble général, une voix tonne : qu’Idoménée abdique, Idamante devienne roi et Ilia soit son épouse. Folle de colère, Électre s’enfuit. Idoménée, heureux et libéré de la malédiction, accomplit le vœu de Neptune. Le peuple acclame le jeune couple.


Quelques mots sur l’œuvre « Une de ces œuvres que même un génie de tout premier ordre comme Mozart ne réussit qu’une fois dans sa vie. » Voilà comment le célèbre musicologue Alfred Einstein qualifie Idomeneo, créé à Munich en 1781 par un Mozart d’à peine vingt-cinq ans. Il faut dire qu’outre la fougue créatrice propre à une jeunesse prête à en découdre avec les genres convenus, le jeune compositeur bénéficia de conditions de travail privilégiées qu’il ne retrouvera jamais. Après lui en avoir fait promesse en 1777, l’électeur palatin Karl Theodor, grand amateur de musique et nouvellement promu à la tête de la Bavière, passe commande d’un opéra à Mozart trois ans plus tard. Mais contrairement à ce que ce dernier aurait souhaité, le livret, choisi par la princesse-Electrice de Bavière elle-même, n’est pas en allemand mais bien en italien. Il s’agit de l’adaptation par l’abbé et dramaturge salzbourgeois Giambattista Varesco de la tragédie de Danchet qui avait elle-même servi à un opéra de Campra. Le pauvre homme sera mis à rude épreuve car, impressionné par les grands maîtres de l’opéra français, Mozart lui fait opérer de nombreuses transformations pour sortir des règles traditionnelles de l’opera seria où chœurs et ensembles sont assez rares contrairement à ce qu’il souhaite pour son nouvel ouvrage. Il est d’ailleurs précieux de pouvoir suivre le processus créatif au travers d’une correspondance fournie entre Mozart et son père. Le librettiste étant demeuré à Salzbourg, Léopold se faisant le porte-parole de Wolfgang pendant près de deux mois. En plus de la bienveillance du prince qui lui donne du temps et une grande liberté, Mozart est entouré d’une équipe de choix. Les décors sont réalisés par Laurenzo Quaglio, les chorégraphies par Pierre le Grand et le chef n’est autre que le célèbre Christian Cannabich à la tête d’un orchestre dont la plupart des musiciens sont issus de celui de Mannheim, considéré comme le meilleur ensemble européen. Qui plus est, il destine les rôles féminins d’Ilia et Elettra à Dorothea et Elisabeth Wendling, épouse et belle-sœur de Jean-Baptiste Wendling, flûtiste virtuose et surtout grand ami du compositeur. Celui-ci ainsi que son frère violoniste prendront également part à l’orchestre. Mozart semble tout de même regretter le grand âge d’Anton Raaf, pressenti pour Idoménée, même s’il l’aide à obtenir la commande, et s’insurge aussi contre les piètres qualités du castrat dal Prato en Idamante. Les deux sont, de surcroît, de mauvais comédiens. Il réécrit d’ailleurs plusieurs pages afin de s’adapter davantage à leurs possibilités. Sur la création, nous avons peu de renseignements car toute la famille Mozart s’est déplacée pour l’occasion. L’ouvrage, qui a ému Karl Theodor, est donné trois fois sans connaître de reprise immédiate. Néanmoins, en 1786, une représentation privée à Vienne permet à Mozart de procéder à quelques modifications et surtout de transposer le rôle d’Idamante pour ténor. Préfiguration pour certains de La Flûte enchantée avec un couple Iadamante-Ilia qui fait penser à celui formé par Tamino et Pamina, tandis qu’Elettra a des faux airs de Reine de la Nuit, Idomeneo impressionne par ses audaces dont un trio et un quatuor qui constituent les sommets de la partition. Et s’il offre aux solistes de somptueux numéros, Mozart célèbre comme jamais les masses orchestrales et chorales emportées dans plusieurs impressionnants morceaux de bravoure. Idomeneo a été représenté à l’OnR en 2008 sous la direction de Theodor Guschlbauer et dans la mise en scène de François de Carpentries. La version choisie pour cette nouvelle production est celle « de Vienne » avec notamment le rôle d’Idamante tenu par un ténor.

