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MAAS Un menu mobilité aussi
Un menu mobilité, aussi simple qu’un ticket-resto
INCUBATEUR. Parmi les start-up de mobilité ayant intégré cette année l’incubateur géant Station F, l’une d’entre elles a investi le créneau de la carte de paiement. Mais son avance pourrait ne pas être suffisante face aux géants qui déboulent. Marc Fressoz
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La mobilité à la carte, sur le modèle des chèques-déjeuners.
La distribution du forfait mobilité durable, qui offre aux salariés une enveloppe 500 euros par an alimentée par l’employeur pour contribuer à payer leurs trajets domicile-travail, est un sujet qui inspire les start-up. Parmi les offres innovantes, celle de Betterway. « Nous proposons la première carte dédiée à la mobilité qui va simplifier la vie des entreprises », annonce ainsi Denis Saada, ancien d’Uber et fondateur de Betterway. Pour rendre possible le paiement des transports utilisés par le salarié, cette jeune pousse a scellé un accord avec Mastercard et une filiale de la Société générale, Treezor. Ne reste plus qu’à faire grossir le panier de clientèle. « Nous en comptons une dizaine », explique Denis Saada, qui cite le Groupe Pasteur mutualité ou PMP, un cabinet de conseil d’ailleurs en partie orientée sur la mobilité. Mais le petit poucet risque d’avoir du mal à percer. « La commission prélevée par Betterway n’est pas très compétitive, et risque de constituer un obstacle à son développement », analyse un observateur du secteur.
Edenred et Sodexo sur les rangs
D’autant plus que les start-up ne sont bien sûr pas les seules à viser ce créneau au potentiel considérable. En effet, les géants du ticket-restaurant comme Edenred ou Sodexo sont également sur les rangs. Avec leurs concurrents, ils gèrent déjà le paiement des repas de 4,5 millions de salariés. Il leur suffit donc d’étendre à la mobilité durable la fonctionnalité des cartes existantes. Mais il y en aura peut-être pour tous, tant le gâteau du forfait mobilité, qui se chiffre à plusieurs dizaines de millions d’euros, est gros. On peut imaginer que la stratégie de Betterway est celle d’une classique start-up : se développer suffisamment pour être rachetée à terme par une grosse entreprise. « Etre englobé dans le MaaS d’un opérateur de transport public peut être un scénario », imagine un observateur. ■
6e promo au Moove Lab
Betterway fait partie des sept start-up de mobilité sélectionnées pour la 6e promo accompagnée par le Moove Lab, sous le parrainage du CNPA et de Via ID, le fonds d’investissement de la galaxie Mulliez, actionnaire principal de Smovengo ou encore de Drivy, revendu à l’Américain Getaround. Elles sont suivies pendant six mois au sein de cet accélérateur basé dans la Station F, campus parisien des start-up du digital fondé par Xavier Niel. « Nous intervenons comme accélérateur et non comme investisseur », précise Jean-François Dhinaux, le directeur stratégie et développement de Via ID. Parmi les heureux élus, on trouve, dans le secteur du vélo, Ekstere. Son but, développer un marché du vélo à assistance électrique d’occasion via un site de vente et en garantissant que le deux-roues n’a pas été volé.
Réduire les trajets domicile-travail
Citons encore 1 km à pied, crée par Laure Wagner, ancienne de l’aventure Blablacar et qui propose une solution B2B de gestion des trajets domicile-travail basée sur les données RH. « 75 % des actifs ne peuvent pas faire du télétravail, tout simplement parce que leur activité ne le permet pas. Et beaucoup d’entre eux occupent des emplois considérés en "2e ligne" face à l’épidémie de Covid-19, dans la grande distribution, l’entretien… Avec 1 km à pied, nous proposons aux entreprises multisite de travailler sur l’optimisation des temps de trajet de leurs salariés. En utilisant simplement les données disponibles dans le fichier du personnel et les calculateurs d’itinéraires comme Navicia, Géovélo ou GoogleMaps, nous pouvons déterminer qui est à distance cyclable de son lieu de travail, qui pourrait utiliser les transports publics, et si certaines personnes pourraient tout simplement être transférées vers un autre site, afin de réduire le temps passés dans les transports. » Avec la même démarche, 1 km à pied propose également aux collectivités locales de travailler un plan de mobilité adaptée au territoire, en considérant les besoins de déplacement au niveau d’un bassin de vie. M. F.
