dossier pédagogique saison 2012-2013
Giuseppe
Verdi
Requiem 100 musiciens, 160 choristes : Verdi fait son Zénith !
Contacts Flora Klein • tél + 33 (0)3 88 75 48 54 • courriel • fklein@onr.fr Hervé Petit • tél + 33 (0)3 88 75 48 79 • courriel • hpetit@onr.fr Opéra national du Rhin • 19 place Broglie BP 80 320 • 67008 Strasbourg Photo www.benoitpelletier-diabolus.fr
r Direction musicale Marko Letonja
Tamar Iveri Soprano Tanja Ariane Baumgartner mezzo-soprano Giuseppe Filianoti Ténor Orlin Anastassov basse
Chœurs de l’OnR Choeur de l’OPS Ensemble vocal du Conservatoire de Strasbourg Orchestre philharmonique de Strasbourg
STRASBOURG zénith
je 20 septembre 20 h Coproduction avec la ville et la communauté urbaine de strasbourg
Durée approximative : 1 h 30 Conseillé à partir de 10 ans : élémentaire, collège et lycée
requiem Du grand spectacle ! Giuseppe Verdi, très affecté par la mort du grand poète italien Alessandro Manzoni qui comme lui s’était engagé pour l’unité italienne au sein du Risorgimento pour les idéaux de justice et d’humanité, compose à sa mémoire un Requiem, comme s’il devait être sa dernière œuvre et le couronnement de sa carrière. Créée à l’église San Marco de Milan, l’œuvre rejoint vite les salles de spectacle. En effet, par de nombreux aspects, elle ressemble à un opéra, avec ses contrastes et sa musique fortement expressive. Le Requiem oscille entre un style extrêmement théâtral et le style sévère de la fugue. Le premier va de la libre déclamation, jusqu’à l’expression lyrique élaborée, il évoque l’opéra qui décrit les émotions et les passions des êtres ; le second suggère un retour aux sources de la musicalité religieuse pour un voyage intérieur qui illustre les diverses attitudes de l’homme face à la mort. Pour y parvenir, Verdi emploie des moyens tels que les quatuors vocaux, les arias lyriques, fugues de chœurs… On pourrait dire que ce Requiem est un opéra dédié à la mort, dans lequel tout l’art de Verdi se manifeste, toute sa personnalité généreuse, noble et chaleureuse. Pour servir cette œuvre, une affiche prestigieuse : Marko Letonja, grand chef d’opéra invité par la Scala de Milan et bientôt la Staatsoper de Vienne, dirigera, pour la première fois en tant que chef titulaire, « son » Orchestre philharmonique de Strasbourg ; quatre solistes verdiens de renommée internationale, invités des grandes maisons lyriques et festivals. À leurs côtés 160 choristes : les Chœurs de l’OnR, le Chœur de l’OPS et l’Ensemble vocal du Conservatoire de Strasbourg, pour une œuvre à la maîtrise achevée du rythme et de la construction musicale. Du grand spectacle !
chœurs
Messa
grandiose !
séquence pédagogique par Laurence Grauwet, professeur chargée de mission DAAC auprès de l’OnR
Le contexte de composition ▪ 1873 : mort de l’écrivain romantique Alessandro Manzoni. Verdi compose le Requiem pour rendre hommage à son ami auquel il vouait une grande admiration. ▪ 22 mai 1874 : création du Requiem dirigé par Verdi à Milan, en l’église San Marco. L’œuvre remporte un immense succès qui ne sera jamais démenti.
La formation ▪ Composition de l’orchestre En tout, une centaine de musiciens : Les bois : 2 flûtes, 1 piccolo, 2 hautbois, 2 clarinettes, 4 bassons Les cuivres : 4 cors, 4 trompettes et 4 autres cachées (effet de spatialisation), 3 trombones, 1 ophicléide Les percussions : timbales, grosse caisse Les cordes : violons, altos, violoncelles, contrebasses ▪ Composition du chœur Un double chœur pour le Sanctus ▪ Quatre chanteurs solistes Soprano, mezzo-soprano, ténor, basse
Le plan du Requiem de Verdi Le Requiem se compose de sept grands mouvements construits globalement sur les textes de la liturgie catholique de la messe des morts, en latin : I. Introït II. Séquence (Dies irae) III. Offertoire IV. Sanctus V. Agnus Dei VI. Communion : Lux aeterna VII. Répons : Libera me
écoutes extraites du Requiem I. Introït Forme du mouvement Requiem aeternam
Te decet hymnus
Requiem aeternam
Kyrie
Violoncelles et entrées des autres cordes (tous avec sourdines), pp. Chœur : « Requiem aeternam », ppp.
Chœur : entrées en imitation (fugato), du grave à l’aigu, f avec effets de nuances.
Reprise du Chœur : « Requiem aeternam », ppp.
Entrées successives des quatre chanteurs solistes sur « Kyrie », f. Crescendo, écriture musicale plus dense et rythmée avec tous les chanteurs et musiciens, ff. Silence, puis conclusion pp.
Comment Verdi nous fait-il entrer dans son Requiem ? Par le chant des violoncelles, très expressif et intense. Au fur et à mesure, l’Introït prend de l’ampleur, nous « grandissant » en même temps. De quelle façon Verdi met-il en valeur les émotions contenues dans le texte ? Verdi s’appuie notamment sur les contrastes d’écriture vocale : ▪ Requiem aeternam : murmuré par le chœur, en homophonie (comme si une seule personne chantait), Recto tono (sans inflexions, comme les moines interprétant le chant grégorien). ▪ Donna, donna, eis, Domine : chanté par quatre sopranos solistes qui se détachent vers l’aigu. ▪ Lux aeterna : le chœur, divisé (notes différentes), s’anime. ▪ Kyrie : expression dramatique des solistes, couleurs vocales différentes.