à écouter, à voir > Sir Charles Mackerras, Scottish Chamber Orchestra, Ian Bostridge (Idomenée), Lorraine Hunt (Ilia), Lisa Milne (Idamante), Barbara Frittoli (Elettra), EMI, 2002 > Jean-Pierre Ponnelle (msc), James Levine (dir), Orchestre du Metropolitan Opera de New-York, Luciano Pavarotti (Idoménée), Frederica Von Stade (Ilia), Ileana Cotrubas (Idamante), Hildegard Behrens (Elettra), Deutsche Grammophon, 1982 (DVD)


Wolfgang Amadeus Mozart Compositeur Il naît le 27 janvier 1756 à Salzbourg. Il est la fils de Anna-Maria Pertl et Leopold Mozart. Ce dernier est un excellent violoniste-compositeur et occupe le poste de second violon dans l’orchestre de la cour du prince archevêque de Salzbourg. Johannes Chrysostomus Wolgangus Theophilus est leur septième enfant mais le second et par ailleurs le dernier qui ait survécu. Le jour de sa naissance côté musique : Haydn a 24 ans, Rameau a 73 ans, Haendel en a 71, Bach est mort depuis 6 ans. Côté littérature, Voltaire a 62 ans et Beaumarchais 24. Après des œuvres de jeunesse – il compose dès l’âge de 5 ans – Bastien und Bastienne, La Finta semplice, Mitridate re di Ponto, Lucio Silla, La finta giardiniera, œuvres transcrites aussitôt sur papier par son père, il part avec lui en 1762 pour des tournées pendant neuf ans, passant notamment par Munich et Vienne, Augsbourg, Aix-la-Chapelle, Bruxelles, Paris, Versailles, Londres la Hollande, la Suisse et la Bavière. Il joue devant les grands de ce monde. Puis il est à la cour de Salzbourg mais le nouveau prince archevêque de Salzbourg, le comte Colloredo, ne l’apprécie pas. Le musicien démissionne en 1777 et quitte Salzbourg pour chercher un nouvel employeur. Il tombe amoureux d’Aloysia Weber, qui ne lui donne pas le change. à Paris, il insulte ces parisiens qui ne savent pas entendre et reconnaître son génie : « Les Français sont et restent de vrai ânes : ils ne peuvent rien faire ; il leur faut avoir recours aux étrangers. », écrit-il à son père le 9 juillet 1778. Il s’arrête quelques temps à Munich, puis revient à Salzbourg en 1779. C’est alors qu’il écrit Idoméneo, auquel il apporte des retouches au texte du livret. Il présente avec succès son opéra à Munich. Il compose Don Giovanni, dont la première à Prague est un triomphe. En 1789, il part pour Leipzig où il jouera de l’orgue. De retour à Vienne, il collabore avec Lorenzo da Ponte et crée avec lui Cosi fan tutte. Il doit aussi composer dans un bref délai un opéra pour célébrer le couronnement de Léopold II : La Clémence de Titus. Le comte Franz von Walsegg lui passe anonymement commande d’un certain Requiem qui sera pour lui, car sa santé se dégrade. Die Zauberflöte remporte un énorme succès qui va en grandissant. Il tombe gravement malade mais le 4 décembre, il se remet à composer son Requiem. Son état s’aggrave, le 5 décembre 1791, il tombe dans le coma et, âgé seulement de 35 ans, rend son dernier souffle.