Ancienne de BlablaCar, Laure Wagner lance 1 km à pied dans le but d’agir sur les motifs de déplacements.
Mobeelity, l’assistant de mobilité qui séduit les grandes entreprises
Quel rapport entre le groupe de transport et logistique Gefco, l’école de commerce HEC, l’américain HP et le cabinet de conseil One point? Tous ont recours aux services de la start-up française Mobeelity afin d’optimiser les déplacements de leurs salariés à Paris et à proximité. La petite société fondée par Lucas Quinonero et François Rostker a commencé à commercialiser l’an dernier son assistant de mobilité de type MaaS. Il sert aux entreprises à gérer les déplacements de leurs collaborateurs, en mettant à leur disposition une palette de services de mobilité : transports en commun, VTC, covoiturage, mode doux… avec des tarifs négociés par la plateforme. Ses opérateurs ont également passé des accords avec des start-up partenaires, à l’instar de Zoov, opérateur de vélo en libre-service. « Nous sommes en train de nous déployer dans 16 villes, la plupart en Île-de-France», précise Nadia Goupil, responsable chez Zoov des relations avec les villes et les entreprises. On est encore très loin de la force de frappe d’un Smove ou d’un JCDecaux, mais l’idée est de créer rapidement un écosystème de start-up qui doit renforcer chacun de ses membres.
Abonnements à l’année
La gamme de services Mobeelity ne sert pas uniquement aux trajets d’un point A à un point B. Par exemple, Gefco France, qui a récemment déménagé son siège de quelques kilomètres dans le secteur de La Défense, utilise l’outil dans un but bien spécifique. Il lui sert à optimiser la gestion de son parking, plus petit que le précédent. « L’application indique aux collaborateurs l’évolution du nombre de places disponibles en temps réel», détaille Lucas Quinonero. Quant à HEC, dont le campus, situé à Jouy-en-Josas, n’est pas bien desservi par les transports en commun, il s’agit pour l’école de réduire les coûts de déplacement pour ses salariés et ses étudiants (soit 5000 licences) avec à la clé des émissions de CO2 en baisse. Comment? Avec des tarifs VTC à prix fixe, des navettes d’entreprise, du covoiturage et du vélo partagé. L’économie attendue pour HEC est conséquente : 100000 euros par an. Un gain à mettre en rapport avec le coût de l’abonnement de 28000 euros pour la première année, qui devait démarrer cet automne. Pour Gefco, l’utilisation des applications de la start-up tournerait autour de 25000 à 30000 euros par an, un tarif qui est de l’ordre de 40000 euros pour HP, fonction du type de services et du nombre d’utilisateurs dans l’entreprise. Pour One point, on tombe à 10000 euros en moyenne. Ce n’est pas terminé. «Nous avons des prospects avec des entreprises du CAC40. Contrairement à d’autres acteurs, comme Citymapper, notre choix a été de cibler le marché des entreprises», explique Mobeelity. Autrement dit un modèle BtoB et des clients solvables. L’idée est d’intégrer dans l’assistant le forfait mobilité, dont le plafond vient d’être relevé de 400 à 500 euros. La petite société regarde également vers les collectivités. Elle est en discussion avec la mairie de Bagneux pour un usage interne, mais qui pourrait être élargi à la population de la commune. Et, bien sûr, les grandes AO et les opérateurs de transports font également partie des cibles. M. F.