II. Dies irae, début de la Séquence Présentation générale de la Séquence D’une durée de quarante minutes environ, la Séquence est une immense fresque constituée de dix sections enchaînées : Dies irae, Tuba mirum, Mors stupébit, Liber Scriptus, Quid sum miser, Rex tremendae majestatis, Recordare, Ingemisco, Confutatis, Lacrymosa. Ces sections suivent le poème du Dies irae dont les paroles sont chantées, souvent en alternance, par les solistes et le chœur. Début du poème correspondant à la section du Dies irae Dies iræ, dies illa, Solvet sæclum in favílla, Teste David cum Sibýlla !
Jour de colère, que ce jour-là Où le monde sera réduit en cendres, Selon les oracles de David et de la Sibylle !
Quantus tremor est futúrus, quando judex est ventúrus, cuncta stricte discussúrus !
Quelle terreur nous saisira, lorsque la créature ressuscitera (Pour être) examinée rigoureusement ! *
*
Source de la traduction : Wikipédia
Quel est le sujet abordé dans ce texte ? Le thème central est l’évocation du jugement dernier et la terreur de l’humanité face à la menace divine. Comment Verdi met-il le texte en valeur musicalement ? De manière très théâtrale, en créant trois moments spectaculaires, immédiatement identifiables : Introduction de l’orchestre
Allegro agitato : quatre accords Fortissimo, accentués et brefs qui annoncent le cataclysme. Après le recueillement de L’Introït, l’effet de surprise est garanti !
Entrée du chœur
Fortissimo, « cri » d’effroi (notes très aigues des sopranos). Mouvements descendants et chromatiques du chœur et de l’orchestre, juxtaposition du débit frénétique de l’orchestre et de celui du chœur, plus lent, qui avance inexorablement, le tout à grand renfort de timbales.
Chuchotements du chœur « Quantus tremor et futurus »
Pianissimo, Recto tono Trois paliers ascendants – trois phrases – entretiennent la tension, cette fois sous-jacente. Celle-ci est renforcée par les « tic-tac » de la flûte piccolo, de deux flûtes et d’un hautbois (à contre temps, avec appogiatures).
Tel une épée de Damoclès, le début de la Séquence « Dies irae, dies illa » revient trois fois au fil de l’œuvre, agissant comme un repère structurel : ▪ Au cours du Liber scriptus : 1. Opposition entre le chant limpide de la soliste mezzo-soprano et le Dies irae qui apparaît, chanté par le chœur en ponctuation discrète, nuance ppppp. 2. Chœur seul, nuance fff puis decrescendo qui se termine Morendo (jusqu’à extinction totale du son). ▪ En conclusion du Confutatis : Il s’enchaîne à l’air de la basse soliste. ▪ Au milieu du Libera me, à la fin du Requiem : « Libera me » : récitatif du soprano, réponse du chœur recto tono.
« Tremens » : trois fois, silences oppressants, descentes chromatiques menaçantes.
« Dies irae » : Commence ffff, chœur seul et finit pppp sur « Requiem aeternam » avec le soprano.
Retour du récitatif monocorde qui se tend vers l’aigu puis s’écroule.
« Libera me » : entrées en imitation du chœur, accords d’orchestre vigoureux, Crescendo, climax, contre ut de la soprano
Récitatif dans le grave : murmures effrayés du chœur et du soprano
1813 - 1901 Né en 1813 à La Roncole, il est issu d’une famille pauvre, et malgré ses dons évidents, il connaît une première formation quelque peu difficile. Refusé au conservatoire de Milan comme pianiste en raison de défauts techniques rédhibitoires, il est encouragé dans la voie de la composition. C’est Vicenzo Lavigna, auteur d’opéra et répétiteur à la Scala qui lui révèle Mozart et Haydn. Il a la chance exceptionnelle d’obtenir d’emblée une commande de la Scala de Milan, où son premier opéra Oberto est présenté en 1839, avec un succès suffisant pour se voir aussitôt réclamer une autre œuvre par ce théâtre. Verdi compose vingt-huit opéras. Parmi les plus célèbres : Nabucco, Macbeth, Rigoletto, La Traviata, Aïda, La Forza del destino, Il Trovatore, Don Carlo... L’opéra que Verdi souhaite écrire en 1857 est Le Roi Lear. Faute d’obtenir pour cet ouvrage la soprano très admirée de l’époque, Maria Piccolomini, il décide lui-même alors de prendre comme nouveau sujet Gustave III qui devient après bien des turpitudes Le Bal masqué. Son Requiem, écrit en 1872 pour la mort de Manzoni, grand écrivain italien, connaît un succès à travers toute l’Europe. En 1901, au cours d’un séjour à Milan, il meurt des suites d’une hémorragie cérébrale. Toute l’Italie est en deuil.
Giuseppe
▪ Le poème du « Dies irae » ▪ L’écoute du « Dies irae » de la messe grégorienne ▪ Les représentations et films évoquant le jugement dernier
Le Requiem, proche d’un opéra ?
▪ Points communs : - la présence d’un orchestre, de chœurs et de solistes - une écriture vocale comprenant des solos et des ensembles (duos, trios, quatuors…) ▪ Différences : - une musique sacrée (opéra : musique profane) - absence d’intrigue - absence de mise en scène - à part le Dies irae, absence de thèmes repris au cours de l’œuvre...
Histoire
▪ Verdi et le contexte politique en Italie
prolongements pédagogiques
Arts, mythes et religions