Biographies Hervé Niquet Direction musicale Claveciniste, organiste, pianiste, chanteur, compositeur, chef de chœur et chef d’orchestre, Hervé Niquet est l’une des personnalités musicales les plus inventives de ces dernières années. Fondateur et chef du Concert Spirituel, qu’il mène dans les plus grandes salles d’Europe, il s’est imposé comme une référence dans l’interprétation philologique des chefsd’œuvre des siècles passés. Il mène également une intense carrière de chef invité auprès de formations très prestigieuses : Sinfonia Varsovia, Akademie für Alte Musik Berlin, RIAS Kammerchor, Accentus, Philharmonique de Radio France, Orchestres de Montpellier et de Lyon. À l’opéra, il travaille avec des metteurs en scène tels que Jean-Paul Scarpitta, Georges Lavaudant, Christoph Marthaler, Mariame Clément ou Corinne et Gilles Benizio (alias Shirley et Dino), ainsi que Romeo Castellucci et Christian Schiaretti. Il a participé à la création du Palazzetto Bru Zane, Centre de musique romantique française à Venise en 2009 avec lequel il mène différents projets. Depuis 2011, il est Directeur musical du Chœur de la Radio Flamande à Bruxelles et principal chef invité du Brussels Philharmonic.

christophe Gayral Mise en scène Après des débuts de comédien, il commence dès 2000 un travail sur la dramaturgie au Théâtre et à l’Opéra et co-écrit un opéra équestre, Le Grand Carrousel. L’année suivante il écrit, met en scène et joue un spectacle pour et avec des artistes indiens Jai mata di présenté à NewDelhi et en tournée en Inde. En 2002, il signe sa première mise en scène d’opéra au festival d’Alden Biesen : Die lustigen Weiber von Windsor où il retourne en 2005 et crée La Fable de Ooh et Aah, opéra pour enfants d’Andrew Wise. En 2003 il devient collaborateur artistique de Robert Carsen pour de nombreuses productions, dont Les Boréades, Alcina, Les Noces de Figaro, La Traviata, Richard III, Iphigénie en Tauride, Candide, Salomé, Le Couronnement de Poppée, Armide, Orfeo, Rinaldo, Don Giovanni, Falstaff, Rigoletto. Il collabore aussi avec Philippe Sireuil pour La Favorite, Così fan tutte, Pelléas et Mélisande, Rigoletto et Le Nozze di Figaro. Il travaille avec Muriel Téodori pour la création de l’opéra Welcome to the Voice avec Sting et Elvis Costello et avec Chen Shi-Zheng pour Nixon in China. Pour l’Opéra Studio de l’OnR il met en scène Il Matrimonio Segreto en 2010 et 2015 (repris à Rennes en 2011) et Owen Wingrave en 2013 (repris à Besançon en 2014).


Prolongements pédagogiques Arts du langage, histoire > Opéra en langue italienne > Le récit épique, la fin de la guerre de Troie > Deus ex machina et tragédie classique > Mythologie et sacrifice : la notion de volonté divine > Littérature et relations père-fils > La figure dominatrice du personnage de Neptune face à l’héroïsme de celui d’Illia > Mozart et la Franc-Maçonnerie, la victoire de la lumière sur l’obscurité, les valeurs de tolérance, de clémence > Le siècle des Lumières

Arts du son > Mozart, ses débuts de compositeur à la cour de Vienne, la genèse d’Idomeneo > Virtuosité des voix solistes, ornementation, vocalises et diversité de l’expression > Lien texte / musique : le figuralisme, les passages évoquant la tempête provoquée par le personnage de Neptune (correspondance avec les tourments des personnages) > Importance musicale et scénique des chœurs > L’opera seria : articulation et codes musicaux élargis par Mozart > Histoire des castrats > écouter un extrait d’Idoménée d’André Campra (tragédie en musique)

Arts du visuel, mise en scène > Idoménée et Neptune / Poséidon : représentations > Les machineries dans le spectacle d’opéra (approche possible en Technologie) > Extrait du film Amadeus de Milos Formann (représentation d’Idomeneo)

arts du spectacle vivant > Le ballet dans les opéras : une tradition française

thème transversal > à l’heure des conférences sur le climat : la tempête, les éléments déchaînés (SVT, Sciences physiques, Géographie, éducation musicale, Français, Philosophie, Arts plastiques, EPS / danse, etc.)


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